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    Bienvenue dans la Base de Données des livres !

    Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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  • 711 livres

    1. Type: livre Thème: menaces idéologiques Auteur: Gilles SERVAT Parution: 1974
      En une suite de quatrains brossant un tableau édifiant,  le compositeur décrit l’horreur d’une société future (la nôtre) avec ses menaces de toutes natures, idéologiques, oppressives, pollutives, ou guerrières : tireurs isolés, viols, insécurité grandissante au sein de la cité,  des mesures de prévention qui augmentent les risques,  à travers des fouilles systématiques et « (des) coups de triques donnés par un vigile viril ». La ville, en état de siège à cause des émeutes, impose un couvre-feu inconnu jadis :
      « Le couvre-feu n’existait pas
      Les lumières brillaient dans la nuit
      On sortait bien après minuit
      Car l’énergie nous manquait pas. »
      La pollution de l’air où « l’oiseau tombe en plein vol » oblige au port du masque. Il est donc préférable d’appliquer les consignes gouvernementales qui sont de rester à l’intérieur, ce qui favorise le conditionnement :
      « L’on avait encore une adresse
      Pas de loisirs obligatoires
      Pas de télé obligatoire
      et pas de matricule aux fesses. »
      La dénonciation est généralisée, la surveillance des personnes, universelle :
      « On pouvait prendre pour confesseur
      Sa femme, ses enfants, sa sœur
      Sans être sûr d’ouvrir son cœur
      Au ministère de l’intérieur ».
      Vision d’une société dystopique où la guérison même des cancers n’améliore pas le sort des gens, poussés au suicide, désespérés par tant de misère morale et intellectuelle. Pourtant les signes avant-coureurs ne manquaient pas, à l’époque:
      « Je garde en moi le souvenir
      En ce mois de mai 2010
      De ces années soixante-dix
      Où l’on sentait tout ça venir. »
      Une voix sombre et puissante, l’excellence de l’interprète, la justesse prémonitoire des paroles, rendent cette chanson plus actuelle que jamais.

    2. Type: livre Thème: l’entropie progresse... Auteur: Michaël MOORCOCK Parution: 1966
      En un futur lointain,  la Terre qui a cessé de tourner, présente une large frange crépusculaire et deux faces, l’une au jour éternel, l’autre à la nuit. L’espèce humaine, clairsemée, car il ne subsiste plus que deux cents individus, habite dans de somptueuses villas, à la technologie raffinée, éparse dans les différentes zones :
      " Le soleil éternellement au zénith brillait sur la mer. L’étendue d’eau bleue et libre de marées était parfaitement immobile. La plage blanche qui montait jusqu’à la maison était déserte, comme toujours ou presque. Sur la Terre diurne, les gens vivaient loin les uns des autres. Leurs demeures étaient autosuffisantes et les transports rapides. Les villes n’avaient aucune utilité. Ce qui s’en rapprochait le plus, c’étaient les quelques bâtiments qui abritaient naguère les bureaux administratifs . "‘
      Mais une maladie mortelle la ruine : tous les individus sont devenus stériles. La stérilité, comme l’immobilité de la terre, sont les conséquences de l’action dévastatrice d’extraterrestres appelées le Raid. Depuis ce moment, les humains se livrent aux fêtes, aux extravagances, soit une manière comme une autre pour remplir le temps qui reste à vivre avant de disparaître définitivement de la surface de la planète :
      " Dans deux cents ans, nous aurons disparu du monde. De l’espèce humaine, il ne restera que quelques ossements et quelques bâtiments. Nul ne peut nier que nous devons nous efforcer d’éviter cela ; pourtant chacun sur Terre semble s’être replié sur lui-même ; il règne une apathie à laquelle je ne m’attendais pas.
      Même l’accès aux étoiles ne représente plus pour eux un objectif. Après un premier voyage catastrophique  vers Titan dans lequel disparut le grand savant Orlando Sharvis, ils abandonnèrent la course aux étoiles à cause d’une maladie surnommée " la douleur de l’espace " qui fait périr tout homme se trouvant loin de la Terre durant plus de trois mois. Clovis Marca, un jeune homme fatigué, en provenance de la zone crépusculaire,  recherche Orlando. Il a abandonné pour cela toute implication dans la politique et se contente d’observer ses semblables en leurs fêtes futiles. Bien que stérile, la jeune Fastina Cahrmin n’est pas insensible au charme de Clovis. Elle en fera son amant, en dépit de la jalousie  d’Andros Almer. Alors que plusieurs de ses compagnons tentent de concevoir une dernière réalisation avant le moment ultime, Fastina et Clovis se réfugient dans une région isolée du monde pour y jouer à Roméo et Juliette:
      " Le temps passait et cela leur était égal. Un bonheur euphorique et un plaisir à se trouver ensemble les avaient saisis, bonheur qu’ils ne pouvaient ressentir que loin de la société. Ils vivaient un amour primitif, ils le savaient, qui ne se répéterait sans doute jamais. Ils désiraient le faire durer. S’ils n’avaient embarqué aucun moyen de mesurer le temps, ils avaient en revanche des vivres en quantité. Ils poursuivirent ainsi leur périple sur un océan d’huile, sans presque plus rien se dire, mais en souriant beaucoup, en riant parfois aussi, et en restant toujours l’un près de l’autre comme s’ils redoutaient, une fois séparés, de ne plus jamais se retrouver. "
      Le reste de la société se décompose rapidement. Un mystérieux groupe de destructeurs surnommés " la Confrérie de la Coulpe " incendie des demeures ou tue des êtres humains, actes incompréhensibles pour une société terrienne qui avait depuis longtemps abandonné toute agressivité. S’opposant à eux –mais dans une même perspective de sauvagerie - apparaissent les tenants d’un " ordre nouveau " avec à leur tête le " Guide suprême " Andros Almer. Jouant aux jeux du pouvoir, par le glaive et le mensonge, celui-ci élimine tous ses opposants, sabote tous les projets individuels, poursuit Clovis et Fastina de sa vindicte. Sans l’intervention du mystérieux Rafle aux pouvoirs surhumains qui met le couple en sûreté au sein d’une tour-maison,  il y serait parvenu.
