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  • 711 livres

    1. Type: livre Thème: archéologie du futur Auteur: Alfred FRANKLIN Parution: 1875
      Une première lettre envoyée par l’Amiral Quesitor au Ministère de la Marine relate la découverte de Paris. Partie de Nouméa, l’expédition archéologique jeta l’ancre de ces trois vaisseaux dans une baie immense et sûre, à proximité des ruines de Paris, prouvant déjà la montée des eaux qui avaient englouti ces côtes primitives. Ils furent accueillis par les autochtones, curieux, sympathiques, fiers de leur cité, mais barbares et attachés à leur sol, doués d’un intérêt viscéral envers la politique :
      « Il y a d’ailleurs bien d’autres difficultés à résoudre pour organiser le pouvoir chez une peuplade où tout le monde brûle de commander, et où personne ne consent à obéir. Les plus modestes rêvent une fonction publique, qui leur livre au moins quelques subalternes à gouverner ; mais tous, même les plus misérables et les plus ignorants, se croient parfaitement aptes à régir la tribu, parlent à tort et à travers des affaires de la cité, émettent des idées, des théories, des principes aussi insensés que disparates, et ne les voyant pas adoptés, se sentent envahis par un impérieux désir de révolte. »
      D’après Quesitor, ce sont les descendants des Français d’antan. Accompagnés par les naturels, il se rend au sommet d’une petite colline pour avoir une vision complète de la cité antique :
      « C’était bien Paris, nul de nous n’en douta, ces ruines grandioses étaient bien le tombeau de la reine du vieux monde. Sa tête orgueilleuse plane encore au-dessus de ces espaces désolés.
      Dans une vallée, dont nos yeux pouvaient à peine embrasser l’étendue, se dressaient pêle-mêle des dômes, des colonnes, des portiques, des flèches élancées, des combles immenses, des frontons, des statues, des chapiteaux, des entablements, des crêtes, des corniches ; et à notre gauche nous voyions se profiler, fier et hardi sur le ciel noir, le couronnement de l’arc triomphal élevé par un des derniers Poléons de la France à la gloire de ses armées. »
      Le déblaiement des ruines aussitôt commencé avec de grands moyens amena son lot de découvertes et de fausses interprétations, les restes de la flore et de la faune prouvant que l’endroit était jadis fortement habité. Des statues furent mises à jour comme celle du Laocoon, et les hardis explorateurs s’attachèrent à relever l’arc de Triomphe au bout de « l’Avenue des Chefs Illustres » » (les Champs Elysées). La découverte de l’obélisque entièrement engravée d’une écriture inconnue les plongea dans la perplexité. La lettre de Quesitor provoque la constitution d’une séance de «l’institut de Calédonie ». L’enthousiasme sera immense et la discussion acharnée autour de la nature d’une statue féminine découverte,  appelée "la République". La conclusion de l’Institut fut sans appel. Il s’agissait « d’une Minerve qui a été fondue dans la ville d’Orléans sous le gouvernement de la Reine République ».
      On attribua aussi la médaille d’honneur aux hardis navigateurs. Pendant ce temps, à Paris, la curiosité des indigènes se fait de plus en plus vive à l’égard des étrangers dont ils ont assimilé les principes politiques et les institutions :
      « Nos institutions politiques leur sont aujourd’hui connues dans leurs moindres détails, et ils les critiquent tout haut. Chose étrange, dès qu’ils abordent ce sujet, la passion les emporte et la raison semble les abandonner.Ces barbares, absolument étrangers, il y a quelques mois, à notre organisation sociale, sur ce point encore nous proposeraient volontiers des perfectionnements ; ils ont déjà à nous offrir deux ou trois systèmes complets, plus insensés les uns que les autres, et qui renversent toutes les idées reçues en matière d’impôts, d’instruction publique, de religion, de franchises municipales, etc…, etc…. Ils seraient enfin charmés de nous voir adopter le principe fondamental de leur gouvernement, qui consiste à changer de chef le plus souvent possible. »
      Pourtant les fouilles continuent, livrant d’abondants trésors comme cette magnifique Vénus sans bras qui fut attribuée au sculpteur du XVIème siècle, « Karpeau »,  ou la Mairie du Louvre qui fut reconnue comme un bâtiment dédié à « la Sainte Marie du Louvre ». L’exhumation de deux fioles et d’un bouchon prouvèrent que les Français de l’époque participaient grandement à des libations, surtout à l’époque de la dynastie des « Poléons » dont une médaille votive prouva sans contestation possible le règne.
      La dernière lettre de Quesitor sera alarmante et terrible. Il dit que ses marins se sont mutinés en faisant cause commune avec les natifs, fraternisant dans leur idéal de liberté. Les mutins le convainquirent aussi de se joindre à eux sans qu’il ne perde rien de ses titres ou prérogatives. L’amour de la politique chez les barbares avait contaminé les explorateurs:
      « Ma dépêche d’hier a été interrompue par la visite de notre nouveau chef. Il venait me développer les idées politiques qui serviront d’assises à son gouvernement, et m’exposer les réformes sociales qu’il médite. Quelques-unes m’ont paru, en réalité, fort sensées, fort urgentes même ; car, à bien des égards, les bases sur lesquelles repose la société moderne sont barbares, injustes et heureusement vermoulues. Je n’ai donc pas cru devoir lui refuser mon concours et l’appui de ma longue expérience .D’ailleurs, à moins de regagner Nouméa à la nage, force m’est bien de demeurer ici, puisque tous mes marins m’ont abandonné et que l’on a confisqué ma flotte. »
      « les Ruines de Paris  en 4875 » forment une courte nouvelle par lettres , une étude fine et ironique de la difficulté à établir la vérité historique et une critique des moeurs politiques du régime impérial en un style d’une grande virtuosité.

    2. Type: livre Thème: guerres futures 1, péril jaune et guerres des races Auteur: Henri KISTEMAECKERS Parution: 1909
      Aéropolis représente la société du futur de l’auteur (1908) où l’aéroplane a triomphé dans les modes de déplacement. La conjecture, avec humour et ironie, extrapole à partir de concepts tels que ceux de « taxi aérien », « d’embouteillage du ciel », résoud des problèmes d’ordre technique,  discute de la pertinence des termes "aviateurs " ou "aéromanes",  envisage  «un ciel tellement encombré qu’il occulte le soleil».
      C’est à partir du chapitre 44 et jusqu’à la fin du roman que tout se complique. Un matin notre " sporstman " surpris est réveillé par un Japonais très très poli, le commandant  Fidé-Yosi-Ten-Woo. Il lui annonce que l’invasion jaune tant redoutée par les Occidentaux s’est faite durant la nuit, que les aéroplanes du Pays Levant se sont abattus sur l’Europe comme un vol de sauterelles. Tout résistance ayant été annihilée, le seul choix laissé aux Blancs est de "se suicider " ou "d’être suicidé " car les Japonais sont si nombreux et ils une telle envie d’espace vital! Malgré l’insistance du commandant notre sporstman ne s’en laisse pas compter. Il applique à l’exécuteur venu le suicider un vigoureux "uppercut" qui le laisse "knock-out". Derechef, il suscite l’admiration du commandant jaune à cause de sa technique de combat. Non seulement on l’épargnera, non seulement il sera chargé d’inculquer le noble art à des guerriers jaunes désireux de s’instruire, non seulement il ceindra la tenue de samouraï,  mais encore, soumis à un  strict programme d’eugénisme, ses gènes devront fertiliser la race conquérante par un mariage imposé.
      " Car selon les dispositions de notre ministre de l’Avenir et du Travail (…) nous devons faire quartier à quelques spécimens exceptionnels de la race blanche lorsqu’ils se seront signalés à notre attention par un témoignage remarquable de vigueur physique et de santé. De même que nous allons emprunter à votre civilisation ce qu’elle a d’utilement applicable à la nôtre, de même entendons-nous réserver quelques étalons occidentaux pour opérer des greffes sur notre arbre généalogique. "
      Le héros se plie aux exigences du vainqueur, surtout que sa future épouse étant sotte comme toutes les Japonaises, ne le dérangera pas puisqu’elle est juste capable de s’occuper de futilités de l’avis même de Fidé-Yosi-Ten-Wou :
      "- Elle a l’air très intelligent, n’est ce pas ? me dit Fidé-Yosi. - Elle est exquise ! dis-je - Eh bien ! que cela ne vous effraie pas -, reprend le commandant qui suit son idée. Elle a l’air très intelligente, mais elle est stupide. "
      Finalement le héros blanc s’accommode assez bien de la dictature jaune, y trouvant même quelques plaisirs lorsqu’il aura admis que toute velléité de conspiration s’avère inutile.
      Une charge appuyée et parfois lourde contre la menace du péril jaune, crainte récurrente au début du XXème siècle. Texte rejoignant cette catégorie si abondamment illustrée par le Commandant Danrit (l’Invasion jaune) ou Jules Lermina (la Bataille de Strasbourg)

    3. Type: livre Thème: la nouvelle glaciation Auteur: Keith ROBERTS Parution: 1971
      Frey Skalter, accompagné du jeune Dimbo le muet,  rencontre Shurl, la fille du patron de la taverne du Roi Noir dont il tombe amoureux. En provenance de la cité de Friesgalt, le harponneur de baleines a parcouru la vaste plaine glacée "  «que les hommes avaient autrefois appelée le Matto Grosso» pour rencontrer son destin dans la cité glaciaire de Djobhabn.
