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    Bienvenue dans la Base de Données des livres !

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  • 711 livres

    1. Type: livre Thème: menaces végétales, disette d’éléments Auteur: SULLY PRUD'HOMME Parution: 1888
      L’homme, de par son activité, dédaigne le règne végétal ou l’utilise en un but mercantile. Plus particulièrement, il méprise la rose, fleur splendide dont il ne fait qu’un artifice de commande. Blasé et brutal il déshonore la nature. La rose, mortifiée, convainc ses sœurs et au-delà d’elle, le reste de la nature florale, d’arrêter de fleurir :
      Retirons-lui, dons inutiles,
      Nos parfums et nos coloris,
      Que des choses qu’il dit futiles
      Il apprenne à sentir le prix ! »
      La révolte est déclenchée, faisant que, au printemps suivant, les prairies et les arbres restèrent sans fleurs, ce qui désarçonna les insectes. Sans effet, les vents s’efforcèrent d’émouvoir les arbres fruitiers, les suppliant de revenir à leur nature première. Mais la situation perdura. Le printemps d’après, il n’y eut pas de changement :
      Au mois de mai suivant, les plantes obstinées
      verdirent sans parure, et pendant trois années,
      En dépit des savants qui ne comprenaient pas,
      Et de main esprit fort qui s’alarmait tout bas
      Et la campagne resta lugubre et monotone.
      Et le morne printemps semblait un autre automne.(…)
      Le regret des fleurs devint vif pour la race humaine «Aux durs labeurs condamnée. » Ce regret, avec le temps, se changea en besoin obsédant. Comme les rêveries de la jeune fille qui se sont évanouies, l’ennui gagne les êtres humains qui soupirent, nostalgiques, en se rappelant les beautés passées. Car sans fleurs, plus de fêtes :
      « La démence fut telle à la cinquième année,
      Que la foule vaguait stupide ou forcenée.
      Les uns, à deux genoux, subitement dévôts,
      Imploraient du soleil les anciens renouveaux ;
      Les autres blasphémaient, péroraient sur les places,
      Et soufflaient sans motif, l’émeute aux populaces
      « Des fleurs ! des fleurs ! criait la foule aveuglément.
      Puis cette fièvre éteinte, un vaste accablement
      Fit taire la révolte et l’espérance même,
      Et sur l’humanité le spleen muet et blême
      Comme un linceul immense étendit son brouillard. »
      Ce fut un vieillard poète, qui sut convaincre la rose d’arrêter son projet fou et néfaste, «Et voici qu’un Rosier s’attendrit à sa voix » La merveille de la renaissance aura lieu. Partout, la nature foisonne, les boutons éclatent à profusion, rendant à l’humanité sa joie de vivre. La foule en liesse se rue dans les champs faisant vibrer l’amour en un élan fraternel. Partout, avec les bouquets que l’on cueille avidement, éclate la joie de vivre, et les hommes« tisse(nt) des arcs triomphaux, à festons de verdure ».
      Un poème cataclysmique inattendu promouvant la beauté et la grâce d’une nature saine, exempte de pollution. Sonnant comme un avertissement écologique avant l’heure en ces temps d’industrialisme naissant, la longue poésie de Sully Prud’homme interpelle encore aujourd’hui  le lecteur (rare!), avec ses accents sombres ou prophétiques d’une évidente actualité.

    2. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: Nicolas GUILLEN Parution: 1986
      " Voici la bombe. Regardez-là.
      Elle se repose, somnolant. S’il vous plaît
      Ne la provoquez pas
      Avec des bâtons, des perches, des poinçons,
      Des pierres. Il est interdit de lui jeter des aliments.
      Attention aux mains,
      Aux yeux !
      Personne ne tient compte
      Des avis et mises en garde
      De la Direction.
      Pas même le ministre.
      La présence ici de cet animal
      Est un énorme danger."
      Une comparaison lourde de sens dans sa banalité même.

    3. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: David GRAHAM Parution: 1985
      Jonah Scott, le commandant de bord du 747 « Delta Tango», en compagnie de son adjoint Jerry Chambers et de Kate, première hôtesse à bord et dans son cœur, était loin de se douter du destin extraordinaire qui l’attendait en ce jour de l’année 1995, lors d’un vol vers les USA, alors que l’atterrissage sur une piste de l’aéroport JF Kennedy retenait pleinement son attention. Le monde avait changé. Les Etats-Unis, sous le triple coup de butoir que représentait la faillite économique, la chute vertigineuse du dollar et l’impossibilité de s’approvisionner en pétrole, avait perdu leur leadership :
      « Et c’est alors que l’on vit le premier grand schisme de la population américaine : les gens affamés mais encore civilisés commencèrent à quitter les villes. A pied, à vélo, mais pas en voiture car depuis le Vendredi noir, il n’y avait plus d’essence et toutes les avenues et toutes les routes étaient complètement bouchées par les véhicules abandonnés.Ceux qui restèrent étaient habitués à vivre de leur débrouillardise. Les sans-abris, les pauvres, les criminels et les fous pillèrent et saccagèrent comme on ne l’avait encore jamais vu. »
      Les conséquences en furent rapides et effroyables. New York, comme toutes les autres grandes villes américaines se présentait comme une ville sans lumières, dangereuse, sans vraie autorité  et sillonnée par des bandes de voyous, des crève-la-faim, désireux de survivre quelqu’en soit le prix. Le crime, parfois jusqu’au cannibalisme, était omniprésent, et les déambulations dans les rues impossibles sans une sérieuse protection. D’autres part, les émigrants vers d’autres pays qui avaient moins soufferts, comme l’Angleterre, étaient impitoyablement refoulés.
      Jonah, qui avait ses habitudes lors de ses escales, et grâce à quelques cadeaux alimentaires, avait acquis la confiance de Charlie, un noir herculéen, reconverti en chauffeur d’un taxi fonctionnant au méthane produit à partir de la fiente de poulet. Charlie attendait l’équipage pour le mener à leur logement habituel à Manhattan. L’immeuble lui-même était constamment sous  la garde de John Capel, un ancien du VietNam, devenu l’ami de Jonah.
      Les retrouvailles furent perturbées par des voyous qui voulurent forcer la porte de l’appartement, durant la nuit. Grâce à John Capel, blessé dans l’action, et celle de Jonah, pour qui ce fut le baptême du feu, les assaillants, seront tous tués et jetés sur le pavé, sans autre forme de procès. Jonah se disait qu’il vivait dans une curieuse époque où le meurtre était banalisé à un point tel qu’il apparaissait comme légal. Le retour vers l’aéroport fut du même acabit. Chambers,  ayant entre temps récupéré Nickie, une jeune fille qu’il aimait, la décision fut prise en commun, de la camoufler à bord pour lui permettre d’entrer illégalement en Grande-Bretagne. D’ailleurs, pendant que l’on y était, la même proposition fut faite à Capel, immédiatement prêt à partir, lui aussi.
      Avec la complicité plus ou moins ouverte des autorités directes de Jonah à l’aéroport  américain, le Boeing 747 put repartir, emportant en son sein quelque six cents passagers. Parmi ceux-là, Jonah releva la présence de quatre savants Olaffsen, Moshe Rabbin, Waldheim et Volgel, qui revenaient d’un congrès,  de quelques politiques russes enfin d’une compagnie de soixante membres des SAS, commandés par le major Brand, qui avait mené une action de protection civile aux USA.
      La destination finale de l’avion, soit Londres-Heathrow, ne fut jamais atteinte, car, très peu de temps après le décollage, des nouvelles angoissantes parvinrent à l’équipage : Israël aurait largué des bombes thermonucléaires sur les pays arabes suite à un récent empoisonnement de son eau potable ayant provoqué la mort de plus de deux cent mille Juifs.  Le cycle de la violence s’était enclenché à une vitesse inouïe :
      « -Taisez-vous Ben. Morty, passez votre message.
      -Roger 626. Je vais vous lire le signal que nous avons reçu de Londres-Heathrow il y a huit ou dix minutes. Le Caire, Beyrouth et Damas ont été attaqués simultanément à 2h 00 GMT par des missiles nucléaires sol-sol lancés, croit-on savoir, par des bateaux de guerre israéliens mouillés en Méditerranée orientale. Tout contact a été coupé avec ces villes et les zones avoisinantes jusqu’à dix miles de distance. Des stations séismologiques de Turquie, du Golfe Persique, de l’Afrique orientale ont signalé des secousses d’environ six degrés sur l’échelle de Richter. »
      Les Russes, ainsi que les Chinois, supposant l’Amérique à terre, voulurent en profiter pour lui donner le coup fatal en l’accusant d’avoir soutenu les Israéliens. Mais l’Amérique, quoique affaiblie, gardait intacte sa force de frappe. En quelques minutes, les ogives fleurissent sur le monde entier :
      «Il me montra le ciel à bâbord. Environ 30 degrés au-dessus de l’horizon invisible, on pouvait voir un nuage sphérique et lumineux de la grosseur d’une balle de tennis tenue à bout de bras. Il pouvait se trouver à 50, 500 ou 5000 miles. Il était orange sombre au centre, vert sur le pourtour, rayonnant d’une façon cauchemardesque, un peu comme un champignon phosphorescent dans une forêt ténébreuse. Il semblait palpiter comme s’il avait été vivant. »
      Même l’Angleterre, agressée par les Irlandais qui désirent leur indépendance, soutenus par Cuba, entre dans la danse. Les endroits les plus isolés, que l’on pourrait supposer épargnés, subissent le feu nucléaire à cause de bases militaires proches. En l’espace de deux heures, les pays du monde entier détruits, atomisés, radioactifs, cessent d’exister.
