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    Bienvenue dans la Base de Données des livres !

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  • 711 livres

    1. Type: livre Thème: la cité foudroyée Auteur: Jean-Michel BARRAULT Parution: 1973
      "L'Inventive and Creation Group", une société chargée de découvrir de nouveaux slogans publicitaires, se réunit régulièrement pour trouver l'idée qui fera vendre une encyclopédie du sexe. Les participants typés symbolisent les tares que l'on peut trouver dans ce métier: Richard Ambrose, le directeur, bon citoyen mais mal marié; Susan, replète et toujours affamée, à la limite de l'obésité; Bill Branks, l'artiste non conformiste, qui met sa créativité au service de la vente ; Doukine, l'immigré, qui perdra sa carte verte et tous ses droits. Mais ils sont loin de s'attendre à ce qui les attend, comme l'ensemble des New Yorkais d'ailleurs. Une poignée de révolutionnaires d'origine indienne, parfaitement intégrés, surtout dans la gestion électronique de la mégapole, ont décidé de passer à l'action. Sachant que leurs ancêtres ont été spoliés de leur terre, ils ont fait le serment de chasser l'homme blanc de Manhattan, de récupérer leur sol natal et de vivre selon les lois de jadis. Pour cela, ils détraqueront de plus en plus fortement le système municipal dont les différents services sont interconnectés. L'action commence insidieusement lorsque la météo annonce des jours de grand froid alors qu'il fait un soleil radieux à l'intérieur des bâtiments. Malgré la climatisation, le travail est pénible pour L'Inventive Group. Plus tard, en rentrant chez lui, Richard a l'immense surprise d'apercevoir une noria de camions déchargeant devant son jardin et sa porte d'innombrables exemplaires du même magazine auquel il était abonné. Une erreur de programmation, sans doute, mais qui ne se règlera pas vite:
      "Richard Ambrose ouvrit la porte de la maison, une pile s'écroula et déversa dans l'entrée une avalanche de magazines mouillés. Impossible de refermer la porte. Dehors, l'humidité avait miné les fondations du blockhaus de papier. Pour gagner Exclusive Drive et atteindre sa voiture, Richard Ambrose dut partir à l'escalade d'une montagne gluante de magazines glissants."
      Quant à Doukine,  il connaîtra l'absurdité des bureaux qui l'obligent à prouver sa nationalité américaine à l'aide de documents électroniques depuis longtemps volatilisés:
      "Cette carte, il est vrai, était devenue en quelques mois l'outil de base de l'existence de tout citoyen. le code comprenait la date de naissance,, le sexe, la situation de famille, le bureau de vote, un indice numérique et un  indice bancaire. Ce code commun à tous les citoyens des Etats-Unis préparait l'adoption d'un gigantesque ordinateur central, gérant le fichier de tous les individus, connaissant tout sur chacun d'eux, capable de résoudre tous les problèmes, qu'il s'agisse de leurs revenus, du montant de leurs impôts, de l'âge de leur retraite ou de leur état de santé."
      Entre temps, les terroristes , aux noms pittoresque de Canoë d'Erable, d'Electron Sagace (leur chef), Hardware Invisible, travaillant tous dans l'informatique, augmentent leur pression sur la société urbaine, en détraquant les programmes, mêmes ceux de l'armée, et en remplaçant judicieusement les bandes magnétiques ou en chamboulant toutes les procédures. Il en résultera une pagaille monumentale. Ainsi, les ordinateurs de la National Airline , piratés, obligent les avions à atterrir à n'importe quelle heure ou provoquent un surbooking généralisé lors de la vente des billets, ce qui paralyse tout départ. Durant le sacro-saint match de base-ball, suivi par l'ensemble des citadins, le récepteur se bloquera, montrant une seule image, celle d'un Indien le dos tourné à l'écran et qui observe la cité, devant lui. Cris et colère de la part des téléspectateurs qui supposent une farce de mauvais goût!
      Les complications surviennent lorsque les supermarchés ne seront plus livrés correctement, les uns accusant un déficit en denrées alimentaires, les autres présentant le même article en milliers d'exemplaires. L'inquiétude s'étend et madame Tortolani, qui a connu la pénurie en temps de guerre, prend toutes dispositions pour constituer des stocks chez elle. Mais c'est avec la circulation routière, qui présente tous les signes de l'embolie, que la situation se gâte vraiment: des voitures bloquées, pare-chocs contre pare-chocs, des feux rouges devenus fous, un approvisionnement en essence chaotique, une pollution intense et l'impossibilité pour les services spécialisés d'accéder aux endroits névralgiques, annoncent le début de la fin:
      "Un drame de la circulation débutait. De proche en proche, la "révolte des feux rouges", comme devait l'appeler Robb Robbie Robinson, gagna tout Manhattan. les signaux de circulation régulés après comptage au radar, optimisés en fonction des heures et des trafics, les feux verts, rouges, oranges avaient pris leur indépendance. En quelques instants, toutes les voitures, les autobus, les taxis, les camions furent bloqués. L'enchevêtrement des carrefours était inextricable. la police était impuissante: même ses voitures ne passaient pas."
      En attendant, ordre est donné aux véhicules militaires de dégager les rues, ce qu'ils font en creusant de profondes travées, rejetant les véhicules devant les portes et sur les trottoirs, ce qui bloquera la  circulation des piétons.
