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Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
Livres
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N°09 : le nouveau déluge , 1957, 16 ppp, fasc. broché, in-8 ème, N. et Bl. récit complet.
menaces climatiques
Les Stuart sont invités à une soirée chez une connaissance, le professeur Arnold. Ce dernier leur fait la démonstration de sa nouvelle découverte, un produit capable de provoquer instantanément l’évaporation de l’eau de mer. Peu de temps après, un mystérieux truand masqué soumet Arnold à un chantage sinon il fera un essai en grandeur nature avec cette invention. Il assèchera d’abord le lac Pyramid à la frontière de la Californie, puis il s’attaquera à l’océan Pacifique pour noyer les côtes américaines sous un nouveau déluge. Eddy et Pamela Stuart reprennent du service sous le déguisement –si transparent- d’Atome-Kid. D’après leur enquête, les seuls à connaître le procédé de fabrication hormis eux-mêmes, sont Arnold et deux autres savants, Dawston et Klardek. D’emblée, Atome-Kid soupçonne Dawson. En fouillant sa maison, il y découvre les preuves de sa culpabilité : une caméra, des films, des écrits. Pendant ce temps, le criminel met sa menace à exécution. La côte américaine est soumise à un ouragan et à des raz-de-marée d’une extrême violence. Le savant fou avait, pour ce faire, disséminé le produit dans l’océan sous la forme d’une bombe larguée à partir d’un sous-marin de poche. Dawson demeurant introuvable, Atome-Kid en vient rapidement à l’idée que c’est Arnold le vrai coupable qui aurait monté toute la machination afin d’incriminer Dawson. Atome-Kid piège le savant chez lui, y découvre Dawson ligoté qui, devant une caméra, servait de leurre au bandit. Quant aux motivations du professeur Arnold, on se perd encore aujourd’hui en conjectures !
Un récit complet médiocre qui garde cependant le parfum de l’enfance pour ceux qui l’ont lu à l’époque.
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La Fin De Paris - Par BenF
Le journaliste-narrateur se promène dans Paris. Plusieurs signes étranges l’incitent à penser que les statues des hommes célèbres dressées de-ci de-là dans la capitale sont en passe de se révolter : elles murmurent, leurs yeux pétillent, leurs doigts bougent imperceptiblement :
" Paris dormait dans le clair-obscur du ciel et des lampadaires électriques. Penché sur lui, je perçus, au creux de son sommeil, le même murmure que j’avais entendu aux abords des jardins du Luxembourg, un frémissement métallique, un grelottement de pierre. C’était comme un flux et reflux de clochettes au loin, de sonneries aiguës ou mates. Il me sembla entendre, prononcée d’une voix d’outre-tombe, une voix blanche, très faible, des noms de morts célèbres : Pasteur, Charcot, Moncey, Sedaine, Berlioz, Bailly... "
D’abord incrédules, les Parisiens durent se rendre à l’évidence lorsqu’ils virent une montgolfière en pierre s’élever dans les airs, flotter au-dessus de la ville pour finalement s’écraser dans la cour de l’Elysée. Cet événement est bientôt suivi par quantité d’autres: les statues, de bronze ou de marbre, d’hommes célèbres ou non, d’allégories de toutes sortes, d’animaux ou d’objets, des bas-reliefs aux diverses figurations, tous quittent leurs socles, suivis par les mannequins des vitrines. Les statues, las du machinisme et de l’inhumanité engendrée par celui-ci, ainsi que le stipule l’article deux de l’ultimatum de Charlemagne :
" ...Attendu que la vie est devenue inhumaine dans toutes les capitales du monde ou plutôt qu’elle s’en est retirée, que l’homme n’a pas été conçu pour jouer un rôle misérable dans un engrenage de machines qui le poussent vers la folie et le suicide, qu’il y a de ce fait, crime et péché mortel à l’égard du Saint-Esprit parce que Notre - Seigneur a dit: "Que sert à l’homme de gagner l’univers, s’il vient à perdre son âme. " ",
prennent vie et se montrent résolument hostiles envers tout habitant du Paris moderne. D’abord surpris, voire amusés, les Parisiens, bientôt terrifiés, se calfeutrent chez eux. C’est la désorganisation sociale, les rues se vident d’humains et se remplissent de statues. Le corps politique répond très mal à l’invasion : il ne pense qu’à se mettre à l’abri et s’embarque dans un grand strato-cruiser qui emmène tous les politiciens en Amérique pour y établir un gouvernement en exil. La défense de la capitale est confiée au Maréchal Guidon. On s’organise dans les deux camps. Les statues se regroupent autour de l’image charismatique de Charlemagne, secondé par Napoléon et Jeanne d’Arc. Leur tactique est simple : en un premier temps s’attaquer au symbole de la ville, la Tour Eiffel. l’abattre et la désosser; puis, avancer, écraser, piétiner, faire s’écrouler les maisons, défoncer les rues selon la stratégie du bulldozer .
