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    Bienvenue dans la Base de Données des livres !

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  • 711 livres

    1. Type: livre Thème: menaces climatiques, sociétés post-cataclysmiques 1 Auteur: Jean-Pierre ANDREVON Parution: 2003
      Fershid Ben Ezir le palestinien est aussi le pilote présent dans Clim-Sat 2, le premier et le dernier satellite météo habité, dont le but est d’observer l’évolution du climat terrestre en cette année 2023. Avec ses compagnons, il assiste à la naissance de redoutables cyclones qui balaieront les côtes, puis l’intérieur des continents, provoquant une catastrophe mondiale,  qui les laissera désemparés. Leur base, Kuru-2 ne répondant plus à leurs appels, ils décident de se mettre en phase végétative pour cent ans, histoire de laisser passer le temps et de retrouver un appui terrestre.
      A son réveil, Fershid constate deux faits désagréables : 1. ses compagnons sont tous morts, victimes d’un défaut d’ordinateur et 2. le temps écoulé a été bien plus long que prévu puisque l’horloge de bord indique l’année 2345. Désespéré, après avoir mis en action la cellule de survie, il replongera sur une terre profondément transformée par la montée des océans. Il amerrira dans ce qui est devenu le Bassin de Picardie. Se servant de sa cellule comme d’une barcasse, il se dirige vers le site de Paris qui dort dans l’eau tiède d’un climat tropical. Là, près de la colline de Montmartre émergée, l’attendent les palétuviers et une quantité de bêtes sauvages qui ont reconquis leur ancien territoire :
      « …Au-dessus d’un empilage de toits partagés par des canaux boueux, la butte Montmartre s’élève, couronnée par l’architecture bulbeuse du Sacré-Cœur qu’un rai de lumière huileuse, échappée du plafond bas, nimbe d’ocre et de rose. Plus loin, la tour Eiffel se dresse écornée de son dernier étage, qui pend contre la charpente métallique rouillée. Une tempête plus dévastatrice que les autres ? Un avion fou ? Qu’importe. La tour Montparnasse ressemble à un chicot ébréché mais, là-bas, dans l’atmosphère tremblotante de ce crépuscule où couve un orage en suspens, les gratte-ciel de la Défense semblent intacts. »
      Authentique Robinson en cette immensité déserte, il ressent un soulagement intense d’entendre soudain le moteur asthmatique d’une grande barge sur laquelle évoluent des humains à l’allure inquiétante et aux costumes chamarrés. Pour son malheur ce sont des pirates,  pour lesquels tout naufragé est un esclave en puissance. Pris à bord, il est immédiatement mis à la tâche, rendue d’autant plus nécessaire que toute technologie semble avoir disparue.. Grâce à Driss, une esclave noire à laquelle l’unissent bientôt de tendres sentiments, il put être sauvé par des intervenants extérieurs au visage plus avenant et sans aucun doute plus évolués. Les pirates anéantis, le commandant l’achemine vers la Nouvelle Scandinavie à bord de son « Dauphin Blanc», où siège le gouvernement de la fédération maritime de l’Europe du Nord. :
      « La Nouvelle-Scandinavie, vue du large, se présente à Driss et à Fershid comme un maillage de petites constructions en dôme, couleur pastel, qui escaladent une colline verte. Le port lui-même est solidement pris en tenailles par une succession de hautes digues en quinconce –une solution simple et originale pour briser les vagues en cas de tempête. A l’intérieur du bassin ovale, des centaines de catamarans de toutes taille se balancent. Les deux rescapés sont admis le jour même auprès du régulateur, qui possède son logement personnel dans les bâtiments du Sénat, une sorte d’amphithéâtre couvert, à l’enceinte irrégulièrement ondulée. Tout est circulaire ici, note le pilote. Une manière efficace de lutter contre le vent. »
      Ils seront accueillis par le sénateur Marchetti qui met les naufragés à l’aise. Il connaît Fershid. Il sait qu’il est pilote. Il a suivi sa descente sur terre car il reste encore trois satellites opérationnels. Quoique le monde ait été totalement transformé par une montée des eaux due à l’effet de serre, quoique l’on ait enregistré une perte de plus de cinq milliards d’êtres humains, l’espèce humaine n’a pas totalement été balayée. Les survivants se sont adaptés à cette nouvelle terre nettoyée de sa pollution, et se sont tournés vers la mer, se jurant de ne plus commettre les erreurs de leurs ancêtres. Fershid et Driss ont naturellement une place toute désignée dans ce monde nouveau.
      Une fable et un hommage à Marion Zimmer Bradley qui, avec sa nouvelle « Marée montante » a joué le rôle de pionnière dans le domaine de la science-fiction écologique. Comme d’habitude chez Andrevon, le souci du détail et du mot juste, les personnages solidement campés, rendent cette lecture agréable aux adolescents à qui elle est destinée

    2. Type: livre Thème: épidémies, le dernier homme, fins du monde, fins de l'humanité Auteur: Jean-Pierre ANDREVON Parution: 2006
      les titres des nouvelles sont :
      De longues vacances en perspective
      Eau de boudin
      Le Zoo
      Une orange bleue vue d’en haut
      La Plaine aux éléphants
      Le Dernier homme dans Paris
      La Tigresse de Malaisie
      Dans la cave
      Area 267
      La Princesse des rats
      Le jeu avec Leelah
      La catastrophe qui décimera l’humanité, une épidémie violente intitulée le « PRISCA », clôt la pièce en sept jours.
      Le premier personnage à apparaître est le commandant Paul Sorvino, sélectionné pour la survie par l’armée, le PRISCA ayant déjà frappé de par le monde. Séparé de sa femme Isabel, il rejoindra la base Area 267 en Californie, où, avec une poignée de volontaires triés sur le volet, il sera mis en hibernation, seule méthode qui permettrait de dépasser la pandémie et de renaître en une époque où le virus aurait été vaincu. Sorvino, qui a ouvert le drame en prenant de longues vacances, le fermera également, réapparaissant dans la dernière nouvelle.
      « Eau de boudin » nous précipite au cœur de la catastrophe, à Paris. La petite Laurence, Lolo, se réveille un matin avec sa maman qui meurt devant elle, manifestant les symptômes d’une violente grippe. En voulant appeler du secours, elle se rendit compte des rues désertes, que le téléphone sonnait dans le vide et que partout résonnaient des sirènes d’ambulance. Le virus ESH (Processus Intercellulaire de Séparation), rebaptisé ultérieurement PRISCA, venait de fondre sur l’espèce humaine. Le lendemain, seul le silence attend Laurence, épargnée par le fléau par l’on se sait quel hasard. Laissant là sa mère morte, elle s’aventure dans les rues, livrées aux oiseaux lors d’une merveilleuse journée d’été.
