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  • 711 livres

    1. Type: livre Thème: menaces cosmiques, menaces telluriques Auteur: Jacques SPITZ Parution: 1935
      Des pluies continuelles tombent sur l’Europe. Surviennent les tremblements de terre, les glissements de terrain, les tempêtes sans que l’on puisse imputer ces désordres météorologiques à une cause quelconque:
      " la situation devenait entièrement anormale. L’opinion publique, sans être précisément alarmée, se montrait nerveuse et inquiète. Les nouvelles les plus invraisemblables circulaient. On disait que le Japon, qui ne donnait plus signe de vie, avait été englouti par les flots; on disait que l’Angleterre, devenue île flottante, était partie à la dérive sur l’Atlantique; on disait encore que la mer allait disparaître. Que ne disait-on pas ? "
      Les tempêtes se déchaînent à un point tel que la Méditerranée n’est plus navigable. D’ailleurs la mer reste barrée par un brouillard gris épais. Il semblerait que le niveau de l’eau ait baissé puisqu’un nouveau tracé de côtes apparaît. D’autre part, l’on est sans nouvelles de l’Amérique alors que les savants  détectent une intensité volcanique majeure de la ceinture bordant le pacifique. Tout laisse supposer des événements telluriques d’une gravité exceptionnelle. Le doute est levé lorsque des secousses d’une ampleur inouïe qui détruisent les grands centres urbains sont ressenties par l’Europe entière:
      " Paris était découronné. La chute de la Tour Eiffel avait été suivie par celle du Sacré-Coeur de Montmartre et du dôme des Invalides. Les tours de Notre-Dame n’avaient pas mieux résisté. Elles dressaient leurs deux tronçons ébréchés derrière lesquels apparaissait curieusement intacte, la petite flèche de l’abside qui, plus fine, avait plié sans céder, comme le roseau de la fable. Les voûtes des églises, en s’effondrant, avaient fait une bouillie des fidèles qui s’étaient, - contrairement à toutes les lois de la prudence humaine, mais conformément au besoin du divin que faisaient naître les circonstances, - rassemblés dans les sanctuaires. Les âmes purent s’envoler librement par les trous béants, ouverts entre les colonnes de pierre. "
      Paris semble donc condamnée et toute la société désorganisée. Puis les éléments se calment. Issus des différents pays touchés (la Russie, l’Allemagne, la France, notamment), les commentaires à propos de l’événement n’apportent aucune lumière complémentaire. L’on constate que la Méditerranée se vide lentement de son eau et l’on est sans nouvelles du Nouveau Monde. Un avion de reconnaissance envoyé vers l’Ouest, revint avec d’effarantes informations: l’Amérique est introuvable, la Terre semble s’être scindée en deux suivant une ligne méridienne. Deux blocs terrestres coexisteraient, l’un constitué par l’Europe, l’Asie, l’Afrique et l’autre par les deux Amériques. Quant à la faille, elle ne serait plus visible puisque recouverte par une mer peu profonde et plane. Les deux moitiés du monde seront difficilement franchies par voie aérienne car il fallait planer en quelque sorte pour que les avions pussent s’arracher à l’attraction de la première moitié (l’Ancien Monde) afin d’aboutir à l’autre (le Nouveau Monde).
      Les contacts entre les deux parties seront rétablis laborieusement et la première des tâches envisagées est de stabiliser les flux d’émigrants de l’une vers l’autre. La distance entre les deux blocs ne dépassant pas 56 kilomètres de large, les transports du fret aérien s’adaptèrent. La mer séparatrice fut baptisée le Grand Canal. Tout déplacement restait périlleux et le nombre de traversées strictement limité à cause d’un vent violent s’engouffrant dans la fissure. Au-dessus des rares bateaux osant s’aventurer sur cette mer nouvelle, profonde de 200 mètres, une mer symétrique remplaçait dorénavant le ciel bleu:
      " Ils purent s’engager dans cette sorte de crevasse dont les deux parois étaient revêtues par la mer maintenue de chaque côté par l’attraction de la moitié du globe qui la portait. Ils observèrent que lorsque le soleil s’engageait vers midi, heure locale, dans la fissure de la terre, de même qu’il s’engage dans la fissure d’une falaise pour l’éclairer jusqu’en son tréfonds, on voyait alors au-dessus de sa tête un ciel étonnamment bleu qui n’était autre que la mer recouvrant la face de la fissure opposée. "
      Quelques îles (plutôt des pics) apparues en même temps que le Grand Canal furent l’objet des convoitises des deux Mondes. C’est ainsi que les Britanniques accaparèrent l’île Georges, au grand déplaisir des Américains.
      Comme les deux hémisphères ne se trouvaient pas en équilibre parfait autour du centre de gravité commun, ils se séparaient lentement l’un de l’autre. La largeur du Grand canal allait s’accentuant de manière géométrique. Les conséquences physiques et humaines de ce nouveau péril furent nombreuses : la gravité diminuait en proportion, l’eau ne bouillait plus à 100°, le feu s’allumait plus spontanément. Et surtout, le franchissement de ce qui représentait maintenant un abîme devenait de plus en plus hasardeux, les avions tombant dans le vide interplanétaire.
      Malgré des communiqués officiels rassurants, ce fut un second choc: tout contact avec le Nouveau Monde (du point de vue de l’Ancien) deviendra bientôt impossible, l’Amérique évoluant comme une planète étrangère au-dessus des têtes… A l’aide de fortes jumelles, les Européens pouvaient détailler les lumières des villes américaines et suivre les activités journalières de leurs habitants.  Le temps passant, et malgré les déclarations mutuelles de fraternité, malgré la position du Vatican qui permit l’instauration d’un second pape en Amérique, toute relation entre les deux mondes cessa définitivement. La distance qui les séparait était maintenant de 1000 kilomètres et augmentait de seconde en seconde. l’Europe se replia sur elle-même, s’occupant de ses affaires, tout en s’étonnant de  l’aspect de la deuxième lune qui croisait dans son ciel:
      " A mesure que l’obscurité se fit, la plage d’argent qui occupait la moitié du ciel ressortit avec plus d’éclat. Elle commença à se dorer légèrement, et bientôt ce fut une lune monstrueuse qui se trouva suspendue sur les têtes. Invraisemblable spectacle qui donnait involontairement le frisson! Qu’était ce monstre, surgi du fond du ciel, et tournant vers la terre comme pour l’engloutir, une gueule éclatante et silencieuse? Hélas! ce monstre n’était autre que la terre enfuie! "
      De jour en jour les conditions physiques empiraient. L’air plus léger, la gravité moindre multipliaient les accidents de toute nature. L’ascension des pics devint bientôt impossible et les cités d’altitude durent être évacuées. La mer, plus facilement houleuse, présentait des tempêtes énormes. Mais le pire était à venir. Les deux moitiés de la terre, en s’éloignant l’une de l’autre, allaient fatalement croiser l’orbite lunaire qu’elles menaçaient de collision: qui, de l’Europe ou de l’Amérique allait périr? En Europe, la collision fut jugée imminente par les savants. Tout le monde se prépara à la mort définitive de la terre. Les autorités mirent en place un Comité de salut Public dont le seul but était d’encenser la grandeur humaine, bientôt réduite à néant. Chaque être humain réagissait devant le danger en fonction de sa nature propre, qui en hédoniste, qui en moralisateur, qui par la religion. Mais la fin du monde n’eut pas lieu, du moins pour l’Ancien Monde: la Lune rata cette moitié de la terre.