      Pour l’équipage du 747 et Jonah en particulier, son désarroi légitime maîtrisé, le problème consiste à faire atterrir son avion géant sur un aérodrome à portée de navigation, ou, à défaut, sur un terrain plat suffisamment long. Le commandant de bord réunit une cellule de crise à laquelle sont conviés en particulier les Russes, les savants et le major Brand. D’entrée, les Russes tentent un coup de force espérant détourner l’appareil vers Cuba. Mais le major veille et avec Capel, ces derniers seront tués, leurs cadavres déposés dans la soute :
      «Capel m’aida à me relever. Mes jambes étaient engourdies. Kate me fit rapidement avaler un grand verre et je jetai un coup d’œil circulaire tout en touchant avec délicatesse ma nouvelle tonsure. Nabokov était au sol, il regardait le plafond de ses yeux qui ne verraient plus. Sifflotant entre ses dents, Brand essuyait son poignard d’un air satisfait. L’homme du KGB, Sergei était face contre terre… La hache de Capel l’avait atteint presqu’horizontalement sur la nuque, sectionnant net la colonne vertébrale : il était mort bien avant de s’affaisser au sol. La seconde victime de Capel était avachie contre le bar. Il regardait avec une étrange indifférence le sang giclant de son bras gauche presque détaché ». De temps à autre, sa tête tournait d’un côté puis de l’autre. Il n’avait pas du tout l’air en forme, pensai-je. »
      Dans le poste de pilotage, de nombreux messages radios en provenance d’autres avions ou du sol leur montrent que la situation est désespérée. Les aéroports pressentis se ferment tous les uns après les autres, impraticables parce que bombardées ou soufflés dans les explosions. Décision est prise par Jonah de voler vers le Sud où il espère moins de retombées. L’aéroport de Funchal, dans les îles Madères est enfin prêt à les accueillir. Une demi-heure seulement avant l’atterrissage, le radio au sol les prévient que des mesures de fermeture ont été mises en place, suite à une catastrophe provoquée par un pilote fou qui a ignoré les procédures d’atterrissage : la piste est en feu !
      Toujours en vol, ils accrochent l’émission d’un radio-amateur dans les Açores qui leur précise que l’atterrissage serait possible dans un parc de la ville puisque le proche aéroport de Latjes aurait été soufflé dans une explosion de grande envergure. Or, en survolant la zone, Jonah voit que les installations de cet aéroport restent opérationnelles, contrairement aux êtres vivants qui eux, sont tous morts.  D’après Volgel, cela serait le résultat d’une bombe à neutrons.
      Jonah pose Tango Delta sans problème et est accueilli par Ed Burns, seul survivant du désastre, protégé par le sous-sol. Les voyageurs, guidés par Kate se sentent soulagés et se croient définitivement sauvés. Il n’en est rien. La nourriture est rare et la radioactivité en augmentation constante. Il faudra repartir, toujours plus au sud, peut-être dans les îles Falklands ou en Antarctique où existe la base scientifique de Mc Murdo, certainement épargnée. En restant constamment à l’écoute du monde, Johah finit par accrocher Red, un jeune officier du bout du monde,  qui l’informe des conditions météorologiques, topographiques et techniques. Muni de ces renseignements précieux, Jonah bat le rappel soucieux de voir s’établir au-dessus de leurs têtes un immense nuage de cendres radioactives, nuage gris voilant le soleil.
      Mais un choix drastique s’impose : comment décoller et toucher une destination à plus de 13 333 kilomètres sans réservoir supplémentaire, c’est-à-dire, sans alléger l’avion du poids de nombreux passagers, abandonnés à leur sort à Latjes ?
      Une autre et immense surprise les attend lorsque arrive un Antonov 10 russe, un gros porteur, en errance depuis la mer Noire, piloté par la jeune Valentina Borofsky, en compagnie, de nombreuses femmes et des enfants, Le contact se fera aisément et l’on oubliera les rancoeurs nationalistes dans la poursuite d’un but commun, car Valentina, en proposant de prendre à son bord des passagers du premier avion, soulagera Jonah dans sa décision.  Départ est pris. Les deux avions abandonnant toutefois quelques sacrifiés volontaires, volent de conserve vers la base Mc Murdo. Avant tout, il faut atteindre l’altitude maximale qui leur permettra de toucher leur destination avec des réserves d’essence calculées au plus justes, et donc de traverser le couvercle de plomb du nuage radioactif. Jonah s’y risque en premier. Une demi-heure de vol dans l’épaisseur de cet espace lugubre, durant laquelle ils encaisseront tous entre 200 et 300 REM pour surgir dans le ciel bleu :
      « Chambers vomit un peu et se plaqua un mouchoir sur le nez. L’air était humide, fuligineux, épais et malsain, un mélange de crémation insoutenable et d’atroces cendres d’origine écoeurante. J’entendis Ben qui suffoquait, impuissant, dans un quelconque récipient et je sentis ma bouche se remplir de bile. Ce cauchemar sans fin continuait toujours… Le poste de pilotage était rempli de l’odeur intolérable des fumées sulfureuses, des vapeurs acides et douloureuses qui collaient la langue et brûlaient les yeux. Il semblait sans importance de savoir que la saloperie que nous avalions était radioactive et mortelle… nous étions assis, apathiques, baignant dans cette cochonnerie nauséabonde, tandis que notre avion vibrait et tanguait dans de violentes turbulences. »
      Pour Valentina, la situation est plus délicate. Pour y parvenir, l’appareil doit encore s’alléger. Le sacrifice héroïque d’une quarantaine de femmes qui sautent dans le vide, lui redonnera vie et espoir. Ils atterriront, l’un à la suite de l’autre, sur le ventre, dans une épaisse couche de neige, à la base Mc Murdo où ils sont impatiemment attendus :
      « Le Delta Tango voguait dans un océan de douceur blanche comme s’il avait flotté dans du coton hydrophile et je commençai à perdre la notion de mouvement. Le vertige faisait de l’équilibre sur le garde-fou de ma raison, essayant d’y pénétrer, et la glissade continuait toujours. (…) Nous finîmes par ralentir et nous arrêter complètement enneigés, dans un silence brisé seulement par le sifflement de la neige et de la glace qui fondaient sur le métal chaud, très loin à l’arrière. Je notai – sans en prendre vraiment conscience-  les bruits de claquement sec qui accompagnent le refroidissement du métal. »
      Fêtés par les scientifiques présents dont ils rompent l’isolement, ils apprennent vite à vivre dans ce milieu hostile et froid qui sera pour longtemps leur seconde patrie. Du moins le croient-ils. Car, au bout de quelques semaines, Jonah remarque que le soleil a changé sa course dans le ciel, qu’il paraît plus brillant, que la neige commence à fondre. D’après le groupe des scientifiques, il semblerait que les chocs répétés des super-bombes dans l’hémisphère nord auraient entraîné un décrochage de l’axe de la terre, dont l’effet, à terme, est encore incertain. Il semble pourtant bien que l’Antarctique, dans un futur peu lointain basculerait sur une position proche de l’équateur, nouvelle que les survivants accueillent avec satisfaction :
      « C’est sur ce point, dit-il simplement, que nous n’arrivons pas à nous mettre d’accord. Il y a trois possibilités : 1. le mouvement va se ralentir et l’axe arrêter dans une nouvelle position. 2, il va atteindre une position limite et revenir à sa position originelle. 3. le mouvement va continuer indéfiniment, de sorte que la terre va continuer à tourner autour de son axe et l’axe va continuer à tourner par rapport à un point relatif de l’espace. (…) Notre position actuelle va, si l’on peut dire, remonter presque jusqu’à l’Equateur, redescendre partiellement, remonter à nouveau et finir par se stabiliser sous une latitude subtropicale. Le nouvel Equateur passe par l’Amérique du Sud et l’Afrique du Sud. »
      Hélas ! Ce n’était qu’une illusion. La vérité  est que le régime des vents modifié amène en masse les cendres radioactives vers les pôles où d’ores et déjà se font sentir l’effet des radiations mortelles. Le roman s’achève sur l’image de Jonah et de Valentina, seuls, se marchant dans un immense désert glacé pour y mourir :
      « (…) Ils descendirent dans la neige et marchèrent .Jusqu’à ce qu’ils arrivent dans une neige profonde, vierge et humide autour d’eux, il n’y avait qu’un rayonnement blanc, qui devint rouge sombre et finalement noir et ils ne purent plus voir. Et vint le temps final, après qu’ils eussent combattu longtemps et vaillamment et que la faiblesse se fût emparée d’eux et ils s’allongèrent ensemble dans la paix silencieuse et le silence se transforma doucement en Eternité. »
      Un excellent thriller apocalyptique mêlant adroitement thèmes catastrophistes et technologie. L’auteur, amoureux de l’aviation, est d’une précision extrême pour nous faire participer au quotidien de la vie d’un pilote et des conditions de vie d’un équipage. Se référant explicitement au «Dernier rivage», il établit, par un style tendu et de multiples rebondissements, une intrigue dans laquelle les événements tragiques s’enchaînent inexorablement. Le fait que la quasi-totalité de l’action se déroule à l’intérieur d’une espace clos, en l’occurrence la carlingue de l’avion, concentre le drame par une unité de lieu, principe de base du classicisme. Un livre dense et prenant, qui se lit d’une seule traite. Un petit bémol (concernant la traductrice) : comment peut-on traduire trois cents cinquante pages en confondant systématiquement le participe passé et l’infinitif complément? Je me perds en conjectures…

    4. Type: livre Thème: invasions d’insectes Auteur: Norbert SEVESTRE Parution: 1924
      A Yen-Bang, près du fleuve Son-Coï au Tonkin, surviennent des événements très bizarres. Le savant Léonce Dauriac s’active derrière les murs de sa concession où s’alignent de mystérieuses cages. Protégé par un détachement de gardes français commandé par Séverin Leclerc, un vieil officier "jugulaire-jugulaire", approuvé par les politiques, Dauriac entretient une étonnante ménagerie. Ceci ne fait pas l’affaire de M. Simpleton, un brasseur d’affaires américain et vaguement espion, extraordinairement curieux de connaître ce qui se trame derrière ces portes.  Avec sa famille,  son fils Harris qui ne songe qu’à "boxer" tous ceux qui le contredisent, sa femme Margaret et sa fille, il utilisera tous les moyens possibles pour pénétrer à l’intérieur de la propriété de Dauriac. Comme il  essuie systématiquement une fin de non-recevoir, il chargera son serviteur N’Guyen de se débrouiller pour lui faciliter cette entrée.
      N’Guyen soudoie Hoc, le serviteur tonkinois de Dauriac contre une coquette somme de piastres. Celui-ci versera de l’opium dans le thé des soldats les rendant inoffensifs et endormis, ouvrira la porte de la concession  à Simpleton et Cie. Horrifiés, les Américains découvrent le contenu des cages : des insectes géants, énormes, de la taille de l’éléphant, un scolopendre grand comme un train, des mouches et des moustiques comme des avions, une mygale de la taille d’un char, etc.  Il s’agit d’un projet secret sur lequel travaillait Dauriac avec l’approbation du gouvernement français, le biologiste ayant mis au point un produit " la vitalose " capable de centupler la taille des plus inoffensifs insectes.