      Dans le bureau de l'Inventive Group, l'équipe est encore à la recherche d'idées, mais les rapports sociaux ont changé. La chaleur les a obligés à laisser tomber leurs habits. La faim les a amenés à se partager la dépouille de "président Mao", le petit chien, mascotte du groupe. Se succèdent délires et crises de nerfs. En ville, les annonces d'évacuation se multiplient tandis que le maire de New York appelle le pouvoir fédéral à son secours:
      "Ils étaient nombreux qui, par familles entières, chargés de sacs, de valises, de paquets, partaient, à pied, poussant les gosses vers la station de métro, vers la gare de chemin de fer. Les Juifs, les Noirs, les Porto-Ricains fuyaient les premiers. Beaucoup attendaient qu'il soit possible de circuler en voiture: mais ils préparaient les bagages. A Harlem, les bandes de Noirs s'armaient. Dans le reste de la ville, des groupes de Blancs se formaient, prêts à se défendre si les Black Panthers attaquaient. Un balayeur noir qui passait par là fut lynché. A tout hasard. Quelqu'un avait affirmé qu'il avait ri."
      Marc Mitchell, le maire, souriant encore de façon politique et imbécile, se refuse à croire que sa ville est condamnée, bien que cela s'effondre de tous les côtés. les Noirs, mettant à profit le désordre ambiant pour passer à la dissidence. La régulation interne des buildings est défaillante: climatisation, escaliers roulants, portes battantes, s'arrêtent. Les comptes bancaires faux ou erratiques se multiplient:
      "Partout, des comptables, des patrons, des secrétaires, des administratifs, des particuliers téléphonaient, réclamaient, protestaient. Partout, il leur était répondu qu'on ne savait pas, qu'on ne pouvait pas savoir. La facturation était automatisée, elle appartenait à un processus de gestion intégrée. Vous voulez parler à un responsable? Mais il n'y a pas de responsable. Tout est dans la machine. Certes, on allait vérifier, rétablir, créditer. Il faudrait un certain  temps. Les ordinateurs fonctionnaient vite, mais leur charge de travail était énorme. Ils étaient pleinement occupés à facturer, gérer, débiter, créditer. Pour les anomalies, les réclamations, les rectifications, il était préférable d'attendre une période moins chargée..."
      L'exode, en s'amplifiant, perturbe les mouvements de l'armée qui tentent de prendre position aux carrefours et qui se demandent contre qui se battre. Enfin, le métro de New York s'immobilise, donnant le coup de grâce à une ville condamnée. Le maire Mitchell, en accord avec le gouvernement,et sous la présidence de l'ONU, accepta une entrevue avec les terroristes qu'il ne s'attendait pas à voir en habits d'indiens. Persuadé de les tenir, il dut déchanter lorsque Electron Sagace lui annonça, qu'à ce moment même, plusieurs avions militaires porteurs d'une bombe atomique amorcée, volaient, à leur corps défendant, vers le centre de la ville, prêts à larguer leurs engins de mort à moins qu'on ne leur fournisse le code adéquat. Manhattan fut donc rendue aux Indiens, avec la promesse d'une remise en l'état d'origine:
      "Washington rappelait. C'est le vieux Stevenson qui était à l'appareil: -Stanley, tout est en ordre. Nous avons fait ce que disait cet électron. C'est O.K., ici. Et vous? -J'ai lâché Manhattan. -Vous avez eu raison, Stanley. Aux yeux de l'Histoire, vous serez le libérateur de Manhattan, le sauveur de New York. - Tous les buildings seront détruits, Stevenson. Même Saint-Patrick. L'île deviendra une terre vierge aux mains des Indiens, un pays indépendant placé sous la protection des nations Unis. -Mais de quoi vivront-ils? -Ils disent qu'ils chasseront, pêcheront, qu'ils vendront des peaux à nos trappeurs s'ils viennent sans armes et le coeur loyal. (...) -Mais alors, vieux camarade, vous avez cédé sur tout? -Pas tout à fait, Stevie, et le Président des Etats-Unis prit un air rusé, pas tout à fait: les Indiens nous rendront nos vingt-quatre dollars!"
      Un roman insolent, ironique, humoristique, irrévérencieux et critique compensant sur le mode imaginaire le tort immense fait aux premiers habitants de la nation indienne. Quoique de tels événements soient hautement improbables, il est toujours intéressant de montrer du doigt la fragilité excessive de nos sociétés hyper-complexifiées. L'usage du Web commun au "village planétaire" affectera, dans sa disparition éventuelle,  l'ensemble des sociétés développées. En ceci le roman de Jean-Michel Barrault est toujours d'actualité.

    2. Type: livre Thème: savants fous et maîtres du monde Auteur: George FRONVAL Parution: 1946
      Comme d'habitude, le héros, journaliste à "Paris-Journal", Robert Marchal, se trouve au siège de la rédaction, quand arrive en morse et après le brouillage des ondes radio, les menaces d'un certain Tenax qui se proclame le Maître du monde:
      "Moi, Tenax, maître tout-puissant, déclare à l'univers une guerre sans merci. Je ne redoute personne. Ma force est invincible. Grâce aux moyens dont je dispose, je saurai réduire à néant mes adversaires et quiconque aura la témérité d'oser se dresser sur ma route. Avis aux hommes fous qui tenteront de contrecarrer mes projets (...) Aujourd'hui, j'adresse l'ultimatum suivant: le gouvernement français devra abandonner immédiatement toutes ses prétentions sur ses possessions asiatiques. Le gouvernement britannique devra cesser toute domination aux Indes et dans les îles de l'Archipel. Quant à Washington, il devra abandonner toute idée de domination dans le Pacifique. Dans quarante-huit heures, les trois gouvernements en question devront évacuer les concessions internationales et française de Shanghai. J'ai dit".
      Les menaces sont rapidement mises à exécution quand, après l'apparition d'un nuage pourpre au-dessus de la zone concernée, suivi d'une grande détonation, la cible est détruite. Ainsi, un paquebot britannique disparut corps et biens en mer, puis, un épouvantable incendie embrasa la totalité des champs pétroliers du Nouveau-Mexique, enfin l'on apprit la destruction par le feu de l'île de Sainte-Marie, près de la Réunion. Indubitablement, Tenax  en voulait au genre humain.