      Le risque et la mort, en sus de l’amour, l’attendent en la personne de Barre-Droite, capitaine d’une baleinière «la Garce aux Baisers», un géant à qui Skalter avait , quelque temps auparavant, enlevé un œil. Les mœurs brutales en cette nouvelle ère glaciaire sont monnaie courante  et Skalter sait qu’il lui faudra tuer Barre-Droite s’il veut écarter le danger qui le menace. Shurl le suivra dans son épopée, sur "la Danseuse ", le bateau à voiles de Skalter, lequel ne pourra cependant distancer celui de Barre-Droite, car :
      «La Garce aux Baisers  n’avait  rien d’éthéré. Sa masse se dressait à contre-jour, et le soleil était éblouissant entre ses patins larges et écartés ; Son ombre noire et pointue s’étirait en avant comme pour engloutir le petit bâtiment. Skalter observa les complexités du gréement, le sourire caverneux des crânes de baleines terrestres béant à sa proue.»
      Barre-Droite tuera Dimbo, capturera Skalter, le soumettant avec délectation à la torture du froid glacial avant de l’éliminer. Ce délai suffira à notre héros pour immobiliser les patins à glace du gigantesque navire à l’aide de poutres, le faisant basculer dans une crevasse et anéantissant du même coup l’équipage ennemi. Plus tard, il sera récupéré avec Shurl par ses concitoyens de Friesgat. Ainsi va la vie en cette période sauvage et glacée !
      "Le Naufrage de la Garce aux Baisers" est à la fois un hommage appuyé à Moorcok et un prolongement de son œuvre "le Navire des Glaces" qui avait fortement impressionné Keith Roberts. Une nouvelle réussie surtout à travers la peinture de la sauvagerie des mœurs dans un univers rude et glacé.

    4. Type: livre Thème: guerres futures 2 Auteur: Commandant CAZAL Parution: 1939
      Vol. 01 : la Guerre, la Guerre !, Jules Tallandier éd., 1939, 1 vol. broché, in-12 ème , 222pp. jaquette illustrée par Maurice Toussaint.
      « Paris bombardé, Paris assassiné, Paris meurtri », voilà par quels mots pourrait débuter l’héroïque épopée de cette guerre future qui, au moment de son écriture, ne correspond évidemment pas avec le véritable déroulement des faits de la 2ème  guerre mondiale :
      « Mais voilà qu’une détonation formidable, éclatant sur sa droite, remplit le monde…
      -Oh ! le ministère de l’Air ! touché !…
      En même temps une foule hurlante déboucha de la place Balard, sous le pont de Ceinture, foule sinistrement éclairée par des flammes qui, à droite, montaient des immeubles écroulés, mais foule aussitôt atteinte et en partie submergée par d’énormes flots galopants d’une fumée noire, puante… »
      (…)
      « …Paris est bombardé par des centaines, peut-être des milliers d’avions. C’est à devenir sourd, aveugle…et fou !… Quant aux dégâts, il doit y en avoir beaucoup, oui, et des gros. D’après les premiers téléphonages au bureau, l’ennemi vise surtout les gares, les ministères de la Défense nationale, les réservoirs d’eau, la tour Eiffel. A part çà, les avions lâchent aussi des bombes au petit bonheur : il en tombe partout. »
      L’arrogante Allemagne et son allié italien, un doux soir du 24 juin 1939, fit partir ses vagues d’assaut aériennes au-dessus de la ville-lumière. Dans le chaos indescriptible d’une cité sévèrement touchée, Jean Fontenar, directeur de l’information au « Mondial-Matin », tente de gagner Sceaux où l’attend sa famille. Il n’y parviendra pas,  mais, n’écoutant que son patriotisme, il se fera mobiliser comme Directeur des services de l’information au sous-Secrétariat de la Presse et de la radio,  pour  rejoindre le P.C. opérationnel, située sous d’épaisses futaies entre Chateaudun et Vendôme.
      Là, le génie français a créé une véritable cité souterraine d’où seront analysées les diverses phases d’une bataille que l’on sent décisive. Sa femme, entre temps, ne désespère pas, elle non plus. Infirmière à Sceaux, n’écoutant que son courage, elle s’engagera, à côté du maire Léon Chevilly, dans le cadre de la défense civile du bourg. Dès le début de l’attaque et malgré les bombes, Boulevard de Port-Royal, la «Compagnie Autonome» sous le commandement efficace de Hugues Sarlat, reprend vie.
      Groupe constitué de soldats d’élite, la Compagnie Autonome s’est vu assigner un seul but : traquer par n’importe quel moyen les espions à la solde de l’Allemagne, les communistes d’une cinquième colonne qui feraient le jeu de l’ennemi. Déjà, Hugues Sarlat possède des noms et une adresse. Déjà, le repaire des traîtres sera investi, leur chef Kolzaki et ses voyous arrêtés, et tous fusillés séance tenante! C’est la guerre, non mais ! D’ailleurs, ils en conviennent :
      « La guerre qui commence, elle, est illégale. La Révolution sanglante que nous allions tenter de déclencher, elle aurait été illégale. Si nous avions été avertis, et donc ici les plus nombreux et les plus forts, aurions-nous déférés devant les tribunaux légaux, cet officier et ces soldats ?… Nous les aurions abattus sur place, le plus tôt possible, sans même les en prévenir ! ( …) Et, de nouveau, se tournant vers l’officier toujours impassible : -Capitaine, ne perdez pas votre temps, et tout de suite faites-nous tuer. »
      Quant aux bombardiers allemands, ils ne retourneront pas sains et saufs dans leur pays. A Tours, la base aérienne est en alerte. Sous la direction du capitaine François Chevilly, l’escadrille accroche l’ennemi entre Metz et Nancy. Blessé à la clavicule, le jeune officier sera soigné à Pagny, dans une ferme, où il sera informé, de l’état de la France. Les nouvelles du front ne sont pas bonnes : les Allemands,  ayant fomenté un coup d’état à Bâle pour contourner la ligne Maginot, ont envahi le territoire français  entre Besançon et Mulhouse où nos forces terrestres les contiennent :
      « La Suisse a été violée, la ville de Bâle occupée en coup de foudre ; plusieurs divisions allemandes ont dévalé en torrents coordonnés des profondeurs de la Forêt Noire, traversé Bâle, franchi le Rhin, envahi le territoire de Belfort, pris Belfort, pendant que cette ville et Vesoul et Besançon étaient copieusement bombardées. Mais le débordement brusque a été arrêté par nos forces de la 7ème  région : aux dernières nouvelles, l’ennemi est contenu au sud-est de Mulhouse, bien à l’est de Vesoul et au nord-est de Baume-les –Dames. »
      A Paris, Sarlat n’en a pas encore fini avec les traîtres. Un véritable nid d’espions s’était implanté boulevard Poissonnière dans lequel tout un appartement grouille de germains, de la concierge à la femme de chambre,  sous la direction d’une jeune femme, Melle de Gyvelde, alias Frieda ou Z.33, au choix. Comme ses parents, M. et Mme de Gyvelde, - en réalité des Von Narchenflach de Bavière-, Frieda reste en communication étroite avec l’Allemagne. Le capitaine de la Compagnie autonome décidera de mettre fin à l’activité radio de tous ces traîtres en installant une traque au sein même de la basilique du Sacré-Cœur. Enfin, tous écoutent, fascinés, le discours du Président du Conseil qui galvanise les cœurs français en promettant une riposte foudroyante contre les agresseurs.
      Vol. 02 : Maginot Siegfried, Jules Tallandier éd., 1939, 1 vol. broché, in-12 ème , 222pp. jaquette illustrée par Maurice Toussaint.
      Les deux belligérants se trouvent face à face dans l’Est de la France, l’un invisible derrière la ligne Siegfried, l’autre, prêt à à découdre le long de la ligne Maginot. Le colonel Thillot, près de Haguenau, inspecte ses fortins. Les Allemands ne bougent toujours pas. Soudain, un formidable sifflement, suivi d’une explosion immense lui apprend qu’un obus germanique « pénétrant » a fait exploser les constructions souterraines. Après enquête,  il constate que les Allemands disposent d’une arme secrète capable d’anéantir la forteresse française, dite imprenable :
      « -Eh bien oui ! prononça soudain le colonel Thillot. Ca me paraît évident. Je vois un obus d’un calibre bien supérieur au 420, très long, très effilé en pointe, avec trois, quatre, ou même cinq ou six angles tranchants, d’un acier nouveau, extrêmement dur. Hein ? Une sorte de pieu colossal, creux, bourré d’un explosif à très grande puissance de déflagration… un pieu au moins triangulaire, perçant, tranchant… Ca vous entre dans la terre et même dans le béton. Ca n’éclate pas au choc, mais quelques secondes après l’arrêt. Ca pénètre profondément ; ça démolit, déchire, bouleverse ou comprime sur un rayon de dix, quinze mètres et dans un sens giratoire. Ca soulève et projette volcaniquement des tonnes de terre et de pierres… Sang de Dieu !... »
      Il en réfèreaussitôt à Paris, à son PC, et à Sarlat. L’annonce des hostilités avait été immédiatement suivie par un début d’invasion dans le triangle des Trois Frontières, Bâle, Belfort, Mulhouse. Les divisions françaises convergent sur zone pour arrêter la ruée. Le flux allemand, constamment approvisionné par l’arrière à partir des trois ponts bâlois que les Suisses n’ont pas eu le temps de détruire, rend incertaine la victoire française. Il s’agit dès lors de mener une opération commando qu’entreprendra Sarlat. Mais, pour le moment, il est occupé à Paris, résolu à démasquer l’espionne «Frieda Z.33» qui communique aux Allemands le dernier état des lieux.L’immeuble d’où elle est censée opérer, un hôtel meublé dans le quartier de Montparnasse, est circonscrit et piégé dans la discrétion. Tous les occupants en sont des Allemands résidant à Paris depuis longtemps sous de faux noms. Grâce aux Narchenflach, le couple de vieillards autrichiens prêts à trahir Z.33, alias mademoiselle Lelia de Gyvelde, un piège est tendu qui devra surprendre l’oiseau lorsqu’il reviendra au nid.