      Hoc, spolié par N’Guyen de sa rémunération,  tient à se venger illico: il ouvre toutes les cages commandées électriquement et les monstres s’échappent.  Les Simpleton prennent leurs jambes à leur cou tandis que les insectes géants s’égayent dans la forêt de bambous proche de Yen-Bang, sauf la terrifiante mygale qui poursuit Miss Margaret laquelle se réfugie en un bunker qui résistera aux assauts de la bête :
      "Avec une sorte d’obstination rageuse, la mygale s’acharnait contre la porte. Elle y cognait, la griffait, l’ébranlait de telles secousses que Margaret craignit qu’elle ne finît par l’enfoncer ou l’arracher de ses gonds. Les plaques d’acier qui la bardaient extérieurement tinrent ferme, mais rien ne décourageait la formidable assiégeante, dont la fureur se tourna vers les barreaux de la fenêtre. "
      Dauriac prend connaissance de la catastrophe lors de son entrevue avec le préfet de Védrine qui met immédiatement à sa disposition des forces militaires. Les animaux seront traqués jusqu’au dernier, non sans mal, la mygale se trouvant être la plus coriace.  Monsieur Simpleton se repend, promettant d’assumer tous les frais de son inconséquence, sauf ceux de Hoc, judicieusement aplati par le scolopendre, juste punition pour sa trahison. L’honneur de tous est sauf, les monstres détruits, la révolte écrasée, les Tonkinois pourront dormir sur leurs deux oreilles grâce à la diligence des Français.
      Une histoire sans prétentions destinée aux adolescents par un romancier populaire et qui a dû faire frémir plus d’un petit cœur à l’époque de sa parution.

    5. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: Umberto ECO Eugenio CARMI Parution: 1988
      Un récit pour les enfants que l’on pourrait également intituler « la révolte des atomes ».
      De très gentils atomes décident un jour de quitter les méchantes bombes que le général entassait dans son grenier en vue d’une guerre future. : « Quand j’en aurai beaucoup, déclarai-il, je déclencherai une superbe guerre. ».
      Il était en accord avec tous ces messieurs qui ont « dépensé une fortune pour fabriquer toutes ces bombes ». Lorsque, enfin,  elles se mirent à tomber sur les villes prévues, elles n’éclatèrent pas, les atomes ayant fui dans les autres objets de la vie. Les papas et les mamans en furent bien heureux et le général, démobilisé, devint portier dans un palace.
      La Bombe racontée aux tout petits enfants en un récit minimaliste qui décrit pourtant dans leur langue et avec précision les motivations des «généraux» et des «messieurs» prêts à déclencher l’apocalypse nucléaire.


    6. Type: livre Thème: guerres futures 2, péril jaune et guerre des races Auteur: André DU BIEF Parution: 2006
      Pierpoul et Gazly sont deux amis complices. Pigistes dans un journal, ils mènent une vie de vauriens débauchés et voleurs, se partageant leurs femmes et s’adonnant à l’homosexualité. Un tel comportement aboutira au crime le plus odieux : Pierpoul, avec l’assentiment de Gazly, assassinera la femme de ce dernier. Puis, ensemble, ils préparent le vol ultime censé les mettre hors du besoin, soit voler les diamants du muséum de Paris.
      Gazly, devenu immensément riche, s’achète une nouvelle réputation. Se lançant dans la haute finance, il fructifie son avoir au décuple. Les deux amis, tout en croquant la vie à pleines dents, fondent des écoles littéraires, réinventent les jeux de la Rome antique. Mais tout ceci lasse Gazly. Après avoir égorgé Pierpoul qui le bridait encore dans ses instincts, alors qu’à Paris rien ne le retient plus, il décide de vivre une vie de mercenaire en se lançant à la conquête du monde. Il ira en Chine pour y prospérer. Avec son argent, il embauche un millier d’hommes et de femmes, aventuriers comme lui, sans foi ni loi comme l’étaient les conquistadores de Pizarre,  dans le cadre de la « Société Française de Colonisation » :
      « Plus de mille hommes, engagés par « la Société Française de Colonisation », au capital de 500 millions, embarquaient trois mois après sur le Général-Mangin, à Marseille, à destination de Canton. »
      En cours de route, Gazly explique à ses complices comment ils se tailleront un empire, réaliseront leurs rêves de liberté absolue. Et cela commence dès maintenant :
      « Gazly trancha que ceux qui voulaient porter des vêtements n’avaient qu’à en porter, que ceux qui voulaient se montrer nus étaient libres et que ceux qui ne voulaient pas les voir n’avaient qu’à descendre dans leur cabine. Là-dessus on discuta toute la nuit et l’on dormit le jour suivant. Et chacun ayant convenu «qu’on n’était pas des bourgeois», le Général-Mangin fut un joyeux bateau où le pont à certaines heures se remplissait de couples enlacés. »
      Arrivés à destination, Gazly met ses forces au service du Kuan-Min-Tong et de son chef Wu-Tin-Fang, la Société Française de Colonisation transformant son nom en celui de « Bataillon Blanc ». L’objectif est la prise de Pékin. Parmi les acolytes de Gazly, une femme de tête, Berthe Germain, deviendra la maîtresse officielle du chef. Elle ne le restera pas longtemps. Capturée par les forces de Pi-Yun-Se, ennemi retors et puissant, Berthe sera vicieusement torturée à mort :
      « Elle sentit ses entrailles en flammes. Son corps se tordit, sa bouche écuma, ses poignets et ses chevilles se coupèrent aux liens qui les tenaient à terre et que le corps tendait dans dans ses suprêmes crispations. Le vieillard infernal saisit un yatagan et d’un coup sec fit sauter un sein. Le lambeau sanglant alla tomber dans un groupe de brutes qui se le déchirèrent. Puis, de la pointe, il fendit en quatre l’autre sein, comme une orange. Un dernier sursaut, le râle qui s’affaiblit. La fin est proche. Avec de longues pinces les aides tirèrent d’un coup brusque le bronze infâme où des chairs calcinés restèrent collées. L’homme au sabre enfila sa lame dans la plaie béante et d’un coup sec décousit de bas en haut le ventre palpitant qui s’ouvrit comme un fruit, laissant s’échapper les entrailles dans un flot de sang noir. »
      Gazly, fou de rage, fait bombarder le monument boudhiste du maître de Pékin, anéantit les tortionnaires et, écrasant l’infâme, devient le maître des Jaunes, puis le maître de toute la Chine sous le nom de T’ai-Tsu. Tout-puissant, il subventionne l’anarchisme mondial, puis, commençant par la Russie, déferle sur la France, en passant par l’Italie :
      «C’est alors que le plus formidable ouragan d’hommes de l’histoire s’abattit de l’Asie, commandé par T’ai-Tsu, et, avec l’aide des révolutionnaires européens, entreprit de réduire le bastion de la Civilisation capitaliste.»
      Alors que des grèves sauvages éclatent spontanément dans toute l’Europe, les forces prolétariennes de T’ai-Tsu réduisent les dernières poches de résistance capitaliste en Europe :
      «Depuis longtemps les communications télégraphiques et téléphoniques étaient rompues. Les chemins de fer, après une période fantaisiste, avaient cessé tout trafic. Dans les villes où l’industrie qui n’était pas d’utilité immédiate était paralysée, la misère s’était installée. Les ouvriers organisaient des expéditions, dites «punitives», dans les campagnes, contre les paysans qui boycottaient les grands centres. »
      De retour à Paris, alors qu’il pourrait accéder au range de leader mondial des forces de gauche, Gazly est soudain pris d’un délire mystique. Abandonnant son titre de Président pour son ancien nom, il s’installe  dans les Pyrénées, près de Massabielle (la grotte de Lourdes) afin d’y finir sa vie en contemplatif  mystique Dans la région règne le plus grand désordre, la ville de Bordeaux étant mise à sac par des ouvriers. Les Bordelais, connaissant son passé, le supplient d’intervenir. Gazly, se sentant fléchir, mènera à bien sa dernière mission, devenant le «protecteu » et le «légiste» de la « République du Béarn ».
      C’est un dernier fait-divers qui provoquera sa chute. Sauvant une jeune paysanne  prise dans une rixe, il sera accusé de viol sur sa personne, injustement condamné à mort. Lorsque les jurés entendant le récit de sa vie, ils seront frappés de terreur et n’oseront signer l’ordre d’exécution. Gazly, mortellement fatigué de la vie affichera tout son mépris à l’égard des hommes :
      «J’ai commis bien des crimes et vous l’ignoriez, et le sachant vous êtes frappés de répulsion. Mais, j’ai aussi fait s’entretuer des millions d’hommes, j’ai peut-être anéanti toute la civilisation occidentale, et vous le saviez, et vous m’honoriez avec crainte et c’est moi, le Fauteur, que vous êtes encore venus chercher pour vous sauver. Si j’avais voulu je vous jetais, vous aussi, à la conquête du monde et je reconstruisais avec vous ce que j’avais détruit avec d’autres. Je n’ai pas voulu : cela ne m’intéresse plus. J’ai sans doute achevé ma tâche, puisque Dieu m’a retiré le désir. »
      Il sera amené à se suicider au moment même où l’Amérique entrera dans la danse en pacifiant d’une façon sanglante  le territoire européen.
      «Le Destructeur» est un ouvrage original, oscillant constamment entre le genre pornographique et le roman politique ou conjectural. L’on ne peut être indifférent au destin extraordinaire de Gazly,  personnage de la démesure qui explore toutes les facettes d’une vie dont il combat la médiocrité par l’excès, faisant sienne la proposition d’André Breton , «il y a lieu d’établir une hiérarchie dans la pourriture», qu’il pousse aux limites de cette dernière, dût-il en mourir.

    7. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 2 Auteur: HERMANN Parution: 1988
      La guerre totale entre Blancs et Noirs aux Etats-Unis a fait se régresser la civilisation en un moyen âge agricole avec des zones délimitées où survit chaque race ou clan. Les fermes fortifiées contrastent avec les cités en ruines, repaires du  vice et de la mort. Plus de gouvernement central, plus de démocratie. Les seigneurs de la guerre et les bandes de malfrats, l’argent vite gagné et une économie malsaine forment les valeurs dominantes.
