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Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
Livres
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La Mere Des Tempêtes - Par BenF
2028. Le monde a profondément changé grâce à l’informatique. D’autres nations se sont formées et se disputent la prééminence dans un contexte planétaire. De nombreux personnages vivent leur vie personnelle et se retrouveront alternativement en compagnie des uns ou des autres au fur et à mesure du déroulement du récit.
Une rivalité opposant la République de l’Alaska et celle de la Sibérie d’Abdulhashim mettra le feu aux poudres. Afin d’annihiler le stock de missiles de la République de Sibérie, les Etats-Unis lanceront une contr’attaque avec des missiles nucléaires, ce qui changera la face du monde. Les engins de mort, s’enfonçant profondément dans la banquise polaire, libèrent des centaines de milliards de tonnes de méthane dans l’atmosphère jusque-là maintenues à l’état de clathrates au fond de la mer. En quelques jours l’atmosphère se réchauffe provoquant un effet de serre inattendu et mortel.La conséquence en est la naissance d’un extraordinaire cyclone tropical, baptisé " Clem " qui, pompant l’énergie de l’océan Pacifique menacera de plus en plus dramatiquement à travers son trajet erratique l’espèce humaine, plus particulièrement celle située le long des bordures continentales:
" Le rapport qui sera rendu public et communiqué à l’ONU affirme que l’été prochain verra l’émergence d’une vingtaine d’ouragans, de typhons et de cyclones d’une violence inconnue à ce jour, de sécheresses radicales dans les zones tempérées et de moussons dévastatrices dans les tropiques; les neiges d’Afrique de l’Est se transformeront en glaciers et la Colorado River cessera probablement de couler; la famine, les inondations et les tempêtes causeront la mort de plusieurs dizaines de millions de personnes (...) Il sera probablement impossible de sauver les Pays-Bas et très certainement impossible de sauver le BanglaDesh ainsi que les très grands deltas. Certaines îles du Pacifiques seront rayées de la carte et, dans l’hémisphère Sud, les glaciers de l’Antarctique gagneront en volume durant l’hiver austral pour fondre plus rapidement que d’ordinaire en octobre et novembre. Les conséquences de ce dernier phénomène sont encore imprévisibles. "
Il en résultera un milliard de morts ainsi que l’écroulement des anciennes nations avec une nouvelle donne géopolitique.
Le cataclysme est vécu " en direct " grâce aux acteurs de la XV, chaîne télé qui permet l’empathie totale des spectateurs par le biais des branchements informatiques de simulation. L’événement est vu, ressenti, analysé à travers les acteurs de la XV (certains acteurs mourront en direct), relayé par des centaines de millions de téléspectateurs:
" Ils s’effondrent doucement sur la moquette, toujours tendrement enlacés, sentent la fatigue s’emparer de leurs corps. Bill prend le visage de Candy en coupe et l’embrasse; sa bouche est grande ouverte et lorsque Porter zappe sur elle, il constate qu’elle est encore en train de jouir, que des vaguelettes de plaisir montent encore de sa vulve endolorie.
La bourrasque choisit cet instant pour frapper. Le vent cyclonique est susceptible de doubler, voire de tripler sa vitesse initiale. Cette bourrasque, venue de la mer brise simultanément toutes les fenêtres de l’hôtel. Les deux tourtereaux ont à peine le temps de voir la baie vitrée se fracasser contre le mur; Candy ouvre la bouche pour hurler."
Enfin les "datarats", sortes de programmes informatiques "intelligents", en puisant et en volant les informations ultra-secrètes des ordinateurs, permettent, en quelques nanosecondes, de révéler à qui le désire, les secrets découverts. Les personnages du récit se livrent ainsi une guerre larvée à coups de manipulations informatiques par datarats interposés.
Les uns en profiteront, telle la présidente des Etats-Unis, Brittany Lynn Hardshaw, pour hâter l’émergence du nouveau monde, parfois à leur propre détriment, et pour lutter contre les éléments naturels. Les autres s’en serviront à leur profit personnel comme Jameson, la journaliste ou John Klieg, le requin de la finance internationale.
Clem et ses rejetons constituent l’unique souci de Hardshaw. Comment arrêter ou atténuer l’effet des cyclones? Elle se tient au courant de la situation à travers Carla, une femme spécialiste mondiale de la météorologie qui croise dans la pacifique avec son sous-marin personnel. Carla est en liaison avec son époux Louie Tynan qui tourne sur orbite terrestre, dernier humain dans un espace totalement robotisé. Ces deux personnages joueront un rôle de premier plan dans le récit. Grâce à eux la terre sera sauvée. Louie, inutile jusque là, reçoit soudain l’ordre de réactiver la base robotique lunaire pour des lancements éventuels. En ce but, il se branche en visualisation symbiotique sur les machines-robots disponibles à la surface lunaire. Une conséquence inattendue de cette manipulation en est la transmutation asymptotique de son esprit, bientôt totalement imprégné par des programmes de plus en plus sophistiqués qui développeront ses capacités de manière exponentielle: il représentera à très court terme l’équivalent de milliards de cerveaux humains en connexion, et ses facultés continuent encore à se développer:
" Pour lui, huit mille ans environ se sont écoulés. Il utilise plusieurs milliards de processeurs, en fait il atteindra le trillion cet après-midi même, et comme chacun d’eux est massivement parallèle, il fait tourner en tout plusieurs quintillions de programmes (...) Il s’amuse à élaborer une douzaine de projets destinés à transformer Jupiter en petit soleil pour faciliter la terraformation de ses lunes, imagine quelles nations pourraient s’y établir ".
Heureusement pour l’espèce humaine, Louie reste une sorte de dieu bienveillant et compatit à son malheur. En connexion avec Carla, qui s’est totalement immergée dans le web terrestre, Louie abandonne son corps physique pour être plus à l’aise, et envisage de mettre fin aux activités du cyclone Clem en transportant à proximité de la terre une comète de glace puisée aux confins du système d’Oort, de la découper en tranches (" des fresbees "), et de les lancer dans l’atmosphère terrestre en vue de rafraîchir la terre. Le mécanisme cyclonique s’arrêtera ainsi de lui-même, privé d’énergie calorique.
