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Bienvenue dans la Base de Données des livres !

Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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Livres

  1. Type: livre Thème: guerres futures 2 Auteur: Stephen GOLDIN Parution: 1974
    Harker et son ami Garry ont décidé de s’engager. L’armée leur offre la situation avantageuse de pouvoir se mettre en hibernation à la fin des combats afin de reservir dans une guerre ultérieure. Les premiers réveils, quoique difficiles, sont suivis par un briefing détaillé : on leur dit contre qui ils étaient censés se battre, à quelle unité ils appartenaient et, après une séance de remise en forme, les dirigeait-on sur les zones de combat. Jamais, au cours de leurs nombreux réveils, Harker ne quitta Garry. Peu à peu domina un sentiment d’étrangeté, les mobiles pour lesquels ils se battaient perdant progressivement de leur intérêt.
    Un jour, le théâtre des opérations se situait en Afrique, tel autre en Antarctique, puis sur la Lune (en fait trois siècles plus tard), puis sur Vénus, enfin sur des planètes extrasolaires, avant qu’ils ne se retrouvent  sur la Terre. Savoir contre qui et dans quel camp ils luttaient n’avait plus aucune importance. Les seuls éléments concrets qui leur restaient étaient le théâtre des opérations, des champs de ruines, la farouche attention qu’ils apportaient à préserver leur vie, et les meurtres qu’ils accomplissaient régulièrement. Quoiqu’on leur permît, à chaque réveil, de se désengager des opérations, ils n’y pensaient même pas. Etrangers à eux-mêmes, étrangers à l’époque, ne pouvant plus s’insérer nulle part, ils s’étaient transformés en machines à se battre. Les conflits leur paraissaient de plus en plus oniriques, surtout lorsqu’on leur appliqua une nouvelle procédure, sensée économiser le transfert des corps : le seul enregistrement des données de leur esprit.
    C’est ainsi que Harker eut l’immense surprise, lors d’un de ses engagements, d’abattre son ami Garry : on avait dupliqué son essence vitale en de nombreux exemplaires pour économiser d’autres vies de soldats ! La guerre perpétuelle atteignit enfin l’horreur absolue le jour où Harker se rendit compte que l’homme qu’il venait d’abattre était en réalité lui-même, les armées du futur ne se composant plus que de soldats clonés,  indéfiniment ressuscités :
    « Il chercha la trousse des premiers soins dans son ceinturon pour panser sommairement sa blessure. Il ne la trouva pas. L’idée lui prit une minute pour se frayer un chemin dans son esprit : ON NE LUI AVAIT PAS REMIS DE TROUSSE MEDICALE. Pendant un bref instant, il éprouva de la colère. Mais ce fut bref. Pourquoi lui en aurait-on fourni une ? Qu’était-il pour ceux qui l’employaient ? Une créature rappelée du passé, un anachronisme auquel on ne demandait que de se battre et, si nécessaire, de mourir. Rien de plus. Un spectre en un temps qui n’était plus le sien, se raccrochant à la vie au milieu de la mort. Un charognard qui se repaissait de cadavres et de destruction pour survivre, n’ayant d’autre utilité que de donner la mort. Et lorsqu’il avait achevé de tuer on le remisait pour la fois suivante. »
    Une vision cauchemardesque semblable à l’enfer de Dante établie avec la plus froide logique.