      Frieda Z.33, en véritable espionne,  a feint d’aimer le jeune capitaine François Chevilly pour apprendre de lui l’emplacement du PC central français. Munie de ce précieux renseignement, elle se précipite dans le piège tendu où l’attendent les hommes de Muller, adjoint de Sarlat. Car Sarlat a dû s’absenter. Eu égard à la gravité de la situation à la frontière de l’Est, il s’est rendu en toute hâte chez le colonel de Cabarrus, commandant du secteur S. (Mulhouse).
      Un plan audacieux a germé dans son esprit : faire sauter les trois ponts bâlois grâce à un commando infiltré dont il prendrait le commandement. L’opération, montée dans les moindres détails, mobilise soixante-dix Alsaciens, parlant parfaitement l’allemand. Vêtus avec des uniformes germaniques, faisant semblant d’être blessés, ils s’insèrent dans le système d’évacuation sanitaire, en zone occupée, les Germains ayant eu beaucoup de blessés par suite de la foudroyante réaction française. Chaque équipe, arrivée sur zone met en place la charge pour faire sauter les piliers des différents ponts :
      « Tout à son idée, le capitaine n’avait depuis des heures pensé qu’aux trois ponts et au viaduc, à la destruction de ces voies de communication d’importance capitale pour l’ennemi, aux mouvements, aux gestes qui tendraient à l’accomplissement de cette destruction. Pas une fois il n’avait pensé aux hommes, à jamais innombrables, qui périraient du fait même de cette destruction, ni à ceux, répandus sur les deux rives du fleuve, qui en seraient les spectateurs. Car toute la ville, en cette heure nocturne, grouillait de troupes allemandes en marche, en cantonnement, en occupation de guerre. La clameur humaine, plus encore que le vacarme des multiples éclatements des piles de pierre et de fer, donna au capitaine Sarlat conscience de l’œuvre guerrière qu’avec ses hommes il avait accomplie, réussie. »
      L’opération réussit au-delà de toute espérance. Les Allemands, coupés de leur base, seront pris en tenaille et rejetés au-delà du Rhin. Bâle libéré, la pression diminue sur Belfort et le Sundgau. A paris, Frieda Z. 33 est tombée dans les mains de Muller. Un faux message envoyé aux Allemands les trompera quant à la position du PC français. Mais toujours aussi futée, Lélia arrivera à s’emparer d’un pistolet cachée et :
      «Penchée au bord de la table, sur laquelle s’appuyait sa main gauche, Frieda tout en parlant avait, du mouvement le plus naturel, laissé pendre le bras droit contre son flanc, sa cuisse. Et brusquement la main avait disparu sous le pan de robe, reparu, serrant un pistolet noir. Bras tendu. Feu à bout portant deux fois coup sur coup, en plein front de l’homme, de la femme…Le bond du commissaire et ses mains qui voulaient empoigner furent d’une demi-seconde tardifs. Le corps souple de la jeune fille se déroba, glissa, vivement s’adossa au mur, dans un coin. Le bras se tendit. La voix claire jeta :-Vous êtes tous l’ennemi !
      Trois détonations claquantes, coup sur coup. Le lieutenant gémit, culbuta. Un agent jura et s’abattit. Un autre se plia sur le dos d’une chaise, qui avec lui, culbuta. »
      Le succès est quasi-total aux frontières de l’Est. Cependant, la guerre est loin d’être terminée, elle se poursuivra sur mer.
      Vol. 03 : Batailles pour la mer, Jules Tallandier éd., 1939, 1 vol. broché, in-12 ème , 213pp. jaquette illustrée par Maurice Toussaint.
      Sur mer également, les Alliés préparent la contre attaque. Louis le Touzey et l’enseigne Jean Daussat se trouvent à la tête de douze vedettes lance-torpilles destinées à s’opposer à la flotte italienne en Méditerranée. Après le bombardement de Paris, les engagements aériens faisant rage sur tous les fronts, c’est aux navires d’entrer dans la danse. Trois secteurs maritimes d’intervention ont été délimités en Méditerranée occidentale.
      Appuyé par l’escadre anglaise basée à Malte, le Touzey, lors d‘une rencontre décisive avec des cuirassés italiens transportant plus de 5000 soldats à destination de la Libye, les coulent tous dans un engagement violent durant lequel une seule de ses vedettes sera épargnée :
      «Ils eurent tout juste le temps d’entendre, à la même seconde, l’éclatement de leurs deux torpilles et de voir basculer le transport, dont les ponts vomirent à la mer des centaines de grappes d’hommes. Car sur la plage avant de la vedette un obus tomba, trouant, fracassant, enlevant comme un bouchon le capot en tourelle du kiosque… Décapité net, sa tête emportée, le corps de Le Foral tomba sur les bras de Martin tendus à tenir, à manœuvrer la roue du gouvernail selon l’ordre que le commandant venait de lui donner. Du cou tranché, le sang jaillissait en un flot violent.».
      Jean Daussat moura noyé, quant à Le Touzey, repêché après quelques heures passées dans l’eau, il rendra compte de sa victoire sur le vaisseau-amiral «Le Breton» et sera cité à l’Ordre de la Nation. Reversé au poste de Directeur de Tir chargé de surveiller la zone de combat, son espérance de vie sera néanmoins très brève. Il connaîtra encore la satisfaction de voir sombrer le « Vittorio », avant de périr à son tour :
      «Cet immense bassin de 8 à 10 kilomètres carrés était comme la surface du liquide en ébullition d’une cuve où cuisait une tambouille d’enfer démoniaque. Avisos, contre-torpilleurs, torpilleurs visibles, vedettes indécises, sous-marins invisibles y faisaient une endiablée sarabande : vagues factices et embruns, flammes et fumées, éclatements rouges dans des panaches gris, éclairs d’aciers et de cuivres luisant au soleil, clameurs vagues, tonnerres ronds, éclatements secs ; petits navires entiers courant comme des  fous, épaves flottantes ou en train de sombrer, gerbes d’obus tombant dans l’eau ».
      A Paris l’on apprend avec satisfaction la marche victorieuse de l’escadre alliée en Méditerranée où 90 navires italiens auront été coulés, ainsi que les transports de troupes. L’Italie, soumis à un blocus sévère, vivra désormais en autarcie.
      Le 3 juillet, furent déclenchées les hostilités dans la mer du Nord, qui aboutiront, elle aussi, à la victoire et permettront la récupération du triangle luxembourgeois. D’ailleurs, Jacques Fortas, le fantassin, y a puissamment contribué. Avec ses douze hommes, mission lui avait été donnée de détruire une batterie ennemie « fantôme », opérant à partir du village de Vianden. Lors de son avance risquée en territoire ennemi, Fortas neutralise les sentinelles et longe, avec ses hommes, le col de Vianden jusqu’au sommet du Nicolausberg. Malgré les risques, ayant repéré les batteries, le commando élimine les servants en une action d’une folle audace. Fortas, à l’arrière avec deux compagnons, pose les explosifs. Mais, voyant venir sur eux une troupe allemande de ratissage, ils n’ont d’autre alternative, pour échapper à l’ennemi, que de s’enterrer sous les feuilles mortes. Les soldats passeront sans les voir et, autre coup de chance, ils découvriront le fil émetteur par lequel transitent les ordres de pointage des officiers allemands. L’idée insensée les prend de remonter la piste jusqu’au poste de commandement et d’en rafler tous les documents. L’émetteur est situé dans une vieille tour féodale. Les officiers, surpris, n’opposent aucune résistance. En possession des codes de tir, ils regagneront leurs lignes à l’aide de motos volées à l’ennemi. Cette action d’éclat entravera la progression des Allemands en Belgique.
      Alors que les Etats-Unis envoient enfin du matériel aux Alliés, fut inaugurée une nouvelle manière de bombarder dite « à la chaîne ». Entre Liège et Bastogne, le mercredi 5 juillet, cent vingt avions, commandés par le général Marquoy, se sacrifient en un bombardement incessant, jusqu’à la destruction complète, des camions, des troupes et du matériel. Défaits dans la mer du Nord et en Méditerranée, en recul en Belgique, chassés du Luxembourg, les Allemands ont perdu six cent mille hommes :
      « Ainsi, le Conseil Supérieur de la Guerre était tenu heure par heure au courant des mouvements des armées Allemandes grouillant avec méthode dans les deux tiers de la Belgique. Ainsi ces grouillements stratégiques étaient abondamment arrosés de bombes fracassantes, asphyxiantes, torréfiantes, sorties des usines françaises, anglaises, américaines.
      Partout, dans les deux immenses trapèzes marqués aux quatre coins par Ostende, Calais, Charleville et Bastogne pour les Armées Françaises en marche, c’étaient, avant la grande bataille terrestre, une multitude de batailles aériennes, de bombardements par avions, de ripostes par la D.C.A. »
      Cependant, l’avancée vers l’est se poursuit : les Allemands pénètrent à Varsovie pendant que les Italiens entrent à Belgrade et que les Hongrois attaquent les Roumains. Seuls les Russes, sur ordre de Staline, ne bougent pas. Qu’attendent-ils ?...
