-
Bienvenue dans la Base de Données des livres !
Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
-
Livres
711 livres
-
Un écrit bref et inclassable entre le pamphlet, le manifeste politique, la diatribe, le dazibao et la vision apocalyptique :
« - La cathédrale de Strasbourg s’écroulera sur les toits de la ville et les enfants de nos écoles maternelles – la terre tremblera jusqu’aux montagnes, jusqu’aux entrailles de DIEU – TOUTE L’ALSACE BRULERA (…) Tout SAUTERA jusqu’aux nuages, jusqu’à la barbe bleue de Dieu. – nous laisserons tout flamboyer, les forêts les récoltes la potasse, le pétrole du Rhin et la vigne, et le tabac. TOUT BRULERA, nuit et jour, les rivières et les églises, Marmoutiers, Hasslach, Colmar et Murbach et le Dompeter, les tapisseries, les manuscrit-des-Saints, les gravures de Dürer, les bouquins d’Albert Schweitzer et les marbres de Hans Arp!… »
Jean Paul Klee dénonce la militarisation de la plaine d’Alsace, la présence du camp d’Oberhoffen et la centrale nucléaire de Fessenheim prête à répandre ses milliers de rems alentour, anéantissant toute culture et toute vie dans une région où, accuse-t-il, les habitants aseptisés et larvaires se laissent mener par le bout du nez. Par la même occasion, il évoque l’inanité de toute littérature qui désormais, en face de l’ultime danger, devra se réduire à l’essentiel, soit se vouer à la défense de la vie.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 449 vues
-
Cette courte nouvelle, parue en 1907, condense toutes les craintes de l’humanité à l’approche supposée d’un astre vagabond. Sans fioritures littéraires et dans un style puissant, Wells décrit la survenue de l’étoile , d’abord simple petite tache floue loin du système solaire, jusqu’à la catastrophe finale lorsque le bolide frôle la Terre , bousculant les continents, provoquant raz de marées gigantesques, faisant fondre les glaciers des pôles, produisant des tempêtes de feu et des changements climatiques:
" Mais tout aussitôt les railleries cessèrent. L’étoile croissait. D’heure en heure elle augmentait avec une persistance terrible, un peu plus grande à chaque heure, un peu plus près du zénith de minuit , de plus en plus brillante , et cela jusqu’à la nuit du lendemain.(...) Quand elle apparut au-dessus de l’Amérique, elle avait presque la grosseur de la lune , avec une blancheur aveuglante - et brûlante. Un vent chaud se mit à souffler à mesure que montait l’étoile, et augmentait continuellement de force.
L’étoile , dans sa course , entraîne Neptune dans son orbite , est attirée par Jupiter , transforme la périodicité de la Lune , occulte même l’éclat du soleil :
" Ainsi l’étoile, avec la lune hâve dans son sillage , traversa le Pacifique, traînant derrière elle, comme les pans flottants d’une robe, l’ouragan et la vague énorme , qui s’augmentait en sa marche pénible , écumante et impatiente, et se précipitait sur les îles, les unes après les autres, les nettoyant de toute race humaine . Puis le flot parvint , rapide et terrible , avec un éclat aveuglant et le souffle d’une fournaise , mur d’eau de cinquante pieds de haut , courant avec un rugissement d’affamé , sur les longues côtes de l’Asie , et se précipita à travers les plaines de la Chine. (...) Ce fut ainsi la fin de millions de gens , cette nuit-là - une fuite vers nulle part , les membres alourdis par la chaleur , la respiration haletante et l’air qui manquait , et , derrière , le flot comme un mur rapide et éblouissant . Puis la mort ! "
Après avoir semé la dévastation , elle disparaît au fond du cosmos. L’auteur en conclusion relativise l’événement pour donner la parole à d’éventuels observateurs martiens:
" Considérant la masse et la température du projectile lancé à travers notre système solaire jusqu’au soleil, écrivit l’un d’eux, on est surpris du peu de dommages que la Terre, qu’il a manquée de si près , a supportés. (...) Ce qui montre simplement combien la plus vaste des catastrophes humaines peut paraître peu de choses à une distance de quelques millions de milles. "
La nouvelle de Wells, inspirée elle-même du texte de Flammarion " la Fin du monde " et de la crainte provoquée par la comète de Halley en 1902 qui balaya la terre de sa queue infligeant consternation et suicides dans la population, eut une fortune littéraire inversement proportionnelle à sa longueur. Tous les récits ultérieurs qui mettront en scène l’approche d’un astre à l’encontre de la terre, météorites, comète, planète vagabonde, etc. n’effaceront pas la puissance dramatique de celui-ci avec le regard d’entomologiste de l’auteur posé sur la destinée humaine. Un très grand texte à la base du thème des " menaces cosmiques " dans le roman cataclysmique.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 351 vues
-
Jean Decorail, un jeune homme pauvre et mignon, est sauvé par Andrée Ravière et son amie Raymonde, à bord de leur petit avion personnel atterrissant à cause d’une panne mineure. Pris à bord, réconforté, puis emmené dans l’appartement d’Andrée, Jean deviendra l’observateur privilégié des mœurs de cette nouvelle société bâtie par les femmes qui se sont emparées du pouvoir politique lors de la Révolution de 1950 :
« On n’ignorait pas que maintenant les femmes étaient électrices et éligibles, qu’elles avaient accès à la plupart des fonctions publiques, mais on en riait sans deviner la révolution économique qui s’élaborait. Il est vrai qu’elle s’accomplissait petit à petit, sans à-coups brusques. Et tandis que la nationalisation du sol et l’établissement des monopoles d’Etat avait déchaîné la guerre civile, le règne féministe s’établissait solidement au milieu de l’indifférence générale. »