Durant ce temps, Klieg le financier avec son idéologie de la middle-class et ses datarats, apprend que tous les lanceurs terrestres seront détruits par le cyclone. Comme il en envisage toutes les conséquences, il installe sa propre base de lancement dans la république de Sibérie, s’acoquinant avec un financier du coin. Hardshaw aura besoin de lui pour se débarrasser du fléau par le lancement d’une myriade de ballons en mylar dans la haute atmosphère, ce qui réduira l’intensité lumineuse, donc l’énergie disponible pour Clem. En situation monopolistique, Klieg est, en désespoir de cause, l’autre espoir de l’humanité. Louie se rend compte cependant que si d’aventure Klieg remportait la mise, sa réussite livrerait la Terre à la plus féroce dictature jamais envisagée.
Restent Synthia Venture alias Mary Ann, la reine hard du porno de la XV, et Jesse , l’amoureux éconduit. Ils se retrouvent au Mexique, elle fatiguée d’être le modèle de la copulatrice médiatisée, et lui à la recherche d’un vrai amour "centré". Ils vivront ensemble leur amour dans un décor bouleversé par le cataclysme et s’ouvriront à l’amour des autres en se forgeant un destin grandiose. Par sa notoriété et grâce à l’empathie universelle de la XV, Synthia deviendra l’outil consentant de Hardshaw qui lui proposera d’être le modèle positif d’une renaissance sociale. A travers Synthia, les survivants pourront reconstruire un monde meilleur.
Berlina Jameson, la journaliste par qui le scandale est arrivé, devenue célèbre grâce aux secrets diplomatiques qu’elle a pu révéler avec ses datarats, est aussi manipulée par la présidente Hardshaw en vue de piéger Klieg dont Louie lui a signalé le danger énorme que ce dernier constituerait pour l’avenir. Et, durant que ces personnages se battent ou s’unissent, les cyclones s’amplifiant, balaient le monde:
" Clem 650, le cyclone dont le bilan se révèle le plus meurtrier, est certes l’un des plus puissants qu’ait engendré Clem, mais il frappe au bon endroit et au bon moment. Il était impossible d’évacuer le Japon et, en dépit de leurs parcs de réplicateurs, les Japonais n’ont pas eu le temps matériel d’édifier assez de digues. Clem 650 tourne au nord-est de Honshu et ravage un corridor peuplé d’êtres humains condamnés à l’avance. Il en tue cinq cents millions en l’espace de neuf jours. Le 26 août, il arrive au large de Yokohama, et le lendemain, bien que les autorités japonaises conservent un silence obstiné, on apprend grâce aux radars que Tokyo n’est plus qu’un champ de ruines. Clem 650 fonce vers le sud, achève de submerger Honhsu et Kyushu, envoie une marée de tempête sur les côtes de Chine et jusque dans le détroit de Formose. En s’engageant ainsi dans le détroit, cette marée donne naissance à un courant si puissant qu’il arrache à la côte tous les ports situés entre Quanzhou et Zianjang - y compris Hongkong et Macao -, à la façon d’un jet d’eau fendant une plaque de neige. Les images en provenance de la Chine sont horribles : on voit des masses d’hommes et de femmes piétiner des montagnes de cadavres dans leur fuite éperdue. "
Louie revient finalement en orbite terrestre avec sa comète. La terre est sauvée mais pleine de cicatrices. Au plan géographique, des terres ont sombré, des mers sont apparues. Au plan politique, des pays ont disparu, des états nouveaux se sont imposés. La prééminence des Etats-Unis est terminée. Enfin, au plan de l’espèce humaine, un nouvel être est né : un quasi-dieu, Louie Thynan, qui veille sur la destinée des êtres humains.
"la Mère des tempêtes" est un ouvrage complexe croisant habilement divers thèmes, les uns anciens, comme celui de "la tempête universelle", et d’autres appartenant au courant cyberpunk. La richesse des descriptions, l’effet de réel engendré par la véracité scientifique des faits, apparenté à la hard-science, la trame de fond des intrigues politiques sans que ne soit abandonnée l’épaisseur psychologique de personnages incarnés, traduisent le métier de l’auteur et sa volonté de susciter un livre-univers crédible quant à un futur alternatif proche. L’analyse des conséquences du web et son interaction avec l’être humain en est une de ses créations les plus fascinantes.
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Le Satellite Artificiel - Par BenF
Le narrateur relate le lancement d’un satellite scientifique d’un poids de trente deux tonnes censé balayer la surface de la terre. Dans son journal, jour après jour, il nous fait part de ses inquiétudes.Ayant embarqué à bord d’un paquebot qui rassemble quantité de militaires ainsi qu’Ammya, qui deviendra sa maîtresse, il apprend de la bouche de cette dernière que ce satellite est en réalité destiné à des usages militaires, et notamment celui d’éliminer l’ennemi en arrosant de vibrations létales chaque pouce de son territoire.
Hasard ou mauvais réglage, le satellite provoquera, dans sa course autour de la terre, la disparition de toute vie. Puis, le narrateur quitte le navire avec son amie pour se rapprocher de mystérieuses et géantes statues lumineuses, de forme humaine, surgies de nulle part et qui rayonnent à l’infini. Auprès d’elles, se croyant en sécurité, ils régresseront pour finir par se dissoudre dans le néant.
Le lecteur se perd en conjectures (cela tombe bien puisqu’il aime la science-fiction) quant au sens de cette petite nouvelle. Seul subsiste le sentiment d’une réalité autre évoquée trop brièvement.
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Au Soleil De L'avenir - Par BenF
Ceci est une narration documentée de la journée d’un «militaire fonctionnaire» lors d’une guerre civile au vingtième siècle. Après avoir touché son uniforme et son arme, sa « journée de travail étant terminée », il rend visite à Séraphine, son « associée corporelle ».
