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Bienvenue dans la Base de Données des livres !

Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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Livres

  1. Type: livre Thème: péril jaune et guerre des races Auteur: Jean-André RICHARD DUPUY-FRANCK Parution: 1948
    Jacques Dussueil, le journaliste français et X-21 l'agent secret américain reprennent du service dans ce nouvel épisode de la série "Bob et Bobette". En Chine, se produisent des manifestations indéniables d'hostilité. Les véhicules à moteur cessent de fonctionner, des avions explosent en flammes, quelques nomades seront mystérieusement désintégrés au nord du lac "Lob-Nor", en Mongolie. Ceci est l'oeuvre d'un savant et chef mongol qui a développé une puissante société souterraine du crime dans la désert de Gobi, destinée à envahir sous peu le monde entier. Des ondes "infernales", paralysantes et désintégrantes, aux effets variés selon leur force, en constituent ses principales armes.
    X-21 et son ami, faits prisonniers dans leur avion abattu, sont acheminés vers le repaire du monstre à bord d'un de ses "tanks des sables". Le dictateur jaune, par vantardise, leur fait part de ses projets, leur montre toutes ses armes, puis les enferme avec d'autres prisonniers. L'évasion de nos deux héros ne surprendra personne. A bord d'un  tank des sables volé, isolés des ondes infernales, ils seront récupérés inconscients, mais en bonnes santé, par des méharistes. Rapportant leurs connaissances à John Spring, un savant américain, il détermineront par la méthode de triangulation,  l'emplacement d'un "relais" , une base avancée de l'organisation criminelle, sous terre, dans les Pyrénées françaises.
    Capturé à nouveau, Dussueil, cette fois-ci agira de l'intérieur, en concertation avec l'équipe d'appui française qui cerne la base. Celle-ci est investie et les responsables mis hors d'état de nuire.  Mais le dictateur jaune flaire la traîtrise et, augmentant le volume de ses ondes, fait exploser son relais français. Ce qu'il ne sait pas, c'est que, grâce à John Spring qui a mis au point un nouvel engin, ses ondes lui seront renvoyées en écho et mettront hors d'usage la gigantesque machine génératrice en Mongolie. Pour parachever le tout, une bombe atomique judicieusement placée annihilera définitivement le repaire au moment même où l'infâme personnage, tentant de fuir, sera abattu par l'avion de X-21.
    Un récit complet comme il y en eu tant après-guerre, qui mélange subtilement armes futuristes, dictateur fou et asiatique,  et efficacité occidentale,  en un dessin  moins caricatural que d'habitude.

  2. Type: livre Thème: Adam et Eve revisités, la cité foudroyée Auteur: Jean SUBERVILLE Parution: 1927
    Le récit s’ouvre sur la domination du monde par le bolchevisme. Paris en est devenue la capitale mondiale :
    « Par-dessus la ville immense, sur la colline ensoleillée, le temple de l’humanité qui n’est autre que l’ancien Sacré-Cœur de Montmartre, érigeait dans le ciel gris-bleu ses coupoles byzantines gris-blanc dont le faîte arborait, à la place de la croix abolie, les signes jumelés de la faucille et du marteau. »
    Elle a été vaincue après une résistance molle contre l’alliance honnie:
    « Les Germano-Russes investissent la capitale et la soumettent à un bombardement apocalyptique. Les socialistes ont compris ; ils passent le bouclier à leurs collègues communistes. Drapeau blanc. Armistice. Entrée dans Paris. Drapeau rouge. Alors, l’Arc de Triomphe et les Invalides, le Louvre et Notre-Dame, mille ans de notre histoire servent de cadre à ce spectacle : Attila qui passe, tandis que des politiciens courbent leurs tête chenue et leurs lauriers civiques sous sa botte, que des éphèbes asexués zézayent des dithyrambes aux naseaux de son pur sang dégoûté ; que des folles aux noms historiques jettent des fleurs à ses hordes, et que la foule en délire, le fameux  prolétariat, acclame ses bourreaux qui viennent le libérer. »
    Maintenant y siège Savourine, Petit Père des peuples, leader mondial, « Président du Conseil Central de l’Union Internationale des Républiques Socialistes et Fédérative des Soviets», avec son bras droit Armenof, juif rusé et roublard, chef de la police. La capitale de la France est dans un état lamentable :
    « On n’apercevait qu’une grisaille uniforme, trouée de vides noirs où gisaient des ruines définitives, et marquées de taches rougeâtres que faisaient les constructions soviétiques. L’aspect intérieur n’était pas moins lamentable. Depuis longtemps les ravaleurs ne rajeunissaient plus les façades lépreuses, et à jamais s’était endormie la vigilance urbaine qui maintenait la beauté des perspectives. La vieille cité, vouée à la décrépitude, attendait, elle aussi, de mourir.»
    Lorsque Savourine prend la parole c’est pour constater l’immense difficulté des Soviets d’éradiquer les pulsions naturelles de la vie, l’Ego de l’individu, toujours en embuscade. Bien que le Prolétariat ait partout étendu son empire, il semble être arrivé à une impasse, car il n’arrive pas à faire plier la Nature sous sa volonté. A cause de cela, dans son discours approuvé par tous les Bolcheviks orthodoxes, Savourine ordonne la mise en œuvre du « Grand Soir » qui aura lieu en septembre de l’an 2000 :
    « Ah ! s’il existe un dieu, qu’il soit maudit ! Qu’il soit maudit, ce méchant accoucheur d’un monde avorté !(…)
    Ah ! ce dieu pervers a bien enchaîné Prométhée, et son immortel vautour a dévoré notre cœur inépuisable ! mais Prométhée va mourir enfin ! Et, ramassant toutes les malédictions lancées depuis le commencement des siècles contre le tyran divin, nous lui cracherons à la face avec notre dernier souffle, en lui criant : « Vive ma mort ! Vive ma mort ». A ce mot, l’immense foule se leva et répondit en un écho formidable qui fit trembler le puissant édifice : «Vive ma mort ! »
    Il importera d’éradiquer la totalité de l’espèce humaine, de faire « sauter le monde » pour empêcher définitivement l’Ego individuel de saboter l’idéal communiste. Tout sera  mis en œuvre en ce but pour que, dans un délai d’un an, à l’heure prescrite, les cadres du Parti, après avoir piégé les différentes villes, bâillonné les opposants éventuels, détruits, brûlés, gazés tous les malheureux en désaccord avec leur grandiose projet, puissent provoquer la catastrophe finale.
    Ce discours fut suivi par une fête où apparut Nadia, la propre fille de Savourine, dans une danse païenne. La toute jeune fille subjuguera Claude Véron, un jeune ingénieur d’Occitanie, qui tombera éperdument amoureux de celle-ci, sentiment « bourgeois » par essence, et donc interdit.
    Son attitude attire l’attention d’un mystérieux personnage âgé, bibliothécaire de son état, prénommé Patrice,  qui promet de tout mettre en œuvre pour que Claude puisse rencontrer Nadia. Patrice, ancien   ami de Savourine,  est surtout le dernier prêtre en activité : il songe à faire fuir le couple hors de l’universel gâchis. Patrice fait admettre Claude au sein d’une sous-commission, présidée par Armenof, chargée de préparer la sape de la salle du Grand Conseil, lors de la destruction finale.
    A la  première rencontre entre les jeunes gens, Nadia, comme toute bolchevique sincère, s’offre à Claude, mais ce n’est pas ce que le jeune homme attend d’elle.  Partout dans le monde les opposants sont traqués et éliminés de toutes les façons possibles :
    « Quant aux récalcitrants qui tentaient de s’échapper dans cet effarant désert interdit, les équipes spéciales les tuaient comme des chiens, après les avoir soumis à des tortures variées, quand elles en avaient le temps. Chaque soir, du côté de Vincennes, le canon tonnait. La bombe éclatait, la mitrailleuse crépitait : c’étaient les condamnés qu’on expédiait par masses dans l’autre monde. On ne chômait pas non plus au Père-Lachaise. Dans une vaste cour rectangulaire, aux dalles humides, d’où montait une forte odeur de chlore, sous la surveillance des gardiens, la baïonnette au canon et le fusil chargé en bandoulière, opéraient des équipes de forçats incinérateurs, à demi-nus, hirsutes, ruisselants de sueur. Les lourds camions arrivaient à heure fixe, apportant leur cargaison funèbre. Deux hommes se hissaient dessus, piétinant les corps avec indifférence. Ils prenaient les cadavres, l’un par les pieds, l’autre par les épaules, et hop ! les balançaient par-dessus bord vers deux camarades qui les recevaient au hasard de la chute et les disposaient en tas.