" Elles ressortaient des décombres, imperturbables, ces statues, tenaces, comme ces fourmis qui ressurgissent toujours de leurs nids écrasés. Béliers à quoi rien ne résistait, que rien ne pouvait arrêter, elles entraient dans les murs, poussaient les pierres de taille, les enfonçaient, crevaient le ciment armé, tordaient, cassaient de leurs mains illustres les poutrelles de fer et les colonnes de fonte. Des pans de quartiers, des quartiers tout entiers tombaient, dans d’épouvantables grincements, des gémissements sans fin, de hautes façades comme des claques sur le bitume, des palais comme des éclatements de montagne. Montparnasse craquait comme une vieille croûte et la banque de France résorbait ses ruines dans la profondeur de ses caves pleines de lingots d’or. "
De l’autre côté, on répond à l’agression par une armée de soudeurs chargée de faire fondre le bronze :
" Et les soudeurs à l’autogène, ruisselant de sueur dans leur lumière de music-hall, s’acharnaient sur l’ennemi liquéfié. Les flammes de tous leurs lance-flammes sautaient, ricochaient, dansaient sur la matière première de l’ennemi vaincu. "
En face de la coulée générale qui menace l’unité de l’armée statuaire, Charlemagne répond par l’envoi généralisé de troupes en marbre. Guidon avait tout prévu : le marbre est attaqué par de l’acide projeté sur les blocs qui se réduisent en bouillie. C’est le repli stratégique de Charlemagne et des siens avant la lutte finale. Les statues peaufinent leur plan : jeter tout le monde dans la bataille, les torses à la recherche de jambes pour marcher, les mannequins play-boys des vitrines, les sculpteurs humains eux-mêmes pris en otage et chargés de produire des effigies grossières mais suffisantes en vue de la contre-attaque. Les engins roulants et motorisés de la capitale se mettent aussi au service de l’armée mécanique :
" C’est alors que se produisit la révolte des machines. les dernières usines des faubourgs ouvriers refusèrent de fonctionner au bénéfice des vivants. Moteurs et mécaniques s’arrêtèrent, en dépit des mains humaines qui les palpaient, les interrogeaient, les suppliaient. Les locomotives, par on ne sait quel miracle, ralentirent à cent kilomètres de Paris, s’immobilisèrent sur les rails, malgré la fournaise qu’on leur attisait dans les entrailles à coup de ringards. Les lois de la chaleur, de l’électricité, de l’optique et de l’énergie en général, n’avaient plus aucune valeur: toute physique était à recommencer. "
Guidon y répond par l’usage du feu et des bactéries (mises au point par les " Binoclards ", c’est à dire les savants) qui ramollissent le bronze. Rien n’y fait. La ruée des statues n’épargne aucune rue, aucune maison, aucun bâtiment public ou privé. Paris disparaît réduit à une couche de gravats sur laquelle déambulent des simulacres d’hommes. Lorsque tout est uniformément aplani, les statues s’arrêtent définitivement, perdant toute vie. Par la suite, le gouvernement en exil redevenu légitime fait ôter cet entassement hétéroclite du site détruit pour le stocker dans le Sahara où il deviendra une espèce de cimetière visité par les touristes de toutes les nations. Paris aura définitivement disparu.
" La Fin de Paris " apparaît comme une pochade surréaliste à la Cocteau. L’auteur s’amuse à régler des comptes dans ce récit étonnant d’une ville en proie à la vindicte des statues. Il y égratigne les savants, l’Académie française, les politiciens. La critique enjouée cache aussi une réelle angoisse devant la montée des hostilités en Europe et une attitude frileuse en face des avancées technologique, équivalente à celle du Duhamel des " Scènes de la Vie future ".
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Une « vieille cigogne » raconte au poète comment un joli village alsacien avec « ses arbres, ses oiseaux, ses fleurs » se transforma , par la faute des responsables politiques « de l’intérieur », en « un beau jeu de mecano (sic !) ». Alors «l’été devint électrique » et tous les gentils animaux furent différents :
« les oiseaux devinrent muets
Comme les poissons
Les poissons apprirent à voler
Le ventre à l’air à la surface des ruisseaux ».
Le village lui-même se trouvait maintenant :
«dans la grande zone interdite, ce vaste désert de l’idiotie futuriste ».
Et hopla ! mais comment s’appelait-il donc, ce village ? Peut-être «Atomheim», ce qui rime bien avec «Fessenheim».
Un gentil poème d’un gentil contestataire issu de la belle plaine alsacienne.
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La Fin Des Hommes - Par BenF
Depuis plus de 8000 ans après la catastrophe de 1969, les hommes ont disparu du gobe. Seules perdurent les femmes qui ont développé une civilisation basée sur le matriarcat, la parthénogenèse et l’ectogenèse.La reine Malinka est donc d’autant plus surprise lorsqu’elle apprend que deux jeunes femmes, Myrihanna et Ghorana, vont engendrer deux enfants mâles. La seule explication possible est qu’il existe encore des hommes sur la Terre.
Ces deux femmes ont recueilli et soigné deux mâles, rescapés extraterrestres en provenance de Ganymède, et, en fonction de leur rareté, se les ont réservés pour elles. Malinka, furieuse, fait entreprendre des recherches dans la région de Nyurk pour les retrouver. Mais chaque soldate, prenant contact avec ces deux hommes, désire également se les approprier. La nouvelle qui se répand provoquera même une révolution de palais. Heureusement, les concitoyens de Konyung et de Rotnag , ayant entrepris une vaste opération de sauvetage, atterrissent sur Terre avec des centaines d’engins ovoïdaux, se tenant prêts à rééquilibrer la race humaine.
Une première nouvelle du jeune Jimmy Guieu à l’âge où il était encore travaillé par ses hormones.