      Après des explosions de joie, des congratulations mutuelles, les Européens surent avec certitude que le Nouveau Monde se trouvait désormais sur le trajet lunaire: l’Amérique allait donc périr. Alors, Ils s’installèrent pour assister au spectacle, non sans tristesse:
      " la vieille lune, que la mort semblait avoir rendu plus coriace, pénétra dans la terre comme dans un ventre mou. On vit l’écorce terrestre se déchirer, voler en éclats, la lune s’embraser, et un immense globe de lumière, lançant des jets de matière ignée dans toutes les directions, enveloppa le lieu du cataclysme. Durant un instant, ce fut un vrai soleil qui s’alluma dans la nuit. L’espace en devint bleu pâle; on put croire au retour du jour; et si grande fut l’intensité lumineuse, si brusque le jaillissement, que maints observateurs terrestres qui n’arrachèrent pas assez tôt leurs yeux de la lunette en devinrent aveugles. L’éclair, la boule de foudre, où s’étaient consumées 600 millions de vies humaines, s’éteignit. "
      Un roman-catastrophe étonnant dont l’hypothèse farfelue est cependant soutenue avec rigueur ce qui fait que, insensiblement, le lecteur se prend au jeu. Encore une fois, l’angoisse de la Seconde guerre mondiale se traduit par une catastrophe d’ordre cosmique permettant à l’auteur des coups de griffes à l’encontre des régimes politiques du moment.  Récit bien documenté, " l’Agonie du Globe " reste parfaitement lisible aujourd’hui et demeure un témoin important de la vitalité française du genre durant l’entre-deux guerres.

    2. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 2 Auteur: Jean-Pierre ANDREVON Parution: 1973
      Roll et Réda, un couple de jeunes barbares, vivent en harmonie au sein de la forêt. Entièrement adaptés à leur environnement, ils goûtent une vie intense au sein du Clan des Hommes, s’adonnant à la chasse dans laquelle ils excellent. Sans mémoire pour une histoire passée où cet endroit s’appelait la France, où des vestiges incompréhensibles et des inscriptions illisibles témoignent d’une violente guerre passée, Roll et Reda s’aiment et leur avenir est celui des gens heureux :
      « Roll et Réda contournèrent la pierre rectangulaire. C’était un bloc minéral très dur et très lisse, qui avait plusieurs coudes de long, et semblait profondément enterré dans le sol dont il émergeait en biais, comme une pièce de bois qui jaillit du courant où elle vient de plonger.
      Cependant, ce qu’il avait de particulier, c’était naturellement ses arrêtes parfaitement rectilignes, ainsi que les signes à demi-effacés, gravés superficiellement dans la pierre, et qu’on pouvait encore distinguer sur la plus large de ses faces. Les signes se décomposaient ainsi :

    3. Type: livre Thème: invasions extraterrestres Parution: 1960
      Alf, sa femme Judith, Hurst, scientifique et homme d’action, Flius le physicien  forment un groupe de « temponautes ». Mis en sommeil hibernétique pour un siècle, ils ont reçu la mission de renseigner à leur réveil les citoyens du futur sur leur passé. Ils profitent des toutes dernières inventions de leur siècle qui les accompagnent dans ce voyage comme «l’ultraviseur » qui permet de voir tout et de loin comme si l’on était à côté même de la scène. Le procédé d’hibernation, mis au point par les Jaunes qui projetaient d’envahir le monde avec leurs armées stockées pour l’occasion, leur ayant été arraché et perfectionné dans ce but.
      Avec Judith, enceinte avant le départ, les temponautes sont réveillés dans une crypte du laboratoire d’Aix-la-Chapelle,  deux cent quatre vingt trois ans après leur départ, par Thankmar, un géant blond, et sous un ciel rouge. L’imprévisible s’était produit : l’arrivée dans la banlieue de la Terre de l’astre Druso qui procéda à la destruction de l’humanité par ondes magnétiques, excepté les quelques îlots de survivants qui ont fait souche. Thankmar, qui considère Aix comme le temple de la « Mère de la Révélation » se trouve là en service commandé.
      En provenance de la cité scientifique de « Boothia Felix » dans la Grand Nord canadien, il était chargé de retrouver à tout prix les temponautes seuls capables, selon la prophétie, de les libérer de l’oppression extraterrestre. Les Drusoniens, qui sont des insectes géants et intelligents, se sont accaparée la Terre après l’avoir vaincue. Leur planète, amarrée à la nôtre par des liens électromagnétiques, est la patrie de ces êtres peu nombreux mais puissamment organisés qui ont fait prendre à la vie terrestre une toute autre direction :
      « Les Drusoniens furent autrefois une race puissante extrêmement douée. Les pseudo-coléoptères de police sont ce qui reste de leur meilleure époque, mais ils n’ont pas beaucoup d’intelligence. Ceux qui font le travail intellectuel sont des quasi-mollusques et leurs femelles ne sont même pas assez éveillées pour s’occuper de leurs propres larves. Ils sont tellement dégénérés à ce point de vue qu’il leur faut des femmes comme nourrices. Ils ont besoin de lait humain ; de la chaleur de nos femmes ; de la force de nos jeunes hommes. »
      Pourchassant toute manifestation scientifique ou technologique, ils sont regardés comme des dieux par des Terriens retournés à la barbarie, se servant de relais tels que « les Prêtres » ou les « Oracles » :
      « Le reste de l’humanité, répondit Thankmar, était dans la crainte et l’épouvante devant les nouveaux dieux. Certains devinrent des prophètes ou des prêtresses, contraintes et forcées par les pouvoirs magiques des Drusoniens. Ils prêchèrent la destruction de toute science, le caractère diabolique de tous les travaux intellectuels. Tous les livres furent brûlés, toutes les archives, tous les instruments furent détruits, les laboratoires démolis.(…) Bientôt le globe reprit son aspect des temps sauvages où chaque homme était l’ennemi de l’autre, et les conquérants furent regardés comme des dieux. »
      Mis au fait de la situation, le plus important pour les nouveaux venus fut de se fondre à la population locale pour y attendre la naissance de l’enfant de Judith. Les Atlantéens – c’est le nom que se donnent les scientifiques de Boothia Felix- désirent les présenter à leur chef, Liuwenhord. Les événements se précipitèrent lorsque Hurst, employant couteau et hache, suscita la convoitise de Terriens soumis et collaborateurs. Ils durent prendre la fuite vers le nord, via le Rhin, la Baltique et la Laponie, le moteur électrique bricolé par Hurst les mettant à l’abri de toute poursuite. Héligoland sera une première étape où, dans une caverne, Judith donnera naissance à sa fille Urania.
      Arrivés en Norvège, ils feront la connaissance de Liuwenhord et redécouvrent l’ancien site atomique de Karaga où jadis travailla Flius avec sa fiancée Maria. D’elle, au grand désespoir de Flius, il ne reste plus que des os et un journal intime relatant au jour le jour l’invasion des Drusoniens :
      « Il y gisait les lambeaux d’une couverture et un oreiller enfoncé, au milieu duquel quelque chose de brun apparut dans l’éclat des lampes. Flius regarda et soudain s’effondra. Nous approchâmes et nous vîmes dans les débris du lit, vêtus de ce qui avait été autrefois un vêtement de toile blanche, les restes momifiées d’une femme. La tête ressemblait à celle d’une chouette, et elle était entourée de cheveux châtains, bien conservés.Flius, supporté par deux Atlantéens, regardait droit devant lui, répétant :
      « Et ainsi, je vous retrouve, Maria ! Ainsi… »
      Peu après, Liuwenhord leur communique son projet de libération de la Terre. En un premier temps, il faudra anéantir la base centrale drusonienne de Capetown où sont disposés les appareils de régulation énergétique qui rendent la Terre captive de Druso, ce qui ne se fera pas sans risques :
      « Selon ses calculs, l’opération exigerait dix-sept minutes astronomiques, mais, bien entendu, la grosse difficulté serait d’être sûr que le globe reprendrait ensuite sa rotation habituelle. Il fit ses calculs de façon que le formidable coup de frein serait à peine ressenti aux pôles. Naturellement, il fallait compter sur d’énormes destructions dans le reste du monde ; en fait, quelques savants atlantéens se demandaient si libérer la terre de Druso n’entraînerait pas en même temps la destruction de la vie organisée sur le globe. Il y aurait de gigantesques glissements de terrain, tremblements de terre, raz de marée et une tempête auprès de laquelle les ouragans et les typhons les plus terribles que la Terre ait jamais connus ne seraient que les clapotis d’un enfant dans une baignoire. »
      Mais l’opération réussie, Druso se perdra dans l’espace leur permettant, en un deuxième temps, de nettoyer la terre des Prêtres et des Oracles. En attendant, Judith et Uranie, encore faibles, iront se remettre dans le Sud, au bord de la Méditerranée. A peine arrivées, elles sont prises dans une rafle et envoyées sur Druso pour servir comme esclaves. Immédiatement, tout est mis en œuvre pour les sauver. Alf, Flius ainsi qu’Imfried, la propre fille de Liuwenhord, par une chaîne de complicités, prennent la navette à destination de Druso où il rencontreront les forces de la résistance (les «Bleus »). Hurst partira au pôle sud pour s’occuper de la base de Capetown avec les bombes récupérées à Kagara.
