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Ere Cinquieme - Par BenF
Deux hommes et une femme se réveillent dans une grotte des hauteurs himalayennes après un sommeil cataleptique. Des changements immenses sont survenus durant leur sommeil.
La terre, prise de convulsions, a bousculé ses continents, étendu ses mers et océans, s’est débarrassée de toute créature humaine et végétale. Elle est passée de l’ère quaternaire à l’ère cinquième. Aujourd’hui, le paysage qui se révèle devant Hallon , Nicholson et Jane à la sortie de leur grotte est entièrement minéral, soit une grève sauvage battue par des vents de tempête et une mer infinie qui s’étale en rouleaux glauques devant leurs yeux.
Subsistant chichement sur les quelques réserves d’avant la catastrophe, ils s’interrogent sur leur avenir lorsqu’ils font connaissance avec la forme de vie dominante de l’ère cinquième, soit d’immenses organismes unicellulaires pensants capables de s’élever dans les airs grâce à leurs vacuoles, et qu’ils baptisent du nom de " mollutors ".
Trois mollutors, Yeres, Xiris et Atoum, entrent en contact télépathique avec les humains et, rassurés sur leurs intentions pacifiques, les adoptent. Ils leur servent de monture pour explorer leur nouvel univers, notamment pour traverser un immense océan, en direction d’un autre continent :
" Un continent ! Un continent immense, gigantesque, qui, si on se trouvait vraiment sur la terre, occupait toute l’ancienne fosse du Pacifique. Un continent cassé, tourmenté, craquelé, ravagé, sans la moindre végétation. Encore du granit, de porphyre, du gneiss, un peu de schiste. Des fumerolles, vomies par des failles profondes. Des pics déchiquetés, tordus, acérés. Mais pas d’arbre. Quelques mousses, quelques lichens, sans plus, mettaient des taches sombres sur ce sol lunaire. "
Là, ils rencontrent une autre race de mollutors à la peau plus foncée. Ceux-ci leur sont hostiles car ils connaissent l’histoire des hommes et leur propension à dominer la planète. Yeres, Xiris et Atoum ayant été obligés d’abandonner les humains, les trois terriens sont attaqués par les mollutors à peau foncée à coup de gaz cyanhydrique que ces derniers accumulent dans leurs vacuoles.
Est-ce la fin pour nos héros ? Non ! Ils sont sauvés par une fusée en provenance de Vénus où quelques couples d’une ancienne colonie terrienne ont pu survivre en échappant à la catastrophe. En partance pour Vénus, les rescapés se jurent de revenir sur terre pour la reconquérir.
Un roman dans lequel la psychologie sommaire des personnages est heureusement supplantée par la description d’un univers sauvage, minéral, radicalement étranger à l’homme ainsi que par l’invention des étranges " mollutors "
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Mada Ou Le Dernier Homme - Par BenF
Après des siècles de progrès, les peuples ont instauré l’état d’utopie :
« Tous les trônes avaient successivement croulé et la fraternité avait gagné les nations ; plus de barrières entre elles. » La liberté règne en politique, dans les religions (où le pape s’est fait discret) et en sciences où les secrets seront arrachés progressivement à la nature :
« Se centuplant par elle, les forces de la nature soulageaient les bras dans leur labeur, et n’ayant plus de secrets, celle-ci lui abandonnait ses trésors. (…) Les éléments définitivement domptés, on voyagea dans les airs. On traversa les espaces avec une rapidité inouïe. On décomposa les métaux les plus durs. On fit de l’or. On put faire le diamant.»
Mais un état stable est de peu de durée et les sociétés finissent par se ruer les unes contre les autres: « l’Extrême Asie fut ravagée, inondée de flots d’hommes et de chevaux », l’Amérique croît puis décroît cédant sa place à l’Afrique qui occupera dorénavant une place prééminente dans le monde. Le raffinement du luxe ruine les mœurs et les croyances, faisant surgir les signes d’une anarchie morale. La religion se fragmente en sectes bizarres ; enfin des fléaux inconnus se propagent et frappent la nature entière :
« Partout où il (= le fléau) passait, les arbres jaunissaient, se dépouillaient, séchaient. En une heure, les champs voyaient leur verdure se flétrir. Il pénétrait jusqu’aux racines des plantes. L’effroi fut universel. Il parcourut les deux hémisphères semant la désolation et la mort. » L’apparition d’un prophète nouveau qui se dit l’incarnation de Jésus-Christ répand la croyance en la religion du libre-arbitre. Un seul peuple reste admirable dans sa défense de la foi et dans sa pugnacité envers les barbares ; c’est la France : « ses œuvres avaient inondé le monde. On obéissait à ses élans, à ses transports, à ses lois. Sa langue, partout adoptée, façonnée par le génie et les mœurs du peuple, était presque la seule en usag ,» qui hélas ! cède à son tour :
« Le plus épouvantable des fléaux a fondu sur elle, terni son immortelle auréole, détruit son armée, ravagé son sol, et, en quelques instants, l’a fait descendre au bord de l’abîme, où tout s’engloutit. »
les signes sinistres se multiplient : le soleil pâlit, les saisons inversent leurs cours, l’atmosphère se refroidit, la végétation languit, la disette et les famines se répandent, le monde se dépeuple : « Tout s’y étiolait. Les fleurs, les feuilles restaient chétives, languissantes. Les blés germaient sans mûrir. La vigne ouvrait à peine ses bourgeons. C’était l’existence ne se révélant plus que pour avorter. »
C’est le début de la fin du monde. L’augmentation du nombre des taches solaires fait craindre le pire : « Le soleil se montra presque dépouillé de ses rayons, défait, éclairant tout d’une lumière sinistre. D’énormes taches couvraient sa face livide ( …) On pouvait les fixer et mesurer ses stigmates sans être ébloui. »
En ces temps néfastes, où la majorité de l’humanité est déjà morte « quelques années suffirent pour réduire l’ espèce humaine à quelques familles dont l’une devait survivre aux autres et périr la dernière » sur les bords de « l’antique Helvétie et de la France » , dont celle de Mada.