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Les Sanguinaires - Par BenF
Le récit s’ouvre sur un réquisitoire contre tout ce qui était vivant. Dans le domaine social, l’homme, hypocrite et menteur, impose un progrès débilitant. Aujourd’hui, la nature est vide de l’homme :
« L’homme s’était évanoui mais l’énorme machinerie terrestre fonctionnait avec la même automaticité qu’au temps où il y avait des faneuses en juin et des laboureurs en novembre. Les étés flambaient sur les sommets sans arbres et sans fleurs. Les mers les plus belles, animées par le rythme amoureux des marées, fouaillées par les vingt-quatre vents antiques, tordues par les colères des équinoxes hurlaient, glapissaient comme de vieilles folles. Les tempêtes de neige encapuchonnaient les Alpes inutiles. »
En réalité, ce monde devait mourir. Car la bête l’avait emporté sur l’homme qui a inventé la corruption, la passion imbécile du bruit, l’érotisme vide, l’inceste et la zoophilie. Socialement, le type humain était décadent, ce qui a précipité le mouvement :
« Un magistrat aussi vertueux n’eut certes point commis l’erreur de saluer ce grand poète de l’autre siècle qui sentait la punaise le pipi et l’absinthe. Il avait eu le tort de naître à une époque où le sodomite n’était qu’un asocial aux mœurs unanimement décriées. Depuis, des rois, des maréchaux, de hauts dignitaires avaient contribué activement ou passivement à la promotion étonnante du philopède. Le septième cercle de l’Enfer était devenu un salon immense peuplé de gens de bien. »
Avec le règne des psychotechniciens, les hommes se sont rangés en classes sociales distinctes. Au bas de l’échelle, se situent les « zobréros », la valetaille des vaincus, les prolétaires qui pourrissent dans des conditions révoltantes, canalisés par la religion. Les patrons sont soutenus par les «bocadors », conférenciers charismatiques à leur dévotion , dont l’image est véhiculée à travers des médias manipulés. L’amour du sang, dont la chasse est un reflet, prouve que les Dieux sont à l’image de l’homme, rendant toute religion inutile, y compris le christianisme.
Le pouvoir, en ce monde futur de 2050, est détenu par six dictateurs, purs produits de la méchanceté et décadence de l’époque, qui s’appellent eux-mêmes les « homotimes » . Ce sont des vieillards qui vivent en un château isolé, dans la sierra de Los Lobos :
« L’ascension des six sages à la magistrature suprême était sanctionnée automatiquement par l’abandon de tous leurs biens au profit de la communauté. Mais chacun d’eux savait que trois mois après son élection il se retrouverait à la tête d’une fortune dont il ne jouirait d’ailleurs pas. Galbo était d’une cruauté néronnienne, Néra pédéraste, Latek gâteux, Elba ivrogne, Shobim hystérique et Agman, le doyen, sinueux comme un membre d’archevêque. »
Détenant un pouvoir sans limites, ils exercent une effrayante répression sur une masse amorphe et coupable. Sous les oripeaux d’une pseudo-démocratie, la terre s’étant mise en république mondiale, ils suivent une Constitution soi-disant originale, en fait « un démarquage d’anciennes Constitutions en pire ». Ils dressent un constat cynique de l’état du monde. Bien que les guerres entres races s’étaient toutes éteintes puisqu’il n’y avait plus que des métis, les millions d’assassinats particuliers qui se déroulaient sur terre, ne suffisaient pas à enrayer la progression du mal. L’amollissement dû au confort moderne avait bloqué toute initiative :
« Une multitude de petites trouvailles domestiques, ingénieuses ou farfelues, transforme la vie du civilisé en un paradis (…). Nous ne nous apercevons pas que cette civilisation nous asservit à la chaussette inusable et à la chemise-qu’on-ne-repasse-pas. C’est une civilisation de paresseux. (…) Elle fait de nous les esclaves satisfaits du confort, de la mayonnaise préfabriquée et du spaghetti-minute. »
La civilisation n’est donc plus qu’un mot, l’humanité un échec et l’homme une faillite. La dégénérescence collective repose sur celle de l’individu. Des mâles dévirilisés, asexués répandent une androgynie inacceptable :
« Les grands géniteurs n’existent plus. J’ai cherché en Russie et en Afrique des boxeurs poids lourds. Il ne reste plus que des mouches. Il y a deux siècles on trouvait encore des piliers de rugby velus comme des orangs. C’étaient de magnifiques animaux. Aujourd’hui nos athlètes n’ont pas plus de poils que des filles. »
La mémoire culturelle des siècles passées sera, elle aussi, annihilée par des invasions plus que probables :
« Permettrez-vous que des millions de nichilodos à peau blanche, noire ou safranée, campent victorieux et saouls, au cœur de Rome ou de Paris ? Voulez-vous voir dans les Champs- Elysées, les feuilles de marronniers palpiter sous les millions de poux apportés par les vainqueurs ? »
Se sachant aussi misérables et méprisables que leurs concitoyens, les six Sages prendront la décision d’anéantir l’humanité, de vider la terre de la présence humaine, en agissant de manière concertée et rationnelle, chacun d’entre eux devant s’occuper d’un secteur spécialisé. Lorsqu'ils auront réussi dans leur entreprise, mais seulement à ce moment-là, ils font le serment de se suicider pour clore définitivement le programme.