      Sur Druso, Cassaniak, le chef des résistants, les prend en charge. Il s’agit de faire vite car les Drusoniens se servent des Terriens comme du bétail. Les femmes sont censées donner leur lait aux larves, leurs forces aux jeunes insectes, et les hommes leur viande :
      « Chaque homme, les bras en l’air, glissait sur une forte pente, et une lame aiguë jaillissait de la paroi pour lui percer le cœur, tandis que ses bras levés étaient pris par une paire de crochets. Des griffes s’enfonçaient dans la résille que les prêtres avaient placée sur sa tête. Une autre paire de crocs saisissait le corps encore palpitant sous les aisselles. Un billot triangulaire se glissait entre les jambes et les écartaient, et le cadavre ainsi présenté glissait par une autre porte dans une autre salle. Un crampon de métal l’agrippait et en un instant, des couteaux automatiques avaient coupé  la tête, les mains et les pieds de la victime.»
      Par l’entremise décisive d’Imfried, Judith et Urania seront libérées au moment où Cassaniak déclenche des émeutes généralisées dans la cité des insectes. Sur Terre, Capetown saute. Les liens entre Druso et la Terre seront rompus peu après que les temponautes aient pu retrouver leur planète natale. Après le dernier acte malveillant des Drusoniens qui, se voyant perdus, voulurent précipiter leur planète contre notre Lune, Druso disparut dans le cosmos. Devant les  Terriens libérés par leur foi dans la prophétie de la « Mère » s’ouvre un avenir de reconstruction et de paix
      « Druso », ouvrage d’origine germanique offre  un récit dense nourri d’abondantes parties morales ou philosophiques. Plusieurs intrigues s’y croisent ; celle de l’évolution des sociétés terrestres avant les Drusoniens, qui eurent à faire face à la menace « jaune », celle des sociétés sous le joug extraterrestre, celle de la destinée individuelle de nos héros. Dans ce roman, solidement charpenté, les détails précis et les descriptions minutieuses contribuent à l’effet de vraisemblance.

    4. Type: livre Thème: savants fous et maître du monde, menaces animales Parution: 1953
      En 2045, chez le docteur Terry Conway, un cambrioleur est arrêté. Mis en prison, on le retrouve mort sans raison apparente. Fait divers banal, attirant cependant la perspicacité de l’inspecteur Pick qui découvre plusieurs marques bizarres sur le corps du cadavre. Pick procède manière peu orthodoxe en pénétrant subrepticement dans le laboratoire de Conway où de nombreuses pièces animales disposées dans du formol attirent son attention. Après s’être entretenu avec le professeur Bud Gains, ancien confrère de Conway, Pick n’est pas plus avancé.
      Parallèlement se développe une autre affaire, liée à un vol curieux de pièces d’or. La société d’assurance engage, pour découvrir la vérité, le détective Mike Arlen et son assistante Nancy Riestley. Le piège tendu par ces deux derniers révèle la nature extraordinaire du voleur, une araignée gigantesque dont le classement dans le règne animal  s’avère impossible. On est en face d’une chimère.
      Alors que Mike rencontre Pick, Conway disparaît. Très loin de là, la petite population –environ une cinquantaine de familles -  de l’île de Toua dans le Pacifique, est sauvagement exterminée par des êtres improbables, des sortes de singes. Ces animaux, appelés « Bias » sont les créations de Conway, actionnées par ses deux complices Igor Sedov et Fred Marcus, à partir du laboratoire secret et souterrain qui sert de base retirée au savant renégat, lequel eut la précaution de l’installer préventivement dans l’île voisine de Novo :
      «Cette machine –un générateur d’impulsions bio-électriques d’attaque -  envoya aussitôt en direction de la plage les consignes silencieuses et invisibles qui touchèrent les monstres toujours alignés au bord de la rive. L’onde d’inhibition qui paralysait le potentiel propre des BIA’s se relâcha peu à peu…Après quinze secondes, les BIA’s –ces monstres velus et musclés- s’agitèrent. Tout en se dandinant sur place comme des ours, ils commencèrent à faire bouger leurs bras énormes. Ils tournaient la tête de gauche et de droite et les naseaux de leur face palpitaient. (…) Une ou deux minutes s’écoulèrent, puis les BIA’s se mirent à marcher. Des lueurs cruelles éclairaient leurs prunelles rondes. L’odeur du sang humain les attirait, les appelait. »
      L’équipe d’intervention envoyée sur zone est elle-même accueillie par des insectes à la piqûre mortelle. D’abord des guêpes, puis des mouches géantes et venimeuses.Le capitaine Flag sera l’émissaire du gouvernement britannique pour s’occuper de l’affaire ; le danger devenant pressant, Conway et ses complices déménagent dans une île de l’archipel des Phoenix dans laquelle Flag fait la connaissance d’une nouvelle bête curieuse, une espèce de kangourou, très passif, qu’il capture pour analyse. Hélas ! Dans son avion, la bête devient brusquement furieuse et massacre le capitaine Flag.
      Conway, se doutant des suites de cet événement, piège son repaire, le transformant en un fort chabrol «électro-biologique ». Après une réunion de crise, à laquelle participent Pick et Mike, décision est prise d’en finir avec le fou et d’attaquer son repaire. Nancy, partie avec les belligérants, sera fait prisonnière avec son avion par des créatures bio-mécaniques de Conway, lequel se retranche derrière une armée de babouins, sur terre, et de squales , sous mer, télécommandés.
      Pourtant, à Toua, le détective progresse. Il s’approche du poste de commandement de Conway lequel utilise toutes les armes qu’il a conçues dans sa folie : mouettes explosives, poissons-volants à percussion, guêpes à piqûre létale :
      « Ce fut un chaos hallucinant. Les mouettes tournoyaient éperdument autour des deux hélistats qui éjectaient leur gerbe de gaz mortels. Frappées en plein vol, elles mouraient, battant des ailes et tombant comme des projectiles. Sur le nombre, beaucoup percutèrent les hélistats et explosèrent comme des grenades atomiques. En moins de deux minutes, les deux appareils furent réduits en miettes »
      Le forcené pense également se servir de Nancy comme otage pour éliminer ses adversaires : il la piège littéralement. Par une opération aux cicatrices quasiment invisibles,  il introduit dans son corps, à la place d’un rein, un engin explosif devants sauter au moment voulu, anticipant (mais n’est-ce pas le rôle d’un roman « d’anticipation » ?)  l’action  des kamikazes islamistes actuels.  Nancy relâchée et interrogée par Mike et ses amis, doit la vie sauve à Mike qui, au tout dernier instant, évente le pot aux roses, parvenant à désamorcer la bombe. C’en est trop pour les représentants de l’ordre qui ordonnent la destruction totale de l’île. Ils seront aidés dans leur entreprise par la fausse manœuvre d’Igor qui, maladroitement, lève le blocage psychologique des animaux. Conway et consort seront illico taillés en pièces par leurs créations et ne verront même pas les bathyscaphes de l’armée qui nettoient le secteur à l’aide d’un armement atomique. Le dernier mot restera à l’armée qui,  avant la destruction finale, aura réussi à mettre la main sur les documents de Conway : on ne sait jamais, ils pourront toujours servir…pour le bien de l’humanité. On croit rêver ! Enfin, Le feu d’artifice final est tiré par Mike et Nancy qui se marient (même si elle n’a plus qu’un seul rein).
