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    Bienvenue dans la Base de Données des livres !

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  • 711 livres

    1. Type: livre Thème: l’entropie progresse... Auteur: Daniel PIRET Parution: 1972
      Un savant original, solitaire et quelque peu brouillon, le professeur Weinach, au moment de rejoindre son lieu de travail, est pris dans un « repli » de l’espace-temps qui l’envoie en l’an 500 000 :
      « La chaleur était infernale, aucun arbre, aucun arbuste sous lequel il eût pu s’abriter un peu, pas un brin d’herbe, pas un animal, pas un oiseau, ni même un de ces pauvres petits lézards des sables… Rien ! (…) Au loin, une mer d’huile miroitait au soleil : pas une vague qui vînt en animer la surface. Il promena lentement son regard alentour. Les «bâtiments » qu’il lui semblait apercevoir n’étaient, en réalité, qu’un amoncellement de ruines informes »
      Se réveillant dans un monde de désert incendié, une mer étale, un soleil rouge, prêt de mourir par déshydratation, il se réveille peu après dans la cité sous-marine B.93. Son guide, le savant Xarao, le met au courant des modalités de la nouvelle société dans laquelle il vient de s’insérer inopinément.
      Vivant dans des cités sous-marines d’une haute technicité et au nombre de cent, servis par d’impressionnants robots, tenant en esclavage les « Untermen », qui ressemblent étrangement à Weinach, les « Vrais Hommes », la classe dominante, se différencient de notre savant par le haut du crâne, énorme, luisant et sphérique, abritant un immense cerveau :
      « Il remarqua simplement que le crâne des hommes peuplant cette hallucinante nécropole de verre n’était « normal » que du menton jusqu’aux tempes. A partir de là, la calotte crânienne n’était plus qu’une énorme bulle de métal brillant et jaune comme de l’or. On aurait dit que l’on avait scié le haut de la tête pour y greffer cette calotte métallique destinée à recevoir un cerveau bien trop volumineux pour le corps… »
      Ils se sont établis en une théocratie dont Z’ang est le grand-prêtre, appuyés sur une dictature policière incarnée par le grand Xaranz. Ces « Vrais Hommes », réfugiés sous la mer depuis si longtemps qu’ils ont perdu de vue le cataclysme universel qui les y a menés, survivent en greffant le crâne des « Untermen » sur un corps métallique afin d’en faire des serviteurs conditionnés. Ils utilisent également le ventre des femmes (fort jolies) des Untermen  pour assurer leur progéniture et font travailler les mâles dans les fermes de « N’nuras », des sortes de champignons dont ils se nourrissent, dans des lieux aménagés à l’extérieur en de profondes cavernes.
      Weinach ne reconnaît plus rien de la géographie terrestre. Le monde a basculé ses continents lors d’un ravage thermonucléaire général qui eut lieu peu après le XXème siècle et a mis un point final au développement de l’humanité dont il faisait partie :
      « les bombes atomiques qui se déversèrent sur la terre furent des fabricants de mutations… petit à petit (…) la terre se mit à se peupler de monstres (…) je (c’est Weinach qui parle)  suis persuadé que votre espèce est le produit d’une de ces mutations imposées à la nature… la terre brûlée se révéla vite incapable de contenir la vie qui, comme à l’origine, retourna à la mer… petit à petit vos ancêtres gravirent les échelons de la connaissance et s’adaptèrent à la vie sous-marine. Les femelles de votre espèce ne réussirent pas, pour une raison que j’ignore, à s’adapter et disparurent. Ils eurent donc, par obligation, des rapports avec celles des «survivants normaux » qui réussirent à leur engendrer, de temps à autre, des enfants semblables à eux. » L’ordre politique à relent nazi qui règne aujourd’hui sous l’océan lui est intolérable, surtout depuis qu’il connaît la belle Sarah, une « Untermen », à qui il a fait un enfant. Il n’aura de cesse de faire comprendre au grand Xaranz les faussetés de sa vue, appuyées sur une mythologie de type biblique selon des règles édictées par le grand ancêtre Moshe.
      Il démontrera, grâce à la découverte inattendue d’une «capsule temporelle » immergée sur le site de l’ancienne ville engloutie de New York que cette société est bancale, que les « Vrais Hommes »  sont les produits d’une mutation positive qui, avec le temps, ont dénié aux autres survivants le statut d’êtres humains, afin de s’en servir comme esclaves ou comme pièces de rechange pour leur propre vie.La démonstration impitoyable de Weinach, sa présence même en ces lieux, allument les feux de la révolution. Dans une caverne à « N’nuras » où il a trouvé un refuge, Weinach assiste, effondré, à la mort de Sarah lors de sa accouchement durant lequel elle met au monde un mutant à grosse tête pendant que les Untermen-robots se font hacher menu par les troupes de Z’ang et de Xaranz.
      C’en est trop pour lui. Tout espoir définitivement balayé, Weinach, lors d’une ultime tentative de fuite, ressentira à nouveau les douleurs du « repli temporel » qui l’amènera à terminer sa vie dans un hôpital psychiatrique  de l’an 2827.
      Une intrigue alerte, des personnages stéréotypés, une action rapide et dense qui n’incite guère le lecteur à philosopher, des idées manichéennes et un vocabulaire basique (mais où vont-ils chercher les noms de leurs personnages ?) inscrit ce livre dans la moyenne de ce que l’on est en droit d’attendre de la collection « Anticipation ».

    2. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: Jimmy GUIEU Parution: 1924
      Vol.01 : La Mort de la vie, Fleuve Noir éd., 1957, coll. «Anticipation», N°87, 1 vol. broché, in-12ème, 187 pp. couverture illustrée par Brantonne. roman d’expression française
      1ère éd.: 1957
      Les retombées de poussière radioactive se généralisent dans le monde.Elles sont véhiculées par les jet-streams, courants d’air violents de haute altitude, et se répandent de l’Europe à l’Asie:
      «Mais s’il n’était plus question de conflits entre les «Grands», les longues séries d’expériences atomiques et thermonucléaires inconsidérées avaient provoqué une considérable augmentation du taux de radioactivité ambiante. Et cet accroissement allait grandissant de jour en jour par la chute des infimes poussières projetées jadis dans l’atmosphère à plusieurs dizaines de kilomètres d’altitude par chaque explosion. Ces particules, de diamètre inférieur à un dixième de micron, mettaient des années (ou quelques décennies pour une fraction appréciable d’entre elles) pour retomber au sol. Outre cette «pluie» permanente mais au débit «relativement» faible, les modifications climatiques provoquées par les explosions - à la suite du long déséquilibre de conditions naturelles - risquaient à tout moment de précipiter au niveau de la biosphère le formidable «matelas» de particules radioactives accumulées très au-dessus de la stratosphère.»