Des armes à virus , forgées en des usines souterraines, seront lancées sur tous les pays du monde, en commençant par les villages, en une répétition générale, suivies par les îles afin d’isoler les continents. Elle seront suivies par des armes de destruction massive, champ de prédilection de l’un des Six :
« Il devint lyrique lorsqu’il étudia les possibilités miraculeuses de ses derniers engins. Ils pulvérisaient le granit. Ils faisaient fondre l’acier même lorsqu’il était noyé dans le béton. Ils le sentaient. Ils le détectaient. Ils avaient la haine du métal. Les bombes s’attaquaient sans hésitation aux ponts, aux viaducs, aux canalisations, aux rails, à tout ce qui était métal, de la grue géante à l’évier, de l’automotrice à la cuiller à pot. »
Avant cela, il importe de détruire toute trace des œuvres humaines, surtout les plus belles. C’est Agman, le chef des Six et le plus pervers, qui aura pour tâche de parfaire cette importante mission. Il fera convoyer en avion, de partout dans les monde, les œuvres picturales les plus célèbres , toutes celles qui donnèrent de la société une idée trop favorable, pour les livrer avec délectation aux flammes :
« Il frissonna en voyant le beau ventre de Bethsabée se gonfler comme un pet-de-nonne avant d’éclater sous la morsure du feu. (…) Il voulait voir…oui… il voulait voir craquer les cuisses de l’Olympia et suivre sur le visage de la belle Zélie le cheminement des flammes à l’assaut des accroche-cœur du front. Mais il se promettait bien, cette fois, de procéder avec une lenteur gourmande. »
Cette destruction précéda de peu des troubles sociaux de plus en plus importants, que l’on suscita en de nombreux pays. Avec l’émergence dans les peuples d’une mystique de la destruction, puisque la fin du monde aurait été prédite et que l’on devait suivre la volonté de Dieu, des déplacements de masse jetèrent sur les routes des millions de pèlerins voués à la mort, que précédaient des prophètes, ce qui simplifia la tâche des Six, qui aidèrent, comme il se doit les malheureux dans leur quête :
« Une heure ou deux avant l’aube, alors que la flamme des cierges devenait plus pâle, des rockets passaient et repassaient silencieusement à cent mètres puis à vingt au-dessus des champs bossués par les corps. En quelques minutes tout était consommé. »
Par moments, les « Sanguinaires » s’étonnèrent de la facilité de leur entreprise. Aucune opposition ne s’était dressée contre eux, ce qu’ils auraient presque souhaité. Ils mirent cette passivité sur le compte de la déchéance humaine :
« Devaient-ils abandonner l’espoir de voir se dresser contre eux un révolutionnaire… un vrai…un Spartacus…un Savonarole… un Ferrer… un de ces conducteurs de peuples qui apparaissent brusquement aux époques où la foule hurle à la mort. Hélas ! les trublions nobles, les mendiants de la liberté s’étaient en quelques siècles, mués en esclaves, des esclaves gras et satisfaits. »
Les éradications en masse, les suicides collectifs prenaient encore trop de temps. Il fallait accélérer le processus si l’on voulait terminer dans un délai raisonnable. Alors, ils firent édifier des usines cyclopéennes où l’on fabriquait à la chaîne des engins de mort sans pilote, lâchés immédiatement au-dessus des grandes villes, Rome, Londres ou Paris :
« Larguée de vingt mille mètres de hauteur à la verticale de Notre-Dame, la bombe stoppa aussitôt tous les gestes de la vie à l’intérieur d’un cercle parfait de 20 kilomètres de diamètre. On eût dit qu’une épidémie foudroyante de paralysie avait fondu sur la ville et les départements voisins. Tous les êtres vivants avaient été surpris dans l’attitude même qui était la leur à 16h 36 ce jour-là. (…) Les vitres des maisons n’avaient pas bougé, mais les habitants, victimes d’une affection cardiaque collective, s’étaient immobilisés, celui-ci au volant de son camion, cet autre le nez sur sa chope, dans la banalité des gestes quotidiens.
Quinze jours après, atteints à leur tour par la lente pourriture de la pierre et de l’acier, toutes les maisons, tous les palais de Paris tombaient en poussière. »
On aida, dans les villes restantes, la lie du monde à s’exprimer :
« La cruauté avait ses artistes. Ils sculptaient les oreilles ou les nez à coups de couteau ou s’acharnaient sur les jeunes seins qu’ils coupaient comme des grape-fruits. Les plus ignobles avaient trouvé un jeu de mardi-gras qui amusait les autres. Ils se faisaient des moustaches brunes, blondes ou rousses avec le pubis des filles.»
Tous ceux qui désiraient encore respirer, tous ceux qui avaient assez de conscience personnelle ou un instinct de survie exacerbé, qui se réfugiaient dans des cavernes, des abris, des caves, des retraites blotties au fond des bois, furent traqués par des armées spécialisées et renvoyés au néant, jusqu’à l’expiration des derniers humains libres.
Puis, ils s’attaquèrent aux animaux, ce qui fut plus facile, afin d’éviter que la vie vers l’évolution ne reprenne un mauvais chemin. Ils empoisonnèrent l’atmosphère du monde entier avec des poisons volatils et indétectables, utilisant les vents comme vecteurs de mort. Légitimement satisfaits de leur entreprise, les Six, lors de la dernière séance du Conseil, firent inscrire dans le marbre le beau souvenir de ce jour béni où une Terre vierge, débarrassée de la vie qui la polluait, pourrait poursuivre sa route inutile pour l’éternité. Enfin, ils se firent trancher la gorge par de jeunes aides, lesquels, à l’instar des serviteurs des pharaons d’antan, moururent, mécaniquement enfermés avec leurs maîtres. L’humanité était morte.