Le chef de celle-la, puissante et reconnue, fit beaucoup pour soulager les maux de ses contemporains. Pourtant il ne put s’opposer à l’inéluctable. Alors que les survivants s’entretuaient, Mada, tout en essayant de les raisonner, ne parvint pas à éviter la destruction et le pillage de la petite ville, ce qui précipita la chute des sociétés. Mada prend la fuite avec ses deux enfants, Ivan un garçon de dix-sept ans et Ela, sa fille, âgée de quatorze ans. Leur mère étant morte, ils recherchent un nouvel asile sûr auprès d’Elisée, un ancien ami, habitant sur les hauteurs du lac.
Les signes de la dégradation s’accentuent : la lune éclaire moins, les brumes s’infiltrent en tous lieux, ainsi que la glace. Mada y voit les prémisses de l’apocalypse réalisée. C’est pourquoi il se réfugie dans sa foi en Dieu. D’ailleurs Elisée, vers lequel se dirigent leurs pas, est, lui aussi, un authentique croyant et, comme Mada, un consolateur de l’humanité. Arrivé à proximité de son manoir qui semble dégradé, Mada se demande si son ami est encore de ce monde. Il surgit juste à temps pour écouter les dernières paroles d’un vieillard vénérable sur son lit de mort, qui lui souffle les principes de sa mission : « Les temps sont proches (…) Mada, digne fils du plus sage des hommes, tu es peut-être destiné à clore l’immense chaîne où tout ce que le cœur pouvait produire a été produit. »
La famille l’enterre près de l’Oratoire qui deviendra un lieu hautement fréquenté par eux, et ils s’installeront à demeure, puisqu’en visitant les souterrains du manoir, ils y ont découvert tout ce qui était nécessaire à leur survie. Deux autres tombes, situées près de l’Oratoire aiguisent leur curiosité : quelles personnes sont inhumées-là ?
Puis, partis en reconnaissance au deuxième étage de la propriété, ils y découvrent une bibliothèque richement fournie avec en son centre, posé sur un lutrin, la bible ouverte, autour de laquelle ils se réuniront souvent pour confronter la parole sacrée aux philosophies du passé. Mada (anagramme de « Adam ») dispense donc un enseignement religieux continuel à ses deux enfants. La diminution du feu solaire qui fait craindre le pire, leur impose une série de réflexions sur l’essence mystérieuse de la lumière, comparée à celle de l’âme. Ainsi passent les jours.
Ivan a maintenant dix- neuf ans et Ela seize. C’est une jeune fille dans tout son éclat et les sentiments qui unissent les deux jeunes gens sont d’une grande intensité :« Ils s’aimaient comme frères, n’ayant pour ainsi dire connu qu’eux-mêmes, et enfin, faut-il le dire, sans le savoir, sans s’en douter, ils s’aimaient peut-être à un autre titre… »
Ils s’écarteront peu du manoir à cause de la dangerosité de la nature mais pousseront quand même leur audace à visiter une chapelle écartée, en dépit de la brume, qui deviendra leur lieu secret. Ivan remarque, lors d’une de leur sorties, un brin de myosotis près d’un petit filet d’eau, et l’offre à Ela qui le dispose dans son livre de prières, comme il sied à une « Fleur des Saints ». Mada est inquiet car il associe la dégradation de la nature au surgissement du mal dans le monde : « Le monde finit lentement (…) Il n’y a d’éternel que l’Eternel. Les Ecritures disent (…) que la fin sera précédée de calamités. Nous sommes arrivés à ces épouvantements. »
Ses réflexions sur Dieu, sur la distinction entre monothéisme et polythéisme, sur le mal engendré par les anciennes guerres de religion, seront interrompues par la découverte, dans un tiroir, d’un rouleau de papier relatant l’histoire d’Elisée et d’Elisa. Deux familles qui habitent côte à côte, y lit-il. Elisa, la brillante jeune voisine est d’évidence destinée à Elisée. A la mort du père d’Elisa, c’est tout naturellement qu’Elisée la demande en mariage. Contre toute attente, Elisa s’y refuse : seul l’habite un sentiment fraternel.