      Dans cette nouvelle, au lendemain de la catastrophe, Lolo rencontre Antoine et Bastien, le futur « Voyageur». Ils prennent possession d’une ville vide, les gens ayant préféré, dans l’ensemble, mourir chez eux :
      « Mais nous avons survécu. Il y a des survivants…
      -Combien ? Un sur cent ? Un sur mille ? Une épidémie ou une catastrophe qui extermine d’un seul coup tous les membres d’une même espèce, ça n’existe pas.  La peste ou la grippe espagnole n’y sont pas parvenues. Et malgré toutes les conneries qu’on raconte sur la comète tueuse et ce genre de blabla, même les dinosaures n’ont pas disparu en un clin d’œil. Il a fallu plusieurs centaines de milliers d’années. N’empêche qu’ils ont quand même disparu. Nous devons faire partie des privilégiés ayant développé un mécanisme immunologique à la souche primale. Mais que l’ESH mute, et nous serons bons pour la prochaine fournée… »
      Ils pourront se livrer à toutes les actions que donne une totale liberté, comme, par exemple, manger des glaces, ou se gaver de pâtisseries. Soudain l’idée traverse Lolo qu’ils pourraient faire une bonne action en libérant les bêtes emprisonnées au zoo de Vincennes.
      Bastien (de son vrai nom Sébastien Ledreu) est un jeune anthropologue, spécialisé dans la vie des baleines ; donc, cette idée lui convient immédiatement. Lolo, qui adore les éléphants, libère aussi les fauves. Ainsi, pourront-ils voir quelques jours plus tard, les bêtes prendre possession de la ville :
      « Ils virent aussi, cours Parmentier, les girafes au long cou brouter l’envers des platanes ; rue des Bonnes un python réticulé enroulé autour d’un réverbère ; le gros lion folâtrer avec sa poignée de lionnes en plein milieu du parking Salvador Allende… Ils entendirent au loin le choc aquatique des hippos qui plongeaient dans la rivière depuis la voie sur berge et la course éperdue d’un ongulé, sûrement traqué par un carnivore silencieux, sur les pavés des vieux quartiers. »
      Antoine quittera le couple. Bastien, jouant le rôle d’un grand frère (amoureux) s’occupera de Lolo dans la ville désertée.
      Dans la nouvelle suivante « une Orange bleue vue d’en haut», changement de perspective. Le surveillant humain d’un satellite militaire ayant pour mission de parer à une éventuelle attaque balistique, observe la terre de haut. Il dépend de la base de Vandenberg en Californie qui, après un long silence, l’avertit de passer en alerte rouge, les Chinois ayant envoyé des missiles nucléaires sur Taïpei, voudront sans doute anéantir le satellite :
      « Il est au-dessus du nord-ouest de la Chine, cette foutue putain de Chine sur laquelle se lève une aube de mauvaise augure, lorsque la voix de Vandenberg, reliée par le complexe MPSS (dans le jargon : Multi Purpose Satellit System) éclate dans son casque. Cette fois, c’est l’alerte rouge. Les Chinois ont bien décidé de jouer aux cons, un milliard quatre cents millions de cons, moins ceux que la pandémie a étendus pour le compte, un max il faut l’espérer. Les Chinois, c’est officiel, ont donné trente minutes aux Etats-Unis pour désactiver leurs NAOS… »
      L’observateur veille au grain. Il désintègre les missiles des Jaunes envoyés à son encontre mais n’a pu empêcher d’être atteint par les radiations, ce qui le condamne. Lorsque Vandenberg lui annonce que la pandémie du PRISCA a touché la Terre entière et que, dans ce cas, il importe de déclencher le feu nucléaire sur la Chine, Giordano hésite. Perdu pour perdu, l’homme livré à la destruction fait une fleur à la Chine, avant de rejoindre sa tendre Barbara en se suicidant : il anéantit la base de Vandenberg :
      « Lorsque, cent minutes (et des poussières) plus tard, il survole une fois de plus le Nouveau-Mexique qu’une météo exceptionnelle dégage entièrement, il peut observer sur l’écran de son VLT le champignon gris, au tronc noueux et au chapeau plat, qui oscille dans l’atmosphère lourde de poussière à dix kilomètres d’altitude. Le champignon est si grand qu’il peut même le voir à l’oeil nu, enraciné sur une ombre oblique plus grande que lui, qui s’étale en travers d’une plaine rousse ressemblant à s’y méprendre à la surface de Mars. Mars, il ne connaîtra jamais. Mais, au moins, Vandenberg n’emmerdera plus personne. Dites-moi merci, les Chinois. »
      Onze ans après la pandémie. Sébastien Ledreu et Laurence, devenue une spécialiste des éléphants, se sont déplacés, avec de nombreuses difficultés, en Afrique, au Burundi, sur les traces d’une harde prodigieuse de proboscidiens.
      A peine arrivés en dirigeable, et malgré l’intense chaleur due à l’effet de serre, ils se mettent en chasse en compagnie d’un guide africain, l’un des survivants. A l’approche de la harde, la vision de centaines de milliers d’éléphants est tellement intense que Laurence, subjuguée, disparaît dans le troupeau. En dépit d’une recherche désespérée, Sébastien reviendra seul en France, à Paris.
      Des années plus tard, Sébastien déambule dans la jungle qu’est devenue la capitale de la France. Il a développé des aptitudes psy : il comprend intuitivement les animaux, leurs motivations, leur sensation de faim ou de plénitude. Ces animaux relâchés jadis, ont proliféré, transformant la ville en un nouveau paradis terrestre :
      « Ainsi vide et nue autour  de l’axe central  de l’obélisque de Louqsor dressé comme une aiguille incandescente pointée vers l’infini, la Concorde, épargnée par la marée végétale, ressemblait aux gravures du XIXème siècle, ou du XVIIIème, sauf que les fiacres et les promeneurs en gibus avaient été remplacés ce jour-là par sept girafes musardant, et un pangolin solitaire qui se hâtait en diagonale, sa cuirasse de mailles luisant au soleil, vers l’ancien  ministère de la Marine. »
      Du crocodile se prélassant sur les quais de la Seine, au bison refusant avec obstination de lui céder la priorité sur le Pont Royal, Sébastien participe de la vie frémissante, étant accepté par tous les animaux.
      Il dormira avec une panthère à ses côtés, goûtera l’étrangeté rousseauiste  (tenant autant de Jean Jacques que du douanier) d’une terre où subsistent encore les fantômes des femmes qu’il a aimées jadis. Mais son don le quitte peu à peu, l’obligeant à la prudence, puis à l’abandon de la ville.
      Sebastien n’est pas le seul à rechercher un contact humain. Anne de Cloarec, une autre survivante, explore la région d’Albi, sur les traces d’un homme qui pourrait encore lui faire un enfant. Sa trajectoire l’amène d’Albi à Castres, puis, après une pause dans une ferme, elle remonte vers le Larzac où elle rencontre Sammy Vermelat, un vieil homme sale et crasseux au pénis flasque, incapable de la féconder, malgré de multiples tentatives.
      Elle reprend donc sa route, vit quelque temps avec une consoeur, Malika, son antithèse. Malika ne veut pas d’enfants, il lui est indifférent que l’espèce humaine s’éteigne. Enfin, un message d’un certain Pierre, fixé à un arbre, prouve que cet homme est encore en vie. Elle erre à sa suite dans Montpellier, Nîmes, Avignon, Arles, puis dans Marseille, à moitié sous les eaux.
      C’est dans les Causses qu’elle fera la rencontre tant attendue. Pierre disparaîtra au petit matin, la laissant enceinte. Le destin d’Anne sera semblable à celui du «  tigre de Malaisie » qui s’est éteint parce que les derniers représentants de l’espèce, trop peu nombreux sur un territoire trop grand, n’auront pu se rejoindre.