      En ce monde d’après la catastrophe, les niais et les justes seront éliminés pour faire place aux rusés et aux profiteurs. Le décor planté, la série « Jerémiah » relate les multiples aventures d’un jeune fermier niais (mais qui ne le reste pas longtemps) et de son ami, l’interlope et rusé Kurdy Malloy, s’éloignant au cours de ses nombreux épisodes de l’aspect cataclysmique proprement dit pour approfondir la richesse des personnages et leurs relations.
      Vol. 01 : La Nuit des rapaces,  Fleurus éd., 1979, 1 vol. cartonné, in-quarto, 44pl. couleurs
      1 ère  parution : 1979
      Un soir, Jérémiah ne rejoint pas sa ferme, voulant à tout prix s’emparer d’une mule maligne restée sans propriétaire apparent. C’est Esra, la fidèle amie de Kurdy Malloy, qui deviendra son compagnon. Leur différend sera remis sine die par une bande de truands qui s’en reviennent d’incendier la ferme de Bends Hatch, tuant la famille adoptive de Jérémiah, dont sa tante Martha. Découvrant au matin l’horreur du massacre, le jeune homme promet de se venger, aidé en cela par Malloy.
      La lutte, menée en ville contre les truands et leur chef à tête de vampire, monsieur Birmingham, sera âpre. L’amour pour les aigles qu’il nourrit de sa main provoquera la perte de Birmingham.  Jérémiah et Kurdy le freinant dans son trafic d’esclaves, il s’emparera de Jérémiah, censé servir de nourriture à ses oiseaux de proie. Kurdy cependant, introduit dans la place par un membre de la bande écoeuré des agissements de son patron, éliminera le dégénéré en lui faisant jouer le rôle  qu’il destinait à son compagnon.
      Vol. 02 : Du sable plein les dents, Fleurus éd., 1979, 1 vol. in-quarto, cartonné, 44 pl. couleurs
      1 ère  parution : 1979
      Jérémiah et Kurdy sauvent la vie, dans le désert, du sergent Corey qui fait partie d’une milice interville spécialisée dans la protection des transferts de fonds. Enlevé avec son ami Kenney par les membres sauvages de la « Famille », lui seul aura réussi à s’échapper. Kurdy,  décidé à rencontrer cette Famille, tiendra aussitôt compagnie à  Kenney dans sa geôle.
      Jérémiah ignore que les deux miliciens, de mèche pour s’approprier l’argent transporté, ont éliminé leurs compagnons. Au moment où Kurdy fignole un plan d’évasion pour se tirer des griffes de Sharita, la jeune femme qui règne sur la Famille, Jérémiah est capturé à son tour par le reste des policiers qui le croient coupable du massacre des leurs.Tout rentrera dans l’ordre après une bataille générale entre les miliciens et la Famille, renvoyant celle-ci au néant. Kurdy et Jérémiah, sauvés in fine, assisteront impuissants à la redécouverte de l’or et à l’exécution de Kenney reconnu comme traître à la fonction.
      Vol. 03 : les Héritiers sauvages, Fleurus éd., 1980, 1 vol. cartonné, in-quarto, 44 pl. couleurs
      1 ère  parution : 1980
      Dans les décombres d’une ville moderne, au sommet d’un building vit une inquiétante famille qui espère s’accaparer les terres et de l’héritage d’un brave homme, Natanaël Bancroft. Faisant mine de le protéger, Natanël étant déjà mort, ils promènent sa momie pour faire croire qu’il dirige toujours la ville. D’autre part, ils ont réduit les gens en esclavage, les faisant travailler dur sous la férule d’un ex-comptable vicieux, Alvis Trenton, en réalité le seul meneur, en compagnie de deux jeunes loups, frère et sœur, Jessica et Audie, tous deux agressifs et sans pitié. Jérémiah, s’étant fait embaucher au service de Bancroft,  mène la révolte contre la tyrannie sous la tunique du numéro 602. Avec Kurdy en couverture, il met fin au règne de Trenton, élimine Audie, libère les esclaves et redonne les terres aux honnêtes gens.
      Vol. 04 : les Yeux de fer rouge , Fleurus éd., 1980, 1 vol. cartonné, in-quarto, 44 pl. couleurs
      1 ère  parution : 1980
      Kurdy et Jérémiah poursuivent leur quête dans le désert. A la recherche d’une poignée de fermiers échappés d’un camp de travail, ils croisent la route de l’inquiétant magicien Khobs et de son singe-hypnotiseur, Idiamah. La poignée de fugitifs est poursuivie et traquée jusque dans la « zone interdite » - un lieu d’une chaleur infernale - , par des Indiens modernes en automitrailleuses, décidés à éliminer tous les Blancs survivants.  L’intervention de nos deux héros sauve la vie des fugitifs, ce qui permet à Jérémiah de retrouver la tante Martha, qu’il croyait morte dans l’incendie de la ferme de Bends Hatch. Mais la présence du magicien, en réalité un mercenaire chargé de ramener les malheureux en leur camp de travail, constitue une ultime menace que Kurdy, payant de sa personne, écartera définitivement.
      Vol. 05 :un Cobaye pour l’éternité Hachette éd., 1981, 1 vol. cartonné, in-quarto, 44 pl. couleurs
      1 ère  parution : 1981
      A l’hôpital du « Professeur », l’on régénère les vieilles et riches personnes avec du sang prélevé sur des jeunes gens non consentants, destinés à disparaître après usage. Dans son luxueux hôtel de « balnothérapie », le Professeur, patron d’une bande de voyous, charge son rabatteur préféré Stonebridge, de lui procurer de la viande fraîche. Jérémiah et Kurdy ont élu domicile avec tante Martha dans un vieux wagon désaffecté. Malloy, qui connaît Stonebridge comme son ennemi irréductible, se laisse cependant embobiner par celui-ci,  qui lui propose un bon job auprès d’un «Professeur» pour un travail très bien rémunéré. Alors que Cheryl, la compagne de Stonebridge – en fait une vieille femme gardée artificiellement jeune – reste auprès de tante Martha dans le but de convaincre aussi Jérémiah,  Kurdy, arrivé à l’hôtel, est immédiatement emprisonné et mis en condition.
      Bien que tante Martha ait des soupçons, Jérémiah, revenu de ses occupations, suit Cheryl, dont il a le béguin, à la recherche de Kurdy. Après avoir traversé le secteur dangereux d’une friche industrielle, Jérémiah entre en force dans l’hôpital, se sert du bon docteur comme otage, révèle la vérité aux patients médusés et, avec Kurdy profondément affaibli, retrouve une Cheryl vieille et frippée, à l’article de la mort, car privé de son sérum.
      Vol.06 : la Secte, Hachette éd., 1982, 1 vol. cartonné, in-quarto, 44 pl. couleurs
      1 ère  parution : 1982
      Kurdy et Jérémiah convoient un important et richissime personnage à travers des régions désertiques. Lessly, l’un des gardes du corps, est envoyé aux nouvelles. Il disparaît dans le brouillard. Malloy, chargé d’améliorer l’ordinaire, rencontre à la chasse Peter Loubioutchenko, un expert en explosifs, ce qui s’avérera utile car le petit convoi aborde bientôt une région hantée par les serviteurs d’Inemokh, une secte religieuse qui n’hésite pas à mettre à mort les incroyants. Attaqués en cours de route, ils seront sauvés par les serviteurs d’Inemokh qui les convient en leur inquiétant village. Le soir venu, dans le brouillard omniprésent, Kurdy et Jérémiah, traqués par les membres de la secte qui souhaitent brûler ces incroyants seront délivrés par Lessly, opportunément caché sous un masque sacrificiel, et qui sème le désordre chez les assaillants. Le petit groupe se dégage de justesse pour poursuivre son voyage.
      Vol. 07 : Afromerica, Fleurus éd., 1982, 1 vol. cartonné, in-quarto, 44 pl. couleurs
      1 ère  parution : 1982
      Un Blanc poursuivi par des guépards est mis à mort. Là où habitent nos amis, un prisonnier noir, échappé d’entre les griffes des « centurions du Survival », un groupuscule raciste et d’extrême droite, sera la cause d’une attaque perpétrée à l’encontre de Jérémiah et de Kurdy. Jérémiah, pendu haut et court, sera sauvé par Woody, l’ami de cœur de tante Martha.Un tel fait ne restera pas impuni. Avec Kurdy, ils se mettent en chasse, rencontrant un groupe de Noirs qui s’oppose aux menées du Survival, pourtant aussi extrémistes que ces derniers puisque leur objectif est l ‘élimination des Blancs. La communauté noire est menée  d’une main de fer par un leader qui utilisera Jérémiah comme intermédiaire entre lui et les Blancs afin d’aboutir à un compromis. Ceci ne fait pas l’affaire ni des fascistes blancs, ni du radical noir, Mungalia, qui, maître d’une bande de guépards apprivoisés et téléguidés, écume la région pour en éradiquer les Blancs.
      Kurdy, restant en otage dans la cité noire, Jérémiah rencontre le chef de l’enclave blanche qui partage les mêmes soucis que son homologue noir : comment signer la paix en éliminant les extrémistes des deux bords ? Heureusement, une épidémie virale vient à son secours, en décimant les hommes du Survival. Mungalia, quant à lui, traquant Jérémiah pour l’empêcher de rapporter la bonne parole, sera tué par ses guépards. La mission de Jérémiah est donc un plein succès quand, avec Kurdy libéré, il reprend le chemin de chez tante Martha.
      Vol.08 : les Eaux de colère, Hachette éd., 1983, 1 vol. cartonné, in-quarto, 44 pl. couleurs
      1 ère  parution : 1983
      Kurdy et Jérémiah font la rencontre de Lena Toshida, la fille du roi des carburants. Gâtée et frivole, celle-ci n’en fait qu’à sa tête, protégée par Max le culturiste. Or Kurdy, sans prévenir Jérémiah, enlèvera Lena dans le but de soutirer de l’argent à son père. Poursuivi par le clan Toshida, auquel s’est joint Jérémiah, Kurdy entraîne la jeune fille dans les marais où vivent de dangereuses formes mutantes, en symbiose avec des algues carnivores. Jérémiah, déchiré entre son devoir et son amitié pour Kurdy est très mal à l’aise lorsque Max propose d’éliminer physiquement le ravisseur. Il ne peut s’y résoudre. Abandonnant les Toshida, il rejoint son ami et Lena, dont il tombe amoureux. Il fera tout pour les arracher au marais. Mais un accident de voiture ayant privé Lena de son père, ce qui transforme psychologiquement la jeune fille, Jérémiah partira avec elle, abandonnant définitivement Kurdy – du moins le croit-il-  à qui il ne pardonne pas sa trahison.
