Bienvenue dans la Base de Données des livres !
Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
Livres
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Aéropolis représente la société du futur de l’auteur (1908) où l’aéroplane a triomphé dans les modes de déplacement. La conjecture, avec humour et ironie, extrapole à partir de concepts tels que ceux de « taxi aérien », « d’embouteillage du ciel », résoud des problèmes d’ordre technique, discute de la pertinence des termes "aviateurs " ou "aéromanes", envisage «un ciel tellement encombré qu’il occulte le soleil».
C’est à partir du chapitre 44 et jusqu’à la fin du roman que tout se complique. Un matin notre " sporstman " surpris est réveillé par un Japonais très très poli, le commandant Fidé-Yosi-Ten-Woo. Il lui annonce que l’invasion jaune tant redoutée par les Occidentaux s’est faite durant la nuit, que les aéroplanes du Pays Levant se sont abattus sur l’Europe comme un vol de sauterelles. Tout résistance ayant été annihilée, le seul choix laissé aux Blancs est de "se suicider " ou "d’être suicidé " car les Japonais sont si nombreux et ils une telle envie d’espace vital! Malgré l’insistance du commandant notre sporstman ne s’en laisse pas compter. Il applique à l’exécuteur venu le suicider un vigoureux "uppercut" qui le laisse "knock-out". Derechef, il suscite l’admiration du commandant jaune à cause de sa technique de combat. Non seulement on l’épargnera, non seulement il sera chargé d’inculquer le noble art à des guerriers jaunes désireux de s’instruire, non seulement il ceindra la tenue de samouraï, mais encore, soumis à un strict programme d’eugénisme, ses gènes devront fertiliser la race conquérante par un mariage imposé.
" Car selon les dispositions de notre ministre de l’Avenir et du Travail (…) nous devons faire quartier à quelques spécimens exceptionnels de la race blanche lorsqu’ils se seront signalés à notre attention par un témoignage remarquable de vigueur physique et de santé. De même que nous allons emprunter à votre civilisation ce qu’elle a d’utilement applicable à la nôtre, de même entendons-nous réserver quelques étalons occidentaux pour opérer des greffes sur notre arbre généalogique. "
Le héros se plie aux exigences du vainqueur, surtout que sa future épouse étant sotte comme toutes les Japonaises, ne le dérangera pas puisqu’elle est juste capable de s’occuper de futilités de l’avis même de Fidé-Yosi-Ten-Wou :
"- Elle a l’air très intelligent, n’est ce pas ? me dit Fidé-Yosi. - Elle est exquise ! dis-je - Eh bien ! que cela ne vous effraie pas -, reprend le commandant qui suit son idée. Elle a l’air très intelligente, mais elle est stupide. "
Finalement le héros blanc s’accommode assez bien de la dictature jaune, y trouvant même quelques plaisirs lorsqu’il aura admis que toute velléité de conspiration s’avère inutile.
Une charge appuyée et parfois lourde contre la menace du péril jaune, crainte récurrente au début du XXème siècle. Texte rejoignant cette catégorie si abondamment illustrée par le Commandant Danrit (l’Invasion jaune) ou Jules Lermina (la Bataille de Strasbourg)
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Le professeur Paul Lefort accompagne son ami le richissime et jeune savant Roger Livry, dit « l’Homme de l’apocalypse», dans son odyssée infernale. En ami intime de ce dernier, le narrateur se demande comment empêcher Roger de sombrer dans la folie destructrice. Réel schizophrène, le savant oscille sans cesse entre l’amour et la destruction du monde. Il donne la première preuve de sa puissance à Paul en sa propriété de Fontenoy. Grâce à sa découverte de «l’acide Oméga» auquel il ajoute des particules de radium, la mixture, convenablement disposée à l’air libre, possède la propriété d’abaisser rapidement la température de l‘atmosphère terrestre vers le zéro absolu en quelques mois, vouant à la mort certaine toute forme de vie :
« Etant donné les surfaces d’acide radifère que j’emploierai, six mois suffiront pour abaisser la température du globe à 150 degrés au-dessous de zéro. J’estime qu’aucun organisme vivant ne pourra résister à un pareil climat. D’autre part, la surprise aura été trop brusque pour qu’on arrive à s’organiser contre un froid semblable. Tout calorique, toute protection fournis par les habitations actuelle deviennent illusoires. D’ailleurs comment mangerait-on ? Plus d’animaux de boucherie, plus de végétaux comestibles, plus d’eaux courantes. Tout mouvement impossible ! »
Roger, bien que n’étant pas foncièrement mauvais, est ce que l’on appellerait aujourd’hui un être « borderline ». Timide et amoureux transi, il attend un signe de la part de la jeune Hélène de Thiérard-Leroy, fille d’un astronome célèbre. Il suit les déplacement de son aimée à la trace, avec son ami sur ses talons, sans jamais oser se déclarer à elle.Bientôt il apprendra que son ancien employé, un dénommé Jobert, lui a dérobé de sa mixture et surtout du radium, exigeant d’utiliser l’invention de Roger pour son propre compte. Le voyou exerce un chantage odieux sur ce dernier et, pour prouver toute sa noirceur, provoque un tremblement de terre en Algérie, en utilisant une autre propriété de l’acide Oméga.
L’astronome Thiérard-Leroy emmène sa fille à Biskra, en Algérie, pour faire profiter cette plante gracile d’un bon soleil, car la pauvrette est malade des poumons. Roger et Paul les suivent, feront enfin connaissance avec Hélène. Roger sera accepté par elle. Fou de joie, il ne pense plus à détruire le monde. De fait son génie se fait à nouveau sentir positivement puisqu’il donne un sérieux coup de main à l’intrépide aviateur Guy Mayrol pour l’aider à stabiliser son «alérion» (planeur).
