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Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
Livres
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"Annee 500.000" - Par BenF
Un savant original, solitaire et quelque peu brouillon, le professeur Weinach, au moment de rejoindre son lieu de travail, est pris dans un « repli » de l’espace-temps qui l’envoie en l’an 500 000 :
« La chaleur était infernale, aucun arbre, aucun arbuste sous lequel il eût pu s’abriter un peu, pas un brin d’herbe, pas un animal, pas un oiseau, ni même un de ces pauvres petits lézards des sables… Rien ! (…) Au loin, une mer d’huile miroitait au soleil : pas une vague qui vînt en animer la surface. Il promena lentement son regard alentour. Les «bâtiments » qu’il lui semblait apercevoir n’étaient, en réalité, qu’un amoncellement de ruines informes »
Se réveillant dans un monde de désert incendié, une mer étale, un soleil rouge, prêt de mourir par déshydratation, il se réveille peu après dans la cité sous-marine B.93. Son guide, le savant Xarao, le met au courant des modalités de la nouvelle société dans laquelle il vient de s’insérer inopinément.
Vivant dans des cités sous-marines d’une haute technicité et au nombre de cent, servis par d’impressionnants robots, tenant en esclavage les « Untermen », qui ressemblent étrangement à Weinach, les « Vrais Hommes », la classe dominante, se différencient de notre savant par le haut du crâne, énorme, luisant et sphérique, abritant un immense cerveau :
« Il remarqua simplement que le crâne des hommes peuplant cette hallucinante nécropole de verre n’était « normal » que du menton jusqu’aux tempes. A partir de là, la calotte crânienne n’était plus qu’une énorme bulle de métal brillant et jaune comme de l’or. On aurait dit que l’on avait scié le haut de la tête pour y greffer cette calotte métallique destinée à recevoir un cerveau bien trop volumineux pour le corps… »
Ils se sont établis en une théocratie dont Z’ang est le grand-prêtre, appuyés sur une dictature policière incarnée par le grand Xaranz. Ces « Vrais Hommes », réfugiés sous la mer depuis si longtemps qu’ils ont perdu de vue le cataclysme universel qui les y a menés, survivent en greffant le crâne des « Untermen » sur un corps métallique afin d’en faire des serviteurs conditionnés. Ils utilisent également le ventre des femmes (fort jolies) des Untermen pour assurer leur progéniture et font travailler les mâles dans les fermes de « N’nuras », des sortes de champignons dont ils se nourrissent, dans des lieux aménagés à l’extérieur en de profondes cavernes.
Weinach ne reconnaît plus rien de la géographie terrestre. Le monde a basculé ses continents lors d’un ravage thermonucléaire général qui eut lieu peu après le XXème siècle et a mis un point final au développement de l’humanité dont il faisait partie :
« les bombes atomiques qui se déversèrent sur la terre furent des fabricants de mutations… petit à petit (…) la terre se mit à se peupler de monstres (…) je (c’est Weinach qui parle) suis persuadé que votre espèce est le produit d’une de ces mutations imposées à la nature… la terre brûlée se révéla vite incapable de contenir la vie qui, comme à l’origine, retourna à la mer… petit à petit vos ancêtres gravirent les échelons de la connaissance et s’adaptèrent à la vie sous-marine. Les femelles de votre espèce ne réussirent pas, pour une raison que j’ignore, à s’adapter et disparurent. Ils eurent donc, par obligation, des rapports avec celles des «survivants normaux » qui réussirent à leur engendrer, de temps à autre, des enfants semblables à eux. » L’ordre politique à relent nazi qui règne aujourd’hui sous l’océan lui est intolérable, surtout depuis qu’il connaît la belle Sarah, une « Untermen », à qui il a fait un enfant. Il n’aura de cesse de faire comprendre au grand Xaranz les faussetés de sa vue, appuyées sur une mythologie de type biblique selon des règles édictées par le grand ancêtre Moshe.
Il démontrera, grâce à la découverte inattendue d’une «capsule temporelle » immergée sur le site de l’ancienne ville engloutie de New York que cette société est bancale, que les « Vrais Hommes » sont les produits d’une mutation positive qui, avec le temps, ont dénié aux autres survivants le statut d’êtres humains, afin de s’en servir comme esclaves ou comme pièces de rechange pour leur propre vie.La démonstration impitoyable de Weinach, sa présence même en ces lieux, allument les feux de la révolution. Dans une caverne à « N’nuras » où il a trouvé un refuge, Weinach assiste, effondré, à la mort de Sarah lors de sa accouchement durant lequel elle met au monde un mutant à grosse tête pendant que les Untermen-robots se font hacher menu par les troupes de Z’ang et de Xaranz.
C’en est trop pour lui. Tout espoir définitivement balayé, Weinach, lors d’une ultime tentative de fuite, ressentira à nouveau les douleurs du « repli temporel » qui l’amènera à terminer sa vie dans un hôpital psychiatrique de l’an 2827.
Une intrigue alerte, des personnages stéréotypés, une action rapide et dense qui n’incite guère le lecteur à philosopher, des idées manichéennes et un vocabulaire basique (mais où vont-ils chercher les noms de leurs personnages ?) inscrit ce livre dans la moyenne de ce que l’on est en droit d’attendre de la collection « Anticipation ».
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Angel Felina - Par BenF
" Tous les chiens malades, les tueurs en puissance, étaient vaccinés contre la panleucopénie (typhus) du chat, injection qui était censé les immuniser, eux, contre la gastro-entérite infectieuse. La gastro-entérite avait fait des ravages dans le monde canin ces dernières années et on n’avait trouvé que ce vaccin habituellement destiné aux félins pour enrayer l’épidémie. Jusqu’à preuve du contraire la " felina " avait eu les résultats escomptés. Les chiens ne mouraient plus de gastro-entérite. Seulement, si ce vaccin s’était rapidement avéré efficace, on n’en connaissait pas les effets secondaires sur un organisme canin. "
L’un de ces effets secondaires est de transformer tous les chiens en d’implacables tueurs, avant qu’eux-mêmes ne meurent d’épuisement nerveux. Changeant brusquement de comportement ils s’attaquent à l’homme dans des accès d’une férocité inouïe que l’auteur se complait à décrire:
" Son estomac se retourna comme une chaussette et il dégueula direct sur le carrelage. Jamais un homme, dans ses pires cauchemars, n’avait entrevu de telles images d’épouvante (...) Dans le couloir, à quelques mètres de lui, un bébé de quelques jours remuait doucement, sur le dos, éventré, son embryon de vie s’échappant lentement. "
Le carnage ne s’arrête pas là car " le virus de Penshurst " du nom du stagiaire médical qui l’a découvert, est doué d’une remarquable mutabilité puisque des chiens il se transmet aux rats et finalement à ...l’homme. La résistance humaine (surtout citadine) s’organise tardivement tant le phénomène paraît incroyable et lorsque l’inéluctable apparaît clairement, il est déjà trop tard: les hommes sont infectés. L’ensemble du roman est ainsi ponctué de descriptions réalistes touchant les carnages. A travers une multiplicité de personnages , le lecteur suit la progression du mal.