La nuit « on entendait bien au loin quelques coups de feu, quelques tapages de bombe, mais de pareils bruits étaient trop habituels à cette époque pour (qu’ils en fussent) incommodés »
Le matin, les coups de feu qui pénètrent dans l’appartement ne semblent pas gêner Séraphine. D’ailleurs, alors qu’ils étaient en train de boire leur café (fait avec de « l’eau de l’Etat ») sur le balcon d’en face, ils virent un insurgé « à la maigre figure de Celte rageur, au gilet de lame brune et au chapeau melon »
Une balle traverse le képi du narrateur qui aide courtoisement » l’agresseur à venir les rejoindre car « il serait trop ridicule, lorsqu’on a vécu au vingtième siècle, d’en vouloir à celui qui, essayant de vous tuer, n’a pas réussi. »
L’insurgé leur parle de la dureté de son métier d’ouvrier, à fournir des pièces d’habillement aux grands de ce monde, un commerce en quasi-faillite. Légitimement, il a brandi l’étendard de la révolte, tirant sur tout ce qui porte l’uniforme, sauf qu’à l’instant même il avait vu son adversaire sans képi, il a su qu’il s’était trompé à son sujet. Séraphine lui apprend que le conflit perdure dans certains cantons d’Asie orientale, ce qui le remplit de joie, puisqu’il a encore « du pain sur la planche pour ses (cinq) enfants ».
Un récit étonnant dont l’impression surréaliste se dégage d’une description présentant la guerre civile comme une formalité à remplir dans le cadre d’une relation habituelle et codifiée par l’administration.
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La Fin Des Temps - Par BenF
" Nous regarderons brûler les fleuves sous les ponts
Nous regarderons les incendies à la tombée du crépuscule
Nous assisterons à la fin de l’éternité
Les égouts répandront des odeurs d’au-delà
L’herbe rouge des deuils
Poussera entre les passages cloutés
Nos lèvres desséchées chercheront l’alcool triste
Les jardins agiteront leurs fleurs
Comme des signaux de détresse
Ce sera le dernier jour du monde
Peut-être que l’impatience de mourir
Nous donnera le courage d’espérer.
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Le monde a cédé à la pollution due à l’emploi abusif du charbon. Toutes les basses terres d’Australie sont noyées dans un smog impénétrable. Il reste quelques survivants, les "Perms" qui vivent dans le Smog et qui sont dangereux, ainsi que quelques groupes humains basés dans des villages de hautes montagnes, au-dessus du smog. Farouchement fermés sur eux-mêmes, ces petits clans évitent – et au besoin tuent - tout ce qui est étranger. Ils subsistent sur les ruines d’une civilisation technologique brillante dont ils utilisent les miettes comme, par exemple, des voitures qui fonctionnent à la vapeur. Paradoxalement, l’énergie ne leur manque pas puisqu’ils ont réussi à remettre en activité l’une ou l’autre station hydroélectrique :
" Qu’est-ce qui avait mal tourné à ce moment-là pour l’espèce humaine ? Difficile à dire, car il ne restait que peu de données. Mais la cause première de l’effondrement n’avait-elle pas été cette tendance des minorités à s’attaquer aux structures sociales existantes, sans avoir, pour les remplacer, le moindre système viable ? Détruire était devenu trop facile. Il y avait eu d’abord ce sabotage hystérique de deux centrales nucléaires. Suivi de l’incendie des mines de charbon pour tenter d’inverser la tendance ! La plus grande partie du Smog marron qui recouvrait toujours le Dehors, à l’ouest et au sud, provenait de cet incendie des mines à ciel ouvert de Yallourn et de Morwell, feux immenses qui avaient fait rage bien avant la naissance de Roy "
Roy, un jeune homme, est peu à l’aise dans son milieu . Il recherche un contact avec l’extérieur. Chaque nuit il contemple dans le ciel un satellite artificiel qui doit, selon lui, abriter des hommes évolués, lancés à la conquête de l’espace quelques siècles plus tôt. Défense est faite à quiconque d’entrer en contact avec le satellite car il est présumé dangereux.
Avec l’aide d’Ev, la bibliothécaire, et Jill, sa petite amie, Roy transgresse l’interdit. Il communique avec le satellite par signaux lumineux. Vaya, une troublante jeune femme extraterrestre – quoique âgée de plus de cent vingt ans – répond à ses appels et lui propose un échange : les secrets de sa très grande longévité contre des artefacts d’ancêtres terrestres. Roy, ayant précédemment découvert une sorte de musée, s’y rend en compagnie de ses nouveaux amis. Repéré par les siens, immédiatement stigmatisé comme traître, il est recherché par Max Lang et Snowy pour être mis à mort.
Les extraterrestres, des colons terriens peuplant maintenant Merodak, une planète lointaine de type terrestre, se dévoilent alors à tous et offrent de nombreux cadeaux aux terriens survivants. Roy, réhabilité, se prépare à partir avec Jill, pour un voyage sans retour sur la planète Mérodak. Tout de suite après le départ, ils ont vent de la véritable nature de leurs nouveaux amis : Vaya ainsi que les autres, sont des robots actionnés à distance par d’anciens Terriens que des siècles de manipulation génétiques ont transformé en monstres bienveillants à quatre bras. La longévité est à ce prix…
Un space-opera plat qui se déroule sur fond de décor cataclysmique Rien ne ressort à la lecture sinon une seule question: quelle forme ont-ils vraiment, ces extraterrestres?… C’est beaucoup de mots pour pas grand-chose...
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Le Second Deluge - Par BenF
Cosmo Versal, savant infatigable et riche, est convaincu de l’imminence d’un second déluge qui noierait la terre sous plus de six mille mètres d’eau, ne laissant dépasser que les monts les plus élevés des Andes et de l’Himalaya. Catastrophe programmée pour un avenir proche puisque la Terre devra traverser le cœur de la nébuleuse aqueuse de Lord Rosse, responsable du désastre. Avec son fidèle ami Joseph Smith, la décision sera prise de construire l’arche du salut en vélium, un métal léger et résistant qui n’emportera dans ses flancs que mille personnes soigneusement choisies et des animaux appariés, utiles à l’homme. Sa philanthropie le pousse à tout faire pour mettre en garde le monde du danger qu’il court. Quolibets, mépris et ironie seront les réponses à son souci, en provenance de la part de ses collègues, surtout du plus acerbe d’entre eux, le professeur Pludder, doyen des sociétés scientifiques.