      Jacques Dusmenil, le rédacteur en chef, confiera l'enquête à Marchal. Celui-ci s'adjoint dans sa quête son ami Blanchard, puis l'explorateur Langeville, enfin un garçon débrouillard, mécano de son état, Ludovic Bougon. Le groupe saura où chercher, le repaire de Tenax ayant été localisé dans une région désertique des hauts plateaux du Tibet. Embarquant immédiatement à bord de leur avion, ils s'envolent vers le cap prévu quand, arrivés sur zone, leur moteur s'arrête brutalement, les obligeant à un atterrissage d'urgence. Une agression ciblée de la part de deux mongols surgis de nulle part, et voilà nos héros entraînés dans le repaire souterrain du savant fou. La base dans laquelle ils pénètrent est immense, constitué d'innombrables couloirs, de nombreux bâtiments annexes et d'appartements, confortables par ailleurs, dans lesquels ils seront enfermés avant une confrontation avec le maître des lieux. Le physique de Tenax est bien en harmonie avec sa personnalité:
      "Cet homme, c'était Tenax. il avait un aspect étrange et ressemblait à un fantôme. Drapé dans une ample cape noire au col relevé, il était petit de taille. Il avait la figure osseuse et décharnée. Son front nu, aux proportions anormales, était auréolé de cheveux blancs. D'épais sourcils noirs, surmontaient de profondes orbites cernées de bistre, au fond desquelles brillaient des yeux vifs, encadrant un nez crochu, semblable à un bec de vautour. Son teint bilieux accentuait la ressemblance avec un oiseau de proie."
      Le savant fou les accueille, enjoué et ravi d'expliquer ses origines, sa carrière et ses intentions à un auditoire attentif et soumis. S'étant fait moquer dans son enfance par ses petits camarades (ce qui n'est pas bien!), de condition modeste quoiqu'intelligent, il a grimpé les barreaux de l'échelle sociale en se cultivant et en gagnant sagement sa vie par ses inventions. Mais jamais il n'a réussi à s'intégrer. La perte d'un de ses bras, dans un incendie intentionnel,  a été la cause de sa haine à l'égard du genre humain. Passant à l'action, il a fait construire sa base en ces lieux désertiques par une armée de mongols qu'il a subjugués et rendus muets en leur coupant la langue (ce qui est aussi très vilain!) Utilisant un appareil de vision immédiate comme on le ferait avec une télévision, il a réussi à être présent partout dans le monde, y compris au sein de la rédaction de "Paris-Journal", ce qui lui a permis de connaître dans le détail les intentions de ses adversaires. Provoquer l'arrêt du moteur de l'avion au moyen d'ondes magnétiques était un jeu d'enfant eu égard à la menace qu'il fait planer sur le monde en concentrant l'énorme énergie produite par un immense champ d'accumulateurs, mobilisable instantanément. Muni de tels pouvoirs il ne doute pas un instant que ses prisonniers collaboreront avec lui.
      De retour dans leur cachot pour réfléchir, ils feront la connaissance fortuite d'un autre homme, le professeur Staylon, un savant suédois, enlevé depuis fort longtemps avec sa fille, et qui leur donnera une autre version de la puissance de Tenax. Celui-ci n'a rien inventé mais lui a tout pris, abusant de sa confiance et se servant de sa fille comme otage.
      Quelques jours plus tard, un moment d'inattention du gardien mongol donne à Robert Marchal l'occasion d'explorer les lieux. il découvre Tenax en train de finaliser une autre de ses inventions, d'immenses hommes de fer, des robots de quatre mètres de haut, le noyau d'une future armée d'invasion. Ayant rapporté la nouvelle à ses amis, il leur apparaît indispensable d'agir au plus vite. Tous ensemble, avec l'aide de Staylon, ils investissent l'armurerie. Découvert par Tenax, ce dernier, écumant de rage, tue Blanchard d'un coup de couteau. C'est alors qu'ils seront sauvés par une intervention extérieure. Des vagues d'avions, en provenance de plusieurs pays qui ont rassemblé leurs forces, lâchent de nombreuses bombes sur la cité. Les accumulateurs sont touchés, privant le démoniaque Tenax de moyens pour répondre à l'agression:
      "Un petit groupe, descendant à faible altitude, frôlant la mort, lâcha à proximité un chapelet de bombes qui explosèrent dans un bruit assourdissant. La chambre aux accumulateurs géants venait d'être détruite. Ainsi, Tenax se trouvait désarmé, étant dans l'impossibilité de se servir désormais de l'appareil aux rayons Gamma. Plus rien ne gênait les agresseurs. Le nuage pourpre, brusquement, s'était dissipé dans le ciel, ils avaient le champ libre. Descendant en piqué, plusieurs escadrilles se succédant entreprirent un bombardement nourri et lâchèrent sur le repaire de Tenax plusieurs tonnes d'explosifs"
      Les robots, mis malencontreusement en marche, seront dirigés par Marchal qui s'empare de la télécommande. Ils se dirigent droit sur le savant qui disparaîtra, écrasé sous le talon de fer d'un de ses créatures:
      "Poussant un rugissement, tel  un fauve traqué dans la jungle, l'infernale créature, les yeux démesurément ouverts, la bouche tordue dans un hideux rictus, comprit que l'heure du châtiment était alors arrivée. Dans un dernier sursaut d'orgueil, il tenta de se lever, mais en vain. Le moment de payer sa dette à la société, pour tous les crimes monstrueux dont il s'était rendu coupable, était venu. Rien ne devait le soustraire à son destin. Le premier automate le frôla tout d'abord, puis la pression s'accentuant, pesa de toutes ses forces sur la masse inerte. Tenax lança une dernière plainte, mais celle-ci cessa brusquement. Le Robot l'avait écrasé, tel un fétu de paille. Tenax  n'était plus."