      Un récit qui propose (assez intelligemment) l’un des innombrables avatars du thème du «savant fou» qui parsèment le champ de la littérature populaire. L’auteur fait progresser de manière vivante l’intrigue et, avec ce thème archi-rebattu, donne une intéressante description du conditionnement animal, sujet dont la science se fit l’écho durant les années d’après-guerre.

    5. Type: livre Thème: épidémies Parution: 1925
      Un groupe de joyeux bourgeois passe une merveilleuse soirée mondaine chez Aristide Pommart, l’industriel richissime, le vendeur de gramophones. Il y a là un jeune politicien brillant, Félicien Machado qui laisse percer une liaison avec Nicole Pommart, la fille du susdit industriel, Plancher-Valcour, le directeur de " l’Indépendant ", qui ne l’est que de nom, le fier ténor Fioravanti Campobasso, Johan Sprnk (comme ça se prononce !)  diplomate moldo-valaque et Marmaduke Buffalo, industriel américain.  Tout ce petit monde ne songe qu’à profiter du système politique en place, quand Plancher-Valcour, après une séance à la Chambre des députés, apprend que l’Allemagne, en grand secret, aurait isolé un nouveau microbe ayant la capacité de rendre aphone les êtres humains. Sous la direction du teuton Von Sputz, ce microbe, baptisé " Aphonitus Generalis "  serait destiné aux  nations européennes :
      " Ce savant, le fait est indéniable, a découvert une sorte de microbe enroulé en spirales, de l’espèce dite vibrion. Le bacille Von Sputz est mobile et se colore en rouge ; il s’attaque aux cordes vocales avec virulence, et les détruit pour ainsi dire instantanément. Au contact de l’air, l’Aphonitus generalis (c’est le nom scientifique de la terrible bactérie), se multiplie et se propage avec une rapidité tellement extraordinaire qu’une bombe, chargée seulement de quelques grammes de ces êtres microscopiques, en explosant sur une agglomération, pourrait rendre cent mille personnes complètement muettes en moins d’un quart d’heure. "
      Pour en avoir le cœur net, Plancher-Valcour envoie en mission exploratoire un jeune journaliste, Emmanuel -André-Louis. Grâce à un passeport moldo-valache, à sa relation avec une ancienne amie amoureuse de lui, Melle Nina Kroll, le jeune homme arrive à entrer en contact avec Von Sputz, passionné par les bactéries de toute espèce. Le couple dérobe une éprouvette remplie d’Aphonitus Generalis et reprennent le train pour la Belgique.  Mais un affreux malheur est sur le point de se produire : André-louis, dans le train, profitant du sommeil de Nina, offre ses hommages à une demoiselle présente dans le compartiment. Mal lui en prend. Nina se réveille et lance sur  Emmanuel-André-Louis ce qui lui tombe sous la main, c’est-à-dire l’éprouvette d’Aphonitus :
      " -Nina ! Le journaliste s’était dressé comme un fou pour arrêter le geste : -Nina !… Trop tard : le petit sac à main avait pris son vol et il alla s’aplatir contre la cloison. On entendit un bruit de verre brisé… -Nous sommes foutus, c’est le bocal d’Aphonitus !… hurla Emmanuel-André-Louis. Nous sommes fout… Et, tout à coup, il n’entendit plus le son de sa voix… "
      Immédiatement le microbe se répand, enlevant toute faculté de parler à quiconque. Affolé, Louis-André accourt en pleine réunion chez les Pommart pour avertir son patron du désastre :
      " Mme Estagnon gisait évanouie sur un canapé, Machado courait de long en large comme un possédé, Campobasso et Johan Sprnk, les yeux fixes, affalés contre la table, remplissaient et vidaient leurs verres machinalement, et Plancher-Valcour, debout, froissait et refroissait entre ses gros doigts le papier maudit. "
      Toute la compagnie est rendue aphone et, de là, l’épidémie se répand comme une traînée de poudre, d’abord à Paris, puis à l’ensemble de l’Europe. Les conséquences en seront terribles et parfois… inattendues. Félicien Machado, orateur puissant, mènera dorénavant une vie de clochard, puisque privé de son bel organe et de Nicole. Amédée Québec, un jeune politicien timide gagnera en assurance n’étant plus influencé par l’affreux bégaiement qui le handicapait. Les sourds-muets reprennent du poil de la bête, prodiguant des formations à ceux qui voudront s’initier au langage des signes.  Le gouvernement tombe, remplacé par un autre plus en rapport avec la nouvelle société de muets qui émerge. Longtemps après, le 22 novembre 2850, l’archéologue patagon Chicuk Uhi met à jour une vieille caisse qui lui démontre combien ses ancêtres politiques étaient vociférants:
      " De nos jours (et c’est tout naturel), aussi bien à Oslo qu’à Caracas, à Nairoby qu’à Pernambouc, si vous levez votre petit doigt de la main gauche en l’air, le premier venu vous dira l’heure qu’il est ; si dans un restaurant vous croisez vos deux pouces l’un sur l’autre, le garçon immédiatement vous servira une tasse de thé… En un mot, un citoyen français moyen peut traverser le globe du Grönland jusqu’en Tasmanie, et partout, sans difficulté, il se fera comprendre."
      Une charge un peu lourde en forme de pochade dirigée contre les moeurs politiques françaises de l’entre-deux guerres.

    6. Type: livre Thème: la nouvelle glaciation, Adam et Eve revisités Auteur: Jacques SPITZ Parution: 1936
      Dans la société future, le soleil s’étant refroidi, une nouvelle glaciation s’étend. L’humanité, réduite à sa plus simple expression, s’est enterrée pour rechercher un peu de chaleur dans les entrailles de la Terre. Cette société conserve un statut scientifique avancé. Ce n’est qu’aux Tropiques que subsistent à l’air libre certaines villes, comme Tombouctou 2, par exemple.
      Evy de la Condamine, Pat Sendersen, Wasserman sont les héros du récit. Evy, jeune fille révolutionnaire, est la nièce d’un savant réputé qui milite en faveur de la sortie des humains de dessous la terre et de l’évacuation d’un ultime couple de Terriens vers Vénus, le soleil se refroidissant inexorablement et provoquant d’une manière inéluctable la fin de la race humaine . Elle se heurte dans ce projet au maître de la société terrienne, le Président, chargé de maintenir coûte que coûte la société dans la stabilité et l’ordre:
      " Je vous disais que toute la politique du Conseil exécutif dérive de ce principe fondamental, d’une clarté enfantine: régler la courbe d’ascension démographique sur la courbe d’extraction du radium. Les huit cents grammes de radium que vous demandez représentent une chute de 15% de la réserve mondiale. Ce serait donc 15% de l’humanité, soit près de deux cents millions d’individus, qui se trouveraient privés de leur couverture radioactive. "
      Mais le soleil, de l’aveu même du "Directeur du Soleil", savant chargé spécialement de suivre son évolution, est "touché à mort":
      " Le Soleil n’en a plus que pour un ou deux millions d’années. Mais que ce chiffre ne vous rassure pas, monsieur le Président. Avant dix ans nous aurons une baisse de température de 20° au niveau du sol, et nous ne pourrons plus compter que sur une température moyenne de moins de 18° à l’équateur et à l’air libre. C’est à dire que nous serons au-dessous du point de congélation de l’eau de mer, en c’en sera fini de la vie. "
      Il faut donc prendre une décision drastique: celle de s’enterrer plus profondément, d’arrêter tous les projets en cours et de condamner à mort, car les ressources énergétiques deviennent insuffisantes, la majeure partie de la population mondiale.