Les premiers signes des tempêtes à venir changent les comportements et certains sollicitent leur entrée dans l’arche. Dans son choix, Cosmo privilégie les professions plutôt que les statuts, et l’honnêteté plutôt que la richesse ou l’appartenance à la race blanche. Les scientifiques, les artistes, les enseignants seront représentés ainsi que des familles avec des enfants (deux au maximum). Les prémisses de la catastrophe se font sentir:
« La tempête de neige qui éclata aussi soudainement à Washington ne fut pas un phénomène local. Elle se manifesta par toute la terre, coupant les lignes télégraphiques et empêchant toute communication. Seul le téléphone sous-marin demeura intact et transmit les plus surprenantes nouvelles. A Londres, la tour Victoria s’était en partie effondrée ; à Moscou, il ne restait que quelques pierres de la merveilleuse église de Saint-Basile. La tour penchée de Pise s’était écroulée. Le dôme de Saint-Pierre à Rome s’était pendant un service religieux entr’ouvert, et refermé sur les fidèles terrifiés. »
Devant le péril, l’arche est prise d’assaut. Cosmo Versal n’est plus méprisé ou moqué mais haï par tous ceux qui n’ont su prévoir. Connaissant le misérable comportement humain, Versal a fait entourer son arche d’une clôture électrique empêchant ainsi son accès à quiconque. D’ailleurs la montée rapide des eaux règlera définitivement le problème. Toutes les grandes métropoles étant déjà sous les eaux, l’arche se met à flotter :
« Le flot submergea tous les quartiers de New York situés à moins de vingt pieds d’altitude : destruction incalculable ! Les vaisseaux qui ne sombrèrent pas vinrent se fracasser contre les monuments. San Francisco disparut ainsi que Los Angeles, Portland, Tacoma, Seattle. Sur la côte Ouest de l’Amérique du Sud, les vagues se frayèrent un passage jusqu’à la Cordillière des Andes. Les deux plus grands océans du monde semblaient vouloir ne plus former qu’un seul lit.»
Quelques autres tentatives isolées de sauvetage auront aussi lieu. Ainsi Pludder embarquera sur un aéronef de sa conception « l’aéro-réflex » en compagnie du roi d’Angleterre. La solution la plus originale sera adoptée par un Français, De Beauchamps, commandant le sous-marin «le Jules Verne ». Celui-ci, faisant la connaissance de Cosmo Versal, naviguera de conserve avec l’arche, le long des côtes européennes et au-dessus de Paris englouti :
« Et nous voilà dans Paris. On distinguait encore l’emplacement des quais à la hauteur du Point du Jour. Le Champ de Mars était la seule étendue navigable. L’Arc de Triomphe se dressait comme autrefois avec ses groupes héroïques. Il est triste de penser que toutes ces merveilles, que tous ces chefs-d’œuvre de l’architecture, que tous ces lieux de plaisir servent aujourd’hui de refuge à la faune marine. Le Panthéon se dresse encore sur sa colline : mais le dôme s’est effondré ; Notre-Dame n’a plus que ses deux tours ; et au palais du Louvre, à travers les murs éventrés on aperçoit des toiles déteintes et des statues mutilées. »
La pluie dure, comme dans la Bible, quarante jours et quarante nuits, jusqu’à la sortie de la dépression causée par la nébuleuse. Dans l’arche, l’on ne s’ennuie pas. Parfois même, l’on s’imagine être en croisière et les artistes y donnent des pièces de théâtre, Shakespeare notamment, ou des pièces de musique symphonique.Les rescapés flottant sur un océan devenu planétaire, mettent le cap en direction de l’Himalaya, en un trajet les menant au-dessus des Alpes, de la Mer Rouge, des côtes de l’océan indien , des hauts plateaux du Tibet, navigant au-dessus des cités détruites et d’anciennes capitales du monde :
« Le Rhin gonflé par cette fonte déborda, submergeant tout sur son passage ; Strasbourg disparut sous les eaux : seule la flèche de sa Cathédrale pointa, tel un doigt, vers le ciel. La mer de glace à Chamonix, et tous les autres glaciers du Mont-Blanc se liquéfièrent, noyant les plaines du Dauphiné, du Piémont et de la Lombardie, emportant Genève, Turin, Milan, dans leur torrent. Les mers, les lacs et les fleuves se réunirent pour ne plus former qu’un vaste océan qui se précipita dans le désert du Sahara, et les malheureux indigènes qui, depuis tant de siècles luttaient contre la sécheresse afin d’apporter dans le désert l’eau nécessaire à la culture, éperdus, n’essayèrent même pas de se sauver. »
A bord, la vie paisible fut toutefois perturbée par une mutinerie que Cosmo réprimera avec la dernière sévérité et par l’arrivée de rares survivants, tels que le banquier fou Adams ou celle de Pludder avec son ami le roi, dont l’aéro-réflex s’était abîmé dans les flots. Beau joueur, ce dernier reconnut enfin son erreur vis-à-vis de Versal.
Ayant quitté les sommets himalayens de Gaurisankar, disparus sous les flots, Cosmo Versal eut une surprise de taille en abordant les monts du Colorado. Non seulement il y trouva une terre émergée, un haut plateau, mais encore de nombreux rescapés qui vinrent à sa rencontre en barque. Le monde entier n’avait donc pas été noyé. Comment était-ce possible ?
Sa théorie était qu’un « batholite » (une espèce de plateau continental) avait vu le jour, par un exhaussement de terrain, suite à la pression que l’eau exerçait sur les failles terrestres, mettant définitivement à l’abri du déluge les gens qui vivaient là. Ainsi furent sauvés plus de trois millions de personnes qui, s’ajoutant à l’élite apportée par l’arche, permirent le renouveau de l’espèce humaine.
Le Second déluge, « novella » restée à l’état de préoriginale en France, reprend la version biblique, remplaçant Noé par Cosmo Versal. Le thème de la submersion généralisée permit de belles pages à l’auteur dans le but d’émouvoir le lecteur. Ceci dit, l’intrigue est mince, les péripéties prévisibles et les lieux communs nombreux.