Le destin (et l’auteur) décide de couper court au bonheur du savant : Hélène meurt précocement, foudroyée par la tuberculose. Roger, tellement affecté qu’il en devient définitivement fou, bascule du côté obscur de la force. Non seulement il reprend contact avec Jobert pour en faire son associé, mais il s’acoquine aussi avec un sinistre milliardaire américain, à tête de mort, amoureux d’oiseaux exotiques détestant l’humanité, le sieur Barnett, alcoolique, qui le soutiendra de toute sa fortune. A eux trois, ils espèrent éradiquer toute vie sur terre, au grand désespoir de Paul, témoin muet et navré.
Ils disparaissent dans la nature pour mettre leur projet à exécution. Tandis que la température fraîchit singulièrement en ces mois d’été, Paul, secondé par Etienne Tourte, un sympathique petit apprenti, alerté, par l’entremise de Thiérard-Leroy, le ministre de l’intérieur français, M. Luissant. Celui-ci, convaincu, fait donner la police et l’armée pour rechercher le savant fou. Les indices le signalent dans la région pyrénéenne, plus précisément dans la Tour de l’Osset, un château vertigineux, forteresse imprenable située au sommet d’une aiguille rocheuse :
« Aux époques éruptives, ce jet granitique avait traversé les sédiments calcaires déjà formés, et crevé à l’extérieur pour constituer le sommet du mont. C’était sur cette aiguille de roche dure que les fransiscains avaient construit les bâtiments de leur monastère, prélévant les matériaux sur le granit lui-même, en gens pour lesquels le temps et la peine ne comptent pas. Le couvent avait donc été conçu comme une forteresse : il était destiné d‘ailleurs à briser l’assaut des Sarrasins. Il formait un ensemble de constructions massives, entourées d’un mur épais de quinze pieds. Des portes en chêne bordées de fer, des grilles énormes commandaient l’entrée des quartiers divers ménagés entre les cours intérieures. Pour être maître de l’ensemble, des assiégeants étaient donc tenus d’enlever successivement ces véritables réduits. »
A l’aide de l’acide Oméga les criminels ont coupé toutes les voies d’accès à leur repaire et aplani le terrain autour du nid d’aigle.Toute action semble donc être vouée à l’échec, même le déplacement de troupes déployées par le général Hochtheim alentour. Les aéroplanes aussi, chargés de lancer des bombes sur l’objectif, explosent avant qu’ils ne puissent atteindre leur cible, ainsi que toutes les réserves de munition stockées au sol : encore un effet inattendu de l’acide Oméga!
Pourtant le danger devient pressant, la température de plus en plus basse, a déjà provoqué quelques morts par le froid en France :
«L’action de l’acide Oméga s’exerce de proche en proche sur les molécules de vapeur d’eau. Très vite, l’évaporation des océans sera annihilée. Chaque jour, s’élargira donc la faille par où s’échappera la vie du Monde ! D’abord les eaux se congèleront puis, les montagnes de glace formées par les mers se déverseront sur les continents. Mais bien avant, tout mouvement se trouvera suspendu ; les maisons, les stocks de combustibles seront très vite impuissants à défendre les hommes contre la morsure du gel. Les animaux périront les premiers, puis les plantes. Plus d’eau potable, plus de vivres ! le sol durci par la gelée se refusera même à recevoir les corps de ceux qui succomberont d’abord. Les autres suivront de très près ! »
Paul a une dernière idée : pourquoi ne pas se servir de l’alérion piloté par Guy Mayrol pour le déposer, lui, dans la cour du château ? Il saurait bien faire plier son ancien ami Roger ! Un vol de reconnaissance de Mayrol, qui a accepté la dangereuse mission, montre que seul quelqu’un d’un poids minime pourra réussir à se laisser tomber dans la tanière des monstres :
«Eclairé par la lumière blafarde des projecteurs électriques, le sommet de granit se découpe sur le ciel, immense tour noire au couronnement bizarre, formé par le roc qui avance en pointe et par la silhouette des toits, des clochetons et de tourelles du couvent des Franciscains. (…) En bas, tout autour, des lueurs glauques, inquiétantes, se montrent à fleur de sol, comme pour défendre l’approche de ce lieu d’épouvante et de mystère : ce sont les eaux gelées des bas-fonds dont la surface s’irise sous la caresse des rayons lunaires.»
Aussitôt Etienne Tourte se présente se disant prêt à convaincre les bandits. Paul accepte mais le voit partir avec effroi. Lui et le général Hochtheim observent, effondrés, les conséquences de l’intervention : des coups de feu suivis par la chute de Paul Livry du haut de son château. Une lettre posthume du savant fou explique comment, secoué par la mort d’Etienne, abattu froidement par Jobert, il s’est débarrassé de ses deux complices, neutralisant les cuves d’Acide pour se donner la mort en se jetant dans le vide.
Le colonel Royet, dont nous connaissons la prédilection pour les ouvrages de guerre conjecturale (voir la « Guerre est déclarée »), signe ici un authentique récit de savant fou où les personnages d’une pièce, représentatifs d’un récit à caractère populaire, manifestent des émotions paroxystiques. Les retournements de situation, les comportements immoraux ou cyniques dressent un tableau caricatural ou édifiant de la nature humaine, selon le cas. Enfin, la fin du monde par le froid scientifiquement provoquée est une trouvaille dans le cadre de la conjecture rationnelle du début de siècle.
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A Comme Alone - Par BenF
Pépé est un « Alone » :
« -Ben, tu vois, je suis un Alone, un mec qui ne se joint à aucun groupe, jamais ; un mec qui pense pouvoir se défendre tout seul en cas de besoin. Les Rasses, les Fanars, et les groupes militaires en particulier, n’apprécient guère les Alones, et c’est réciproque. »
Il se fera surprendre par des « Fanars » (Fanatiques Religieux) qui l’entraînent dans leur repaire où ils adorent la « Vierge évanescente », un gadget vidéo qui les fait croire au surnaturel. Leur chef décide de mettre Pépé à mort comme la jeune fille déjà précédemment capturée. Le héros tue « Dents pourries » (c’est le nom du chef) à l’aide de ses armes de jet, délivre la jeune fille, échappe aux Fanars pour prendre la direction de l’Ouest. Comme c’est déjà le début de la saison froide, ils se décident pour la région de Rennes où Pépé se rappelle d’un refuge acceptable qui leur permettrait de passer l’hiver dans le confort.