      Les portes de la liberté s'ouvrent devant nos amis, les mongols ayant tous mystérieusement disparus. Avant de s'éloigner du repaire maudit, ils auront minés les lieux qui sauteront définitivement. Recueillis dans un monastère bouddhiste après une éprouvante traversée du désert, ils aboutissent à Shanghai via un séjour à Lhassa., puis à Paris où journalistes et photographes les attendent avec impatience.
      Ce récit où se mêle les divers ingrédients du genre populaire est écrit de façon adroite et didactique par l'un des piliers de ce type de littérature, habituellement plutôt orienté vers le western. Ce texte, aujourd'hui désuet, aura cependant passionné plus d'un jeune lecteur à l'époque.


    3. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 2 Auteur: Jean GUIDONI Parution: 1968
      Le narrateur, nous confiant ses impressions sur un ton gouailleur mais désespéré, traverse Paris la nuit, à la recherche de son amour. Un Paris inquiétant, à bout de souffle, gémissant sous le joug d’une dictature militaire, qui amoncelle les indices de la destruction:
      « des cris qui s’espacent », « une ambulance à moitié calcinée », « les ruines de la gare Saint-Lazare », « la distribution de la soupe par des paras à l’Opéra », « les rats qui grouillent rue Royale », ce qui incite le jeune promeneur à allonger ses pas. Il a beau se répéter, en un refrain lancinant, que « tout va bien », encore vivant parmi les morts, il « évite les charniers où fut abattu Jean Ferrat » et se bouche les oreilles aux sons de « la musique militaire ».
      Bien que la société parisienne semble prendre parti pour le nouvel ordre et ses thuriféraires, les Mireille Mathieu et Léon Zitrone,  il ne peut s’empêcher d’accorder de l’attention aux paroles de sa grand’mère qui l’incite à rentrer tôt car, dit-elle :
      « ( …) Mon petit Jean, votre quartier est triste
      Et rempli de cadavres en décomposition ».
      Il devra éviter toute mauvaise rencontre pour ne pas se faire
      « parquer avec les rouges au palais des Congrès », ou avec
      « les pédés dans le Palais des Glaces » ou encore avec
      « les Juifs au palais des Sports ».
      Un retour d’autant plus délicat qu’il s’agira de passer entre les « haies de barbelés des quais de la Seine ».
      Le constat qu’il tient est amer :
      « Naïfs que nous étions et aveuglés aussi
      Qui nous imaginions pouvoir prédire le pire
      Adieu notre jeunesse voilà le temps qui vient
      Du baîllon, des œillères et de la pestilence
      Le temps des ovations et celui des silences
      Que l’on ne rompt que pour se dire : tout va bien ! »
      Pourtant, il ne veut perdre tout espoir puisqu’il glisse dans la lettre à son aimée « un brin d’herbe (cueilli) dans les gravats ».
      Nulle part, en si peu de mots et avec une si grande économie de moyens, il nous a été donné de saisir l’ambiance terrifiante d’une société totalitaire en train de s’établir, qui soutient la comparaison avec 1984, le roman de George Orwell.


    4. Type: livre Thème: invasions d’insectes Auteur: Dan DASTIER Parution: 1979
      Mikos Raphaelis est le survivant d’une guerre d’extermination par ondes ioniques en ce futur de la terre où de vastes zones sont désormais dépeuplées. Se dirigeant vers le Sud pour atteindre Mykonos , en compagnie de son chien Cléo, il a beaucoup de mal à se garder des " Adeptes ". Formant une confrérie religieuse dont le credo est le suicide, les Adeptes capturent tout individu bien portant pour le tuer. C’est précisément ce qu’ils sont en train de faire à une jeune femme, Sandra Kovacs, qu’il secourt avec succès. Sauvée, elle ne désire pas suivre notre héros car elle a un mystérieux rendez-vous sur une plage, près de Marseille. Mikos, n’écoutant que son bon coeur, l’accompagne, et, lorsqu’elle est à nouveau attaquée par les Adeptes, il joue à nouveau les Bons Samaritains.
      Mal lui en prend. Son chien Cléo est tué, lui-même est capturé, quant à Sandra, elle disparaît dans une mystérieuse lumière bleue. Jeté en cellule en compagnie d’un Indonésien, Amir Jaya, tous deux s’apprêtent à la mort lorsqu’ils sont enlevés par la lumière étrange. Ils se retrouvent en compagnie de Sandra et d’un vieillard, Jerd Awaka, dans la dimension Uria, une sorte de mystérieux no man’s land habité par des êtres d’une sagesse supérieure.
      Jerd Awaka leur explique que la propension des êtres humains au suicide de masse n’est pas normale. Il a détecté dans les vallées de l’île de Sumatra un élément très curieux qui semble être la cause du terrible génocide qui frappe l’espèce humaine. Il est prêt à y envoyer un groupe d’intervention car le temps presse, les Uriens ne pouvant garder plus longtemps les rescapés terriens dans leur dimension.