      Au moment où débute le récit, l’Angleterre est en état d’alerte et décrète la mise en quarantaine de ses ressortissants. Il est d’autant plus difficile à un petit groupe de personnages de s’envoler vers le Brésil, seul pays, où, inexplicablement, les retombées sont encore rares. Sonia Koltsova, la fille du savant atomiste russe sait qu’elle doit gagner Rio mais ignore le but du voyage. Son billet annulé la bloque à Londres. Heureusement, Finch, un banquier se déplaçant avec sa secrétaire, lui permet de voyager dans son avion personnel. Ils y sont rejoints par un mystérieux  Johnny Smith, alias Timoty Lake, qui sous la menace de son arme se joint à eux.
      Le petit groupe atterrit près de Belem dans une exploitation agricole appartenant à des frères missionnaires soutenus financièrement par Finch. C’est là que, ô surprise, M. Smith s’avère être le fils d’un savant atomiste américain, ami du russe qui doit veiller sur Sonia. Celle-ci découvre enfin la finalité de tout cela en prenant connaissance de la lettre-testament que son père lui a remise.
      L’humanité est condamnée. La radioactivité va se généraliser et s’amplifier. Un groupe de techniciens et de savants ayant prévu la catastrophe,  ont fait construire, en toute discrétion, un refuge au sein de la jungle du Brésil, une ville sous dôme protecteur appelée «Cité Noé».  Connue des seuls initiés, elle n’accueille en son sein que des gens jeunes (et les techniciens bien sûr), triés sur le volet. John et Sonia, dont les candidatures avaient été rejetées, n’ont plus d’autre alternative que de forcer le passage, en espérant y être recueilli. C’est leur seule chance de survie. Quant à Finch, c’est son fils qui lui a révélé l’existence de la cité.
      S’embarquant à bord de l’hélicoptère de la mission, ils atterrissent dans une clairière et, munis de leurs combinaisons anti-radiations et de plans, se dirigent vers la Cité. Promenade qui n’est pas de tout repos car ils seront attaqués par les Jivaros et Finch sera tué. Enfin, rencontrant une patrouille en provenance de la Cité Noé, ils y seront recueillis non sans avoir été, au préalable, vigoureusement décontaminés.
      Récit d’aventures populaires qui a le mérite d’insister sur les dangers du nucléaire. L’idéologie sous-jacente de «l’arche des élus», thème récurrent dans l’oeuvre de Guieu, reste douteuse.
      Vol.02 : le Règne des mutants, éd. Fleuve Noir, 1957, coll. « Anticipation » N°91, 1 vol. broché, in-12 ème , 187pp. couverture illustrée par Brantonne. roman d‘expression française.
      1 ère  parution : 1957
      Perry Jenkins est un jeune mutant « blanc », à la peau cuivrée. En provenance des Adirondacks, il compte se rendre à New York, porteur d’un message magnétique de la plus haute importance, qui serait le ciment permettant de fédérer mutants blancs et « bleus ». L’animosité qui existe entre les deux groupes date de l’époque de la « grande catastrophe », où périt le monde ancien (le nôtre). Aujourd’hui ne subsistent plus que les « Dégénérés », macrocéphales, rachitiques, cancéreux, déments qu’il faudrait éradiquer, et des mutants résistants à la radioactivité.
      Or, la bande magnétique transportée par le jeune homme, mentionne l’existence d’une « Cité Noé » au cœur du Brésil, dans laquelle vivraient encore des « Anciens ». Bien que parfaitement sains et doués pour quelques-uns d’entre eux de pouvoirs psy extraordinaires tels que lévitation, psychokinèse, translation, tous sont télépathes.Son désir de fédérer les clans est largement aidé par la rencontre impromptue avec une jeune mutante à peau bleue –Nora- qu’il arrache des griffes des Dégénérés. Son père, chef de clan et futur beau-père, l’aidera dans son entreprise de descendre l’Hudson jusqu’à New York en faisant avertir tout au long des rives et par courriers spéciaux (à bicyclette) les différents clans.
      Peter et Nora seront accueillis par Ray Garland, le patron de la mégapole. L’audition de la bande magnétique l’enthousiasme et, immédiatement, il organise la mise en place d’une expédition vers le Brésil. Un voyage de longue haleine qui sera heureusement écourté par deux psycho-mutants, Diana Moore et Peter Slade, lesquels se rendront directement dans les parages de la Cité Noé, via Manaus détruite, par translation télékinésique. Ils auront à se battre contre une faune et une flore mutantes, avant de lier connaissance avec William Lake et Michael Maitland, venus aux nouvelles, issus de la Cité.  
      Les explications mutuelles sur l’état du monde d’aujourd’hui stupéfient les deux partis. Les premiers, parce que dans la Cité Noé subsistent beaucoup de mutants bleus et blancs, inconscients de leur résistance aux radiations. Les seconds, parce que dans la Cité Noé résident encore quelques Anciens avec toute leur science d’avant la « mort de la vie ». La décision est prise  de transférer vers New- York, par psychokinèse, tous les mutants  de la cité et leurs enfants, en une opération « Nurserie ». Quant aux quelques Anciens, tels que le professeur Sterling, tous les moyens seront mis en œuvre pour leur créer une protection biologique. Les dégénérés, il va de soi, seront éliminés.
      Vol.03 : Cité Noé N°2, éd. Fleuve Noir, coll. «Anticipation, N°100, 1957, 1 vol. broché, in-12ème, 189pp. couverture illustrée par Brantonne. roman d’expression française
      1ère parution: 1957
      Près du lac Makay dans le désert australien se dresse une ville sous globe gouvernée par Eric Dhal, chef de la Cité Noé N°2. Il vient juste d’accueillir aux portes de celle-ci, l’équipe expérimentale  dirigée par Teddy Price qui revient d’une mission d’exploration de la zone extérieure radioactive. En 2225, il est avec Judith, celui qui a mis au point le sérum qui combat les radiations ( !), ce qui leur a permis de découvrir l’environnement extérieur sans protection particulière. Judith les ayant rejoint, ils reçoivent l’ordre d’établir une tête de pont à Dajarra, dans le Queensland, et d’en rendre compte. Grâce aux casques psycho-amplificateurs, ils pourront aisément communiquer entre eux.
      Les camions à turbines s’arrêtent pour une première étape où ils trouvent dans l’église de Barrow Creek émergeant des sables , à côté de centaines de squelettes, un émouvant témoignage écrit de ce que furent les derniers instants de la population. En repartant, ils feront la connaissance d’une faune étrange et hostile. D’abord des limaces géantes cracheuses d’acide, extrêmement dangereuses, puis des monstres de type préhistorique. Enfin, lors d’une étape, le camp sera investi par des créatures simiesques sans danger mais très  curieuses, des ptéranoïdes volants, résultats de mutations.