    Souvent, le mort n’avait plus de tête, ou n’avait plus de jambes, ou se réduisait à un tronc affreusement mutilé. C’était alors, du camion à terre, une volée de tronçons humains ramassés et jetés à la fourche et à la pelle. Telle était la moisson bolchevique. (…)
    Au fond, occupant tout un côté de l’immense cour, étaient rangés les fours dont les gueules aux deux battants de fer, laissaient voir, quand elles s’ouvraient, des ventres de briques énormes et voûtés, où s’entrelaçaient et sifflaient les souples serpents des flammes.»
    Mais Armenof a peur : il ne veut pas mourir ! Il compte sur l’amour paternel de Savourine envers sa fille pour sauver sa propre peau. Pour cela, il importe de faire des avances à Nadia. Le dîner offert à Nadia par Armenof se passe mal : elle refuse les avances bestiales du juif renégat, se rendant enfin compte que son désir se porte sur Claude.
    A nouveau, Patrice arrange une deuxième rencontre entre les jeunes gens, lors d’une messe secrète qu’il célèbre en présence de rares fidèles anonymes par crainte des représailles. L’heure fatidique approche, durcit les attitudes. Armenof, qui a fait suivre Nadia, triomphe,  en s’emparant du couple et de Patrice.
    Il oblige Savourine, en réunion plénière, à condamner sa propre fille. Ce dernier cède à la contrainte mais promet de se venger. Quant à Claude et Patrice, ils seront emprisonnés. Le premier servira comme fossoyeur aux fours crématoires du Père-Lachaise, le second, pour qui Armenof a réinventé les « fillettes » de louis XI, dépérit, oscillant entre la vie et la mort, jusqu’à ce qu’un de ses fidèles le délivre.
    Le dernier jour de septembre s’annonce. A minuit, Savourine déclenchera l’apocalypse. Armenof fait enlever Nadia de son cachot pour s’envoler avec elle vers une retraite sûre, dans le sud de la France. Mais il avait oublié la haine de Savourine à son égard qui l’oblige, devant tous les cadres bolcheviks, à s’enfermer avec lui dans le poste de commandement – qui deviendra leur tombeau- sous la surveillance d’Oural, un prolétaire de base, mastodonte incorruptible et sans pitié, d’où ils devront présider à la mise à mort de l’espèce humaine.
    Nadia sera retrouvée par Claude, juste à temps délivré de sa géhenne par un Patrice moribond. Traversant Paris en feu, le jeune couple s’envolera à bord de l’avion d’Armenof au moment même où la capitale, comme de nombreuses autres villes, est foudroyée. Savourine et Armenof, ayant voulu reculer devant leurs responsabilités, se sont entretués et c’est Oural, le prolétaire, qui déclenchera l’apocalypse, en appuyant sur le bouton fatal :
    « Minuit. Le camarade Oural, au nom du prolétariat souverain, avait sans hésitation déclenché la fin du monde. Alors, ce fut inexprimable. Paris et la terre sautaient dans une cataracte ininterrompue de foudres et de tonnerres. Etouffant les longs ululement des foules épouvantées et le vacarme infernal des orchestres déchaînés jusqu’à la dernière minute de l’orgie ; bouleversant les ondes radiologiques qui continuaient à diffuser dans l’air, autour de la planète, le blasphème bolchevique ; éteignant toutes les lumières de son souffle monstrueux, la catastrophe éventrait la terre, balayait le sol, frappait le ciel.
    Les puissants édifices se soulevaient, se disloquaient et s’écroulaient comme de châteaux de cartes ; les hautes tours se rompaient comme des tiges d’avoine sèche ; les chaussées se fendaient et, béantes, vomissaient leurs égouts.
    Notre-Dame, le Trocadéro, le Panthéon, les Invalides, le Palais de Justice, le Temple de l’Humanité oscillaient sur leurs bases et s’éboulaient sur la ville avec un fracas effroyable. (…)
    Maintenant, la terre brûlait tout entière sous la torche des gigantesques volcans qui s’étaient ouverts à l’emplacement même des grandes cités. »
    Un pamphlet virulent du communisme totalitaire. Le récit, composé dans une vision chrétienne, expose, de manière quasi-prophétique, tous les crimes auxquels se livreront une dizaine d’années après la parution du roman, les dictatures européennes. L’aspect psychologique des personnages domine le rendu naturaliste de la catastrophe : un récit intéressant par ses outrances mêmes.

  3. Type: livre Thème: fins du monde, fins de l'humanité Auteur: Jean LEONARDI Parution: 1946
    Marius Petitpois, en ce dimanche de fin juillet, attablé à la terrasse d'un bistrot parisien, pense qu'il a eu tort de rompre avec la petite Denise. A cela s'ajoute le pur désespoir lorsqu'il entend une incroyable nouvelle à la radio. D'après le professeur Girmaldus, la Terre passera dans un zone de diminution de l'énergie cosmique fatale à la seule espèce humaine. L'unique moyen de surmonter l'épreuve est, en un moment précis pas plus long qu'un quart d'heure, de compenser le manque d'énergie par un acte sexuel orgasmique et partagé:
    "Après de délicates recherches, le professeur Grimaldus est parvenu à la certitude que l'être humain engendre du fluide cosmique (...) A l'occasion de l'accomplissement de l'acte sexuel, l'homme et la femme confondant leur polarité dans l'unité élémentaire  libèrent une forte quantité de fluide cosmique, quantité estimée suffisante pour assure la continuité de la vie du couple durant les quinze minutes au cours desquelles le fluide cosmique externe réduit ne permettra plus cette continuité."
    Dans quarante-huit heures il importe pour chaque mâle en état de procréer, de trouver une partenaire féminine pour assurer leur survie mutuelle. L'Etat, d'après ce qu'il entend encore, y pourvoira aussi, en simplifiant la procédure, en édictant lois, décrets et règlements qui lèveront tous les interdits régissant le code de la sexualité, le mariage ne sera plus un préalable. Le mal frappant dès l'âge de 13 ans, les mineurs n'auront plus à se justifier en ce domaine et pourront s'employer à sauver leur vie. Même les religions ôteront le carcan de la chasteté des prêtres et des religieuses. Les différentes associations se déchaînent. Les unes, les "Ligues pour l'Eugénisme" voient là un moyen d'accroître leur notoriété en accompagnant les pratiquants, leur prodiguant conseils et assistanat. Ainsipour la méthode William Taylor-Kinsley qui semble la plus appropriée pour vaincre la frigidité, obstacle mortel pour les malheureuses qui la subissent. Les autres, comme l'association "Ni Chien ni Femme", développent un programme de mise en garde contre le danger que constituerait l'événement pour un homme pris en otage ou domestiqué durant ce douloureux temps d'épreuve.
    Voilà Marius Petitpois bien embêté: il vient de rompre. Que faire, car il est vital de trouver une partenaire féminine à très court terme. Il songe  d'abord, bien qu'ayant délaissé Denise, à la lettre enflammée que celle-ci lui a écrite, lui jurant un amour éternel. Peut-être ne sera-t-il pas difficile de se rabibocher avec elle?  Hélas! cela ne se passe pas comme prévu. Durant son absence, Denise l'a déjà remplacé avec un gentil garçon qui a su pousser son avantage:
    "-Eh bien! Voilà. Un soir nous étions tous les deux enlacés dans la nuit sur notre banc, il fut plus entreprenant qu'à l'ordinaire, tellement qu'il insinua sa main dans ma culotte et que je n'arrivai plus à en déloger ses doigts turbulents. (...) Je me laissai faire, revivant les yeux clos et la bouche altérée nos belles heures à nous, mon pauvre Marius. Soudain, la sensation  devint douloureuse. Je réagis brusquement. "Ce n'est rien, fit-il j'essaie avec le pouce." Ah! tu parles d'un drôle de pouce alors! Mais il était trop tard."