      Vol. 04 : l’Afrique en flammes, Jules Tallandier éd., 1939, 1 vol. broché, in-12 ème , 209pp. jaquette illustrée par Maurice Toussaint
      A  Tunis, Pierre Florac, chef du service de Renseignements pour la Tunisie,  reçoit Régine d’Ascans, espionne au service de la France et amante de Pierre, plus connue par les Arabes sous le nom vénéré de Néhar’aïne, qui lui apporte de précieuses nouvelles : le Grand Chérif Mohamed Amran trahira les Italo-Allemands pour se mettre au service de la France lors de l’attaque décisive, moyennant le Sultanat de Tripolitaine sous protectorat français. Florac en avise immédiatement les généraux Créange, Durieux, ainsi que son ami le Major Harry Blunt, lors d’une conférence organisant les diverses modalités de l’attaque. Durieux est le concepteur des avions « Y », des drones avant la lettre, mitrailleuses volantes dirigées «télé-mécaniquement», capables d’infliger de lourdes pertes à l’ennemi, les Italiens, avec leur corps d’armée de 300 000 hommes ne pouvant plus recevoir de renfort :
      « Mais l’essentiel de cet engin consistait en ceci : il était entièrement télémécanique ; pas d’homme à bord ; direction de n’importe quel lieu terrestre, par ondes hertziennes de longueur variable exactement calculée pour n’avoir que la portée efficace ; reçues et traduites à bord de l’Y par le Récepteur de T.S.F. et par le sélecteur d’ordres, transmises du sélecteur au servo-moteurs, du gouvernail et des ailerons, aux servo-moteurs des cinq batteries de mitrailleuses, les ondes dirigeaient le vol de l’Y et, en même temps, déclenchaient le tir des mitrailleuses. Or, ce tir pouvait tout à la fois être déclenché à droite, à gauche, devant, derrière, et dessous –de telle sorte que ce terrible engin crachait de toutes parts des balles, dont la direction elle-même obéissait selon les mouvements des mitrailleuses sur leurs axes, aux volontés de l’Officier-Conducteur qui, installé confortablement à terre dans un Poste-Directeur fixe ou mobile, manoeuvrait opportunément leviers, manettes et boutons commutateurs, ayant devant lui tout à la fois un standard et un clavier télémécanique. »
      La date de l’attaque fut fixée au 18 juillet. Ce qui laissait un délai suffisant à Régine pour solder un vieux compte.  Avec Pierre à ses côtés et le major Blunt, tous trois s’envolent pour l’oasis de Médénine où elle  possédait jadis, de par son père, une exploitation agricole dont elle avait été spoliée par l’immonde italien Trapani. Elle tient donc à venger son père et récupérer son bien. Dès l’atterrissage elle est reconnue par les maghrébins comme étant Néhar’aïne, leur prophétesse. L’immonde Trapani sera exécuté, après audition de la sentence, sans autre forme de procès.
      Peu après, débuta la bataille du plateau de Barka. Surpris en pleine nuit par les « avions Y » de Durieux, mitraillés sans relâche, les Italo-Allemands se reprennent, mais trop tard : plus de 30 000 morts jonchent le terrain de leur bivouac. Les deux chefs de guerre ennemis survivants, le général Von Warner et le maréchal Torelli, envisagent une réaction immédiate : il faut  apprendre l’origine de ces engins et pilonner leur terrain d’envol pour les empêcher de nuire. Ce qui fut fait sans désemparer, le camp des alliés subissant à son tour la fureur de la dernière charge de l’ennemi.
      Et bien que les bombardiers aient été tous anéantis, in fine, le combat entraîna la mort de Créange et de Durieux. Qu’importe ! Le grand conflit devant se dérouler le lendemain, le choc fut immense pour l’ennemi d’apprendre à ce moment-là, la trahison des Arabes qu’ils croyaient acquis à leur cause. Encerclés par les différents corps d’armée, harcelés par les troupes de Mohamed Amran, les Italo-Allemands se rendent ou meurent, les uns après les autres. En fin de journée la victoire fut acquise. Lors de la célébration de la paix avec le nouveau Sultan de Tripolitaine, Florac apprend une autre et déplaisante nouvelle : des terroristes anti-Juifs et anti-Français préparent un pogrom non seulement à Tunis mais aussi dans les principales villes du Maghreb, sur l’instigation haineuse d’un leader intellectuel, Aïn-Ben-Gadouz. Florac,blessé,ne pouvant livrer le nom des principaux responsables à temps, le coups de force eut lieu, vers onze heures du soir, qui fit plus de 7000 morts dans la communauté juive :
      « Le quartier juif de Tunis fut en quelques minutes un enfer où l’on massacra dans toutes les rues, dans toutes les maisons. Les portes fermées, on les enfonçait avec une poutre, on les faisait éclater avec une grenade, on les arrosait de pétrole et on les brûlait ; on entrait aussi par les murs des courettes, par les terrasses. Là où il y avait des jeunes femmes, proprement et coquettement bourgeoises, et des jeunes filles et des enfants, des scènes abominables, au fond des chambres grouillantes de plusieurs bandits ou jalousement occupées, pour un instant, par un seul assassin riant de sa chance, les pires abominations précédaient la tuerie, parfois férocement raffinée, appliquée à prolonger une torture jusqu’à ce qu’une flamme d’incendie ou l’irruption d’autres assassins mît fin à l’atrocité – pour que plus loin l’on pût recommencer à tuer, à martyriser, à déchirer, casser, incendier, détruire… »
      Mais la répression sera à la hauteur du crime. Tous les terroristes furent pris, jugés, exécutés par pendaison et les principaux criminels, fusillés. La France resta maître du terrain.La Bataille d’Afrique, se terminant au bénéfice de la France et de l’Angleterre, amena la Germanie et ses affidés au bord de la destruction finale.
      Vol. 05 : la Fin… par le pétrole, Jules Tallandier éd., 1939, 1 vol. broché, in-12 ème , 226pp., jaquette illustré par Maurice Toussaint
      Où l’on retrouve le capitaine Sarlat à qui est confiée une ultime mission par le général Dupuis-Lecat. Les Allemands n’ont pas été capables de remporter la victoire mais leur capacité militaire reste forte. Celle-ci dépend surtout du pétrole qui fait rouler leurs engins motorisés. Or, celui-ci s’épuise… Ils ont donc prévu des stocks énormes, situés en zone neutre, sur la côte suédoise,  en un endroit baptisé « la Cité du pétrole ».Véritable enclave germanique, s’élevant au-dessus d’un fjord,  à cinquante kilomètres de Göteborg, la Cité du pétrole comprend d’immenses réservoirs, plusieurs casernes  et deux mille hommes actifs pour les surveiller. Priver les Allemands de cette ressource en énergie, c’est signer l’arrêt définitif de la guerre dans les deux semaines à venir.Pour ce faire, il faut saboter les installations.
      Le général Dupuis-Lecat connaît un seul homme capable de mener à bien cette opération : c’est le capitaine Sarlat. Celui-ci accepte la mission,  avec une centaine d’hommes parfaitement rodés, tous de la « Compagnie Autonome ».  Le commando  est acheminé à pied d’œuvre, piloté de main de maître par deux marins norvégiens, pêcheurs habitués de ces lieux hostiles, surveillé et protégé par une escadre anglaise. Il a été réparti, pour raison de sécurité, en différentes vedettes basses sur l’eau et difficilement repérables dans le brouillard.
      Après avoir accosté, grimpé le long d’une falaise à pic, le commando arrive près de la Cité du pétrole. Pendant que Sarlat, avec douze de ses hommes,  neutralise le corps de garde et assure la protection des autres lors de la phase de repli, les différentes escouades pénètrent dans les lieux, posent les bombes à retardement, minutant le temps des explosions.
      L’opération est une totale réussite. Un incendie gigantesque ravage le paysage, noyant les lieux sous d’épaisses fumées noires, assurant ainsi la retraite des saboteurs,  ce qui permettra de limiter les pertes à une vingtaine d’hommes. Le commando reprend le chemin du retour par voie de mer, heureux d’avoir pu porter un coup fatal à l’adversaire. Le plus stupéfiant en cet événement, c’est que le général baron Rudolf von Warteck, son épouse, son allié, le prince Andréa Colozzo ont eu vent de la mission. Ils n’ont pas signalé le danger à Hitler, et laissé faire.
      Le général, de vieille souche allemande, excédé par la démence du Führer a vu là – à travers ce qui apparaît comme une traîtrise -  un excellent moyen d’arrêter cette folie meurtrière et de faire en sorte que l’Allemagne puisse conclure la paix des braves. Cette opinion était partagée par Andréa que l’on retrouve comme plénipotentiaire diplomatique auprès de Dupuis-Lecat, l’un de ses anciens amis d’étude du temps de paix. Il proposera au petit comité de la défense interalliée une des ces « combinazione » dont les Italiens ont le secret. L’Italie est décidée à ne plus bouger, à laisser faire, à se désolidariser de l’Allemagne, pourvu qu’elle ne perde pas la face et que le blocus le long de ses côtes soit allégé. La proposition est acceptée.
      La destruction de la Cité du pétrole, la passivité italienne oblige l’Allemagne à abandonner ses conquêtes et à se replier sur son territoire. Le dernier entretien qui aura lieu au château fortifié du Wachfeld sera décisif. Hitler, fou de rage, crie à la trahison et s’apprête à exécuter Göehring  (appelé Morrhing dans le roman) et ses hommes à l’intérieur du PC opérationnel. Ceux-ci se défendent contre les tueurs SS et sortent vainqueurs de la confrontation. Sur le coup, Hitler meurt, foudroyé par une crise nerveuse :
      « -Des lâches, des traîtres !... Vous êtes tous…
      Halètement de fureur. Et le cri, l’appel, l’ordre :
      -Siegburg !...
      Vingt-deux poings firent jaillir des étuis les brownings noirs.
      -Non ! jeta Morrhing.
      Et avant que le premier coup de feu eût retenti, il était de toute sa masse derrière le Führer, qu’il empoigna aux bras, qu’il plaqua tout contre son propre corps tassé dans le coin du Caveau.
      Les détonations crépitèrent. Mais toutes ne provenaient pas des brownings des SS. Des Généraux, des Ministres eurent aussi l’arme au poing. Des officiers jaillirent des caveaux voisins et du couloir. Ce ne fut pas comme au « 30 juin ». Ici, ce soir-là, ils se défendirent, les condamnés à mort par la « volonté de puissance ». (…)
      Les vingt-deux officiers du SS entrés dans le Caveau furent tués, et quelques autres restés dans le couloir, et aussi deux Généraux aides de camp du Führer.