Le voyage est animé car il leur faut éviter les « Rasses » cannibales et, arrivés en vue du refuge, ils auront la désagréable surprise de le voir occupé par un autre Alone. Celui-ci, blessé, n’offre aucune résistance. Prénommé Gaby, il se rendait en la ville de Rennes lorsqu’il fut attaqué par une meute de renards, ce qui l’a obligé à se mettre en sûreté. Les deux solitaires fraternisent. Pépé décide d’accompagner Gaby dans sa quête malgré le danger représenté par les «Nadrones », robots programmés de la dernière guerre, qui ont exterminé les humains :
« Les villes, c’est franchement le coin à éviter, si l’on tient un minimum à sa vie. Plein de trucs pourris, en ville. Des tonnes de squelettes, bien sûr, animaux et (…) humains, sans compter ces fichus Nadrones, invisibles et dévastateurs. Les Nadrones, ce sont les restes de la civilisation, le truc peut-être responsable de la destruction du monde. »
En route, ils en profitent pour arracher une autre jeune fille, Flo, des griffes d’autres Rasses, avant qu’il ne soit trop tard pour elle :
« Aucune pitié n’habite ces hommes. Chacun à leur tour, ils dégainent un long couteau incurvé et tranchent la gorge des femmes (…) moi, ça me donne envie de dégobiller. Surtout quand je vois les types découper la chair meurtrie d’une brune, comme de la simple viande de boucherie. Pour eux, ça va être le festin. »
En ville, La végétation envahissante domine les bâtiments :
« Yep. On y était, en effet. Les premiers immeubles effondrés sont apparus, certains déjà enrobés de plantes grimpantes, et les toits crevés par le faîte d’arbres anormalement grands. Mutations. Ca commençait bien. Déjà, sur le chemin, on avait parfois rencontré des plantes bizarres, comme un bulbe plutôt balèze aux branches terminées par des sortes de clochettes rouge sang, graisseuses… »
Nulle trace visible de Nadrones, mais des carcasses de voitures qui semblent animées d’une vie propre. Ces «Voitortues » les obligent à se réfugier dans les tunnels du métro où les attendent les rats et les chauve-souris. Chacun décide de partir de son côté, pour se diriger vers le centre ville, place Hoche. En émergeant sur la place, Pépé a la surprise de sa vie : au bord d’un grand échiquier se tient un être immense, noir et télépathe. Capturant ses victimes par «induction spirituelle », il domine leur temps subjectif, leur faisant se confondre fantasmes et réalités. Il propose une partie d’échecs à Pépé, jeu qui ne peut aboutir qu’à la mort. Le jeune homme doit vaincre les fantômes de sa mémoire. Case après case, il se souvient de sa rencontre avec Grise, une jeune femme qui lui avait tout appris, dont il était tombé amoureux jadis et qui est morte par sa faute ; mais est-elle vraiment morte ? Cette question, il la résoudra ultérieurement, l’urgence consistant à éliminer le mutant noir. Ce qui fut fait car Pépé est un très bon lanceur de couteaux.
Sans désemparer, ils ressortent de la ville. Pépé, s’apercevant que Flo et Gaby forment à présent un couple, prend la décision de retourner dans le sud, dans la région de la Creuse, où avait disparu Grise. La quête vers son passé l’entraîne à Sète, près d’un village fortifié, repaire du «Seigneur Argento ». Par Nicolas le Géant, le portier qui deviendra ultérieurement son ami, Pépé est amené devant Argento et, ô surprise, devant Grise, une Grise vieillie, aux yeux vides, manifestement sous l’emprise psychologique du tyran.
Pépé décide de reprendre son bien et d’abattre Argento. Une entreprise périlleuse, l’arme secrète d’Argento, avec laquelle il lave le cerveau de ses sujets, étant un couple de mutants semi-humains, semi-végétaux, à la puissance psy irrésistible. L’adjoint d’Argento, un autre Alone, redoutable lui aussi, perce à jour ses intentions et le livre aux mutants.Mais notre héros est d’une trempe supérieure : simulant la sujétion, il attend le moment favorable pour passer à l’action avec l’aide de Nicolas le Géant. Argento se réveillera, la gorge tranchée par Pépé :
« Cette femme m’a élevée. Cette femme m’a tout appris, et elle compte bien plus pour moi que la prunelle de mes yeux. Mourir pour elle est un acte insignifiant. Et toi, Argento, tu y as touché, tu me l’as enlevée, tu as fait d’elle un morceau de viande sans cervelle. Domaine sacré, mon pote. Ta propre Mère sacrée n’avait pas prévu ce scénario, hein?(…)
Qui plus est, une vermine comme toi, ça me dégoûte. Profiter de pauvres hères comme tu oses le faire ici est un acte inqualifiable.
J’ai craché par terre, j’ai raffermi ma prise sur le manche de mon couteau.
-Bonne nuit, Argento. Bonne nuit éternelle. Elle est bien méritée. »
En compagnie de Grise, toujours passive et absente, Pépé disparaîtra dans la nature. Deux mois plus tard, dégagée enfin de sa camisole psychique, Grise retrouve la mémoire et reconnaît Pépé avec une joie sans mélange. Alors le couple rejoindra Gaby et Flo.
« A comme Alone » est un roman d’action se situant dans le décor d’une France ravagée par le cataclysme. C’est aussi et surtout un hommage à Julia Verlanger du cycle de «l’Autoroute sauvage », hommage tellement puissant qu’il se démarque à peine du plagiat. Qu’importe ! faute avouée est à moitié pardonnée, et la lecture du roman, aidée par un style fluide, fait passer un agréable moment. Que demander de plus ?