Lors d’un voyage à l’étranger, Elisa, au grand désespoir d’Elisée, se marie à un jeune homme. Pour vaincre sa douleur, Elisée décide d’habiter en ville mais les dégradations de la nature, l’arrivée de la fin des temps, le convainc à se mettre au service des autres. Mada, suite à cette lecture, souhaite visiter avec ses enfants, cette ville (Lausanne ?, Genève ?) où son ami a vécu : « Ils s’arrêtèrent pour en contempler l’aspect désolé. Elle ressemblait à un sépulcre abandonné. Chaque jour s’en détachait une pierre sous l’action du temps dont rien ne pouvait plus conjurer la puissance. »
Les rues désertes leur font porter leurs pas vers une demeure princière dans laquelle un portait d’Elisa leur signale que c’est là que cette dernière a vécue avant d’être enterré avec son mari près de l’oratoire par les bons soins d’Elisée. Après avoir vu l’hôpital puis le cimetière, décidant d’arrêter leur pérégrination urbaine et de retourner dans leur manoir, ils sont pris dans un gigantesque tremblement de terre :
« Des flots de poussière brûlante tombaient autour d’eux. Ce fut une tourmente inouïe menaçant de les ensevelir vivants.(…) Les monts, les monts gigantesques, ces monts couronnés de glaciers, arrachés de leur fondement, avaient roulé dans les vallées. A la place du lac s’étendait maintenant une plaine presqu’uniforme. »
Le matin, la brume ayant disparu, ils observent stupéfaits le désordre géologique d’un paysage bouleversé. Ela, frappée de congestion, est mourante au grand désespoir d’Ivan qui n’aura bientôt plus pour se consoler que la petite « Fleur des saints » du livre de prières. Après l’inhumation de sa soeur, le jeune homme restera inconsolable malgré toute la patience de Mada qui tente de lui faire comprendre les voies du ciel. Il dépérit à son tour. Lorsque la chapelle, à laquelle il était très attaché, est dévastée, il meurt: « On eût dit que le feu du ciel l’avait ravagée. Un amas de terre bitumineuse s’élevait devant la porte comme un flot de lave refroidie. Elle était remplie de décombres. »
Mada reste le dernier homme sur une terre vide et cette pensée le terrifie : « La pensée qu ‘il n’y avait pas d’autre être vivant sous les cieux égarait sa raison. Il n’osait se sentir vivre, se remuer, se palper sans tomber dans une sorte de terreur superstitieuse.»D’autant plus que les conditions climatiques empirent :
« Un soir qu’il sortait du pavillon, il fut surpris du changement subit de l’atmosphère. De glacée, elle était devenue tiède. Depuis un instant, le soleil n’éclairait plus la terre. Les ombres régnaient partout. »
Enfin, Mada se sait perdu lorsque le manoir, son unique refuge, devient la proie des flammes:
« Un mugissement sourd se fait entendre et aussitôt une épouvantable explosion a lieu. Le sol tremble, le ciel se remplit d’une vapeur rougeâtre, et, en tombant, une pluie de feu embrase le vieil édifice. Renversé par une violente secousse de l’air, Mada eut à peine le temps de se relever et de rentrer au pavillon. Le météore disparu, il ne restait plus de la maison d’Elisée que des ruines fumantes. »
Avec la fièvre, s’impose à lui une dernière vision du jugement: « L’astre dominateur était devenu un corps opaque. Sur presque tout son extérieur régnaient les ténèbres. Seulement à ses extrémités, de rares points brillaient d’un reste de flamme vomie de ses dernières profondeurs. »
En mourant, il se demande si sa disparition signe vraiment la défaite absolue de l’espèce humaine ou si Dieu, dans sa sagesse, n’a pas prévu un remplaçant à l’homme disparu :
« Peut-être l’intelligence humaine y sera-t-elle servie par de plus purs, de plus sûrs organes. Les aptitudes y seront plus variées, les instincts plus larges, l’âme plus aspirante ! Pour dompter cette nature extraordinaire, pour être maître de cet espace, il faudra aux hommes qui l’habiteront des moyens inconnus aux autres sphères !. »
« Mada ou le dernier homme » fut, de l’aveu même de l’auteur, écrit dans une période troublée. Prenant parti ouvertement contre les Communards (« la France troublée par de vains essais de communisme ») et en faveur de la religion, d’Aiguy relate son pessimisme politique par une narration à thématique cataclysmique.
Le décalage curieux d’un texte post-romantique et réactionnaire en pleine période réaliste, voire naturaliste, explique en partie le désintérêt de la postérité pour un récit aujourd’hui quasi-introuvable. Pourtant ni le style, ni les réflexions, ni la peinture des mœurs ou du décor n’y sont ridicules, même s’ils mettent à mal la patience du lecteur moderne habitué à des brouets plus épicés.
La trajectoire spirituelle de Mada se renforce parallèlement à la nature qui meurt. L’apologétique chrétienne, les réflexions et dissertations sur la prééminence de la religion consolatrice ne font pas oublier les descriptions nourries par la rigueur d’une pensée scientifique, même si le cadre général de l’œuvre s’inscrit dans la schéma canonique de l’Apocalypse de St Jean : le soleil se refroidit, les taches solaires en sont à la fois la cause et la preuve, les bouleversements géologiques et climatiques s’en déduisant rationnellement. La thématique elle-même de « Mada » est déjà fortement référencée : poésie des ruines et pensées touchantes.
« Le Dernier homme » de Cousin de Grainville et surtout «Omégar » d’Elise Gagne ne sont pas loin. Enfin, le décor suisse semble être emprunté au « Dernier Homme » de Mary Shelley, région propice par ailleurs à la rêverie romantique de l’homme bon, non corrompu par la société selon les prêches de Rousseau. Le récit s’achève sur une suite poétique intitulée « Visions » dont l’auteur reste anonyme. S’agit-il de « Caro », l’ami à qui d’Aiguy dédicace l’ouvrage?. Cette suite, en trois parties, épouse les inflexions du roman dont elle reprend le tracé, en le dépouillant de tout le superflu, pour ne garder en l’amplifiant, que la vision cataclysmique des phénomènes de la nature, expressivement renforcée. « Mada ou le dernier homme » est encore l’un de ces romans du 19 ème siècle, traitant du thème de la finitude, jalon important - et méconnu - du genre cataclysmique.