      Quant au Führer lui-même, raidi, les dents serrés, les yeux révulsés par une crise nerveuse, il fut porté jusque dans la chambre qui avait été spécialement aménagée à son usage…»
      La guerre est terminée. Un nouveau traité, découpant le pays en différentes zones empêchera à tout jamais la renaissance de la « Bête ». Ceci se passe le 30 juillet 1939.
      « la Guerre, la Guerre » représente une tentative réussie de la part de Jean de la Hire de projeter en un avenir proche ce qu’annoncent les prémisses sociales , militaires et politiques dans la réalité de son époque. Guerre conjecturale malgré tout, où il est impossible de prévoir avec exactitude ce qui va se produire, comme l’importance (fausse) qu’il accorde aux lignes Siegried et Maginot, qui en constitue un exemple patent. Pourtant la fresque n’est jamais ridicule et quoique liée à un franc patriotisme, nourrie de détails, elle se lit avec plaisir, le point d’orgue étant incontestablement la destruction finale de Hitler.

    5. Type: livre Thème: guerres futures 1 Auteur: P.J. HERAULT Parution: 1960
      Vol.01: Sergent-pilote Gurvan,  Fleuve noir éd. 1987, Coll. "Anticipation" N°1562, 1 vol. broché, in-12ème, 185 pp. roman d'expression française
      Une guerre d'une durée de cinquante ans oppose la Terre à des adversaires non déterminés (manifestation d'origine humaine) au moyen d'une technologie quasiment identique: d'énormes forteresses volantes, d'une longueur de dizaines de kilomètres, qui servent de bases d'appui à des "intercepteurs", engins de combat puissamment armés,  et des unités de soldats d'infanterie, appelés à prendre pied sur le sol des planètes devenus champs de batailles. La manoeuvre est simple et quasiment toujours la même. Les Intercepteurs appuient les "Raiders", d'immenses lance-flammes, programmés pour faire griller les forteresses. Une nuée d'intercepteurs les protègent. Vu la brièveté d'un combat dans l'espace et le délai de survie d'un pilote (qui ne dépasse pas le temps de 62 missions ), la haute technicité de pilotage mise en jeu, les jeunes pilotes sont conditionnés in utero à leur mission:
      "Désormais on savait très bien, en unissant un spermatozoïde à un ovule, quelles caractéristiques manifesteraient l'être humain qui naîtrait; C'est comme ça,  justement, que les Materedus recevaient les proportions de combattants exigés par les armées. Trente-huit pour cent de troupes au sol, douze pour cent de pilotes, dix pour cent de navigants de toutes sortes, et quarante pour cent d'auxiliaires, comme ils disaient."
      De petite taille, élevés dans des crèches éducatives (les Materédu), filles et garçons, sans relations autres que celle de la chaude fraternité du combat, vivent un engagement de sept ans pour une durée de vie maximum d'une année. Après ces sept ans (s'ils sont encore en vie) ils seront démobilisés. Ceci explique la psychologie très spéciale que développent ces combattants. L'on fête chaque victoire au champagne, boisson leur étant exclusivement réservée. On ne pleure pas les morts. On n'en parle pas. Ils ont disparus.
      Sur l'unité de combat 928 puis sur le SO4 dit "la Saucisse", il faudra peu de temps à l'apprenti-pilote Gurvan pour devenir opérationnel sur Intercepteur. L'entraînement, extraordinairement complexe à cause des vitesses acquises et de l'électronique embarquée , fera plus appel à l'instinct qu'à la raison. Pourtant Gurvan se désespère de devenir leader, soit le N°1 de l'équipe. Il se sent maladroit car pour être promu, il lui faut abattre au moins six intercepteurs ennemis. Contrairement à sa camarade Dji qui atteindra vite le grade d'officier, lui, malgré de nombreuses sorties, n'a toujours rien à son tableau de chasse. Son copain Sank, pilote de "tracteur", (appareil ramenant à la base les intercepteurs en panne), lui recommande d'être patient. Gurvan jouit pourtant d"'une aptitude rare qui est de pouvoir calculer avec une précision extrême les déplacements, les trajets de retour, les appontements de son engin. Il réussit même cet exploit extraordinaire de ramener l'un de ses coéquipiers abîmé sur le sol d'un astéroïde. Cependant le temps passe vite et le danger d'être abattu augmente corrélativement:
      "Les Géos fonçaient vers les raiders qui se trouvaient maintenant sans protection. Ce fut un carnage. les explosions se succédaient si vite qu'il n'était même pas possible de les compter. (...) Japy engagea tout de suite trois Géos qui se suivaient. Il était en bonne position mais sa rafale passa entre deux appareils. Gurv surveillaient leurs arrières, s'efforçant de ne pas se laisser surprendre à ce moment-là par les évolutions de son leader.. le combat avait commencé près de la surface de l'astéroïde, ce qui représentait une nouvelle difficulté pour en pas percuter, en évoluant. Tout de suite il fut d'une violence inouïe. Deux Intercepteurs volants au-dessus l'un de l'autre se heurtèrent de front, disparaissant dans une énorme boule blanche d'énergie pure."
      Il a déjà vu disparaître autour de lui de nombreux amis comme Rhal, un officier mythique et impétueux aux nombreuses victoires.  Dji, de son côté, poursuit sa carrière tout en ne  se reconnaissant jamais l'existence d'un sentiment amoureux à l'égard de Gurvan. Le statut de ce dernier changera radicalement lorsque le SO4, trop lent pour pourchasser les "Géos", les appareils ennemis, sera remplacé par "l'Aiguille", un nouvel intercepteur, profilé pour la chasse et mieux armé que l'ancien. Le jeune pilote s'y sent parfaitement à l'aise. D'ailleurs la guerre semble changer de nature, la Terre repousse les envahisseurs, les armées d'infanterie prennent plus souvent d'assaut les sols hostiles. Gurvan et ses amis, lors d'un atterrissage forcé dans le cadre d'une mission d'accompagnement des armées terrestres, y parferont leur entraînement. Ils apprendront à combattre au sol, soulevant l'admiration des fantassins
      Vol.02: Gurvan: les premières victoires,  Fleuve noir éd. 1987, Coll. "Anticipation" N°1584, 1 vol. broché, in-12ème, 184 pp. coiuverture illustrée par Peter Elson. roman d'expression française
      Les sorties continuelles se terminant en catastrophe, Gurvan et Dji atterrissent sur une planète inconnue. Les Flèches inutilisables, abandonnées à eux-mêmes, ils vivront une vie de Robinson, non dénuée de charmes cependant:
      "Le lendemain il abattit un gros oiseau qui courait dans l'herbe. Ce fut moins difficile qu'il ne l'imaginait. En revanche, pour le dépecer, enfin le plumer, il dut se blinder. Ils se baignèrent encore. Le matin et l'après-midi. Et se baladèrent, un peu au hasard. Ils parlaient de plus en plus. De n'importe quoi, un arbre, des fruits, qu'ils n'osaient d'ailleurs pas goûter, aussi bien que de la guerre."         
      Sans électronique, pêchant pour survivre, ils apprennent à se connaître,  et un sentiment doux s'insinue à leur insu dans leurs coeurs. Lorsqu'ils en prennent conscience et que l'idée de déserter les effleure, ils appellent un tracteur pour les ramener sur leur base. Leur longue absence à tous deux soulève des soupçons et ils passent un interrogatoire sévère. Mais les examens psychologiques et médicaux ne prouvant rien, ils réintègreront finalement leur unité où, durant tout ce temps d'absence, Gurvan est devenu célèbre parmi les auxiliaires. La vie habituelle recommence au cours de laquelle Gurvan abat quatre Géos en un seul combat, pulvérisant le record des intercepteurs.
      Il ne jouira pas longtemps de sa victoire. Sans signe annonciateur, leur forteresse volante est prise sous le feu des thermiques de multiples Raiders ennemis. L'affolement et la mort se propagent dans les unités intérieures. Avec Sank et Dji, Gurvan tente d'atteindre la zone la moins exposée au feu. Ils y parviennent, non sans casse, en une progression difficile, parfois en apesanteur , déjà munis de leurs combinaisons de vol. Ils atteignent enfin le flanc ouest, une zone préservée où se terrent des auxiliaires apeurés. Grâce à Gurvan qui agit à l'instar d'un chef, ils s'échappent du hall de décollage avec leurs Flèches, abandonnant la forteresse à l'agonie, préoccupés de trouver un asile afin de pouvoir continuer le combat ultérieurement. Peu de Géos les poursuivent, l'ennemi étant occupé à mettre à mort la l'enorme base volante. Ils découvriront enfin une planète glacée, où, dans la zone équatoriale, subsiste une relais ennemi qu'ils réduiront et occuperont:
      "Tout le monde eut l'air assez satisfait de retrouver un cadre de vie connu. Elle insista sur le fait qu'ils vivaient en commun et que les relations devaient obligatoirement être plus souples qu'à bord et termina en rappelant qu'il y avait beaucoup de place ce qui permettait à chacun de trouver un coin seul. Là, elle fut carrément applaudie. Ca se dégelait."
      Le nettoyage de la place forte se fera pas à pas en des manoeuvres de fantassins, pendant que deux Flèches veillent à l'extérieur. Les bâtiments servent à l'approvisionnement des forces ennemies et sont régulièrement ravitaillés. Il s'agit donc d'ouvrir l'oeil pour éviter un désastre à venir. En attendant, les pilotes , trouvant des combinaisons chauffantes et des vivres, se ravitaillent et se reposent pendant que Gurvan, Sank et une jeune auxiliaire, Brodick, empruntent un véhicule d'exploration ennemi pour patrouiller le plus loin possible de la zone investie. C'est là, à plus de mille kilomètres de leur base, qu'ils trouvent des traces parallèles, prouvant qu'il existe encore  des ennemis qu'il importe d'annihiler. Et c'est à ce moment-là que des missiles, traversant le ciel, se dirigent vers leur relais...