L’un de ces personnages semble jouer un rôle déterminant. Il s’agit d’un jeune homme, sorte de hell’s angel dit " Angel Felina ". S’étant écrasé avec sa moto dans un parking, il est ramené apparemment mort par le gardien, Marbre, dans l’appartement de Gadget, la petite amie d’Angel. Là, il repose sur un lit, exerçant une incompréhensible attirance envers les humains qui l’approchent et les ...chiens. Une mystérieuse prédiction apparaît sur un mur de la chambre (C4-C3, etc. CHIEN , R4, R3, etc. RAT, H4, H3, etc. HOMME ) qui se veut être la traduction symbolique de la progression de l’épidémie. Le récit se clôt sur une sorte de résurrection d’Angel, être extraordinaire aux pupilles fendues comme celles d’un chat. On se perd en conjectures sur son rôle exact: est-ce un chat incarné qui se venge des chiens et de l’homme?, un démon qui a décidé la fin de l’espèce humaine ? L’ange du septième sceau de l’apocalypse? Le lecteur n’en saura jamais rien.
"Angel Felina" a l’avantage d’être un récit formellement bien enlevé. On sent que l’auteur a de la patte (de chien!) puisqu’il connaît ce qui fait plaisir à un certain lectorat: l’horrible, l’innommable, le " gore ", le tout empaqueté dans une langue argotique pur style. Hormis cela, l’argument reste mince, la menace peu crédible, l’épidémie à peine évoquée, les réactions humaines nettement sous-évaluées. Le catastrophisme apparaît comme un prétexte à une débauche de visions " sanguinolentes ".
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Amis Et Ennemis - Par BenF
Sur fond de guerre atomique, Ellenby, le physicien atomiste, et Madson, le poète, sont chassés du collège d’Ozona pour crimes de science et de littérature. Accusés de tous les maux, les scientifiques sont devenus les boucs émissaires d’une société où domine la méfiance entre les hommes , la guerre froide devant se terminer sous peu.
Soutenus par Véra-Ellen, la propre fille de leur persécuteur, l‘Art et la Science, après s’être fait arroser au pesticide répandu par un hélicoptère dans le champ de blé qu’ils traversèrent, se dirigent vers New Angeles pour y trouver un emploi. Ils croisent la route de Vicki, une vieille vedette alcoolique des média en 3D, dans son automobile à turbine, puissante mais démodée. L’entrevue est courte car au moment où la bande de Harvey, rassemblement hétéroclite d’individus au QI proche du zéro surgie on ne sait comment, s’apprête à leur faire passer le goût pour la science, un tremblement de terre salvateur leur permet de prendre la fuite en direction de la ville qui attend toujours son bombardement nucléaire.
Une nouvelle à l’ambiance cataclysmique, au discours obscur à force d’ellipses, plus proche de la thèse à la problématique aujourd’hui dépassée, que de l’écrit littéraire.
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«Alphabet» ou l’analyse minutieuse de l’automaticité des événements qui enchaînent la Grande Catastrophe. Tout est déclenché par le doigt appuyant sur le bouton «A». Mécaniquement, se joue la valse des protons, de lettres en lettres, de points en points, d’Etats en Etats, de vengeances en vengeances, d’irresponsabilités en irresponsabilités : bombardements, «sanglants hachis» en «I» où «la Chaleur fut elle
Qu’elle gagna le point L »,
Virus et microbes que dissémine la guerre bactériologique :
« Toute la faute est en T
Dont les virus disparus
S’étaient égarés sur U »,
Jeu mortel des alliances :
« La panique a émigré
Dans l’Etat qu’on nomme Y
Qui chétif cherche des aides
Pour assommer le grand Z »,
qui rythme le cycle d’une violence éternellement recommencée, lorsque le point
« Z, à son tour ne rata
ne rata pas le point A ».
Une chanson douce-amère susurrée par une voix sucrée en un leitmotiv ou complainte du désespoir. Guy Béart – contrairement à l’opinion qu’en a Pierre Versins- s’adonne au grand art.
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Alien Earth - Par BenF
En 2300, la terre a été abandonnée par l’humanité. Les désastres écologiques se succédant, l’espèce humaine a été transférée sur un planète très lointaine dans le système de Castor et Pollux par l’intervention d’extraterrestres insectoïdes, les Arthroplanes, commandant des vaisseaux biologiques les « Anilvaisseaux », immenses organisme vivants de la grandeur d’une montagne au sein desquels les hommes, en vie suspendue (le Transommeil), lovés dans des « matrices biologiques », auront pu durer les siècles qu’exige une telle traversée :
« Il fit quelques pas de plus, se retourna à nouveau pour la regarder. Mais elle était plus haute que les plus hauts gratte-ciels qu’il ait jamais vus et si large que son regard ne pouvait embrasser d’un seul coup son énorme masse. Elle scintillait dans le soleil, ce qui la faisait encore paraître plus grosse. Son corps était d’une blancheur plus claire que le blanc : irisée, et agitée d’un mouvement constant qui captait la lumière et la renvoyait en éclats. Elle était incroyablement compacte à un moment, et tout de suite après se transformait en frémissements de dentelles, de brocarts et de rideaux de perles ondulantes. (…) Elle rayonnait de solidité en même temps que de lumière, comme une montagne neigeuse dont on aurait coupé le sommet pour y attacher des myriades d’ailes »
Sur Castor et Pollux domine la philosophie écologiste : tout doit être biodégradable et la compétition entre les espèces, bridée ou interdite. Les anciens Terriens survivants y forment une société dirigée par le « Conservatoire », un collectif gouvernemental agissant de concert avec les Arthroplanes, qui veille à l’éradication de tout déviant. En procédant à une mise entre parenthèse de la puberté, le Conservatoire permet à l’espèce humaine d’atteindre un âge avancé et de stabiliser son agressivité.