Il rencontrera les responsables féminins qui détiennent les postes-clé. Andrée, aux multiples compétences, parlant six langues, députée, adjointe de la grosse et redoutable Mme Milner, patronne du puissant trust des métaux, sera troublée par Jean. Elle lui permettra de vivre chez elle au «Splendide Hôtel » pour qu’il se refasse une santé. L’hôtel abrite beaucoup d’autres femmes de premier plan qui toutes se connaissent. Mme Aïdos, par exemple, la directrice de la banque franco-bulgare qui travaille en étroite collaboration avec Mme Milner ; la doctoresse Kibieff ou Jane Symian, la poétesse droguée à l’opium, dont l’usage est licite. En face, le panthéon des hommes, voués aux fonctions secondaires, puisque la république des femmes – idéal utopique des féministes au XIXème siècle - les a asservis et dévirilisés. Ils servent comme agents de liaison ou … étalons pour des dames trop prises par leur travail :
«Je m’étais laissé dire que ces messieurs des « Maisons closes » en (=«dragées d’Hercule», sorte de Viagra) faisaient journellement usage pour être toujours prêts ! -Jamais de la vie ! (…) On obtient leur virtuosité exceptionnelle grâce à une sévère sélection des mâles, à de très courtes périodes de service suivies de longs farnientes à la campagne, enfin à une hygiène sévère et à une nourriture choisie. Malgré ces précautions d’ailleurs, la plupart de ces pauvres diables n’atteignent pas la quarantaine… »
Il s’est donc développé un harem d’hommes entretenus, êtres ambigus, dont l’homosexualité s’affiche ouvertement, occupés uniquement à séduire, à se disputer ou à discuter de frivolités :
« Les hommes, eux, ont endossé l’habit de soirée qui, par un caprice de la changeante mode, copie les costumes chatoyants du XVIIème siècle : pourpoint de soie céladon ou rose, hauts de chausse de satin blanc bordés d’argent ou formant des nœuds, bas de soie, souliers à ponts-levis, canne à rapière, rabat de mousseline bordée de guipure, vaste feutre gris à plumes blanches. »
Fêtes somptueuses, habillements baroques, stupre, relations sexuelles éphémères, argent facile, défilent devant les yeux de Jean que sa condition provinciale et son état de pauvreté ont protégé jusque là.Très vite, il sera entouré d’un groupe «d’amis », tels que Pierre levée, Roger lemire, Xaintraille ou Luis Diego dit «Louisette», qui se chargeront de le déniaiser:
«Des hommes en cheveux longs, en grands chapeaux empanachés, en costumes tapageurs, déambulaient à pas lents, le poing gauche à la hanche, la main droite sur une haute canne à pomme d’or. D’un sourire lascif ils aguichaient les femmes aux terrasses des cafés et d’autres, indifférents, adressaient leurs œillades aux deux sexes, car jamais l’homosexualité n’avait fleuri aussi abondamment. »
Par eux il connaîtra les hauts lieux du Paris «branché» comme le « Cathleya-bar », lieu des rendez-vous interlopes, ou les fêtes décadentes chez Mme Milner, sans que cela aide à le convaincre de céder à Andrée à l’égard de laquelle pourtant il nourrit un tendre sentiment.Les hommes, « les vrais» sont, soit employés à des travaux de force dans les mines ou l’industrie, et laissés incultes, soit se retrouvent au sein de minuscules groupes d’opposition conservateurs siégeant au Parlement. Le Dr. Lorris est l’un de ceux-ci, qui analyse le marasme économique, l’instabilité internationale et l’affairisme d’état comme amplifiés par le pouvoir féminin lequel a joint aux travers des hommes la volonté de revanche des femmes :
« Puisque grâce à nos discussions, à notre fatigue, disons le mot, à notre veulerie, vous êtes arrivées au pouvoir, vous auriez dû en profiter pour mettre en pratique vos idées, vos théories, votre idéal. Or, qu’avez-vous fait depuis 1972, date des premières élections qui assurèrent la majorité féministe? Rien que pervertir les syndicats ouvriers et les trusts patronaux qui forment le collège électoral. (…) Quand vous voudrez, je vous prouverai que vous vous êtes contentées d’être nos pâles imitatrices. Vous n’avez rien inventé, rien démoli, rien innové ; vous avez rendu vôtres, en les tournant à votre profit, nos lois, notre organisation, notre société telle qu’elle est sortie de la révolution de 1950, parce que vous n’avez pas d’idées originales, pas de théories neuves, pas d’idéal personnel. (…)Allons, il fallait avoir le courage d’avouer la vérité, si peu séduisante qu’elle fût ; les femmes avaient su accroître la misère sociale et l’inégalité. A la dureté masculine, elles avaient substitué un égoïsme plus féroce, une injustice plus criante. L’homme était impitoyable et brutal, la femme était complètement amorale. Son désir exaspéré de paraître, d’éclabousser, de triompher, effaçait chez elle tout autre sentiment, détruisait toute bonne volonté»
Car la situation intérieure et extérieure de la France est inquiétante. Le racisme sordide introduit de solides clivages dans cette société féminine supposée unie :
«C’est encore Peau de goudron qui fait des siennes. Cheveux crépus, nez épaté où par la pensée on suspendait un large anneau d’or, lèvres proéminentes, celle qu’on avait baptisé de ce surnom était un remarquable échantillon de la race nègre. Son goût pour les chemisettes claires et les cravates aux couleurs éclatantes joint à une compréhension lente l’exposaient aux farces, quelquefois méchantes, de ses collègues. Elle souffrait d’autant plus d’être leur risée que son orgueil l’empêchait de reconnaître son infériorité intellectelle. Quand Irma lui affirmait « qu’une blanche vaut deux noires », elle discutait âprement et au bout d’un quart d’heure s’apercevait enfin qu’on se moquait d’elle. »
Les syndicats féministes avec à leur tête Irma Bozérias sont relayés au Parlement par une passionaria, Mme Launey, présidente du groupe des «Bellamistes». Elle dénonce les tripotages électoraux, le détournement des biens publics, les lois sur la propriété d ‘Etat en annonçant une grève dure que devra briser Mme Blanzy la présidente de la république , soutenue par les trusts des métaux, notamment celui de Mme Milner qui signe un traité d’approvisionnement d’armes avec les …Chinois, espérant relancer par là le travail et casser la grève :