    Dépité, Marius rentre chez lui pour se coucher... seul. Déjà l'ambiance des rues se transforme:
    "les voitures étaient rares. les passants plus nombreux, se révélaient tous désespérément du sexe masculin. Les uns, l'air absent, allaient, tels des automates, vers un impitoyable destin. Les autres au contraire paraissaient s'amuser au spectacle de la rue. Et leur allure dégagée, leur démarche assurée, tout révélait en eux des hommes sûrs de trouver au bout  de leur course la salutaire étreinte."
    Le lendemain, il rassembla ses souvenirs car il lui fallait absolument trouver sa moitié d'orange, puisqu'il y allait de sa vie. Alors il se souvint de Mado qui, jadis, n'avait pas été trop bégueule. Peut-être voudrait-elle bien coucher ave lui pour la bonne cause? Il alla la trouver. Mais celle-ci, désespérée elle-même parce que se sentant frigide,  et malgré toute sa bonne volonté , ne put le rassurer:
    "Dans un geste théâtral, Mado fit glisser sa robe d'intérieur et apparut aux yeux surpris de Petitpois entièrement nue. - Contemple-là, cette poitrine pour laquelle tout soutien-gorge est superflu. Remarque la fermeté du sein et comme  il est aérien le bouton discret qui en fleurit la pointe. Admire la ligne fuyante du ventre, l'épanouissement des hanches, ces cuisses au galbe harmonieux (...) Oui, tu vois, tout est parfait, tout, sauf ça. Les pieds maintenant sur le divan et les cuisses largement écartées, elle procédait à l'inventaire de son intimité la plus secrète. -C'est joli, pourtant, n'est ce pas, Marius? Regarde: on dirait une anémone de mer. C'est d'un rose changeant comme cette fleur sous-marine, et, comme elle, ça fuit sous les doigts lorsqu'on touche."
    En proie à une perplexité de plus en plus grande, Marius , dont les pas l'ont emmené à la mairie de son quartier, fait la rencontre inopinée d'un prêtre effaré qui a besoin de conseils en la matière. Se faisant passer pour un eugéniste, Marius promet de l'aider. En contrepartie, celui-ci lui demande de donner une conférence devant un parterre de jeunes filles, toutes faisant partie de "l'Oeuvre des Zélatrices de la Virginité triomphante". Les convaincre s'avèrera difficile, chacune ayant des griefs majeurs à exprimer à l'égard des hommes. Certaines racontent leur première expérience et les sentiments qui s'en sont suivis:
    "Alors, Mesdemoiselles, une chose effroyable survint. Un frémissement angoissé parcourut l'assistance. -Ce que j'avais considéré de prime abord comme un négligeable morceau de peau prit un subit développement qui révéla en quelques instants à mes yeux horrifiés un serpent en tout point semblable, je présume, à celui qui valut pour Eve le châtiment qui nous accable nous-mêmes encore. Quoiqu'on le contraignît de la main, il s'enflait de plus en plus à ma vue, me menaçant bientôt de son dard écarlate avec une si évidente malveillance que je pris soudain mes jambes à mon cou".
    Une autre sera encore plus précise:
    "Bientôt il (= son partenaire) se découragea. Me dévisageant alors avec insolence, il me lança simplement -Vous êtes plus froide que la Vénus de Milo. Je lui répondis, vexée: -Qu'en savez-vous? Comme toute honnête jeune fille, je tiens à ma virginité, ne vous en déplaise.  Cette phrase, dictée par un malheureux amour-propre devait décider de mon destin. Il retrouva enfin le sourire. -Je ne vous demande pas tant, fit-il. Puis, après un silence: -Vous avez bien une bouche? interrogea-t-il, railleur. Je m'étonnai d'une pareille question: -Oui, parbleu!. Il baissa brusquement son slip et, me désignant du doigt le jet de chair durcie qui venait de s'imposer à mon regard: -Ne vous effarouchez pas, chérie, me dit-il, et usez-en comme d'un sucre d'orge. Ah! mes chères demoiselles! inutile de vous décrire, je pense les angoisses que je connus soudain! Mais mon honneur était en jeu. Je m'exécutai donc, jurant à part moi, comme le corbeau de la fable, qu'on ne m'y prendrait plus. Et j'ai tenu parole."
    Voilà pourquoi le prêtre sera hué lorsqu'il lancera ses propositions, ces demoiselles le prenant pour un suppôt du diable. Nos deux compères, mélancoliques, partageront leur échec devant une excellente bouteille de Clos-Vougeot.
    Le délai se réduisant comme peau de chagrin, Marius apprit que la jeune femme d'un collègue de bureau, Casenave, avait aménagé dans l'appartement d'un ami commun qui, le hasard faisant bien les choses, était voisin de celui de Petitpois. Il se promit d'aller rendre visite à Christine Casenave car il savait son mari, Léon, absent. En rentrant chez lui, il prit connaissance des nouvelles qui n'étaient pas bonnes. La gendarmerie mettait en garde contre un association de malfaiteurs - toutes des femmes - dirigées par Yolande de la Péronnière, ancienne Vice-présidente des Enfants de Marie, qui enlevait à la chaîne des jeunes garçons. D'autre part, l'Etat promettait des funérailles nationales aux hommes restés seuls et morts dans leur désespoir. Enfin, la population américaine, viscéralement contre la gabegie sexuelle qui causerait d'après elle encore plus de désordres que l'événement lui-même, était sûre de régler le problème à coups de bombes atomiques qui ont, elles aussi, le pouvoir de relever le taux d'énergie.
    La rencontre avec Christine, dit Cricri, ne fut pas trop difficile, Marius la surprenant en pleine scène de masturbation. Elle lui avoua que son mari Léon, protestant bon teint, et quoique profondément aimable et moral, ne remplissait pourtant pas toutes ses obligations maritales. Après de nombreuses hésitations, interrogations, revirements et Marius mettant en scène toute sa stratégie de séduction, jouant tantôt l'ami protecteur, tantôt le remplaçant émérite, tantôt le sauveur qu'attendait Cricri, réussit à la convaincre de tourner un bout d'essai:
    "Maintenant elle participa au jeu. Marius s'immobilisa un instant. Maladroitement elle se substitua à lui. Alors, le jeune homme sentit sa conscience sombrer dans une brutale fureur. Il se mit à fouiller âprement cette chair qui souffrait sous lui. la sueur coulait. les  poitrines ronflaient. Les ventres se choquaient. Cricri lui disait des mots qui finissaient en plaintes. Ils s'écroulèrent bientôt, épuisés, l'esprit vide. (...) Pour lui, il resta un moment encore immobile, les yeux clos. Son coeur battait à grands coups. Il était sauvé."
    Il fit même si bien que Cricri tomba amoureuse de lui, envisageant parfaitement de partager sa vie entre deux hommes, l'amant séducteur et le gentil mari attentionné. Ce qui ne plut pas à Marius qui vit se profiler un avenir marital des plus sombres, maintenant qu'il était sauvé. Les cloches sonnaient à toutes les églises, les annonces tonitruantes à la radio affirmaient que, somme toute, le cataclysme avait fait peu de victimes,  hormis aux Etats-Unis:
    "On présume qu'une erreur dans les calculs du docteur Paterson a entraîné l'emploi d'un nombre de bombes atomiques supérieurs à celui que nécessitaient les événements. Ou bien que l'effet de ces bombes a été décuplé par le fait de l'affaiblissement de l'énergie cosmique. Quoiqu'il en soit, il semble bien qu'il n'existe plus du continent américain à l'heure actuelle que le Groenland. Il est impossible d'avoir des précisions à ce sujet car une violente tempête dont le centre se déplace vers l'Ouest et qui menace de désoler le Japon et l'Australie rend cette région du monde inaccessible."