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Au temps de la Grande Anarchie ou le jour ordinaire du citoyen Dupond à Paris sous le régime de la nouvelle Commune. Se réveillant tôt le matin, sa seule occupation de la journée est de trouver de quoi survivre. Le troc s’est substitué à l’échange monétaire, l’argent – monnaie d’état - n’ayant plus aucune valeur, car soumis à une inflation énorme. Replongé en plein moyen âge, Dupond, qui partage sa chambre avec des miséreux, espère troquer un rideau, un réveille-matin et un vase contre des souliers ou de quoi subsister. Longeant des bâtiments officiels dévastés, se méfiant des mouchards et de la police, se fondant dans une foule de clochards et de crève-la-faim, il pousse jusqu’au marché aux bestiaux des Champs Elysées :
«Place de la Concorde, c’était une armée de voitures rangées le long des trottoirs. Chacune servait de boutique avec un chargement de fruits et de légumes, et la foule passait entre les rangs, poussant très haut cette rumeur affairée et joyeuse, commune à tous les marchés. Dupont traversa la place en grognant. Il n’avait rien à faire au marché aux légumes, pas plus qu’aux Champs-Elysées où se tenait le marché au bétail et qui était pourtant bien curieux. On y vendait surtout de la volaille et des lapins car beaucoup de Parisiens élevaient des lapins (…) on y vendait aussi des moineaux, des pigeons, des chiens, des chats, des rats. Le rat engraissé faisait prime sur le marché, ainsi que le pâté de rat, très poivré et qui emportait la bouche. »
Le Palais-Bourbon, devant lequel il passe, sert de logement à la plèbe.Dans tous les parcs et jardins publics de Paris, l’on cultive des légumes. Partout, les échanges improvisés permettent de se fournir en bimbeloterie, comme chez les bouquinistes des quais de la Seine. Les transports publics, remplacés par des charrettes à bois, sont inefficaces et lents. Quoique certaines lignes de métro fonctionnent encore, les stations sont habitées par une populace qui y a pris ses quartiers depuis les dernières attaques ennemies au gaz :
« Le bombardement aérien de Paris, la guerre civile, les incendies avaient fait d’une bonne part de la capitale ce champ de ruines. Beaucoup de rues se trouvaient barrées par les écroulements ; les façades noircies ou trouées surgissaient à tout bout de champ ; il pleuvait dans le Louvre ; l’Arc de triomphe n’était plus qu’une masse de pierres pilonnée d’obus, décorée de groupes informes ; et l’Opéra, ruinée par l’incendie montrait, vu du dehors, une façade crevée le long de laquelle pendaient des poutres, tandis qu’au dedans c’était un désert noirâtre, vaguement herbu par endroits, et traversé la nuit par des ombres incertaines d’ivrognes qui, du Temple écroulé de la musique, poussaient vers la lune d’ignobles chansons. »
la police municipale et la troupe essaient en vain de trouver du blé chez les paysans de la région de Bourges ou de Chartres qu’elles spolient de leurs terres. Chaque ville est devenue autonome et traite isolément avec les pays étrangers:
« Notre Commune à nous, jusqu’où va son pouvoir ? On parle de Melun : le fait est qu’on se bat à Melun. Les gens du Midi, avec Marseille, sont indépendants. Le gouvernement de Bourges, eh bien, il paraît qu’il traite avec le Japon au sujet de certaines îles d‘Océanie. »
Paris s’administre elle-même, vivant sur l’exploitation sauvage d’une plèbe sous-alimentée. Les voleurs courent les rues. Les femmes, en échange d’une poignée de riz, se prostituent. Les appartements ne restent pas longtemps inoccupés :
« Dans tous les appartements abandonnés des sans-logis avaient pénétré, s’étaient installés comme des coucous dans le nid des autres ; On avait parfois enlevé des portes, des meubles, des planchers pour les brûler.»
Dupond, qui a fait un bel échange, s’est trouvé des souliers neufs et un petit sac de riz. Il arrive même à s’offrir une bouteille de vin et un déjeuner consistant au restaurant, soulevant l’animosité de ses voisins. Ayant eu vent de la possibilité de se procurer du charbon dans une gare SNCF, il participe à la curée générale avant que la troupe n’arrive. Il échappera de peu aux soldats, emportant quelques blocs de charbon et laissant sur le quai de nombreux cadavres de fusillés. En somme, une excellente journée, qui, pourtant, se terminera mal. Trop confiant en sa bonne fortune, il ne pourra éviter des agresseurs, qui, le dépouillant de tout, le laissent sans défense :
«Ses agresseurs le jetèrent dans un renfoncement, lui enlevèrent brutalement son veston, sa chemise, sa culotte, ses souliers, et, bien entendu, les provisions qu’il portait. Mais quand ils en furent à l’argent, ils rirent très fort et le lui laissèrent : - Garde-le, tu t’achèteras un journal avec… » Content d’être encore en vie, Dupond rentre chez lui.
Une charge féroce travaillée au scalpel, qui analyse dans le détail les malheurs quotidiens d’une France en lambeaux soumise à une politique socialisante et partageuse. Vision d’un avenir sombre mais plausible.
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A la Gare Saint-Lazare , un jour de juillet, le narrateur attend sa " veuve ". Elle arrive en compagnie d’une amie. Cette rencontre sera prétexte à une suite de fantasmes de type sexuel, plus délirants les uns que les autres, dont le point commun est la disparition des femmes.
La femme, être aimé et haï à la fois, nécessaire et superflu, se verra tour à tour, dominée, dominante, assassinée et poussée sur la voie du métro par le narrateur ou brûlée dans un incendie allumé intentionnellement par des mâles en rut.