      « Dans la cave » relate l’abominable histoire d’une fillette qui deviendra « la Princesse des rats ». Enterrée sous un grand magasin – donc sans problème de ravitaillement - avec sa mère, la petite fille parcourra le chemin inverse de l’évolution :
      « Lorsque la princesse se blottissait contre elle, elle avait l’impression que sa maman était de plus en plus maigre, qu’elle fondait, que ses bras  et ses jambes étaient de plus en plus semblables à des morceaux de bois sec.(…)
      Maman vomit de plus en plus souvent. La nuit, elle l’entendait gémir, tandis qu’elle se tordait sur sa couchette comme un ver de terre coupé en deux. Le jour, elle la voyait palper son ventre creux, elle voyait les mains brunes aux doigts crevassés tâter la peau de son ventre, comme s’ils voulaient s’y enfoncer pour y chercher quelque chose, peut-être la cause de son mal. – Quelle saloperie… Quelle saloperie ! répétait-elle. »
      Restée seule après la mort de l’adulte, avec pour toute culture quelques magazines montrant le monde humain, elle entrera en empathie avec les rats dont elle deviendra la déesse tutélaire. Elle les protège, leur ouvre des boîtes de conserve, et observe, à travers un soupirail infranchissable, l’extérieur inaccessible, les premiers flocons d’un hiver à venir.
      Dans l’univers clos de la cave, il se passe peu de choses. L’arrivée d’une louve , qui cherche un endroit sûr pour accoucher, bouscule l’ordre établi. La présence de la petite fille est acceptée. Plus tard, la louve partie à la chasse et les louveteaux au chaud dans la cave, les rats les tuent, les uns après les autres. La louve, au désespoir de la princesse, emmène son dernier rejeton pour le soustraire au danger et disparaît de son univers.
      Retour à Area 267. Le commandant Paul Sorvino vit dans son monde virtuel, entouré de robots à ses soins. Sorvino tue le temps dans des jeux virtuels. Il se bat contre des tyrannosaures, des lions ou des éléphants, s’invente des combats, affronte ses clones, fait l’amour à des femmes de rêve, concrétisées pour que des automates puissent récupérer sa semence.
      Ancienne recrue de la SSDA (Service Scientifique des Armées), le commandant Sorvino se lasse de cette vie jusqu’à ce que, mystérieusement, la machinerie semble se détraquer. Un jour, il se réveille dans son bloc d ‘hibernation avec, à ses côtés, ses compagnons, tous morts du PISCRA.
      Il restera l’unique survivant des cinquante autres bases disséminées sur le continent américain, établies dans le même but : dépasser l’échéance fatale pour l’humanité. Enfin, les portes de l’abri s’ouvrent sur le monde réel :
      « Je suis le Pr. Saul Weinbaum. Vous pouvez me considérer comme le capitaine de ce bateau. Parce que nous sommes tous dans une arche, vous en avez conscience, n’est-ce-pas ? Vous vous trouvez à l’abri dans ce que l’on appelle dans notre jargon une Unité Autonome de survie prolongée. Il en existe un certain nombre disséminées dans le pays. Une cinquantaine, à ce que je crois savoir. Et même quelques autres ailleurs. Top secret ! Les bunkers de ce genre ont été conçus au milieu du siècle dernier, en prévision d’un conflit nucléaire avec les Russes »
      Il sera projeté hors de sa matrice, sommé de refaire le chemin de la vie aidé par quelques artefacts technologiques comme la voiture solaire ou le couteau magnétique. Il entreprend la traversée des USA vers l’Est.
      Quatre cosmonautes, Milena, Patricia, Isaac et Dayrush, chacun spécialiste en son domaine, se relèvent de leur sommeil prolongé dans leur engin spatial, quarante ans après la pandémie. Se rappelant qu’ils devaient constituer le noyau d’une colonie d’intrépides explorateurs interstellaires, ils constatent qu’ils n’ont pas bougé de leur orbite, avec une vue sur la terre où les reliefs sont subtilement transformés.
      Que s’est-il passé ? Pour le savoir, ils regagnent le sol avec leur « shuttle ». Se décidant à atterrir à Paris – une destination qui en vaut une autre-, ils posent brutalement leur engin sur l’esplanade des Invalides inondé, provoquant la mort de Patricia.
      Les trois survivants s’organisent, visitant une ville tropicale, submergée par les eaux, se servant du shuttle comme radeau, voguant dans des avenues transformées en autant de canaux. Ils éliront domicile dans un appartement de Montmartre qu’ils aménagent. Milena, enceinte d’Isaac, découvre bientôt que l’appartement est envahi par les rats qui, par milliers, s’enhardissent jusqu’à les attaquer. Repoussés avec des armes à feu puis à l’aide d’un lance-flammes bricolé, les rats battent en retraite, commandés, semble-t-il, par un être mystérieux, une sorte de rat immense :
      « La flamme fusa, déployant ses tentacules rouge et or dans la cage d’escalier, où ils s’éparpillèrent en volutes avant de s’écraser sur les murs qu’ils marbrèrent d’ombres brunes.
      Trois secondes, pas davantage. Mais, cette fois, le résultat fut à la hauteur : des dizaines de rongeurs brûlés jusqu’à l’os, globes oculaires fondus, se tordant entre les crocs de l’agonie en dégringolant les marches, poussés par ceux qui arrivaient derrière et n’avaient pas encore compris.
      Cris suraigus, prenante odeur de viande rôtie, de poils racornis. L’avalanche se tassa, le temps pour les astronautes d’atteindre le second étage. WOOOOOUSHHH! Une deuxième décharge prit de front les premiers rangs apparus à l’angle de l’escalier, Milena poussa un cri en décrochant de son épaule un gros gris qui, tombé d’on ne savait où, y avait atterri toutes griffes dehors. Un coup de crosse réduisit son crâne en grumeaux. »
      La dernière bataille sera décisive en provoquant la mort de Milena, puis la disparition de Dayshu parti à la recherche d’armes. Isaac reste seul avec, en face de lui, une marée de rats, qui, curieusement, ne l’attaquent pas. Il capture leur chef qui n’est autre que la « Princesse des rats ». Avec patience, il lui fera regagner , échelon après échelon, le stade de l’humanité,  dans son appartement de Montmartre. La Princesse, ayant à nouveau accédé au statut de femme, dira adieux à ses fidèles compagnons pour suivre Isaac dans sa conquête d’un monde vide.
      Dans la dernière nouvelle « le Jeu avec Leelah », le commandant Sorvino, couturé de cicatrices, a atteint la ville de New York. Il y fait la rencontre d’une troublante jeune noire, une Masaï, sensible et esthète, sans qu’il puisse dire si cette dernière est d’origine terrestre ou extraterrestre car elle semble en liaison avec « l’Oeil », un artefact lumineux suspendu dans le ciel qui, finalement, disparaîtra.
      Leelah lui laisse le temps de sortir de ses fantasmes avant de lui faire comprendre qu’elle deviendrait dorénavant son unique réalité. Seuls, comme quelques autres rares couples de par le monde, ils auront à vivre sur une terre qui ne leur appartient plus.
