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  • L'agonie D'albion

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    Fiche du livre :

    Type : livre

    Auteur : Eugène DEMOLDER

    Parution : 1901

    Thème : guerre future 2


    Sur l'auteur :

    (1862-1919) Ecrivain belge d'expression française. Romancier, conteur et critique d'art. Après des études de Droit, il exerça au barreau de Bruxelles, puis devin juge de Paix. Homme érudit, conteur de talent, il fut membre de la revue "la Jeune Belgique" qui favorisa l'éveil d'une conscience nationale belge. Il mourut en France. A Bruxelles, une grande avenue porte son nom.


    Préambule :

    l’Agonie d’Albion par Eugène Demolder, Mercure de France éd., 1901, 1 vol. broché, grand in-12 ème, 130pp. couverture illustrée par « Monsieur Haringus ». roman d’expression française (Belgique)
    1 ère parution : 1901
    guerre future 2 (et rêvée)


    Synopsis :

    « Comment finit Albion ? Mais un jour Alphonse Allais qui folâtrait en Normandie, y lança une ficelle, attachée à la balle de sa carabine. La balle tomba dans le comté d’York. Alors Allais tira. Il annexa l’Angleterre à la Normandie. Heureux, il donna un morceau à la Belgique, pour y installer les journaux boerophiles. Il céda aussi une partie à la Hollande, à cause de la belle conduite de la petite reine. Mais les Hollandais pissèrent sur le fragment d’Albion pour lui faire reprendre le large. »
    Eugène Demolder se livre à une charge féroce contre l’Angleterre sous la forme d’un brûlot ayant les apparences d’Alice au pays des merveilles. Le docteur Haringus, hollandais de souche, explique en deux temps trois mouvements pourquoi l’Angleterre est détestable et l'ennemie du genre humain. Selon un rêve fait par le docteur Haringus lui-même, rêve qu’il note et complète dans un manuscrit de sa propre main, les Anglais seront foulés au pied. D’abord physiquement, car leur apparence est immonde et effroyable, celle des hommes comme celle des femmes :
    « Les Anglais ont inventé l’habit rigide, étroit, affirme-t-il, ils ont mis à la mode le vêtement protestant. Dans ces étuis, ils ont la dignité insolente, la réserve vaniteuse, la morgue imbécile. Et dire que jusqu’en France on a imité ces façons de parapluie serrés dans leurs fourreaux et ces manières qui vous engoncent dans les faux-cols comme en des viroles ! C’est ridicule ! Mais ces bougres ont mis une baguette en fer au cul des gens, et comme ils ont des dents carrées qu’ils n’osent montrer, ils ont banni le sourire ! »
    (…)
    « Voici ce que Taine, homme juste et modéré a écrit (j’ai appris ces phrases par cœur !) : Beaucoup sont de simples «babies », poupées de cire neuve, avec des yeux de verre, et qui semblent parfaitement vides de toute idée. D’autres figures ont rougi et tournent au bifteck cru ; il y a un fond de bêtise ou de brutalité dans ces chairs inertes, trop blanches ou trop rouges. Quelques-unes vont à l’extrême de la laideur et du grotesque, pattes de hérons, cous de cigognes et toujours la grande devanture de dents blanches, la mâchoire saillante du carnivore. »
    Leur caractère bas, fuyant, lâche, cauteleux, exacerbe la haine des autres peuples contre eux :
    «Devant le Grand-Hôtel surgit un incident. Un grand négociant de Bordeaux se trouvait au balcon. Il reconnut la Cour de Londres et se rappela que lors du voyage du président Krüger un Anglais avait jeté des sous à la foule. Assoiffé de vengeance, il fouilla dans sa poche, prit une poignée de pièces blanches, les lança aux landaus. Aussitôt les ministres et les généraux se précipitèrent sur l’aumône qu’on leur octroyait. Le négociant les vit ramasser jusqu’au dernier sou dans la boue de la chaussée. Cette besogne faite, ils levèrent la tête pour voir si la pluie bénie n’allait pas retomber : le Bordelais fermait la fenêtre ».
    Le ressort fondamental du pamphlet est concentré dans la lutte de conquête que poursuit l’Angleterre au Transvaal, contre les Boers. Dans son rêve, Haringus imagine les Boers  vainqueurs, étrillant les Britanniques et, plus loin, toujours sous l’apparence du symbole, la « visite » d’une soixantaine de Boers en Angleterre, accueillis par John Bull lui-même :