Un organisme contestataire caché, « Terre Affirma » possède cependant la nostalgie des origines et désire rendre à l’homme sa patrie qui, selon ces opposants, doit depuis longtemps être débarrassé de toute nocivité. Pour en rassembler les preuves, et par chantage, ils subvertissent John, le commandant de l’Anilvaisseau « Evangeline », qui, en compagnie de son second Connie, une jeune femme issue d’un centre de réadaptation, et de l’Arthropode Tug, véritable chef de l’expédition, est sommé de rapporter des échantillons biologiques de la planète mère.
Mais Terra Affirma se méfie aussi des gentils Arthroplanes, lesquels, sous les dehors d’une bienveillante fraternité, désireraient euthanasier en douceur l’espèce humaine puisqu’ils redoutent la concurrence que les hommes pourraient leur opposer dans le domaine économique : les Aliens tiennent à garder la maîtrise de l’espace.
John, le poète, et Connie , l’inadaptée, destinés à vivre des centaines d’années en sommeil, ont pour unique interlocuteur l’Arthroplane Tug. Celui-ci, enkysté au sein de la structure nerveuse d’Evangeline tel un monstrueux parasite la dirige au moyen du principe récompense -punition. Il la nourrit en émotions dont elle est friande, ou, si elle ne répond pas au moindre de ses désirs, la torture, en lui infligeant des douleurs atroces le long de son circuit nerveux. Manipulateur hors pair, Tug surveille aussi le comportement des deux humains, analysant constamment leurs rêves, les infléchissant s’il en était besoin, au sein du Transommeil.
S’étant spécialisé dans la compréhension de l’ancienne culture terrestre, il rassemble - bien que cela fût interdit - tous les documents historiques pour les intégrer au stock culturel de son clan avant qu’ils ne soient irrémédiablement détruits. Il a même réussi à faire se joindre au voyage, constamment lové dans sa matrice et sans que sa présence ne soit connue du couple, un authentique Terrien des origines, Raef, atteint d’un cancer stabilisé et maintenu en stase :
« Raef bougea légèrement dans sa matrice, un frisson saccadé en réponse à une légère stimulation électrique de ses muscles. Raef était dans le cycle tonique.(…) Le corps en somme, il devait être stimulé sans subir de vieillissement ni de stress. Le mouvement des yeux confirma que Raef était en train de rêver, que son esprit avait la possibilité d’être suffisamment stimulé pour éviter les dommages psychologiques provoqués par une trop longue période d’inaction. Depuis sa cellule, l’Arthroplane vérifia les points de pulsation réciproque qui lui permettaient de piloter la matrice de Raef. Tout allait bien. L’Evangeline contrôlait elle-même le cycle de rêves de Raef depuis toutes ces années, mais c’était un domaine qu’il continuait à piloter. »
Pendant que John, préoccupé par sa mission, combat l’influence de Tug à chacun de ses réveils, Raef est en communication constante avec Evangeline par le biais de ses rêves. Il informe et éduque peu à peu cet être extraordinaire qu’est l’Anilvaisseau. Evangeline, dont l’intelligence supérieure avait été laissée en friche par Tug, comprend alors qu’elle et les siens sont les esclaves des Arthroplanes.
L’empathie étant une nécessité vitale pour elle, elle crée un courant amical et amoureux avec Raef qui lui fournit les bases de la compréhension de l’univers.
Arrivée en orbite autour de la terre, John et Connie, suite à une avarie simulée de la navette, touchent un sol dont ils ignorent tout. Evangeline, qui a réussi à contrer l’influence de Tug malgré la douleur que le parasite lui inflige régulièrement, entend soudainement l’appel d’un petit de sa race près de la ceinture d’astéroïdes entre Mars et Jupiter. Déposant Raef sur le sol terrestre, au grand dam de Tug impuissant et malade, elle s’envole vers ce qu’elle croit être un berceau de petits Anilvaisseaux.
Pendant ce temps, John et Connie découvrent une terre dont tous les éléments –le vent, l’eau, le soleil, les animaux, etc.- leur paraissent étranges et hostiles. Insensiblement, ils se laisseront gagner par la beauté des lieux dont ils pressentent en faire partie :
« L’océan.
Complètement immobile, elle ne pouvait en détacher son regard. Il était aussi vaste que le ciel au-dessus de lui. Jusqu’aux limites mêmes de l’existence, inlassablement mouvant, bleu et salé. Des oiseaux blancs et gris glissaient dans le ciel en criant. John n’était qu’une minuscule silhouette, très loin sur la plage. La tache blanche de sa combinaison abandonnée était comme une gousse vide froissée sur la grève. Il se dirigeait vers elle en se faufilant entre d’énormes rochers. La chanson apaisante de l’océan peignait le monde de couleurs plus douces. Bleus sur bleus sur verts de l’eau mouvante ; »
Ces derniers humains sont semblables à des gnomes, sortes de trolls déformés par l’ingestion des retardateurs physiologiques. La crainte que leur avait inspiré Raef s’étant estompée, celui-ci leur explique leur véritable nature et le rôle néfaste joué par les Arthroplanes dans le destin terrestre. Entre temps, Evangéline découvre sur l’un des astéroïdes non pas un rejeton de sa race mais une arche, une « capsule-temps » lancée jadis par des Terriens au sommet de leur gloire, contenant des milliers d’échantillons biologiques, des embryons, des formes de vie mises ici en réserve dans l’attente d’un hypothétique retour de l’humanité en son bercail. Elle revient chercher John et Connie ainsi qu’un Raef à l’article de la mort, déjouant pour une dernière fois le machiavélisme du parasite logé en son organisme :
« Silence implacable. Son deuxième segment était en train de tomber. Il considéra son corps rétréci avec résignation (…) Il rompit l’inutile contact ganglionnaire et tenta de ressaisir ce qui restait de lui.(…) Sans se préoccuper de sa souffrance, il se traîna jusqu’à la cicatrice nourricière et brancha son scolex. S’alimenter. Elle ne pouvait l’empêcher de s’alimenter. Il ne savait pas très bien cependant comment son corps mutilé allait digérer les nutriments. Mais même s’il n’y avait qu’une petite partie qui atteignait son organisme, cela augmenterait forcément ses misérables forces. Se nourrir et prévoir un plan. C’était tout ce qui lui restait. »
Les quatre amis se donneront pour but de réensemencer la terre et de libérer les sœurs-esclaves d’Evangeline.