      Enfin, l’odyssée de Sébastien devenu « le Voyageur » ponctue chaque nouvelle, comme en interlude. Après la disparition de Laurence, il a pris la route du sud, témoin obligé de la disparition rapide des objets liés à l’activité humaine. Après une pause dans une commune de type utopique, il fera la rencontre de « la Folle de Valence », une vieille femme bloquée à un stade régressif de sa vie qui refuse la réalité actuelle. Elle « joue » à la télévision, vit dans les détritus, et répète à l’infini les diverses phases de la catastrophe. Peu à peu, les rencontres s’espacent. Autour de lui, les animaux abondent, sans peur.
      Il éprouve des sentiments de plénitude et de bonheur en s’endormant à ciel ouvert, dans ce monde neuf. Le temps chronologique a disparu, remplacé par la durée vécue et l’intensité des sensations. Subissant un énorme orage sur le chemin d’Avignon, il évitera prudemment trois lionnes apparues brusquement devant son cheval. Pour se sécher, il s’abrite dans une ferme déserte mais ne peut éviter le début d’une pneumonie qui le conduira à la mort, terme définitif de son long voyage.
      « Le Monde enfin » est un ouvrage étonnant qui, dans notre domaine, n’a aucun équivalent sauf, peut-être « Demain les Chiens » de Clifford Simak. Il s’agit d’une tentative (réussie) de mettre «en abyme » une série de nouvelles s’établissant autour d’un même thème, la fin de l’espèce humaine et la résurrection d’un monde débarrassé de l’homme.
      Chaque nouvelle peut se lire séparément mais, enfilées comme des perles sur un même fil, elles forment un ensemble gagnant en cohérence au long de l’ouvrage. Le fil conducteur rythmant la vie du roman se concrétise dans la personne du « Voyageur », un vieil homme solitaire dont nous apprendrons l’origine peu à peu, qui, à cheval, et parce que plus rien ne le retient nulle part, pérégrine de Paris vers le sud de la France, sur les traces d’une (imaginaire) compagne, car il est l’un des rares rescapés de la grande extinction :
      « Le cavalier était un homme long et sec, qui se tenait voûté au-dessus de l’encolure de sa monture. Son visage et ses bras nus étaient bronzés mais, autrement, il portait bien son âge, c’est-à-dire plutôt mal. Son crâne était protégé du soleil par un chapeau de paille tressée, à large bord,  effrangé par l’usure et par places crevé ou rongé par des bêtes. Une ganse de cuir agrafée par un petit clou rouillé tordu en épingle à cheveux ceinturait la base du chapeau.
      Sous le chapeau, le crâne du cavalier était complètement chauve, tavelé de taches de son. Une couronne de cheveux d’un blanc jaunâtre, aux mèches emmêlées par la crasse, enveloppait ses tempes et, rejetés derrière ses épaules, pendait jusqu’à ses omoplates, nouée en catogan par un fragment de cuir provenant d’une laisse. »
      Solitaire, savourant la vie nouvelle qui jaillit de partout, il connaîtra une mort paisible au bout de son voyage d’ordre initiatique, signant de manière irréfutable la défaite définitive de l’humanité dans un monde dont il a été dépossédé :
      « Au bout d’un mois, le crâne comme le tronc se montraient nets de toute trace de viande. Le squelette était encore très blanc, trop neuf encore pour avoir eu le temps de jaunir au vent, à la pluie, au soleil, au temps. Le crâne avait roulé à quelques mètres du tronc, la mâchoire désarticulée mordait la terre de ses mauvaises dents, du plantain avait poussé en travers des orbites.
      Ainsi reposait le professeur Sébastien Ledreu, autrefois chercheur en paléontologie détaché au Muséum d’histoire naturelle de Paris. Au printemps suivant, la végétation vivace recouvrait complètement le squelette qui n’eut plus, au cours des années, qu’à s’imprimer peu à peu dans la terre, comme une signature. »
      Bien que toutes les nouvelles ne soient pas inédites (comme par exemple « la Nuit des bêtes » qui a paru antérieurement dans une collection pour enfants), l’on sent que le projet d’ensemble a longtemps été caressé  par l’auteur, affiné au fur et à mesure.
      La permanence dans le thème lui a permis de polir chaque nouvelle, de la travailler ou retravailler formellement, d’en ciseler la matière verbale pour en faire des récits qui ressortent de manière unique dans le domaine. « La Princesse des rats », à travers la description insoutenable de son mode de vie, en constitue un bon exemple.
      La bonne connaissance des ressorts du fantastique littéraire, du découpage cinématographique alliée à sa culture scientifique , font de Jean-Pierre Andrevon , avec plus de cent soixante ouvrages à son actif, l’un des plus brillants représentants de la science-fiction française.

    3. Type: livre Thème: après la Bombe... Auteur: Jean-Pierre ANDREVON Parution: 1970
      Curieuse aventure que celle de cet homme du commun se promenant dans Paris, à proximité d’un terrain vague. Dans cet endroit qu’il connaissait fort bien, il aperçoit un cube métallique qui ne devait pas s’y trouver. S’étant rapproché, il y découvre une entrée et, à l’intérieur, une débauche de circuits électroniques, de moniteurs vidéos, de diodes clignotantes. Tout d’abord inquiété par l’étrangeté du lieu, il parvient à fixer son attention au bout de quelque temps, sur un écran:
      « Ce que j’avais sous les yeux, c’était un spectacle de ruines,de désolation, de chaos. Au début, j’avais eu quelque difficulté à interpréter ces images , tellement elles me semblèrent confuses. Mais cette confusion ne venait pas d’une mise au point défectueuse. Elle émanait du paysage lui-même, qui évoquait je ne sais quel cataclysme gigantesque. Les écrans montraient une plaine immense, légèrement vallonnée par endroits , et couverte de rocs pulvérisés, concassés, qui ne formaient plus dans les lointains qu’une plage de grains de sable miroitants, vitreux, comme des morceaux de quartz.
      Je parle de rocs , mais il me vint peu à peu à l’esprit que tous ces blocs étaient en réalité les restes de maisons soufflées, broyées, que tout ce panorama aplati représentait ce qui restait d’une ville immense, anéantie. Dans le milieu de la plaine serpentait un grand fleuve aux eaux grises, morcelé en petits bras capricieux, et qui à un endroit s’évasait en une sorte de lac. Le ciel était parcouru de nuées jaunes , soufrées, qui répandaient sur toute cette désolation une lueur malingre, à la fois crue et terne, qui ne donnait pas d’ombres, mais écrasait un peu plus au contraire cette cité effacée. Rien de vivant ne bougeait dans ce décor de cauchemar."
      Ce paysage en ruines est la ville de Paris, un Paris d’un futur indéterminé. Cela lui sera confirmé par un être humain noir et nu, apparu brusquement. Il lui expliquera aussi que le cube est un relais temporel et lui-même un voyageur du temps. Le tout aurait dû rester totalement invisible au narrateur, mais une légère erreur de connexion a produit un décalage regrettable. Le narrateur sortira du piège temporel et le cube disparaîtra à nouveau dans l’avenir avec son observateur. Jamais plus notre homme ne parviendra à gommer de son esprit les ruines entrevues.  Avec chaque jour qui passe, une seule question l’obsèdera dorénavant : quand cela se produira-t-il ?
      Une nouvelle rapide bâtie avec les poncifs du genre qui a paru dans une anthologie pour enfants.