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Thomas Et Le Rat - Par BenF
Thomas ne se rappelle plus quand tout cela a commencé. A présent, grimpant par-dessus l’encombrement des ruines urbaines rongées par la végétation, il recherche de la nourriture. Grenoble dévastée par une déflagration nucléaire ressemble à bien d’autres villes françaises dans le même état. Le danger rôde, car des êtres inquiétants parcourent la solitude de Thomas. Il le ressent d’autant plus vivement qu’un lien télépathique fort s’est tissé entre lui et un rat qui devient, par force, son compagnon en symbiose. Les deux amis ( ?) manquent rarement une proie :
" Comment peut-on continuer à vivre lorsqu’on connaît la date de sa mort ? Mille jours ! En lui était gravée l’absolue certitude de sa disparition au terme de cette échéance. Il était prêt à la mort. Le Message pesait en lui, renforcé par l’obscurité totale. Il se coucha, et attendit. La sensation de n’être pas seul le tira de sa torpeur. Il y avait quelqu’un , là, quelque chose qui avait peur et qui gémissait. En essayant de découvrir la provenance du son, Thomas se rendit compte que l’appel résonnait dans sa tête. Il vit alors, en un " flash " rapide, la grotte vue différemment, par d’autres yeux que les siens, et une forme humaine nimbée de rouge, qui était lui, Thomas. L’être qui le regardait était un rat, et il avait mal. "
Thomas se cache d’une bande de fanatiques prêts à mettre à mort une jeune fille mutante, Léïa, qu’ils ont capturée. Thomas arrache Léiä des griffes ennemies et apprend qu’elle fait partie d’un groupe (la famille) de mutants. Celui-ci est dirigé par Gur, une masse protoplasmique informe mais au cerveau télépathique puissant qui assure la cohésion du cercle en le transformant en homo-gestalt. Thomas et son rat sont admis dans la famille. Chaque mutant possède des caractéristiques spécifiques ; Karl, par exemple, est capable de brûler son adversaire alors que les jumeaux hypnotisent leur proie. Leur existence est difficile puisqu’ils sont poursuivis par les " chasseurs ", les derniers hommes soi-disant normaux, vivants en zone urbaine, et que la bombe a épargnés.
L’errance du groupe prend place dans la problématique du "Message ". Il s’agit d’une information télépathique puissante, émise par on ne sait qui, avertissant les Sapiens de leur annihilation dans un délai de mille jours. Le Message sonne comme une certitude dans l’esprit des mutants qui se décident donc à passer le reste de leur temps dans la liberté qu’ils s’octroient à l’intérieur d’un monde ravagé. Il en va de même pour les Chasseurs, qui, en-dehors de la chasse aux mutants, organisent des jeux de cirque. C’est dans l’ancienne ville de Marseille (Manhem) que Thomas et Léïa seront capturés par Sco (pour Scolopendre) le chef des Chasseurs. Par jeu ou par ruse, lui-même étant mis en cause par des supérieurs névrosés, Sco se décide finalement à libérer le couple alors que, inexorablement, le temps s’écoule jusque vers l’apocalypse finale.
Un roman pour adolescents, parfois tendre, souvent cruel, sur fond de destruction. Une intrigue progressiste stigmatise le racisme, la xénophobie, et plaide pour le droit à la différence. Il est dommage que la fin soit à l’emporte-pièce et ne satisfasse pas réellement le lecteur : on aurait aimé connaître l’origine et la finalité réelle de ce fameux "Message " !
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L'ange De L'abîme - Par BenF
L’Europe après le 11 septembre. Une ligne de front, oscillant entre la Pologne et le Delta du Danube, sépare les Européens et leurs légions d’anges des «Ousamas» (musulmans). La guerre totale, identique à celle de 14-18, broie des millions de jeunes gens, de part et d’autre :
« Avec des gestes lents, graves, les soldats de l’archange Michel écrasèrent leurs cigarettes, lacèrent leurs casques, déverrouillèrent les crans de sûreté de leurs armes. Au second aboiement, ils gravirent la pente de la tranchée, franchirent les murs de sacs de sable et foncèrent tout droit vers les positions ennemies. Ils n’eurent pas le temps de parcourir cent mètres. Les tirs nourris des mitrailleuses les fauchèrent l’un après l’autre sur le terrain plat et nu séparant les deux lignes. »
L’Europe sous la coupe d’une espèce de théocratie décline les divers grades militaires selon un vocabulaire religieux : des «Vertus», des «Chérubins», des «Trônes», des «Dominations » quadrillent le continent avec, à leur tête le puissant archange Michel, un vieillard obstiné et cacochyme, chef tout puissant d’une Europe exsangue, retiré dans son bunker de Roumanie. A l’arrière de la ligne de front pleuvent les bombes :
«Le déluge de bombes et de missiles est tombé sans interruption sur ces deux régions pendant plus de cinq ans. Les islamistes ont d’abord déferlé par le détroit du Bosphore. Leurs intentions étaient de libérer leurs frères albanais et, en même temps, de prendre pied sur le sol européen. Ils ont envahi la Bulgarie, puis la Macédoine, mais ils ont été repoussés en Turquie par la contre-attaque fulgurante des légions de Michel venues de Roumanie et de Hongrie. Il y a eu des millions de morts dans le coin. Des dizaines de millions. C’est la guerre la plus meurtrière, la plus dégueulasse que j’aie jamais couverte. »
La débrouille triomphe, les collaborateurs foisonnent, les crimes de toutes sortes sont légaux
« Ils se défonçaient aux bulles de champagne, aux pilules de toutes les couleurs, aux intrigues de salon et aux perfidies minuscules pendant que les bombardements jetaient des familles entières dans les rues, pendant que l’existence de millions d’hommes jeunes se brisait sur le front est, pendant que la légion traquait et exterminait des hordes d’orphelins livrés à eux-mêmes. »
Le racisme d’état, l’intolérance religieuse vide la France de ses Arabes – parfois sur un simple soupçon – pour les concentrer dans des camps d’extermination. Les jeunes gens qui ne souhaitent pas mourir se transforment en pilleurs de ruines, appartenant à des sortes de confréries les « cailleras», bandes organisées et puissamment armées.