Une œuvre originale et forte d’une grande complexité, creusant, autour des problèmes d’ordre écologiques, les rapports de la poésie et de la littérature ou ceux des différents types de pouvoir.
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Alerte Aux Bolides - Par BenF
Le professeur Mixe, avec ses deux assistants Daniel et Renaud, se rend sur les bords du lac Tchad pour tenter de repousser, grâce à un appareil à répulsion radio - actif, la triple météorite qui menace la terre dans sa course. Personne ne prend Mixe au sérieux, même pas Samba, un bon (mauvais) nègre formé à l’école des missionnaires blancs et qui devient leur allié sous la pression de la menace. Tarentules, boas et autres bestioles sont aussi au rendez – vous.
Renaud se fait piquer par la mouche tsé-tsé. Bien fait pour lui, car c’est un traître qui empêche la bonne orientation des rayons répulseurs. La Terre sera sauvée in extremis par Mixe, bien que l’un des météores s’abîme dans le lac Tchad, inondant la moitié de l’Afrique (mais ne mouillant pas nos héros!) Un court récit amusant ou affligeant selon l’âge du lecteur.
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Vol. 01 : Cavalier seul, l’Atalante éd., 2001, 1 vol. broché in-8 ème , 283 pp. couverture illustrée (Jérôme Bosch) roman d’expression française.
1ère parution: 2001
Deux groupes hors du commun s’opposent. Celui de Katz, le policier « angélique » qui, avec ses subordonnés et amis, Iris, l’hypersensible, Günther et Stefan, traque les violeurs meurtriers d’enfants et psychopathes notoires. Actuellement ils recherchent la jeune Annelie Reuter enlevé par un dénommé Thomas Geist. De l’autre côté, une secte néfaste, celle du « Millenium de l’Aube Radieuse », et ses aficionados. D’abord Ulro, le maître de Tirzah, une jeune femme amorale, sans culture, parfois morbide, mais intuitive , page vierge sur laquelle le Maître a décidé d’écrire :
« Nouvelle source de contrariété : le bébé. Elle avait pensé qu’ils allaient juste lui donner le bébé, et qu’elle le soignerait (mais elle ne le mangerait pas, c’était promis), sauf qu’à présent, c’était elle qui devait leur fabriquer leur foutu bébé, et elle n’avait pas la moindre idée de par où commencer. Pour être tout à fait honnête, elle ne savait même pas comme c’était fait, un bébé. Elle n’avait jamais eu l’occasion d’en ouvrir un pour regarder dedans. »
Puis Los, son comparse, un nouveau messie cynique et répugnant, dominant un groupe de disciples moutonniers. Ulro et Los cherchent à promouvoir « l’Untergott » qui réduira en poussière le monde tel qu’il est. Etablissant la jonction entre ces deux groupes, héros véritable du récit, Milton le diabolique, à la personnalité exceptionnelle dans le mal. Milton le maudit, psychopathe redoutable pour qui la souffrance et la mort d’autrui sont les piments de sa propre jouissance. Génie de l’informatique, il a crée un site crypté, « Paradise Burial Services », réservés aux seuls pervers payants pour lesquels il programme en « life » la mise à mort de tendres enfants innocents, enlevés et séquestrés. Or, Annelie Reuter est l’une de ceux-là et Thomas Geist s’appelle en réalité Milton.
La rencontre maléfique de Milton avec Ulro a lieu pendant que le groupe de Katz cherche à saisir la mentalité particulière de ce psychopathe. Ulro espère se servir de Milton dont il a reconnu le génie pour activer le programme spécial que lui ont imposé ses commanditaires. Car la secte est une couverture qui permettrait à une poignée internationale de riches industriels de gagner le pouvoir définitif en ce monde :
« Le capitalisme n’a jamais cherché à instaurer un équilibre, mais, au contraire, à pousser le déséquilibre presque – mais jamais tout à fait- jusqu’au point de rupture. Le déséquilibre psychique –de l’individu - et politique –des collectivités – que nous tentons d’instaurer aujourd’hui en Europe est la condition sine qua non du plein épanouissement du modèle néo-capitaliste. Afin de profiter du déclin déjà amorcé de l’Empire nord-américain, nous devons aller encore plus vite que lui. Les Etats-Unis sont sur le point d’imploser, l’Europe est en pleine décadence mais, de ce fait, peut prendre la place ainsi libérée. Reste à savoir de quel type d’Europe nous avons envie. » (…)
« Vous ne voyez pas que c’est déjà la fin du monde et que le cavalier de la guerre tend son épée sur la planète ? Regardez autour de vous, pauvres vers de terre obnubilés par votre nombril, et voyez ! Ces enfants palestiniens qui fabriquent leurs lance-pierres et s’entraînent au nom du dieu Intifada. Les mêmes enfants russes déguisés en soldats dans les rues de Grozny ou cachés dans les caves de Téhéran. Regardez encore, vous les verrez partout : Rwuanda, Tibet, Sierra Leone, Afghanistan, quel est l’antonyme de guerre, espèces de connards ? Où voyez-vous la paix dans ce monde foutu ? En Europe ? Où les chômeurs sont réprimés à coups de matraques et de gaz lacrymogène ? En Amérique, où ces mêmes enfants sont assassinés pour le bien de la communauté en toute légalité ? Qu’est-ce qui suit le cheval roux de la guerre ? La famine ? Demandez aux bénévoles des Restaus du cœur si tout le monde mange à sa faim, même ici, dans l’eldorado postindustriel de la bonne vieille Europe ! »
S’apprêtant à susciter le Satan prôné par la bible, ils espèrent déstabiliser l’espèce humaine en réalisant scientifiquement les prophéties de l’Apocalypse :
« Ils étaient sept à table ; représentants des sept pays les plus industrialisés, les rois du monde mercantile, les détenteurs de dollars, de yens et d’euros, et ils s’étaient permis de rêver. Que nous manque-t-il, à nous qui avons tout ? L’un d’entre eux, il ne se souvenait pas exactement qui, avait dit : - le pouvoir ultime ; celui de détruire le monde. Celui d’ouvrir le livre, de déclencher le cataclysme, l’avènement de l’Apocalypse. Il y avait eu un court silence, puis quelqu’un d’autre avait applaudi. C’était l’Allemand, ça, il s’en souvenait, qui avait dit quelque chose dans le genre : -C’est faisable, vous savez. Il suffit de l’organiser. »
Pour que cet être extraordinaire soit crée, ils font appel au docteur Allen St.Jones qui, par le jeu de mutations génétiques dirigés, implante ses embryons dans un mère porteuse. Encore faut-il mettre tous les atouts ensemble. Un géniteur exceptionnel comme Milton et une mère docile comme Tirzah feraient parfaitement l’affaire. Milton, que ce projet enchante, feint d’accepter la direction d’Ulro, qui n’a pas conscience de l’extrême danger que court la secte avec ce personnage.