      Mikos, Sandra et leurs compagnons sont donc expédiés à Sumatra tout en restant en contact télépathique avec Jerd. Ils constatent que la flore s’est totalement modifiée et  sont attaqués par des insectes géants de cinq mètres de haut, mantes religieuses, abeilles, guêpes etc. Celles-ci capturent le reste de leur groupe et les mènent au sein de la forêt en présence de leur chef, un horrible hanneton à tête humaine... et qui parle, (heureusement pour nous) :
      " L’être qui dominait Mikos de toute sa hauteur était horrible à contempler. Il devait mesurer près de six mètres de hauteur, et Mikos ne pouvait à priori le rattacher à rien de connu. Peut-être un insecte géant, comme la mante religieuse contre laquelle ils s’étaient battus ? Mais si le corps massif, protégé par une espèce de carapace brune, faisait irrésistiblement songer à celui d’un hanneton énorme, monstrueux, la tête qui le surmontait, elle, était indubitablement humaine! Mi-insecte, mi-humaine, la créature était dressée sur des pattes postérieures musclées, et hérissée de piquants acérés. Une erreur de la nature. "
      Nous apprendrons qu’il s’agit d’un entomologiste réputé ayant approuvé le changement fondamental produit par les ondes ioniques sur les insectes, lesquels se sont prodigieusement développés en taille et en intelligence. Vivant en étroite symbiose avec ceux-ci, il est leur chef, comme son assistante en est la mère pondeuse. Ils représentent le stade suivant d’évolution lorsque tout être humain aura disparu de la surface de la terre. Cette colonie s’emploie à cette tâche puisqu’elle est à l’origine des  manifestations morbides qui frappent l’espèce humaine grâce à des suggestions télépathiques amplifiées par une antenne sophistiquée.  Bien près d’être vaincus, nos amis arrivent à prévenir les Uriens qui détruisent l’antenne et repartent vers " l’ailleurs " en compagnie de la colonie d’insectes géants (ils détestent tuer), libérant du même coup l’humanité de sa suggestion suicidaire. Mikos pourra aller sur Mykonos avec Sandra pour y couler des jours heureux.
      Un récit se nourrissant de tous les clichés des pulps. Pour du plus solide voir " les Furies " de  Keith Roberts.

    5. Type: livre Thème: menaces climatiques Auteur: Léopold FRACHET Parution: 1946
      Lord Bedford, le roi du cuivre anglais, propose au jeune français Jacques Maurois d’accéder à la main de sa fille tout en défendant sa patrie. Il a eu vent de ce que les Allemands s’apprêtaient à détourner le cours du Gulf-Stream en édifiant, par un procédé secret, un mur de polypes vivants au large de la Floride. La Manche et l’Atlantique se verraient gagnées par les glaces et, le climat s’inversant, il en serait fait de la suprématie anglaise sur les flots. Discrètement, ils arment  le " Médina ", un petit voilier. Jacques Maurois revêtu d’un scaphandre, va s’attaquer au mur ainsi édifié pour le détruire par un moyen chimique qui tuerait les polypes :
      " L’ingénieur voyait à présent se dresser, à une trentaine de mètres à peine – la portée des rayons du projecteur – une masse sombre aux reflets rougeâtres : le fameux barrage vivant qui se fût opposé un jour, si l’on n’était intervenu, au passage des eaux chaudes du Gulf-Stream vers les mers d’Europe. "
      Qui a construit ce mur ? Au cours d’une de ses plongées, il a la chance de pouvoir neutraliser un autre scaphandrier, le Herr Doktor Julius Warner, maître du projet contre l’Angleterre. Les Allemands ne l’entendent pas de cette oreille. A partir d’un sous-marin, ils bombardent le " Médina" et le coulent. L’arrivée opportune d’un vaisseau anglais permet de récupérer les naufragés. Le mur disparaîtra, le Gulf-Stream reprendra son cours normal, les Allemands seront vaincus, Jacques Maurois épousera la fille de Lord Bedford et l’Angleterre sera sauvée. Que demander de plus ?

    6. Type: livre Thème: menaces technologiques Auteur: Jean YANNE Parution: 1977
      Robin Cruso est conducteur automobile comme l’ensemble des gens habitants sur la planète. Tout se fait en automobile, y vivre et surtout y mourir. Il faut trois jours pour faire cinq mètres, pare-chocs contre pare-chocs. Tout dans cette société dystopique est réglé en ce sens: les automobilistes sont happés, concassés, écrasés, tirées, décapités, vrillés:
      "Il existait parfois une hiérarchie parmi les policiers, divisés en plusieurs groupes. Le premier groupe, situé en bas de l’échelle, était formé de viseurs d’omoplates. Les viseurs d’omoplates étaient des tireurs spécialement entraînés pour atteindre à bout touchant, entre les omoplates, les individus blessés couchés sur le trottoir. Les autres groupes étaient conditionnés d’une façon générale pour réagir à tout ce qui pouvait nuire au conducteur de voiture. Deux cent mille policiers de plus dans le pays. C’allait être l’enfer."
      Les pièges innombrables ne suffisent pas à faire diminuer le nombre des automobilistes, car sur la Terre, submergée par la tôle, plus personne n’arrive à vivre. C’est du moins le but que se propose le Grand Cerveau qui dirige toutes les opérations. Il invente sans cesse de nouveaux moyens de torture, des fausses pistes pour les conducteurs, des éliminations en masse, au cyanure ou à l’acide:
      "Dans le compartiment entrèrent trois personnes. Un homme, une femme et un enfant, guidés par des grands bras d’acier articulés, commandés de façon invisible. La première cuve se remplit d’acide et l’homme y fut plongé. La seconde, celle qui était sur pied, s’emplit de métal en fusion et le bras métallique y enfonça la tête de la femme. La troisième s’emplit d’huile bouillante et l’enfant y fut assis. J’étais suffoqué d’horreur."
      Robin Cruso, ne tient pas à mourir. Il tente d’échapper aux multiples pièges qui se dressent devant lui, et il y arrive, parfois. Le Grand Cerveau, un cerveau humain greffé sur un corps d’automobile, une Rolls en diamant, tient à comprendre pourquoi Robin Cruso possède tant de chance car il surveille tout sur la planète et tout le monde, y compris ses opposants:
      "Le Préfet, qui chaque soir s’adressait aux foules à la télévision, était un mannequin à l’image de son ancienne enveloppe charnelle, dont la boîte crânienne en plastique contenait un magnétophone transistorisé. Je comprenais maintenant pourquoi chacun de ses discours était semblable aux autres et je songeai que, dans le passé, la chose avait dû être fréquente. Depuis l’invention de la télévision, combien d’hommes politiques, s’adressant à la nation, n’étaient autres que des mannequins de plastique agités en dehors des caméras par d’ingénieux dispositifs mécaniques."