      Clovis Marca et Fastina s’accommodent de cette situation de cloîtrés jusqu’à ce qu’un des sbires d’Andros les découvre. S’emparant de son aéronef, Marca poursuit Rafle en sa retraite au sein de la lune (tombée sur terre durant le Raid), en plein océan Pacifique. Là, au centre d’un village à l’architecture démente, il fera la connaissance d’êtres qui n’ont plus d’humains que le nom. Ce sont les anciens compagnons du savant Sharvis, dont fait partie Rafle. Orlando serait revenu de Titan avec la maîtrise de l’immortalité. En dépit du danger, Clovis souhaite rencontrer Sharvis pour lui demander de le transformer bien que  l’immortalité ne se donne pas sans contrepartie. Il n’est que de voir l’apparence de Sharvis :
      " Il s’attendait à voir un homme, mais c’est un monstre qui se présenta à ses yeux ; un monstre magnifique cependant. La tête d’Orlando Sharvis ressemblait à celle d’un serpent. Son long visage étroit était moucheté de rouge et de rose ; il avait des yeux à facettes comme une mouche, un nez camus et bien formé, et une bouche édentée aux lèvres rentrantes. Quant au corps, il n’avait rien de reptilien ; il était presque cubique et très massif. Jambes courtes et solides, bras et jambes, quand il les remuait, comme dépourvus de charpente osseuse. "
      Sharvis le rendra effectivement immortel mais dans un corps dénué à jamais d’émotions. A Fastina,  il donnera le pouvoir d’enfanter. Quant à Andros, qui les avait suivi en ces lieux dangereux, il lui procurera le pouvoir éternel mais sur l’obscurité, ayant fait se mouvoir la Terre de telle sorte que le royaume du dictateur se retrouvât dans les ténèbres définitives.
      " Les rives du crépuscule " est un livre étrange, exhalant des sentiments de tristesse, de désespoir et de mort, dans lequel des personnages jouent à des jeux vains et inutiles dans une ambiance de fin du monde. Le récit est à rapprocher de l’œuvre du même auteur, le cycle des " danseurs de la fin des temps. "

    3. Type: livre Thème: menaces climatiques, péril jaune , guerre des races Auteur: J.H. MAGOG Parution: 1922
      Le docteur Kasuga, dangereux petit nippon aux yeux bridés, poursuit la jeune Suzanne de Glandèves de ses assiduités, au grand dam de sa famille, et surtout de son fiancé Jim Sandy, qui l’éconduit sans façons. Kasuga promet une  vengeance impitoyable. Le futur beau-père de Jim, américain de nationalité, est outré par une telle prétention mais effondré lorsque le Congrès américain oblige tous les membres de sa famille à s’embarquer pour le Japon où sous le titre «d’ambassadeurs» ils serviront d’otage «légaux», mis en cette situation  en fonction de l’intérêt supérieur des Etats-Unis. Car le docteur Kasuga, qui n’est pas resté inactif, a proposé une alliance commerciale au gouvernement américain suffisamment attractive pour que ce dernier réponde à tous ses caprices.
      Au Japon, près de l’île de Seijo, Jim est enlevé au cours d’une séance de magie,  et toute l’énergie de son serviteur Guilledou ne suffira pas à le tirer des griffes de Kasuga. Il se réveille au fond d’un gouffre où des centaines de milliers de travailleurs de race jaune (Chinois, Mongols, etc.) s’exténuent et meurent en creusant des puits de plus en plus profonds sous la direction de Mister Big, un inquiétant savant américain :
      «De mois en mois, des troupes, des armées d’émigrants, racolés ou enlevés par la police japonaise, disparaissaient des villes et des villages pour ne plus jamais réapparaître. C’était par milliers que ces Chinois avaient été entraînés vers de mystérieuses destinations par leurs dominateurs ».
      Embauché par Kasuga, enfermé sur son lieu de travail, Mister Big a mis en œuvre le projet le plus insensé qui puisse se concevoir : vider l’océan Pacifique de son eau qui sera vaporisée par les masses brûlantes du manteau sous-jacent, puis rejetée par les volcans :
      «Apprenez-donc quel but poursuivent ces hommes, que vous voyez creuser, dans le roc de cette voûte, de gigantesques fourneaux de mine. Remarquez, auparavant, que cette formidable entaille, cette calotte de près d’un kilomètre carré, coïncide avec ce gouffre qui, vraisemblablement atteint le centre de la terre.(…)
      Jean fixa sur son interlocuteur des yeux hallucinés d’épouvante. L’étrange guide sourit. -Eh bien ! dit-il froidement, ils sont en train de préparer la brèche par laquelle le Pacifique se videra dans les entrailles de la terre. Ils veulent mettre l’océan à sec. »
      Le but étant d’annexer le fond de l’océan ainsi mis au jour comme un nouveau continent à se partager entre Américains et Japonais. Mais Mister Big connaît un secret que même Kasuga ignore : un tel projet risque de faire exploser la terre entière avec les pressions mises en jeu, ce qui réjouit ce vieux nihiliste. Jim, destiné à mourir, est rejoint par Guilledou, enlevé à son tour. Les deux hommes sont dans l’expectative lorsque l’un des plafonds percés laisse s’échapper une gigantesque cataracte d’eau : l’opération «buveur d’océan » vient de débuter !