« Le Japon au commencement du siècle, la Chine un peu plus tard avaient prouvé à la vieille Europe que sa supériorité économique n’était qu’un mot. L’émancipation sanglante de l’Indo-Chine et de l’Inde où les jaunes levant le masque avaient audacieusement mis en vigueur la doctrine de Sen-Chou-Chian, «l’Asie aux Asiatiques», avait porté le dernier coup au prestige de la race blanche. Les petits hommes aux yeux bridés s’étaient réveillés soudain de leur nirvana séculaire. Guéris de l’opiomanie qui les engourdissait, galvanisés par la volonté d’empereurs énergiques, ils s’affirmaient les maîtres de l’heure et la guerre sino-australienne n’était qu’une des phases tragiques de ce duel des deux races. »
Elle charge son adjointe Andrée Ravière, torturée par des scrupules de conscience, de se charger de cette délicate négociation. Les terrains étatisés, l’interdiction de leur transmission par héritage, l’Etat propriétaire de tous les logements fournissent à une nomenklatura féminine d’apparatchiks (es) la possibilité de se goinfrer, au propre comme au figuré. Le Dr. Lorris est conscient que la race blanche se suicide, non seulement à cause d’une politique insensée mais surtout par le fait de deux fléaux conjugués qui amplifient le désastre : l’abandon du rôle de mère par les femmes et le refus de faire des enfants. Elles les confient à des «Maternités nationales», sortes d’orphelinats d’état où , en grandissant, ils apprennent la haine et l’amertume de la solitude. Comme les multiples fonctions des femmes ne leur permettent plus de consacrer du temps à engendrer, elles se livrent au plaisir sans arrière-pensée en absorbant des abortifs ou en se faisant stériliser. Jean, en compagnie des «ruffians » est soigné, pomponné, poudré, prêt à un emploi qu’il condamne au grand malheur d’Andrée :
« La toilette du jeune ruffian était terminée. Après l’avoir massé, épilé, la doctoresse avait examiné la denture, mesuré la sensibilité des réflexes, présidé au nettoyage de la chevelure. Elle n’avait pas volé ses deux louis quotidiens. »
Il voudrait vivre de sa plume en composant des poésies. Aidé par la jeune femme, une relation de Mme Herbert, il rencontre la Directrice du journal « l’Universel » qui lui fait abandonner de suite ses illusions :
« Elle expliqua que les vers étaient une très belle monnaie ancienne qui n’avait plus cours. Quant à la prose, elle comportait deux catégories : celle dont la publication était payée par l’auteur et celle dont la publicité rémunérait tous les frais. Tel roman célébrait l’efficacité des pilules Finck ou de la pâte dentifrice Luna, tel conte vantait les charmes des randonnées accomplies à l’aide des avions Bérault. L’habileté consistait à tourner la réclame de telle façon que le lecteur fût dupe et n’aperçût pas le bout de l’oreille. »
Profitant d’un voyage d’affaires de sa protectrice, Jean s’écarte d’Andrée, veut disparaître de sa vie. Il pense se réfugier chez un homme marié, son vieil ami Victor où il expérimente le drame de la sujétion masculine :
« Mon pauvre Jean, voilà le seul moment de la journée où je suis tranquille. D’ailleurs ce n’est pas encore terminé. Avant de me mettre au lit, il faudra que je cire les chaussures de la mère et des enfants. Et demain comme chaque jour, je serai le premier levé. Je dois m’occuper de Tutur et d’Euphrasie qui vont à l’école, les laver, les habiller, préparer leur petit déjeuner. Dès qu’ils sont partis, je songe au chocolat de ma femme. Ah ! quelle existence!-De galérien, appuya Jean. Je ne la supporterais certainement pas. »
Ce qu’il voit l’horrifie à tel point qu’il échouera dans la rue, avec les clochards. Andrée, de retour de son voyage, est désespérée. Elle aime réellement Jean qu’un sordide fait divers lui permettra de retrouver. «Louisette», pour un collier de perles, a assassiné son vieil ami Roger Lemire et s’apprêtait avec deux comparses à cambrioler l’appartement de Mme Milner. Les policières arrêteront à temps les suspects et, effectuant une rafle dans les environs, elles prendront par hasard Jean dans leur nasse qui sera reconnu et sauvé par Andrée. Alors que l’Australie tombe définitivement dans les griffes de l’empire jaune qui étend sa domination sur le monde occidental, Jean et Andrée reviennent de voyage de noce. Enceinte, elle a démissionné de sa fonction, heureuse enfin de s’affirmer pleinement femme, au grand effroi de son ami Raymonde :
« Elle en souffre, elle aussi, de s’être façonné comme ses contemporaines une âme masculine, d’avoir étudié la métaphysique et la physiologie, d’avoir plongé dans le gouffre glacé du raisonnement où l’on ne trouve en fin de compte que la négation, où l’on erre entre ces deux pôles contradictoires : la matière qui est peut-être aussi de l’esprit, l’esprit qui est sans doute de la matière !
Ah ! comme elle les envie, les grand’mères futiles, préoccupées de la coupe d’une robe, de la couleur d’une écharpe, de la forme d’un chapeau ou simplement absorbées par les soucis du pot-au-feu quotidien ! »
«Le Triomphe des Suffragettes» reste un livre d’actualité avec des accents et des préoccupations contemporaines. Se situant dans la vieille lignée du thème du « matriarcat » et du « féminisme », Jacques Constant, endossant les oripeaux de l‘utopie socialisante pousse la simulation jusqu’à la charge pour constater – mais n’est-ce pas encore un fantasme mâle - que des femmes au pouvoir agiraient encore plus mal que des hommes. Non seulement elles n’élimineraient pas la guerre, dont les féministes trouvent l’origine dans « la politique du mâle », mais n’en finiraient plus avec des jeux de pouvoirs exacerbés par leur nature féminine. Un brûlot féroce, parfois jusqu’à la caricature, mais une description minutieuse et des intuitions justes, font de ce roman un travail d’entomologiste éclairant les rapport entre les sexes. A méditer, même aujourd’hui !