Un texte difficilement soutenable mais indéniablement original. L’auteur s’est lancé à cœur joie dans le dérèglement moral, appuyant le sadisme et le cynisme de ses remarques sur le rejet des valeurs humanistes. Un texte foncièrement réactionnaire, qui stigmatise le progrès et toutes les valeurs positives, telles que la bonté, l’amour, la création, la fraternité, ne retenant de l’homme que sa partie animale, avec une préférence pour les dérèglements sexuels, en utilisant, au plan formel, la métaphore globalisatrice de «la fin du monde ».
Au plan du fond, le style maniéré, amphigourique, poseur, qui emploie des termes depuis longtemps disparus de la langue – scions, priola, foal, nichilidos, jambot, frairie – prouve la recherche permanente d'une pose de l'auteur dans l’atteinte d’un « statut littéraire ».
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Attaque Cosmique - Par BenF
Le «Pandora» vaste paquebot portugais ne répond plus. Dépêché sur les lieux, le contrôleur Peter Simmersen découvre que le navire a été attaqué par un « nuage noir anesthésiant ». Revenu à Miami, Peter, mis au courant par sa fiancée Barbara, apprend que des menaces précises ont été formulées par des extraterrestres à la terre entière : ou les humains se soumettent ou ils seront réduits en esclavage ! Ces Aliens (des Plutoniens) désirent s’établir sur la terre qui leur plaît, ce qui est une raison suffisante, après tout. Comme preuve de leur efficacité, ils endormiront une dizaine de villes, dont Miami où se trouvent nos deux tourtereaux.
Au moment où le nuage anesthésiant recouvre la ville, Peter et Barbara endossent deux scaphandres anti-fumée ce qui leur permet de se promener dans les rues :
«Des corps jonchaient la route. D’autres étaient étendus devant les maisons. Et la grande ville de luxe paraissait figée pour l’éternité. Bars et piscines, drugstores et dancings, hôtels, villas, département d’état, de police, d’armée, ville, port, navires, tout semblait plongé dans le sommeil. Et l’aspect des multiples corps, étendus où les avait atteints le nuage infernal, donnait une immense impression de désolation. »
Une soucoupe volante les enlève. Ils se réveilleront entourés de Plutoniens télépathes, au corps débile et à la tête énorme, qui veulent leur imposer leur volonté. Malheureusement pour les extra-terrestres, la sauvagerie des pensées terriennes (surtout de Barbara) leur est intolérable et, vaincus, ils quittent la partie : la terre est sauvée !
«En effet, malgré leur science, malgré leur puissance, ils ont compris que leurs ondes cérébrales ne pouvaient lutter contre les esprits des humains.( …) Ils pouvaient endormir les terriens, mais pas les dominer… Surtout pas dominer un être humain épris d’un autre être humain, comme Barbara l’était de Peter. Si bien qu’il a suffi d’une volonté de femme aimante pour déchirer l’effroyable menace d’esclavage qui planait sur le globe !… » (Si seulement !…)
Un petit récit réunissant les ingrédients habituels de la SF populaire : soucoupes volantes et E.T. hydrocéphales.
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La Fin Des Livres - Par BenF
Un petit groupe de gentlemen, après avoir assisté à une conférence du savantissime William Thompson à la Royale Institution de Londres où celui-ci évoqua le sort futur et funeste de notre globe, se retrouva pour un dernier verre au Junior Atheneum Club. Chaque participant y alla de sa propre vision du futur, utopique ou pessimiste, selon le cas. Le narrateur, sommé de s’exécuter lui aussi pour ce qu’il pensait de l’avenir du livre et des écrivains, jeta un pavé dans la mare en annonçant leur fin prochaine :
« Si par livres vous entendez parler de nos innombrables cahiers de papier imprimé, ployé, cousu, broché sous une couverture annonçant le titre de l’ouvrage, je vous avouerai franchement que je ne crois point (…) que l’invention de Gutenberg puisse ne pas tomber plus ou moins prochainement en désuétude comme interprète de nos productions intellectuelles. »
Basé sur l’égoïsme et la paresse du lecteur, la mutation se fera de l’œil à l’oreille, de l’écrit à l’auditif, grâce à la technique :
« Je me base sur cette constatation indéniable que l’homme de loisir repousse chaque jour davantage la fatigue et qu’il recherche ce qu’il appelle avidement le confortable. (…) Je crois donc au succès de tout ce qui flattera et entretiendra la paresse et l’égoïsme de l’homme ; l’ascenseur a tué les ascensions dans les maisons, le phonographe détruira probablement l’imprimerie. »
Toute oeuvre sera désormais gravée sur cylindre et déclamée:
« Il y aura des cylindres inscripteurs légers comme des porte-plumes en celluloïd qui contiendront cinq ou six cents mots et qui fonctionneront sur des axes très tenus qui tiendront dans la poche ; toutes les vibrations de la voix y seront reproduites ; on obtiendra la perfection des appareils comme on obtient la précision des montres les plus bijoux. »