Pibe est l’un de ces jeunes et le héros de cette histoire. Rendu orphelin d’une famille qu’il détestait, il sera accueilli au sein d’une caillera, pris en charge par une adolescente mystérieuse, Stef, qui lui assignera le but de son existence : partir à la rencontre de l’archange Michel. Périple qui n’est pas de tout repos puisque livré à lui-même lorsque sa caillera aura été anéantie par les légionnaires (devise : « Loi et Lance »), Il lui faudra parcourir une Europe dévastée pour atteindre Piatra, le siège du bunker présidentiel.
En parallèle, le lecteur suit les intrigues et histoires d’autres personnages, telles que celles d’un «ancien» de la légion des anges, de retour du front, mutilé mais encore viril, qui se produira dans des « life show » érotiques et clandestins pour femmes abandonnées :
« La dernière mode, c’est de mater et de tripoter des soldats qui reviennent du front. Il y a une grosse demande, et pas beaucoup de mâles présentables. Je te l’ai déjà dit : tu as un beau corps, une belle queue, plein de cicatrices, tout ce qu’il faut pour plaire à ces dames. Si tu fais l’affaire, il y aura une dizaine de soirées par mois. »
Ou celle de l’auxiliaire Talverad qui, anxieux d’une promotion, se verra offrir le commandement d’un camp d’élimination des Ousamas. Il n’ira cependant pas au bout de sa mission puisque piégé par son adjoint, il sera conduit à un suicide romantique en compagnie d’une jeune détenue arabe dont il est tombé amoureux.D’ailleurs au « CERI », l’adjoint promu chef à son tour, sera à l’origine d’une traque pour anéantir non seulement les leaders de l’opposition au régime angélique en place, mais encore tous les autres détenus, mitraillés par les SGM (Soldats Génétiquement Modifiés) :
« Le E de CERI signifie évacuation. Il s’agit, comment dire, d’un euphémisme pour désigner une évacuation radicale, une…élimination. L’Etat européen ne va tout de même pas élever des serpents venimeux dans son sein. Nous avons besoin de responsables déterminés pour mener à bien les opérations de nettoyage. Nos concitoyens ont compris qu’il était de leur intérêt de dénoncer les islamistes ou assimilés qui essaient de prendre racine dans le terreau européen. »
Pibe et Stef vivront des aventures cauchemardesques le long d’un parcours que l’on peut qualifier d’initiatique pour le jeune garçon. Se soutenant mutuellement, ils sortent indemnes d’un accident de train causé par l’explosion d’un «AK » (kamikazes islamistes). Ils se rétablissent auprès de Gog et Magog, deux frères passionnés d’informatique qui retransmettent les dernières nouvelles militaires par le web. Ceux là mourront, attaqués en pleine forêt par des « Zombis» ou « SDF » (vagabonds drogués et cannibales).
Fuyant le danger, Pibe et Stef se réfugieront dans un village rempli de mongoliens puis à bord d’un bateau clandestin qui les transportera en direction des côtes de l’Albanie. Incidemment, Pibe sauvera Stef d’un viol. Avec leurs compagnons, des Ousamas en fuite, bien plus ouverts d’esprit que maints Européens, ils aboutiront à Bucarest, puis de là à Piatra. Pendant ce temps Jean de la Valette, l’un des membres du sérail de l’archange, fait la connaissance de Mike, l’observateur américain. Par lui il apprendra (et nous aussi) l’origine de cette guerre entièrement initiée par les USA, afin d’amoindrir l’Europe et freiner l’expansion arabe tout en proposant de magnifiques contrats commerciaux :
« Faire durer cette guerre, disiez-vous. Par quel moyen ? La guerre de position, la stratégie de l’immobilisme, toutes ces conneries expérimentées pendant la guerre de 1914-1948. Tous ça se terminera par des millions de morts des deux côtés, des pays exsangues, d’énormes besoins de reconstruction, des marchés gigantesques, un baby-boom, une consommation effrénée, bref un retour aux bonnes vieilles sources du capitalisme. D’autant que nous, les Américains, nous nous débrouillerons pour passer encore une fois pour vos sauveurs. »
Ayant soutenu l’archange Michel dans son accession au trône de dictateur religieux et après quelque cinquante millions de morts plus tard, les Américains envisagent maintenant de changer de stratégie, en se débarrassant du vieillard pour y substituer un chef plus souple, en l’occurrence Jean de la Valette. Les événements se précipitent. L’archange, flairant un piège, déclenche une purge. Les jokers, Stef et Pibe ont réussi à s’introduire dans le bunker par des souterrains. Stef veut éliminer physiquement l’archange par vengeance : elle est la fille d’un ancien compagnon de route de celui-ci que le dictateur a assassiné. Stef, tenace, redoutable, toute entière imprégnée de la philosophie de Lao-Tseu qu’elle enseigne à Pibe, sait qu’elle aura sa chance, même si elle doit en mourir. Mais c’est Pibe qui tuera l’archange :
« Il se concentra sur son tir, pressa la détente, léger choc, onde de chaleur dans sa paume et son poignet. Il vit la petite étoile noire s’ouvrir au milieu du front de l’archange, se nimber de pourpre, l’ombre blanche se recroqueviller sur le fauteuil. »
Il sera sauvé par Mike qui a su immédiatement s’adapter à la nouvelle situation. La guerre prendra fin au moment même où l’adolescent, devenu enfin adulte, envisage de se rendre au Maghreb « pour apprendre à comprendre le cœur humain ».