      L’état d’alerte est déclaré. Le "Club pour l’expansion intégrale" est interdit. A Tombouctou 2,  Pat, amoureux d’Evy, assiste à une réunion subversive en sa compagnie. Le professeur Sandersen, l’oncle de Pat, a trouvé le moyen de lancer une fusée dans l’espace. Le Président, que ce projet contrarie, le fera enfermer comme fou à Sainte-Hélène, devenu un bagne glacé sur une mer gelée. Sandersen s’y retrouve en compagnie de Pat. Les détenus politiques à Sainte-Hélène sont des savants de tout acabit, dangereux pour l’ordre établi. Là-bas, entourés par la banquise glacée, on les laisse poursuivre leurs expériences :
      " Chaque jour, pourtant, le soleil semblait se faire plus froid. L’un après l’autre, les thermomètres sautaient. L’encre des stylos gelait sur les poitrines. La carapace de glace couvrant l’île prenait des consistances d’acier et une étrange lourdeur allât jusqu’à s’emparer de l’air lui-même".
      Malgré ces conditions infernales, Métro-Goldwinn Pasteur, un scientifique, trouve la formule de l’hibernation et la confie à Sandersen pour un usage futur. Durant ce temps, Evy continue d’agiter les foules en faveur du voyage sur Vénus.
      Un autre danger se prépare. En s’enterrant de plus en plus profondément, les êtres humains sont sensibles aux rayons "hyper-cosmiques" qui ont une action néfaste sur leur intelligence: les hommes se crétinisent! Encerclés  de partout par une nature hostile, les derniers hommes se rendent à l’évidence: il faut qu’un couple puisse quitter la Terre condamnée pour perpétuer l’espèce. Ils suivent donc Evy dans sa quête ; La Présidence est renversée, Sandersen et Pat libérés. Devenu dernier Président des Etats-Unis du Monde, Sandersen met son projet à exécution en envoyant Pat et Evy sur Vénus, nouveaux Adam et Eve d’une société future:
      " Tandis qu’il rêvait dans le soir, Evy s’était silencieusement éloignée. Mais, proche ou lointaine, n’emportait-elle pas son image vivante dans son regard? Elle revenait vers lui, il la regardait gravir la pente dans l’auréole de gloire que lui faisaient les derniers rayons du soleil jouant sur sa chevelure. Il l’attendait, allongé sur le sol, le buste soulevé, l’accueillant par avance de toute sa confiance heureuse. A quelques pas de distance, elle tendit vers lui le bras et la main. La main tenait une chose ronde et rouge. Et le regard de Pat ne put se détacher de cette chose...Très loin en lui, par delà une nuit sans limites, il lui semblait que quelque part, ailleurs, il avait déjà vu ce que ses yeux présentement voyaient. Et des mots vinrent d’eux-mêmes à ses lèvres, avant qu’il en retrouvât le sens: -Un fruit d’une espèce disparue, une pomme... "
      "Les Evadés de l’an 4000" brille surtout par un festival d’innovations scientifiques et de théories neuves (à l’époque) dans le champ de la science fiction prouvant que Jacques Spitz a su égaler les meilleurs romanciers américains du genre.

    7. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 1, menaces cosmiques Auteur: Pierre GEMME Parution: 1950
      Vol. 01 : le Dirigeable des sables, Nestiveqnen éd., 2003, coll. « Axel et Nova », 1 vol. broché, in-12 ème , 137pp. couverture illustrée par Kara. roman d’expression française
      1 ère  parution : 2003
      Axel et Nova, deux jumeaux télépathes et leur chauve-souris mascotte Black, vont connaître de terribles aventures dans un monde infernal saccagé par l’arrivée d’un météore qui a transformé la Terre, fait s’évaporer l’eau des océans, instauré une chaleur infernale en tous lieux. Le manque d’oxygène a poussé le dernier groupe des humains sous la férule de Jeanlin, le père des jumeaux, organisateur hors-pair, dans des grottes hermétiquement closes où ils survivent avec peine.
      Mais l’heure est venue d’en sortir car l’eau et l’oxygène s’épuisent. Le groupe compte sur Axel et Nova pour les sauver. A l’aide d’un dirigeable hâtivement conçu, il leur permettra de partir pour explorer l’extérieur dans le but de découvrir de nouvelles ressources. Nos amis embarquent. Ils ont pour mission de suivre un câble, anciennement sous-marin. Les ennuis commencent de suite, dès la crête rocheuse franchie, au-delà de la ville moderne en ruines où se distinguent encore des cadavres desséchés. Le soleil impitoyable et le manque d’oxygène qui les obligent à enfiler un scaphandre, leur font douter de leur réussite bien qu’étant stimulés télépathiquement par leur père.
      Par deux fois ils manquent de mourir. D’abord, lorsque arrêtés pour s’approvisionner en eau près d’un immense navire échoué, ils seront attaqués par les membre survivants de l’équipage, métamorphosés en odieux mutants radioactifs. Des crabes géants, issus du marécage puant, plus vilains encore que les mutants, les en débarrassent en entraînant les monstres au fond d’une eau polluée par le pétrole.
      Ensuite, quand leur dirigeable perdra de l’altitude dans une plongée effrayante, les entraînant dans ce qui fut jadis une fosse marine, jusqu’à leur faire frôler le bouillonnement volcanique du rift médio-atlantique :
      « - Quelle horreur… parvient à souffler Nova, mettant ses mains devant sa bouche pour ne pas crier.
      Tout en bas, au plus profond de la nuit rocheuse, des fleuves de lave grondent, charriant leurs bombes incendiaires, leurs cordes incandescentes, leurs lueurs de soleil liquide. Des fumerolles corrosives montent, des flammes pâteuses tentent de lécher l’appareil.
      -Remonte, remonte ! hurle Nova. »
      Sauvés par un courant d’air chaud et puissant, l’appareil remonta, emportant en ses flancs Axel et Nova évanouis.
      Au réveil les attend une agréable surprise. Ayant quitté la zone des dangers, ils ont atterri au Vénézuela, dans le delta de l’Orénoque où subsiste encore un micro-climat convenable au développement de la végétation. Et surtout –ô miracle !- où les attend leur maman, une ancienne hôtesse de l’air qu’ils croyaient disparue à jamais.
      Recueillie lors de la chute de l’avion par une tribu indienne aux pouvoirs chamaniques, elle a survécu, contente de retrouver les enfants qui sont indubitablement les siens du fait de leurs pouvoirs télépathiques.
      Axel et Nova, après avoir mis leur père au courant de leur bonne fortune, se reposent en ce décor enchanteur avant de poursuivre leur périple.
      Vol. 02 : les territoires bleus, Nestiveqnen éd., 2003, coll. « Axel et Nova », 1 vol. broché, in-12 ème , 138pp. couverture illustrée par Kara. roman d’expression française
      1ère  parution : 2005
      Axel, Nova, Black et Armelle, leur maman, doivent, sur l’incitation mentale du chamane qui a passé dans l’esprit de Nova, aller plus loin dans leur quête. Le météorite inconnu, à l’origine du cataclysme, est resté bloqué quelque part dans le pays de la nuit. Car non seulement il est à l’origine du bouleversement écologique mais encore, il a freiné, puis arrêté la rotation de la terre, engouffrant la moitié du globe dans une nuit éternelle. Et c’est vers elle que se dirigent nos amis dans leur engin volant.
      Il leur faut avant tout traverser les Andes, barrière rocheuse présumée infranchissable.
      Guidés par Black et la claire vision de Nova, entraîné dans un courant d’air irrésistible, le dirigeable s’enfonce à l’intérieur d’une immense caverne glacée et sombre formant tunnel. Ils déboucheront à l’air pur, sous les étoiles, pour frémir devant une autre vision: à perte de vue la noirceur, le froid et la surface miroitante d’un océan Pacifique gelé :
      « Riches de cette découverte, ils ne se lassent pas de contempler la banquise fluorescente qui reflète derrière les hublots, le ciel étoilé. Parfois, en fonction des angles de la glace, dix ou vingt lunes apparaissent en même temps sur le sol figé. La banquise, baignée d’une lumière surnaturelle, est hérissée de cristaux et de facettes. La succession de glaçons, de falaises neigeuses et de crevasses qu’ils survolent sans qu’ils puissent distinguer le moindre indice d’eau libre en profondeur, leur donne le vertige. »
      Par bonheur, ils se feront reconnaître d’une autre tribu qui a adopté les habitudes polaires des Inuits. Subsistants autour  d’un énorme puits d’eau libre dû au réchauffement interne, ils subissent les assauts de toutes les bêtes marines et polaires, notamment des ours, qu’ils parviennent à éradiquer grâce au lance-flammes de Nova. Soignant les gelures d’Armelle, ils aideront nos hardis pionniers à repartir en direction de la météorite dont la force magnétique est si puissante qu’elle attire tous les objets métalliques à des centaines de kilomètres alentour.