      En ville, ils découvrent des traces d’occupation récente, empreintes de pas, dépôts de carburant visités, ainsi que des panneaux indicateurs d’une zone dangereuse à éviter, prouvant à l’évidence qu’ils ne sont pas les seuls sur le terrain. Avec l’obstination qui caractérise les chercheurs, le groupe, atteignant la zone interdite, y découvre un camp de concentration abritant une foule de monstres tératogènes qu’un incident malheureux libère. Alertés, les « autres », mutants bleus de la Cité Noé N°1, tentent de limiter la casse en donnant la chasse aux dégénérés après que le premier contact ait été effectué avec le groupe de la Cité Noé N°2. L’alerte passé, ils conviennent ensemble du plan de sauvetage à mettre en place pour les ressortissants des deux cités non encore immunisés.
      Une série dans la tradition des pulps, au cocktail habituel : sentiments doux, touches d’érotisme pour adolescents, monstres baveux, pouvoirs surnaturels, en une sauce bien liée par le chef-cuisinier Guieu.

    3. Type: livre Thème: épidémies Auteur: Brian W.ALDISS Parution: 1964
      Un récit foisonnant, un voyage de découverte tout au  long de la Tamise et des personnages hauts en couleur. En 1981, l’irréparable est accompli: un "Accident" nucléaire (l’on soupçonne une guerre) a stérilisé les femelles du monde entier. Tous les mammifères supérieurs, l’être humain y compris, sont désormais inaptes à concevoir des enfants. L’auteur s’attache à la description d’une société de vieillards quand, quarante  ans plus tard, l’espèce humaine a vieilli.
      " Les êtres humains n’avaient pas été les seuls à souffrir. Presque tous les mammifères avaient été durement touchés. Les chiennes n’avaient plus mis bas , les renards avaient presque disparu ; mais l’habitude qu’ils avaient d’élever leurs petits dans des tanières avait sans aucun doute contribué à leur survie , en même temps que l’abondance de nourriture au fur et à mesure que se relâchait l’emprise de l’homme sur la terre. Les cochons avaient disparu avant même les chiens , peut-être parce qu’on les avaient massacrés imprudemment. Le chat et le cheval étaient aussi stériles que l’homme. Le chat n’avait survécu que grâce à des portées nombreuses. On disait même qu’ils avaient recommencé à se multiplier dans certaines régions. Les colporteurs passant par Sparcot parlaient de chats sauvages, un vrai fléau. Les grands félins avaient aussi souffert. Dans le monde entier, ç’avait été la même histoire dans les années quatre-vingt, les créatures terrestres ne pouvaient plus se reproduire. C’avait été un événement apocalyptique, les agnostiques même en parlait en termes bibliques. Sur terre, on ne croissait ni ne se multipliait. Seules les petites créatures abritées au sein de la terre même étaient sorties indemnes de cette période où l’homme avait été victime de ses propres inventions. "
      Algy Timberlane, dit Barbe Grise, est un jeune homme de cinquante ans. En compagnie de Martha, sa douce épouse à qui il est resté fidèle sa vie durant, et d’un groupe d’amis, dont Pitt le braconnier, il décide d’abandonner le village de Sparcot. Sous la pression des hermines, un prédateur sanguinaire qui se multiplie sans freins, Barbe Grise et son petit groupe décident de gagner l’embouchure de la Tamise. Ils traverseront des paysages qui ne portent plus l’empreinte de l’homme, paysages sauvages et naturels, champs et forêts, marécages  et plaines inondées:
      " De grandes organisations avaient suivi le même chemin que les grands animaux ,  les taillis se hissèrent vers les cieux et devinrent forêts , les fleuves s’étendirent en marécages et le mammifère au gros cerveau de plus en plus sénile subsista en petites communautés. La vie animale se multipliait sur la terre, plus abondante que jamais. Car la terre avait à l’infini le pouvoir de se renouveler , aussi longtemps que le soleil lui donnerait son énergie Elle avait nourri bien des espèces au cours de ses âges géologiques. La suprématie de l’homme n’avait que momentanément influé sur la richesse de ce grand courant de vie. "
      Le voyage au fil de l’eau s’agrémente du voyage en sens inverse accompli par les personnages dans leur esprit à la recherche d’un passé à jamais disparu. Entremêlant subtilement le présent et le passé, l’auteur donne à voir, par petites bribes, de quoi s’était composée l’histoire après «l’Accident» :
      " Les larmes vinrent aux yeux de Barbe-Grise. L’enfance gisait dans les tiroirs pourrissants du monde , souvenir qui ne pouvait échapper à l’usure du temps. Depuis cet horrible accident - ou crime , ou désastre?- au siècle dernier, il n’y avait plus eu de naissances , il n’y avait plus d’enfants , plus de petits garçons comme celui-ci. Il n’y avait plus d’adolescents, de jeunes hommes, de jeunes femmes fières. Il ne restait même plus d’êtres humains dans leur maturité. Des sept âges de l’homme, il ne restait que le dernier. "
      La vie d’Algy est la plus fouillée. Après la catastrophe, dans un Londres en pleine désagrégation sociale, il est contacté par un ami qui le fait entrer à DHUC(A). C’est un organisme qui s’est donné pour vocation d’être le témoin fidèle des derniers soubresauts d’agonie de l’espèce humaine dans le but d’en informer une hypothétique race future amenée à prendre la place de l’espèce. Issue de la crise, DHUC(A) se veut le témoin éclairé d’une histoire qui sombre. Chaque membre de DHUC(A) est formé à collationner tout témoignage et document, tout en étant forcément isolé mais opérationnel dans le grand chambardement qui ne fera que s’amplifier. Algy choisira comme terrain de manoeuvres l’Angleterre qu’il connaît bien, en compagnie de Martha, muni d’outils performants tels qu’un camion surabondamment équipé en matière d’enregistrement.
      Algy Timberlane, en compagnie de Martha, vivra à Londres où la décomposition sociale s’accentue. Des Seigneurs de la guerre émergent. Algy est invité à laisser son camion entre les mains du Commandant Croucher , un potentat local. Pitt, devenu entre temps l’ami de Barbe-Grise était d’abord mercenaire à la solde de Croucher et convié à tuer Algy. Il n’a pu s’y résoudre. Avec Martha dans le camion, il fuiront tous les trois la capitale en folie et trouveront refuge dans le village de Sparcot, durant de longues années. Chacun tentera d’oublier ces moments difficiles. Sous la menace des hermines, ils décident de se remettre en route, confiant à la Tamise leurs destinées, en compagnie d’un deuxième couple de vieillards:
      " Le paysage devint moins imposant quand ils dérivèrent au sud vers la ville. Des rangées de maisons misérables se dressaient au milieu de l’inondation, leur désolation augmentée par le soleil . Les toits s’étaient effondrés , on eût dit les carcasses d’énormes crustacés sur quelque plage primitive. Le lourd silence fut brisé un peu plus tard par le grincement d’un véhicule. Deux vieilles femmes aussi larges que hautes joignaient leurs efforts pour tirer une  charrette le long d’un quai aboutissant à un pont assez bas. "
      Au cours de la navigation, ils font connaissance avec un personnage singulier, Jingandangelow, une sorte de charlatan proposant l’immortalité à des vieillards crédules ou la jeunesse retrouvée à volonté. Algy démasque le tricheur, car il sait bien qu’il n’existe plus d’enfants nulle part, que les femmes resteront éternellement stériles, et que toutes les visions de lutins, d’elfes, de farfadets qui hanteraient des bois redevenus sauvages ne sont que des fantasmes. Il le sait d’autant plus qu’il a participé lui-même à une sorte de guerre, enrôlé dans «l’EnfanCorp», une armée consistant à retrouver à travers le monde, au moyen des armes s’il le fallait, tout enfant normal encore apte à concevoir. Cette opération de la dernière chance a elle-même échoué à cause des malformations congénitales dont ces enfants étaient déjà porteurs.