      Vol. 09 : Un Hiver de clown, éd. Hachette éd., 1983, 1 vol. in-quarto, 48pl. couleurs, BD d’expression française (Belgique)
      1 ère  parution : 1983
      Jérémiah et Kurdy seront accueillis en plein hiver sur un vieux bateau de croisière bloqué dans les glaces où, hormis le Docteur et la petite Winnie, vivent des nains contrefaits en habits de clown, psychiquement dérangés.Leurs pitreries deviennent rapidement grinçantes et dangereuses pour tout le monde. Le Docteur, prisonnier de ces êtres, ainsi que l’enfant, veut empêcher les nains d’assassiner nos héros. Aidé par Silvester, l’un d’entre eux qui aime bien la petite Winnie, Kurdy et Jérémiah sortiront de ce piège mortel pendant que la bateau se consume en un immense incendie, avec à son bord le Docteur et les nains meurtriers.
      Vol. 10 : Boomerang, Dupuis éd., 1984, 1 vol. in-quarto, 48pl. couleurs, BD d’expression française (Belgique)
      1 ère  parution : 1984
      Kurdy, engagé pour faire évader un prisonnier, demande des comptes à son employeur, Forman, à la solde du politicien Monroe. C’est au sein de la petite ville de Langton, où habite tante Martha et Jérémiah, qu’un commissaire vient surveiller la légalité des élections mettant en prise Monroe et son concurrent Atwood. Pendant que Jérémiah prend ses distances avec Kurdy pour s’occuper de son proche mariage avec Lena, ce dernier se fait rosser par Haggerty, seul témoin de la culpabilité de Monroe dans cette évasion manquée.
      Une fête, avec défilé de majorettes, devrait éclaircir les esprits et faire triompher Monroe, le politicien véreux. Kurdy, sur les traces de Forman, finira par régler ses comptes dans la banlieue industrielle pourrie jouxtant Langton. Jérémiah, alerté, ne peut s’empêcher de lui porter secours au grand dam de tante Martha. Le lendemain, Haggerty est poignardé, mais survit. Kurdy, pour ne pas perdre son seul témoin, demande à Jérémiah de le veiller,  le temps pour lui, déguisé en majorette,  d’avertir le commissaire. Ce temps sera mis à profit par les sbires de Monroe afin de s’assurer de l’innocuité de Haggerty et, par la même occasion, d’éliminer Jérémiah , en se servant de Lena comme otage.  En ramenant le commissaire et les sergents, Kurdy sauvera la situation, mais Lena, écoeurée par son comportement et son intrusion intolérable dans sa vie, le somme de prendre le large. Kurdy s’éxécute, confiant qu’entre elle et lui, Jérémiah saura choisir.
      Vol. 11 : Delta, Novedi éd., 1985, 1 vol. in-quarto, 48pl. couleurs, BD d’expression française (Belgique)
      1 ère  parution : 1985
      Kurdy se souvient qu’un individu du nom de Jay lui doit de l’argent. Comptant le récupérer avec l’aide de Jérémiah, il rend visite à Jay, au bord de la mer où vit celui-ci, notamment avec son beau-frère Milton, un fanatique du parapente. Hélas !, Jay ne peut plus rien pour Kurdy : il a perdu la mémoire. Jérémiah et Kurdy, à court d’argent,  doivent donc s’engager auprès de Syd, un de leurs anciens contacts, pour la dangereuse mission de récupérer l’essence restant dans les fond des cuves d’un ancien complexe pétrochimique.
      Leur route croisera celle de « la Famille », trois individus, dont le père, dévoyé débile, la mère, sans scrupules, et le fils, géant microcéphale téléguidé par ses parents, qui a déjà un meurtre sur la conscience. D’emblée, le géant prend Jérémiah en grippe. Redoublant de vigilance, le groupe pénètre dans la zone industrielle dévastée. la série de meurtres qui survient rend pesante l’ambiance. D’abord, c’est le père de la Famille,  qui tombe du haut d’un réservoir, suivi peu après par la mère, étranglée. Alors que Jérémiah fait de l’équilibrisme pour décoincer un tuyau, le géant, fou de rage, poursuit le mystérieux assassin à peine entrevu, qui n’est autre que leur première victime laissée pour morte. Sûr de sa force, il s’apprête à lui dévisser la tête lorsque celui-ci s’accroche à un câble, s’électrocutant, ainsi que le géant, et propageant le feu à toutes les cuves. Comme si toutes ces misères ne suffisaient pas, Kurdy est soudain pris pour cible par un tireur isolé. Le trajet de la balle semble venir du haut, comme si l’on avait tiré du ciel, en deltaplane, par exemple. Nos deux amis retournent donc voir Jay qu’ils trouvent en pleine forme et qui avait donné à son beau-frère l’ordre d’éliminer ses créanciers. Mais une chute finale lui ôtera définitivement la mémoire. Pas de chance pour Kurdy !
      Vol. 12 : Julius et Romea, éd. Dupuis éd., 1986, 1 vol. cartonné,  in-quarto, 48pl. couleurs, BD d’expression française (Belgique)
      1 ère  parution : 1986
      Au centre ville, l’empire de M. Procton, d’une propreté méticuleuse, est gardé par les membres de sa police privée. Il exige de nombreuses mains serviles pour son entretien. Les travailleurs, plus proches des serfs ou des esclaves que des ouvriers, portent un numéro, sarclent, nettoient, embellissent la cité de M. Procton. Kurdy et Jérémiah, toujours à court d’argent, s’engagent donc en enfer. Enfer tout relatif pour Jérémiah qui, aux bons soins de la Putiphar de service, satisfait aux caprices érotiques de la dame, épouse d’un haut membre du Directoire.
      M. Procton, de son côté, a des soucis d’un autre ordre. Sa propre fille Roméa, contestataire jusqu’à refuser de se laver, est amoureuse de Julius, un va-nu-pieds poète qui lui adresse moult sérénades d’un parc voisin. Enfin, un autre individu mystérieux, se faisant appeler l’Ange Noir, et qui n’est autre que le chef de la police municipale, perturbe gravement la vie de la cité avec des actions écologistes. Toutes ces petites tranches de vie sont visionnées par le concierge de l’immeuble central, un voyeur passionné qui maintient en cage une vieille connaissance, Stonebridge, dans le but de régler certaines dettes. Jéréamiah, de par sa situation privilégiée apprend que Kurdy, ayant eu moins de chance que lui, est destiné à finir ses jours comme jouet pour les happy few qui savourent d’avance sa mort sous les cornes ouvrées de poignards tranchants d’un taureau furieux, en une arène clandestine. Tandis que l’Ange Bleu est enfin découvert, Jérémiah, enlevant Roméa consentante pourvu qu’elle soit avec son Julius, entreprend de libérer Kurdy ; puis nos deux amis disparaissent dans la nuit.
      Vol. 13 : Strike, Dupuis éd., 1988, 1 vol. cartonné,  in-quarto, 48pl. couleurs, BD d’expression française (Belgique)
      1 ère  parution : 1988
      Le chef d’une secte religieuse douteuse se trouve en cheville avec le maire d’une localité et un certain Saphone, directeur d’un bowling interlope. Kurdy et Jérémiah ayant toujours un besoin pressant d’argent, parient sur le jeu de quilles que Jérémiah maîtrise parfaitement. Il bat Strike, le champion de l’établissement, ce que Saphone ne pardonne pas.En attendant, le guru véreux, poursuivi par les imprécations du pasteur du coin, se débarrassera définitivement de lui. L’intérêt de Jérémiah pour cette affaire soulève la méfiance de Saphone. Le guru, en enlevant la petite amie de Strike dans le but de l’ajouter à son harem, provoque l’alliance objective de Jérémiah et de son concurrent malheureux au bowling.La découverte du corps du pasteur, la libération de la jeune fille, la preuve que le guru se livre au trafic de cocaïne avec ses associés, provoqueront sa chute. Ses douteux amis ne le lui pardonneront pas, puisque sa tête volera en éclats sous la magnifique tiare piégée qui lui a été offerte. Quant à Jérémiah et Kurdy, ils poursuivent leur éternelle quête.
      Vol. 14 : Simon est de retour,  Dupuis éd., 1989, coll. «Repérages » 1 vol. cartonné, in-quarto, 48pl. couleurs, BD d’expression française (Belgique)
      1 ère  parution : 1989
      Les frères Sikorski sont à nouveaux réunis. Sous des dehors d’honorabilité, l’aîné, qui passe pour le bienfaiteur de la vallée, est d’une extrême richesse. Les revenus de son domaine agricole lui permettent d’entretenir une armée privée et comme il se prend aussi pour un grand interprète de J.S.Bach, il a fait construire un orgue immense qui utilise la force d’une chute d’eau qu’il appelle « sa cathédrale ».
      Il se trouve être en même temps le plus grand producteur de cocaïne du marché, ce que le vigile Lester, qui a vu mourir son ami et sa femme, ne peut admettre. Il tente donc de collationner des preuves de la forfaiture des douteux personnages, engageant au passage Jérémiah et Kurdy comme miliciens.
      Simon est le frère cadet des Sikorski. Etre pervers et violeur d’enfants, il a été rédimé par une pléiade d’avocats, goûtant une réinsertion méritée dans le domaine familial, suivi à la trace par son psy. Kurdy, capturé au moment où il enquêtait sur le terrain, Simon et ses sbires s’amusent à ses dépens. Jérémiah et Lester réussissent à faire sauter le barrage. L’eau détruit la production de pavots et fournit la preuve attendue à cause des sachets de cocaïne entraînés par le courant. Simon, qui sous-estime Kurdy, sera tué par celui-ci, ainsi que son psy. Mais Lester ne triomphera pas longtemps. Grâce à sa qualité de bienfaiteur de la vallée, sa richesse et ses avocats, l’aîné des Sikorski charge le cadavre de Simon de tous les crimes et sera blanchi par la population locale. Dégoûtés, Jérémiah et Kurdy reprennent leur route.