      Pour éviter de la subir , ils transforment leur dirigeable en parachute à skis, le laissant aller à sa guise. L’accélération, de plus en plus forte, leur fait craindre pour leur vie. Finalement, ils arrivent à freiner juste devant la météorite, grande comme une colline, enchâssée dans la glace.
      Grâce à l’appui télépathique de son père, Nova sait qu’ils devront la libérer de sa gangue, ainsi le bolide repartira-t-il dans l’espace retrouver par aimantation la planète dont elle provient, appelée Magnétis.
      Toujours astucieux, ils mettront le feu (à une distance prudente) aux nappes de pétrole et de kérosène s’échappant des soutes des navires agglutinés autour de la météorite. La chaleur faisant fondre la glace, la météorite s’arrache à la banquise, disparaissant dans l’espace :
      « Alors, dans un ultime tableau d’apothéose, la météorite s’arrache du sol. Bouches ouvertes, ils assistent à son lent décollage.
      La masse métallique sort en repoussant des bourrelets de glace à demi fondue, souillés de pétrole et de cendres. Elle n’en finit pas de s’élever en grondant, engendrant autour d’elle failles et vagues dans la banquise éclatée. Ensuite, tout va très vite. Tel un œuf monumental, elle jaillit de son nid blanc, projetant tout autour d’elle une pluie d’étoiles glacées. Un moment, on dirait qu’elle flotte dans l’air, défiant toutes les lois de la pesanteur. »
      Aussitôt, la température s’élève et l’aube commence à pointer car la terre a retrouvé sa rotation.
      Ayant sauvé le monde, il leur reste encore à revenir auprès de leur père qui, dans les grottes, semble être en butte à des émeutes. Mais ceci est une autre histoire…. non publiée jusqu’à présent.
      Un récit pour pré-adolescents, pédagogique et moralisateur, dans lequel l’auteur a surenchéri sur l’incroyable, et tordu la logique à son gré : chamanisme, télépathie, monstres gluants, respect de papa et de maman, « trucs et ficelles », écologie et avertissements, se partagent le texte en un pot-pourri rapidement lassant.

    8. Type: livre Thème: les fins du monde, fins de l'humanité, menaces telluriques, invasions extraterrestres Auteur: Stephen BAXTER Parution: 1998
      De retour de la Lune, l’astronaute Jays rapporte une pierre de lune « de fond », c’est-à-dire dérobée dans un sillon situé en profondeur. Stockée à l’écart durant de longues années, elle sera examinée par le géologue Henry Maelström à Edimburg, mis sur la touche. En effet, son projet «Shoemaker », celui qui consistait à  mettre le pied sur la lune pour se rendre compte in situ de la réalité géologique de notre satellite, ne verra pas le jour, par manque de crédits. Divorcée d’avec sa femme Geena, une astronaute, il reprendra du service avec Mickaël, un jeune géologue, pour examiner les fragments de la pierre lunaire. Lors de la découpe, un peu de poussière de lune s’envole. Elle sera ramassée par Mickael qui pense en faire cadeau à Jane sa sœur. Lors d’une promenade avec elle   sur le mont Arthur’s Seat, un ancien volcan, quelques grains de cette poussière tombent à terre. Mickael ignore qu’il vient de déclencher la fin du monde.
      Agissant comme un catalyseur, la poussière semi-vivante dans sa structure, transformera le basalte volcanique, ainsi que tout le substrat de l’écorce terrestre, en une nano-structure cristalline qui fera « fondre » les roches :
      « -Nous croyons que nous commençons à comprendre comment la poussière de lune fonctionne. A défaut de comprendre pourquoi. Elle s’attaque principalement aux roches basaltiques, surtout celles qui sont riches en olivine. (…) –Elle réorganise apparemment la structure cristalline d’une masse de roches sous une forme récursive qui… -En anglais, docteur, dit Monica. (…) – Elle transforme la structure des roches avec lesquelles elle entre en contact. Elle construit quelque chose. »
      Un signe aurait dû inquiéter l’humanité, celui de la transformation complète de la planète Vénus en une sorte de poussière cosmique dû au fait que les sondes terrestres à destination de Vénus ont pu, là aussi, contaminer la quatrième planète du système solaire. Le mouvement sur terre, d’abord peu perceptible, s’étend bientôt comme un cancer, détruisant de façon exponentielle toute roche, induisant un volcanisme de plus en plus actif, même dans les régions où des volcans avaient été en sommeil depuis des centaines de millions d’années :
      « Image animée de la terre. Points rouges sinistres apparaissant partout. Tout d’abord, ils se présentèrent comme une ceinture, à la latitude de la  Grande-Bretagne, s’étendant en direction de l’ouest au-dessus des Etats-Unis et de l’Asie ; puis de nouvelles taches et traces dans les régions les plus géologiquement les plus instables du monde: la Ceinture de feu, les volcans de subduction du pourtour du Pacifique ; les volcans du rift du milieu de l’Atlantique et des chaînes d’autres océans ; les volcans d’affleurement tels que ceux de Hawaï. Ailleurs, dans des régions généralement stables, la poussière de lune semblait créer du volcanisme, descendant jusqu’à l’asthénosphère grâce aux failles de l’écorce, comme elle l’avait fait à Edimbourg. »
      Mickael, se sachant responsable de l’immense catastrophe, adhérera à une secte qui attend le nouvel avènement d’une ère de feu. Parties d’Edimbourg, les catastrophes volcaniques se multiplient, ainsi que les tremblements de terre, les épanchements de champs de lave, les modifications météorologiques.
      Partout de par le monde, des séismes de plus en plus intenses, à une échelle jamais connue par l’humanité, désorganisent les sociétés humaines. Le sort d’un nombre important de personnages secondaires nous révèle les différentes facettes de la catastrophe : comme l’éclatement d’une centrale nucléaire qui anéantit l’agent Morag Docker, ou Ilbo, le géologue assis sur un volcan qui se soulève à une hauteur extraordinaire, ou Ted Dundas, l’ancien flic,  qui sauve le petit Jack, fils de Jane, avant de mourir carbonisé lui aussi. Il apparaît de plus en plus clairement que l’humanité entière est condamnée puisque la terre doit subir une refonte totale de sa surface. Selon Henry, cela prendra quelques décennies avant que la fin du monde ne soit définitivement accomplie. Pourtant, à partir d’une intuition, un plan extraordinaire jaillit de son esprit.
      La clé de la poussière de lune se trouve sur notre satellite où, manifestement,  la poussière est inactive sinon la lune aurait déjà volé en éclats. Comment arriver à convaincre la NASA de réactiver l’ancien plan « Shoemaker » pour acheminer une équipe d’astronautes sur la Lune ? N’ayant plus rien à perdre,  la NASA convaincue,  s’adjoignant l’aide des Russes en un projet commun avec un lanceur de type Soyouz , monte, en l’espace d’un mois, l’expédition du dernier recours.  Celle-ci nous est narrée avec une précision extrême dans le réalisme, de la phase de lancement jusqu’à l’alunissage. Les personnages de l’expédition sont des êtres hors-normes : il y aura Geena, la cosmonaute, chef de mission et ex-femme de Henry, Henry, le géologue génial mais malhabile en face des procédures techniques de la mission et Arkady, le pilote du module, l’amant russe de Geena.