Katz, dont les ennuis matrimoniaux lui font apprécier d’autant plus la fragile beauté d’Iris, enquête, d’abord à Strasbourg, puis à Berlin, où il découvre dans une planque vingt-quatre petits cadavres en décomposition. Serrant de plus en plus près le meurtrier, ayant décrypté l’accès à son site informatique, il utilise le photographe Mortimer Blakeman (appelé Mort), fasciné par la mort, pour faire sortir Milton de son trou, Pendant ce temps, Milton joue l’étalon obligé auprès de Tirzah dont les excentricités –comme de dormir auprès d’un cadavre - met Ulro mal à l’aise :
« Ulro se détourna pour cacher son malaise et commença à monter l’escalier de bois, avide de respirer de l’air pur. Comment Milton savait-il tout cela ? Il n’avait rencontré Alamandra que la veille, et elle, de toute façon, ne savait rien. Il fronça les sourcils, le dos tourné. Se rendit compte que tourner le dos à Milton n’était peut-être pas une bonne idée. S’arrêta. Se retourna. Milton faillit lui rentrer dedans.
-La prophétie du Jugement dernier, dit Ulro d’une voix légèrement voilée. Tu vas nous aider à précipiter la fin du monde. Milton sourit. – On commence quand ? »
Ulro devient conscient du danger représenté par Milton et cherche à l’éliminer non sans avoir pris langue au préalable avec le groupe de « l’Apocalypse ». Tirzah bien qu’elle aussi soit fascinée par Milton pense à fuir. Elle veut se rendre en Mauritanie, sa patrie d’origine, et se cacher auprès de grand-mère Mariem, une guérisseuse. Milton s’aperçoit qu’on a visité son site. Il remonte à Mortimer, dont il fait son esclave inconditionnel. Puis il fait le ménage dans la secte. Tue Los. Prend le contrôle du « Millenium de l’Aube Radieuse », déclenchant une apocalypse immédiate lorsqu’il propose aux disciples de lui amener leurs enfants morts.
A Strasbourg, Katz a fait le rapprochement de l’événement avec ses propres recherches et l’immeuble de la secte est investi. Alors que Tirzah, pour protéger son bébé - ses bébés?- implanté en son ventre prend la fuite en direction de la Méditerranée, Milton, pris dans la rafle, sera blessé mais s’échappera finalement grâce à Mort.
La troisième guerre mondiale éclate :
« (…) Des bribes de conversation décousue :
La Chine a lancé un missile
Thermonucléaire.
Contre Washington.
Je croyais qu’ils devaient attaquer l’Inde.
Ca, c’est la Turquie.
Mais non, c’est l’Inde qui a envoyé le missile.
Bombe à neutrons.
C’est vrai qu’ils ont la bombe.
Des milliers de morts.
Des cinglés, ils ont tué des gosses.(…)
Pékin vient d’exploser.
Riposte.
Une secte en implosion a souvent recours au suicide.
Collectif.(…)
Ils ont égorgé leurs propres mômes, putain. »
Vol. 02 : Cheval de guerre, l’Atalante éd., 2003, 1 vol. broché in-8 ème , 284 pp. couverture illustrée (Jérôme Bosch). roman d’expression française
1ère parution: 2003
Phil et Bruno rencontrent Tirzah en fuite et l’accompagnent dans son périple vers les « hommes de poussière », en Mauritanie. Tirzah, enceinte des œuvres de Milton, attend des bébés qui devront sauver le monde en proie à un complot généralisé d’un groupe d’individus richissimes et puissants (« le Cercle »), de toutes nationalités, qui désirent déclencher l’apocalypse par une guerre étendue aux divers continents dans le but d’instaurer un ordre nouveau :
« Et maintenant Abaddon leur avait trouvé une fonction dans la vie, un but à atteindre au-delà de leur épanouissement personnel, une véritable raison d’être : participer à la fin du monde. Prendre en charge l’une des sept têtes de la Bête afin que le faux prophète puisse faire dégringoler de leur trône les rois du néolibéralisme et de la conscience éclatée. Détruire un tiers de l’humanité et rebâtir avec du sang neuf un monde meilleur. Se trouver aux premières loges de la révolution mondiale. Putain, le pied. »
Ils se sont servis de Milton qui, sous différents noms, Abbadon, Altman, etc, se donne pour l’incarnation de l’Antéchrist, vicieux, pervers, pédophile, meurtrier mais informaticien génial qui a conçu le site web « Paradise Burial» pour partager avec les pervers du monde entier ses «snuffs movies », soit la mort en direct d’enfants torturés :
« Il alluma l’ordinateur portable, se connecta à l’Internet et tapa l’adresse du site Paradise Burial Services. Un tombeau (granite), une inscription (en latin), le dernier mot (mori) et bienvenue au premier niveau de l’enfer. Amateurs de mort lente et douloureuse (celle des autres), sortez vos cartes bleues et venez rejoindre les enfants de l’Apocalypse. »
Milton, lui aussi à la recherche de Tirzah, est traqué par Katz, incarnation de l’ « ange Gabriel », mais policier malheureux et séparé de sa femme. Il est secondé avec brio par l’énigmatique Iris, une femme-fleur-flic dont il tombe éperdument amoureux, et des équipiers solides, comme Gunther ou Toussaint, qui ne reviendra pas de l’aventure.