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En 1948, Londres est un immense brasier. Hitler, avant de perdre la guerre, a expédié sur la capitale de l’Angleterre quantité de V2 bourrés d’un gaz empoisonné et de microbes, ce qui a déclenché une épidémie foudroyante par corruption du sang : la « Peste Sanguine » . Hoke, un ancien pilote américain volontaire dans la R.A.F. parcourt cet univers urbain délabré :
«Nous passâmes devant des immeubles détruits, certains par les bombardements de la Luftwaffe, d’autres plus tard, lorsque les canalisations de gaz avaient explosé, à cause d’une cigarette, d’un court-circuit ou d’une bougie, bref toutes sortes d’accidents domestiques provoqués par les victimes de la Peste Ecarlate Lente quand ils succombaient subitement. Les dommages infligés à la ville n’étaient pas terminés, d’ailleurs. Des canalisations de gaz continuaient d’exploser, des conduites d’eau de se briser, et des bâtiments frappés par les bombes de s’écrouler bien après la fin du Blitz. Londres était un endroit dangereux, même sans cette armée de barjots qui sillonnait les rues. »
Il est l’un des rares rescapés grâce à son sang de groupe AB. Pourchassé par les « Chemises Noires », les derniers nazis anglais sous la direction de Hubble, bras droit de Morlay, un leader fanatique, il a, pour leur échapper à coup sûr, constitué des planques disséminées un peu partout dans la ville morte. Les Chemises Noires sont elles aussi atteintes par le fléau mais meurent plus lentement, en pourrissant sur pied. Hubble est persuadé qu’en capturant Hoke, il parviendrait à survivre par une exsanguino-transfusion :
« Les victimes de la Peste Sanguine, appelée aussi Peste Ecarlate, ou Pandémie par les plus littéraires, n’avaient pas eu le temps de comprendre ce qui arrivait à leur corps. Leurs artères s’étaient soudain gonflées avant de se rigidifier sous la peau ; leurs mains avaient noirci, les extrémités des doigts s’étaient gorgées de sang tandis que les veinules éclataient. Le liquide vital s’était mis à couler de tous les orifices corporels, des oreilles, des yeux, des narines, de la bouche, du sexe, de l’anus, puis des pores de la peau.
Ils ne s’étaient pas rendus compte que les artères principales coagulaient tandis que les organes principaux, engorgés, cessaient de fonctionner et qu’une hémorragie instantanée les envahissait. Leur poitrine avait été broyée dans l’étau d’une effroyable souffrance, jusqu’à ce que leur peau se fendille et que tout organe vital cesse de fonctionner. »
Pour corser le tout, la ville est régulièrement survolée par un aviateur allemand fou qui la bombarde au hasard. Quant au reste de l’Europe, l’on ne sait ce qui s’est passé mais l’on suppose que la Peste Sanguine a étendu partout son action.
Hoke est repéré dans l’une de ses planques et doit la vie sauve à Cissie, Muriel et Stern, trois personnes valides qui passaient par là. Poursuivis eux aussi par les Chemises Noires, ils manquent d’être capturés dans les couloirs du métro londonien transformé en nécropole. Finalement, ils prennent leurs quartiers au Savoy, le grand hôtel international pour élite, lui aussi rempli de cadavres ou décomposés ou momifiés :
«J’avais nettoyé la rue. C’était le dernier cadavre. Tous les autres étaient hors de vue, à l’intérieur des bâtisses. Comme on dit : loin des yeux, loin du cœur. Mais c’était faux. Je les voyais encore en pensée, avachis dans leurs fauteuils, écroulés sur les tables, recroquevillés sur le sol. Desséchés, des coquilles vides aussi légères qu’une plume, des silhouettes de poussière. Pour moi ils peuplaient toujours les magasins, les restaurants, les bureaux, les usines, les habitations, les stations de métro, les véhicules… La liste n’avait pas de fin. Et je ne pouvais les apercevoir tous. »
Leur repos sera de courte durée : trahis par Muriel pour des raisons idéologiques, Hoke et son petit groupe est capturé et immédiatement apprêté pour la transfusion, lors d’une séance dans le plus pur style d’un opéra wagnérien. Par une ironie du sort, le bombardier fou, apercevant de la lumière, prend le Savoy pour cible ce qui permettra à Hoke et consorts de se libérer. Re-poursuite. Finalement, ils aboutissent dans une autre planque, une maison du quartier de Pettycoat Lane. Stern, ayant été touché par les Chemises Noires, meurt. Hoke se retrouve avec Cissie alors que les chemises Noires, remis en piste grâce à Cagney, le chien ami de Hoke, les menacent à nouveau. Cette fois-ci, Hoke décide de faire place nette. Profitant du fait que les Chemises Noires sont occupées avec d’autres captifs sains dans leur repère de la tour de Londres (avec Muriel a qui la trahison n’a pas profité), le héros, armé jusqu’aux dents, les fait sortir de leur cache, les attire sur le pont de Londres dont il fait exploser le tablier, manquant de justesse d’y rester lui aussi. Les Chemises Noires définitivement rayées du monde, après un dernier adieu à la ville sous la forme d’un immense brasier funéraire qu’il allume dans le stade de Wimbledon, Hoke, Cissie et quelques-uns des nouveaux rescapés quittent la cité meurtrie à la recherche d’un endroit et d’une autre société à reconstruire.
Un récit curieux, efficace, irritant. Curieux, car c’est l’une des rares uchronies post-cataclysmiques que nous ayons rencontrées. (Si Hitler avait déclenché une épidémie pour rayer l’Europe de la carte du monde, cela se serait su !) Efficace, car la poursuite, la description de l’enfer urbain livré aux cadavres est d’un réalisme fort. Irritant, car l’action est inconsistante, Hoke étant convié, durant 368 pages, à une partie de cache-cache avec les Chemises Noires. Au final, un roman lisible mais qui manque littéralement de « sens », mise à part la critique lourdement appuyée d’un nazisme « vampire du reste du monde ».