      Vol.15 : Alex, Dupuis éd., 1990, 1 vol. cartonné,  in-quarto, 48pl. couleurs, BD d’expression française (Belgique)
      1 ère  parution : 1990
      Kurdy et Jérémiah sont associés à une affaire familiale dans laquelle ils auront un second rôle. Le jeune Edward et sa mère, une grosse dinde, rejoignent Melvin, un père taciturne et falot vivant avec Alex (pour Alexandra), la sœur d’Edward, dans une maison isolée le long d’un canal. Les retrouvailles des membres de cette famille éclatée ne sont pas très chaleureuses. Alex, à la forte personnalité, fuit les hommes, vit avec deux singes, fait volontiers le coup de feu, est peu scrupuleuse sur les moyens de parvenir à ses fins. La situation dérape lorsque Chimp, son chinpanzé préféré, est mystérieusement tué. Grâce au carnet de notes perdu par l’un des assaillants et traduit par Edward, l’on apprend que les responsables du massacre sont des soldats japonais venus près de la côte en mission d’exploration pour une future invasion du territoire américain. Alex, qui n’a aucun souci de la politique, veut venger la mort de son animal favori. Avec l’aide de Kurdy et Jérémiah, ils tendent un piège aux soldats basés en un endroit curieux, en bas d’une gigantesque statue d’indien sculptée dans le roc de Turtle island. Les Japonais seront éliminés les uns après les autres. La fin de ce récit serait donc idyllique si une balle perdue n’avait atteint Alex, la tuant net, ce qui aura au moins l’effet bénéfique de réconcilier sa grosse maman avec son falot papa. Ecoeurés par l’égoïsme de ce couple, Jérémy et Kurdy disparaissent.
      Vol. 16 : la Ligne rouge, éd. Dupuis éd., 1992, coll. «Repérages » 1 vol. cartonné, in-quarto, 48pl. couleurs, BD d’expression française (Belgique)
      1 ère  parution : 1992
      Kurdy et Jérémiah attendent un bateau à aubes qui doit les emmener en ville. A bord, ils découvrent une admirable brochette de truands, dont leur chef Frank Rod, maître de la pneumatique Pryscilla. Le jeune coq Kurdy ne résistera pas à l’invitation enflammée de Pryscilla, commettant l’irréparable, ce dont Rod est aussitôt averti.  Spécialisé dans le racket et le combat de catch truqué, Rod écume la région, se partageant les gains avec une autre bande de truands, en fonction des victoires ou défaites de son poulain, Tornado César, le géant catcheur.
      Dans la ville portuaire soumise, on pratique la loi de l’omerta. Alors que Jérémiah, à peine débarqué, s’engage dans le tri des déchets pour gagner quelques sous, Kurdy est copieusement rossé par les sbires de Rod pour son inconduite.Nos deux amis se refont une santé dans la planque de Happy Mike, un doux qui se dit neutre, en réalité une « balance »  pour tous ces joyeux camarades du milieu. Kurdy, ayant récupéré, songe aussitôt à se venger et disparaît.
      Jérémiah, inquiet, guidé par Pryscilla, se retrouve au rendez-vous dans la villa de Rod où celui-ci donne un raoût décadent. Kurdy, déjà sur place, est  aussi vite repéré. Plutôt que de l’exécuter d’une balle dans la tête, Rod trouve plus amusant de le confier à Tornado pour l’amusement et l’édification des siens. Au moment crucial, Jérémiah tue le catcheur avec l’aide d’un allié inattendu, Finley, un individu de la bande passé à la solde des adversaires. Profitant de l’agitation, Jérémiah et Malloy s’éclipsent, pour, dès le lendemain embarquer incognito sur le bateau afin de fuir cette région brûlante. Mais trahis par Happy Mike, ils essuieront la vindicte de l’ensemble de la bande. Jérémiah débloque la situation en faisant sauter le bateau après avoir allumé la mèche dans la soute. Regagnant à la nage la rive en compagnie d’Esra, la mule de Kurdy, ils contempleront les derniers débris flottants à la surface d’une eau sous laquelle reposent désormais Rod et les siens.
      Vol. 17 : Trois motos … ou quatre, Dupuis éd., 1994, coll. « Repérages » 1 vol. cartonné, in-quarto, 48pl. couleurs, BD d’expression française (Belgique)
      1 ère  parution : 1994
      Le bourg de Langton est troublé par quatre inquiétants personnages sur leurs grosses cylindrées, qui semblent rechercher quelqu’un. Au moment où le cul-de-jatte Winston déclare sa flamme à Daisy la serveuse du bar, son chemin croise celui de Montana, un odieux individu. Kurdy, présent lors de la scène, rétablit l’équilibre… et s’en fait un ennemi mortel. Winston, très touché, lui propose de se réfugier chez son père en cas de besoin, un original élevant des oiseaux. Kurdy, sortant du bar, découvre Stone-B qui semble craindre pour sa vie. Comme c’est lui que recherchent les quatre individus en moto, moyennant finance, Kurdy propose à Stone-B de le mettre en sécurité chez Winston. Mais tante Martha, que toute cette agitation affole, craignant pour la santé de son adorable petit Jérémiah, dévoile la planque de Kurdy à Montana (ce qui est très vilain !).
      Ce dernier noue une alliance objective avec les motards et, à plusieurs, ils encerclent la ferme de Winston pour se débarrasser définitivement qui de Stone-B, qui de Kurdy. Jérémiah, mis au courant de la situation par Daisy et Winston, vole au secours de son ami. Les assaillants sont tous, les uns après les autres, éliminés, sauf Montana, qui menace le groupe avec une grenade. En explosant elle  atteint principalement Daisy, donnant la chance de sa vie à Winston. Amputée de ses deux jambes, Daisy sera désormais sur pied d’égalité avec Winston ! Quant à Stone-B, fidèle à sa personnalité, il trahit Kurdy en s’enfuyant, mais pas Jérémiah qui lui fera payer au double tout ce dérangement autour de sa personne.
      Vol. 18 : Ave Caesar, Dupuis éd., 2003, coll. «Repérages» 1 vol. cartonné, in-quarto, 48pl. couleurs, BD d’expression française (Belgique)
      1 ère  parution : 1995
      Un tyran mégalomane à la cervelle d’oiseau, passionné par la Rome antique, se sert de son jouet, un tank récupéré d’avant la catastrophe, pour bombarder le bourg aux mains de la milice locale, situé en contrebas d’une falaise. Jérémy et Kurdy que le hasard maladroit (et l’auteur) fait s’engager dans les troupes pseudo-romaines de Caesar, grippent une machine si bien huilée. S’appuyant sur Ogilvy, un des miliciens capturés, ils organisent la révolte. Pendant que Kurdy s’échappe, minant le terrain, Jérémiah réussit à faire basculer le tank au-dessus de la falaise. Caesar est éliminé, le bourg respire à nouveau (sous la coupe des miliciens), Kurdy et Jérémiah, sans illusion, reprennent leur route.
      Vol. 19 : Zone frontière, Dupuis éd., 1996, 1 vol. cartonné, in-quarto, 48pl. couleurs, BD d’expression française (Belgique)
      1 ère  parution : 1996
      Jérémiah, toujours à la recherche de Léna, aboutit dans une zone frontière où s’est produit un massacre. La bande de Don, un shérif ambitieux qui brigue le pouvoir municipal, a capturé un étrange individu (un extraterrestre) dont il espère tirer un bon prix. Pendant que Lena travaille pour le proxénète Jack, ami de Scott, le bras droit de Don, Jérémiah explore la ville, à sa recherche. Des morts mystérieuses dressent tous ces personnages les uns contre les autres. Scott, en dépit de l’hostilité de son patron envers son projet, ne veut pas lâcher sa proie. Le mystérieux captif appelle ses amis à son secours. Décidé à rester le patron, Don s’emporte contre Scott. Les deux bandes rivales s’entretuent dans un no’mans land, une zone industrielle pourrie. Scott garde Léna en otage pour apprendre à Jack à ne pas le  trahir auprès de Don. Heureusement, Jérémiah et Kurdy, avec l’aide involontaire des aliens qui libèrent leur ami en faisant le vide autour d’eux, récupèrent Léna. Celle-ci, devenue maman, refusera définitivement de suivre Jérémiah pour ne pas encombrer inutilement un héros sombre et tourmenté.
      Vol. 20 : Mercenaires, Dupuis éd., 2003, coll. «Repérages» 1 vol. cartonné, in-quarto, 48pl. couleurs, BD d’expression française (Belgique)
      1 ère  parution : 1997
      Dans les mines de Sears et Com au fond du désert, Meredith, le chef de chantier, a monté une étonnante opération. A l’insu des services de sécurité commandés par Pierce, sachant qu’au bout de l’un des tunnels se trouvait une chambre-forte contenant des centaines d’œuvres d’art mises en sécurité avant la catastrophe, il a décidé de récupérer ces richesses à son compte. Assurant la liaison avec une horde de mercenaires qui utilise des jeeps et des éléphants cuirassés, Argus MacSpoon s’est infiltré dans le camp sous les oripeaux d’un prêcheur. Jérémiah et Kurdy qui l’ont accompagné, sans connaître sa véritable identité, apprennent par hasard le secret de Meredith en lisant le dossier subtilisé maladroitement par le jeune Romeus, plus mort que vif. Pendant que Jeremiah, répondant à sa nature scoute et tout en prenant de grands risques prévient Pierce, Kurdy sauve la vie à Olga, une plantureuse et sympathique hôtesse de bar. La horde des mercenaires tombera dans un piège électrifié avec ses chars d’assaut blindés. Meredith se suicidera malencontreusement ce qui, une fois de plus, incitera Jérémiah et Kurdy à conseiller la prudence à Pierce dans sa recherche de la vérité, le mal étendant ses tentacules partout où cela est possible.