Un avenir proche et terrifiant, minutieusement disséqué. Bien que certaines péripéties se rapprochent beaucoup du vécu européen durant la Grande Guerre, l’horreur, la haine, la stupidité des fanatismes explosent dans un roman sans concession.Prouvant par là, encore une fois, que, lorsque éclate la guerre « toute l’intelligence de l’homme se retrouve dans la trompette ». Un récit à lire et à méditer.
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Le Maestro De Babylone - Par BenF
Nous sommes en 2080. Le Maestro de Babylone est un très vieil homme de quatre vingt seize ans qui s’appelle Brian. Il est le dernier - du moins le pense-t-il - survivant d’une guerre " de Sécession " qui a affecté les USA et provoqué des changements climatiques avec une montée lente de l’eau. Ancien musicien, joueur de piano, il vit à New York, en homme primitif, ayant élu domicile dans ce qu’il appelle " le Musée " et " le Temple de la musique ". Il s’agit de deux pièces dans lesquelles il a rassemblé tous les instruments de musique qu’il a pu sauver, ainsi que des chefs-d’oeuvre picturaux et plastiques, notamment une statuette d’art primitif, qu’il aime par-dessus tout.
Son obsession est de jouer à la perfection une oeuvre d’un compositeur du passé, Andrew Carr, sur son piano Steinway. Il s’y essaye à de nombreuses reprises mais il lui manque l’auditoire approprié. Vivant en sauvage, sale et dégingandé, il se laisse aller à une primitivité qui lui fait regretter davantage la civilisation perdue. Une nuit, il perçoit le rougeoiement d’un feu, et, tout énervé, en déduit que c’est l’oeuvre d’autres êtres humains. La rencontre se fera avec Jonason et Paula, un très jeune couple qui est à la recherche " d’un vieux qui sait ", afin qu’il puisse les marier :
" le garçon dit: Nous avons besoin de vieillards. Les autres sont morts. Celui qui nous disait de l’appeler Jonas nous conseillait de ne pas nous guider d’après le sentier du soleil lorsque nous naviguions pendant de longs jours, mais de garder toujours la terre à bâbord. Nous avons besoin de vieillards pour parler de... pour parler... Le Vieil Homme est-il en colère? "
Brian se rend compte que quelque chose va de travers. Les jeunes sont méfiants, la communication difficile. Leur culture est étrangère à celle de Brian et ils manifestent une terreur religieuse absolue en sa présence. N’importe, Brian a trouvé son public. Très lentement, pour ne pas les effaroucher, il leur propose de leur faire entendre de la musique, ce qu’ils ne comprennent pas. S’installant à son Steinway, il joue le concerto d’Andrew Carr comme jamais il ne l’avait joué. Ses deux auditeurs, frappés de stupeur, s’enfuient et se livrent dans la salle de Musique à des rythmes barbares à l’aide d’instruments de percussion.
A l’arrivée de Brian, ils détalent à nouveau en emportant sa petite statuette car ils le prennent pour un démon maléfique. Le vieil homme, qui ne veut plus rester seul, tente de les suivre avec son canoë, le long de l’Hudson. Plus vigoureux que lui, ils le distancent. Dépité, en colère, Brian leur lance sa pagaie, geste dérisoire qui scelle sa mort, puisqu’ entraîné par le courant et ne sachant nager, il débouche en pleine mer...
Une nouvelle présentant le thème du dernier homme sous l’angle de l’obsession artistique. La communication est rompue entre l’Ancien et le Nouveau et le héros meurt sans regrets ayant parachevé son oeuvre musicale.
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L'ange Du Desert - Par BenF
Vol. 01:l’Ange du désert, Fleuve Noir éd., 1986, coll. "Anticipation " N°1456, 1 vol. broché, in-12 ème , 186 pp. couverture illustrée, roman d’expression française
1 ère parution : 1986
Ange le motard sillonne le désert d’un monde néo-barbare en compagnie de Cobra, le chef de la bande, pour s’approvisionner dans des stations qui, bien qu’à l’état de ruines, délivrent encore de l’essence, inexplicablement. Comme occupations, ils chassent le « Sédentaire » et le
« Pillard ». Une suggestion s’empare de l’esprit d’Ange : aller en direction du Sud vers la fameuse ville de Lankor où vivrait, dit-on, le dieu Gelnar. En compagnie de Krina, une jeune femme rencontrée lors d’un coup de main, ils franchissent la rivière Styx et réussissent les épreuves qui leur permettent d’entrer dans l’immense ville-forteresse.
Loin d’être le paradis imaginé, Lankor est le fief de Gelnar, le responsable de l’état désertique de la terre. Agé de plus de quatre cents ans grâce à des manipulations génétiques, Gelnar aurait décidé de devenir le maître du monde. Par la mise en place de stations météo (cachées sous d’anciennes stations d’essence !), il a réussi à déséquilibrer le climat terrestre pour ne permettre que la survie de trois types d’humains : les « Motards », les « Sédentaires », les «Pillards ».
Ange apprendra par Sinddès le Guérisseur que sa venue à Lankar n’est pas due au hasard, mais programmée depuis longtemps par Gelnar et sa fille Krina presque aussi vieille que son père. Ange et Sinddès sont en réalité deux opposants à Gelnar qui s’étaient fait cryogéniser jadis, chacun avec une mission particulière.
Celle de Sinddès consistait à préparer la venue d’Ange en ce monde désertique. Celle d’Ange, artificiellement conditionné pour se croire né en ce nouveau monde, était de déstabiliser le tyran. Gelnar a été le plus rapide. Manipulant Ange inconscient de son état réel, il lui fait déconnecter l’ordinateur qui seul aurait pu mettre fin à la sécheresse. Après ceci, il le livre à ses anciens amis qui s’opposent à lui en une série de combats singuliers.