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2 Morts... 20 Milliards - Par BenF
Pascalon et le Boazec, inspecteurs à la P.J., enquêtent à Saint-Germain-Lembron (Auvergne) au sujet d’une mystérieuse affaire : dans un camion de transfert de fonds un chargement de deux milliards de francs en billets se serait volatilisé sans que les scellés apposés n’aient été défaits. Interrogeant habilement la faune locale, il ne leur faut pas très longtemps pour remonter la piste, surtout après l’assassinat d’un jeune homme, François Vaillard, qui semblerait lié au vol.
Le pivot de l’affaire est Germain Scouarlez, le roi des chiffonniers, apparemment riche, mais en réalité ruiné. Celui-ci ayant eu vent récemment du «rayon Epsilon», découverte faite par son frère, le savant Aristide dont François était l’étudiant, il assassine le second comme il s’était débarrassé du premier. Il désire frénétiquement s’approprier le " rayon Epsilon " produit par une machinerie complexe, qui possède une propriété unique, celle de détruire totalement tout support lié à la cellulose.
En l’enclenchant à bon escient, Germain espère se délivrer de tous soucis : plus de traites imprudemment signées, plus de lettres de change, plus de reconnaissances de dettes à l’égard de son deuxième frère, Paul-Emile, qu’il hait mais dont il se rapproche, l’associant à ses affaires défaillantes pour se renflouer. Il envisage même de sacrifier sa fille unique, Florette, par un mariage non voulu qui l’unirait à Georges Miolis, apparenté à Paul-Emile.
C’était sans compter sur la perspicacité des deux inspecteurs. Ils débrouillent l’affaire, arrêtent Germain au péril de leur vie, avertissent Paul-Emile de la culpabilité de son frère, récupèrent la machine génératrice du rayon Epsilon. Mais déjà il est trop tard.
Germain a vendu l’invention à une mystérieuse association anarchiste, la P.O.L.M. (la Paix ou la Mort) qui déclenche le fatal rayonnement sur la totalité du monde libre afin d’y imposer son ordre. Tout papier, toute cellulose disparaît de la surface du globe. Le Bozec et Pascalon se promènent dans un Paris soumis au désordre. Partout la chienlit, des émeutes, des scènes de pillage, des suicides, partout la paralysie de toute activité économique, la disparition de toute forme de bureaucratie, la chute du gouvernement. Les désordres tournent à la lutte armée lorsque des factions du P.O.L.M. investissent une ville déjà à genoux :
" Des trompettes, des tambours résonnèrent. Venant de la rue Montmartre, une troupe s’avançait en bon ordre. Sur quatre rangs, des hommes en uniforme gris, mitraillette sur l’épaule, marchaient au pas. La foule s’écartait sur leur passage et s’étonnait de leur tenue martiale, de leurs casques métalliques surmontés à l’insigne parlant de la POLM, une tête de mort et un rameau d’olivier entrelacés. Des tanks, des autos blindées, suivant au ralenti les fantassins, produisaient un vacarme étourdissant.(…)
– On se bat dans Paris ! murmurèrent-ils, fort émus en songeant que le sang français coulait, versé par des Français. La physionomie de la grande ville n’avait plus aucun rapport avec ce qu’elle était quelques heures plus tôt. Les rues étaient plongées dans l’obscurité. Les foules de badauds qui se promenaient durant l’après-midi, dans une ambiance de Mardi-Gras, avaient disparu, se terraient sans doute chacun chez soi, tous volets clos, par peur de la guerre civile. Une lourde angoisse, un silence écrasant, uniquement rompu par les échos de la canonnade et des mitraillades, pesaient sur la cité noire. "
Tout est perdu, y compris pour nos deux héros recherchés, capturés et condamnés à mort pour activité anti-Germain Scouarlez, devenu le meneur du P.O.L.M.
Heureusement pour eux… ce n’était que le cauchemar de Le Bozec, qu’interrompt le coup de feu final de Germain, qui préfère se suicider plutôt que de passer sous la guillotine.
Le roman, à l’intrigue uniquement policière, aurait pu se terminer lors de la capture du criminel. Mais l’auteur, dans les deux derniers chapitres, s’est amusé à tirer toutes les conséquences de sa petite invention en réglant avec humour et ironie quelques comptes avec l’institution. Dans notre domaine, il faut parfois traquer les éléments cataclysmiques là où on les attend le moins.
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M. Synthèse, en hibernation dans les glaces du pôle, s’éveille dix mille ans plus tard, en 11898. Des êtres au corps filiforme et à la tête démesurément enflée, au faciès chinois et négroïde à la fois, se trouvent à son chevet. Après plusieurs tentatives infructueuses, ils parviennent à communiquer avec lui en vieux chinois.
M. Synthèse apprend qu’en dix mille ans la terre a changé. L’Europe n’existe plus, broyée sous les glaces. Nos descendants de race caucasienne, vaincus par les Jaunes dans leur expansion à travers le monde, sont ravalés aux rangs d’êtres inférieurs à leur service. Par suite d’une série de cataclysmes et de tremblements de terre, des ponts conjonctifs relient désormais l’Asie à l’Afrique en une sorte de ceinture équatoriale ininterrompue où la vie est seul possible. La Méditerranée et l’océan Atlantique ont disparu.
Par métissage avec les Noirs d’Afrique, les descendants des Jaunes se sont transformés en êtres surhumains, aux pouvoirs psychiques quasi-infinis, qui leur permettent de voler à travers les airs, sans aucun effort. C’est par cette même force qu’ils ont pu réveiller M. Synthèse. Très courtois, bien que légèrement condescendants devant cet ancêtre, ils lui proposent de visiter la terre par la voie des airs, piloté et soutenu par leurs esprits.