      De leur côté, les membres de la famille de Suzanne ont échappé à leurs geôliers, aidés par Sada, la petite bonne japonaise amoureuse de Guilledou. Ils s’embarquent en vitesse pour fuir le Japon quand, au large de l’île, ils constatent avec surprise la mise au sec de l’océan. Les eaux disparaissent révélant un fond encore vaseux où se dépose leur bateau :
      «Quand l’aube reparut, ils s’aperçurent qu’ils n’avaient plus devant les yeux qu’une mince nappe d’eau glissant sur le flanc d’une montagne de vase, surgie du fond de l’abîme. Puis, soudain, les eaux cessèrent de couler et la gigantesque montagne, devenant une chaîne uniforme, de très faible pente et s’étendant à perte de vue, érigea définitivement au-dessous de l’océan sa crête asséchée. »
      Perdus dans l’immensité ils aperçoivent avec angoisse l’avion du docteur Kasuga qui les traque. Profitant du désarroi de Suzanne, Kasuga, qui a rejoint les fugitifs, enlève la jeune fille pour la mettre en sûreté sur un navire américain proche, toujours lié par le pacte signé avec le diabolique nippon. Mister Big, Jim et Guilledou échappent à leur tour au piège infernal en se creusant un chemin vers le haut à coups de dynamite. Ayant fini par rejoindre les membres de leur famille à bord du bateau enlisé, ils constatent la disparition de Suzanne et prendront place dans la jeep que les Américains leur envoient. Croyant à un heureux hasard, ils ne se rendent pas compte que c’est Kasuga, qui, pour mieux jouir de son triomphe, les a fait mettre sous bonne garde par le commandant américain. Proche de la victoire complète, le Japonais sera privé de tout dans un de ces renversements de situation propres à la littérature populaire. Il contemplera, effondré, la disparition de son pays dans les flammes, principale victime de sa folie :
      «Le quinzième jour de ce fantastique voyage, une bande sanglante empourpra l’horizon lointain. Puis ce furent des lueurs d’incendie, d’énormes flammes rouges, qui dardaient vers le ciel leurs langues de feu ; des tourbillons de fumées noires, grises et rousses amoncelaient des bataillons de nuages, que trouaient à chaque instant des masses sombres, projetées en l’air par d’invisibles mortiers. D’incessantes et formidables détonations achevaient de donner l’impression qu’on approchait d’un camp de carnage et de désolation. Mais le font de ce gigantesque combat embrasait des lieues et des lieues ; l’œil n’en apercevait pas la fin, pas plus en largeur qu’en profondeur. »
      Confondu par Mister Big, Kasuga sera finalement englouti dans les feux volcaniques, laissant Suzanne à Jim. Enfin tout finira pour le mieux, surtout pour les Etats-Unis qui annexeront le fond du Pacifique à leur territoire déjà immense.
      Le roman, qui repose sur le même soubassement que « le Formidable événement » (voir ce titre), mélange adroitement courses-poursuite, personnages caricaturaux, sentiments excessifs et coups de théâtre. L’invraisemblable hypothèse de base sert à mettre en relief la vaillance économique des USA opposée à la traîtrise des Japonais. Un récit sans temps morts ni fioritures qui se lit avec agrément une fois la convention romanesque acceptée par le lecteur.

    4. Type: livre Thème: disette d’éléments Auteur: PAFIOU (aucune référence) Parution: 1908
      Et si la couleur rouge n’était plus visible? Et si la longueur d’onde liée à cette couleur disparaissait ? L’abbé Gamma prévenant ses pairs de cette bizarrerie ne rencontra que des sarcasmes. Pourtant, des conséquences fâcheuses se firent rapidement sentir : plus de bonne viande rouge, plus de couleur rouge dans les tableaux des peintres, une quantité importante d’accidents de chemin de fer, liée au non-respect de la signalisation  d’urgence et, - le plus consternant- la transformation obligée du drapeau tricolore. Le seul avantage  fut que nos soldats en leur uniforme garance étaient désormais invisibles sur le champ de bataille.
      Moqué par les siens inaptes à reconnaître la justesse de sa théorie, Gamma aura raison de façon posthume. Aujourd’hui, l’humanité réside sous terre pour échapper au froid sibérien qui règne à la surface du globe, la couleur rouge ayant seule la propriété de transmettre la chaleur solaire.

    5. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 1 Auteur: Richard JEFFERIES Parution: 1885
      Félix Aquila est le héros de cette histoire qui se déroule quelques siècles après qu’un astre errant a bouleversé la configuration de la Terre, balayant les sociétés et les états, noyant les territoires émergés sous une vague gigantesque :
      « Au bout de trente ans, en-dehors des collines, il ne restait plus un seul espace ouvert où l’homme aurait pu se frayer un chemin sans suivre les pistes d’animaux où être obligé de se défricher un passage. Depuis longtemps, les fossés s’étaient emplis de feuilles et de bois mort, si bien que l’eau qui aurait dû s’écouler stagnait et se répandait dans les creux et les rigoles de ce qui avait été autrefois des champs, formant ainsi des marais où prêles, iris et joncs dissimulaient les eaux. »
      Le site de Londres se trouve enseveli sous un lac gigantesque autour duquel se sont établis les descendants des derniers survivants en une nouvelle société féodale:
      « Car cette cité merveilleuse source de tant de légendes, n’était en fait qu’une construction de briques et quand le lierre, les arbres et les buissons se mirent à croître, et que finalement les eaux souterraines jaillirent, cette vaste métropole fut vite engloutie. De nos jours, tout ce qui était construit sur des terres basses s’est transformé en marais. Les maisons des hauteurs, furent, comme toutes celles des grandes villes, pillées de leur contenu; même le fer en fut extrait. Les arbres fendirent les murs qui ne tardèrent pas à s’effondrer et à se recouvrir de buissons; lierre et orties engloutirent bientôt les amas de briques. »
      Des bois immenses entourent le lac où des « hommes des buissons» primitifs et des « gitans » constituent un réel danger pour les petites cités moyenâgeuses:
      « Dépravé, sans vergogne, l’homme des buissons est essentiellement vêtu de peaux de moutons, ou d’effets volés, s’il est habillé. Il n’observe aucune sorte de cérémonie. Le nombre de ses « camps » doit être considérables, et pourtant on a rarement l’occasion de voir l’homme des buissons et d’entendre parler de ses exactions, ce qui nous donne une indication du terrain qu’il couvre. C’est surtout lors des hivers rigoureux qu’il devient dangereux; poussé par la famine et le froid, il s’approche des villages pour dépouiller les enclos.