    Marius Petitpois savait, dès cet instant, qu'il ne reverrai plus jamais Cricri.
    "Après Demain la fin du monde" est sans aucun doute un roman érotique. Joliment décoré avec des sanguines de nus, écrit en un niveau de langue soutenu et avec une retenue qui évite de tomber dans la pornographie, il se rapproche de la grande tradition des romans érotiques du XVIIIème siècle tels que "les Bijoux indiscrets" de Diderot ou "Manon Lescaut". Ce qui est étonnant (mais déjà vu notamment dans le roman de Bob Slavy "le Harem océanien") est l'association du cataclysme et du sexe, l'urgence de ce type de catastrophe donnant un argument solide au développement de scènes sensuelles. Bien que l'argument est destiné à rester marginal dans notre thématique, il n'en est pas moins intéressant.

  4. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: Jean KEROUAN Parution: 1927
    " Or, çà, mon ami, moi je m’appelle Khan Zagan. Je suis le roi de toute la terre. Les Blancs m’obéissent comme les Jaunes, parce que j’ai le moyen de détruire, s’il me plaît, toute cette création que tu admires. Ton Boudha s’est réincarné. Boudha, c’est moi en personne. Tu n’as pas à chercher bien loin. "
    Khan Zagan, le grand empereur jaune du Kara-Koroum, menace l’humanité. Si la terre ne se soumet pas à son pouvoir, il la dévastera à l’aide de sa comète téléguidée, la comète de Swanley. De son vrai nom Swen Tzuren, ancien préparateur du Dr. Granger, il a volé à celui-ci les plans de l’émetteur des rayons radio, capables de guider ou de repousser ladite comète, transformée ainsi en " piège à astres".
    Plongeant Granger dans un sommeil hypnotique à l’aide d’une drogue, la tricaïne, Khan Zagan enlève Pandita Fatil, une prêtresse de Boudha dont il est amoureux. Par ailleurs, il se sert de l’argent du milliardaire américain Griggson en vue de construire son appareil émetteur. Par l’entremise du cosaque Strigine, traître-né, l’armée privée mise sur pied par Griggson, passera en son pouvoir:
    " Il fallait se hâter. Le passage de la comète ayant lieu au printemps de 1928. Mais les subsides de M. Griggson aplanirent toutes les difficultés. Strigine, fourbe et traître de naissance, obtenait du milliardaire l’envoi d’une multitude d’appareils électriques, soi-disant pour parfaire l’équipement de la grande armée... En réalité, tout ce matériel constitua l’étrange usine du Kara-Koroum. Si bien que M. Griggson avait sans le savoir un droit de propriété sur le " Piège aux astres. "
    Devant l’imminence du danger, un groupe de jeunes gens, les frères Lacassagne, le détective Roger Dutreil, le pilote René Brion, ainsi que les filles de Granger et de Griggson, n’hésitent pas à s’investir dans la capture de Khan Zagan et dans le démantèlement de l’appareil émetteur.  Ceci se fera après moult et moult péripéties et avec l’aide d’un personnage hors du commun, le grand prêtre boudhiste Wang-Tsao, maître hypnotiseur, qui les tirera de plus d’un mauvais pas et qui subjuguera finalement Khan Zagan.
    La comète  percutera la Lune en la fertilisant et frôlera la terre sans lui causer de grands dommages (hormis quelques chutes de pierres sur la chaîne du Kara-Koroum et une grosse tempête en Atlantique):
    " La petite troupe n’était pas à une verste de la Sphère, quand arriva le cataclysme sidéral si remarquable à voir de Kara-Koroum. Sur la montagne, au-dessus de la brume, les observateurs auraient pu noter le rapprochement de la comète et de l’arc lunaire. Puis une brève occultation de l’astéroïde aux deux panaches. Enfin eut lieu cet événement unique dans l’histoire du système solaire, la chute d’un bolide monstrueux sur notre satellite. (...) Une pluie d’énormes pierres incandescentes rayait le ciel. Toute une avalanche de météores s’abattait sur les villes, dans les océans. Tandis que la lune semblait dévorée d’un incendie gigantesque. "
    Strigine disparaîtra, emporté dans l’espace avec l’ensemble des installations maléfiques. Le milliardaire américain, lui, fera toujours de bonnes affaires, et les frères Lacassagne finiront par déclarer leur flamme auprès des demoiselles Granger et Griggson.
    Un récit dans la veine de la littérature populaire, préalablement paru sous forme de fascicules ce qui explique, en partie, les nombreuses péripéties et les continuels retournements de situation. Le rythme est soutenu et le style parfois pauvre. La xénophobie et le racisme anti-jaune constants dénoncent le " péril jaune " comme la soif de domination du " savant fou ", là aussi dans l’esprit de l’époque. Le thème-catastrophe n’est manifestement qu’un prétexte, une sorte de motif narratif, qui permet de relancer l’intrigue. Un roman obsolète.

  5. Type: livre Thème: menaces climatiques Auteur: Jean DANGERY Parution: 1940
    Josette, sa petite chérie, rejoint Claude Rancy, son fiancé, qui travaille avec son futur beau-père M. Duclos, au Dahomey, dans une exploitation forestière. Elle est contente de se livrer au balancement du hamac porté par la petite troupe de nègres, libérée des harcèlements de l’odieux Wezner qui l’a poursuivie de ses assiduités tout au long du trajet. S’enfonçant dans la forêt équatoriale, avec ses charmes et ses dangers, le groupe ressent  un froid inhabituel qui tombe la nuit et se transforme en gel au petit matin. Que se passe-t-il donc ? Surtout que Josette, après avoir failli passer dans la gueule d’une panthère est enlevée mystérieusement. Claude, fou d’angoisse, s’acharne à la retrouver mais tombe sur une tribu hostile aux Blancs qu’elle rend responsables du froid subit. Fait prisonnier, Claude est destiné à finir sur un bûcher (les Blancs qui brûlent dégagent beaucoup de chaleur, c’est bien connu !) Sauvé in extremis par M. Duclos, averti par Josette qui a réussi à se libérer de ses agresseurs (dont l’horrible Wezner), le jeune homme ressuscite dans les bras de sa belle. Et le froid dans cette histoire, d’où provient-il ? En toute simplicité, d’une machine « électro-frigorifique basée sur la force des marées » , inventé par deux ingénieux ingénieurs anglais Smiththaw et Blackfair, destinée à abaisser la température de certains climats tropicaux qu’ils estimaient trop élevée, en projetant des « ondes réfrigérantes » à très grande distance. Pas de chance pour eux cependant,  parce qu’ils furent massacrés par la tribu mentionnée ci-dessus  et leur appareil réduit en pièces. Ce qui fait dire à M. Duclos :
    « Ils ont révolutionné… mais pas ce qu’ils croyaient ! Ce qu’ils ont mis sens dessus dessous, ce sont les pauvres Noirs, transis, grelottants, rendus malades et furieux par ce froid du diable ! Et ils ont failli provoquer des catastrophes ! Soulèvement, incendies !... Heureusement le cauchemar est terminé à présent, puisque la maudite machine est détruite et tarie la source du froid ! Pour une fois les sorciers ont raison de prétendre que les inventions des Blancs sont des inventions maléfiques. »
    Une histoire d’aventures exotiques sur laquelle se greffe un élément cataclysmique. Pas de quoi provoquer le grand frisson !