M. Synthèse s’aperçoit que partout, comme la betterave qui pousse en monoculture, s’est installée la même civilisation de « fourmis jaunes », à la pensée unique et sclérosée. Tous les grands problèmes auront été résolus par la force, et cette merveilleuse utopie lui apparaît comme un leurre quand il voit à quel point les races blanches sont assujetties ou lorsqu’il écoute son cicérone s’exprimer sur le sort de leurs femmes :
« La femme est en tout et pour tout notre égale. Elle jouit de tous nos droits, de toutes nos prérogatives et partage, le cas échéant, toutes nos responsabilités. Je dois vous confesser cependant que cette unification ne s’est pas opérée sans luttes. L’histoire nous apprend que jadis, au temps où, sous l’influence des causes multiples qui ont modifiée notre race, nos cerveaux commençaient à prédominer, les femmes, plus nerveuses, moins équilibrées, moins raisonnables – excusez la banalité du mot – mirent l’humanité en péril. Non contentes d’aspirer à devenir nos égales, elles prétendaient à la maîtrise complète, à la domination absolue. Chaque famille devenait un enfer… la vie intime était en général atroce.
Soit que les éléments cérébraux manquassent de coordination, soit que le système nerveux exaspéré fût hors de proportion avec l’organisme féminin, soit pour tout autre motif que nos ancêtres n’ont pu approfondir, les hommes eurent à passer une période terrible. C’est au point que les législateurs, à bout d’arguments et de pénalités, décrétèrent que, dès le bas âge, on tenterait d’empêcher, au moyen d’une compression méthodique de la boîte crânienne, l’accroissement de la masse cérébrale chez tous les enfants du sexe féminin.
- Vous alliez faire de toutes vos femmes des microcéphales, des idiotes.
- Mieux valait encore des idiotes que les monstres qui tyrannisaient nos pères au point de les faire tomber dans la folie furieuse. »
Démoralisé et se rendant compte qu’il « était de trop dans un monde trop vieux », M. Synthèse demande à ses guides de le mener à l’endroit où il avait été découvert, à fin d’y mourir, pour de bon, cette fois-ci.
« 10.000 ans dans un bloc de glace » est l’épilogue détachée du gros roman de Boussenard « les Secrets de monsieur Synthèse » dans lequel apparaît le savant. Cette conclusion prouve le pessimisme de l’auteur en face d’un futur peu souhaitable, et son aversion – partagée par bien d’autres auteurs de l’époque – envers le « péril jaune ».
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Alien Nation - Par BenF
Des signaux lumineux autour de la lune attirent l’attention d’un écrivain de science-fiction en mal de copie. En exhumant des documents écrits par lui jadis, il se rend soudainement compte que ces événements contemporains coïncident parfaitement avec le scénario qu’il avait élaboré, à savoir que des Martiens rassembleraient leurs troupes d’assaut dans la banlieue lunaire avant d’attaquer et de détruire la terre. Quand la fiction rejoint la réalité, à quoi bon encore écrire ?
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"L'Inventive and Creation Group", une société chargée de découvrir de nouveaux slogans publicitaires, se réunit régulièrement pour trouver l'idée qui fera vendre une encyclopédie du sexe. Les participants typés symbolisent les tares que l'on peut trouver dans ce métier: Richard Ambrose, le directeur, bon citoyen mais mal marié; Susan, replète et toujours affamée, à la limite de l'obésité; Bill Branks, l'artiste non conformiste, qui met sa créativité au service de la vente ; Doukine, l'immigré, qui perdra sa carte verte et tous ses droits. Mais ils sont loin de s'attendre à ce qui les attend, comme l'ensemble des New Yorkais d'ailleurs. Une poignée de révolutionnaires d'origine indienne, parfaitement intégrés, surtout dans la gestion électronique de la mégapole, ont décidé de passer à l'action. Sachant que leurs ancêtres ont été spoliés de leur terre, ils ont fait le serment de chasser l'homme blanc de Manhattan, de récupérer leur sol natal et de vivre selon les lois de jadis. Pour cela, ils détraqueront de plus en plus fortement le système municipal dont les différents services sont interconnectés. L'action commence insidieusement lorsque la météo annonce des jours de grand froid alors qu'il fait un soleil radieux à l'intérieur des bâtiments. Malgré la climatisation, le travail est pénible pour L'Inventive Group. Plus tard, en rentrant chez lui, Richard a l'immense surprise d'apercevoir une noria de camions déchargeant devant son jardin et sa porte d'innombrables exemplaires du même magazine auquel il était abonné. Une erreur de programmation, sans doute, mais qui ne se règlera pas vite:
"Richard Ambrose ouvrit la porte de la maison, une pile s'écroula et déversa dans l'entrée une avalanche de magazines mouillés. Impossible de refermer la porte. Dehors, l'humidité avait miné les fondations du blockhaus de papier. Pour gagner Exclusive Drive et atteindre sa voiture, Richard Ambrose dut partir à l'escalade d'une montagne gluante de magazines glissants."
Quant à Doukine, il connaîtra l'absurdité des bureaux qui l'obligent à prouver sa nationalité américaine à l'aide de documents électroniques depuis longtemps volatilisés:
"Cette carte, il est vrai, était devenue en quelques mois l'outil de base de l'existence de tout citoyen. le code comprenait la date de naissance,, le sexe, la situation de famille, le bureau de vote, un indice numérique et un indice bancaire. Ce code commun à tous les citoyens des Etats-Unis préparait l'adoption d'un gigantesque ordinateur central, gérant le fichier de tous les individus, connaissant tout sur chacun d'eux, capable de résoudre tous les problèmes, qu'il s'agisse de leurs revenus, du montant de leurs impôts, de l'âge de leur retraite ou de leur état de santé."