L’écrivain deviendra un narrateur, l’éditeur sera un «storygraphe », le bibliophile un « phonographophile » et les bibliothèques des « phonographothèques ». Les œuvres enregistrées les plus recherchées seront celles où l’auteur lui-même déclame avec sensibilité et émotion. Et cette révolution concernera tout et tous. Le monde savant, mais aussi le peuple, la multitude à qui il sera donné d’écouter et de se procurer les enregistrements , à petit prix, à tous les carrefours de la ville, dans les gares, les salles d’attente, et les transporter dans leurs poches, grâce aux miracles de la miniaturisation :
« Il se fabriquera des phono-opéra graphes de poche utiles pendant l’excursion dans les montagnes des Alpes ou à travers les canyons du Colorado. »
Quant aux illustrations et images imprimées elles seront remplacées par les merveilles du « kinétographe », dérivé de l’invention d’Edison, où « des tranches de vie », fictives ou réelles, satisferont le goût de tous. Enfin les nouvelles du jour et de la presse pourront être avantageusement consultées par un consommateur délicieusement allongé dans son lit, et qui n’aura plus à tourner fastidieusement de grandes pages froissées. Et le narrateur de conclure qu’il s’agit là d’une évolution inéluctable et proche et que nul ne regrettera la disparition totale et absolue du livre imprimé :
« Il faut que les livres disparaissent ou qu’ils nous engloutissent ; j’ai calculé qu’il paraît dans le monde entier quatre-vingt à cent mille ouvrages par an, qui tirés à mille en moyenne, font plus de cent millions d’exemplaires, dont la plupart ne contiennent que les plus grandes extravagances et les plus folles chimères et ne propagent que préjugés et erreurs. Par notre état social nous sommes obligés d’entendre tous les jours bien des sottises ; un peu plus, un peu moins, ce ne sera pas dans la suite un bien gros excédent de souffrance, mais quel bonheur de n’avoir plus à en lire et de pouvoir enfin fermer ses yeux sur le néant des imprimés ! »
Une autre petite échappée sur le futur de la part de l’écrivain et romancier de génie, Albert Robida. L’on ne sait ce que l’on admirera de plus ici, de la justesse de sa vision, où de son ironie en face d’une situation de disette culturelle à venir. L’éradication du livre qu’il entrevoit – crainte encore partagée il y peu par bon nombre de nos savants contemporains- si elle ne semble pas exister dans la réalité est pourtant bien un état de fait lorsque l’on sait, qu’en France par exemple, 90% des lecteurs se contentent de déchiffrer des étiquettes des boîtes de conserve.
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Sans Eclat... - Par BenF
Louise Olivier et Rolf Smith sont assis face à face dans un café de Salt Lake City, derniers survivants d’une guerre totale, à la fois nucléaire et bactériologique. Partout le monde a cessé de vivre, de bouger, d’émettre. Ils seront les nouveaux Adam et Eve d’une société future. D’ailleurs Rolf ne pense qu’à ça. Mais Louise est l’archétype de la pruderie anglo-saxonne, imprégnée d’une éducation stricte et bienséante. Pour elle, l’amour, c’est un pasteur, un mariage en blanc, des cadeaux et des fleurs. Le mâle lui fait peur. Rolf, trop faible pour la prendre de force, et sachant qu’il n’en a plus pour longtemps car est lui-même en proie à des accès subits de paralysie, essaie de la convaincre de coucher avec lui. Et, ô miracle !, elle consent au sacrifice suprême à condition qu’il y ait mariage en blanc. Emerveillé, mais pris d’un besoin soudain, Rolf se dirige vers les toilettes:
" Il trouva la porte des lavabos et entra. Il fit un pas à l’intérieur, et se figea, sa jambe s’arrêtant dans son mouvement en avant, il était subitement et totalement paralysé. La crise!... Cette satanée crise qui l’avait déjà frappé une fois aussi soudainement, et dont la piqûre faite par Louise l’avait heureusement tiré; la panique l’envahit lorsqu’il essaya de tourner la tête et ne réussit pas à le faire... Lorsqu’il essaya de pousser un cri et n’y parvint pas davantage... Derrière lui il avait entendu un léger déclic, lorsque la porte, poussée par le ferme - porte hydraulique, s’était refermée... pour toujours. Cette porte n’était pas verrouillée, mais de l’autre côté, sur une plaque, elle portait l’indication: HOMMES. "
" Sans éclat " est un récit très court mais important en ce qu’il représente la première tentative d’écrire une anti-fin du monde, en subvertissant le thème. Pour Damon Knight, il n’est pas besoin de bombardements grandioses, de catastrophes inimaginables pour créer une situation vraiment désespérée. La relation psychologique entre les êtres est fondamentale et détermine la réussite ou l’échec de l’entreprise. En l’occurrence, nous sommes en présence d’une authentique fin de l’espèce, le héros mourant par la bêtise de sa partenaire.
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Au Crepuscule Du Monde - Par BenF
En une France future, le pape, en visite à Paris, demande la grâce de révoltés condamnés à mort, auprès de Gadog, neveu de l’Archévêque, l’Antéchrist de la bible, le futur maître du monde. Celui-ci est amoureux de la jeune Marie, la nièce du pape, ce qui explique sa relative clémence.