      Il est si habile à se faufiler parmi ronces, roseaux et joncs, qu’il peut passer à quelques mètres de vous sans se faire remarquer, et seul le chasseur expérimenté a une chance de déceler sa trace, mais ce n’est même pas toujours le cas. »
      Tout a basculé dans la barbarie car il ne subsiste rien de l’ancien monde, ni écrits, ni technologie. L’arc et la flèche triomphent, les moeurs sont brutales, les sujets plient devant des roitelets ignares ou incompétents, l’esclavage est particulièrement apprécié:
      « La campagne aussi est affaiblie par la multitude des esclaves. Dans les royaumes et les provinces qui jouxtent le Lac, il n’est guère de villes où ils ne sont pas dix fois supérieurs en nombre aux hommes libres. Les lois sont forgées pour réduire la population à la servitude. Quelle que soit l’offense, la punition en est l’esclavage, et les offenses sont artificiellement aggravées pour que la richesse des rares êtres privilégiés s’accroisse encore. »
      Félix, fils de noble, est un être à part dans ce monde rude. Très habile au maniement de l’arc, il est plus emprunté, plus sensible, plus frêle que son frère Olivier qui frappe de taille et d’estoc (avec une épée magnifique, vestige du passé). Se sentant insatisfait au château familial et honteux de son père qui se livre à l’agriculture au lieu de briller dans la haute société, Félix Aquila conçoit le projet d’explorer les pourtours du Grand Lac, ce qui n’a jamais été fait, en dépit de l’amour qu’il porte à Aurora Thyma, sa dulcinée.
      En grand secret, et avec l’aide d’Olivier, il construit un canoë qui sera le véhicule idéal. Il s’embarque, après une dernière fête au château du baron Thyma, durant laquelle il a pu mesurer toute l’hostilité que le baron manifeste à son égard. Félix rêve de reconquérir Aurora après son périple.Celui-ci s’avère très vite difficile et dangereux, autant pour éviter de s’échouer contre les rochers affleurants avec sa barque que pour échapper aux gitans.
      En dépit du danger, il traverse de nombreuses contrées, vierges d’hommes et débordantes de vie sauvage. Il se rend compte de l’intérêt stratégique que représente une avancée de terre bloquant tel un verrou le détroit donnant accès au lac. C’est là qu’il décidera de construire son château afin de contrôler la totalité de la région. Cachant son esquif sous des roseaux, il poursuit à pieds vers une ville entrevue -qui n’est en réalité qu’un hameau - , décidé à s’engager dans l’armée du roi. Cela va prendre du temps car les obstacles s’élèvent nombreux, qui l’empêchent de se faire reconnaître par le seigneur du pays. Enfin mis en sa présence, il est engagé dans un conflit qui n’est pas le sien. Félix, déçu par l’attitude grossière du roi et son incompétence de tacticien, désertera de l’armée.
      Repartant en canoë sur le lac, il lui arrive une aventure singulière. L’air autour de lui se transforme, l’eau devient toute noire, des vapeurs méphitiques se soulèvent au fur et à mesure de sa progression, sur les bords une terre noire et souillée laisse deviner en creux des silhouettes de squelettes. C’est le site de l’ancienne « Londres engloutie », devenu lieu de mort et de rejet:
      « Il était entré au coeur de cet endroit terrifiant dont il avait tant entendu parler: la terre empoisonnée, l’eau empoisonnée, l’air empoisonné, empoisonnée aussi la lumière des cieux qui traversait cette atmosphère. On disait que par endroits, la terre brûlait et crachait des fumées sulfureuses, venant sans doute des énormes réserves de produits chimiques inconnus, fabriqués par le merveilleux peuple de l’époque. Sur la surface des eaux flottait une huile vert-jaunâtre, fatale à toute créature qui la touchait; c’était l’essence même de la corruption.
      Parfois, elle voguait au vent, et des fragments se collaient aux roseaux ou aux iris, bien loin des marais. Si une foulque ou un canard effleurait la plante contaminée, ou si une seul goutte d’huile tombait sur ses plumes, l’animal en mourait. Des eaux rouges, et du lac noir sur lequel le hasard l’avait conduit, il n’avait jamais entendu parler. »
      Se sauvant à grand’peine, en un dernier sursaut d’énergie, du piège empoisonné de cette région maudite, il est recueilli par une tribu de pasteurs qui le soignent. Pleins d’admiration envers sa personne - il est le premier à avoir survécu à cette épreuve - , ils lui reconnaissent des qualités supérieures. Menant victorieusement un combat contre les Gitans - les ennemis naturels des Pasteurs - Félix est proclamé roi. L’admiration pour Félix se transforme en dévotion. D’autres tribus se rallient à sa bannière. Bientôt à la tête d’une fédération puissante de guerriers, Félix n’a pas oublié son projet premier: celui de construire son château au lieu stratégique découvert précédemment.  Pendant que ses guerriers s’attellent à la tâche, il les quitte  pour annoncer la bonne nouvelle à Aurora.
      « Londres engloutie » est l’un des premiers romans du genre développant la thématique post-cataclysmique: une nature redevenue sauvage, la disparition de la technologie, un retour à la barbarie mesurée d’un nouveau moyen-âge. Les épigones de ce type romanesque feront souche à leur tour, les auteurs développant jusqu’à la satiété tel ou tel aspect de la thématique, jusqu’au cliché.
      Aujourd’hui, les « nouveaux barbares » sont légion et « le nouveau moyen âge » forme la toile de fond de nombreux romans. Jefferies est cependant plus intéressé par la psychologie de son héros que par le décor, par sa volonté affirmée de libération,  par l’amour que Félix porte au lac , symbole de virginité. L’horreur de la technologie et son pessimisme se traduisent par la description étonnante du marécage qu’est devenu l’ancienne cité de Londres.
      Peu connu en France, avec une traduction à diffusion quasi-confidentielle, le roman mérite une place de premier plan dans le courant de la science-fiction cataclysmique.

    6. Type: livre Thème: le dernier homme Auteur: Chantal PELLETIER Parution: 2004
      J. (pour Julius) Robert grimpe le long de la colline de cette région désertique du Nevada, taraudé par l’angoisse, hanté par sa culpabilité, fuyant les hommes, afin de se retrouver seul avec lui-même. Il n’est pas le dernier homme sur terre mais il mériterait de l’être. Sa science, son intelligence, son sens de la coopération ont fait de lui le meurtrier de masse, que déjà réclament les centaines de milliers de morts, ceux d’Hiroshima et de Nagasaki.