Le tissu même des mots s’érotise et les jeux de mots constants sur les boules de billard/ queue de billard, et les testicules / verge, montrent le délire/désir croissant du narrateur. Le mal s’amplifie lorsque les femmes ne mettent plus de filles au monde: " Je lui demandai combien il avait enregistré de naissances à cette heure de la nuit. Deux, me dit-il. Garçons ou filles ? Deux garçons. Il fut un peu surpris de ma question : de toute évidence les enfants attendus ne pouvaient être que des garçons ou des filles, et nul ne saurait s’inquiéter de voir naître à la file deux , trois, ou quatre garçons. Mais à l’heure où je lui posai cette question, j’avais déjà noté que, dans mon propre service, étaient nés treize garçons et pas une seule fille. "
Dans sa quête passionnée, le narrateur ne retrouve plus les femmes qu’il a connues. Elles ont mystérieusement disparu ou se sont transformées en petits garçons. La même vision semble être partagée par tous ses frères masculins. Par une sorte d’involution, la nature entière cesse de fournir des femelles :
" On connaît la suite, : les horloges continuant de tourner à l’envers , le soleil roulant dans le ciel d’ouest en est , les jours s’enfuyant de la nuit à l’aube , les traités de paix précédant les guerres , les guerres revécues une à une sans que rien permettre de les éviter , les hommes frappés de rajeunissement , les vieillards contraints d’avancer vers l’âge mûr , les hommes d’âge mûr vers l’adolescence , les adolescents vers l’enfance , et tous, au fur et à mesure que le temps passe , vers ce moment effrayant de la naissance , devenant infimes au point de disparaître bientôt dans un autre être , ces êtres, les femmes, rentrant elles-mêmes les unes dans les autres , emportant dans leur ventre l’humanité, à la manière des tables gigognes ou des poupées russes, jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’une seule, la première, dont le ventre contient tout , y compris ce rêve. "(…)
" Les événements se précipitent. Faute de donner naissance à des filles, les femmes se condamnent elles-mêmes à mort. Elles prennent irrémédiablement de l’âge alors que des hommes continuent de naître. L’aspect des villes se modifie. Les rues se peuplent de garçonnets, d’adolescents, d’hommes mûrs ... et de vieillardes.
Celles-ci s’éteignent l’une après l’autre, et d’abord en Occident , où la pollution urbaine et l’habitude des plaisirs ont rendu l’espèce plus fragile. Plus une seule femme blanche ! De grandes armées se mettent en marche. Elles vont arracher les femmes de couleur aux peuples qui les détiennent indûment. "
L’état d’urgence est décrété. La civilisation est en péril : c’est la fin du monde par extinction de l’espèce. De nouvelles lois seront promulguées qui permettront aux hommes de copuler avec les rares femelles animales que des expéditions guerrières auront pu retrouver. C’est pourquoi il reste au narrateur à jouer à Pygmalion en modelant dans la terre glaise un corps de femme à qui sa verge insufflera la vie,... et qui mettra au monde une fille, Eve :
" Cette nuit-là dure mille ans. Le rêve du premier jour s’est accompli. Je vois , comme annoncé, les femmes disparaître , les hommes demeurer seuls sur la planète , puis s’éteindre eux-mêmes, un à un. Il ne reste que moi. La végétation a tout recouvert. Dans une clairière, je somnole.
Un matin, suivant un chemin de fougères et de ronces, j’atteignis la lisière de la forêt. Le soleil se levait, faisant miroiter l’eau des fossés. Le ciel était blanc. Je regardai la terre. Elle était faite de limon épais qui donnait envie qu’on le touche, de la main. Je me mis à genoux et, peu à peu, avec ce limon que je mouillai d’eau, je façonnai le corps d’une femme. "
Un roman dérangeant par son intensité. Il a le mérite de libérer le roman cataclysmique de son carcan thématique pour affirmer de façon native, brute, en quelque sorte, l’obsession du désir érotique, de la volonté de puissance, de l’amour fou , qui sous-tend toute la problématique du genre.
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Message A L'univers - Par BenF
Sous la forme d’un message adressé à ceux qui seuls seraient encore capables de nous sauver, soit des extraterrestres du Sagittaire, les Terriens, conscients de la voie sans issue qu’emprunte l’humanité, les appellent au secours. Cette estimation de la gravité de la catastrophe est partagée par les E.T. avec lesquels ils (les « gentils » ?) se sentent en harmonie par « ondes psychiques ».
Pollutions, destructions, réchauffement climatique, guerres, voici les principaux chefs d’accusation :
« S.O.S. ils sont fous
S.O.S. , ils cassent tout
Ils polluent, ils détruisent,
Ils réchauffent les banquises »
L’humanité ne peut régler la situation sans aide . Il est nécessaire que des amis extérieurs « qui surveillent la Terre depuis des millénaires » interviennent, proposant « l’amour » comme unique solution à « ce vide qui pourrit âme et corps ». L’espèce humaine, qui manque de maturité, mais aussi de valeurs spirituelles, puisqu’elle « crache sur les Dieux », mérite dès lors une sanction appropriée :
« Bien perçu ta détresse
Il est temps que ça cesse
Nous frapperons très fort»
Les principaux thèmes cataclysmiques véhiculés par la SF moderne apparaissent dans cette chanson, le « message » étant lumineux : Si l’homme détruit sa planète ce ne sera pas au goût des « Grands Galactiques » qui veillent sur elle. On aimerait y croire ! New age, Aliens, soucoupes volantes et développement spirituel s’y mélangent allègrement sans arriver cependant à pousser la chanson vers la notoriété (Alors, vous pensez, sauver la Terre… !)