      Or, c’est chez ces opposants, les Piétons, qu’aboutit Robin. Modifiés selon les lois darwiniennes, ils vivent dans des galeries entre la terre et le béton, comme des rats. Ils sont impuissants à se révolter et la Grande Machine à Coudre aura bientôt raison d’eux. Seul, Robin, grâce à son inventivité échappe à l’aiguille destinée à lui percer la poitrine. Alors, le grand Cerveau se révèle à lui:
      "Ceux qui semblaient diriger, qui croyaient diriger ont toujours été entre les mains de véritables forces. Je me suis emparé du système, Robin Cruzo, c’est-à-dire de ces forces. Je n’ai presque rien eu à faire. Le monde entier dépendait de l’automobile. Devenant le Maître de l’automobile, je devins le maître du monde. Mais je n’ai rien changé aux apparences. Il y a toujours des présidents, dans le monde, qui pérorent, ronronnent, annoncent, déclarent, proposent, refusent, selon ma volonté. Il y a toujours des polices qui obéissent, des agents qui frappent, des militaires qui tuent, sans savoir d’où viennent les ordres, quelles en sont les rai-sons. Sans savoir - permettez-moi cette plaisanterie- qui est le cerveau?»
      Il lui propose une association puisqu’il a besoin, pour la suite de son programme humanitaire (!), de ministres intègres (ce qui est rare). Flatté en un premier temps de participer au Grand Oeuvre, Robin Cruso déchante rapidement lorsqu’il voit à quoi sont réduits les ministres: leurs corps servent d’aire de stationnement à la Rolls du Grand Cerveau et leurs cervelles fonctionnent à l’intérieur de bocaux.  Une dernière tentative de résistance lui donne pouvoir sur le Grand Cerveau.
      Cruso le prive de son disque de commandement mais lui permet de s’implanter dans une fusée, qui est censée être son nouveau corps. Le Grand Cerveau disparaîtra de la terre en emmenant avec lui son peuple de ministres-cervelles. Il annonce  à Robin Cruso qu’il lui laisse le monde en héritage, l’évolution automobile ayant atteint un tel point de pollution qu’elle sera à l’origine d’une immense apocalypse technologique. Robin Cruso, resté seul de son espèce, fait revivre les humains grâce aux graines accélératrices d’évolution, en repassant de coelacanthe à homo sapiens en un temps record. Il espère créer une espèce écologique délivrée de l’obsession technique. Il lui faudra déchanter quand l’homme réinvente la roue.
      Une satire à la limite de la charge. Le sadisme naturel qui s’étale dans ces pages - en dépit de son appartenance à l’esprit d’Alfred Jarry - donne au lecteur une sensation de malaise liée à l’invraisemblable attirail des procédés utilisés pour détruire l’être humain . C’est aussi un roman anti-technologique dans la veine des années soixante-dix, dans lequel les fantasmes d’une domination absolue de l’automobile sur l’être humain pointent avec humour ce que Ballard décrit sérieusement dans " Crash ". Un ouvrage curieux et original.

    7. Type: livre Thème: guerre des sexes, matriarcat Auteur: Pierre ROUDY Parution: 1980
      Monsieur et Madame arrivent par train en une grosse bourgade pour se recueillir sur la tombe de leur fils tué ici il y a deux ans dans un accident de moto. On pensait à l’époque qu’une femme folle s’était jetée sous ses roues. Lui, il est Chef de bureau, distingué, conventionnel, respectueux de l’ordre. Elle, elle est une épouse dans sa maturité. Il fait chaud, ils ont soif. S’adressant à l’unique restaurateur ouvert pour avoir le gîte et le couvert, ils s’aperçoivent dans un malaise grandissant que, en fonction d’un règlement étrange, sa femme n’a droit à rien, ni à boire, ni à manger, ni à se loger.
      Aucune de leur tentative auprès du commissaire, du curé, des citoyens n’est couronnée de succès. Ne pouvant repartir le soir même, leur seule alternative est de passer la nuit dehors dans le vent et la pluie ou… que Monsieur se désolidarise de Madame en l’abandonnant. Cette situation conflictuelle ravive les frustrations passées, tous les non-dits, les ratés d’une longue vie commune qui se cristallisent en haine. Au petit matin les autorités qui régissent le bourg donnent le coup de pouce final : ils droguent Madame qui s’endort dans un renfoncement de porte, récupèrent Monsieur, l’installent respectueusement à l’auberge, en lui expliquant l’incroyable vérité :
      " - Je n’y comprends rien, dit le monsieur. – Ce serait la fin de notre monde, monsieur, si nous acceptions des femmes à nos tables. D’ailleurs, vous avez constaté que personne n’a voulu vous entendre. Vous avez tenté de graisser la patte aux uns et aux autres. Ce fut peine perdue, pas vrai ? Accepter une femme chez soi dans les conditions que vous souhaitiez, c’est la chose interdite chez nous. Notre société  ne peut admettre ça. C’est une offense grave, et envers notre communauté et envers nos principes. – Et envers Dieu, dit le curé. – Je n’aurais jamais pensé que Dieu pouvait être de la partie, dit le monsieur, hargneux. Le commissaire prend un visage solennel : -Monsieur, dit-il, nous respectons les opinions religieuses ou antireligieuses de tous. La seule chose que nous refusons, c’est de voir des femmes envahir notre monde  (…)
      - Mais enfin, ce sont des êtres humains, des êtres dotés de sensibilité, de raison… - Nous ne sommes pas sûrs de ce que vous venez d’affirmer. Nous n’en sommes pas sûrs du tout. Un de nos grands médecins a dernièrement soutenu une thèse qui est fondée sur des observations étonnantes.