Tout ne se passe pas comme prévu; Krina trahit son père, à qui elle voudrait succéder. Elle libère Ange tandis que Sinddès commence à détruire les stations-météo. La conséquence immédiate en est la pluie ce qui laisse songeur Ange : le motard du désert sera-t-il lui aussi un inadapté ?
Vol. 02 : la Ville d’acier, Fleuve Noir éd., 1986, coll. "Anticipation "N°,1457, 1vol. broché, in-12 ème , 186pp. couverture illustrée, roman d’expression française
1 ère parution : 1986
Où l’on retrouve Ange avec une nouvelle compagne. Ils espèrent mettre fin au règne de Krina. Par une négociation savamment menée, Ange réconcilie Résidents et Pillards qui le suivront dans sa nouvelle quête.
Avec ses compagnons, Hickory, amoureux de Roni, et Fetch le bagarreur, ils investissent la cité en passant par les souterrains tandis que le reste de la troupe développe une attaque frontale en guise de diversion. Aidé par Douglas, le chef des citoyens rejetés dans les égouts, Ange destitue Krina. Cependant, fatigué par toute cette fureur, il n’aspire qu’à une chose : retrouver son cher désert. ! Mais là encore, il se trompe, car c’est à lui que l’on remet les clefs de la ville.
Un petit texte dont l’inventivité s’épuise vite… comme le lecteur. L’auteur se lasse de ses personnages, pratiquant à leur égard une distanciation ironique peu charitable. Alors pourquoi diable, a-t-il tenu à rajouter ce deuxième épisode ?
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contient les nouvelles :
la Tanière (Bernard Fischbach)
Coup d’œil fugitif sur une tranche d’avenir possible (André Cabaret)
Dire l’Alsace (Jean-Claude Walter)
le Retour d’hiver (Henry-Luc Planchat)
Exil (Laurence Stocky)
Un jour et des poussières (Jacques Stoll)
la Fin des usines de confiture (Jean-Paul Sorg) (non analysé, hors domaine)
le Château de l’hydrocéphale quelque part dans les Vosges (Jean-Pierre Hubert)
Atomheim (Louis Périn)
Givre et Sang (Guy Heitz)
L’Evêque de Strasbourg (Roland Engel)
les Hérétiques (Cyrille Kaszuk) (non analysé - hors domaine)
Vertige vertébral (Béatrice Kad)
Appel à tous contre la bombe atomique (Jean-Paul Klee)
Aaaah ! Louvila (Syvie Reff)
les Guêpes géantes de Fessenheim (Daniel Walther)
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Ton Sang Tel Du Lait - Par BenF
L’adorateur du soleil, le prêtre de Tetzcatlipoca, Considine, le guerrier au buggy de feu, gît dans son filet avec deux de ses acolytes, prisonnier des W.A.S.P. (White Anglo Saxon Protestant). Il subit la douleur inouïe de son sang qui lui est soutiré par l’infirmière Marina en compensation de ses crimes. Car, dans cette société du futur, sur une terre totalement plongée dans un smog perpétuel, deux classes sociales se partagent le pouvoir: ceux de «l’Establishment », dit aussi les W.A.S.P., enfermés dans leur dômes de plastique, et les adorateurs du soleil qui, comme Considine, sillonnent les autoroutes dans leurs buggies dans l’espoir d’assister à cet événement inouï, le smog qui se déchire et qui laisse entr’apercevoir un coin de ciel bleu parsemé de lumière. Parfois les guerriers de la route, dans leur hâte, se laissent aller à renverser ou tuer l’un de ces honnêtes citoyens. Capturés, ils sont condamnés, par une stimulation permanente, à fournir leur sang comme gage de réparation.Mais Considine, qui connaît toute la valeur d’un sacrifice, se sent porté par sa mission et possédé par Tetzcatlipoca, le dieu aztèque du soleil.
Par une impérieuse et mystérieuse domination psychologique, il convainc Marina de le libérer et de fuir avec lui à la recherche du soleil. Cette fois-ci, il a la certitude de réussir puisqu’il offrira au dieu lumineux le cœur de la jeune fille, arraché tout sanglant de sa poitrine, avec un authentique couteau cérémoniel aztèque. La mise a mort a lieu. Elle semble plaire au dieu puisque le brouillard se déchire. Mais Tetzcatlipoca est aussi un dieu trompeur. De partout Considine entends des messages l’avertissant qu’il se trouve en danger de mort s’il reste dans la lumière :
« Espèce de maniaque assoiffé de sang. Je m’en fiche. Je ne peux rien voir là-haut. Où est la couche d’ozone ?! Je me suis tourné vers lui sans comprendre, tenant toujours le cœur trempé de sang. -Quoi ? -La couche d’ozone dans la haute atmosphère, tu ne comprends pas qu’elle est partie ? Le centre météo est en train de crier au meurtre ! les radiations dures arrivent jusqu’à nous. Tu vas brûler à mort si tu restes là-dehors. C’est pour ça qu’il n’y a pas de plantes, imbécile ! Répandre le sang n’y fera rien !. »
Par un effet de catalyse, le smog en s’évaporant a détruit la couche d’ozone qui protégeait la terre :
« C’était bien plus que l’ozonosphère qui s’était altérée en ces mutations chimiques des dernières heures. Le voile funèbre de crasse qui avait enveloppé la terre pendant tant d’années se transformait rapidement, quel que soit le nouveau catalyseur qui s’était trouvé un asile dans le smog ; à présent, partant d’un point et se déployant aux alentours avec le catalyseur comme avant-garde (…) sur une onde frontale à partir d’un point lumineux, le smog métamorphosé cédait aux radiations dures issus du soleil nu. »
Cette tache de feu ira en s’accroissant jusqu’à englober le globe qu’elle stérilisera entièrement. Considine, en accomplissant son sacrifice, a condamné la terre à périr.