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 389 vues
-
contient les nouvelles :
le Test (Richard Matheson)
les Assassins de la terre (A.E. Van Vogt)
le Pilote (Ib Melchior)
Toute la misère du monde (Isaac Asimov)
Amis et Ennemis (Fritz leiber)
Le Pays de Nod (Sherwood Springer)
Un Homme très cultivé (Georges Fredric)
La Question muette (F.J. Ackerman)
Homo sapiens (Charles Nuetzel)
Aquella (D.A. Wollheim)
La Vague montante (M.Z. Bradley)
Votre vie en 1977 (Willy Ley)
Presque la fin du monde (Ray Bradbury)
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 500 vues
-
L'etoile Fugitive - Par BenF
Arthur Stokes, le scientifique, fut le premier à s’en aviser. De ce qui n’était encore qu’une tache floue dans son téléscope, il imagine sans peine ce qu’il adviendrait de la Terre dans une vingtaine d’année, lorsque cette tache, se transformant en un soleil brûlant frôlant avec certitude le système solaire, signerait l’arrêt de mort de l’espèce humaine.
L’étoile fugitive augmenterait non seulement l’activité de notre propre soleil dont les éruptions de gaz menaceraient notre planète mais encore arracherait une partie de sa chronosphère plongeant la Terre – si celle-ci avait résisté à la chaleur - dans de terrifiantes tempêtes électromagnétiques.
Stokes, refusant la fatalité, engagea les hommes politiques à l’action pour qu’ils programment la mise en place de vastes réseaux d’abris souterrains. Ceux-ci ne bougèrent pas, incapables d’assumer leurs responsabilités pour cause d’impopularité électorale. D’un commun accord, avec le reste du monde scientifique, il entama les travaux, organisant pour son propre compte un laboratoire-abri souterrain.
Avec les années qui passèrent, l’éclat et la proximité de plus en plus grande de l’étoile fugitive affolèrent les populations. Bien qu’avec du retard, partout de par le monde, l’on songea à se protéger du terrible rayonnement, et Stockes, enfin mis au premier plan, coordonna les travaux. Il était le seul cependant à évaluer les conséquences électriques terrifiantes de la catastrophe et à concevoir un plan gigantesque pour arracher la terre à son destin. Il éduquera sa fille unique Evelyn pour qu’elle reprenne sa mission à sa mort. Lorsque l’étoile fut proche, aussi grosse comme notre soleil, grâce aux abris souterrains, l’humanité absorba le premier choc :
« le jour fatidique arriva. C’était le 19 octobre 1980 et, à six heures douze du soir, instant de la plus grande proximité de l’étoile, la Terre, deux heures durant, fut ravagée par de vastes séismes et une succession de secousses qui firent d’elle une planète pourrie, sans équilibre, soumise aux combats de gravitation de deux soleils ennemis. »
Déjà l’on cria victoire lorsque commencèrent les tempêtes électriques, engloutissant des régions continentales immenses, telles que l’Australie ou l’Amérique du Sud :
« En comparaison, les désastres occasionnés par le passage de l’étoile paraisaient minimes. Rio était devenue un flamboiement d’éclairs, une ruine croulante au sein d’une gigantesque convulsion électrique dont le souffle avait arraché la ville de ses fondations et électrocuté la population. De celle-ci, il ne restait plus que des cendres. Quatre heures plus tard, Rio n’était plus qu’un souvenir, un désert de pierres noircies et effritées, de corps calcinés. »
Stokes disparu, ce fut Evelyn, en pleine maturité scientifique, qui prit le relais. Elle convainquit le savant Morgan de la pertinence du plan conçu par son père : déplacer toute la terre vers un autre soleil pour assurer sa survie. La machinerie qui permettrait cette action était, grâce à son père, opérationnelle. Il s’agissait de libérer notre globe de la gravitation, puis de le diriger sur un canal « d’éther » à une vitesse inconcevable vers le système d’Alpha du centaure, enfin de protéger par un maillage électromagnétique, l’atmosphère et la surface terrestre durant le voyage, les humains prenant place dans les abris souterrains encore opérationnels.
Morgan, sonna le tocsin général. A l’heure dite, la terre se libéra de l’emprise de son soleil pour se diriger vers une nouvelle étoile. Mais, peu de temps avant son arrivée, l’une des machines assurant la cohérence de l’ensemble, céda. La Terre dépassa son but, s’enfonça en un nouvel univers, resta finalement prisonnière d’un soleil étrange et étranger sur une « orbite de force ». Evelyn, analysant la situation, sut qu’il ne s’agissait là que d’un sursis provisoire, notre planète devant irrémédiablement finir brûlée comme un phalène par une lampe. Après bien des tâtonnements, elle réussit à remettre ses machines en route utilisant comme boussole l’énorme masse magnétique d’une étoile morte mais située dans notre propre univers. Notre terre repartit vers son berceau historique.
Le passage de l’étoile fugitive avait bouleversé le paysage de notre système solaire à un point tel qu’il fallait trouver un nouvel équilibre et une nouvelle orbite à notre globe. Quatre tours électromagnétiques gigantesques furent construites aux quatre points cardinaux. Elles devaient stabiliser le monde tant que durerait l’humanité. Plus tard, l’on s’aperçut que la terre, parfaitement autonome dans son mouvement, pouvait se passer de ses piliers. Ainsi, grâce à Evelyn, l’humanité reprit vie et, après des siècles puis des millénaires, seule une statue à moitié oxydée rappela à nos descendants le rôle immense que joua cette femme dans l’histoire du monde :
« Au milieu des ruines croulantes des édifices autrefois colossaux, penchés maintenant sous l’effet des affaissements du sous-sol, la statue de bronze tenait bon. Le temps et les saisons l’avaient dégradée, et il eût été difficile d’y retrouver l’image d’une femme.(…) Peut-être était-il juste que cette statute se dressât sur la ligne qui marquait la limite entre le jour et la nuit, silhouette dont l’un des profils seulement se détachait sur le rouge du soleil déclinant, tandis que les mains levées montraient les étoiles et les profondeurs abyssales dans lesquelles avait disparu Evelyn elle-même, sans espoir de retour… »
« L’étoile fugitive » dont l’argument est plus que chimérique ne manque pourtant pas de souffle épique. Il est l’un des récits les plus inspirés de Vargo Statten. Des accents « à la Stapledon » parcourent un texte au style nerveux et haché. La convention romanesque assumée, la distanciation scientifique enfin prise, permettent de goûter au plaisir d’une lecture sans arrière-pensée.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 165 vues
-
Qui ne connaît la bande dessinée de Hergé – sinon il faudrait d’urgence combler cette lacune – mettant un scène l’archétype du savant fou?