    6. Type: livre Thème: disette d’éléments Auteur: Georges BLOND Parution: 1957
      Une épidémie détruit le papier. L’éditeur Veyrier s’en rend compte rapidement lorsque des rouleaux de papier se déchirent sans arrêt. Au départ, la menace n’est pas prise au sérieux, les techniciens incriminant l’humidité de l’air ou la trame du papier. Le phénomène s’amplifie pourtant touchant toutes sortes de papier jusqu’au jour fatidique de juillet ou l’ensemble du papier utilisé en France se dégrade spontanément: livres, journaux, magazines, actes officiels, mandats, lettres, se liquéfient en une pâte grise.
      Le clan Veyrier, en bourgeois prévoyants, sent la catastrophe se concrétiser  sous la forme d’un effondrement de la société. Veyrier envisage donc de se trouver un abri sûr en attendant la fin de l’orage. Une propriété située dans la campagne, en Ardèche, formera sa base secrète. Comment y arriver? Il lui faut d’abord convaincre Lucienne, sa secrétaire avec qui il entretient une relation, et sa fille Sonia, réticente et amoureuse de Tyrosse, le musicien. Rapidement, tout bascule dans l’anarchie. L’activité économique se ralentit puis s’arrête. Les échanges commerciaux ne se font plus. Des grèves éclatent. La disette apparaît en ville, alors que des stocks alimentaires pourrissent ailleurs. Les gens, en majorité, restent chez eux en proie à un malaise profond et les rues sont de moins en moins sûres.
      Sonia, en traversant Paris de nuit pour avouer son amour à Jacques Tyrosse,  et vivre avec lui,  manquera de peu de faire les frais de la violence urbaine, alors que Lucienne se fera accoster par un jeune homme qu’elle ne connaît pas et qui souhaite vivre avec elle, puisque, selon lui, les temps ne sont plus à  l’hésitation. Lucienne, d’abord agacée, finira par céder à la forte sollicitation et dorénavant elle,  et Pierre Legros,  resteront ensemble pour la vie.
      Les clivages comportementaux deviennent de plus en plus marqués. Veyrier songe avant tout à sauver sa peau, à peine libéré par ses ouvriers qui l’avaient séquestré en son usine. Quant à Sonia et Tyrosse, ils pensent venir en aide aux miséreux de la capitale en s’engageant dans une sorte d’armée du salut qui apporte à domicile la soupe populaire. Même cela se défait car la France a été mise en quarantaine par les USA qui ne sont pas atteints par l’épidémie. Veyrier a  du mal a convaincre les siens de partir avec lui:
      "Bien entendu, les villes sont devenues d’autant plus inhabitables qu’elles étaient grandes et pourvues de tous les avantages de la civilisation. Heureusement, en France, la plupart des citadins ont gardé des attaches à la campagne. Cela ne veut pas dire que tout s’arrange facilement, mais pas mal de gens arrivent à se faire héberger. Il y a aussi les camps, où règne, paraît-il, une espèce de communisme. Bref, ceux qui ont un refuge campagnard assez confortable doivent s’estimer heureux, et, si vous voulez mon avis, plus tôt nous aurons gagné le nôtre, mieux cela vaudra. "
      Finalement les voilà aux portes de la capitale dans une puissante voiture, avec toutes leurs affaires. Ils n’iront pas loin. Le système central, en s’effondrant, a laissé les coudées franches aux chefs locaux, anciens maires, militaires en retraite ou non, notables, qui imposent leur échelle de valeurs. Près d’Orléans, ils tombent dans un guet-apens dressé par des déserteurs mais des militaires locaux les tirent du pétrin. Pas pour très longtemps puisqu’on leur confisquera leur voiture:
      " Que vous connaissiez ou non le général Ducastillon, monsieur, cela m’importe peu. Le général Ducastillon fait ce qu’il veut dans sa région. Mon domaine à moi s’arrête juste au-delà de la Loire et le reste ne m’intéresse pas, j’ai assez à faire ici. Je vous reçois parce que je ne suis pas un sauvage, mais je voudrais que vous compreniez qu’il y a deux choses qui me sont aussi précieuses que la vie: premièrement, mon temps, deuxièmement, l’essence. "
      Ils repartent à pieds, avec leurs valises. Partout ils se heurteront à l’indifférence et l’égoïsme des autres, alors que leurs orteils sont si douloureux et qu’ils sont si fatigués... Proches du désespoir et de l’abandon, ils effectuent une dernière tentative dans une ferme. A peine ont-ils eu le temps d’être menacés par le fermier que celui-ci est agressé à son tour par une bande de malandrins arrivés en auto, qui leur volent tout, notamment les lingots d’or, et, avant de s’enfuir, tirent sur Tyrosse. Celui-ci agonisera sur le bord de la route, entourés par les siens impuissants.
      Un couple de bons samaritains s’arrête. Elle est médecin, lui ingénieur. Décidés de se mettre au vert dès le début de la catastrophe, ils ont emménagé dans une ferme où nos héros pourront se remettre à flots.Enfin guéris, psychologiquement et physiquement, ils reprennent la route et atteignent leur refuge au Rousset dans la Creuse où déjà règne Madame Veyrier. Cette aventure les a beaucoup changés. Ils comprennent à quel point les anciennes valeurs culturelles, sociales, morales ont disparu et que pour survivre dans le tourbillon rien ne vaut de cultiver la terre, de vivre en famille, de prier Dieu comme l’a dit si souvent le Maréchal.  
      La bonne nouvelle leur tombera du ciel  sous la forme de tracts largués par un avion,  annonçant l’éradication de la bactérie papivore par les Américains:
      " L’avion vira et revint, plus bas encore. Il passa au-dessus de la vigne en vrombissant de son vieux petit moteur, et redressa au-dessus de la prairie. Et là, juste en redressant, il laissa tomber sa neige. D’abord cela ressembla à un oiseau blanc surgi juste au-dessous de lui, à plusieurs colombes voltigeantes, puis elles s’ouvrirent et furent ces flocons, ces innombrables flocons blancs. Ils descendaient lentement en tournoyant et en s’éparpillant, et les hommes et les femmes qui les regardaient sentaient battre leur coeur. L’avion avait de nouveau viré et il s’éloignait. Les flocons de papier descendaient en tournoyant et en grossissant, chacun était un rectangle blanc, éblouissant au soleil, éblouissant comme les villes blanches et les robes de mariées, comme la pierre des statues, comme la blancheur sur laquelle l’Humanité écrit son histoire. "
      Un récit qui se rattache à la catégorie de "la disette d’éléments " où l’auteur se pose la question d’école: que se passerait-il si ?... En ce cas, c’est la disparition du papier qui est à l’origine d’une dissolution sociale, un événement  possible au moment de l’écriture du roman (1957), époque non encore informatisée. La chute de la société y est analysée dans la veine de " Ravage ", vue à travers les yeux d’un petit groupe de bourgeois réactionnaires, affligés par la disparition de leur morale, pétris par les  conventions sociales et mus par un égoïsme sans nom.
      On pressent que l’auteur aimerait bien mettre un nom sur la cause du désastre mais que, plus avisé que ses émules des années 20, les Bessières et les Pierre Dominique, il préfère laisser planer le doute...

    7. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: Gérard DELTEIL Parution: 1989
      La centrale nucléaire Phénix 8 emploie des détenus comme personnel d’entretien depuis la catastrophe avignonnaise. Jordan est un infiltré, ancien membre de l’OSAF (Organisation Secrète des Antilles Françaises) qui espère rendre public le rapport K-17, lequel mentionne les doses d’irradiation excessives que subissent les détenus. S’appuyant sur l’épouse du Directeur Rouvre, une dévoreuse d’hommes, pour lui fournir des informations, Jordan fait connaissance de son groupe de co-détenus et s’habitue à son travail qui consiste à nettoyer des canalisations radioactives.
      Rouvre décide d’augmenter la production au grand dam de ses collaborateurs directs, notamment Maillard le surveillant en chef, qui se sont façonnés une petite vie tranquille. Le jour du coup de force venu, Jordan, entraînant ses amis qui n’ont plus rien à perdre, sème le trouble dans les contrôles électroniques et prend d’assaut le poste de commandement de la centrale par l’extérieur, seule voie possible et point faible du système de contrôle. Il fait convoquer la presse, menaçant la direction de la P.I. (Pénitentiaire Indépendante) et la région d’une catastrophe nucléaire majeure. Maillard, soutenu par le Contrôleur Général de la P.I., manipule la presse et fait croire à Jordan que son entreprise de communication se déroule correctement. Pourtant, le groupe des émeutiers, ainsi que le journaliste, seront éliminés dès leur sortie, les intérêts de la P.I. dépassant de loin le sort de quelques malheureux bagnards.  Rouvre profitera d’une promotion ascensionnelle pour répondre à la loi du système de Peter.