      Car J. Robert Oppenheimer, conducteur du projet Manhattan, à l’origine de la mise au point pratique de la première bombe atomique pourrait être vu comme le fossoyeur du genre humain. C’est pourquoi, replié sur lui-même en cette caverne obscure, il démissionne sans appel.
      Une novelette d’un intérêt mineur à l’apparence d’ un exercice de style.


    7. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 1 Auteur: Thomas GEHA Parution: 2005
      Pépé est un « Alone » :
      « -Ben, tu vois, je suis un Alone, un mec qui ne se joint à aucun groupe, jamais ; un mec qui pense pouvoir se défendre tout seul en cas de besoin. Les Rasses, les Fanars, et les groupes militaires en particulier, n’apprécient guère les Alones, et c’est réciproque. »
      Il se fera surprendre par des « Fanars » (Fanatiques Religieux) qui l’entraînent dans leur repaire où ils adorent la « Vierge évanescente », un gadget vidéo qui les fait croire au surnaturel. Leur chef décide de mettre Pépé à mort comme la jeune fille déjà précédemment capturée. Le héros tue « Dents pourries » (c’est le nom du chef) à l’aide de ses armes de jet, délivre la jeune fille, échappe aux Fanars pour prendre la direction  de l’Ouest.  Comme c’est déjà le début de la saison froide, ils se décident pour la région de Rennes où Pépé se rappelle d’un refuge acceptable qui leur permettrait de passer l’hiver dans le confort.
      Le voyage est animé car il leur faut éviter les « Rasses » cannibales et, arrivés en vue du refuge, ils auront la désagréable surprise de le voir occupé par un autre Alone. Celui-ci, blessé, n’offre aucune résistance. Prénommé Gaby, il se rendait en la ville de Rennes lorsqu’il fut attaqué par une meute de renards, ce qui l’a obligé à se mettre en sûreté. Les deux solitaires fraternisent. Pépé décide d’accompagner Gaby dans sa quête malgré le danger représenté par les «Nadrones », robots programmés de la dernière guerre, qui ont exterminé les humains :
      « Les villes, c’est franchement le coin à éviter, si l’on tient un minimum à sa vie. Plein de trucs pourris, en ville. Des tonnes de squelettes, bien sûr, animaux et (…) humains, sans compter ces fichus Nadrones, invisibles et dévastateurs. Les Nadrones, ce sont les restes de la civilisation, le truc peut-être responsable de la destruction du monde. »
      En route, ils en profitent pour arracher une autre jeune fille, Flo, des griffes d’autres Rasses, avant qu’il ne soit trop tard pour elle :
      « Aucune pitié n’habite ces hommes. Chacun à leur tour, ils dégainent un long couteau incurvé et tranchent la gorge des femmes (…) moi, ça me donne envie de dégobiller. Surtout quand je vois les types découper la chair meurtrie d’une brune, comme de la simple viande de boucherie. Pour eux, ça va être le festin. »
      En ville, La végétation envahissante domine les bâtiments :
      « Yep. On y était, en effet. Les premiers immeubles effondrés sont apparus, certains déjà enrobés de plantes grimpantes, et les toits crevés par le faîte d’arbres anormalement grands. Mutations. Ca commençait bien. Déjà, sur le chemin, on avait parfois rencontré des plantes bizarres, comme un bulbe plutôt balèze aux branches terminées par des sortes de clochettes rouge sang, graisseuses… »
      Nulle trace visible de Nadrones, mais des carcasses de voitures qui semblent animées d’une vie propre. Ces «Voitortues » les obligent à se réfugier dans les tunnels du métro où les attendent les rats et les chauve-souris. Chacun décide de partir de son côté, pour se diriger vers le centre ville, place Hoche. En émergeant sur la place, Pépé a la surprise de sa vie : au bord d’un grand échiquier se tient un être immense, noir et télépathe. Capturant ses victimes par «induction spirituelle », il domine leur temps subjectif, leur faisant se confondre fantasmes et réalités. Il propose une partie d’échecs à Pépé, jeu qui ne peut aboutir qu’à la mort. Le jeune homme doit vaincre les fantômes de sa mémoire. Case après case, il se souvient de sa rencontre avec Grise, une jeune femme qui lui avait tout appris, dont il était tombé amoureux jadis et qui est morte par sa faute ; mais est-elle vraiment morte ? Cette question, il la résoudra ultérieurement, l’urgence consistant à éliminer le mutant noir. Ce qui fut fait car Pépé est un très bon lanceur de couteaux.
      Sans désemparer, ils ressortent de la ville. Pépé, s’apercevant que Flo et Gaby forment à présent un couple, prend la décision de  retourner dans le sud, dans la région de la Creuse, où avait disparu Grise. La quête vers son passé l’entraîne à Sète, près d’un village fortifié, repaire du «Seigneur Argento ». Par Nicolas le Géant, le portier qui deviendra ultérieurement son ami, Pépé est amené devant Argento et, ô surprise, devant Grise, une Grise vieillie, aux yeux vides, manifestement sous l’emprise psychologique du tyran.
      Pépé décide de reprendre son bien et d’abattre Argento. Une entreprise périlleuse, l’arme secrète d’Argento, avec laquelle il lave le cerveau de ses sujets, étant un couple de mutants semi-humains, semi-végétaux, à la puissance psy irrésistible. L’adjoint d’Argento, un autre  Alone, redoutable lui aussi,  perce à jour ses intentions et le livre aux mutants.Mais notre héros est d’une trempe supérieure : simulant la sujétion, il attend le moment favorable pour passer à l’action avec l’aide de Nicolas le Géant.  Argento se réveillera, la gorge tranchée par Pépé :
      « Cette femme m’a élevée. Cette femme m’a tout appris, et elle compte bien plus pour moi que la prunelle de mes yeux. Mourir pour elle est un acte insignifiant. Et toi, Argento, tu y as touché, tu me l’as enlevée, tu as fait d’elle un morceau de viande sans cervelle. Domaine sacré, mon pote. Ta propre Mère sacrée n’avait pas prévu ce scénario, hein?(…)
      Qui plus est, une vermine comme toi, ça me dégoûte. Profiter de pauvres hères comme tu oses le faire ici est un acte inqualifiable.