  6. Type: livre Thème: fins du monde, fins de l'humanité Auteur: Jean BARDIOT Parution: 1956
    Le récit s’ouvre sur un réquisitoire contre tout ce qui était vivant. Dans le domaine social, l’homme, hypocrite et menteur, impose un progrès débilitant. Aujourd’hui, la nature est vide de l’homme :
    « L’homme s’était évanoui mais l’énorme machinerie terrestre fonctionnait avec la même automaticité qu’au temps où il y avait des faneuses en juin et des laboureurs en novembre. Les étés flambaient sur les sommets sans arbres et sans fleurs. Les mers les plus belles, animées par le rythme amoureux des marées, fouaillées par les vingt-quatre vents antiques, tordues par les colères des équinoxes hurlaient, glapissaient comme de vieilles folles. Les tempêtes de neige encapuchonnaient les Alpes inutiles. »
    En réalité, ce monde devait mourir. Car la bête l’avait emporté sur l’homme qui a inventé la corruption, la passion imbécile du bruit, l’érotisme vide, l’inceste et la zoophilie. Socialement, le type humain était décadent, ce qui a précipité le mouvement :
    « Un magistrat aussi vertueux n’eut certes point commis l’erreur de saluer ce grand poète de l’autre siècle qui sentait la punaise le pipi et l’absinthe. Il avait eu le tort de naître à une époque où le sodomite n’était qu’un asocial aux mœurs unanimement décriées. Depuis, des rois, des maréchaux, de hauts dignitaires avaient contribué activement ou passivement à la promotion étonnante du philopède. Le septième cercle de l’Enfer était devenu un salon immense peuplé de gens de bien. »
    Avec le règne des psychotechniciens, les hommes se sont rangés en classes sociales distinctes. Au bas de l’échelle, se situent les « zobréros », la valetaille des vaincus, les prolétaires qui pourrissent dans des conditions révoltantes, canalisés par la religion. Les patrons sont soutenus par les «bocadors », conférenciers charismatiques à leur dévotion , dont l’image est véhiculée à travers des médias manipulés. L’amour du sang, dont la chasse est un reflet, prouve que les Dieux sont à l’image de l’homme, rendant toute religion inutile, y compris le christianisme.
    Le pouvoir, en ce monde futur de 2050, est détenu par six dictateurs, purs produits de la méchanceté et décadence de l’époque, qui s’appellent eux-mêmes les « homotimes » . Ce sont des vieillards qui vivent en un château isolé, dans la sierra de Los Lobos :
    « L’ascension des six sages à la magistrature suprême était sanctionnée automatiquement par l’abandon de tous leurs biens au profit de la communauté. Mais chacun d’eux savait que trois mois après son élection il se retrouverait à la tête d’une fortune dont il ne jouirait d’ailleurs pas. Galbo était d’une cruauté néronnienne, Néra pédéraste, Latek gâteux, Elba ivrogne, Shobim hystérique et Agman, le doyen, sinueux comme un membre d’archevêque. »
    Détenant un pouvoir sans limites, ils exercent une effrayante répression sur une masse amorphe et coupable. Sous les oripeaux d’une pseudo-démocratie, la terre s’étant mise en république mondiale, ils suivent une Constitution soi-disant originale, en fait « un démarquage d’anciennes Constitutions en pire ». Ils dressent un constat cynique de l’état du monde. Bien que les guerres entres races s’étaient toutes éteintes puisqu’il n’y avait plus que des métis, les millions d’assassinats particuliers qui se déroulaient sur terre, ne suffisaient pas à enrayer la progression du mal. L’amollissement dû au confort moderne avait bloqué toute initiative :
    « Une multitude de petites trouvailles domestiques, ingénieuses ou farfelues, transforme la vie du civilisé en un paradis (…). Nous ne nous apercevons pas que cette civilisation nous asservit à la chaussette inusable et à la chemise-qu’on-ne-repasse-pas. C’est une civilisation de paresseux. (…) Elle fait de nous les esclaves satisfaits du confort, de la mayonnaise préfabriquée et du spaghetti-minute. »
    La civilisation n’est donc plus qu’un mot, l’humanité un échec et l’homme une faillite. La dégénérescence collective repose sur celle de l’individu. Des mâles dévirilisés,  asexués répandent une androgynie inacceptable :
    « Les grands géniteurs n’existent plus. J’ai cherché en Russie et en Afrique des boxeurs poids lourds. Il ne reste plus que des mouches. Il y a deux siècles on trouvait encore des piliers de rugby velus comme des orangs. C’étaient de magnifiques animaux. Aujourd’hui nos athlètes n’ont pas plus de poils que des filles. »
    La mémoire culturelle des siècles passées sera, elle aussi, annihilée par des invasions plus que probables :
    « Permettrez-vous que des millions de nichilodos à peau blanche, noire ou safranée, campent victorieux et saouls, au cœur de Rome ou de Paris ? Voulez-vous voir dans les Champs- Elysées, les feuilles de marronniers palpiter sous les millions de poux apportés par les vainqueurs ? »
    Se sachant aussi misérables et méprisables que leurs concitoyens, les six Sages prendront la décision d’anéantir l’humanité, de vider la terre de la présence humaine, en agissant de manière concertée et rationnelle, chacun d’entre eux devant s’occuper d’un secteur spécialisé. Lorsqu'ils auront réussi dans leur entreprise, mais seulement à ce moment-là, ils font le serment de se suicider pour clore définitivement le programme.
    Des armes à virus , forgées en des usines souterraines, seront lancées sur tous les pays du monde, en commençant par les villages, en une répétition générale, suivies par les îles afin d’isoler les continents. Elle seront suivies par des armes de destruction massive, champ de prédilection de l’un des Six :
    « Il devint lyrique lorsqu’il étudia les possibilités miraculeuses de ses derniers engins. Ils pulvérisaient le granit. Ils faisaient fondre l’acier même lorsqu’il était noyé dans le béton. Ils le sentaient. Ils le détectaient. Ils avaient la haine du métal. Les bombes s’attaquaient sans hésitation aux ponts, aux viaducs, aux canalisations, aux rails, à tout ce qui était métal, de la grue géante à l’évier, de l’automotrice à la cuiller à pot. »
    Avant cela, il importe de détruire toute trace des œuvres humaines, surtout les plus belles. C’est Agman, le chef des Six et le plus pervers, qui aura pour tâche de parfaire cette importante mission. Il fera convoyer en avion, de partout dans les monde, les œuvres picturales les plus célèbres , toutes celles qui donnèrent de la société une idée trop favorable, pour les livrer avec délectation aux flammes :
    « Il frissonna en voyant le beau ventre de Bethsabée se gonfler comme un pet-de-nonne avant d’éclater sous la morsure du feu. (…) Il voulait voir…oui… il voulait voir craquer les cuisses de l’Olympia et suivre sur le visage de la belle Zélie le cheminement des flammes à l’assaut des accroche-cœur du front. Mais il se promettait bien, cette fois, de procéder avec une lenteur gourmande. »
    Cette destruction précéda de peu des troubles sociaux de plus en plus importants, que l’on suscita en de nombreux pays. Avec l’émergence dans les peuples d’une mystique de la destruction, puisque la fin du monde aurait été prédite et que l’on devait suivre la volonté de Dieu, des déplacements de masse jetèrent sur les routes des millions de pèlerins voués à la mort, que précédaient des prophètes, ce qui simplifia la tâche des Six, qui aidèrent, comme il se doit les malheureux dans leur quête :
    « Une heure ou deux avant l’aube, alors que la flamme des cierges devenait plus pâle, des rockets passaient et repassaient silencieusement à cent mètres puis à vingt au-dessus des champs bossués par les corps. En quelques minutes tout était consommé. »
    Par moments, les « Sanguinaires » s’étonnèrent de la facilité de leur entreprise. Aucune opposition ne s’était dressée contre eux, ce qu’ils auraient presque souhaité. Ils mirent cette passivité sur le compte de la déchéance humaine :
    « Devaient-ils abandonner l’espoir de voir se dresser contre eux un révolutionnaire… un vrai…un Spartacus…un Savonarole… un Ferrer… un de ces conducteurs de peuples qui apparaissent brusquement aux époques où la foule hurle à la mort. Hélas ! les trublions nobles, les mendiants de la liberté s’étaient en quelques siècles, mués en esclaves, des esclaves gras et satisfaits. »
    Les éradications en masse, les suicides collectifs prenaient encore trop de temps. Il fallait accélérer le processus si l’on voulait terminer dans un délai raisonnable. Alors, ils firent édifier des usines cyclopéennes où l’on fabriquait à la chaîne des engins de mort sans pilote, lâchés immédiatement au-dessus des grandes villes, Rome, Londres ou Paris :
    « Larguée de vingt mille mètres de hauteur à la verticale de Notre-Dame, la bombe stoppa aussitôt tous les gestes de la vie à l’intérieur d’un cercle parfait de 20 kilomètres de diamètre. On eût dit qu’une épidémie foudroyante de paralysie avait fondu sur la ville et les départements voisins. Tous les êtres vivants avaient été surpris dans l’attitude même qui était la leur à 16h 36 ce jour-là. (…)  Les vitres des maisons n’avaient pas bougé, mais les habitants, victimes d’une affection cardiaque collective, s’étaient immobilisés, celui-ci au volant de son camion, cet autre le nez sur sa chope, dans la banalité des gestes quotidiens.