Entre temps, les terroristes , aux noms pittoresque de Canoë d'Erable, d'Electron Sagace (leur chef), Hardware Invisible, travaillant tous dans l'informatique, augmentent leur pression sur la société urbaine, en détraquant les programmes, mêmes ceux de l'armée, et en remplaçant judicieusement les bandes magnétiques ou en chamboulant toutes les procédures. Il en résultera une pagaille monumentale. Ainsi, les ordinateurs de la National Airline , piratés, obligent les avions à atterrir à n'importe quelle heure ou provoquent un surbooking généralisé lors de la vente des billets, ce qui paralyse tout départ. Durant le sacro-saint match de base-ball, suivi par l'ensemble des citadins, le récepteur se bloquera, montrant une seule image, celle d'un Indien le dos tourné à l'écran et qui observe la cité, devant lui. Cris et colère de la part des téléspectateurs qui supposent une farce de mauvais goût!
Les complications surviennent lorsque les supermarchés ne seront plus livrés correctement, les uns accusant un déficit en denrées alimentaires, les autres présentant le même article en milliers d'exemplaires. L'inquiétude s'étend et madame Tortolani, qui a connu la pénurie en temps de guerre, prend toutes dispositions pour constituer des stocks chez elle. Mais c'est avec la circulation routière, qui présente tous les signes de l'embolie, que la situation se gâte vraiment: des voitures bloquées, pare-chocs contre pare-chocs, des feux rouges devenus fous, un approvisionnement en essence chaotique, une pollution intense et l'impossibilité pour les services spécialisés d'accéder aux endroits névralgiques, annoncent le début de la fin:
"Un drame de la circulation débutait. De proche en proche, la "révolte des feux rouges", comme devait l'appeler Robb Robbie Robinson, gagna tout Manhattan. les signaux de circulation régulés après comptage au radar, optimisés en fonction des heures et des trafics, les feux verts, rouges, oranges avaient pris leur indépendance. En quelques instants, toutes les voitures, les autobus, les taxis, les camions furent bloqués. L'enchevêtrement des carrefours était inextricable. la police était impuissante: même ses voitures ne passaient pas."
En attendant, ordre est donné aux véhicules militaires de dégager les rues, ce qu'ils font en creusant de profondes travées, rejetant les véhicules devant les portes et sur les trottoirs, ce qui bloquera la circulation des piétons.
Dans le bureau de l'Inventive Group, l'équipe est encore à la recherche d'idées, mais les rapports sociaux ont changé. La chaleur les a obligés à laisser tomber leurs habits. La faim les a amenés à se partager la dépouille de "président Mao", le petit chien, mascotte du groupe. Se succèdent délires et crises de nerfs. En ville, les annonces d'évacuation se multiplient tandis que le maire de New York appelle le pouvoir fédéral à son secours:
"Ils étaient nombreux qui, par familles entières, chargés de sacs, de valises, de paquets, partaient, à pied, poussant les gosses vers la station de métro, vers la gare de chemin de fer. Les Juifs, les Noirs, les Porto-Ricains fuyaient les premiers. Beaucoup attendaient qu'il soit possible de circuler en voiture: mais ils préparaient les bagages. A Harlem, les bandes de Noirs s'armaient. Dans le reste de la ville, des groupes de Blancs se formaient, prêts à se défendre si les Black Panthers attaquaient. Un balayeur noir qui passait par là fut lynché. A tout hasard. Quelqu'un avait affirmé qu'il avait ri."
Marc Mitchell, le maire, souriant encore de façon politique et imbécile, se refuse à croire que sa ville est condamnée, bien que cela s'effondre de tous les côtés. les Noirs, mettant à profit le désordre ambiant pour passer à la dissidence. La régulation interne des buildings est défaillante: climatisation, escaliers roulants, portes battantes, s'arrêtent. Les comptes bancaires faux ou erratiques se multiplient:
"Partout, des comptables, des patrons, des secrétaires, des administratifs, des particuliers téléphonaient, réclamaient, protestaient. Partout, il leur était répondu qu'on ne savait pas, qu'on ne pouvait pas savoir. La facturation était automatisée, elle appartenait à un processus de gestion intégrée. Vous voulez parler à un responsable? Mais il n'y a pas de responsable. Tout est dans la machine. Certes, on allait vérifier, rétablir, créditer. Il faudrait un certain temps. Les ordinateurs fonctionnaient vite, mais leur charge de travail était énorme. Ils étaient pleinement occupés à facturer, gérer, débiter, créditer. Pour les anomalies, les réclamations, les rectifications, il était préférable d'attendre une période moins chargée..."
L'exode, en s'amplifiant, perturbe les mouvements de l'armée qui tentent de prendre position aux carrefours et qui se demandent contre qui se battre. Enfin, le métro de New York s'immobilise, donnant le coup de grâce à une ville condamnée. Le maire Mitchell, en accord avec le gouvernement,et sous la présidence de l'ONU, accepta une entrevue avec les terroristes qu'il ne s'attendait pas à voir en habits d'indiens. Persuadé de les tenir, il dut déchanter lorsque Electron Sagace lui annonça, qu'à ce moment même, plusieurs avions militaires porteurs d'une bombe atomique amorcée, volaient, à leur corps défendant, vers le centre de la ville, prêts à larguer leurs engins de mort à moins qu'on ne leur fournisse le code adéquat. Manhattan fut donc rendue aux Indiens, avec la promesse d'une remise en l'état d'origine:
"Washington rappelait. C'est le vieux Stevenson qui était à l'appareil: -Stanley, tout est en ordre. Nous avons fait ce que disait cet électron. C'est O.K., ici. Et vous? -J'ai lâché Manhattan. -Vous avez eu raison, Stanley. Aux yeux de l'Histoire, vous serez le libérateur de Manhattan, le sauveur de New York. - Tous les buildings seront détruits, Stevenson. Même Saint-Patrick. L'île deviendra une terre vierge aux mains des Indiens, un pays indépendant placé sous la protection des nations Unis. -Mais de quoi vivront-ils? -Ils disent qu'ils chasseront, pêcheront, qu'ils vendront des peaux à nos trappeurs s'ils viennent sans armes et le coeur loyal. (...) -Mais alors, vieux camarade, vous avez cédé sur tout? -Pas tout à fait, Stevie, et le Président des Etats-Unis prit un air rusé, pas tout à fait: les Indiens nous rendront nos vingt-quatre dollars!"