      J’ai craché par terre, j’ai raffermi ma prise sur le manche de mon couteau.
      -Bonne nuit, Argento. Bonne nuit éternelle. Elle est bien méritée. »
      En compagnie de Grise, toujours passive et absente, Pépé disparaîtra dans la nature. Deux mois plus tard, dégagée enfin de sa camisole psychique, Grise retrouve la mémoire et reconnaît Pépé avec une joie sans mélange.  Alors le couple rejoindra Gaby et Flo.
      « A comme Alone » est un roman d’action se situant dans le décor d’une France ravagée par le cataclysme. C’est aussi et surtout un hommage à Julia Verlanger du cycle de «l’Autoroute sauvage », hommage tellement puissant qu’il se démarque à peine du plagiat. Qu’importe ! faute avouée est à moitié pardonnée, et la lecture du roman, aidée par un style fluide, fait passer un agréable moment. Que demander de plus ?

    8. Type: livre Thème: menaces animales, menaces cosmiques Auteur: Jérôme DUMOULIN Parution: 2010
      Curieux ouvrage que ces « divagations sur la fin des temps». Ni vraiment un roman, ni des nouvelles, ni un essai mais effectivement ce que désigne le titre : des « divagations ». L’auteur puise ses exemples dans quatre domaines qui recouvrent la totalité des environnements dans lesquels évolue l’être humain : le minéral, le cosmologique, l’animé et enfin le domaine humain.
      Dans chacune de ces parties, de petites narrations, au titre latin, relate et explique des faits curieux ou dangereux qui se sont déjà produits sur terre. Enracinés dans la réalité, racontés en un style soutenu, le romancier extrapole à partir de ces faits, et, sans y toucher, fait comprendre ce qui arriverait si…le danger s’étendait au monde entier, ou si… le déséquilibre amorcé gagnait du terrain. A partir souvent de l’histoire d’un seul individu, ou reconstituant l’historique du fait, la narration débouche sur l’angoisse du lecteur qui se pose légitimement les questions : « mais que se passe-t-il donc dans le monde ? serions-nous vraiment menacés ?»
      Les interrogations s’ouvrent sur les « orages gigantesques » qui envoient leur foudre en dépit des lois du hasard. Suivent les « vagues scélérates », formations d’eau d’une hauteur de plus de trente mètres, bien plus fréquentes qu’on ne l’aurait cru et imparables dans leurs effets :
      « Il est cinq heures du matin. La nuit est encore très sombre. Soudain, le commandant distingue vaguement, venant droit sur lui, une masse immense, plus noire encore que le ciel. Il n’a pas encore donné l’alerte que le navire géant, avec ses quatre sphères qu’il porte comme de jeunes planètes à demi enchâssées dans la gangue de sa coque, plonge dans le trough, ce ravin à la pente abrupte qui précède la vague scélérate et que l’obscurité a caché aux marins jusqu’au dernier instant. Tandis que le navire, après deux minutes d’une folle descente, « reprend son souffle » au fond du creux, le mur d’eau de 35 mètres s’abat d’un coup sur la proue du Bételgeuse.
      Les choses, ensuite, se compteraient en centièmes de seconde : éventration de la première sphère, mise à feu du gaz par les nuées d’étincelles crées par la rupture brutale des parties métalliques, explosion en chaîne des trois autres sphères, destruction totale du navire, combustion des corps, création d’une onde de choc et d’une onde de chaleur, vaporisation instantanée de millions de litres d’eau (…) phénomène de vitrification des plages, suivis d’une pluie de grêlons monstrueux. La lueur de l’explosion serait visible jusqu’à New York . »
      La curieuse régression de l’émeu, oiseau coureur, laisse perplexe. Devant sa taille en augmentation, son poids multiplié, ses griffes plus longues, se pourrait-il que l’évolution puisse être régressive, proposant à nouveau des êtres gigantesque, tels que le furent les dinosaures ?
      D’autres événements encore : les nuages fortement disséminés d’algues dinoflagellés, au poison mortel, qui s’abattent sur les villes côtières de l’Italie, empêchant la respiration normale et intoxiquant les citadins, les disséminations, par la faute de l’homme d’animaux supposés inoffensifs (ici les NAC = Nouveaux Animaux de Compagnie), envahissant pour raisons de snobisme quantité de foyers et dont on ignore s’ils seront offensifs à l’avenir, l’histoire de la « Ferax Umbellifera », dont la graine, rapportée d’Asie prolifère en Europe en produisant des plantes gigantesques au contact empoisonné, et dont il faudra se protéger à l’instar des « Triffides » de John Wyndham, ne sont que des étapes sur une route de plus en plus dangereuse. Suivront les multiplications des tremblements de terre et la menace que font planer sur la terre les NEA (Near Earth Asteroids), ces « assassins planétaires planqués dans des nœuds lagrangiens », qui ont déjà provoqué l’extinction des dinosaures du crétacé et –qui sait ?- préparent la nôtre.
      Les curieux réveils volcaniques de la Lune, que l’on croyait parfaitement refroidie et morte, la diminution de l’intensité de la magnétosphère nous livre aux rayonnements nocifs du vent solaire et des novae.
      Mais le plus troublant est à venir. Ce sont les atteintes à l’homme, plus exactement à ses sens. Que ce soit la « main agnosique » qui, tout à coup, ne perçoit plus dans le toucher la texture exacte des choses et donne de fausses informations au cerveau, ou la « dysgueusie », qui a frappé en premier Anne-marie Desplat-Molière, une goûteuse d’eau émérite, lui renvoyant des odeurs et des goûts imaginaires ou frelatés: une eau à odeur de framboise ou de paille, par exemple. Cette affection inimaginable, inexplicable, frappant de plus en plus d’êtres humains, va de pair avec les « mouches volantes » ou « corps flottants » de l’humeur vitrée de l’œil. Ceux-ci ne sont plus l’apanage exclusif des vieilles gens. De plus en plus de jeunes en sont affecté. La preuve en est, c’est que dans les pays à ciel bleu et à soleil violent, les lunettes sombres se multiplient, ainsi que les consultations chez les ophtalmologistes, pour corriger les défectuosités d’une vue grisaillée. Mais rien n’y fait : le phénomène s’étend.