    Quinze jours après, atteints à leur tour par la lente pourriture de la pierre et de l’acier, toutes les maisons, tous les palais de Paris tombaient en poussière. »
    On aida, dans les villes restantes, la lie du monde à s’exprimer :
    « La cruauté avait ses artistes. Ils sculptaient les oreilles ou les nez à coups de couteau ou s’acharnaient sur les jeunes seins qu’ils coupaient comme des grape-fruits. Les plus ignobles avaient trouvé un jeu de mardi-gras qui amusait les autres. Ils se faisaient des moustaches brunes, blondes ou rousses avec le pubis des filles.»
    Tous ceux qui désiraient encore respirer, tous ceux qui avaient assez de conscience personnelle ou un instinct de survie exacerbé, qui se réfugiaient dans des cavernes, des abris, des caves, des retraites blotties au fond des bois, furent traqués par des armées spécialisées et renvoyés au néant, jusqu’à l’expiration des derniers humains libres.
    Puis, ils s’attaquèrent aux animaux, ce qui fut plus facile, afin d’éviter que la vie vers l’évolution ne reprenne un mauvais chemin. Ils empoisonnèrent l’atmosphère du monde entier avec des poisons volatils et indétectables, utilisant les vents comme vecteurs de mort. Légitimement satisfaits de leur entreprise, les Six, lors de la dernière séance du Conseil, firent inscrire dans le marbre le beau souvenir de ce jour béni où une Terre vierge, débarrassée de la vie qui la polluait, pourrait poursuivre sa route inutile pour l’éternité. Enfin, ils se firent trancher la gorge par de jeunes aides, lesquels, à l’instar des serviteurs des pharaons d’antan, moururent, mécaniquement enfermés avec leurs maîtres. L’humanité était morte.
    Un texte difficilement soutenable mais indéniablement original. L’auteur s’est lancé à cœur joie dans le dérèglement moral, appuyant le sadisme et le cynisme de ses remarques sur le rejet des valeurs humanistes. Un texte foncièrement réactionnaire, qui stigmatise le progrès et toutes les valeurs positives, telles que la bonté, l’amour, la création, la fraternité, ne retenant de l’homme que sa partie animale, avec une préférence pour les dérèglements sexuels, en utilisant, au plan formel, la métaphore globalisatrice de «la fin du monde ».
    Au plan du fond, le style maniéré, amphigourique, poseur, qui emploie des termes depuis longtemps disparus de la langue – scions, priola, foal, nichilidos, jambot, frairie – prouve la recherche permanente d'une pose de l'auteur dans l’atteinte d’un « statut littéraire ».

  7. Type: livre Thème: pollution généralisée, menaces idéologiques Auteur: Jacques STOLL Parution: 1979
    Conte écologique moderne, l’auteur nous présente sans fioritures l’édifiante histoire d’une ville au bord du Rhin envahie par une pourriture blanche d’origine industrielle.
    Les comités de défense, les associations, les médias qui essayèrent d’en connaître un peu plus long au sujet de cette mystérieuse poussière furent tous muselés. La poussière s’accumulait au fil des jours, se déposant dans les habitations, sur les meubles et les objets sans qu’un danger autre ait pu être détecté, ce qui confortait les autorités sur l’innocuité de l’événement.
    Pourtant, lorsque des riverains inquiets voulurent quitter la zone, ils virent avec stupéfaction que leur quartier avait été bouclé par la police avec l’assentiment de la municipalité. La préfecture maintint cette disposition de sécurité, détournant l’attention des gens sur d’autres points, tels que le chômage ou la croissance économique en baisse.
    Le quartier, soumis à ce blocus changea d’aspect, devint misérable et les manifestations qui suivirent, furent réprimées à la matraque. Les habitants survivant  grâce aux rations alimentaires généreusement distribuées par les autorités,  devinrent de plus en plus passifs jusqu’au jour où l’on découvrit  les restes de deux époux, «des formes blanchâtres, côte à côte, sur le lit conjugal. »
    Une relation, pas si fictive que cela, d’une menace écologique majeure minimisée, puis étouffée par les autorités. Souvenons-nous que le nuage de Tchernobyl s’est arrêté à la frontière allemande et franco-suissse…

  8. Type: livre Thème: guerre des sexes, matriarcat, péril jaune et guerre des races Auteur: Jacques CONSTANT Parution: 1910
    Jean Decorail, un jeune homme pauvre et mignon, est sauvé par Andrée Ravière et son amie Raymonde, à bord de leur petit avion personnel atterrissant à cause d’une panne mineure. Pris à bord, réconforté, puis emmené dans l’appartement d’Andrée, Jean deviendra l’observateur privilégié des mœurs de cette nouvelle société bâtie par les femmes qui se sont emparées du pouvoir politique lors de la Révolution de 1950 :
    « On n’ignorait pas que maintenant les femmes étaient électrices et éligibles, qu’elles avaient accès à la plupart des fonctions publiques, mais on en riait sans deviner la révolution économique qui s’élaborait. Il est vrai qu’elle s’accomplissait petit à petit, sans à-coups brusques. Et tandis que la nationalisation du sol et l’établissement des monopoles d’Etat avait déchaîné la guerre civile, le règne féministe s’établissait solidement au milieu de l’indifférence générale. »
    Il rencontrera les responsables féminins qui détiennent les postes-clé. Andrée, aux multiples compétences, parlant six langues, députée, adjointe de la grosse et redoutable Mme Milner, patronne du puissant trust des métaux, sera troublée par Jean. Elle lui permettra de vivre  chez elle au «Splendide Hôtel » pour qu’il se refasse une santé. L’hôtel abrite beaucoup d’autres femmes de premier plan qui toutes se connaissent. Mme Aïdos, par exemple, la directrice de la banque franco-bulgare qui travaille en étroite collaboration avec Mme Milner ; la doctoresse Kibieff ou Jane Symian, la poétesse droguée à l’opium, dont l’usage est licite. En face, le panthéon des hommes, voués aux fonctions secondaires, puisque la république des femmes – idéal utopique des féministes au XIXème siècle - les a asservis et dévirilisés. Ils servent comme agents de liaison ou … étalons pour des dames trop prises par leur travail :
    «Je m’étais laissé dire que ces messieurs des « Maisons closes » en (=«dragées d’Hercule», sorte de Viagra) faisaient journellement usage pour être toujours prêts ! -Jamais de la vie ! (…) On obtient leur virtuosité exceptionnelle grâce à une sévère sélection des mâles, à de très courtes périodes de service suivies de longs farnientes à la campagne, enfin à une hygiène sévère et à une nourriture choisie. Malgré ces précautions d’ailleurs, la plupart de ces pauvres diables n’atteignent pas la quarantaine… »
    Il s’est donc développé un harem d’hommes entretenus, êtres ambigus, dont l’homosexualité s’affiche ouvertement, occupés uniquement à séduire, à se disputer ou à discuter de frivolités :
    « Les hommes, eux, ont endossé l’habit de soirée qui, par un caprice de la changeante mode, copie les costumes chatoyants du XVIIème siècle : pourpoint de soie céladon ou rose, hauts de chausse de satin blanc bordés d’argent ou formant des nœuds, bas de soie, souliers à ponts-levis, canne à rapière, rabat de mousseline bordée de guipure, vaste feutre gris à plumes blanches. »
    Fêtes somptueuses, habillements baroques, stupre, relations sexuelles éphémères, argent facile, défilent devant les yeux de Jean que sa condition provinciale et son état de pauvreté ont protégé jusque là.Très vite, il sera entouré d’un groupe «d’amis », tels que Pierre levée, Roger lemire, Xaintraille ou Luis Diego dit «Louisette», qui se chargeront de le déniaiser:
    «Des hommes en cheveux longs, en grands chapeaux empanachés, en costumes tapageurs, déambulaient à pas lents, le poing gauche à la hanche, la main droite sur une haute canne à pomme d’or. D’un sourire lascif ils aguichaient les femmes aux terrasses des cafés et d’autres, indifférents, adressaient leurs œillades aux deux sexes, car jamais l’homosexualité n’avait fleuri aussi abondamment. »