      Vol. 21 : le Cousin Lindford, Dupuis éd., 2003, coll. «Repérages » 1 vol. cartonné, in-quarto, 48pl. couleurs, BD d’expression française (Belgique)
      1 ère  parution : 1998
      Des cobayes humains s’échappent du laboratoire scientifique du docteur Manghel (Mengele ?) où l’on pratique le clonage humain. Ceci contrarie beaucoup le sénateur Kern qui, avec Manghel, partait pour prendre le train du progrès. Ordre est donné d’éliminer ces sous-produits malheureux et témoins gênants. Comme Manghel entretient une horde de tueurs, avec l’appui du chef de la police locale acheté par Kern, cela ne devrait pas être si difficile. C’était sans compter sur la présence de Jérémiah et Kurdy qui se trouvent mêlés aux événements à leur corps défendant comme d’habitude, avec, à leurs trousses, différents individus, dont une vielle connaissance, Stonebridge, (dit Stone-B) toujours aussi vantard et énurétique, et Vince, un extraordinaire balourd aussi décérébré que les clones qu’il pourchasse. L’un de ces êtres, reconnu par sa vieille parente Tisha comme le « cousin Lindford » trouve refuge auprès d’elle, qui le cache dans des friches urbaines. Sous la conduite de nos deux héros, le cousin Lindford échappera à ses poursuivants grâce, notamment, par le revirement du chef de la police. Stonebridge, lui, aura beaucoup de mal à retenir la grenade sans goupille que Kurdy lui aura glissée dans le cou…
      Vol. 22 : le Fusil dans l’eau,  Dupuis éd., 2001, 1vol.cartonné, in-quarto, 48pl.couleurs, BD d’expression française (Belgique)
      1 ère  parution : 2001
      Jérémiah et Kurdy en fuite dans le bayou à cause d’une légère maladresse de la part de ce dernier, font irruption dans la famille du jeune Jason qu’ils libèrent d’un puits dans lequel il avait été enfermé. Chez lui, ils découvrent le fonctionnement d’une famille complexe où règne la loi de l’omerta, tous les ingrédients étant réunis pour que la situation dégénère.
      Marge, une mère alcoolique, castratrice, dominatrice, dévoreuse d’hommes, qui jette de suite son dévolu sur Jérémiah. Shank, l’un des fils de la maison, jaloux de sa femme Angela qui s’apprête à partir avec son frère Jason en abandonnant sa fille l’adorable petite Lizzy. Oncle Todd, qui se livre à des pratiques vaudous, la nuit, dans le bayou. Et l’inénarrable Less, le mari de Marge, odieux de lâcheté et de passivité. Cette situation si complexe explose quand se déclenche l’attaque des miliciens. Shank, ayant participé à un vol et tué l’un des convoyeurs, s’est fait voler le butin par Jason qui l’a réservé à son seul usage. Ses complices, tous miliciens véreux, ne sont pas du même avis. Ils le font savoir, de nuit, espérant récupérer l’argent et massacrer la famille de Shank. Sans la spontanéité de Lizzy qui révèle la situation à Kurdy, tout le monde aurait été éliminé. Tandis que Jérémiah sauve la vie de Lizzy et de sa mère, Kurdy poursuit Jason qui s’est approprié l’une de leurs motos. Quant à Oncle Todd, il a enfin des cadavres frais pour ses rituels. L’explication finale – une fois le drame circonscrit - entre Marge et Angela rééquilibre le rôle de chacun. Mais c’est sans regret que Jérémiah et Kurdy quittent cette famille tordue, avec une pensée émue, tout de même, pour la petite Lizzy.
      Vol. 23 : Qui est Renard Bleu ?,  Dupuis éd., 2002, coll. «Repérages » 1 vol. cartonné, in-quarto, 48pl. couleurs, BD d’expression française (Belgique)
      1 ère  parution : 2002
      Jérémiah et Kurdy font la connaissance d’Angel, alias Sue Connely, agent fédéral, qui suit une piste d’enlèvement d’enfants à usage sexuel. Elle les engage pour la surveillance active du bar où est censé s’exercer le trafic. Sue a une collègue dans la place qui, sous le pseudonyme de Gazoleen, joue le rôle d’une prostituée au grand cœur qui s’amourache de Jérémiah au grand dam de Pepper, le patron. Désireux d’écarter le gêneur, celui-ci lui envoie ses sbires, qui seront tous démolis.L’arrivée du politicien local, lequel a l’habitude de « jouer » avec les enfants, déclenche l’arrestation de tous ces tristes personnages, patrons de bar véreux, maquereaux et proxénètes, souteneurs et violeurs. Il n’en reste pas moins que Gazoleen est retrouvée découpée en morceaux dans une décharge publique. Ses boucles d’oreilles étant en même temps des micro-émetteurs seront retrouvées par Sue dans les poches du manteau d’un immonde gros lard ayant l’habitude de fréquenter le bar. Sue l’exécute sans état d’âme au moment où celui-ci prend son bain relaxant.
      Vol. 24 : le Dernier diamant,  Dupuis éd., 2003, coll. «Repérages » 1 vol. cartonné, in-quarto, 48pl. couleurs, BD d’expression française (Belgique)
      1 ère  parution : 2003
      Tout le monde est de retour à Langton où chacun suit sa voie. Kurdy fait la rencontre de Snow, une intellectuelle qu’il néglige au profit de Stone-B venu assister au meurtre d’une vielle dame et au vol de ses diamants.Jérémiah, comme d’habitude, aide tante Martha à la maison et boit du thé. Sa rencontre inopinée avec Glenn, un policier ivre et Violetta, sa femme mexicaine, fait basculer sa vie. Glenn, grâce à une chaînette trouvée sur les lieux du crime, a découvert que c’est Jef, son propre frère, qui en est l’auteur. Violetta demande l’aide de Jérémiah, car elle se sent menacée dans cette ville suante de racisme.
      Entre temps, le frère de Glenn, avec ses amis voyous, vient fouiller la maison du policier. Violetta les surprend. Elle se fait violer, puis assassiner. Tandis que Glenn, malgré l’horreur de la stuation, ne peut se résoudre à arrêter son frère, Stone-B, qui sait où sont les diamants, veut se les approprier. Il aura juste le temps d’en avaler un seul avant de devoir prendre la fuite. Jérémiah, bourrelé de remords de n’avoir pu rien faire pour sauver Violetta, suit Glenn au moment où il interroge Jef,  et lui sauve la vie en tuant son frère et l’un des voleurs. Lorsqu’il raconte son aventure à Kurdy, ce dernier comprend enfin les agissements de Stone-B. Il décide de récupérer le diamant ingéré en purgeant son vieil ennemi,  pendant que Jérémiah, anti-héros nauséeux, se saoûle copieusement…
      Vol. 25 : Et si un jour, la terre…, Dupuis éd., 2004, coll. «Repérages » 1 vol. in-quarto, 48pl. couleurs, BD d’expression française (Belgique)
      1 ère  parution : 2004
      Jérémiah et Kurdy en panne dans un désert étrange aux formes végétales pétrifiées passent un accord avec un groupe de gens en autos blindées qui, en échange d’un service de surveillance, leur proposent de l’essence. Ayant à bord la sœur de leur chef Percy, Agatha ou Tamara selon le cas, tirée des griffes d’une secte, ils sont poursuivis par les affidés de cette dernière. Si Percy, à la santé fragile, venait à disparaître, toute la fortune irait à Agatha, et donc à la secte, ce que ne peut tolérer Feona, la compagne de Percy.Dans ce désert, toute action violente engendre une réaction de même nature de la part du paysage qui y répond par une tornade aux éclats coupants. Les poursuivants en ont déjà fait les frais puisque Jérémiah découvre leurs cadavres découpés en lamelles. Agatha profite de la situation pour s’enfuir en se mettant sous la protection de Kurdy et Jérémiah. Pierce mis hors-jeu par suite d’une attaque cérébrale, le reste du groupe entreprend d’éliminer nos héros pour récupérer Agatha. C’était sans compter sur l’astuce de Kurdy qui, à l’aide d’une grenade, réveille la colère de la nature environnante. Une tornade meurtrière s’abat sur les agresseurs et les déchiquette, permettant à Tamara/Agatha de prendre un nouveau départ, ce qui laisse à  Kurdy la charmante vision d’une jeune femme bien délurée sous son masque religieux.
      Vol. 26 : un Port dans l’ombre,  Dupuis éd., 2005, coll. «Repérages » 1 vol.cartonné,  in-quarto, 48pl. couleurs, BD d’expression française (Belgique)
      1 ère  parution : 2005
      Jérémiah et Kurdy sauvent de la noyade la jeune Milova. Effarouchée et ignorante du monde, elle les emmène dans son village, un site de pêcheurs, religieux fanatiques sous l’emprise du prédicateur Jason. Peu habitués à recevoir des visites du monde extérieur ils les considèrent avec hostilité, et Milova sera punie pour avoir désobéi au « Grand Livre ».
      Les sévices corporels sont monnaie courante dans le village, dont les adolescents font régulièrement les frais. Avec l’arrivée des deux étrangers, ces derniers espèrent régler définitivement leurs comptes avec les adultes qui les empêchent de vivre.  Dérobant les armes à feu de Kurdy et Jérémiah, ils tuent tous les aînés qui ont le malheur de se mettre en travers de leur route. Les pêcheurs, abrutis et remplis de haine, en rejettent toute la responsabilité sur nos héros. Pris au piège au sommet d’une maison en construction, Jérémiah et Kurdy échapperont à la mort grâce à Milova qui leur redonne leurs pistolets confisqués par Jason. La grenade, prise à Kurdy et qui explose dans la main du jeune Ruben,  met un point définitif à la tuerie. Jérémiah et Kurdy reprendront la route, abandonnant les fanatiques à leur infortune, emmenant avec eux Milova la réprouvée,  qui se sentirait bien mieux chez tante Martha.
      Vol. 27 : Elsie et la rue, Dupuis éd., 2007, 1 vol. cartonné, in-quarto, 48pl. couleurs, BD d’expression française (Belgique)
      1 ère  parution : 2007
      Elsie, une enfant de la rue, connaît toutes les ficelles de Blitz, le marchand de chair humaine, qui exploite les enfants pour les faire voler à son profit. Aux récalcitrants, il offre «le bain », un baquet d’eau glacée ou brûlante, jusqu’à l’épuisement ou la mort. Elsie fait la connaissance de Milova, venue traîner en ville avec Jérémiah. En toute innocence, Milova chaparde un collier qui lui plaît, trouvant refuge auprès d’Elsie, avant d’être ramenée chez tante Martha par Kurdy, revenu d’une de ses expéditions  d’exploration féminine. Elsie noue connaissance avec Kurdy espérant retrouver Milova et s’en faire une bonne compagne. Plus tard, pilotée par Elsie, Milova fouille l’appartement de Blitz, le délestant de son magot, qu’elle cache chez tante Martha. Blitz, soupçonnant Elsie, remonte la piste par Kurdy qu’il capture et soumet au « bain » pour le faire parler. Elsie, affolée et coincée, prévient Jérémiah qui accourt. Blitz sera foudroyée par une balle et Kurdy tiré hors du bain. Enfin Milova, trompant les deux amis sur ses objectifs, quitte la ville en compagnie d’Elsie, qu’elle préfère.