      En face de cet ensemble de « preuves » racontées avec une verve éblouissante, c’est le lecteur qui énonce sa propre conclusion : « notre époque dysfonctionne ! Et si vraiment c’étaient les signes que la fin des temps est proche pour l’espèce humaine ? »
      Un petit ouvrage jouissif à mettre entre toutes les mains.

    9. Type: livre Thème: menaces cosmiques, menaces telluriques, invasions extraterrestres Auteur: Louis THIRION Parution: 1984
      Lorsque R’Saanz parut la Terre allait déjà très mal mais avec lui les choses ne firent qu’empirer. Marécages, cyclones, tempêtes, effet de serre grandissant, voilà le lot quotidien de N.S., alias Swimmer, le savant qui prit soudain conscience que l’axe de la terre était entré en oscillation, avec tous les désagréments liés à une telle situation. R’Saanz l’extra-terrestre, robot semi-humain, bagnard et forçat, en était directement le responsable. Venu du fond de la galaxie, ayant échappé à la mystérieuse " Cortward ", il vola le "Galactic Shooter", un engin gigantesque encore expérimental qui progressait par voie ultra-luminique,  en s’appuyant sur le rayonnement " anti-grav ". C’est l’usage de ces rayons aux abords du système solaire qui déclencha un cataclysme universel, c’est-à-dire une vague gigantesque qui noya les continents sous une masse d’eau énorme, lorsque R’Saanz atterrit :
      " Il y avait devant lui ou une monstrueuse chaîne de montagnes… ou une vague haute comme une montagne ! L’estomac tordu, les yeux agrandis, NS regardait se creuser le gouffre en dessous. C’était une colline d’eau géante qui montait jusqu’aux nuages, une colline effrayante mais finalement peu dangereuse parce que elle ne déferlait pas. Nelson sentit le bateau escalader cette pente infernale (…) Puis tout à coup ce fut le sommet. Un vent hurlant frappa le bateau qui commença une descente aussi terrifiante que l’avait été la montée. Plus tard, le vacarme de cette énorme masse d’eau se brisant sur le rivage éclata comme un tonnerre de fin du monde, un épouvantable grondement qui résonna comme un cauchemar sans fin. "
      L’agresseur n’avait pas choisi la Terre au hasard. Il comptait se tailler un empire sur mesure, rendre les terriens survivants esclaves de par son incroyable force mentale et s’opposer à la Cortward qui le pourchassait. Mais c’était sans compter avec N.S. , alias Swimmer, et surtout sans le mystérieux "Veilleur" chef de la "Secte en Télécommunications mentales Cosmiques " (rien que cela !), en réalité un physicien génial et méconnu qui avait suivi de près l’arrivée de R’Saanz. Il donna à Swimmer le moyen de survivre au déluge et, avec l’aide d’un émetteur- concentrateur de rayons télépathiques,  et de Lisbeth, une jeune résistante acquise à sa cause, il lui permit de s’opposer à l’extraterrestre.
      La lutte fut terrible. R’Saanz envoya à la rescousse ses escadrons d’esclaves volants cherchant ses ennemis jusque dans le dépôt d’ordures où nos deux opposants avaient établi leur refuge. En dernier recours N.S., alias Swimmer, servit d’intermédiaire psychique aux esprits de la Cortward qui reprogrammèrent Oscar, le tout puissant ordinateur du  Galactic Shooter . R’Saanz vaincu, sans force mentale, sans appui électronique,  sera abattu par une simple et primitive flèche. Quant au Galactic Shooter, il se sabordera, laissant une Terre meurtrie panser ses plaies.
      Un petit récit plaisant, parfois intéressant par la description quasi-surréaliste de la catastrophe, parfois tiré par les cheveux lorsque l’auteur sent le besoin de tirer à la ligne…

    10. Type: livre Thème: savants fous et maîtres du monde Auteur: le colonel ROYET Parution: 1928
      Le professeur Paul Lefort accompagne son ami le richissime et jeune savant  Roger Livry, dit « l’Homme de l’apocalypse», dans son odyssée infernale. En ami intime de ce dernier, le narrateur se demande comment empêcher Roger de sombrer dans la folie destructrice. Réel schizophrène, le savant oscille sans cesse entre l’amour et la destruction du monde. Il donne la première preuve de sa puissance à Paul en sa propriété de Fontenoy. Grâce à sa découverte de «l’acide Oméga» auquel il ajoute des particules de radium, la mixture, convenablement disposée à l’air libre, possède la propriété d’abaisser rapidement la température de l‘atmosphère terrestre vers le zéro absolu en quelques mois, vouant à la mort certaine toute forme de vie :
      « Etant donné les surfaces d’acide radifère que j’emploierai, six mois suffiront pour abaisser la température du globe à 150 degrés au-dessous de zéro. J’estime qu’aucun organisme vivant ne pourra résister à un pareil climat. D’autre part, la surprise aura été trop brusque pour qu’on arrive à s’organiser contre un froid semblable. Tout calorique, toute protection fournis par les habitations actuelle deviennent illusoires. D’ailleurs comment mangerait-on ? Plus d’animaux de boucherie, plus de végétaux comestibles, plus d’eaux courantes. Tout mouvement impossible ! »
      Roger, bien que n’étant pas foncièrement mauvais, est ce que l’on appellerait aujourd’hui un être « borderline ». Timide et amoureux transi, il attend un signe de la part de la jeune Hélène de Thiérard-Leroy, fille d’un astronome célèbre. Il suit les déplacement de son aimée à la trace, avec son ami sur ses talons, sans jamais oser se déclarer à elle.Bientôt il apprendra que son ancien employé, un dénommé Jobert, lui a dérobé de sa mixture et surtout du radium, exigeant d’utiliser l’invention de Roger pour son propre compte. Le voyou exerce un chantage odieux sur ce dernier et, pour prouver toute sa noirceur, provoque un tremblement de terre en Algérie, en utilisant une autre propriété de l’acide Oméga.