    Par eux il connaîtra les hauts lieux du Paris «branché» comme le « Cathleya-bar », lieu des rendez-vous interlopes, ou les fêtes décadentes chez Mme Milner, sans que cela aide à le convaincre de céder à Andrée à l’égard de laquelle pourtant il nourrit un tendre sentiment.Les hommes, « les vrais» sont, soit employés à des travaux de force dans les mines ou l’industrie,  et laissés incultes, soit se retrouvent au sein de minuscules groupes d’opposition conservateurs siégeant au Parlement. Le Dr. Lorris est l’un de ceux-ci, qui analyse le marasme économique, l’instabilité internationale et l’affairisme d’état comme amplifiés par le pouvoir féminin lequel a joint aux travers des hommes la volonté de revanche des femmes :
    « Puisque grâce à nos discussions, à notre fatigue, disons le mot, à notre veulerie, vous êtes arrivées au pouvoir, vous auriez dû en profiter pour mettre en pratique vos idées, vos théories, votre idéal. Or, qu’avez-vous fait depuis 1972, date des premières élections qui assurèrent la majorité féministe? Rien que pervertir les syndicats ouvriers et les trusts patronaux qui forment le collège électoral. (…) Quand vous voudrez, je vous prouverai que vous vous êtes contentées d’être nos pâles imitatrices. Vous n’avez rien inventé, rien démoli, rien innové ; vous avez rendu vôtres, en les tournant à votre profit, nos lois, notre organisation, notre société telle qu’elle est sortie de la révolution de 1950, parce que vous n’avez pas d’idées originales, pas de théories neuves, pas d’idéal personnel. (…)Allons, il fallait avoir le courage d’avouer la vérité, si peu séduisante qu’elle fût ; les femmes avaient su accroître la misère sociale et l’inégalité. A la dureté masculine, elles avaient substitué un égoïsme plus féroce, une injustice plus criante. L’homme était impitoyable et brutal, la femme était complètement amorale. Son désir exaspéré de paraître, d’éclabousser, de triompher, effaçait chez elle tout autre sentiment, détruisait toute bonne volonté»
    Car la situation intérieure et extérieure de la France est inquiétante. Le racisme sordide introduit de solides clivages dans cette société féminine supposée unie :
    «C’est encore Peau de goudron qui fait des siennes. Cheveux crépus, nez épaté où par la pensée on suspendait un large anneau d’or, lèvres proéminentes, celle qu’on avait baptisé de ce surnom était un remarquable échantillon de la race nègre. Son goût pour les chemisettes claires et les cravates aux couleurs éclatantes joint à une compréhension lente l’exposaient aux farces, quelquefois méchantes, de ses collègues. Elle souffrait d’autant plus d’être leur risée que son orgueil l’empêchait de reconnaître son infériorité intellectelle. Quand Irma lui affirmait « qu’une blanche vaut deux noires », elle discutait âprement et au bout d’un quart d’heure s’apercevait enfin qu’on se moquait d’elle. »
    Les syndicats féministes avec à leur tête Irma Bozérias sont relayés au Parlement par une passionaria, Mme Launey, présidente du groupe des «Bellamistes». Elle dénonce les tripotages électoraux, le détournement des biens publics, les lois sur la propriété d ‘Etat en annonçant une grève dure que devra briser Mme Blanzy la présidente de la république , soutenue par les trusts des métaux, notamment celui de Mme Milner qui signe un traité d’approvisionnement d’armes avec les …Chinois, espérant relancer par là le travail et casser la grève :
    « Le Japon au commencement du siècle, la Chine un peu plus tard avaient prouvé à la vieille Europe que sa supériorité économique n’était qu’un mot. L’émancipation sanglante de l’Indo-Chine et de l’Inde où les jaunes levant le masque avaient audacieusement mis en vigueur la doctrine de Sen-Chou-Chian, «l’Asie aux Asiatiques», avait porté le dernier coup au prestige de la race blanche. Les petits hommes aux yeux bridés s’étaient réveillés soudain de leur nirvana séculaire. Guéris de l’opiomanie qui les engourdissait, galvanisés par la volonté d’empereurs énergiques, ils s’affirmaient les maîtres de l’heure et la guerre sino-australienne n’était qu’une des phases tragiques de ce duel des deux races. »
    Elle charge son adjointe Andrée Ravière, torturée par des scrupules de conscience, de se charger de cette délicate négociation. Les terrains étatisés, l’interdiction de leur transmission par héritage, l’Etat propriétaire de tous les logements fournissent à une nomenklatura féminine d’apparatchiks (es) la possibilité de se goinfrer, au propre comme au figuré. Le Dr. Lorris est conscient que la race blanche se suicide, non seulement à cause d’une politique insensée mais surtout par le fait de deux fléaux conjugués qui amplifient le désastre : l’abandon du rôle de mère par les femmes et le refus de faire des enfants. Elles les confient à des «Maternités nationales», sortes d’orphelinats d’état où , en grandissant, ils apprennent la haine et l’amertume de la solitude. Comme les multiples fonctions des femmes ne leur permettent plus de consacrer du temps à engendrer, elles se livrent au plaisir sans arrière-pensée en absorbant des abortifs ou en se faisant stériliser. Jean, en compagnie des «ruffians » est soigné, pomponné, poudré, prêt à un emploi qu’il condamne au grand malheur d’Andrée :
    « La toilette du jeune ruffian était terminée. Après l’avoir massé, épilé, la doctoresse avait examiné la denture, mesuré la sensibilité des réflexes, présidé au nettoyage de la chevelure. Elle n’avait pas volé ses deux louis quotidiens. »
    Il voudrait vivre de sa plume en composant des poésies. Aidé par la jeune femme, une relation de Mme Herbert, il rencontre la Directrice du journal « l’Universel » qui lui fait abandonner de suite ses illusions :
    « Elle expliqua que les vers étaient une très belle monnaie ancienne qui n’avait plus cours. Quant à la prose, elle comportait deux catégories : celle dont la publication était payée par l’auteur et celle dont la publicité rémunérait tous les frais. Tel roman célébrait l’efficacité des pilules Finck ou de la pâte dentifrice Luna, tel conte vantait les charmes des randonnées accomplies à l’aide des avions Bérault. L’habileté consistait à tourner la réclame de telle façon que le lecteur fût dupe et n’aperçût pas le bout de l’oreille. »
    Profitant d’un voyage d’affaires de sa protectrice, Jean s’écarte d’Andrée, veut disparaître de sa vie. Il pense se réfugier chez un homme marié, son vieil ami Victor où il expérimente le drame de la sujétion masculine :
    « Mon pauvre Jean, voilà le seul moment de la journée où je suis tranquille. D’ailleurs ce n’est pas encore terminé. Avant de me mettre au lit, il faudra que je cire les chaussures de la mère et des enfants. Et demain comme chaque jour, je serai le premier levé. Je dois m’occuper de Tutur et d’Euphrasie qui vont à l’école, les laver, les habiller, préparer leur petit déjeuner. Dès qu’ils sont partis, je songe au chocolat de ma femme. Ah ! quelle existence!-De galérien, appuya Jean. Je ne la supporterais certainement pas. »
    Ce qu’il voit l’horrifie à tel point qu’il échouera dans la rue, avec les clochards. Andrée, de retour de son voyage, est désespérée. Elle aime réellement Jean qu’un sordide fait divers lui permettra de retrouver. «Louisette», pour un collier de perles, a assassiné son vieil ami Roger Lemire et s’apprêtait avec deux comparses à cambrioler l’appartement de Mme Milner. Les policières arrêteront à temps les suspects et, effectuant une rafle dans les environs,  elles prendront par hasard Jean dans leur nasse qui sera reconnu et sauvé par Andrée. Alors que l’Australie tombe définitivement dans les griffes de l’empire jaune qui étend sa domination sur le monde occidental, Jean et Andrée reviennent de voyage de noce. Enceinte, elle a démissionné de sa fonction, heureuse enfin de s’affirmer pleinement femme, au grand effroi de son ami Raymonde :
    « Elle en souffre, elle aussi, de s’être façonné comme ses contemporaines une âme masculine, d’avoir étudié la métaphysique et la physiologie, d’avoir plongé dans le gouffre glacé du raisonnement où l’on ne trouve en fin de compte que la négation, où l’on erre entre ces deux pôles contradictoires : la matière qui est peut-être aussi de l’esprit, l’esprit qui est sans doute de la matière !