      Arrivé au village d’Oxford, Algy y retrouve son camion, qu’il avait été obligé de vendre bien des années auparavant pour survivre. Oxford est dirigé par les intellectuels. Impitoyables, ceux-ci ne lui rendront son camion que contre une imposante somme d’argent. Algy se décide courageusement à travailler des années durant pour racheter son engin tout en restant fidèle à la parole donnée jadis à DHUC(A). Presqu’arrivé au bout de son esclavage, il se rend soudain compte de l’inanité de ses efforts et de l’inutilité de DHUC(A), dans un monde condamné.
      Il décide de repartir avec Martha jusqu’à l’embouchure de la Tamise. En cours de route, ils rencontrent pour la deuxième fois Jingandandelow, devenu (faux) prophète. Le magicien fait entrevoir à Algy, dans sa cabine, à l’arrière de son bateau, une vision paradisiaque: celle d’une jeune fille de seize ans nue et irradiant la beauté:
      " Une jeune fille dormait sur une couchette. Elle était nue. Le drap tombé  de ses épaules révélait presque tout son corps. Un corps poli, bronzé, aux formes délicates. Ses bras repliés sous elle entouraient ses seins , un genou relevé touchait presque son coude , dévoilant la toison du pubis. Elle dormait le visage sur l’oreiller, la bouche ouverte, ses abondants cheveux bruns en désordre. Elle pouvait avoir dans les seize ans. "
      Algy renvoie Jingandangelow à sa vermine, enlève la jeune fille pour la recueillir et l’élever avec l’aide de Martha. Lorsque des lutins attaquent la maison pour délivrer la jeune fille, il découvre aussi un stupéfiant secret: ces lutins sont en réalité des enfants redevenus sauvages, se cachant des vieillards cacochymes au fond des forêts et qui se déguisent avec des peaux de bêtes pour passer inaperçus. L’imprégnation radioactive de l’Accident avait donc fini par s’estomper et certaines femmes, parmi les moins âgées, avaient été capables d’engendrer des rejetons sains. Il reste à l’humanité défaillante à refaire le long chemin vers la reconquête du monde.
      "Barbe Grise" est un grand récit, autant à travers la psychologie fouillée des personnages que par l’effet d’étrangeté que provoque la description du  genre humain à l’agonie. On pressent comment l’énergie vitale d’une espèce s’épuise puisque ces vieillards n’ont même plus le courage de se battre entre eux. Impression renforcée par le décor d’une nature incomparablement belle et sereine (vieux thème romantique) s’élevant sur les ruines laissées par l’homme. Contrairement aux autres récits s’inspirant de ce thème (" La mort blanche ", le " monde sans femmes ") Aldiss insiste sur la plausibilité de l’épisode, sur la lenteur d’une désagrégation silencieuse de l’espèce. Il conte l’histoire d’une agonie, la nôtre.

    4. Type: livre Thème: le dernier homme Auteur: Stefan WUL Parution: 1957
      "La tribu avait élu domicile dans la vaste dépression située entre la chaîne Cuba au Nord, les monts Haït à l’Est et les lointains contreforts du massif Jamaï".
      Sur une terre future, lointaine, dépeuplée, ne subsistent que "la Tribu " et son chef Thoz dont le principal souci est de trouver à manger. Les continents ont été bouleversés, certaines mers ont disparu et New York (Niourk) représente la ville des Dieux, là-haut sur la montagne.  
      L’enfant noir est le réprouvé de la Tribu. Banni, il trouve refuge dans les ruines et apprend à se servir d’une arme, une sorte de rayon laser, issue d’une technologie ancienne. Ayant apprivoisé un ours gigantesque, il revient vers la Tribu en sa compagnie. Celle-ci est fort occupée. Des poulpes gigantesques, devenus intelligents à cause de radioactivité traquent ses compagnons pour les manger. Sans l’enfant noir, la Tribu serait perdue.
      Avec son ours, il décime les monstres. Les hommes se nourrissent de la chair des poulpes sans se rendre compte qu’ils seront eux aussi contaminés. La radioactivité accélère les processus intellectuels de l’enfant noir et le pousse à se diriger vers Niourk . Après de nombreuses pérégrinations, il pénétrera avec son seul compagnon l’ours dans la haute ville des dieux, tous les membres de sa tribu ayant péri par le mal radioactif.
      Niourk, immensément vieille, est à l’abandon; certaines énergies y résident encore, des mécanismes qui se mettent en marche au hasard. Autant de pièges pour l’enfant noir qui explore les ruines imposantes.  Pourtant, il ne s’y trouve pas tout seul. Trois colons terriens en provenance de Vénus, Brig, Doc et Capt 4, se sont échoués là après une mission d’exploration de la surface terrestre, planète depuis longtemps abandonnée par leurs ancêtres. Ils font la connaissance de l’enfant noir et le guérissent de sa maladie mortelle. Alors les potentialités intellectuelles de celui-ci se développent au centuple et en quelques jours il dépasse en connaissances et en savoir-faire ses amis vénusiens:
      " Le Doc se frotta les yeux. Il avait l’impression qu’un nuage se dressait entre lui et son compagnon. -Je ne sais pas ce que j’ai, dit Brig. Je n’arrive pas à vous distinguer nettement. Je dois avoir la vue fatiguée. -Vous aussi, vous... le Doc s’interrompit. Cette fois, il était certain qu’un nuage se formait devant lui. Il entendit le cri d’étonnement de Brig, sans voir ce dernier. Le nuage prit une teinte plus foncée, se condensa, affecta la forme d’une silhouette humaine, puis se dissipa. L’enfant noir apparut à sa place. "
      Avec ses capacités inimaginables, il se dédouble en autant d’exemplaires qu’il le faut pour travailler plus vite, détourne la Terre de son  orbite et la  stabilise au centre de la galaxie. Il découvre sa vie d’avant la connaissance, recrée sa tribu ainsi que son ours, en utilisant les possibilités technologiques de Niourk. Ayant atteint la sagesse malgré son jeune âge, il se rend compte que rien ne vaudra jamais le bonheur de vivre dans la nature. Alors, laissant la ville à son triste destin, il retourne dans la jungle avec ses amis.
      Niourk est un récit plaisant écrit en un style fluide et simple, qui vaut surtout par l’ambiance quasi-surréaliste se dégageant de la description de la ville morte, et par l’originalité du personnage principal.