Katz est depuis longtemps sur les traces de Milton, ayant défait la secte qui l’abritait, mise en place par Ulro et Urizen, deux commanditaires internationaux des « Maîtres du monde ». Celle-ci affichait deux objectifs : servir de retraite à Tirzah fécondée avec le sperme de Milton (à son corps défendant) et couvrir les activités du pédophile informaticien. Mais Milton échappe à leur contrôle poursuivant un seul but, le sien, qui est d’universaliser le mal et le crime. Pour échapper à Katz, il se servira de Mort Blakeman, photographe homosexuel fasciné par le meurtre. Littéralement envoûté par Milton, Mort le conduira jusqu’en Afrique. Blakeman semble être le produit d’une transformation génétique puisque, abandonné par Milton, il demandera l’assistance des rats dont il prendra peu à peu la forme, pour « retrouver le Maître ». Lorsqu’ils se revoient, Milton, ravi par sa métamorphose qu’il considère comme «un summum de l’esthétique du mal » signe le tableau en tuant le photographe.
Tirzah affiche une personnalité complexe. Après avoir vécu en toute innocence au sein de la secte où elle servit d’objet sexuel à Ulro, inculte et vierge, au sens fort du mot, elle reste « branchée » sur des visions intérieures et répond à une éthique élevée qui est de sauver le monde de l’Antéchrist. Contrairement aux prévisions des conjurés du Cercle, les enfants ont été conçus en ce but. Après leur naissance, au nombre de quatre, ces clones aux yeux noirs, grandiront très vite, chacun étant spécialisé de par sa sensibilité propre à percevoir le mal. Pour l’instant, Tirzah en fuite a besoin de Bruno et de Phil, deux protecteurs qui la conduiront vers Grand-Mère Mariem, une devineresse maure installée près de Nouakchott.
Cependant, Urizen, le maillon français des responsables du Cercle croit encore pouvoir diriger Milton grâce, notamment, à un groupe de généticiens chinois qui ont réalisé une immense chimère, « un Dragon cracheur de feu». Milton, entré en contact avec le groupe de Chinois au Tchad est passionné par le Dragon, cet être étrange qui prend progressivement conscience de lui-même à un point tel qu’il se débarrasse d’Urizen, le rôtissant proprement.
L’explication finale aura lieu en bord de mer lorsque Tirzah s’apprête à fuir une nouvelle fois. Le Dragon ratera son but et sera tué par Mariem (un coup de lance dans son œil gauche). Milton apprenant la venue de Katz et de ses «katzmen » dans la région, reprend sa quête du mal. Philippe prend les enfants sous sa protection, avant qu’ils ne se séparent, chacun voyageant sur un continent différent. Mais la guerre généralisée brûle déjà un monde voué à la destruction… :
« La guerre allait curieusement aussi bien qu’il l’avait espéré. De bombe nucléaire en arme bactériologique, sans oublier tout un arsenal de petites bébêtes électroniques plus ou moins perfectionnées, la population des Etats-Unis avait diminué de douze pour cent en trois semaines. Encore plus fort que Verdun. L’Inde avait perdu un peu plus, près de treize et demi pour cent, mais pouvait se le permettre sans que cela se remarque trop. Quant à la Chine, elle avoisinait les quinze pour cent de pertes sans effet notable sur les flots de soldats qui continuaient de se déverser sur le continent américain. Les Américains avaient peut-être fait preuve d’une précipitation irréfléchie en envoyant tant de troupes en Europe. De toute façon, personne apparemment ne s’intéressait à l’Europe. En dehors des premières bombes sur Londres destinées à calmer les ardeurs d’alliance de la perfide Albion, il n’y avait même pas eu d’alerte au nuage toxique pour faire les choux gras des médias. »
Vol. 3 : Moros, l’Atalante éd., 2004, 1 vol. broché, in-octavo, 270 pp. couverture illustrée (Jérôme Bosch). roman d’expression française
1ère parution: 2004
Tirzah a atteint le village de grand’mère Mariem et mis au monde non un seul enfant, mais quatre clones qu’elle prénommera : Barachiel, Jehudiel, Uriel et Séatiel. Enfants issus du sperme de Milton mais, par une curieuse inversion, se situant dans le camp du Bien. L’aventure deviendra planétaire lorsque les enfants – qui grandissent prodigieusement vite- quittent leur mère et se partagent leur terrain d’investigation, chacun, accompagné d’un membre de la tribu de Tirzah, se dirigeant vers un autre continent, tout en restant en communication télépathique les uns avec les autres. Ils lutteront seuls ou en accord avec la police locale contre le mal qui se répand à cause de l’influence de Milton.