Jo et Zette, enlevés en mer par une bande de pirates, se réveillent à l’intérieur d’une base sous-marine où des inventions scientifiques extraordinaires sont à la disposition du «Maître», un gnome contrefait barbu et bossu comme le professeur Tornada dans le roman de Couvreur, «une invasion de macrobes ».
Pillant les navires de ligne en utilisant un gaz soporifique de son invention pour se procurer le financement nécessaire à ses néfastes projets, il a conçu un robot, prototype d’une armée de métal destinée à envahir le monde. Grâce à Jocko, et par les lois du hasard, le robot géant aux gestes fous, fait perdre la raison à son créateur, le transformant pour de bon en « savant vraiment fou », ce qui permet la fuite des deux enfants. S’engouffrant dans un engin d’exploration sous-marin, ils aborderont une île habitée par des cannibales, ce qui promet une suite croustillante dès le deuxième volume de la série.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 294 vues
-
Marius Petitpois, en ce dimanche de fin juillet, attablé à la terrasse d'un bistrot parisien, pense qu'il a eu tort de rompre avec la petite Denise. A cela s'ajoute le pur désespoir lorsqu'il entend une incroyable nouvelle à la radio. D'après le professeur Girmaldus, la Terre passera dans un zone de diminution de l'énergie cosmique fatale à la seule espèce humaine. L'unique moyen de surmonter l'épreuve est, en un moment précis pas plus long qu'un quart d'heure, de compenser le manque d'énergie par un acte sexuel orgasmique et partagé:
"Après de délicates recherches, le professeur Grimaldus est parvenu à la certitude que l'être humain engendre du fluide cosmique (...) A l'occasion de l'accomplissement de l'acte sexuel, l'homme et la femme confondant leur polarité dans l'unité élémentaire libèrent une forte quantité de fluide cosmique, quantité estimée suffisante pour assure la continuité de la vie du couple durant les quinze minutes au cours desquelles le fluide cosmique externe réduit ne permettra plus cette continuité."
Dans quarante-huit heures il importe pour chaque mâle en état de procréer, de trouver une partenaire féminine pour assurer leur survie mutuelle. L'Etat, d'après ce qu'il entend encore, y pourvoira aussi, en simplifiant la procédure, en édictant lois, décrets et règlements qui lèveront tous les interdits régissant le code de la sexualité, le mariage ne sera plus un préalable. Le mal frappant dès l'âge de 13 ans, les mineurs n'auront plus à se justifier en ce domaine et pourront s'employer à sauver leur vie. Même les religions ôteront le carcan de la chasteté des prêtres et des religieuses. Les différentes associations se déchaînent. Les unes, les "Ligues pour l'Eugénisme" voient là un moyen d'accroître leur notoriété en accompagnant les pratiquants, leur prodiguant conseils et assistanat. Ainsipour la méthode William Taylor-Kinsley qui semble la plus appropriée pour vaincre la frigidité, obstacle mortel pour les malheureuses qui la subissent. Les autres, comme l'association "Ni Chien ni Femme", développent un programme de mise en garde contre le danger que constituerait l'événement pour un homme pris en otage ou domestiqué durant ce douloureux temps d'épreuve.
Voilà Marius Petitpois bien embêté: il vient de rompre. Que faire, car il est vital de trouver une partenaire féminine à très court terme. Il songe d'abord, bien qu'ayant délaissé Denise, à la lettre enflammée que celle-ci lui a écrite, lui jurant un amour éternel. Peut-être ne sera-t-il pas difficile de se rabibocher avec elle? Hélas! cela ne se passe pas comme prévu. Durant son absence, Denise l'a déjà remplacé avec un gentil garçon qui a su pousser son avantage:
"-Eh bien! Voilà. Un soir nous étions tous les deux enlacés dans la nuit sur notre banc, il fut plus entreprenant qu'à l'ordinaire, tellement qu'il insinua sa main dans ma culotte et que je n'arrivai plus à en déloger ses doigts turbulents. (...) Je me laissai faire, revivant les yeux clos et la bouche altérée nos belles heures à nous, mon pauvre Marius. Soudain, la sensation devint douloureuse. Je réagis brusquement. "Ce n'est rien, fit-il j'essaie avec le pouce." Ah! tu parles d'un drôle de pouce alors! Mais il était trop tard."
Dépité, Marius rentre chez lui pour se coucher... seul. Déjà l'ambiance des rues se transforme:
"les voitures étaient rares. les passants plus nombreux, se révélaient tous désespérément du sexe masculin. Les uns, l'air absent, allaient, tels des automates, vers un impitoyable destin. Les autres au contraire paraissaient s'amuser au spectacle de la rue. Et leur allure dégagée, leur démarche assurée, tout révélait en eux des hommes sûrs de trouver au bout de leur course la salutaire étreinte."
Le lendemain, il rassembla ses souvenirs car il lui fallait absolument trouver sa moitié d'orange, puisqu'il y allait de sa vie. Alors il se souvint de Mado qui, jadis, n'avait pas été trop bégueule. Peut-être voudrait-elle bien coucher ave lui pour la bonne cause? Il alla la trouver. Mais celle-ci, désespérée elle-même parce que se sentant frigide, et malgré toute sa bonne volonté , ne put le rassurer:
"Dans un geste théâtral, Mado fit glisser sa robe d'intérieur et apparut aux yeux surpris de Petitpois entièrement nue. - Contemple-là, cette poitrine pour laquelle tout soutien-gorge est superflu. Remarque la fermeté du sein et comme il est aérien le bouton discret qui en fleurit la pointe. Admire la ligne fuyante du ventre, l'épanouissement des hanches, ces cuisses au galbe harmonieux (...) Oui, tu vois, tout est parfait, tout, sauf ça. Les pieds maintenant sur le divan et les cuisses largement écartées, elle procédait à l'inventaire de son intimité la plus secrète. -C'est joli, pourtant, n'est ce pas, Marius? Regarde: on dirait une anémone de mer. C'est d'un rose changeant comme cette fleur sous-marine, et, comme elle, ça fuit sous les doigts lorsqu'on touche."