    8. Type: livre Thème: archéologie du futur Auteur: Jean GIONO Parution: 1932
      L’auteur, de passage à Paris, est consterné d’observer ces vies sans but,  « cette pâte phosphorescente d’autos qui tourne sur la place de la Concorde ». A l’homme qui court, son journal à la main, dans ce désert artificiel et mécanique, il oppose la vérité d’une nature vierge qui, un jour, devra se réinstaller dans ses droits:
      " Suis-moi. Il n’y aura de bonheur pour toi, homme que le jour où tu seras dans le soleil debout à côté de moi. Viens, dis la bonne nouvelle autour de toi. Viens, venez tous ; il n’y aura de bonheur pour vous que le jour où les grands arbres crèveront les rues, où le poids des lianes fera crouler l’obélisque et courber la tour Eiffel ; où devant les guichets du Louvre on n’entendra plus que le léger bruit des cosses mûres qui s’ouvrent et des graines sauvages qui tombent ; le jour où, des cavernes du métro, des sangliers éblouis sortiront en tremblant de la queue. "
      Une petite rêverie écologique avec, au centre, la chute et la transformation de la ville tant rêvées depuis les romantiques

    9. Type: livre Thème: menaces idéologiques, menaces technologiques Auteur: Jacques DES GACHONS Parution: 1908
      Cette nuit de Noël fut spéciale. Lorsque les bourgeois sortirent des restaurants parisiens pour rentrer chez eux, toutes les automobiles  - et leurs chauffeurs - avaient disparu. Arrivés chez eux, ils eurent une autre mauvaise surprise : les gens de maison, de connivence avec les chauffeurs, avaient dérobé tous leurs biens :
      " Ils eurent beau sonner, heurter, appeler : personne ne vint à leur rencontre. Il n’y avait plus de domestiques dans aucune des maisons des soupeurs ahuris. L’électricité, fébrilement " allumée ", éclaira une sorte de carnage. Tous les coffres-forts avaient été forcés, pillés. Dans les armoires, des mains hâtives avaient fait une abondante razzia. Des objets de valeur manquaient dans les salons. L’argenterie avait disparu. "
      C’est ainsi que débuta le mouvement universel de révolte des petites gens contre la classe dominante, appuyé sur l’avancée mécanique : des milliers de voitures qui sortaient de Paris en un grand élan fraternel et d’opposition, pour prendre la route du sud :
      "Vers onze heures, l’exode commença. Des Champs-Elysées, des Ternes et de Montmartre, de Passy et des Buttes-Chaumont, autos de luxe et autos de commerce, vastes limousines, coupés ministériels, voiturettes défraîchies, confortables omnibus, camions, taxi-autos, toutes les sortes de véhicules à pétrole se dirigèrent vers le sud de Paris, comme attirés par un puissant aimant. L’entente était parfaite, grandiose.
      En silence, par les avenues, les boulevards, les rues, roulaient les voitures de Paris. Chargées de butin, elles se rejoignaient, prenant la file, à leur rang, obéissantes et têtues ; elles s’en allaient. Elles fuyaient le froid de Paris, à la poursuite du soleil, de la joie, de la liberté.
      Les sociétés secrètes qui existent entre les domestiques s’étaient depuis quelques années, étrangement développées, resserrées. Les meetings, - à cause de leur  indiscrète publicité,- avaient été supprimés. Une vaste association, toujours en éveil, toujours en séance, pour ainsi dire, avait été crée dont les membres se tenaient comme les anneaux d’une chaîne. (…) Vingt mille chauffeurs avait médité, puis brusquement décidé un grand coup de force qui les faisait tout à la fois, riches et libres. Par la porte d’Orléans et la porte de Montrouge, par la porte d’Italie et celle de Choisy et par quelques autres portes de secours, - car il fallait éviter les attentes, les bousculades, les autos quittaient la ville. Le mot d’ordre était : " réveil et réveillon " - Réveil et réveillon, criaient les chauffeurs. "
      Arrivée dans les grandes plaines de Beauce, il fut procédé à un  ralliement et au partage du butin. Cela ne se fit pas sans mal car la démocratie – surtout pour les voleurs – ne s’improvise pas. Après les premières dissensions et les premières victimes, la cavale sauvage se poursuivit avec, parfois, des accidents mortels. Bien accueillie au départ par les autochtones qui voyaient en cette bande motorisée une nouvelle troupe de Spartakistes, les voleurs qui se querellaient entre eux eurent bientôt mauvaise presse :
      "Alors recommença le terrible concert des cornes et des sirènes. Dans la campagne bêtes et gens tremblaient de peur: cette clameur ne ressemblait à rien de déjà entendu. C’est à croire à l’envahissement de la terre par des êtres extraordinaires dont la respiration eut été un beuglement. (…) Au bout de deux heures, comme un ouragan passe, le bruit brutal s’atténuait, quelques notes encore éclataient, puis c’était le silence, un silence qui laissait les oreilles malades, hallucinées, bourdonnantes."
      Les portes claquèrent et les volets se fermèrent à leur arrivée. A plusieurs reprises, et malgré des arrêts dans le sud du Massif Central consentis pour étudier une forme de gouvernement applicable au mouvement, l’anarchie perdura. De nombreux chauffeurs, pensant qu’il valait mieux être un chien gras qu’un loup maigre, décidèrent de retrouver leurs maîtres parisiens. Les autres, poursuivant leur équipée en direction de la mer, furent peu à peu décimés par les gendarmes et par leur mauvaise conduite (au propre comme au figuré). Lorsque les dernières automobiles basculèrent dans l’eau du haut d’un ravin,  tout fut consommé :
      " Tout à coup, à un virage, sur la corniche à pic, la première voiture perdit pied, s’élança dans le vide et les autres, du même élan, suivirent. Les sirènes chantaient. Les hommes, cramponnés, éclataient de rire : -Nous arrivons, nous arrivons ! Vive la liberté ! A bas les patrons ! Un petit bruit au milieu du bruit de la mer, les cinq dernières voitures n’étaient plus. "
      "La révolte du pétrole " s’appuie sur le fantastique technologique : tout se passe comme si "la mécanique", douée d’une vie propre avait décidé de rouler pour son propre compte. Pourtant, l’état d’anarchie, si joyeusement évoqué par l’auteur, se défait devant l’ordre établi. Un conte débridé et rare.


    10. Type: livre Thème: l’entropie progresse... Auteur: Gordwainer SMITH Parution: 1961
      En ce futur incroyablement  lointain où subsistent seulement une poignée de véritables êtres humains, Paul et Virginie se rencontrent. Désireux tous deux de goûter à la vraie liberté, à la vraie vie, aux émotions inconnues, ils ont demandé aux Seigneurs de l’Instrumentalité d’être transformés en Français du temps jadis, qui vivaient à cette époque si  archaïque :
      « Je fus moi-même le premier, après seize mille ans, à coller un timbre sur une lettre. Je conduisis Virginie au premier récital de piano. L’œil collé à l’oculaire de la machine-à-voir, nous vîmes lâcher le choléra en Tasmanie, et les Tasmaniens danser dans les rues, maintenant qu’il n’était plus question de les protéger. Partout, les choses commençaient à devenir intéressantes. Partout, homme et femme travaillaient avec une volonté farouche à construire un monde plus imparfait. »
      Loin de la perfection absolue de l’Instrumentalité, ils pourront ainsi découvrir avec ivresse le sens de la peur ou de l’amour. Mais un doute subsiste : leur liberté est-elle inconditionnelle ou ce sentiment même n’a-t-il pas aussi été prévu par l’Instumentalité ? Sont-ils vraiment libres, c’est-à-dire responsables de leurs actes ou leur nouvelle personnalité est-elle aussi factice que l’ancienne ?
      Virginie se souvient d’une vieille machine capable d’opérer des prédictions, l’Abba-dingo, ordinateur ou Dieu, résidant dans les nuages, tout là-haut, au bout du boulevard Alpha Ralpha. Avec Paul, elle veut découvrir la vérité. Croisant C’Mell, la femme-chat (personnage principal dans une autre nouvelle), en compagnie de Macht , un autre homme transformé en quête de sensations fortes, ils prennent le chemin conduisant à l’Abba-dingo, la machine immortelle. Le boulevard Alpha Ralpha, construit en un matériau d’une extrême résistance et qui serpente dans le ciel sans aucun support apparent, est, lui aussi, d’une très grande ancienneté. Des signes d’usure y apparaissent parfois, comme cette brèche que les deux amants éviteront :
      « Sur la droite, le boulevard s’élevait en pente abrupte, à la manière d’une rampe. Il disparaissait dans les nuages. Juste au bord de la frange de nuages, il semblait qu’un désastre s’était produit. Je n’en étais pas absolument sûr, mais j’avais l’impression que le boulevard avait été tranché sur toute sa largeur par d’inimaginables forces. Quelque part, au-dessus des nuages, se trouvait l’Abba-dingo, l’endroit où toutes les questions recevaient une réponse… »
      Nulle part, au long de leur route, ils ne trouveront le signe de la soumission des êtres et des choses au pouvoir des Seigneurs de l’Instrumentalité, comme s’ils étaient en dehors de leur temps. Les oiseaux, par exemple, sont des vrais oiseaux, aux fonctions télépathiques si primitives que Paul et Virginie ne les comprendront pas.
      Arrivés près de l’Abba-dingo ils découvrent ça et là des squelettes blanchis pour lesquels Paul n’a pas de nom puisqu’il en ignore le concept, la mort étant absent de son champ d’expérience. Virginie, par tâtonnement, actionne la machine qui lui dit qu’elle aimera Paul durant toute sa vie, même si celle-ci s’avère être fort courte. Par contre, ce qu’ils n’arrivent pas à déchiffrer c’est que l’Abba-dingo, ancienne station météorologique prévoit également l’arrivée d’un typhon.
      Arrachée d’entre ses bras, Virginie disparaît dans la tempête. Paul aura la vie sauve grâce à C’Mell qui le ramène en sûreté. Il se rétablira par les soins d’un médecin-robot, la mémoire remise à neuf par l’Instrumentalité, ayant oublié le goût de la peur et de la mort mais avec au cœur une nostalgie secrète.
      Ce joyau littéraire s’insère dans le cycle des « Seigneurs de l’Instrumentalité ». Gordwainer Smith reprend à son compte le roman de Bernardin de Saint-Pierre, faisant de Paul et Virginie les personnages d’une superbe nouvelle dans laquelle, sous la démarche littéraire, percent les interrogations permanentes de l’homme lié à une existence qui le dépasse de toute part.

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