    5. Type: livre Thème: fins du monde, fins de l’humanité, Adam et Eve revisités Auteur: Manuel DE PEDROLO Parution: 1974
      La jeune Alba sauve le petit Didac de la noyade. En ressortant de l’eau, les deux enfants constatent que toute vie s’est arrêtée sur terre. Ils reviennent en courant vers leur village en ruines, aux maisons fissurées, effondrées, laissant apparaître partout des cadavres :
      « Et partout, à moitié ensevelis par les ruines, à l’intérieur des voitures arrêtées, dans les rues, il y avait des cadavres. Un nombre incroyable de cadavres qui avaient tous le visage contracté en un rictus étrange, et la peau d’un jaune rosé. Ils n’avaient pas été tués par des pierres ou des poutres, car certains gisaient au milieu d’espaces vides, intacts, sans blessures ni saignements apparents, comme s’ils étaient simplement tombés sous le coup d’une crise d’apoplexie. »
      Alba, qui a 14 ans, s’occupera de Didac, qui a 9 ans. Tout en s’interrogeant sur l’origine du désastre et en pleurant leurs familles mortes, ils se rendent compte que l’ensemble du pays est dans le même état. Le premier choc passé, ils songent à fuir Benaura, le village martyr.
      L’avisée Alba, ayant établi une liste des choses à emporter sur une charrette à bras, part avec Didac s’établir dans les bois qu’elle connaît bien, à cinq kilomètres de tout lieu fréquenté. Ce fut un effort terrible pour ces jeunes enfants qui durent s’y prendre à plusieurs reprises avant de pouvoir établir un campement de fortune au bord d’un ruisseau. Leur premier nettoyage dans l’eau appelle une série de questions de la part de Didac :
      « Comment se fait-il que les filles soient différentes ? demanda-t-il au bout d’un moment.
      Alba se rendit compte qu’il était gêné d’avoir posé cette question et lui sourit.
      -Si nous étions tous pareils, il n’y aurait ni hommes ni femmes, dit-elle.
      -Et tu es contente d’être une fille, toi ?
      Cette fois Alba éclata de rire .
      -Oui, Didac. Comme tu seras content plus tard d’être un homme. »
      la question du racisme est aussi abordée dans la franchise, Didac étant noir :
      « -Je préférerais être blanc, moi
      -Pourquoi ? le noir est très joli.
      -Mais au village les autres se moquaient de moi. Et quelques grandes personnes aussi.
      -Maintenant cela n’arrivera plus, Didac, il n’y a plus que toi et moi. »
      Jour après jour, ils organisent leur vie, jouant à Robinson, subsistant grâce aux aliments emportés, ainsi qu’aux champignons, pignons ou truffes trouvés dans le sous-bois. Alba est consciente de la précarité de leur condition, et inquiète de l’avenir. Elle pousse Didac à s’instruire en mécanique tandis qu’elle même s’intéresse fortement à la médecine. Ainsi le jour où elle se cassera le tibia, pourra-t-elle se soigner elle-même en pratiquant les gestes appropriés.
      Une année s’écoule ; Alba a quinze ans. Explorant les environs, ils découvrent dans une ferme vide à quelques kilomètres de leur grotte, une poule redevenue sauvage, et des pommes de terre dans une réserve. Grâce à la poule, leur nourriture s’enrichit désormais d’œufs. Pour faire face à la dureté de leur vie quotidienne Alba insiste sur une propreté absolue :
      « Et ainsi ils se lavaient chaque matin, au réveil, car Alba insistait sur la nécessité d’observer une hygiène rigoureuse ; à ses yeux, cela constituait la condition essentielle d’une bonne santé. La crainte de tomber malade continuait à la tourmenter, et elle ne passait pas un jour sans lire un passage du dictionnaire médical. »
      Tout en éduquant Didac, Alba le pousse à se procurer des livres pour pouvoir parer à toute éventualité. Didac, devenu habile en mécanique, remet en marche le vieux tracteur de la ferme grâce auquel, prudemment, ils poussent jusqu’au village. Les cadavres, toujours présents, ont maintenant la peau parcheminée d’où percent les os, un spectacle qui n’émeut plus  les deux adolescents. De retour avec des jerrycans d’essence, ils aperçoivent dans le ciel des appareils de forme étrange : ils ne seraient donc pas seuls sur cette terre ?
      A présent Alba prend des précautions. Elle ne tient pas à être découverte, ne sachant si elle a affaire aux ennemis qui auraient éradiqué l’espèce humaine. Cela est d’autant plus compliqué que Didac tombe malade, présentant tous les symptômes d’une rougeole qui manque de le terrasser. Alba le soigne avec dévouement, sachant il leur faut changer d’alimentation et de lieu.
      A peine ont-ils décidé de partir, qu’ils aperçoivent à nouveau l’un de ces étranges vaisseaux en perdition qui s’abîme dans les lointains. Se guidant sur la fumée dégagée par l’accident, Alba et Didac s’approchent, observant la scène à l’aide de puissantes jumelles. Ils aperçoivent une créature curieuse et inquiétante :
      «De dos, ainsi qu’ils la voyaient, elle avait l’apparence d’un pygmée doté d’un cou très long avec, au bout, une protubérance en forme de poire renversée, à savoir que sa partie supérieure était beaucoup plus large que sa partie inférieure. Sa peau, rose comme celle d’un porcelet, ne semblait porter ni poils ni cheveux et donnait une désagréable impression de nudité. »
      Alba a l’intime conviction que c’est son ennemi. Sans hésitation, avec son fusil, elle le tue et ramasse le curieux objet qu’il portait, qui s’avère être une arme calcinant tout à portée de rayon. Après avoir enterré l’extraterrestre, ils savent qu’ils ne sont plus en sûreté désormais dans leur grotte et conviennent de partir immédiatement. Juchés sur leur tracteur, ils quittent la région de Bénaura où la décomposition des choses s’accélère. Nulle part, le long de la route qui les conduit vers Barcelone, de signes de vie, mais partout la tristesse des tôles froissées, la solitude des villages, l’empilement des ruines qui les empêchent de progresser normalement :
      « De temps en temps, presque toujours au ras des fossés, ils trouvaient des motos renversées, les occupants changés en squelettes gisaient à terre, une jambe coincée sous la machine, leur casque protecteur sur le crâne. »
      Toute la campagne semble bouleversée comme si une main gigantesque avait broyé les terrains géologiques. Apercevant enfin une caravane abandonnée, ils l’utiliseront comme résidence en l’attachant à leur tracteur. L’exploration de Barcelone apporte de nombreuses déceptions. La ville est quasi impraticable, la nuit, l’absence de lumière les gêne. Que faire en ces lieux sinon récupérer ce qui peut leur être utile dans les bibliothèques, des livres dont ils font une ample moisson.