Une nouvelle curieuse et originale dont la forme même (surtout dans sa langue d’origine) témoigne de sa radicale nouveauté.
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Le Maître De La Guerre - Par BenF
Des jeunes gens, naufragés du paquebot «Océania», dérivant sur une barque, abordent une île polynésienne inconnue. Se figurant être sauvés, ils déchantent rapidement. L’île est la propriété du prince Fédor Kareine, un scientifique éminent et un anarchiste notoire qui a déclaré la guerre à la guerre, et qui hait les pays européens :
« Je hais la guerre. Par la guerre j’ai perdu tout ce que j’aimais. Ma femme, mes plus jeunes enfants, massacrés dans leur domaine de Silésie ; mon fils aîné, tombé en défendant la France. Mon frère, enfin, qui habitait l’Angleterre et qui périt sur le même front. ( …) Dès que je serai en mesure de transporter en Europe les bombes dont je poursuis la fabrication, c’est sur toutes les nations en armes que j’exercerai ma vengeance ;
-Sur la France ! s’écrièrent Raymond et Lucien, indignés. »
En ce but, il a mis au point un gaz toxique puissant qui, lâché au-dessus d’une grande ville, provoquera la mort des citadins. Cette révélation révolte Dora et Lucien, Raymond et Georges. Kareine leur donne le choix : soit de mourir tout de suite, soit de travailler à la gloire du maître. Ils s’inclinent, attendant le moment favorable pour passer à l’action.
Le maître (l’étourdi !) leur assigne des fonctions importantes. Ainsi, Georges s’occupera de l’usine hydroélectrique alimentant en énergie les ateliers, et Lucien deviendra le secrétaire de Kareine. Le moment de passer à l’action enfin venu, George sabote l’usine ce qui détruit les installations du maître et annihile la menace toxique. Nos jeunes héros mettront le cap sur l’Australie dans un navire dont l’équipage est acquis à leur cause.
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Angel Felina - Par BenF
" Tous les chiens malades, les tueurs en puissance, étaient vaccinés contre la panleucopénie (typhus) du chat, injection qui était censé les immuniser, eux, contre la gastro-entérite infectieuse. La gastro-entérite avait fait des ravages dans le monde canin ces dernières années et on n’avait trouvé que ce vaccin habituellement destiné aux félins pour enrayer l’épidémie. Jusqu’à preuve du contraire la " felina " avait eu les résultats escomptés. Les chiens ne mouraient plus de gastro-entérite. Seulement, si ce vaccin s’était rapidement avéré efficace, on n’en connaissait pas les effets secondaires sur un organisme canin. "
L’un de ces effets secondaires est de transformer tous les chiens en d’implacables tueurs, avant qu’eux-mêmes ne meurent d’épuisement nerveux. Changeant brusquement de comportement ils s’attaquent à l’homme dans des accès d’une férocité inouïe que l’auteur se complait à décrire:
" Son estomac se retourna comme une chaussette et il dégueula direct sur le carrelage. Jamais un homme, dans ses pires cauchemars, n’avait entrevu de telles images d’épouvante (...) Dans le couloir, à quelques mètres de lui, un bébé de quelques jours remuait doucement, sur le dos, éventré, son embryon de vie s’échappant lentement. "
Le carnage ne s’arrête pas là car " le virus de Penshurst " du nom du stagiaire médical qui l’a découvert, est doué d’une remarquable mutabilité puisque des chiens il se transmet aux rats et finalement à ...l’homme. La résistance humaine (surtout citadine) s’organise tardivement tant le phénomène paraît incroyable et lorsque l’inéluctable apparaît clairement, il est déjà trop tard: les hommes sont infectés. L’ensemble du roman est ainsi ponctué de descriptions réalistes touchant les carnages. A travers une multiplicité de personnages , le lecteur suit la progression du mal.
L’un de ces personnages semble jouer un rôle déterminant. Il s’agit d’un jeune homme, sorte de hell’s angel dit " Angel Felina ". S’étant écrasé avec sa moto dans un parking, il est ramené apparemment mort par le gardien, Marbre, dans l’appartement de Gadget, la petite amie d’Angel. Là, il repose sur un lit, exerçant une incompréhensible attirance envers les humains qui l’approchent et les ...chiens. Une mystérieuse prédiction apparaît sur un mur de la chambre (C4-C3, etc. CHIEN , R4, R3, etc. RAT, H4, H3, etc. HOMME ) qui se veut être la traduction symbolique de la progression de l’épidémie. Le récit se clôt sur une sorte de résurrection d’Angel, être extraordinaire aux pupilles fendues comme celles d’un chat. On se perd en conjectures sur son rôle exact: est-ce un chat incarné qui se venge des chiens et de l’homme?, un démon qui a décidé la fin de l’espèce humaine ? L’ange du septième sceau de l’apocalypse? Le lecteur n’en saura jamais rien.
"Angel Felina" a l’avantage d’être un récit formellement bien enlevé. On sent que l’auteur a de la patte (de chien!) puisqu’il connaît ce qui fait plaisir à un certain lectorat: l’horrible, l’innommable, le " gore ", le tout empaqueté dans une langue argotique pur style. Hormis cela, l’argument reste mince, la menace peu crédible, l’épidémie à peine évoquée, les réactions humaines nettement sous-évaluées. Le catastrophisme apparaît comme un prétexte à une débauche de visions " sanguinolentes ".
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