En proie à une perplexité de plus en plus grande, Marius , dont les pas l'ont emmené à la mairie de son quartier, fait la rencontre inopinée d'un prêtre effaré qui a besoin de conseils en la matière. Se faisant passer pour un eugéniste, Marius promet de l'aider. En contrepartie, celui-ci lui demande de donner une conférence devant un parterre de jeunes filles, toutes faisant partie de "l'Oeuvre des Zélatrices de la Virginité triomphante". Les convaincre s'avèrera difficile, chacune ayant des griefs majeurs à exprimer à l'égard des hommes. Certaines racontent leur première expérience et les sentiments qui s'en sont suivis:
"Alors, Mesdemoiselles, une chose effroyable survint. Un frémissement angoissé parcourut l'assistance. -Ce que j'avais considéré de prime abord comme un négligeable morceau de peau prit un subit développement qui révéla en quelques instants à mes yeux horrifiés un serpent en tout point semblable, je présume, à celui qui valut pour Eve le châtiment qui nous accable nous-mêmes encore. Quoiqu'on le contraignît de la main, il s'enflait de plus en plus à ma vue, me menaçant bientôt de son dard écarlate avec une si évidente malveillance que je pris soudain mes jambes à mon cou".
Une autre sera encore plus précise:
"Bientôt il (= son partenaire) se découragea. Me dévisageant alors avec insolence, il me lança simplement -Vous êtes plus froide que la Vénus de Milo. Je lui répondis, vexée: -Qu'en savez-vous? Comme toute honnête jeune fille, je tiens à ma virginité, ne vous en déplaise. Cette phrase, dictée par un malheureux amour-propre devait décider de mon destin. Il retrouva enfin le sourire. -Je ne vous demande pas tant, fit-il. Puis, après un silence: -Vous avez bien une bouche? interrogea-t-il, railleur. Je m'étonnai d'une pareille question: -Oui, parbleu!. Il baissa brusquement son slip et, me désignant du doigt le jet de chair durcie qui venait de s'imposer à mon regard: -Ne vous effarouchez pas, chérie, me dit-il, et usez-en comme d'un sucre d'orge. Ah! mes chères demoiselles! inutile de vous décrire, je pense les angoisses que je connus soudain! Mais mon honneur était en jeu. Je m'exécutai donc, jurant à part moi, comme le corbeau de la fable, qu'on ne m'y prendrait plus. Et j'ai tenu parole."
Voilà pourquoi le prêtre sera hué lorsqu'il lancera ses propositions, ces demoiselles le prenant pour un suppôt du diable. Nos deux compères, mélancoliques, partageront leur échec devant une excellente bouteille de Clos-Vougeot.
Le délai se réduisant comme peau de chagrin, Marius apprit que la jeune femme d'un collègue de bureau, Casenave, avait aménagé dans l'appartement d'un ami commun qui, le hasard faisant bien les choses, était voisin de celui de Petitpois. Il se promit d'aller rendre visite à Christine Casenave car il savait son mari, Léon, absent. En rentrant chez lui, il prit connaissance des nouvelles qui n'étaient pas bonnes. La gendarmerie mettait en garde contre un association de malfaiteurs - toutes des femmes - dirigées par Yolande de la Péronnière, ancienne Vice-présidente des Enfants de Marie, qui enlevait à la chaîne des jeunes garçons. D'autre part, l'Etat promettait des funérailles nationales aux hommes restés seuls et morts dans leur désespoir. Enfin, la population américaine, viscéralement contre la gabegie sexuelle qui causerait d'après elle encore plus de désordres que l'événement lui-même, était sûre de régler le problème à coups de bombes atomiques qui ont, elles aussi, le pouvoir de relever le taux d'énergie.
La rencontre avec Christine, dit Cricri, ne fut pas trop difficile, Marius la surprenant en pleine scène de masturbation. Elle lui avoua que son mari Léon, protestant bon teint, et quoique profondément aimable et moral, ne remplissait pourtant pas toutes ses obligations maritales. Après de nombreuses hésitations, interrogations, revirements et Marius mettant en scène toute sa stratégie de séduction, jouant tantôt l'ami protecteur, tantôt le remplaçant émérite, tantôt le sauveur qu'attendait Cricri, réussit à la convaincre de tourner un bout d'essai:
"Maintenant elle participa au jeu. Marius s'immobilisa un instant. Maladroitement elle se substitua à lui. Alors, le jeune homme sentit sa conscience sombrer dans une brutale fureur. Il se mit à fouiller âprement cette chair qui souffrait sous lui. la sueur coulait. les poitrines ronflaient. Les ventres se choquaient. Cricri lui disait des mots qui finissaient en plaintes. Ils s'écroulèrent bientôt, épuisés, l'esprit vide. (...) Pour lui, il resta un moment encore immobile, les yeux clos. Son coeur battait à grands coups. Il était sauvé."
Il fit même si bien que Cricri tomba amoureuse de lui, envisageant parfaitement de partager sa vie entre deux hommes, l'amant séducteur et le gentil mari attentionné. Ce qui ne plut pas à Marius qui vit se profiler un avenir marital des plus sombres, maintenant qu'il était sauvé. Les cloches sonnaient à toutes les églises, les annonces tonitruantes à la radio affirmaient que, somme toute, le cataclysme avait fait peu de victimes, hormis aux Etats-Unis:
"On présume qu'une erreur dans les calculs du docteur Paterson a entraîné l'emploi d'un nombre de bombes atomiques supérieurs à celui que nécessitaient les événements. Ou bien que l'effet de ces bombes a été décuplé par le fait de l'affaiblissement de l'énergie cosmique. Quoiqu'il en soit, il semble bien qu'il n'existe plus du continent américain à l'heure actuelle que le Groenland. Il est impossible d'avoir des précisions à ce sujet car une violente tempête dont le centre se déplace vers l'Ouest et qui menace de désoler le Japon et l'Australie rend cette région du monde inaccessible."
Marius Petitpois savait, dès cet instant, qu'il ne reverrai plus jamais Cricri.