      Plus tard, Ils prennent leurs quartiers dans une villa, sise au bord de la mer,  entre Hospitalet et Llobregat, retournant parfois en ville avec une jeep remise en état. Même si leur exploration les amène parfois sur la piste d’un hypothétique survivant, ils n’en rencontreront jamais.Leur vie est douce au bord de la mer. Ils lisent et se cultivent. Alba a acquis de très bonnes connaissances en médecine. A la plage, ils pêchent des crabes, s’aventurent parfois en barque, se prennent en photos … et découvrent l’amour :
      « Ils s’enlaçaient, s’embrassaient avec un sentiment de bien-être et d’affection qui, peut-être, à leur insu, commençait à se changer en amour. Didac, à onze ans, avait déjà l’apparence d’un bel adolescent et il semblait à Alba que, depuis ce jour où ils s’étaient baignés à la plage, il la considérait désormais comme une femme. »
      Déconseillant à Didac d’apprendre à piloter un avion  à cause du risque encouru, Alba et son compagnon mettent en place un vaste projet. Tout d’abord, retourner sur leurs pas, jusqu’à la grotte initiale,  pour prendre une série de photos-témoins de la catastrophe. Puis, préparer un yacht et longer la côte espagnole jusqu’en Italie et en France. Didac s’y emploie avec ferveur et patience, ne laissant rien au hasard. Même leurs livres trouveront un abri dans la caravane –bibliothèque.
      Au printemps d’après, Alba ayant dix sept ans et Didac onze, ils prennent la mer, cap au nord-est, s’abritant dans les calanques, musardant le long de la Costa Brava jusqu’au Golfe du Lion.
      Un jour, à la Spezia, ils observent le long de la plage, une personne vivante. Tout à leur émotion, ils ne s’aperçoivent pas qu’ils sont tombés dans un piège. Les individus, au nombre de trois, envisagent de tuer Didac et de violer Alba. Celle-ci, toujours prudente, ayant en mains l’arme des extraterrestres, les tue sans remords. Pourtant cet épisode ternit quelque peu leur voyage.
      Lorsque l’été s’étire dans l’automne, ayant participé dans une fête de tous les sens à la beauté de la nature, ils décident de revenir chez eux. Ils savaient maintenant qu’ils étaient vraiment seuls sur terre, eux, et le petit être que portait Alba, enceinte de Didac.
      De retour à Barcelone, ils comprennent que toute leur vie doit être orientée vers le bébé à naître. Didac se plonge dans des ouvrages d’obstétrique, prenant très au sérieux son rôle de père. Il se soucie de tout ce dont a besoin l’enfant : des montagnes de boîtes de lait, des couches, des médicaments s’accumulent dans leur villa. Didac ne néglige ni le jardin, ni le poulailler, poussant de nombreuses fois jusqu’à Barcelone. Jusqu’à ce jour, le dernier, où il meurt écrasé par un mur branlant. Alba, qui le cherche toute la nuit, désespérée, le découvre enfin :
      « Mais Didac ne répondit pas, et elle ne le trouva pas non plus dans l’entrepôt où elle pénétra alors. Elle ressortit et là, éperdue d’angoisse, regarda autour d’elle. La lumière du jour était plus intense, à présent, mais son désarroi était si grand qu’elle n’identifia pas tout de suite comme une jambe, la chose sombre sur laquelle elle posa les yeux, et qui émergeait d’un tas de pierres à quarante ou cinquante mètres de l’endroit où elle se tenait. »
      Elle assurera seule le rituel funéraire du père de l’humanité :
      « Vers le milieu de l’après-midi, elle s’assit par terre à côté du jeune garçon et prit une de ses mains entre les siennes. Pendant deux heures, elle demeura immobile, ne remuant que les lèvres tandis qu’elle se remémorait en silence, pour elle-même et pour lui, l’histoire de peine et d’amour qu’ils avaient partagée. Elle resta là jusqu’au soir. Puis elle s’agenouilla et, penchée sur lui, embrassa ses lèvres froides tout en le réchauffant de ses dernières larmes. »
      Le texte s’achève par une postface ou d’érudits intervenants s’interrogent sur la vérité de ce récit qu’ils considèrent comme le manuscrit de la mère de l’humanité puisqu’aujourd’hui, l’on sait de quelle manière les habitants de Volria, à la recherche d’une planète où s’établir, ont utilisé le système Grac/D lequel, arrêtant les cœurs des humains et induisant des vibrations dans toutes les microstructures, a décimé l’humanité, à l’exception d’Alba et de Didac.
      Un roman de formation destiné aux adolescents, remarquablement intelligent et sensible. En cinq cahiers successifs (cahier de la destruction et du salut, de la peur et de l’étrangeté, du départ et de la sauvegarde, du voyage et de l’amour, de la vie et de la mort), le récit montre un raccourci de la vie avec ses hauts et ses bas et donne les moyens de la survie. Cahier intime, leçon de vie, leçon de choses, conte moral, roman cataclysmique, le « Deuxième matin du monde» fait exploser les limites dans lesquelles ont voudrait le maintenir. Un chef-d’œuvre.

    6. Type: livre Thème: fins du monde, fins de l'humanité Auteur: Lester DEL REY Parution: 1955
      King se souvient confusément de Doc. S’étant suffisamment nourri de poissons, le chien se met en route vers «l’Université » où se trouve encore « la fusée » sur son pas de tir, ainsi que les bâtiments du « laboratoire » où il se rappelle être né. En y entrant, il découvre le « rat », qu’il connaît bien, lequel, méfiant, se sauve devant lui. Doc est là, sur son lit. King comprend peu à peu que son « père » est mort, à l’instar de tous ceux qu’il a rencontrés sur sa route, transformés en momies ou en squelettes :
      « King balaya le sol de sa queue et fléchit les pattes pour effectuer le bond qui l’amènerait entre les bras de Doc. Mais ce bond, il ne le fit pas. L’odeur était anormale, et la forme trop immobile.
      Sa queue retomba, sans force. Il s’assit sur son arrière-train et avança pas à pas sur le plancher, en poussant un gémissement à peine audible. Enfin, il leva le nez pour flairer l’autre main qui pendait sur le côté du lit. La main était raide et froide, et aucune caresse ne répondit à la sienne. »
      Avec le rat, derniers représentants des expériences de Doc, ils seront les seuls « gardiens de la maison » maintenant désertée par l’espèce humaine.
      Une courte nouvelle qui vaut surtout par la tentative de représentation littéraire du psychisme animal.

    7. Type: livre Thème: le dernier homme, Adam et Eve revisités Auteur: George R. STEWART Parution: 1951
      Ish, le héros du récit est géologue. Il s’est perdu dans la montagne et s’est fait mordre par un serpent qu’il a écrasé avec son marteau lequel deviendra le futur symbole de sa toute puissance.  Grâce à cette morsure qui l’immobilise quelque temps, il sera le seul à survivre à une épidémie foudroyante, d’origine inconnue, destructrice du genre humain dans le monde. De retour au village, après avoir pris conscience de la situation,  il tente de rechercher d’autres survivants.