Gadog possède une personnalité complexe. Rusé, savant, communiste convaincu, matérialiste dans l’âme, juif mécréant, il souhaite conquérir l’empire et reléguer Judith, l’impératrice de l’Europe, au second plan. L’Angleterre, symbole de la dépravation du monde, a déjà disparu sous les flots, lorsque Gadog s’attaque à tous ceux qui menacent l’empire, usant de gaz et d’avions de sa propre conception pour les réduire à merci. En dépit des milliers de morts, il apparaît comme le véritable sauveur de l’Europe, chef de la société de « l’Ultime », un groupe occulte qui travaille à l’établissement d’une dictature prolétarienne mondiale. Avec l’armée derrière lui, le nouveau « Protecteur de la nation » démet l’Impératrice de ses fonctions. Tout en sapant l’autorité du christianisme, il met le clergé vénal de son côté. L’Europe soumise et contrôlée, il se tourne vers la Chine :
" On vit des villes entières sauter, et non seulement des villes, mais des grandes îles, de vastes régions. C’est ainsi que presque tout le Japon s’effondra d’un seul coup, disparut au fond des eaux, comme l’Angleterre quelques mois auparavant. Qui dira l’horreur de toute l’Asie ! Ce n’était que bruits d’explosion, flammes et fumées, cris des mourants, massacres et abomination. En vain le pape avait-il essayé de faire entendre sa voix pour arrêter le carnage. La bataille continuait à faire rage. On raconte qu’on avait vu au-dessus de la mêlée un avion surmonté d’une croix lumineuse dans lequel on distinguait deux formes blanches, et d’où partaient des implorations et des appels à la pitié et à la paix… "
Des incendies monstrueux confirment sa victoire sur Pékin, ville dont il hâtera la reconstruction. Prenant pour capitale Paris et pour emblème le Dragon, après avoir assassiné son propre père, Gadog, humilié par le pape qui refuse de lui remettre Marie, fou de rage, rend la religion responsable de ses états d’âme :
« Une véritable rage s’était emparée de Gadog. Un moment, l’espace d’une seconde, il se demanda s’il n’allait pas étrangler de sa main l’homme qu’il avait devant lui. Mais il comprit aussitôt qu’il fallait éviter un nouveau scandale. Trop de rumeurs couraient déjà sur son compte. Tout à coup, avisant à sa portée un grand christ qui faisait face au trône pontifical : - A nous deux, cria-t-il en le tirant à lui, et il lui crachait au visage, et l’ayant jeté à terre, il le martelait à coups de talon, cependant que le pontife, en essayant de se lever, tombait évanoui. »
Grâce à son outil, « l’Ultime », il instaure le communisme dans le monde entier, massacrant les opposants ou les minorités, interdisant le mariage et la famille, obligeant à l’union libre et à la jouissance immédiate des biens de ce monde :
« Et s’inspirant de la plus pure doctrine communiste, il promulgua un décret qui interdisait sur les deux continents la célébration de tout mariage aussi bien civil que religieux. L’union libre qui se pratiquait déjà sur une grande échelle, serait désormais la règle générale. Et la liberté sexuelle était proclamée. C’est ainsi qu’en Europe et en Asie la civilisation se transformait et que tendaient à disparaître les mœurs de la vieille société bourgeoise et capitaliste. »
Se voulant le maître des corps et des esprits, il se débarrasse définitivement de Judith, dernier obstacle à son destin. Interdisant tout culte qui n’aurait pas sa personne pour objet, il traque les religions en tous lieux. Ses conquêtes se multiplient : l’Afrique est prise sans coup férir. Suivent l’Océanie, puis l’Amérique où la destruction de toutes les grandes métropoles démontre à nouveau l’efficacité de ses armes. Le matérialisme en expansion lui impose la mise en place de cinq dictateurs, les cinq « Présidents », responsable chacun d’un continent. Lentement, se développe une caste de privilégiés. Prônant l’inverse de la théorie communiste, il pousse chacun à s’enrichir, injectant des milliers de tonnes d’or dans le circuit économique.
Rome, qui jusqu’ici avait été épargnée par Gadog à cause de la présence de Marie, brûle soudainement. D’abord heureux de la mort supposé de son éternel ennemi, le pape, Gadog déchante brutalement : celui-ci a survécu et critique toujours ses agissements. Le dictateur ne comprend pas comment on peut s’acharner ainsi sur sa personne alors qu’il fait son possible pour rendre les hommes plus heureux, en euthanasiant notamment les vieillards et les infirmes :
«Par ordre de Gadog et pour le plus grand bien de l’humanité, les malades incurables, les enfants infirmes ou trop faibles étaient sacrifiés, afin qu’il n’y eût plus de misères ni de laideurs dans le monde, et qu’il y eut moins de bouches à nourrir. Etaient aussi exterminés sans pitié les déments, les « morts de l’esprit », les grands blessés, et les incapables, les médiocres, les suspects étaient stérilisés. L’eugénisme était devenue la grand loi de l’humanité : il ne devait y avoir sur la terre que des hommes sains et robustes.»
Pourtant, la mort le tourmente. Craignant sa disparition, et tout en contrôlant le vaste programme d’éradication des races noires, il travaille avec acharnement à se rendre immortel grâce à la science. N’acceptant plus aucune critique, ni celle de sa mère qu’il assassine, ni celles de ses proches qui l’accusent d’avoir trahi l’idéal communiste et qu’il fait exécuter, il poursuit de manière monomaniaque son rêve d’immortalité.