"Après Demain la fin du monde" est sans aucun doute un roman érotique. Joliment décoré avec des sanguines de nus, écrit en un niveau de langue soutenu et avec une retenue qui évite de tomber dans la pornographie, il se rapproche de la grande tradition des romans érotiques du XVIIIème siècle tels que "les Bijoux indiscrets" de Diderot ou "Manon Lescaut". Ce qui est étonnant (mais déjà vu notamment dans le roman de Bob Slavy "le Harem océanien") est l'association du cataclysme et du sexe, l'urgence de ce type de catastrophe donnant un argument solide au développement de scènes sensuelles. Bien que l'argument est destiné à rester marginal dans notre thématique, il n'en est pas moins intéressant.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 499 vues
-
L'etreinte De Venus - Par BenF
Une Angleterre du XXIème siècle entre " 1984 " et " Brazil". Les médias y sont tout puissants, les confessions se font devant des écrans de contrôle (Les "Machines-Dieu"), les "janissaires" surveillent la population, la Société Micro Guerre est un trust qui prépare de nouvelles armes, surtout bactériologiques, les prépubs, adolescents extrêmement dangereux hantent les rues le soir venu.
C’est dans un tel contexte que notre héros Gabriel Chrome, désespéré, rencontre une jeune fille, Camilla, qu’il sauve du suicide. Elle lui raconte son aventure. Elle est l’ancienne épouse du Dr Greylaw qui lui a inoculé le virus P.939 ce qui eut pour effet immédiat d’ôter toute agressivité à la personne contaminée tout en l’incitant à faire l’amour sans limite.
Trois phases se suivent dans l’évolution de la maladie: la phase lascive, la phase boulimique et la phase de tranquillité.
Avant d’expérimenter ce virus sur Camilla, Greylaw, qui travaillait à MicroGuerre, l’a aussi inoculé à des animaux témoins. Et l’on a pu voir chez Camilla un tigre tenu en laisse, tremblant devant un petit lapin.
Gabriel ne résiste pas au sex-appeal de Camilla. Tous deux se sentent investis d’une mission supérieure: propager la paix universelle par le sexe. Ils s’y emploient activement, surtout après une séance de viol collectif subi dans le parc de Londres, viol programmé par TELNET, la télévision d’état, afin de faire partager aux spectateurs les frissons de l’aventure:
" Denis Progg, le Monde Tel Qu’il Est". Son visage s’éclaira derrière le cigare dans un vaste sourire de plastique. "Mon petit, vous avez été fabuleuse. Nous avons enregistré treize minutes qui colleront les spectateurs à leurs fauteuils. Vous toucherez chacun un chèque de six mille cinq cents livres, et quand vous aurez signé un papier pour renoncer à toute poursuite pour coups et blessures, nous sablerons le champagne et dégusterons le caviar.(...)
Vous n’avez jamais vu mon émission le Monde Tel Qu’il Est? " (...) Le Monde Tel Qu’il Est est un programme destiné à rendre les gens matures, responsables et conscients des réalités de la vie. Il élargit les dimensions de l’expérience. Vous vous trouvez là quand ça se passe. Vous êtes concerné". Il se tourna vers Camilla. Les étudiants ne vous violaient pas seulement vous, chérie. Ils vont violer X millions de femmes. Il ne peut en sortir que du bon. Les hommes de l’oublieront pas. Ils désireront voir doubler les janissaires pour que les fillettes puissent de nouveau sortir la nuit. Ils feront pression sur le Parlement pour une action psychologique plus efficace." Les violeurs de tout poil sont d’ailleurs aidés par la pilule "Sexin" qui provoque l’irrésistible envie de copuler.
Entre temps, les frères Karamazov, jumeaux et espions notoires, l’un en faveur de l’Ouest, pour COCOMIN (= Compréhension Internationale) l’autre en faveur de l’Est, pour LIKAMARSAME (= Ligue Karl Marx pour la Santé Mentale ) ont eu vent de l’existence de cette arme bactériologique. Ils s’emparent des animaux témoins avant que Periwitt, patron de Greylaw à MicroGuerre, n’ait pu réagir.
Le virus se propage. Peter Karamazov, qui a tué son frère Illitch dans un accident de voiture - et dont il récupère les organes internes pour remplacer les siens abîmés -, ayant lui aussi été infecté, devient Frère Peter, le nouveau Christ de l’UAP (Union de l’Amour Parfait). L’épidémie gagne le monde entier et les messages de paix se multiplient:
" A l’assemblée générale des Nations Unies, le représentant de la République Populaire de Chine prononça un discours important. Devant le monde et au nom de son grand pays il plaida coupable pour avoir aggravé l’explosion démographique du globe, fomenté la révolution dans les pays capitalistes, volé des territoires à l’Union Soviétique, fourni aux pays occidentaux cinquante milliards de boîtes de canard laqué, trente milliards de boîtes de riz frit, et un million de tonnes de paquets de porc aigre-doux congelé, le tout impropre à la consommation. Et au nom du Parti Communiste Chinois, il plaida également coupable pour avoir affamé les habitants prolifiques de sept provinces rebelles chinoises, fermé les yeux sur l’excès de culte de la personnalité dans le cas de Mao Tse Toung I, II, et III, et la propagation incessante de slogans creux déguisés en philosophie politique.
En guise de réparation, son pays proposait de stériliser cent millions de paysans chinois, de ne plus acheter de cigares à Cuba, de permettre à cinquante millions de cuisiniers chinois d’émigrer vers l’Ouest, de donner la Mongolie à la Russie, et le Tibet au Tibet, et d’ordonner à douze millions cinq cent mille membres les plus dévoués du Parti Communiste Chinois de manger leur première édition des Pensées du Président Mao "
Camilla meurt dans une orgie, soumise au "Sexin" et attaquée par une bande de prépubs. Gabriel, à nouveau désespéré, regagne, en un dernier pèlerinage, l’appartement de Camilla, et découvre, glissée à l’arrière du divan, une lettre de Greylaw écrite à son épouse avant sa mort. Il affirme que le P.939 n’est pas innocent, que c’est une arme, et que la totalité de l’agressivité contenue va se libérer en bloc à la fin des trois phases.