      Il traversera pour cela les Etats-Unis d’Est en Ouest et rencontrera celle qui deviendra sa future femme, Em, ainsi que de rares  êtres hagards et désespérés, traumatisés par la catastrophe. En définitive, il s’installe à San Lupo, non loin de San Francisco, pour y fonder une famille qui s’agrandira au fil des années, devenant un clan, surnommé « la Tribu ».
      Les membres de la Tribu arrêtent progressivement de se servir des reliquats technologiques pour réinventer "leur" monde.
      Ish, le père et le moraliste, est préoccupé, car les enfants ne se donnent plus la peine de se cultiver, d’apprendre à lire, bref de lever leurs yeux au-dessus des tâches quotidiennes. Il fonde tous ses espoirs de succession en Joey qui lui apparaît précocement comme l’intellectuel de la Tribu.  Ish , de plus en plus isolé , est vu comme une sorte de Dieu par les siens, parce qu’il est âgé, parce qu’il détient la puissance mystérieuse du marteau, parce qu’il est Américain:
      " Et quand je dis: "je suis un Américain, je veux dire que les Américains n’avaient rien de surnaturel. Ce n’étaient que des hommes." Telle avait été sa pensée mais les enfants avaient mal interprété ses paroles. "Je suis Américain", avait-il dit, et ses jeunes auditeurs avaient hoché la tête.
      "Oui, bien sûr, vous êtes un Américain. Vous savez des choses extraordinaires que nous, humbles mortels, nous ignorons. Vous nous apprenez à lire et à écrire. Vous nous décrivez le monde. Vous jonglez avec les chiffres. Vous portez le marteau. Oui, c’est évident, les gens comme vous ont fait le monde et vous êtes le dernier survivant de l’ancien temps. Vous êtes un des vieux de l’autre monde. Oui, bien sûr, vous êtes un Américain ".
      Deux de ses enfants partis en voyage d’exploration ramènent Charlie, un fauteur de troubles et un porteur de maladies,  au sein de la Tribu. La communauté se sentant menacée le condamne à mort. Mais il est déjà trop tard: le groupe est frappé par une violente épidémie ; de nombreux enfants meurent et, entre autres, Joey, l’enfant choisi. Le coup est dur pour Ish:
      " Les tombes étaient au nombre de cinq seulement, mais représentaient une perte catastrophique. En proportion, cinq morts dans la Tribu étaient plus de cent mille jadis dans une cité comptant un million d’habitants ".
      Ish sait désormais qu’il est vain de vouloir marcher dans les traces de l’ancienne culture. Il donne donc à ses enfants, plutôt que la connaissance de la lecture, celle de l’arc et de son maniement, par lesquels ils pourront survivre:
      " Il demeura un moment la baguette d’une main, et la corde de l’autre. Séparément aucun de ces deux objets n’avait de sens . Alors courbant la tige de citronnier, il fixa les noeuds de la lanière dans les encoches pratiquées à ses extrémités et les deux objets n’en firent plus qu’un. La lanière était plus courte et la banche s’arrondit en forme d’arc. La corde se tendait d’une pointe à l’autre. Réunis, ces objets prenaient une signification nouvelle. "
      La vie qui continue transforme Ish en patriarche. Les adultes meurent graduellement, les fondateurs de la tribu ne sont plus que cinq. Em disparaît à son tour. Puis:
      " Ish comprit qu’il accomplissait la dernière étape de sa vie. De plus en plus souvent il recherchait la compagnie d’Ezra, son compagnon de vieillesse. C’est chose banale, semble-t-il de voir deux vieillards assis côte à côte, ressassant leurs souvenirs; mais ici ils étaient les seuls vieillards. Tous les autres étaient jeunes, du moins en comparaison. La Tribu fêtait des naissances et enterrait des morts, mais les naissances étaient plus nombreuses que les morts et parce que la jeunesse prédominait, l’air vibrait de rires. "
      Ezra meurt à son tour. Ish, rivé à son rocher, devient l’oracle de la Tribu. Lorsqu’il arrive au bout de sa route. Il voit, en un dernier éclat de lucidité:
      " Au-delà du groupe de jeunes gens (...) le pont lui-même. (Il s’agit du Golden Gate). A ses derniers moments, plus que les hommes, il se sentit proche par l’esprit de ce pont qui, lui aussi, avait connu la civilisation. Ish n’était-il pas lui-même le "pont sur l’abîme"? (...) Ses yeux cherchèrent les hauts pylônes et les grands câbles aux courbes parfaites. Cette partie du pont paraissait encore en excellent état. Elle résisterait longtemps et verrait passer plusieurs générations humaines. Les parapets, les pylônes et les câbles avaient pris une teinte pourpre, la rouille ne les rongeait que superficiellement. Le haut des pylônes cependant n’était pas rouge, mais blanc de la fiente des innombrables mouettes qui s’y étaient perchées.
      Oui, bien que le pont pût encore durer des années, la rouille le mangerait de plus en plus profondément. Les tremblements de terre secoueraient ses fondations, et un jour d’orage, une arche s’effondrerait. Pas plus que l’homme, la création de l’homme ne durerait éternellement."  Et Ish mourut. "
      " Le Pont sur l’abîme" est, selon Nicholls, " l’un des romans les plus fins du genre cataclysmique et généralement reconnu comme un classique du genre ".  
      Il est rare que ce thème du dernier homme et de la reconstruction sociale, pourtant récurrents, soient traités avec cette finesse d’analyse psychologique. Le récit se développe tout en sensibilité,  selon la technique du montage alterné. Les faits et gestes de Ish, sa lente prise de conscience de la nouveauté radicale de la situation, sont appuyés en contrepoint sur l’évocation des restes d’une société technologique frappée à mort, par l’irréductible décomposition du monde civilisé. Parallèlement à l’action, maintenant que l’homme s’absente de la terre, les animaux en reviennent à occuper leurs niches écologiques respectives. Le symbolisme est omniprésent dans l’oeuvre.
      Par la présence du marteau (celui du Dieu Thor) jusqu’à l’idée noachite de l’arche (le pont lui-même), le récit fonctionne comme une immense parabole. Une oeuvre à redécouvrir.

    8. Type: livre Thème: archéologie du futur Auteur: Alain SAINT-OGAN Parution: 1938
      Dans les chapitres 22 et 23  Mitou et Toti, un petit garçon et une petite fille qui voyagent dans les siècles grâce à un anneau magique, aboutissent par erreur à la fin des temps. Ils contemplent un monde à l’agonie,  où les montagnes sont arasées, où s’étale une mer plane, où luit faiblement un soleil rouge :
      " Le lent travail des eaux avait presque entièrement nivelé la surface de notre vieille planète où toute vie semblait avoir disparu.(…) Un soleil rouge et réduit de moitié éclairait faiblement ce décor apocalyptique. Diminué par suite de la contraction due à son refroidissement, le soleil avait conduit inexorablement la Terre vers sa fin dernière. "
      Sur le site de l’ancienne cité de Paris réduit à un chaos informe de rochers, des petits bonhommes à huit bras se précipitent dans une fusée et décollent. Le génie de la terre, vieillard grinçant qui les réexpédiera dans leur passé, leur expliquera que ce sont des extraterrestres qui pillent les derniers minéraux d’une terre défunte.