Un roman insolent, ironique, humoristique, irrévérencieux et critique compensant sur le mode imaginaire le tort immense fait aux premiers habitants de la nation indienne. Quoique de tels événements soient hautement improbables, il est toujours intéressant de montrer du doigt la fragilité excessive de nos sociétés hyper-complexifiées. L'usage du Web commun au "village planétaire" affectera, dans sa disparition éventuelle, l'ensemble des sociétés développées. En ceci le roman de Jean-Michel Barrault est toujours d'actualité.
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... But Not Least - Par BenF
…Ou la vie misérable du dernier vampire. Ayant franchi les millénaires, s’étant établi à Paris après avoir coopté Jules César à sa cause vampirique, il a pris ses quartiers dans la crypte sous la cathédrale de Notre Dame. Mais une dernière rencontre avec Jules lui fait soudain prendre conscience à quel point sa vie (nocturne) est vide de sens. Il sera malencontreusement assassiné par un ami de rencontre (le narrateur) qui lui fit subir les effets redoutables et mortels d’un rot parfumé à l’ail.
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Jean Brissot, astronome-adjoint à l’observatoire de Paris, contemple avec Edwige Frandt, laborantine, une éclipse de soleil, lorsqu’un petit météorite tomba à ses pieds. Il le ramasse pour l’étudier ultérieurement. Plus tard, chez lui, il constatera une brûlure sur sa peau à l’endroit où il avait glissé la pierre. Il la déposera finalement dans un tiroir. Robert Persan, journaliste, également présent sur les lieux, enquêtera sur la disparition de Melle Frandt.
Celle-ci a disparu pendant que d’autres faits non moins mystérieux se déroulent conjointement. A savoir : un nommé Lisbourdin est trouvé assassiné chez lui. Son secrétaire, Rosario, s’est volatilisé. Les traces de mademoiselle Frandt, qui est aussi en relations étroites avec Lisbourdin, s’arrêtent chez la vieille Hilda, tenancière de la pension de famille Jembut. Ramire, le policier, Persan et Brissot cherchent, L’un mû par son zèle policier, l’autre par son zèle journalistique, le troisième par son zèle amoureux.
Peu de temps après, la pension Jembut s’écroule après que les murs se soient lézardés, entraînant la vieille Hilde dans la mort. Celle-ci n’est pas si innocente que cela finalement, puisqu’elle a appris à Persan la culpabilité probable d’Edwige dans le crime de Lisbourdin.
Le journaliste reconnaît qu’au cœur du problème se situeraient certainement les " trois pierres de lune " tombées du ciel. La première se trouve chez Brissot, la deuxième aurait été volée à Lisbourdin par Melle Frandt, la troisième serait en possession de Rosario qui, lui aussi, a disparu.
Ces pierres donnent, à elles trois, un " Sélénite ", c’est à dire un minéral vivant dont la radioactivité naturelle perturbe le fonctionnement de la vie terrestre. Les cirques présents en abondance sur la Lune ne seraient que les images de " cités de Sélénites " qui auraient détruit toute vie autour d’eux. Les Sélénites seraient donc capables, à condition d’être plus nombreux, d’éradiquer toute vie sur Terre.
Quant aux trois tiers de Sélénites (les pierres ramassées) tombées sur le sol terrien, leur seule présence cause déjà des dommages irréversibles. Toutes les trois réunies, elles seraient invincibles. C’est le but que poursuit Rosario qui souhaite imposer un nouvel ordre moral à la terre. Sachant que Persan, Brissot et Ramire sont des ennemis irréductibles, il les poursuit de sa haine. Avec le Sélénite, il fait s’écrouler les immeubles à Paris et perturbe gravement la géographie de la cité. Les Parisiens, inquiets, quittent la capitale :
" Paris tout entier fut étreint par l’épouvante. Tous ceux de ses habitants qui purent s’enfuir le firent aussitôt. Les trains furent envahis comme à l’époque des grandes vacances. Les portes de la ville virent passer d’innombrables autos, des bicyclettes, des attelages même, et jusqu’à d’antiques véhicules – tapissières et chars à bancs – que l’on eut dit échappés d’un musée rétrospectif. "
Rosario fuit vers son repaire, un nid d’aigle aménagé au sommet des Alpes. Il envisage de faire s’écrouler les Alpes autour de lui, d’assécher la terre comme l’a été jadis la Lune, à l’aide de nombreux Sélénites dont il attend incessamment une pluie.
Mais le plan échoue. D’abord, parce que nos héros mettent la main sur Rosario, ensuite, parce que Melle Frandt, définitivement passée dans le camp des méchants, ne pardonne pas à Rosario d’avoir voulu tuer Persan. Brissot, lui, est guéri de son amour envers Melle Frandt, grâce à Yvette une de ses anciennes élèves, qu’il rencontre dans la région alpestre. Habituée à l’alpinisme, c’est elle qui guidera Brissot vers le repaire de Rosario.
Devenue subitement folle, Melle Frandt sera éliminée par Rosario qui, se sentant perdu, se suicidera. Pour pallier la menace représentée par le Sélénite, Brissot le scellera dans du plomb et l’immergera dans un lac de montagne. Puisque la menace de l’invasion de Sélénites a enfin disparu, Brissot épouse Yvette, Persan rentre dans les Ordres, et Ramire enquêtera sur d’autres crânes défoncés.
Un ouvrage daté, plus proche de l’enquête policière que de la science-fiction, dont la logique interne laisse à désirer. Avec des personnages typifiés, Groc semble avancer dans le récit en inventant au fur et à mesure les péripéties, ce qui donne un aspect décousu à l’intrigue
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