      D’après lui, la femme serait un réceptacle de raison et de sensibilité. Elle aurait pour raison d’être –si je puis me permettre-  de recueillir le trop-plein de notre raison et de notre sensibilité sans être capable d’en sécréter elle-même…. Son essence psychique serait une sorte de miroir de l’homme, sans vivre une réalité autonome".
      Les femmes mises hors la loi seront soumises à l’esclavage et à la reproduction sélective dans un quartier ghetto de la ville basse. Les hommes se sont décidés coûte que coûte d’éliminer le danger que représente la présence des femmes dans le monde. Leur mouvement d’idées fait tache d’huile :
      " D’ailleurs nous ne sommes pas les seuls à être parvenus à des conclusions analogues. Savez-vous qu’en Allemagne il y a déjà une bonne quinzaine de communautés qui ont adopté nos principes ? – En Amérique aussi, m’a-t-on dit. – Oui, c’est exact, en Amérique aussi mais ce n’est pas de ce côté qu’il faut porter nos regards. En Amérique, il y a de nombreuses sectes qui commettent des excès et cela risque de compromettre le mouvement. L’Allemagne, c’est plus sûr. D’ailleurs, l’Allemagne offre un terrain particulièrement propice. Nous disons que nous accordons du prix à la force virile, nous mettons en avant la volonté, le travail et la joie, cela ne peut que nous attirer les sympathies de beaucoup. "
      Ils agissent en cooptant les hommes les plus influents. C’est pourquoi, la mort du fils de Monsieur n’a pas été le fait du hasard mais orchestrée pour attirer son père vers la ville dans le but d’arracher sa participation à la grande remise en ordre de la société.
      Monsieur accepte le marché. Sa femme, sortie de l’abrutissement liée à la drogue fait la rencontre d’autres malheureuses qui désirent l’aider à s’enfuir de ce lieu maudit. Elles la guident en direction de la grand’route tandis que des citoyens mâles les poursuivent avec l’aide de chiens spécialement dressés. Hélas! Elle se jettera sous la première automobile venue. Ce n’est vraiment pas de chance puisque le conducteur en est son propre mari missionné par les autres pour répandre la bonne parole à travers le pays.
      Un roman ressemblant à une  pièce de théâtre qui exploite le thème des difficiles rapports entre hommes et femmes grossissant le malaise jusqu’à évoquer l’idée d’une conspiration universelle contre le sexe faible.

    8. Type: livre Thème: menaces telluriques Auteur: Ken FOLLETT Parution: 1998
      Priest, illettré et futé, est le gourou d’une ancienne communauté hippie dans la Silver Valley en Californie qui, tout en pratiquant la polygamie, subsiste de la culture de la vigne. Après une enfance chaotique, il a enfin découvert sa voie, du moins l’espère-t-il. Cependant, son havre de paix est menacé. Le gouverneur de l’état de Californie en la personne de Honeymoon, son ministre, aimerait créer d’un lac artificiel qui noierait la Silver Valley  dégageant un site pour y implanter une centrale nucléaire.
      Priest part en guerre contre le projet. Volant un engin vibrateur, énorme camion destiné à la prospection pétrolière, il envisage, si jamais l’Etat n’abandonnait pas ce projet, de déclencher une série de tremblements de terre. Pour cela il compte sur sa deuxième compagne Mélanie, sismologue et ancienne épouse de Michael Querens, sismologue lui aussi, qui analyse les endroits de moindre résistance le long de la faille de San Andréas. Mélanie et Priest volent à Querens la disquette sur laquelle sont répertoriées les précieuses informations. L’engin vibrateur a été très soigneusement camouflé au sein de la communauté de Silver Valley. Priest adresse un ultimatum au gouverneur en prétextant faire partie d’un groupe écologiste terroriste " les Soldats du Paradis ".
      L’engrenage du chantage se met en route. La mission de faire échouer la menace terroriste incombe à Judy Maddox, brillante jeune femme policière active au sein du FBI. Bien qu’elle soit constamment contrecarrée dans son enquête par son patron, Kinkaid, un sinistre abruti, elle est soutenue par Honeymoon, car elle marque quelques points dans sa quête. Remontant habilement vers la personne de Priest à partir du meurtre de Mario, le premier conducteur de l’engin vibrateur, sa piste recoupe aussi celle de Mélanie. Judy, qui a besoin des informations d’un spécialiste en tremblements de terre, consulte aussi Querens, sans savoir que l’ex-épouse de celui-ci est au centre de l’affaire.
      La menace n’est guère prise au sérieux par Querens avant que Mélanie et Star, alias Stella Higgins, la première femme de Priest, ne la mettent à exécution. Ne voulant en un premier temps blesser personne, les terroristes choisissent un endroit désertique propice à leur projet, la Owens Valley. Par les vibrations intenses de l’engin, ils déclenchent un phénomène de résonance en cette partie de la faille qui provoque un tremblement de terre limité et mesurable.
      Le gourou-terroriste a, à travers la télévision, reconnaît son ennemie. Comme tout psychopathe, il désire narguer son adversaire. Lors d’une conférence publique donnée dans un bureau du FBI, il s’introduit dans la place avec Fleur, sa fille naturelle, qui lui sert d’alibi, mais la signature qu’il apposera sur le registre de présence le trahira ultérieurement. Pour cerner au plus près la psychologie de Priest, Judy a recours à la psycholinguistique, ce qui lui permettra de tracer un portrait précis du criminel. D’autre part, Stella Higgins, ayant enregistré jadis un disque de chansons folk, fournit une nouvelle piste à la détective.