Un voyage au mont Saint-Michel est pour lui l’occasion de se faire déifier, de remplacer l’image de l’ange tutélaire par le symbole du Dragon. Mais une douloureuse surprise l’attend : au moment même de sa consécration, une blessure inexplicable lui perce la poitrine. Pourtant, il ne renonce pas. Il désire donner un éclat particulier à l’événement en obligeant le pape à reconnaître sa divinité. Malgré les signes annonciateurs de catastrophes, un tremblement de terre arasant la colline de Montmartre par exemple ou le peuple juif, son peuple, qui ne le reconnaît plus comme Messie, ainsi que l’augmentation de la douleur dans sa poitrine, il persiste dans son idée fixe, se disant que, s’il devait mourir, il entraînerait l’humanité entière avec lui. Le jour vint enfin où le pape et Marie, livrés à son caprice, en une confrontation grandiose, s’opposent une dernière fois à son ego. Fou de rage, Gadog fit crucifier le vicaire du Christ au moment même où partout dans le monde se manifestèrent les signes de la fin des temps : éruptions volcaniques généralisées, famines et épidémies.
« Au crépuscule du monde » est le roman de la lutte épique menée par le christianisme contre l’Antéchrist, c’est-à-dire les idéaux communistes, marxistes, matérialistes. Incarnés par les deux personnages du pape et de Gadog, leurs frénétiques efforts sont à la hauteur de la démesure des enjeux. Un texte pamphlétaire comparable à celui de Hugh Benson dans « le Maître du Monde »
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La Fin Des Robots - Par BenF
Dans le futur, avec le développement du machinisme, les robots seront de plus en plus sollicités. A tel point qu’ils deviennent la cause d’une explosion sociale. Comme ils suppléent les êtres humains dans tous les domaines, le clan des « Eugéniens » pousse à une adaptation encore plus performante de ces machines vivantes qui devront, selon eux, occuper l’ensemble des secteurs économiques.
Les « Antieugéniens » sont persuadés du contraire. Les risques sont grands, disent-ils, d’un dérapage et d’une main mise des machines sur l’homme. Ce qui fait bien rire les Eugéniens, puisqu’il est si facile de brider les automates en les privant d’énergie ! Pourtant les Antieugéniens militent en faveur de la mise en place de la F.O.N.D.E.R.I.E . (Fédération Ouvrière de la Nouvelle Distribution Energétique des Robots Invalides d’Etat) où ceux qui présenteraient une tare mécanique quelconque, ou qui seraient trop vieux pour servir correctement l’homme, pourraient être mis au rebut. Mais les robots ne l’entendent pas de cette oreille. Présents, grâce à leur protoplasme évolutif, dans tous les secteurs, s’occupant même de faire fonctionner leur centrale d’Energie, ils décident d’une grève générale afin de faire garantir leurs droits. Ils arrêtent tout. Leurs revendications sont précises. Elles stipulaient l’apprentissage d’un langage robotique spécifique, la création d’un journal dévolu à leur condition, l’utilisation d’une partie de l’énergie pour leur propre développement et enfin – ce qui est inacceptable!- la possibilité de se reproduire comme les humains. Faute de quoi, le travail ne reprendrait pas et les hommes, paralysés dans leurs déplacements, s’achemineraient vers la famine.
Les gouverneurs de la cité, ayant oublié avec le temps comment réagir devant cet état de fait, se trouvent désarmés.
La crise est gravissime et les êtres humains de plus en plus menacés :
« Maintenant, l’émeute se déchaînait ; les robots faisaient retentir partout leur appel à la révolte : « Coupzy ! courrrant ! Coupzy ! courrrant ! » (…) Puis les événements se précipitèrent : la moitié des robots s’occupèrent à fabriquer des sous-robots, pendant que l’autre moitié s’emparait du plus grand nombre possible d’hommes ou de femmes pour les torturer afin d’obtenir leur secret.
Il n’y avait rien à faire contre ces masses d’un métal aussi souple que compact, dont les organes vitaux étaient complètement à l’abri et qui prévenaient tous les gestes, saisissaient de tous leurs appendices variés à l’infini, dominaient de leur haute taille les hommes les plus solides qu’ils broyaient d’un ultra-son. »
Seul un vieil original, fouinant dans les bibliothèques et allant chercher une réponse jusque dedans la lune en astrojet, pour vérifier ses théories in situ, trouve la solution : pour arrêter les robots il suffit de les arroser avec de l’eau, puisque le fer rouille… :
« (Ils virent) des masses de robots désemparés, se traînant, eux tellement silencieux d’ordinaire, dans un bruit déchirant qui venait nettement de leur métallure, et non de leur émetteur de son ; par endroits une couleur ocre les recouvrait ; tout leur ensemble exprimait une souffrance abominable : ils étaient atteints d’une maladie incurable à cette époque, car personne n’avait gardé de quoi remédier à un mal dont la dernière attaque remontait à 100 ionies et dont on s’était débarrassé en même temps que les parasites des ondes –et dont seuls quelques spécialistes de l’antiquité connaissaient le nom : la rouille. »
Une nouvelle malicieuse et distanciée pointant du doigt les dangers d’un machinisme débridé, dans ce mensuel consacré à « la Fin d’une Civilisation ».
Il faut pourtant remarquer qu’au-delà de l’humour, elle renoue avec les fondamentaux, l’essence du robot étant, depuis sa création, de remplacer l’ouvrier à son poste de travail (voir à ce sujet R.U.R. de Carel Capek).
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