Jehudiel, à Mexico, est sur les traces d’un meurtrier en série. Barachiel, à Londres, enquête sur des enfants disparus. Seatiel, au Sénégal, s’abandonne à des visions qui lui montrent le Japon rayé de la carte du monde et cherche à percer les états d’âme d’Aboucabar Fall, autre meurtrier d’enfants et créature de Milton. Katz et Iris suivent la piste des ascendants de Milton qui les amène en Ecosse à découvrir la grand’mère de ce dernier, laquelle leur dévoile le véritable nom de Milton, soit An Mac Mallachtan, c’est-à-dire « le Diable ». Milton, toujours aussi riche et connecté à « Paradise Burial », caché dans une de ses nombreuses planques européennes, suit l’évolution de la situation planétaire qui se dessiné au Japon :
« Si ces calculs étaient justes, un bon tiers de la population tokyoïte serait effacée en quelques secondes, les bâtiments ne subiraient que de légers dégâts, et les survivants disposeraient d’un tiers de place supplémentaire. On circulerait en ville, la pollution chuterait sous la barre de l’acceptable, les écoles ne seraient plus saturées, le métro, n’en parlons pas. Bref, Thel transformerait sa propre folie en une œuvre de salubrité publique. »
A son arrivé à Tokyo, il rencontre Nozdi, l’infirmière perverse qui euthanasie ses malades, et fait connaissance avec le pervers délirant Katho Sathoshi-Shan, cannibale et sadique, pour qui les autres sont possédés par les «Modulons», des extraterrestres, ce qui le plonge dans le ravissement total :
« Kato Satoshi-Shan mange les petites filles qu’il aime. Au petit-déjeuner, au dîner, pour le goûter, à l’occasion. Les nouvelles marionnettes de Milton sont branchées poupées. Dans ce monde, en complète décadence, la préadolescence est à la mode. Bientôt les mecs vont se branler sur des images de nourrissons. Tiens, voilà ce qui manque à ma famille élargie ; un assassin de bébés, une sage-femme sanguinaire, une obstétricienne ogresse. Kato Sathoshi-San n’est pas assez horrible, déjà en deçà du superlatif dans l’univers du toujours plus. »
Enfin le « Cercle », confrérie internationale de tueurs de haut vol, s’est réuni en France pour affiner une intervention militaire en Europe, soit des avions décollant d’une base suisse et qui placeraient des bombes thermonucléaires sur les principales capitales. Mais Thel, comme son collègue Tharmas, deux parmi les plus anciens du Cercle comptent éliminer leurs confrères et garder pour eux les fruits de la victoire. Leur machination mise en place, ils partent aussi pour le Japon. Juste à temps pour entendre Milton à la télévision – sous les oripeaux de l’éminent professeur Kimgasa dont il s’est débarrassé -, prêcher la violence et le meurtre seuls fondements d’une liberté absolue de l’individu:
« Le monde de l’avenir sera un vaste plateau de cinéma sur lequel évolueront des acteurs, amateurs et professionnels, unis dans une débauche de sexe et de sang. Derrière la caméra : Milton himself. Filmer, regarder, imaginer, mettre en scène, manipuler, diriger. Le reste ne l’intéresse pas. L’argent ne l’intéresse pas. C’est facile, il en a. Dans le monde l’avenir, l’argent ne vaudra pas plus que des cacahuètes. La seule valeur sera ce qui fait plaisir à Milton. Le monde entier n’existera que pour faire plaisir à Milton. »
Kato ne reconnaît pas Milton : il est convaincu que le professeur Kimgasa est une incarnation de Modulon et se prépare à le tuer. Milton, cependant, n’a pas perdu de vue le danger que représente Katz. Pour s’en éloigner définitivement, il capture les enfants de ce dernier dont il apprend l’existence par une indiscrétion. Savourant sa vengeance, il les emprisonne sous les caméras de « Paradise Burial » dans un hangar de la région strasbourgeoise pour les laisser mourir de faim. Dans le but de contrer Milton et libérer les enfants, tous les membres du clan du Bien se retrouvent, Tirzah et Katz, Iris et Barachiel, en liaison télépathique constante avec ses frères. Tharmas, qui s’était également enfui à Tokyo assiste de loin à la destruction de treize villes européennes. Alors que Milton, lui aussi de retour au Japon, prend une flèche dans le bras de la part de Katho, Katz, qui a réussi à libérer ses enfants, s’oppose à Milton sur le terrain des médias. D’abord, Il fustige l’attitude de ses semblables :
« Dans une maison ordinaire, dans la banlieue de cette ville, un homme a enfermé deux enfants, commença Phil sans attendre la première question. Il les a enlevés pour les tuer. Il veut le faire. Il croit qu’il en a le droit. Il le croit d’autant plus qu’il y a quelques jours, il a montré au monde entier des images de torture, de souffrance et de mort, et le monde n’a rien dit. Je n’ai rien dit. Vous n’avez rien dit. Et parce que nous n’avons rien dit deux enfants seront torturés et tués. Chaque fois que nous ne disons rien, le domaine des ténèbres s’étend. Chaque fois que nous ne nous croyons pas concernés, le domaine des ténèbres s’approche un peu plus de notre porte. Et le jour où cet homme viendra chez vous, il ne restera sans doute plus personne pour lui dire quoi que ce soit. Alors, ce soir, je vous le dis. La violence n’est pas un choix de société acceptable. Je ne parle pas de petits voleurs mais de violence d’Etat, tolérée, orchestrée. La pauvreté n’est pas un mal nécessaire. Le chômage n’est pas une fatalité économique. Les pays du tiers-monde n’ont aucune dette envers les pays riches, au contraire. Qui a exploité qui pendant des décennies ? L’argent investi en bourse ne produit pas d’emplois. L’accumulation ne bénéficie à personne. Nous pouvons tous vivre sans piscine privée, mais nous ne pouvons pas vivre sans la conscience du bien et du mal. Merci de m’avoir écouté. Merci de bien vouloir y réfléchir. »
Ensuite, à l’aide des préceptes paradoxaux et mystérieux du livre prophétique que conserva le clan de Tirzah en Mauritanie selon une tradition immémoriale. Car pour Katz, il est maintenant évident que tout se rejoint : les enlèvements en série et les meurtres d’enfants, la guerre européenne, les menées du « Cercle » et l’instigation au mal par le diabolique Milton. L’enquête avance par l’appui décisif qu’apportent les enfants de Tirzah. A Tokyo Tharmas est appréhendé et interrogé sur son rôle et celui du Cercle dans le conflit mondial. S’ensuit une vague d’arrestations, notamment celle de Thel à l’aéroport de Tokyo. Milton, piégé dans sa planque par Barachiel, est tué d’une balle en pleine tête tandis que Katz, grièvement blessé, est transporté de toute urgence à l’hôpital. Tirzah, piégé dans un monde intermédiaire semblable au coma, ne reviendra jamais de ses aventures. Katho est exécuté. L’aventure se clôt sur une Europe dévastée, terrassée par le mal.
« Al Teatro », comme son nom l’indique, est un théâtre de la cruauté, l’enfer du « Jardin des délices » de Jérôme Bosch retraduit de manière littéraire. Fresque touffue, énorme, inclassable (dont le résumé ne donne qu’une vague idée), elle brasse des personnages d’exception, dans le Mal (Milton, dont le nom est tout un programme) et dans le Bien (Katz, l’avisé); s’appuie sur la théorie du complot généralisé, les agissements occultes des sectes et des partis, mêle le fantastique noir à l’enquête policière, le tout dans un décor où l’Europe se délite dans une guerre totale. La force de ce roman - pléthore de personnages, de lieux, de situations, discours incisifs, emploi de phrases verbales – est aussi cause de sa faiblesse, qui oblige le lecteur à un va et vient conceptuel pour renouer constamment le fil du récit. Une oeuvre baroque et foisonnante, unique en son genre, à lire de toute urgence.