      Une petite incursion dans notre thème par un auteur imaginatif et esthète.

    9. Type: livre Thème: épidémies Auteur: Joseph DELTEIL Parution: 1924
      Partout dans les rues, durant les bals populaires, les gens écrasent sous leurs pieds de minuscules tubes, de provenance inconnue, contenant le germe de la peste :
      " Le 5 mai 1925, jour anniversaire de la mort de Napoléon, l’agent 584 ramassa sur la place Saint-Michel un tube de verre écarlate, portant une étiquette avec ces mots : Peste. "
      Les premiers morts apparaissent et l’épidémie se répand de manière foudroyante dans le monde :
      "Cependant, la peste se répandait à vue d’œil. Ces rassemblements d’espèces humaines dépourvues de phénol et de morale se révélèrent étonnamment enclins à la contamination. Il mourait à Bergen trois ou quatre mille personnes par jour. De tous âges et de tous sexes. Bientôt, ce nombre s’accrut. Il passa à 5.000, puis à 7.000. Il fallut mettre sur pied toute une organisation mortuaire. On mobilisa à l’usage des cadavres une Police Noire. On embaucha " pour la durée de la Peste plus 6 mois " toute une tribu de cafres, chargés de  l’inhumation, ou plutôt de l’immersion des défunts. "
      Les peuples bougent et se mobilisent car l’on dit que dans les pays froids le mal est moins important. C’est l’occasion pour l’auteur, en d’interminables énumérations spécifiant les qualités ethniques de chaque peuplade, de les montrer, s’embarquant, se bousculant, se tuant, toutes en fuite vers le nord de l’Europe pour s’établir d’abord à Bergen en Norvège puis à Tromsoë en Finlande :
      " Maintenant la Flotte Française longeait les côtes de la Norvège, cinglant vers le cap Nord. On croisait des cargos chargés d’Espagnols, des trirèmes pleines de Romains, des jonques, des gondoles, des monitors de Malte, des myriades de lougres et de cotres, des trois-mâts barques à foison. Il y avait des canots pleins de Cafres, des voiliers surchargés de Croates, des Tchéco-slovaques, d’Algériens, d’Afghans, de Chinois et de Canadiens. Des paquebots de la Cunard-Linie, de yachts de cuir jaune, des felouques de Constantinople voguaient bord à bord sur des eaux d’une verdeur scandinave. La grande voile latine, les quadruples cheminées à charbon, les tuyaux de dégagement de pétrole, pêle-mêle, emplissaient l’horizon nordique. Parfois, quelques cuirassés sans canons, le pont encombré de huttes de planches, passaient soufflant et crachant. Ou bien quelque tartane marseillaise, la sardine à la corne, et toute odorante d’échalotes. La terre entière avec toutes ses embarcations naviguait vers le Pôle Nord. "
      Parallèlement à ces déplacements de population qui forment pour ainsi dire le fond du décor, quelques personnages bien typés s’activent au premier plan : ce sont les héros découvreurs présumés d’un vaccin. La figure héroïque et le destin d’Eléonore, d’abord bergère gardeuse d’oie à Castelnaudary,  puis biologiste émérite, s’y détache en premier. De plus en plus appréciée par les populations qui s’efforcent de la protéger, elle recherche inlassablement un remède à la peste. Elle travaille dans le laboratoire du professeur Elie-Elie, un juif bon teint  secrètement amoureux d’elle. Peu à peu, il essaye de briser sa résistance mais elle ne s’en laisse pas compter. Pratiquant le noble art de la boxe, elle le met knock-out lors d’une mémorable séance devant aboutir au viol d’Eléonore.
      Chaque personnage, de son côté, cultive son jardin secret. Elie-Elie se sert de Mouche, une jeune turque pour assouvir ses besoins physiologiques. Eléonore apprécie énormément Gaspard, un jeune bellâtre qui s’attache à ses pas. Pendant ce temps, la peste poursuit ses ravages et pousse les peuples les uns contre les autres.
      Les Sénégalais, par exemple, forment une barrière de protection autour d’Eléonore alors que les Yankees, fraîchement débarqués, cherchent à l’enlever des mains du maire de Bergen avec lequel elle coule le parfait amour.
      Gaspard se rend à Londres où règne la désolation. L’Angleterre dévastée ne participera pas au concert des nations qui ont repris leur déplacement vers le pôle. Elie-Elie, toujours amoureux d’Eléonore, envoie Mouche dans les bras de Gaspard pour que  celui-ci lui laisse le champ libre auprès de sa dulcinée. Celle-ci corrige le tir et reprend Gaspard en mains. Alors Elie-Elie, par l’entremise de Mouche fait sauter l’abri dans lequel se trouvent Eléonore et Gaspard. Le couple meurt. Finalement, Elie-Elie est crucifié par une foule en délire qui le torture à la chinoise en lui enlevant progressivement les cinq sens :
      " Un roulement de tambour. ON VA DETRUIRE LES CINQ SENS ! L’Ouïe! Un Brandebourgeois couvert de brandebourgs, de couenne de porc et de médailles commémoratives s’approche d’Elie-Elie, lui marche sur les pieds, et lui coupe les deux oreilles. L’Odorat ! Un Napolitain au teint de homard, ayant fait trois génuflexions, lui taille le nez du fond du cœur, au son de la mandoline. Le Goût ! Un beau Russe à grands soupirs lui arrache toute la langue, au bout de ses longues mains abominables. La Vue ! Un Turc grassouillet et doux s’approche sur ses talons, et lui arrache les deux yeux. Le Toucher ! Une Japonaise ingénue, accroupie à hauteur de ses cuisses, tranche au rasoir les deux bulles d’amour. Et maintenant, devant Elie-Elie en lambeaux, le défilé du genre humain commence."
      Heureusement, avant de disparaître, Eléonore a réussi à découvrir le remède tant attendu. Les hommes seront sauvés!
      Le roman cataclysmique est ici prétexte à une débauche de mots, un univers-fiction où le monde évoqué rejoint Rabelais dans " l’Héneaurme ", dans l’indicible. Choc de mots, alliances de phrases, coq-à-l’âne, calembours, tropes, zeugmas, etc., les figures de style abondent sur plus de trois cents pages. Humour, contestation, xénophobie, ironie et racisme se partagent un récit inclassable mais indéniablement original.

    10. Type: livre Thème: fins du monde, fins de l'humanité Auteur: Jack LONDON Parution: 1974
      contient les nouvelles suivantes  (se reporter aux entrées respectives):
      L’Ennemi du monde entier
      L’Invasion sans pareille
      Goliath
      un Curieux fragment

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