    4. Type: livre Thème: Adam et Eve revisités Auteur: Robert SHECKLEY Parution: 3767
      L’universitaire Nuggent Miller, pacifiste convaincu, a pressenti le danger d’une guerre nucléaire lorsque le Chinois menacèrent Formose. S’étant caché durant de longs mois dans un réseau de grottes aménagées, il fut le seul survivant de l’holocauste. Maintenant, toujours prudent, son compteur Geiger à la main, il cherche désespérément un autre être humain vivant. Or, il découvre non pas une, mais plusieurs traces laissées par cinq femmes, qu’il rejoint dans une clairière.
      O bonheur ! Elles sont toutes jeunes et désirables mais menées par Miss Denis, ancien professeur de maintien, féministe convaincu qui affiche sa haine de l’homme, responsable du désastre, et celle du mâle, responsable de l’oppression féminine. Elle refuse tout contact avec Nuggent Miller, le faisant même chasser à coups de pierres par ses élèves. Pour le survivant, l’enjeu est trop important. Il ne peut se laisser déposséder ainsi de ce qui lui revient de droit par un legs de l’humanité. Prêt à tout pour retrouver ces filles, il renie ses valeurs fondamentales en affûtant son couteau…
      « Une minute plus tard, le dernier civilisé avait disparu de la surface du globe. Avec lui périssaient le dernier des pacifistes, le dernier des objecteurs de conscience, le dernier des amateurs d’art, le dernier des bibliophiles. A la place de ces figures admirables se dressait Miller, couteau au poing et promenant tout autour de lui, de par la forêt, un regard farouche. (…)
      Miss Denis n’allait pas tarder à voir surgir devant elle, hirsute, sale, puant et massue brandie, le condensé horrible de l’abominable espèce mâle tout entière. Il espéra qu’elle aurait néanmoins le temps de comprendre, de se rendre compte que c’était elle-même qui avait ressuscité la brute des cavernes.»
      Une charge humoristique et ironique contre les excès du féminisme et des généralisations.


    5. Type: livre Thème: archéologie du futur Auteur: Alfred FRANKLIN Parution: 1875
      Une première lettre envoyée par l’Amiral Quesitor au Ministère de la Marine relate la découverte de Paris. Partie de Nouméa, l’expédition archéologique jeta l’ancre de ces trois vaisseaux dans une baie immense et sûre, à proximité des ruines de Paris, prouvant déjà la montée des eaux qui avaient englouti ces côtes primitives. Ils furent accueillis par les autochtones, curieux, sympathiques, fiers de leur cité, mais barbares et attachés à leur sol, doués d’un intérêt viscéral envers la politique :
      « Il y a d’ailleurs bien d’autres difficultés à résoudre pour organiser le pouvoir chez une peuplade où tout le monde brûle de commander, et où personne ne consent à obéir. Les plus modestes rêvent une fonction publique, qui leur livre au moins quelques subalternes à gouverner ; mais tous, même les plus misérables et les plus ignorants, se croient parfaitement aptes à régir la tribu, parlent à tort et à travers des affaires de la cité, émettent des idées, des théories, des principes aussi insensés que disparates, et ne les voyant pas adoptés, se sentent envahis par un impérieux désir de révolte. »
      D’après Quesitor, ce sont les descendants des Français d’antan. Accompagnés par les naturels, il se rend au sommet d’une petite colline pour avoir une vision complète de la cité antique :
      « C’était bien Paris, nul de nous n’en douta, ces ruines grandioses étaient bien le tombeau de la reine du vieux monde. Sa tête orgueilleuse plane encore au-dessus de ces espaces désolés.
      Dans une vallée, dont nos yeux pouvaient à peine embrasser l’étendue, se dressaient pêle-mêle des dômes, des colonnes, des portiques, des flèches élancées, des combles immenses, des frontons, des statues, des chapiteaux, des entablements, des crêtes, des corniches ; et à notre gauche nous voyions se profiler, fier et hardi sur le ciel noir, le couronnement de l’arc triomphal élevé par un des derniers Poléons de la France à la gloire de ses armées. »
      Le déblaiement des ruines aussitôt commencé avec de grands moyens amena son lot de découvertes et de fausses interprétations, les restes de la flore et de la faune prouvant que l’endroit était jadis fortement habité. Des statues furent mises à jour comme celle du Laocoon, et les hardis explorateurs s’attachèrent à relever l’arc de Triomphe au bout de « l’Avenue des Chefs Illustres » » (les Champs Elysées). La découverte de l’obélisque entièrement engravée d’une écriture inconnue les plongea dans la perplexité. La lettre de Quesitor provoque la constitution d’une séance de «l’institut de Calédonie ». L’enthousiasme sera immense et la discussion acharnée autour de la nature d’une statue féminine découverte,  appelée "la République". La conclusion de l’Institut fut sans appel. Il s’agissait « d’une Minerve qui a été fondue dans la ville d’Orléans sous le gouvernement de la Reine République ».
      On attribua aussi la médaille d’honneur aux hardis navigateurs. Pendant ce temps, à Paris, la curiosité des indigènes se fait de plus en plus vive à l’égard des étrangers dont ils ont assimilé les principes politiques et les institutions :
      « Nos institutions politiques leur sont aujourd’hui connues dans leurs moindres détails, et ils les critiquent tout haut. Chose étrange, dès qu’ils abordent ce sujet, la passion les emporte et la raison semble les abandonner.Ces barbares, absolument étrangers, il y a quelques mois, à notre organisation sociale, sur ce point encore nous proposeraient volontiers des perfectionnements ; ils ont déjà à nous offrir deux ou trois systèmes complets, plus insensés les uns que les autres, et qui renversent toutes les idées reçues en matière d’impôts, d’instruction publique, de religion, de franchises municipales, etc…, etc…. Ils seraient enfin charmés de nous voir adopter le principe fondamental de leur gouvernement, qui consiste à changer de chef le plus souvent possible. »
      Pourtant les fouilles continuent, livrant d’abondants trésors comme cette magnifique Vénus sans bras qui fut attribuée au sculpteur du XVIème siècle, « Karpeau »,  ou la Mairie du Louvre qui fut reconnue comme un bâtiment dédié à « la Sainte Marie du Louvre ». L’exhumation de deux fioles et d’un bouchon prouvèrent que les Français de l’époque participaient grandement à des libations, surtout à l’époque de la dynastie des « Poléons » dont une médaille votive prouva sans contestation possible le règne.
      La dernière lettre de Quesitor sera alarmante et terrible. Il dit que ses marins se sont mutinés en faisant cause commune avec les natifs, fraternisant dans leur idéal de liberté. Les mutins le convainquirent aussi de se joindre à eux sans qu’il ne perde rien de ses titres ou prérogatives. L’amour de la politique chez les barbares avait contaminé les explorateurs:
      « Ma dépêche d’hier a été interrompue par la visite de notre nouveau chef. Il venait me développer les idées politiques qui serviront d’assises à son gouvernement, et m’exposer les réformes sociales qu’il médite. Quelques-unes m’ont paru, en réalité, fort sensées, fort urgentes même ; car, à bien des égards, les bases sur lesquelles repose la société moderne sont barbares, injustes et heureusement vermoulues. Je n’ai donc pas cru devoir lui refuser mon concours et l’appui de ma longue expérience .D’ailleurs, à moins de regagner Nouméa à la nage, force m’est bien de demeurer ici, puisque tous mes marins m’ont abandonné et que l’on a confisqué ma flotte. »
      « les Ruines de Paris  en 4875 » forment une courte nouvelle par lettres , une étude fine et ironique de la difficulté à établir la vérité historique et une critique des moeurs politiques du régime impérial en un style d’une grande virtuosité.