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Adam Sans Eve - Par BenF
Crane rampe vers la mer sur un désert de cendres :
" Crane s’aperçut qu’il pleuvait. Il enfouit son visage dans la cendre tiède et fangeuse pour tenter d’en sucer un peu d’humidité. Puis, en gémissant, il reprit sa reptation. "
Dernier homme sur Terre, il est directement responsable de la catastrophe qui a frappé l’humanité; il avait tenté d’atteindre la Lune grâce à un carburant , un catalyseur liquide de son invention, malgré les objurgations de son collègue Hillmeyer et les réticences d’Evelyn, son amie. L’objectif n’a pas été atteint et le catalyseur, en retombant sur Terre, a affecté tous les noyaux atomiques ferriques de la planète. L’humanité ainsi que toutes les espèces animales ou végétales ont disparu. Le monde s’est couvert d’une couche de cendres. Crane, qui a réussi à sauter en parachute, reste seul en proie à ses remords et soumis à des hallucinations. Son unique but avant de mourir est d’atteindre la mer:
" Alors il comprit pourquoi il était revenu à la mer. Ni Adam ni Eve n’étaient nécessaires. Seule la mer, source de toute vie était indispensable. La mer qui l’avait rappelé à elle afin que la vie puisse continuer... Doucement, les eaux le bercèrent. Doucement... gentiment... la source de toute vie berça le dernier-né de l’ancien cycle, qui allait devenir le premier-né du nouveau. Les yeux déjà vitreux, Stephen Crane sourit aux étoiles disséminées au hasard dans le ciel, des étoiles qui n’avaient pas encore formées les constellations familières - et ne les formeraient pas avant cent millions de siècles. "
Une nouvelle lestement menée avec une double chute. Ecrite en 1941, elle insiste sur la crainte qu’inspirait l’idée de réaction en chaîne atomique par une arme récente, mal connue et redoutable.
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Accident De Reference - Par BenF
Au sein du petit état imaginaire d‘Anabase se situe la centrale nucléaire d’Algave, orgueil de cette nation et productrice de la quasi-totalité de l’électricité du pays. Sophistiquée et bien protégée derrière ses enceintes de confinement, elle nécessite peu de surveillance, à travers un personnel hautement qualifié. C’est pourquoi l’ancien technicien Alain Londy, obligé de démissionner après plusieurs fautes techniques, n’aura aucune difficulté pour se venger. Esprit perturbé, Londy a fraternisé avec une cellule de jeunes écologistes de combat qui voient en lui le spécialiste capable de provoquer une prise de conscience du pays contre le danger nucléaire.
Et comme rien ne vaut la démonstration par l’exemple, ils souhaitent saboter la centrale en créant un incident limité susceptible d’alerter les autorités. Mais Londy ne l’entend pas de cette oreille. Il programmera la sabotage du circuit primaire de manière à relâcher la vapeur circulant dans les tuyaux proches du cœur du réacteur, asséchant les piles d’uranium, pour provoquer leur fonte, puis leur explosion.
Ils pénètrent dans le bâtiment par une bouche d’évacuation d’eau chaude puis investissent le centre de commande principal où l’ingénieur de surveillance, Robert Morand, sera réduit à l’impuissance. Corinne, Pierre et Vincent, les comparses de Londy , ne comprennent pas que l’homme les condamne à mort. Il disparaît pour désactiver la centrale de refroidissement et, en détruisant les commandes automatiques de fermeture des portes d’enceinte, il espère provoquer une explosion majeure par ce que l’on appelle déjà un « accident de référence » :
« A ses pieds, la vaste piscine du réacteur, doublée d’acier inoxydable, asséchée à l’exclusion des périodes de chargement et de déchargement du combustible, lorsque, dans son fond, le couvercle de la cuve est enlevé. Trente mètres plus haut, le dôme de l’enceinte sur la face duquel serpentent les tubes d’aspersion utilisés en cas d’accident grave. Et, accrochés aux parois internes, les générateurs de vapeur qu’alimentent, pour le circuit secondaire, de grosses tuyauteries courant le long du mur, quelques mètres au-dessus de lui. La base d’un générateur de vapeur, quinze mètres plus bas, constituait son objectif. ».
Mais Jean-Bernard Picot, un second ingénieur en tournée d’inspection dans l’intérieur du bâtiment, a échappé à la vigilance des terroristes. Il refermera les portes. Aussi, Londy, après avoir déposé sa charge de plastique pour faire sauter les canalisations aussi proches que possible du cœur du réacteur, trouvera-t-il le sas du retour hermétiquement fermé. Prisonnier de sa folie, il sera condamné à mourir dans l’explosion.Picot réussira aussi à joindre les autorités compétentes qui mettent aussitôt en place le plan d’évacuation de la zone dangereuse en faisant appel à l’armée. L’explosion aura lieu, mais grâce à la prévoyance de Picot, les effluves mortelles resteront contenues suffisamment longtemps pour que les dispositions prises puissent éviter le pire.
Ecrit quelques années avant le tragique accident de Tchernobyl , le roman de Meslin, lourdement appuyé sur une foule de détails techniques, met en évidence la faiblesse du système qui peut provenir de l’intérieur même, ce que nulle autorité ne saurait prévoir : le sabotage prémédité et consciencieux par un personnel qualifié et décidé. Un récit travaillé en un style clair et qui incite à la réflexion.
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Aaah! Louvila - Par BenF
Cyril Princemal, anciennement Georges Schlaguer, dissèque les émotions, garde-chiourme d’une société alsacienne rongée par la pollution et les dégénerescences dues à la guerre bactériologique :
« Après le déjeuner je lui (= sa mère) ai montré ce qui reste de la ville. Elle a continué à arroser de ses signes de croix les innombrables visages marqués par la maladie, les enfants amaigris, les pierres rongées des maison et des statues, et a passé une bonne heure devant la cathédrale à demi-détruite, à prier dans l’air glacial. »
Ayant rêvé de son ami d’enfance, Andhart, il le fait arrêter et le soumet à un cycle d’expériences mnésiques, sans succès. Il lui adjoindra Louvila, la femme de ce dernier. Devant l’intensité des sentiments qui s’échangent entre les deux êtres, il fera cryogéniser le mari. Louvila fascine peu à peu Princemal en faisant émerger en lui des émotions profondément enfouies. Un matin, inexplicablement, elle disparaît. Aaah ! Louvila…
De beaux effets de style, un décor cataclysmique mis au service d’une grande cause : l’amour. Une nouvelle expérimentale comme son sujet.
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