      L’astronome Thiérard-Leroy emmène sa fille à Biskra, en Algérie, pour faire profiter cette plante gracile d’un bon soleil, car la pauvrette est malade des poumons. Roger et Paul les suivent, feront enfin connaissance avec Hélène. Roger sera accepté par elle. Fou de joie, il ne pense plus à détruire le monde. De fait son génie se fait à nouveau sentir positivement puisqu’il donne un sérieux coup de main à l’intrépide aviateur Guy Mayrol pour l’aider à stabiliser son «alérion» (planeur).
      Le destin (et l’auteur) décide de couper court au bonheur du savant : Hélène meurt précocement, foudroyée par la tuberculose. Roger, tellement affecté qu’il en devient définitivement fou, bascule du côté obscur de la force. Non seulement il reprend contact avec Jobert pour en faire son associé, mais il s’acoquine aussi avec un sinistre milliardaire américain, à tête de mort, amoureux d’oiseaux exotiques détestant l’humanité, le sieur Barnett, alcoolique, qui le soutiendra de toute sa fortune. A eux trois, ils espèrent éradiquer toute vie sur terre, au grand désespoir de Paul, témoin muet et navré.
      Ils disparaissent dans la nature pour mettre leur projet à exécution. Tandis que la température fraîchit singulièrement en ces mois d’été, Paul, secondé par Etienne Tourte, un sympathique petit apprenti, alerté, par l’entremise de Thiérard-Leroy, le ministre de l’intérieur français, M. Luissant. Celui-ci, convaincu, fait donner la police et l’armée pour rechercher le savant fou. Les indices le signalent dans la région pyrénéenne, plus précisément dans la Tour de l’Osset, un château vertigineux, forteresse imprenable située au sommet d’une aiguille rocheuse :
      « Aux époques éruptives, ce jet granitique avait traversé les sédiments calcaires déjà formés, et crevé à l’extérieur pour constituer le sommet du mont. C’était sur cette aiguille de roche dure que les fransiscains avaient construit les bâtiments de leur monastère, prélévant les matériaux sur le granit lui-même, en gens pour lesquels le temps et la peine ne comptent pas. Le couvent avait donc été conçu comme une forteresse : il était destiné d‘ailleurs à briser l’assaut des Sarrasins. Il formait un ensemble de constructions massives, entourées d’un mur épais de quinze pieds. Des portes en chêne bordées de fer, des grilles énormes commandaient l’entrée des quartiers divers ménagés entre les cours intérieures. Pour être maître de l’ensemble, des assiégeants étaient donc tenus d’enlever successivement ces véritables réduits. »
      A l’aide de l’acide Oméga les criminels ont coupé toutes les voies d’accès à leur repaire et aplani le terrain autour du nid d’aigle.Toute action semble donc être vouée à l’échec, même le déplacement de troupes déployées par le général Hochtheim alentour. Les aéroplanes aussi, chargés de lancer des bombes sur l’objectif, explosent avant qu’ils ne puissent atteindre leur cible, ainsi que toutes les réserves de munition stockées au sol : encore un effet inattendu de l’acide Oméga!
      Pourtant le danger devient pressant, la température de plus en plus basse, a déjà provoqué quelques morts par le froid en France :
      «L’action de l’acide Oméga s’exerce de proche en proche sur les molécules de vapeur d’eau. Très vite, l’évaporation des océans sera annihilée. Chaque jour, s’élargira donc la faille par où s’échappera la vie du Monde ! D’abord les eaux se congèleront puis, les montagnes de glace formées par les mers se déverseront sur les continents. Mais bien avant, tout mouvement se trouvera suspendu ; les maisons, les stocks de combustibles seront très vite impuissants à défendre les hommes contre la morsure du gel. Les animaux périront les premiers, puis les plantes. Plus d’eau potable, plus de vivres ! le sol durci par la gelée se refusera même à recevoir les corps de ceux qui succomberont d’abord. Les autres suivront de très près ! »
      Paul a une dernière idée : pourquoi ne pas se servir de l’alérion piloté par Guy Mayrol pour le déposer, lui, dans la cour du château ? Il saurait bien faire plier son ancien ami Roger ! Un vol de reconnaissance de Mayrol, qui a accepté la dangereuse mission, montre que seul quelqu’un d’un poids minime pourra réussir à se laisser tomber dans la tanière des monstres :
      «Eclairé par la lumière blafarde des projecteurs électriques, le sommet de granit se découpe sur le ciel, immense tour noire au couronnement bizarre, formé par le roc qui avance en pointe et par la silhouette des toits, des clochetons et de tourelles du couvent des Franciscains. (…) En bas, tout autour, des lueurs glauques, inquiétantes, se montrent à fleur de sol, comme pour défendre l’approche de ce lieu d’épouvante et de mystère : ce sont les eaux gelées des bas-fonds dont la surface s’irise sous la caresse des rayons lunaires.»
      Aussitôt Etienne Tourte se présente se disant prêt à convaincre les bandits. Paul accepte mais le voit partir avec effroi. Lui et le général Hochtheim observent, effondrés, les conséquences de l’intervention : des coups de feu suivis par la chute de Paul Livry du haut de son château. Une lettre posthume du savant fou explique comment, secoué par la mort d’Etienne, abattu froidement par Jobert,  il s’est débarrassé de ses deux complices, neutralisant les cuves d’Acide pour se donner la mort en se jetant dans le vide.
      Le colonel Royet, dont nous connaissons la prédilection pour les ouvrages de guerre conjecturale  (voir la « Guerre est déclarée »), signe ici un authentique récit de savant fou où les personnages d’une pièce, représentatifs d’un récit à caractère populaire, manifestent des émotions paroxystiques. Les retournements de situation, les comportements immoraux ou cyniques dressent un tableau caricatural ou édifiant de la nature humaine, selon le cas. Enfin, la fin du monde par le froid scientifiquement provoquée est une trouvaille dans le cadre de la conjecture rationnelle du début de siècle.

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