      L’intransigeance du gouverneur à l’égard de Priest rend celui-ci fou furieux. Il se livrera à une seconde sommation en faisant trembler la terre à Félicitas. Cette fois, c’est le branle-bas de combat. Priest n’a plus le choix : il lui faut frapper un grand coup, à San-Francisco même. Son engin maquillé sera conduit dans une zone industrielle de la ville pour y engendrer un tremblement de terre majeur. Le désastre engendre la panique :
      " Le spectacle de la ville était insoutenable. Des personnes désespérées, affolées, couraient, bouche ouverte, poussant des hurlements de terreur qu’elle ne pouvait entendre, essayant de s’échapper tandis que leurs maisons s’écroulaient, les murs se fendant, les fenêtres explosant, les toits glissant de côté pour retomber sur des jardins impeccables et écraser les voitures garées dans les allées. La Grand-Rue semblait en même temps être en feu et remplie d’eau Un éclair zébra le ciel, puis un autre. Judy devina que les lignes électriques étaient en train de se rompre. "
      Judy, in extremis, contrecarre les projets de Priest, le blesse lors de l’affrontement, alors que, dans le même temps, la Silver Valley est inondée. Mélanie, assassinée par le gourou, Stella mise à l’ombre, le groupe cesse d’exister. Priest a échappé à Judy mais, devant le lac qui recouvre ses vignes, il met fin à ses jours.
      Un techno-thriller sans surprise qui utilise les éléments rodés du genre. Le cataclysme est prétexte à une enquête policière, sans grand intérêt.

    9. Type: livre Thème: guerres futures 2 Auteur: Gordon R. DICKSON Parution: 1962
      Le soldat Charlie, encastré dans son blockhaus, voit avec plaisir le robot « scorifieur » fondre les robots ennemis tués sur le champ de bataille. Avec plus de plaisir encore, il aperçoit le « gadget-cantine » lui apporter son déjeuner et lui annoncer que la guerre est terminée. Alors le robot scorifieur proche réduisit le gadget-cantine « en un petit tas de métal » car il avait pour tâche de « stocker » tous les instruments militaires :
      «Les ordres n’autorisent aucune exception. Tous les instruments militaires doivent être scorifiés et stockés. –Bien… dit Charlie.
      Et ce fut juste à ce moment-là qu’il se rendit compte que l’ogive fondeuse était en train de s’abaisser dans sa direction. »
      Une nouvelle ultra-courte et grinçante sur le thème de la guerre future.

    10. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 2 Auteur: Bertrand PASSEGUE Parution: 1946
      Vol. 01 : le Monde d’en bas, Fleuve Noir éd., 1991, coll. "Anticipation " N°1805, 1 vol. broché, in-12 ème , 183 pp. couverture illustrée par Saranhujes. roman d’expression française
      Jo Eyquens vit à Paris, dans le monde d’après la catastrophe. Ruines, immeubles effondrés, terrains vagues en forment le décor quotidien. Les survivants citadins ont reconstruit une structure sociale organisée sous la houlette de Lacourt, le maire, et la police improvisée, les F.S. (Forces Spéciales), qui pressurent les villageois alentour en leur extorquant légumes frais et farine. La nuit, une menace rôde. C’est celle des " Troglos ", individus entraînés et dangereux dont le réseau métropolitain forme le territoire. Quand ils surgissent des stations la nuit, c’est pour tuer ceux de la surface. Jo Eyquens surprend un secret lourd de menaces : Lacourt s’entend avec le chef des Troglos pour faire main basse sur la ville. Décidé à faire chanter Lacourt, Jo Eyquens est découvert et pourchassé. Il trouve pour seul refuge les tunnels du métro où il sera capturé rapidement par les forces troglos.
      Vol. 02 : les Maîtres des souterrains Fleuve Noir éd., 1991, coll. " Anticipation " N°1815, 1 vol. broché, in-12 ème , 186 pp. couverture illustrée par Saranhujes.
      Jo Eyquens, sous le nom d’emprunt de Georges Mainard, sera utilisé comme " fouilleur ", c’est-à-dire en esclave qui déblaie les tunnels effondrés pour y récupérer les reliquats d’une société morte. Pour se faire admettre au sein de l’organisation troglo, il s’apprête à  subir une série d’épreuves en liquidant quatre adversaires en un combat à mort, sous les yeux avides des notables troglos. Il en sort vainqueur avec brio. Son entrée dans la société souterraine est également conditionnée par un véritable rite d’initiation pseudo-maçonnique avec le mot d’ordre fondamental : "soumission-protection ". Devenu un Troglo actif comme garde du système, il gravit rapidement les marches du pouvoir en se rendant indispensable par ses connaissances administratives tout en sacrifiant à son ambition les quelques êtres qui lui sont chers. Il devient le bras droit de Levy, l’un des trois chefs du sommet de la hiérarchie. Les deux autres sont respectivement le " boss ", un obèse jouisseur et Hanshi, le maître des " Servants " ou chiens de garde du système, un ancien instructeur en sport de combat, qui hait par ailleurs Jo. L’ensemble de la structure repose sur la terreur et la religion.  Hanshi trouve une opportunité pour se débarrasser de Jo en la personne de Phil, un ancien ami de  surface  devenu messager entre le maire et les Troglos, qui lui révèle la vraie identité de Georges Mainard.
      A nouveau, Eyquens sera pourchassé sans merci pour être livré à Lacourt. Sa parfaite connaissance du monde souterrain lui permettra d’émerger à l’air libre, tout en tuant le boss, en blessant Hanshi, dans le but de  clamer la vérité aux oreilles de ceux d’en haut. Il constate avec amertume que ses révélations laissent indifférents les gens d’en haut : ils sont tous devenus des moutons. Même Rougerie, l’opposant officiel de Lacourt, est en réalité inféodé au maire et en profite pour livrer Jo à celui-ci. Torturé par les Servants, crucifié, le héros est mis à mort après qu’il ait acquis la certitude que rien ne pourra changer les hommes.
      Une intrigue fluide, des décors cohérents et un héros ambigu, de vrais méchants, une touche de sadisme et de cruauté, font de ces récits une œuvre qui se lit avec plaisir, sans cependant apporter quoi que ce soit de nouveau au genre.

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