    6. Type: livre Thème: guerre des sexes, matriarcat, épidémies Auteur: Michel TRUFFAUT Parution: 2000
      Le narrateur, Philippe Sorlin, nous raconte son incroyable aventure liée à la pandémie qui a frappé les pays riches du monde occidental. Modeste fonctionnaire à la DEP (Département des Etudes et Prospectives), il vivait heureux jusqu'à présent, marié à la douce Zoé,  jusqu'à ce qu'un jour, comme des milliers d'autres hommes, il ne se réveille affligé d'une verge démesurée, immensément grossie:
      "Un matin, je me suis réveillé avec une sensation de lourdeur entre les jambes. J'ai retiré le drap et secoué Zoé pour lui montrer ce qui m'arrivait. J'étais paniqué. Mes organes génitaux avaient triplé de volume pendant la nuit. Le moment de stupeur passé, Zoé a fait de son mieux pour me rassurer. Mais elle était pâle et sa voix tremblait. Je n'arrivais pas à me lever. Chaque tentative me causait des douleurs aiguës dans le dos et les gestes simples, que j'avais toujours faits machinalement pour sortir du lit, me demandaient de terribles efforts. Quand j'ai pu me mettre debout, le poids de mon bas-ventre faillit m'entraîner en avant. J'avais l'impression que mon corps m'était devenu étranger. Je chancelais, en équilibre instable, incapable de marcher. Je me rendis compte de la gravité de mon état et je pleurai."
      L'éléphantiasis, c'est ainsi que s'appelle dans la réalité cette maladie due à un virus transmis par un moustique dans les pays chauds. Mais dans le récit, les éléphantiasiens, de plus en plus nombreux, sont tous de race blanche, vivant dans des pays développés,  et sans doute victimes de la pollution:
      "Le professeur Montoya confirma qu'il existait un lien direct entre certains polluants chimiques et la mutation des Hox. Des expériences effectuées avec la mouche du vinaigre -la Drosophila melnogaster- montraient que les spécimens exposés à des polluants organiques développaient des hypertrophies des pattes, des ailes et des yeux qui se résorbaient progressivement quand on replaçait les insectes dans un environnement préservé de toute pollution. Pour Montoya, les produits chimiques toxiques en suspension dans l'air étaient, à l'évidence, responsables de l'hypervergie."
      Quoiqu'il en soit, cette maladie le rend inapte à une vie sociale normale. En attendant, sa honte passée de mise vu le grand nombre d'hommes atteints, adaptant ses vêtements à son état, il continue sa vie professionnelle, haï par sa chef de service Marie-Paule Boron  (dite "MP" comme pour "Military Police"), et méprisé par sa voisine,  la naine, dite "Goldorak", une professionnelle du sexe adepte du sado-masochisme.
      Zoé l'entoure de toutes les prévenances et il reste l'ami de Krapolski, un voisin anarchiste, ainsi  que de Sadou, un squatter noir déniché dans l'immeuble que le couple accueillera chez lui. Avec le temps, l'ambiance de la vie quotidienne change subtilement:
      "Les spectateurs ne s'identifiaient plus à des héros "plats". Les anthropologues avaient beau montrer tous les ossements prouvant que la morphologie de l'homo sapiens sapiens évoluait sous l'influence de son environnement depuis trente mille ans, l'éléphantiasis masculin n'en provoquait pas moins une rupture spectaculaire avec des millénaires de civilisation. l'homme représenté par l'art rupestre, magnifié par les artistes de l'Antiquité, dessiné par Vinci,  peint par Raphaël, sculpté par Michel-Ange, chrono-photographié par Marey, avait disparu sur la moitié de la planète."
      Tous les domaines, éthique, ethnique, culturel, esthétique, etc.  se modifient. Par exemple, l'on adopte dorénavant un vêtement adapté à l'entrejambes des hommes atteints. Les femmes deviennent plus agressives et les hommes davantage misogynes. MP, qui connaît Goldorak, intrigue pour se hisser à un poste plus élevé dans la hiérarchie. Quant à la naine, elle crée, dans l'immeuble même, en dépit de toutes les lois,  un atelier de couture appelé "Profiline", qui connaît un succès phénoménal.
      La deuxième phase de la maladie sonnera le glas de l'homme occidental. Un matin, Philippe Sorlin se réveille muni d'une verge pesant vingt kilos. L'hypervergie -c'est le nom dont on la baptise - crée un objet innommable faisant du mâle un total handicapé. Celui-ci vivra dorénavant dans un fauteuil à roulettes en pensant à la cruauté de son sort. La maladie des Hox -c'est le nom des gènes déficients qui provoquent l'hypertrophie - aura des conséquences irréversibles. Les hommes, impotents, impuissants, ne servent plus à rien. Incapables de se maintenir au pouvoir, ils se trouvent à la merci totale des femmes. La société explose. Les femmes prennent le pouvoir. Tous les postes et fonctions occupés par les hommes le seront désormais par des femmes. Des lois seront votées qui favoriseront la coopération avec les PVD (Pays en Voie de Développement) et leurs populations à majorité noire non affectées par la maladie des Hox, ce qui favorisera les mariages mixtes et permettra aux femmes de compenser leur stress sexuel.
      Même Zoé, la douce Zoé, quittera Philippe pour Sadou qui, cependant, restera l'ami fidèle du narrateur, avec l'humour et l'insouciance de ceux de sa race. L'amertume du narrateur est d'autant plus grande lorsqu'il apprend que MP se destine à la présidence, en passant d'abord par le ministère de la Santé, et que Goldorak se transforme en une capitaine d'industrie puissante, pliant les lois à son usage et adoubée par le nouveau régime féministe. Les malades mâles, sous le prétexte d'être mieux soignés, seront regroupés dans des ensembles médicalisés, anciennes ZUP ou ZEP, en fait des ghettos de banlieue,  où atterriront également une majorité d'anciens édiles politiques.
      Il y pourtant pire. Le narrateur, ayant aperçu de sa fenêtre son voisin Hitch, handicapé comme lui, atterrir sur le pavé de la cour, soupçonne un assassinat perpétré par des femmes. D'ailleurs les cas se multiplient. Les femmes songeraient-elles à se débarrasser des hommes?
      "La criminalité avait augmenté" depuis le début de la pandémie. Cette recrudescence provenait essentiellement des agressions d'éléphantiasiens par des jeunes filles qui opéraient à deux ou trois, dans la journée, parfaitement renseignées sur les codes d'accès aux immeubles et les appartements où vivaient les hommes seuls. mais les complicités n'étaient pas faciles à établir. Les informations pouvaient aussi bien provenir de la gardienne que d'une ancienne locataire, une infirmière, une aide-ménagère, une postière une dératiseuse, une peintre, un plombière, une livreuse, une employée du gaz ou de l'électricité, une ramoneuse, une voisine, une huissière,  une policière, une parente ou une familière."