    8. Type: livre Thème: menaces climatiques Auteur: Jean DANGERY Parution: 1940
      Josette, sa petite chérie, rejoint Claude Rancy, son fiancé, qui travaille avec son futur beau-père M. Duclos, au Dahomey, dans une exploitation forestière. Elle est contente de se livrer au balancement du hamac porté par la petite troupe de nègres, libérée des harcèlements de l’odieux Wezner qui l’a poursuivie de ses assiduités tout au long du trajet. S’enfonçant dans la forêt équatoriale, avec ses charmes et ses dangers, le groupe ressent  un froid inhabituel qui tombe la nuit et se transforme en gel au petit matin. Que se passe-t-il donc ? Surtout que Josette, après avoir failli passer dans la gueule d’une panthère est enlevée mystérieusement. Claude, fou d’angoisse, s’acharne à la retrouver mais tombe sur une tribu hostile aux Blancs qu’elle rend responsables du froid subit. Fait prisonnier, Claude est destiné à finir sur un bûcher (les Blancs qui brûlent dégagent beaucoup de chaleur, c’est bien connu !) Sauvé in extremis par M. Duclos, averti par Josette qui a réussi à se libérer de ses agresseurs (dont l’horrible Wezner), le jeune homme ressuscite dans les bras de sa belle. Et le froid dans cette histoire, d’où provient-il ? En toute simplicité, d’une machine « électro-frigorifique basée sur la force des marées » , inventé par deux ingénieux ingénieurs anglais Smiththaw et Blackfair, destinée à abaisser la température de certains climats tropicaux qu’ils estimaient trop élevée, en projetant des « ondes réfrigérantes » à très grande distance. Pas de chance pour eux cependant,  parce qu’ils furent massacrés par la tribu mentionnée ci-dessus  et leur appareil réduit en pièces. Ce qui fait dire à M. Duclos :
      « Ils ont révolutionné… mais pas ce qu’ils croyaient ! Ce qu’ils ont mis sens dessus dessous, ce sont les pauvres Noirs, transis, grelottants, rendus malades et furieux par ce froid du diable ! Et ils ont failli provoquer des catastrophes ! Soulèvement, incendies !... Heureusement le cauchemar est terminé à présent, puisque la maudite machine est détruite et tarie la source du froid ! Pour une fois les sorciers ont raison de prétendre que les inventions des Blancs sont des inventions maléfiques. »
      Une histoire d’aventures exotiques sur laquelle se greffe un élément cataclysmique. Pas de quoi provoquer le grand frisson !

    9. Type: livre Thème: disette d’éléments Auteur: Luigi MOTTA Parution: 1928
      Ralph Raleigh, jeune milliardaire américain, se trouve à la tête d’une vaste entreprise regroupant de nombreux ploutocrates. Avec l’appui de l’ingénieur Smiles, il propose de faire barrage au flux des eaux du Gulf-Stream, au niveau de la Floride, là où le courant marin acquiert sa plus grande vitesse, en faisant creuser un tunnel sous-marin :
      « Archimède a dit, continuait la voix : « Donnez-moi un point d’appui, et je soulèverai le monde » Moi je vous dis:»Prêtez-moi cinq millions, et en moins d’une année je déplacerai une des grandes artères du monde, le Gulf-Stream, qui sera pour nous dans un jour peu lointain, la source d’incalculables richesses » (…) Qu’importe à nous autres Américains, les plus forts et les plus riches de la terre, si l’Angleterre et l’Europe occidentale considèrent d’un mauvais œil notre audace ? Qu ‘importe si elles s’en inquiètent ou en prennent ombrage ? Ce n’est certes pas à elles que nous demanderons secours pour le domaine et l’empire du Pacifique ! Ce n’est pas à elles que nous nous adresserons pour avoir la richesse et l’empire. »
      "L’eau tournoyante" résidera plus longtemps près des côtes américaines, y amenant un printemps perpétuel et une prospérité agricole inégalée. A l’inverse, l’absence de ce flux plongera les pays d’Europe dans le froid et la récession, au grand plaisir de ces financiers. Mais l’Angleterre, soutenue par l’ensemble des pays sous la menace, dépêche à New-York  "Mister Gilbert Willy", agent secret, espion et gentleman, pour faire capoter le diabolique projet. Avec ses deux fidèles hommes de main, Wilson et Thompson, Gilbert se tient au courant des activités de Raleigh le long de la côte de Floride, des travaux sous-marin qu’il faut arrêter à tout prix :
      «L’ingénieur Smiles démontra qu’il était nécessaire d’ouvrir un canal sous-marin en Floride entre New-Smyrna et Crystal River. C’est le point où le Gulf-Stream atteint son maximum. Il faudrait des machines hydrauliques puissantes et surtout un modèle de turbine géante. La société devait acquérir par la force de l’eau tournoyante une puissance électrique suffisante pour alimenter toute l’Amérique. Voici ce que les Américains avaient pensé dans leur profond égoïsme ; mais aucun n’avait songé à l’immense dommage que ces transformations causeraient à l’Europe. De minutieux et longs calculs avaient démontré que les côtes occidentales de la vieille Europe ressentiraient aussitôt après l’opération un grand contre- coup. »
      Avec le « Crésus », le sous-marin du commandant Patner, dépêché d’Angleterre, il se rend sur les lieux, à la poursuite du « Narval », l’engin de Raleigh. La situation est d’autant plus compliquée qu’une rivalité personnelle oppose les deux hommes, amoureux tout deux de miss Ellen, la sœur de George Morisson, l’un des compagnons de Raleigh. Ellen a déjà fait son choix : elle renseigne Gilbert sur les intentions de Ralph, non sans éveiller les soupçons du magnat.
      Après que le Crésus se soit approché des lieux des travaux, non sans avoir affronté moult dangers sous-marins tels que poisson-scie gigantesque, serpent de mer et autre barrière de corail, l’Europe envisage sérieusement de mener une action armée contre le gouvernement de Washington qui favorise cette infernale forfaiture :
      « Après avoir abordé plusieurs sujets différents, Warendorf dit enfin : « Pour mon compte, donnez-moi vingt-quatre heures et je ferai de New-York un amas de ruines, et la ville ne sera plus qu’un souvenir. » Cette seule pensée fit frissonner Gilbert. Il se représentait avec effroi la ville bombardée, les obus traversant les toits, les hautes maisons s’écroulant avec fracas dans les rues trop étroites, écrasant sous les décombres les populations affolées. Il se représenta la fuite éperdue des habitants bloqués entre leurs demeures écroulées et en flammes, les cris des enfants et des femmes, les blessés, les vivants ensevelis, puis étouffés sous les murs écroulés, toute une foule de visions hideuses, d’épouvantables catastrophes, telles que le monde n’en aurait encore jamais vues. »
      Les travailleurs de Smiles sont pris au dépourvus lorsqu’ils percent le réservoir d’une immense nappe de pétrole qui surgit à la surface les obligeant, à leur grand dam, à interrompre la construction du tunnel sous-marin pour juguler d’abord le danger immédiat. Ce qui laisse du temps libre à nos amoureux respectifs pour chercher à se confondre mutuellement. Ralph et Gilbert, dans les marais de la Louisiane feront la connaissance de la pétulante créole Mariquita, successivement jalouse puis amie d’Ellen. Gilbert, sauvé par Mariquita, apprendra à Ralph que Smiles, qui avait disparu entre temps et que l’on croyait mort, est en réalité un escroc qui s’est emparé du pactole de l’entreprise, pendant que Wilson et Thompson, infiltrés parmi les ouvriers, poussent à cesser définitivement le travail. George est ébranlé, surtout lorsqu’il entend que Washington, effrayé à l’idée d’une possible guerre, a cessé de soutenir Raleigh. Mais ce dernier ne désarme pas.
      Il hait Gilbert qui lui a pris Ellen et désire le tuer. Comme toujours, la justice immanente veille : fou de rage, Raleigh met malencontreusement le feu à la nappe de pétrole suintante et mourra carbonisée. Enfin, George, conquis par le fair-play de Gilbert, consent à bénir l’union de ce dernier avec sa sœur.
      Un roman maritime de l’italien Luigi Motta, dans la pure tradition populaire, qui en présente les caractéristiques, avec ses tics de langage, son style d’une simplicité rustique, ses stéréotypes, ses liaisons amoureuses compliquées, ses coups de théâtre, etc. L’argument développé nous le fait cependant classer dans notre domaine, le détournement des eaux du Gulf-Stream, étant l’un des thèmes importants de l’anticipation ancienne.

    10. Type: livre Thème: la nouvelle glaciation Auteur: Michel MOORCOCK Parution: 1969
      "Konrad aperçut Friesgalt à peine plus de huit heures après le lever du jour. Comme chacune des Huit Cités, elle s’étendait sous la surface de la glace, dans les parois d’une immense crevasse naturelle profonde de près d’un mille. Ses pièces et ses allées principales étaient creusées dans le roc qui commençait plusieurs centaines de pieds au-dessous, bien que bon nombre de ses entreôts et de ses pièces supérieures fussent taillés dans la glace même. Depuis la surface, on ne pouvait pas voir grand-chose de Friesgalt; la seule chose que l’on pouvait remarquer facilement était la muraille de blocs de glace qui entourait la crevasse et protégeait l’entrée de la cité contre les éléments et les ennemis humains. Cependant, c’étaient les rangées de mâts des hauts navires qui indiquaient vraiment l’emplacement de la cité. Il semblait, à première vue, qu’une forêt poussait hors de la glace, une forêt dont chaque arbre était symétrique, chaque branche droite et horizontale; une forêt touffue, calme, menaçante même, qui défiait la nature et ressemblait au rêve de paysage idéalement dessinée d’un ancien géomètre.
      Quand il fut assez près pour distinguer plus de détails, Arflane vit que cinquante ou soixante navires des glaces de bonne taille étaient ancrés dans la glace par des amarres attachées à des pieux d’os que l’on avait enfoncé dans la surface solide. Les coques en fibre de verre patinée étaient rayées par des siècles d’usage et la plupart des accessoires n’étaient pas des pièces d’origine mais des copies faites dans des matériaux naturels. Les bittes d’amarrage avaient été taillées dans de l’ivoire de morse, les bouts-dehors façonnés dans de l’os de baleine, et le capelage était un mélange de nylon précieux, de boyaux et de lanières de peaux de phoque. Bon nombre de patins étaient eux aussi, faits d’os de baleine, de même que les espars qui les reliaient aux coques. Les voiles, tout comme les coques, étaient faites en tissu synthétique d’origine. Il y avait dans chaque cité de grandes réserves de toiles à voile en nylon; en fait, leur économie même reposait principalement sur les quantités de tissu entreposées dans les magasins des diverses cités. Tous les navires, sauf un qui se préparait à partir, avaient leurs voiles ferlées de près. Les docks de Friesgalt, qui contenaient vingt navires en longueur et trois en largeur, étaient impressionnants. On n’y trouvait aucun navire récent. Il n’y avait aucun moyen dans le monde d’Arflane, d’en construire de nouveaux. Mais, si tous les navires étaient usés par les ans, ils n’en paraissaient pas moins robustes et puissants, dotés chacun d’une ligne personnelle, due en grande partie aux nombreux ornements dont les avaient dotés des générations de patrons et d’hommes d’équipage, et aussi aux gréements favoris des différents capitaines ou propriétaires.