    « Quand les soixante Boers débarquèrent en Angleterre, John Bull vint les recevoir. Il était, comme d’habitude, vêtu d’une redingote qui serrait son gros ventre de buveur d’ale ; son nez rouge, éclairé par le gin comme une lanterne de «vélo» par l’acétylène, illuminait sa face carrée. Ses lèvres étaient lippues, ses dents féroces, des dents de requin,  son nez écrasé ainsi que par le poing d’un boxeur. Il portait un fusil en bandoulière, des bottes de gentleman farmer, et un peu de sang sur sa culotte en peau de daim. »
    Ils y font la connaissance du marasme culturel des insulaires, de l‘attitude inqualifiable adoptée par les politiciens même envers leurs propres concitoyens, enfin leur effroyable mauvais goût, surtout dans le cadre de « l’art culinaire » :
    «Des rôtis ! des bouillis ! Des légumes sans assaisonnements, comme pour les perroquets ! Sur tout ça ils vident des bouteilles d’épices, qu’on dirait préparées par les Borgia ; elles contiennent des emporte-gueule et l’on ne serait pas étonné de lire sur ces fioles : « Pour usage externe ! » Pouah ! Leurs gâteaux sont durs comme des vieux châteaux-forts ! Le pudding est à la graisse de boeuf ! Les vieilles filles l’inondent de rhum ! ».
    La médiocrité des généraux anglais, leur impuissance à combattre, à élaborer des plans de campagne et à vaincre les braves Transvaaliens, est en harmonie avec les maladies qu’ils traînent derrière eux. Comme des animaux vaniteux, ils s’élèvent les uns contre les autres :
    «Mais le Dindon s’empourprait de rage : son fanon s’allongeait blanchâtre et rouge sur son bec : les plumes de sa roue comme un ressort se levèrent sur son siège :
    -Quand vous étiez à Prétoria, lança-t-il au Renard, vos patrouilles dépouillées par les Boers, revenaient chaque jour à leur camp, nues et sans feuille de vigne !
    -Est-ce ma faute ! s’écria la renard dont la queue rousse de dressait de colère derrière son dos. Vous avez abruti ces hommes avant mon arrivée. Vous ne savez, Monsieur, distinguer l’arbre de la locomotive et avez fait décimer vos troupes par vos propres canons !
    La Hyène se tenait les côtes de rire. »
    Leur rapacité sans pareille est au niveau de leur dignité :
    « Plus loin se profila un être bizarre, long, maigre, raide, vêtu d’une robe qui paraissait d’un autre régime et coiffé d’une perruque rousse. On n’eût pu dire son sexe ; d’ailleurs aucun Boer n’eut envie de lever les jupes qui étaient pleines de boue, comme si l’apparition avait été trempée dans une mare aux canards.
    -Quel est cet animal ? demanda le field-cornet.
    John Bull se redressa fièrement :
    -Cet animal ?, dit-il
    -Oui, affirma le Boer
    -C’est la dignité anglaise, dit Bull.
    Les Boers pouffèrent de rire. L’un d’eux allongea sa botte au derrière crotté par les canards. »
    Même alliés aux pires des maux que peut drainer une situation malsaine, ils ne résistent pas longtemps devant l’audacieuse volonté de reconquête des Boers, succombant à la haine universelle qu’ils ont éveillée en Europe à leur encontre :
    « Les affreuses gothons surtout leur causaient beaucoup de mal : ils avaient grande peine à se défendre contre leurs étreintes pourries et les baisers purulents qu’elles cherchaient à poser sur les lèvres de Transvaaliens. Ils apprirent depuis que ces embrassantes adversaires étaient, costumés en soubrettes, le typhus du Cap, la peste des indes, le choléra du Caire : les alliés secrets des Anglais, arrivés à l’appel de John Bull. »
    « L’Agonie d’Albion » est d’une complexité double. De par son style soutenu, ses coq-à-l’âne constants, ses références culturelles (aujourd’hui ignorées ou connues des seuls spécialistes de l’histoire), il désoriente le lecteur moderne. La haine viscérale exhalée contre les Britanniques dont il compare les exactions envers les Boers à celles des Espagnols à l’égard des Hollandais au XVIème siècle, est étrangement maquillée par les symboles. Haringus (celui qui mange des harengs ?), John Bull (figure emblématique de l’Angleterre), l’appel à des entités animales (la hyène, le renard, etc.) ou diaboliques, pour incarner l’âme anglaise, tout cela explique – indépendamment d’un petit tirage – que cet opuscule soit tombé dans l’oubli. Pourtant, rien d’aussi féroce en si peu de pages n’avait été publié sur ce même thème, et même les quatre mille feuilles de vitupérations du capitaine Danrit paraissent bien légères en comparaison.


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