      MP, accédant à la présidence, assignera immédiatement en justice les hommes politiques du passé, responsables, selon elle, de ne pas avoir tenu compte  des dangers de la pollution et de ne pas avoir pris toutes les mesures nécessaires pour parer à la maladie en Occident. Ils seront déclarés coupables et emprisonnés. Quant à Philippe Sorlin, soulagé par Mélanie, une gentille aide-soignante (ce qui le change de la précédente, Sylvie la féministe), il méditera amer sur son bonheur perdu, les jours enfuis, la défaite de la gent mâle et le regret de n'avoir su profiter en temps voulu des menus plaisirs de la vie.
      En un style fluide, analysant avec délicatesse les sentiments et les émotions d'un malheureux soumis à son handicap, l'auteur explore les conséquences de sa pandémie avec une lucidité féroce, notamment en ce qui concerne les actions des femmes enfin libérées de la tutelle masculine. Il appuie aussi sur l'égoïsme des pays développés en inversant les situations comme l'a fait, dans un autre registre, John Christopher avec son "Hiver éternel".


    7. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: Umberto ECO Eugenio CARMI Parution: 1988
      Un récit pour les enfants que l’on pourrait également intituler « la révolte des atomes ».
      De très gentils atomes décident un jour de quitter les méchantes bombes que le général entassait dans son grenier en vue d’une guerre future. : « Quand j’en aurai beaucoup, déclarai-il, je déclencherai une superbe guerre. ».
      Il était en accord avec tous ces messieurs qui ont « dépensé une fortune pour fabriquer toutes ces bombes ». Lorsque, enfin,  elles se mirent à tomber sur les villes prévues, elles n’éclatèrent pas, les atomes ayant fui dans les autres objets de la vie. Les papas et les mamans en furent bien heureux et le général, démobilisé, devint portier dans un palace.
      La Bombe racontée aux tout petits enfants en un récit minimaliste qui décrit pourtant dans leur langue et avec précision les motivations des «généraux» et des «messieurs» prêts à déclencher l’apocalypse nucléaire.


    8. Type: livre Thème: guerres futures 1, menaces et guerres nucléaires Auteur: Stéphane JOURAT Parution: 1968
      Le roman se partage entre trois parties dissemblables. La première est une évocation de l’évolution théorique et historique de la société politique des USA après l’engagement au Viêt-Nam. Démoralisés, les USA se retirent du conflit en y laissant leurs morts. Celui-ci aura été un champ d’expérience pour les noirs américains maintenant aguerris et capables de faire la différence selon  la manière dont on les a traités au front (toujours en première ligne) et au sein des villes américaines (toujours dans les ghettos)
      En peu de temps, l’agitation sociale se développe dans les quartiers noirs, encadrée par les vétérans noirs qui ont appris à se battre. En 1973, le fascisme américain triomphe avec l’arrivée au pouvoir du sénateur Chilson, évinçant le clan Kennedy, appuyé par l’empire militaro-économique représenté par la figure du général Klinger. Chilson utilise les gaz pour « dératifier » le quartier de Watts :
      « Il faut que le monde sache ce que cela a été : la folie collective donnée délibérément par des hommes à des hommes. Peu importe qu’il se soit agi de Noirs, ou de criminels ou d’émeutiers. Personne au monde, même pas Dieu, n’a le droit de traiter des hommes de cette manière, de les rendre fous, ou malades, ou aveugles. J’ai vu des enfants qui s’étaient crevé les yeux à force de les frotter, des femmes qui hurlaient en se tenant à deux mains les parties génitales brûlées au troisième degré par les gaz, des hommes armés, ivres de L.S.D. tourner en rond sur eux-mêmes en mitraillant tout ce qui passait à leur portée, même des femmes et des enfants de leur race. »
      Cela soulève peu d’émotion dans l’opinion américaine qui récompense Chilson pour cette action d’éclat, en le portant à la présidence, pour peu de temps, puisqu’il sera assassiné par un Noir à cause de ses hauts-faits. Le fauteuil reviendra alors à Klinger,  dont le discours reflète les idées :
      « Jamais les Etats-Unis d’Amérique n’ont été aussi méprisés et aussi combattus que depuis qu’ils se vouent corps et âme, au salut de l’humanité. Pire encore : les perversions, les vices, la pourriture morale et physique du reste du monde, et je pense surtout à l’Europe, se sont introduits chez nous et ont souillé une partie de notre jeunesse. La débauche sexuelle, l’athéisme, la subversion politique sont les cadeaux empoisonnés que nos faux amis nous ont faits en remerciement de notre aide. »
      Aussitôt, le nouveau président donne ses troupes. A l’intérieur des USA, les premiers camps de concentration apparaissent, à l’extérieur, notamment en Europe, les corps d’armées américains s’opposent frontalement à la Russie soviétique et la Chine. Tous les prétextes sont bons et toutes les armes seront utilisées avant que n’éclate la catastrophe finale. La pollution bactériologique de l’eau de New York, supposée provoquée par les Chinois (en réalité liée à la pollution agricole de terrains autour des monts Catskills), les gaz utilisés pour réduire la poche de résistance grecque dans le défilé des Thermopyles, mettent le monde au bord du chaos :
      « Leggitt donne l’ordre de charger les mortiers de têtes à gaz G.C. Le reste va très vite. Les « bérets verts » passent leur masque à gaz. Leggitt baisse les bras, les obus de mortier décrivent une trajectoire haute puis s’écrasent au fond du défilé. Dans leurs abris, les Andartès sentent s’élever autour d’eux une odeur vaguement fruitée. Ils n’ont pas le temps de s’en étonner. Leurs yeux brûlent, leur gorge se contracte, ils sont secoués de nausées, puis de vomissements, beaucoup sont saisis de diarrhée, d’autres hurlent en se tenant la tête à deux mains. Les uns après les autres ils s’écroulent sur les roches que recouvre une sorte de rosée incolore, agités de convulsions violentes, puis de plus en plus faibles et s’immobilisent enfin. Leggitt lâche ses jumelles, regarde sa montre.
      -Sept minutes seulement, dit-il à l’officier « C. and B. ».
      Un dernier sursaut de volonté des peuples qui ne veulent pas mourir, permettra -semble-t-il-  de juguler la menace représentée par Klinger et ses séides qui seront amenés à reculer faisant place à un règlement pacifique des conflits par les Nations Unies qui retrouvent de ce fait  un peu de crédibilité :
      « Dans toute l’étendue de l’Europe, les insoumissions et les désertions se multiplient. En Italie, quatre régiments prêts à s’embarquer pour la Grèce se mutinent. Les unités que l’on envoie mettre les mutins à la raison se rebellent à leur tour et une véritable guérilla commence dans la région de Bari, entre les Senza Noï (« sans nous ») et les troupes régulières. Des incidents du même ordre éclatent en France, en Belgique, en Hollande, en Allemagne de l’Ouest. »
      La deuxième partie du roman est en rupture totale avec la première. Un écrivain –nous ne connaîtrons pas son nom –, nous fait partager dans ses notes, qui ressemblent à un journal intime, l’existence d’une société post-nucléaire. Que s’est-il passé alors que tout semblait sur le point de s’arranger? Nous ne le saurons jamais. Quoiqu’il en soit, le conflit nucléaire a bel et bien eu lieu. Les bombes sont tombées en masse, en Russie, aux USA, en Chine, s’abîmant au passage sur la France et sur d’autres pays, en faisant exploser l’arsenal atomique du plateau d’Albion. Le choc électromagnétique lié à ces explosions a instauré le grand silence des ondes. La société a disparu, remplacée par une kyrielle de groupes de survivants non contaminés mais revenus à la  barbarie, à un dénuement total, à une détresse maximale.