      Les vergues des mâts, le capelage, les ponts et la glace a l’entour étaient noirs de marins au travail, vêtus de fourrure, dont le souffle se condensait au contact de l’air froid, tandis qu’ils chargeaient et déchargeaient les vaisseaux, accomplissaient des réparations et mettaient de l’ordre dans leurs canots. Des tas de peaux dénudées, des tonneaux et des caisses se trouvaient près des navires. Les grues de levage surplombaient les flancs des vaisseaux pour remonter les marchandises jusqu’à la hauteur du pont, puis se balançaient au-dessus des entrées des panneaux avant de laisser tomber les ballots et les tonneaux entre les mains des hommes dont le travail consistait à s’occuper de l’arrimage.
      D’autres cargaisons étaient empilées sur des traîneaux tirés par des chiens ou par des hommes jusqu’à la cité.
      A quelques distances de là, une baleinière embarquait son équipage. Les chasseurs de baleine se tenaient d’habitude à l’écart des autres marins, dédaignant leur compagnie, et les équipages des navires commerciaux ne s’en plaignaient pas: car les baleines, que ce fut ceux de la Glace du Nord ou ceux de la Glace du Sud, avaient des distractions pour le moins bruyantes. C’étaient presque tous des hommes de grande taille, qui se carraient en marchant avec leurs harpons de dix pieds de long sur les épaules, sans se préoccuper de l’endroit où ils les balançaient. Ils portaient aussi la barbe épaisse et fournie; leurs cheveux aussi étaient épais et beaucoup plus longs que la normale. De même que leurs barbes, ils étaient souvent tressés et maintenus en place avec de la graisse de baleine, d’une manière étrange et barbare. Ils avaient de riches fourrures, celles-là même que portaient normalement les aristocrates, car les baleiniers pouvaient se procurer tout ce qui leur plaisait si leurs affaires marchaient bien; mais ces fourrures étaient tachées, et ils ne les revêtaient qu’occasionnellement. Pendant presque toute sa carrière, Arflane avait été patron d’une baleinière et il éprouvait de la sympathie pour ces marins à voix rude, venus de la Glace du Nord, qui, maintenant regagnaient leurs bâtiments. Arflane enfonça profondément ses harpons dans la glace et propulsa en avant ses skis surchargés, glissant maintenant entre les lignes et les coques des navires, évitant les marins curieux qui le regardaient sans cesse à leur travail, et se dirigeant vers la haute muraille de glace qui protégeait la cité - crevasse de Friesgalt."
      Le Capitaine Conrad Arflane est en route vers Friesgalt, l’une des huit cités du plateau du Matto-Grosso creusées dans la glace.
      De retour de la chasse à la baleine des glaces avec son équipage, il aperçoit un vieillard agonisant sur la banquise. Il le sauve, répondant à une impulsion subite et contraire au code de sa religion la Glace-Mère qui lui enjoint de ne s’occuper que de sa propre personne. Il s’agit de Pyotr Rorsefne, le patriarche du puissant clan des Rorsefne, famille dominante de la cité de Friesgalt.
      Pour le remercier,  les Rorsefne lui offrent l’hospitalité. Des rapports étranges le lient bientôt aux divers membres de la famille, à Manfred Rorsefne, le neveu, jeune homme intelligent, mince et brave, mais mystérieux, à Ulrica Ulsenn, fille de Pytor, dont il tombera éperdument amoureux, à Ulsenn lui-même, le mari d’Ulrica, qui le haïra jusqu’à sa mort, enfin à la figure énigmatique d’Urquart le harponneur, un géant apparenté aux Rorsefne par la mère, à la personnalité complexe et archaïque.
      Pytor  mourra mais, dans son testament,  il propose à Arflane de prendre le commandement de son plus puissant trois-Mâts, l’Esprit des Glaces, pour parfaire la quête dont il rêvait, celle de retrouver vers le Nord la mythique cité de New York, le coeur de la Glace-Mère.
      Arflane s’embarquera après avoir choisi soigneusement son équipage, en compagnie des autres membres de la famille,  muni des plans que lui avait laissés le seigneur Pytor. Ils se dirigent d’abord vers l’équateur, glissant vertigineusement, toute voiles dehors, sur l’océan gelé.  Le voyage est plutôt grisant quoique l’hostilité d’Ulsenn commence à devenir manifeste. Il est vrai qu’Ulrica s’était donnée de son plein gré à Arflane, puis, bourrelée de remords, s’est retirée dans ses quartiers.
      L’humeur d’Arflane est massacrante. Son tempérament renfermé devient insupportable aux membres de l’équipage qui commencent à murmurer contre lui.  La traversée est interrompue par des dangers pressants laissant peu de place aux sentiments: se détourner d’une crevasse qui manque de les engloutir, résister à un assaut de sauvages nomades des glaces montées sur des ours, s’occuper de renouveler les vivres par une inespérée chasse à la baleine. Seul Urquart, solide au poste, ne craignant pas le froid, restera durant le trajet indéfectiblement fidèle à Arflane.
      Au fur et à mesure que la traversée approche de son but, les passions s’exacerbent. Lors d’un début de mutinerie vite réprimée, Ulsenn est enfermé dans sa cabine et de nombreux matelots meurent, soit en tombant sous les coups de javelots des sauvages, soit sous les patins du bateau.
      Ils arrivent enfin aux abords du plateau continental dans un immense défilé où les vents qui s’y engouffrent propulsent le bateau à une vitesse inimaginable. Celui-ci n’est plus gouvernable et malgré la peur intense des matelots, le seul espoir de survie qui subsiste est de sortir du défilé. Or, celui-ci  se resserre en un goulet qui constitue un piège fatal.
      Arflane jette les ancres en désespoir de cause. A cause de la vitesse acquise, le bateau ne peut freiner à temps ; il heurte le rebord de glace, projette ses occupants au loin tandis que la coque se délite entièrement. Seuls restent en vie les principaux protagonistes. Sauf à mourir de froid sur la glace, ils n’ont d’autre alternative que de se rapprocher de New York sur des skis improvisés.
      Après avoir marché des jours entiers dans la tempête et atteint le seuil de l’épuisement , ils font à nouveau la rencontre de nomades des glaces et seront faits prisonniers sachant d’avance le sort qui leur sera réservé. Arflane, sortant de son évanouissement, aperçoit Urquart, manifestement libre, en tractation avec le chef des nomades. Urquart est ravi car il avait entrepris ce voyage pour être un jour en mesure de se venger des Rorsefne qui l’ont rejeté quand il était encore enfant. Il songe à mettre à mort Manfred et Ulrica. Libéré de ses liens par Ulsenn, Arflane se jette sur Urquart et lui enfonce son harpon dans la poitrine. Ce dernier avait cependant eu le temps d’émasculer Manfred qui ne survivra pas à ses blessures. Après un moment de flottement, le chef des nomades décide que l’esprit de la Glace-Mère est satisfait et les laisse repartir en direction de la cité dont les tours brillent à l’horizon:
      " Quand ils aperçurent les tours élancées de New York, ils s’arrêtèrent, frappés d’étonnement. Arflane comprit que Pyotr Rorsefne avait été particulièrement peu éloquent pour les décrire. Elles étaient magnifiques. Elles étaient resplendissantes. Le petit groupe s’arrêta dans la confusion et les ours grattèrent nerveusement la glace, comprenant peut-être les sensations mêlées de leurs cavaliers qui regardaient la cité de verre, de métal et de pierre qui se dressaient jusqu’aux nuages. Les tours flamboyaient. Des immensités de glace miroitante reflétaient des couleurs changeantes et Arflane se souvint de la légende se demandant quelle pouvait bien être la hauteur des tours, si elles s’enfonçaient dans la glace aussi profondément qu’elles s’élevaient au-dessus."
      Parvenus au coeur de la cité, ils apprendront la vérité sur leur monde de la bouche de l’un des habitants. Les huit Cités du Matto-Grosso contiennent les descendants des colons de l’Antarctique tandis que la cité de New York abrite les descendant des colonies de l’Arctique, colonies dont l’existence remontait à plus de deux mille ans. Chacune s’est adaptée selon ses possibilités, la première en développant une civilisation basée sur le froid, les autres en s’enfonçant profondément dans le sol. Ce sont les expériences nucléaires de jadis, associées à un changement climatique fondamental, qui avaient provoqué l’intense glaciation laquelle, actuellement, tendait à se réduire, aidée en cela par la technologie sauvegardée dans la cité.
      Peter Ballantine, leur guide, espère renvoyer Ulrica et Arflane à Friesgalt pour qu’ils dévoilent la nouvelle situation aux leurs.  Arflane, choqué par ces révélations qui transgressent si manifestement sa culture de primitif et sa religion, poursuivra seul et farouche sa quête vers la Glace-Mère du Nord, pour y périr sans doute, pendant que Ulrica se fera raccompagner en hélicoptère chez les siens.
      Un roman d’une sauvage beauté, flamboyant et héroïque. Les personnages sont exceptionnels, la nature glacée magnifiquement décrite avec poésie et fureur, l’argument de la quête initiatique développé suivant les canons du genre. Moorcok signe une oeuvre magistrale dont le thème post cataclysmique est le prétexte à une épopée individuelle.

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