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Une Seconde Apres - Par BenF
John Matherson, colonel et instructeur militaire, prend sa retraite dans le village de Black Mountain, près de Charlotte, en Caroline du Sud, une région de collines boisées et isolée. Là, il vit en famille avec ses deux filles, Elisabeth et Jennifer (Jen), sa belle-mère (sa femme étant décédé), et ses deux chiens, loin de se douter du destin qui lui est réservé. Un jour, soudainement, l’électricité disparaît, aucun artefact technologique ne fonctionne (surtout les voitures), toute radio ou télé reste muette. Inquiet, John prend sa vieille Edsel, une automobile de collection et l’une des rares qui fonctionne encore, pour aller aux nouvelles vers Asheville, le bourg voisin :
« Il fait incroyablement noir, murmura-t-elle. Il regarda autour de lui. Il faisait très noir, effectivement. Pas une seule lueur ne provenait de la ville, sauf peut-être ce qui semblait être le vacillement d’une lampe Coleman ou de quelques bougies. Toutes les maisons qui bordaient la vallée étaient sombres, elles aussi. Aucun phare ne perçait de l’autoroute, on ne voyait plus rien du détestable éclairage au néon de la station-service, en haut de la bretelle de sortie, et plus aucune lumière ne leur provenait de derrière la ligne des toits d’Asheville. Une clarté rouge et sombre apparaissait cependant dans la pénombre, sans doute l’incendie qu’il avait remarqué au pied de la colline vers Craggy Dome. »
En roulant il se rend compte du désastre : des files de voitures bloquées sur l’autoroute, des hommes en armes, au loin des incendies…En tant qu’expert militaire, il croit savoir ce qui s’est passé. Il l’expliquera à ses amis du village, lors d’une réunion de crise, à Charlie, le futur mentor de Black Mountain, à Kate, le maire, à Washington, ancien sergent de l’armée, qui deviendra le commandant des forces de la milice constituée. Il leur apprend qu’une ou plusieurs bombes thermonucléaires lâchées dans la haute atmosphère, au-dessus du territoire des Etats-Unis, avaient déclenché un effet IEM (pour « Impulsion Electromagnétique), lequel a paralysé toute activité électromagnétique, informatique, électrique, etc. C’est ce qui a dû se passer ici, et, peut-être dans le reste du monde également :
« -Comment est-ce que personne ne sait rien, ici interrogea Kate de plus en plus irritée.-C’est le but d’une frappe d’IEM, répondit John. Que ce soit une attaque à grande échelle venant d’un ennemi traditionnel tel que l’URSS lors de la guerre froide ou une attaque terroriste aujourd’hui… Vous faites exploser une bombe qui déclenche cette puissante onde électromagnétique, ça grille toutes les communications et bien d‘autres choses, et ensuite, soit vous vous arrêtez là, soit vous continuez. Ce qui nous a terrifiés c’était de comprendre que n’importe quel cinglé, qu’il soit membre d’une cellule terroriste ou dirigeant d’un pays comme l’Iran ou la Corée du Nord, pouvait, avec seulement une ou deux bombes nucléaires en sa possession, se retourner contre nous et nous attaquer, et cela malgré nos milliers d’armes. C’est ce qu’on entend par « frappe asymétrique ».
Cet effet, bien qu’éphémère engendrera des conséquences incalculables en replongeant le pays victime dans un moyen âge barbare d’où émergent l’anarchie et l’arbitraire puisque l’on prive d’action toute force légale et constituée. Les acheminements de toute nature disparaissent (aliments, médicaments, artefacts technologiques, habits, et). L’on ne pourra attendre aucun secours de personne. Bientôt la haine, la faim, l’agressivité pousseront les gens les uns contre les autres, laissant les habitants de Black Mountain en proie à toutes les convoitises du fait de leur situation géographique privilégiée, où la survie pourrait être meilleure qu’ailleurs. Il importe donc de prendre des mesures immédiates et drastiques pour sauver la communauté. Charlie, en accord avec le Conseil, promulguera la loi martiale. John supervisera l’organisation de défense du bourg :
« En arrivant en ville, ce fut une fois encore un monde totalement changé qui les accueillit.Le barbecue gratuit de Pete était fermé, et l’ambiance de foire qui l’entourait avait disparu. Deux agents de police armés d’un fusil se tenaient devant l’école, une longue file d’attente s’étirant jusqu’au coin de la rue. Près d’eux brûlait un feu de bois au-dessus duquel était accrochée une bouilloire. Une dizaine de policiers et autant de pompiers formaient un cordon de sécurité autour de l’hôtel de ville. »
L’ambiance de la vie dans la bourgade s’est profondément modifiée. Après le premier moment d’affolement, des citoyens ont dévalisé le supermarché, vidé le drugstore de tout médicaments, emportant ce qui pourra leur assurer une survie maximum. Plus tard, apparaîtront les tickets de rationnement et la milice, constituée par des étudiants, chargés d’empêcher les pillages. Durant les premières semaines la mortalité augmente, touchant les plus fragiles, les vieillards surtout, où ceux hospitalisés , patients dont la vie ne tient qu’aux médicaments qui dorénavant n’existent plus. John y est d’autant plus sensible que sa petite fille Jen, atteinte du diabète de type 1, est étroitement insulino-dépendante :
« Pratiquement tous nos malades du diabète de type 1 mourront ce mois-ci. Les pharmacies distribuent en général une bouteille de mille unités par personne. Un stock qui commence nettement à se réduire pour eux. On peut donc s’attendre à ce que tous, environ cent vingt dans notre communauté, commencent à mourir. Personne n’ouvrit la bouche.-Les autres morts qui sont à prévoir durant le mois qui vient : les asthmatiques sérieux qui seront bientôt à court d’inhalateurs, et ceux qui souffrent de graves arythmie cardiaque et qui manqueront de bêta-bloquant. »
Dans un tel contexte, il est amené à prendre sa première et cruelle décision, celle d’exécuter deux jeunes voleurs de médicaments, drogués pris la main dans le sac. Les contacts avec Asheville n’aboutiront à aucun accord, chaque cité campant sur ses acquis.Heureusement, Black Mountain possède un avion, un ancien Cessna de collection bichonné par Don, un « Old Timer » qui se transforme en observateur aérien. John, bien que très engagé dans la survie de la cité, est constamment rongé par un doute affreux : jusqu’à quand Jen, qu’il chérit, vivra-t-elle sans insuline ?
En attendant, il a fait la connaissance de Makala, une jeune infirmière naufragée de l’autoroute qu’il autorise exceptionnellement à résider chez lui. Un tendre sentiment se fait jour entre les deux personnes, Makala lui étant d’un précieux secours en ces jours sombres.Au fur et à mesure que passe le temps, les tensions s’exacerbent, les morts augmentent, les décisions se font plus radicales. Il s’agit à tout prix d’empêcher des envahisseurs d’entrer dans la cité, de circonscrire d’éventuelles épidémies, d’utiliser la milice prête à tuer sans hésitation pour sauver le groupe. Parallèlement, les signaux de danger se multiplient. Les citadins de l’autoroute cherchent à rentrer chez eux, à Charlotte pour la plupart. On ne peut les arrêter, car ils sont trop nombreux. Il importe donc de créer un couloir de circulation, parfaitement délimité, ouvert sous la surveillance de miliciens, dans lequel aucun contact ne sera possible avec les habitants de Black Mountain. Ceux ou celles qui franchiraient les limites imposées, seraient impitoyablement abattus. Mais les gens utiles, médecins, techniciens, artisans, militaires, seront autorisés à résider sur le territoire de la commune.