      Le narrateur appartient à l’un de ces groupes d’une vingtaine de personnes vivotant à grand’peine dans la cave d’un village de l’arrière-pays provençal. Ils livrent une lutte continuelle aux rats qui les assiègent, au manque de médicaments, au manque de nourriture. Ils se connaissent à peine, rassemblés en ces lieux par des rencontres de hasard. Menacée par un autre groupe de survivants à qui la catastrophe n’a rien appris, menacée de l’intérieur même par certains d’entre eux  qui ne veulent pas abandonner les jeux de pouvoir, la poignée de personnes regroupée autour du narrateur-philosophe tentent, vaille que vaille, un nouveau départ dans la vie. L’aurore sera de courte durée. Les rats par millions reviennent traquer ces débris humains, contaminés par les radiations, jusqu’à la disparition finale d’une espèce trop agressive pour que l’évolution ait pu la pérenniser :
      «13 janvier. Le froid est devenu terrible et j’ai peur que la source ne gèle. Il ne peut être question de l’entourer d’un feu, la nuit, car de nouveaux groupes armés ont été aperçus sur la route de Sainte-Pétronille. D’après ce que les veilleurs en on dit, il pourrait s’agir de déserteurs italiens. Senza Noï ou simples pillards ?
      Le mistral s’est levé ce matin, et nous avons couvert les feux. L’air des caves est devenu presque irrespirable, mais il ne faut pas que l’odeur de la fumée aille éveiller l’attention de ceux qui passent sur la route. D’en bas, ils ne peuvent voir que les ruines du château. Le chemin qui mène au village ne va pas plus loin. Rien donc ne peut les tenter chez nous, à condition qu’ils n’aperçoivent pas le moindre signe de vie. Il est vrai qu’il nous reste si peu de vie. Deux enfants irradiés sont morts.»
      Un récit sans concession, bien documenté (dans sa première partie notamment qui touche à l’uchronie), manifestant la peur atomique, peur récurrente de l’Occident. Proche parent de « Malevil », mais avec l’optimisme en moins, le texte de Jourat est peu connu. C’est dommage.

    9. Type: livre Thème: pollution généralisée Auteur: Rita KRAUS Parution: 1972
      La Terre est devenue un gigantesque poubelle, tellement énorme que, sur tous les continents, dans toutes les villes, jusqu’aux plus petits villages, des montagnes de détritus, des murs colossaux de déchets, empêchent désormais toute communication entre les êtres humains. Or Romain est amoureux de Sabine qu’il a entrevue dans le village voisin. N’étant pas dénué d’ingéniosité, il travaillera au rapprochement des corps et des esprits, souhaitant, avec un explosif de son invention, faire disparaître l’immense obstacle qui les séparait :
      « Lorsqu’on se rendit compte ce de qu’il avait combiné et qu’on voulût l’arrêter, il était déjà trop tard. L’étincelle initiale avait jailli… Dans une débauche de chaleur et de lumière, la Grande Décharge au complet fut annihilée et également, par suite d’une regrettable erreur de calcul sur les effets de la réaction en chaîne, son support : la Terre. »
      L’absurdité du cumul d’ordures poussée jusqu’au délire en une métaphore transparente.



    10. Type: livre Thème: la cité foudroyée Auteur: J. et D. LE MAY Parution: 1971
      Sur une Terre redevenue sauvage subsistent quelques clans d’humains, longtemps après le « Grand Cataclysme » dont la Tradition a gardé un vague souvenir :
      « Les hommes se laissèrent finalement entraîner par les apparences qui les submergèrent et commencèrent à dévaster le monde en lui arrachant la presque totalité de sa force de vie. La nature fut écrasée. L’eau ne fut plus bonne pour les poissons. L’air se refusa au vol des oiseaux, avant de devenir un poison pour les êtres vivants de toutes sortes. Des monstres naquirent et la plupart des espèces de ce temps effroyable périrent. Les cités disparurent, moururent. Il ne resta qu’une poignée de femmes et l’enfant mâle… »
      Ces clans, habitant à flanc de montagne, ont régressé au stade préhistorique, gardant une crainte révérencieuse à l’égard des ruines de la « Cité morte » hantée par les «Chimères », des monstres technologiques, tenant à la fois du robot et du bulldozer, qui seraient les derniers avatars des humains de jadis. Leur domaine est la Cité morte d’où elles chassent tout ce qui est vivant.
      Sri Ea Sul , une timide jeune fille, et Ion de Sul, jeune garçon mince et vigoureux, s’aiment. Ce qui n’est pas facile dans un clan figé par une Tradition fondée sur le matriarcat. Mara Han Sul, la vieille Mère du clan, hait ces deux jeunes qui échappent à son autorité. Elle décide de donner Sri a  à un homme du clan voisin, Kar De Ho, ce qui devrait déclencher un « défi » de la part de Ion. Contrainte d’obéir aux règles du clan, Mar Han, lors de la réunion générale, commande au vainqueur du défi de rapporter une tête de chimère, « trophée de la cité morte ».
      Les deux adversaires prennent le chemin de la Cité, décidés à en découdre. Ces hommes du futur ont cependant des atouts étonnants, comme par exemple la télépathie, qui permet à Sri de réconforter Ion, ou l’acte de « fliter », c’est-à-dire de contrôler leur corps (et la gravité) lors de chutes dans le vide. Rapidement Kar de Ho, plus fort, plus fruste, ayant déjà combattu des chimères, capture son adversaire. Le menant au bout d’une laisse, il établit son repaire au sommet d’une tour en plein dans la Cité.
      Après discussion, il s’avère qu’ils ne sont pas du tout des rivaux, Kar de Ho lui-même étant amoureux de Erle de Ho. Sa position envers Ion avait été manigancée par la Mère de son clan. Ion est follement inquiet pour Sri qui est poursuivie par Erle engagée dans une lutte à mort.
      Mais les deux hommes n’ont plus le temps de s’appesantir sur leurs dissensions : les chimères arrivent. Trois d’entre elles, crachant le feu, tentent de déloger les deux êtres humains. Ion, de par son habileté au jet de fronde, crève les yeux électroniques d’une des « bête ». La deuxième, ses antennes arrachées, devient comme folle et s’auto-détruit, et la troisième, renonçant à la lutte, disparaît.
      Ion, profitant de l’accalmie, s’échappe pour porter secours à Sri. Durant le combat, il blesse gravement Erle, ce qu’il ne souhaitait pas. Les deux couples se retrouvent donc ensemble, s’activant longtemps à la guérison de Erle. S’estimant mutuellement, désireux de fonder un nouveau clan, d’échapper à l’emprise des Mères, de partir loin de la Cité morte, ils prendront le chemin du Sud.
      Un récit fluide qui, débarrassé de son embonpoint, aurait pu faire l’objet d’une excellente nouvelle. Le décor banal d’une préhistoire « post-atomique » vaut surtout par le mystère qui entoure le passé de ces êtres : le lecteur n’apprendra jamais d’où proviennent ces dangereuses chimères.

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