      Se déroulant sans anicroches, l’expédition permet à Henry de rejoindre le site d’où Jays, l’ancien cosmonaute, a extrait l’éclat lunaire. Il peut effectivement constater que toute la lune, jusqu’en son centre, est contaminée par cette poussière dont l’origine remonte au planétésimal formateur de la lune et de la terre lors de  la collision initiale qui a présidé à la naissance du système solaire. Comment procurer à l’humanité un abri provisoire avant que l’homme ne disparaisse définitivement  du cosmos? La solution adoptée par Henry est de terraformer la lune, de la doter d’une atmosphère respirable, en faisant s’évaporer les immenses réserves de glace météoritiques centrées sur le pôle sud de notre satellite. A cet effet, une bombe thermonucléaire téléguidée par laser servira de détonateur, les nano-structures de poussière lunaire devant continuer le processus amorcé.
      Arkady meurt durant la mission, dans l’éclatement de la bombe. Et le miracle a lieu : la lune s’entoure progressivement d’une atmosphère suffisante pour les 10000 prochaines années, le temps pour l’humanité de repartir éventuellement à l’assaut de l’univers en quittant une terre totalement impropre à sa survie.
      Plus tard, Henry resté sur la terre, au fond d’un bunker, désire assister en témoin impuissant mais heureux, à la destruction wagnérienne d’une terre à l’agonie : « Mais le coup de grâce fut le jaillissement géant de magma qui se déclencha, sans avertissement, dans la vallée de la Yellowstone.  Ce fut une explosion dix mille fois plus puissante que l’aurait été celle de tous les arsenaux nucléaires. Jaillissant d’un cratère de la taille du New Hampshire, des matériaux en fusion étaient sortis de l’atmosphère –une partie restant même en orbite- l’essentiel retombant sous la forme de bombes volcaniques géantes qui incendièrent ce qui restait de la végétation terrestre. Et une énorme boule de feu, suivie d’un nuage de poussière, étaient montés jusqu’à la stratosphère, s’étaient ajoutés à la suie et la fumée des forêts en feu, créant un couvercle de ténèbres sur la planète.
      Extinction des feux sur la terre.(…)
      Des montagnes apparurent dans l’Antarctique, notamment quand la plaque indo-australienne décida brusquement de prendre le chemin du sud. D’autres jaillissements de magma avaient franchi l’écorce dans les régions volcaniques, aux Canaries, sous les restes , ravagés par les raz-de-marée, de Hawaï, sous l’Islande. Et les rifts, sur toute la Terre, s’ouvrirent, en Afrique orientale, au lac Baïkal, dans la mer Rouge , les continents se séparant. Le Rhin avait disparu dans une faille, puis une nouvelle plaque océanique apparut dans le graben qu’il occupait. Essentiellement, hormis tuer les gens et faire bouillir les océans, le volcanisme transformait l’atmosphère de la Terre : un air irrespirable d’oxyde de carbone, d’oxyde de soufre et d’hydrogène, mêlés d’arsenic et de chlore qui, selon les estimations, serait au bout du compte dix fois plus dense que l’ancienne, faite d’oxygène et d’azote. De vastes cycles d’effet de serre avaient commencé, les océans s’évaporaient et ne tarderaient pas à bouillir… Et la terre bien-aimée de Henry devenait ce qu’avait été Vénus. »
      Une décennie plus tard, les choses avancent sur la lune. Nadhezda, la petite fille de Henry, sera la première cosmonaute à conquérir définitivement l’espace, portant le flambeau de l’humanité sur le satellite Icare, dans une nouvelle rencontre avec la « poussière de lune » ce qui les met tous deux à égalité pour la conquête du cosmos.
      Un roman dense et touffu de plus de 700 pages, écrit avec une précision de bénédictin, fortement charpenté et documenté, et, pour aussi étranges que paraissent les hypothèses ou les théories énoncées, d’un grand réalisme. L’aspect psychologique est toujours présent, l’auteur nous laissant le temps d ‘apprécier l’évolution des personnages avant leur disparition. Un de meilleurs romans du genre récemment paru.

    9. Type: livre Thème: fins du monde, fins de l'humanité, l’apocalypse réalisée Auteur: Jean ALESSANDRINI Parution: 1993
      Maximilien Crible se réveille ce matin du 15 juin 2004 et se rend compte que tout va de travers. Non seulement les gadgets technologiques le lâchent, non seulement, ce jour, au soir, il sera viré de son travail de lecteur-programmeur du plus puissant ordinateur du monde, mais encore, dans les médias , les catastrophes s’amoncellent, avec des volcans en éveil et des tremblements de terre partout dans le monde.
      Plus grave: ce dont il est le seul à s’apercevoir, semble-t-il, c’est qu’il n’y aura pas de 16 juin 2004 ! Le calendrier, la montre, l’agenda,   ne prévoient pas cette date, comme si sa propre mort, ou celle de la terre était déjà programmée. Par ailleurs, il découvre un autre indice qui ne trompe pas : le chiffre 666, celui de la « Bête » de l’apocalypse, que lui, Maximilien, semble être le seul à voir.
      Que se passe-t-il ?
      Malgré tout, il envisage d’aller à son travail une dernière fois, remplacé par « Antisphinx », l’ordinateur géant qui devra être inauguré aujourd’hui. Son collaborateur et ami Gibbelin, lui soummet les dernières projections géosatellitaires. Le doute n’est plus permis: partout, le long de la ceinture de feu se réveillent les volcans,  et à la conjonction des plaques sibériennes, européenne et atlantique, le sol plissé de façon singulière semble former le chiffre 666 :
      « La plus grande partie de l’Irak et la quasi-totalité de la Turquie n’existaient déjà plus qu’à l’état d’ulcération… Une plaie béante à la surface de la terre, si énorme, si profonde qu’elle devait être visible de la Lune !(…) le craquement laissait entrevoir, en contre-bas d’une dépression d’au moins cinq cents mètres amplifiée par une surnivellation de hauteur équivalente, un plateau étrangement lisse disparaissant dans l’ombre portée de nouveaux plissements en à-pics. Il suivit à la loupe le parcours fracturé de ce corridor inopinément mis à jour. Utilisant les tables de conversion, il détermina approximativement l’écartement maximum des lèvres de la plaie à trois cents kilomètres. Pestant contre l’image, il devina plus qu’il ne distingua une série de balafres discontinues, droites, courbes, croisées, circulaires, sinusoïdales, spiralées, biscornues, incisions étrangement régulières, parfois répétitives, comme griffées par un gigantesque burin. Indubitablement ces ciselures ne pouvaient être que l’œuvre de la nature, mais la cohérence de leur dessin lui remit en mémoire le mystérieux artefact de Nazca au Pérou. »
      Pour en avoir le cœur net,  et parce que seul le super-ordinateur saura répondre à sa question, Crible décide de le consulter, bien que l’accès lui en est rigoureusement interdit. Par l’entremise de Gibbelin, il obtient les clés d’entrée de la salle où il se retrouve seul devant Antisphinx. Crible reçoit une réponse à son soi-disant délire.
      Le responsable de tout, c’était lui, Antisphinx. Connecté à la machinerie mondiale, le robot a décidé de tirer un trait sur l’espèce humaine, en enclenchant partout un processus d’autodestruction mais en gardant un témoin privilégié de ce moment, à savoir, lui , Maximilien Crible.
      Maximilien soumet à la machine une dernière question à laquelle elle ne pourra refuser de répondre : que signifie ce chiffre « 666 » inscrit dans les plis de l’écorce terrestre ?Antisphinx met du temps à  analyser les données. Quand enfin il parle, c’est avec un intense étonnement : la terre aurait été programmée depuis son début par la nature, à se détruire un jour, et ce jour, c’est le 16 juin 2004 :
      « -Antisphinx de quoi sera fait le 16 juin 2004 ? Un silence puis la « divinité » assena sa réponse : -Demain, 16 juin 2004, Antisphinx sera le maître de l’univers. -Pourrais-tu être plus précis ? demanda Crible, avec un plissement de paupières inquisiteur.