Alors, Gabriel se rend compte que le monde est au bord du désastre, que l’ensemble de l’aventure humaine n’est qu’une immense farce. Abasourdi par cette découverte, il ne fait pas attention à l’aéroglisseur de Frère Peter qui le renverse et le tue.
Un récit foisonnant et caustique. De l’humour tout au long des pages, une façon habile de mélanger les personnages, d’entremêler les intrigues jusqu’au dénouement final. Un auteur au sommet de sa forme et qui traite le thème de la fin de l’espèce par la sexualité d’une façon brillante. A comparer avec " la Mort Blanche " de Frank Herbert où la tonalité sombre l’emporte.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 301 vues
-
Singulier destin que celui du narrateur, inconnu, sans diplômes, sans argent, habitant de Castelnaudary, amené à devenir le nouvel Adam d’une humanité sinistrée. Son aventure, il la relate sur un manuscrit en peau d’agneau avec son propre sang. Elevé comme tout élément de la classe moyenne, avec les valeurs de la petite bourgeoisie, né d’un père propriétaire d’une mine de plomb à l’abandon, il grandit dans la société hypothétique de l’an 1982.
Après sa rencontre avec Lilith qui lui fait découvrir les frissons de l’extase et la manière de se pousser dans le monde, il s’inquiète, comme tout un chacun, de la situation politique internationale. Prévoyant, puisque cette dernière se dégrade, il s’isolera avec Lilith dans ces fameuses mines de plomb pour un séjour de longue durée, attendant que le ciel rouge sombre (au sens littéral du terme) redevienne bleu clair.
Lorsqu’il sort à l’air libre, Lilith, à la vue des décombres épars devant eux, subira un choc tel qu’elle en mourra. Le voici donc, sans aucun doute pour lui, le dernier homme sur terre. En face de lui, des ruines et quelques squelettes grimaçants :
« Je trouvais des bourgs et des villes, déserts, silencieux. J’y prenais des provisions –le riz conservé dans une cave n’est pas contaminé - et j’y changeai de camionnette. Je fis environ un millier de kilomètres. J’étais seul. Je me fixai dans un ancien entrepôt de comestibles, pas très loin de Montpellier, parce qu’il était bien approvisionné et situé pourtant presque en plein campagne. J’avais depuis longtemps pris avec moi une vieille radio à piles, mais elle ne livrait que des bruits d’ondes parasites, aucune émission humaine. »
Exit Homo Sapiens. Le dernier représentant de l’espèce humaine sera pourtant recueilli par un hélicoptère et mis en quarantaine en un lieu scientifique où se retrouve aussi une poignée de savants, de techniciens et de militaires (il y en a qui survivent même à la guerre totale), tous irradiés, hélas ! Tous, sauf notre héros. Une analyse rigoureuse de son corps prouvera qu’il est le seul encore apte à la reproduction. Mais à quoi bon relancer l’espèce humaine dans un monde en morceaux ?
Une invention nouvelle et fabuleuse faite peu de temps avant la catastrophe, une sorte de machine à voyager dans le temps, servira de vecteur. Les scientifiques pensent l’envoyer dans un passé lointain et imprécis en compagnie d’une femme, qu’il ne connaît pas encore et qui, tout comme lui, est isolée et préparée dans ce but. Le problème c’est que seuls les éléments organiques peuvent franchir la barrière temporelle. Ni armes, ni artefacts technologiques. Ainsi, nus tous deux, ils seraient livrés au futur sans mémoire et sans protection.
C’est pour éviter cela qu’il trace son récit avec son sang sur une peau d’agneau, un témoignage de la grandeur de l’homme, que ses descendants découvriront en leur temps, un « manuscrit enterré dans le jardin d’Eden » :
« Dans quatre minutes, je devrai tenir à la main ces feuillets, et, brusquement, je serai nu sur un sol primitif . De notre civilisation et de sa ruine tout sera encore lointainement à venir. De la guerre qui a tué la vie planétaire tout sera encore impensable. Du refuge de plomb où j’écris, il ne restera rien, pas plus que du dôme voisin où l’on a également formé la femme que l’on me destine. Je pense que, à cinquante mètres l’un de l’autre, nous ne manquerons pas de nous retrouver. Autour de nous, il n’y aura que des fougères géantes. »
Une nouvelle intéressante écrite dans un style simple et fluide avec un humour en demi-teinte. Albérès, qui s’est toujours intéressé à la SF, y touche parfois, sans s’y s’impliquer de trop, cependant.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 241 vues
-
Le Dr. Franklin, chercheur libre, océanographe célèbre, enseignant dans une université privée américaine, amateur des poésies de T.S. Eliott., affrète un bateau scientifique pour vérifier, en trois jours, certaines de ses théories. En compagnie d’Olga – qui est « la » capitaine du navire - , dont il tombera amoureux, et avec l’aide de Harvey Harry, un étudiant brillant, il se livre à une série de sondages au large de la zone pélagique nord-américaine. Les mesures récoltées confirment ses soupçons : une puissante source d’infection est en train de faire disparaître l’oxygène de l’océan. Cette contamination s’étend et Franklin est le seul à en connaître la cause : un désherbant de type viral mis au point par l’armée américaine durant la guerre du Vietnam, qui a la capacité de se reproduire en transformant les végétaux mêmes en porteurs de mort. Or, une quantité importante du poison a échappé à la vigilance des autorités militaires, sur un navire qui a été coulé.
Depuis ce temps le désherbant prolifère en infectant le plancton marin, privant tous les animaux d’oxygène et, à terme, menaçant l’humanité elle-même. La C.I.A., mystérieusement prévenue, ne peut empêcher le chercheur de communiquer la mauvaise nouvelle à l’ensemble des universitaires et, au-delà, aux politiques et aux médias :
« Car nous avons confondu le Christ et Darwin. En effet, si nous continuons à agir sans réfléchir, avec négligence, nous détruirons non seulement l’humanité, mais aussi, ce qui est pire, les poissons, les oiseaux et toute la faune. Tous des innocents et des ignorants qui n’ont pas commis le moindre péché. Qui nous a permis de gouverner cette planète ? »
Une nouvelle militante dont la forme légère contraste avec la noirceur des idées, celles d’une fin programmée de l’humanité à cause de l’incompétence des structures politiques et militaires.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 297 vues
-