Des nouvelles en provenance de l’extérieur filtrent enfin. Les citadins savent maintenant que le Texas et la Californie ont fait sécession, que l’Europe (notamment la Russie) a été atteinte dans la même proportion que leur pays, ainsi que le Japon et les îles indonésiennes, que l’on se bat en Iran et en Corée du Nord. Le seul espoir réside encore dans l’aide que sont susceptibles d’apporter les porte-avions géants américains, croisant dans d’autres eaux au moment de la catastrophe. L’un de ceux-là serait en voie d’atteindre les côtes du Sud de la Caroline. Mais une autre terrible nouvelle attend John et les siens : la Posse, une bande de fanatiques hallucinés et cannibales se dirigent vers Black Mountain :
« La Posse, c’était le nom d’un gang d’avant-guerre, qui avait des ramifications dans tout le pays ; des espèces de voyous qui vous balançaient une balle en pleine tête, histoire de rigoler, des trafiquants de drogue, des violeurs, tout ce que la terre peut compter comme vauriens et fripouilles. Bref, des ordures, prêtes à n’importe quoi pour survivre… maintenant que notre pire cauchemar nous est tombé dessus. (…) -Oui, la Posse… Une pauvre femme qu’on a laissée passer avec le dernier groupe a dit qu’elle avait été retenue prisonnière par eux pendant plusieurs jours avant de réussir à s’échapper. Elle a refusé de raconter ce qu’ils lui ont fait… inimaginable. Tout le monde parle d’eux, de l’autre côté de la barrière. Le bruit court qu’ils seraient plus d’un millier, et armés jusqu’aux dents. Ils approchent de notre région comme une bande de barbares prêts à tout saccager.-Incroyable, soupira John.»
John est conscient qu’il faudra livrer une bataille qui décidera de la mort ou de la vie de chacun, et qui demandera à tous les plus grands sacrifices. John mettra au point une stratégie d’élimination des adversaires qui impliquera beaucoup de morts.Personne ne sera épargné, ni Washington qui mourra frappé d’une balle, ni Ben, le futur gendre de John, père de l’enfant que porte déjà Elisabeth… Grâce à ces sacrifices, la manœuvre réussit : la Posse sera intégralement éliminée. Devant l’énormité de la menace, l’inhumanité des agresseurs, John se montrera sans pitié :
« -Une corde, s’il vous plaît.
L’un des étudiants s’avança et lui en tendit une… dont le nœud était déjà fait. John lui indiqua le poteau métallique des feux de croisement. Il lança la corde en l’air, qui s’enroula au sommet et se bloqua. Plusieurs hommes se chargèrent de soulever le leader, qui, s’attendant à être abattu d’un coup de pistolet, commença à se débattre et à pousser des cris rauques. On lui passa le nœud coulant puis on le serra autour de son cou. Alors, John s’approcha et articula d’une voix forte :-Par les pouvoirs qui m’ont été attribués par les citoyens de Black Mountain et de Swannaoa, je déclare que cet homme est un criminel, un meurtrier et un mangeur de chair humaine, et que, pour cela, il doit être condamné à la pendaison. Il ne mérite même pas de recevoir une balle. Il recula puis ajouta :-Qu’on le pende. On le hissa au bout de la corde et de longues minutes de gesticulations spasmodiques s’écoulèrent avant qu’il ne meure… sous les yeux de ses fidèles horrifiés. (…)-Pendez tous ceux que vous pourrez et abattez le reste de ces ordures. Et je veux qu’on peigne en gros sur les flancs de ce camion, là-bas : CANNIBALES. »
Vainqueurs, les citoyens soignent leurs blessures et leur désespoir. Le terrain de golf de la commune qui aura servi de cimetière compte maintenant plus de trois mille morts. Les cadavres éparpillés rappellent à John les plus atroces souvenirs :
« Un champ de bataille… Les photos de morts de Gettysburg lui revinrent à l’esprit, des cadavres balayés par les vagues, à Tarawa, les Marines blessés à bord d’un tank, à Hué. Mais jamais sur ces photos il n’y avait l’odeur.L’odeur de cordite mais aussi de sang, d’excréments, d’urine, de vomi, de viande crue… la chair à vif des humains qui jonchaient le sol. Et, mêlés à cela, la puanteur des véhicules en feu, de l’essence, des pneus, de l’huile et, plus atroce encore, celles des corps qui brûlaient, grillaient, gonflaient et explosaient comme s’ils étaient frits. »
Jen, elle aussi, est à l’agonie, par absence d’insuline. La nourriture manque, quoique les champs soient ensemencés et promettent de belles récoltes, car le moment de la soudure est le plus terrible. Soudain, une lueur d’espoir : une colonne de blindés et d’engins militaires, en provenance de la côte, et qui se dirige vers Asheville, s’arrêtera à Black Mountain, y apportant nourriture, soins, médicaments et… informations. Le général Whrigt, commandant du convoi, explique aux habitants la situation dramatique dans laquelle sont plongées les Etats-Unis :
« -On dit qu’à New York il ne reste pas plus de vingt cinq mille personnes, et ce sont soit des bandes de sauvages, soit des gens qui se cachent et se nourrissent de détritus. Une bombe thermonucléaire les anéantissant tous aurait été plus… humaine, si j’ose dire. Le choléra les a aussi frappés, l’automne dernier, et le gouvernement a décidé d’abandonner la ville, de l’isoler, en fait : personne n’est autoriser à y pénétrer. Ceux qui se trouvaient à l’intérieur n’ont jamais pu en sortir. Un de mes amis en mission là-bas m’a dit que ça ressemblait à l’âge des ténèbres. »
Bien que l’on entreprendra tout pour redresser le pays, les Etats-Unis auront vécu : jamais plus ils ne joueront un rôle prédominent dans le concert politique mondial!
Un roman didactique sur les dangers d’un futur proche, sans grands effets littéraires, sans invasion extra-terrestre, sans mort radioactive. La dégradation sociale est vécue au quotidien, analysée jour après jour, avec la précision du chirurgien. Les états d’âme, les craintes et les espoirs sont concentrés en un petit nombre de personnages. L’effet de réel qui se dégage de cette lecture est tel qu’on y lit le protocole d’un désastre annoncé. Une œuvre inquiétante et, ne l’espérons pas, prophétique.
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