      -Oui, Crible. Demain verra la fin du cycle humain sur Terre et l’avènement de la machine ultime. (…) La planète est désormais entièrement informatisée, totalement sous influence. Du plus infime microprocesseur au terminal géant et du logiciel d’appartement à la banque de données, la technosphère étend partout son empire et Antisphinx en est le cœur et le cerveau.(…)
      «  Mes conclusions sont formelles. Les lignes de fracture opéreront une première jonction dans six heures trente-neuf minutes dix-huit secondes, c’est-à-dire à vingt-trois heures cinquante-neuf minutes, au point d’intersection géographique considéré comme la charnière du substratum européen, africain et asiatique. (…) Il y aura une dérive accélérée des continents, puis, du fait, de la gravitation terrestre, l’écorce démembrée s’arrachera au noyau fondateur et s’évacuera par morceaux dans l’espace. »
      Pas de chance pour Antisphinx que ce jour coïncide justement avec la prise de pouvoir des machines ! Lorsque les officiels pénètrent enfin dans la salle, ils contemplent un ordinateur définitivement hors d’usage, un Crible, joyeux et insouciant qui s’apprête à rejoindre le fantôme de sa défunte femme, tandis que deviennent perceptibles les premières secousses telluriques :
      « L’orage, un orage fantastique, libérateur, éclata soudain sur la ville. Le tonnerre gronda. Une gerbe d’éclairs déchira le ciel chargé de nuages lourds qui évoquaient un galop d’éléphants cruels. La pièce s’illumina. Le vent se leva. La tourmente souffla. Mugissement. Rugissements.
      -J’ai atteint ma date limite, n’est-ce pas, demanda Crible. -Oui, mon chéri. Viens, je t’attends.
      Elle lui tendit les bras. »
      Un récit pour adolescents, intelligent, ironique, enlevé, dont  le suspense ne se relâche à aucun instant.

    10. Type: livre Thème: l’entropie progresse... Auteur: Michaël MOORCOCK Parution: 1966
      En un futur lointain,  la Terre qui a cessé de tourner, présente une large frange crépusculaire et deux faces, l’une au jour éternel, l’autre à la nuit. L’espèce humaine, clairsemée, car il ne subsiste plus que deux cents individus, habite dans de somptueuses villas, à la technologie raffinée, éparse dans les différentes zones :
      " Le soleil éternellement au zénith brillait sur la mer. L’étendue d’eau bleue et libre de marées était parfaitement immobile. La plage blanche qui montait jusqu’à la maison était déserte, comme toujours ou presque. Sur la Terre diurne, les gens vivaient loin les uns des autres. Leurs demeures étaient autosuffisantes et les transports rapides. Les villes n’avaient aucune utilité. Ce qui s’en rapprochait le plus, c’étaient les quelques bâtiments qui abritaient naguère les bureaux administratifs . "‘
      Mais une maladie mortelle la ruine : tous les individus sont devenus stériles. La stérilité, comme l’immobilité de la terre, sont les conséquences de l’action dévastatrice d’extraterrestres appelées le Raid. Depuis ce moment, les humains se livrent aux fêtes, aux extravagances, soit une manière comme une autre pour remplir le temps qui reste à vivre avant de disparaître définitivement de la surface de la planète :
      " Dans deux cents ans, nous aurons disparu du monde. De l’espèce humaine, il ne restera que quelques ossements et quelques bâtiments. Nul ne peut nier que nous devons nous efforcer d’éviter cela ; pourtant chacun sur Terre semble s’être replié sur lui-même ; il règne une apathie à laquelle je ne m’attendais pas.
      Même l’accès aux étoiles ne représente plus pour eux un objectif. Après un premier voyage catastrophique  vers Titan dans lequel disparut le grand savant Orlando Sharvis, ils abandonnèrent la course aux étoiles à cause d’une maladie surnommée " la douleur de l’espace " qui fait périr tout homme se trouvant loin de la Terre durant plus de trois mois. Clovis Marca, un jeune homme fatigué, en provenance de la zone crépusculaire,  recherche Orlando. Il a abandonné pour cela toute implication dans la politique et se contente d’observer ses semblables en leurs fêtes futiles. Bien que stérile, la jeune Fastina Cahrmin n’est pas insensible au charme de Clovis. Elle en fera son amant, en dépit de la jalousie  d’Andros Almer. Alors que plusieurs de ses compagnons tentent de concevoir une dernière réalisation avant le moment ultime, Fastina et Clovis se réfugient dans une région isolée du monde pour y jouer à Roméo et Juliette:
      " Le temps passait et cela leur était égal. Un bonheur euphorique et un plaisir à se trouver ensemble les avaient saisis, bonheur qu’ils ne pouvaient ressentir que loin de la société. Ils vivaient un amour primitif, ils le savaient, qui ne se répéterait sans doute jamais. Ils désiraient le faire durer. S’ils n’avaient embarqué aucun moyen de mesurer le temps, ils avaient en revanche des vivres en quantité. Ils poursuivirent ainsi leur périple sur un océan d’huile, sans presque plus rien se dire, mais en souriant beaucoup, en riant parfois aussi, et en restant toujours l’un près de l’autre comme s’ils redoutaient, une fois séparés, de ne plus jamais se retrouver. "
      Le reste de la société se décompose rapidement. Un mystérieux groupe de destructeurs surnommés " la Confrérie de la Coulpe " incendie des demeures ou tue des êtres humains, actes incompréhensibles pour une société terrienne qui avait depuis longtemps abandonné toute agressivité. S’opposant à eux –mais dans une même perspective de sauvagerie - apparaissent les tenants d’un " ordre nouveau " avec à leur tête le " Guide suprême " Andros Almer. Jouant aux jeux du pouvoir, par le glaive et le mensonge, celui-ci élimine tous ses opposants, sabote tous les projets individuels, poursuit Clovis et Fastina de sa vindicte. Sans l’intervention du mystérieux Rafle aux pouvoirs surhumains qui met le couple en sûreté au sein d’une tour-maison,  il y serait parvenu.
      Clovis Marca et Fastina s’accommodent de cette situation de cloîtrés jusqu’à ce qu’un des sbires d’Andros les découvre. S’emparant de son aéronef, Marca poursuit Rafle en sa retraite au sein de la lune (tombée sur terre durant le Raid), en plein océan Pacifique. Là, au centre d’un village à l’architecture démente, il fera la connaissance d’êtres qui n’ont plus d’humains que le nom. Ce sont les anciens compagnons du savant Sharvis, dont fait partie Rafle. Orlando serait revenu de Titan avec la maîtrise de l’immortalité. En dépit du danger, Clovis souhaite rencontrer Sharvis pour lui demander de le transformer bien que  l’immortalité ne se donne pas sans contrepartie. Il n’est que de voir l’apparence de Sharvis :
      " Il s’attendait à voir un homme, mais c’est un monstre qui se présenta à ses yeux ; un monstre magnifique cependant. La tête d’Orlando Sharvis ressemblait à celle d’un serpent. Son long visage étroit était moucheté de rouge et de rose ; il avait des yeux à facettes comme une mouche, un nez camus et bien formé, et une bouche édentée aux lèvres rentrantes. Quant au corps, il n’avait rien de reptilien ; il était presque cubique et très massif. Jambes courtes et solides, bras et jambes, quand il les remuait, comme dépourvus de charpente osseuse. "
      Sharvis le rendra effectivement immortel mais dans un corps dénué à jamais d’émotions. A Fastina,  il donnera le pouvoir d’enfanter. Quant à Andros, qui les avait suivi en ces lieux dangereux, il lui procurera le pouvoir éternel mais sur l’obscurité, ayant fait se mouvoir la Terre de telle sorte que le royaume du dictateur se retrouvât dans les ténèbres définitives.
      " Les rives du crépuscule " est un livre étrange, exhalant des sentiments de tristesse, de désespoir et de mort, dans lequel des personnages jouent à des jeux vains et inutiles dans une ambiance de fin du monde. Le récit est à rapprocher de l’œuvre du même auteur, le cycle des " danseurs de la fin des temps. "

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