    Ah ! comme elle les envie, les grand’mères futiles, préoccupées de la coupe d’une robe,  de la couleur d’une écharpe, de la forme d’un chapeau ou simplement absorbées par les soucis du pot-au-feu quotidien ! »
    «Le Triomphe des Suffragettes» reste un livre d’actualité avec des accents et des préoccupations contemporaines. Se situant dans la vieille lignée du thème du « matriarcat » et du « féminisme », Jacques Constant, endossant les oripeaux de l‘utopie socialisante pousse la simulation jusqu’à la charge pour constater – mais n’est-ce pas encore un fantasme mâle -  que des femmes au pouvoir agiraient encore plus mal que des hommes. Non seulement elles n’élimineraient pas la guerre, dont les féministes trouvent l’origine dans « la politique du mâle », mais n’en finiraient plus avec des jeux de pouvoirs exacerbés par leur nature féminine. Un brûlot féroce, parfois jusqu’à la caricature, mais une description minutieuse et des intuitions justes, font de ce roman un travail d’entomologiste éclairant les rapport entre les sexes. A méditer, même aujourd’hui !

  9. Type: livre Thème: épidémies Auteur: Jacques AGOP-ABRI Parution: 1968
    «Les recherches et la fabrication des armes bactériologiques sont actuellement peu coûteuses. De plus, un conflit biologique laisse l’espoir à l’agresseur d’entrer en possession de territoires intacts. Jusqu’à ce qu’une nouvelle course aux armements rende cette forme de lutte aussi coûteuses que la guerre conventionnelle ou nucléaire, on est en droit de craindre qu’une nation ait envie de tenter une expérience qu’elle croirait profitable.
    Mais il y a plus grave. La majorité des scientifiques redoute une réaction en chaîne apocalyptique. L’équilibre biologique terrestre est fragile et nul n’est capable de prévoir les conséquences qu’aurait la disparition dans la nature de milliards et de milliards de bactéries, de virus, de rickettsies fabriqués en masse. La disparition de toutes formes de vie à la surface du globe pourrait être provoquée par une guerre bactériologique… »
    C’est en ces termes alléchants que s’ouvre le roman. Ce sont aussi les seules pistes cataclysmiques de l’ouvrage. Le reste est confié à Michel Launère, le héros, physicien de son état, travaillant à la fois dans le groupe de Pugwash (association de savants) et pour la DST.
    Le professeur Orlando Faggianni , lors d’une conférence, aurait dû faire une intervention sensationnelle, fournissant la preuve qu’il a trouvé le vecteur microbien pour disséminer des virus létaux à grande échelle, dans le cas d’une guerre bactériologique. Or, il a disparu avec ses documents. Launère, un instant contrarié par l’explosion de sa voiture, qui le rend indisponible pour quelques temps, se met en chasse. Aidé par Andréi Mikalovitch, le Russe, qui joue double jeu et contre les Américains, talonné par ses adversaires de la C.I.A., Launère défait lentement l’écheveau des pistes pour localiser Faggianni, en résidence chez un ami de ce dernier à Naples.
    Echappant à plusieurs coups tordus, s’appuyant sur la maîtresse de Fagianni, une richissime artiste-peintre (bien sympathique au demeurant), Launère arrive trop tard au but : Faggianni a été tué par accident dans un engagement provoqué par les hommes de main de la C.I.A. Est-ce à dire que tout est perdu ? Oh, que non pas ! Car le professeur avait eu l’idée lumineuse de dissimuler ses formules sous la forme d’un tableau abstrait peint par lui et glissé parmi ceux de sa maîtresse. Notre savant agent secret récupère le tableau, photographie les formules, brûle le tableau, fait parvenir l’information à la DST, dame le pion aux Américains, fait la nique aux Russes… et profite d’un repos bien mérité avec l’ex-maîtresse de Faggiani. Mission remplie !
    Un ouvrage marginal dans notre domaine qui ne vaut que par l’argument de la guerre bactériologique, roman d’espionnage à la phrase minimale, comme il y en eut tant dans les années soixante, et sans grand intérêt pour un lecteur assoiffé de conjectures.

  10. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: Jacky FAUVEL Parution: 1956
    " -Ainsi, père, la nuit, il y a beaucoup d’étoiles dans le ciel ? -Beaucoup d’étoiles, oui… La lune est tantôt ronde, et tantôt, elle ressemble à un arc fin qui se cambrerait…
    Les nuits sont belles, là-haut, mon enfant… - Et les forêts… Je n’ai jamais vu d’arbres… Et la mer !… Oh, papa, quand remonterons-nous à la surface de la terre ? -  Bientôt, mon petit… Quand la guerre sera finie. "
    Parce que la guerre atomique fait rage au-dessus d’eux, les peuples vivaient sous la terre, dans de grandes cités. Réduits à deux blocs antagonistes, depuis trente ans, les hommes s’arrosent avec des bombes. Parfois une accalmie de quelques années permet à la nature de reconquérir le terrain perdu, comme en ces ruines fleuries qui avaient été la cité de Paris :
    "A l’emplacement des villes, il n’existait plus que de gigantesques monticules recouverts de végétation…
    Une verdure folle, presque monstrueuse, avait recouvert les ruines des immeubles, des monuments, des avenues, de tout ce que la civilisation des hommes avait patiemment édifié au cours des siècles. Plus de ponts en travers des fleuves, plus de champs cultivés et de vignes suspendues au flanc des coteaux. C’était une terre de Préhistoire (…) Toutes sortes d’animaux animaient la surface de cette Europe rendue à la vie primitive… "
    Vania, la fille du professeur Merklin, sera enlevée par Patrick, un jeune officier, espion et traître à sa patrie. Prétextant être amoureux de Vania, il l’entraîne vers la Seine, où l’attend un sous-marin de poche. Elle servira d’otage car le professeur Merklin met la dernière touche à sa "fusée-vrille asphyxiante", arme secrète qui devrait définitivement assurer la suprématie des troglodytes. L’arme mise au point est lancée. Contrairement aux prévisions, les ennemis ne meurent pas mais sont uniquement endormis, le temps pour Merklin de retrouver sa fille.
    La guerre enfin terminée,  tous sont heureux de pouvoir ressortir sans crainte à l’air libre. Pour que jamais plus un tel processus ne s’enclenche, Merklin réunit l’ensemble du corps des savants et, à leur insu, leur fait absorber une drogue qui leur enlève la mémoire. Une solution radicale pour arrêter la marche néfaste de la science !
    Du pittoresque, des  descriptions convaincantes, des tueries, des ruines, une situation originale. En faut-il davantage pour captiver le jeune lecteur de ces fascicules populaires ?