  2. Type: livre Thème: après la Bombe… Auteur: Daniel PIRET Parution: 1980
    Le roman est divisé en deux parties : avant et après la date du 22 juin 1986. Avant, c’est la relation des mille hasards qui ont poussé au déclenchement de l’apocalypse nucléaire. Des tranches de vie de chacun des protagonistes sont proposées au lecteur. Celle de John, qui appuiera sur le bouton  déclencheur provoquant la mise à feu des missiles. Obscur sans-grade, il est de permanence dans son bunker pendant que sa femme attend un enfant.  Celle du président américain Hart, harcelé par l’avocat de sa femme. Celle du président chinois Linh qui se trompe en faisant bombarder une pacifique troupe de bergers mongols lesquels cheminent au-delà des limites de leur territoire sans avoir conscience du danger. Enfin, celle du Premier Secrétaire  russe qui, croyant à une agression chinoise, fait se positionner des sous-marins nucléaires pour une frappe éventuelle. Le catalyseur de tout cela sera le passage d’une pluie d’aérolithes exceptionnelle brouillant les communications et rebondissant le long de l’atmosphère. C’en est trop. L’apocalypse nucléaire se déclenche ce 22 juin 1986 :
    "Un vent de folie agita l’humanité. Les vieilles haines se rallumèrent : les rancoeurs, les racismes, les vexations endurées, la vengeance. Toutes ces plaies, ces hontes de l’espèce humaine surgirent au grand jour, étouffant, recouvrant, écrasant le mince vernis de la civilisation. Resurgirent les pogroms, les meurtres, les viols, les pillages."
    Après, c’est la vie dans l’Abianta (pour "abri anti-atomique") où survivent depuis plus de cinq siècles les descendants de ceux qui ont eu la chance d’être protégés des retombées. Les survivants ont perdu tout souvenir de la catastrophe.  Des  guides spirituels leur parlent de " démons" ayant eu comme nom "John" ou "Hart". Sloma, jeune adulte plus courageux que ses camarades, tient à se rendre compte par lui-même de la véracité des faits. Echappant à la surveillance des prêtres, après une dure remontée à la surface, il débouche près d’un ancien puit d’accès non obstrué. Il y fait la connaissance d’un ordinateur ("l’Entité mauvaise" dont parlent les prêtres) qui, tout en lui insufflant les connaissances nécessaires, l’envoie comme cobaye (à son insu) pour explorer la surface qui présente toujours un visage ravagé quoique viable :
    " Devant lui, un peu en contrebas, s’allongeait une allée d’un gris uni qui, par endroits, brillait sous les rayons du soleil. Il distingua des poteaux effondrés qui portaient des panneaux. Les inscriptions étaient depuis longtemps effacées. Il essaya d’imaginer les lieux jadis : ce qu’il avait sous les yeux devait avoir été ce que les anciens appelaient une ville."
    Elle est hantée par les "Anorms", des sous-hommes, résultats de mutations négatives :
    " Sloma eut tout loisir de les détailler. Une énorme avancée osseuse protégeait les yeux si profondément enfoncés dans leurs orbites qu’ils paraissaient inexistants ; leurs bras immenses battaient le long de leurs jambes, descendant bien au-dessous du genou. Ils portaient tous, soit de rudimentaires haches de pierre, soit de simples gourdins. "
    Il y fait la connaissance d’Antéa, une jeune fille normale appartenant à une tribu qui descend des rescapés "normaux" de la surface. Ce qu’ignore Sloma, c’est que l’ordinateur veille sur des "Anciens" en hibernation, scientifiques et techniciens datant de l’époque de la catastrophe et qui, si toutes les conditions de survie étaient réunies, ils auraient à gouverner une nouvelle terre, à eux livrée de plein droit par l’ordinateur programmé en ce sens. Sloma et Antéa, se révoltant à cette idée, détruisent l’ordinateur, ainsi que les cellules d’hibernation des "Anciens" ce qui provoquera un volcanisme intense à l’endroit où se situe l’Abianta de Sloma, ensevelissant du même coup toute la tribu. Sloma et Antéa hériteront d’un monde neuf qu’ils devront rendre plus juste.
    Un récit documenté bien que l’on ne voit pas comment, avec la technologie en usage en 1986, l’on aurait pu – même de façon cachée - mettre en hibernation toute une pléiade de scientifiques. A moins que  " l’endormissement " ne soit une constante des scientifiques (peut-être aussi des politiques) …

  3. Type: livre Thème: péril jaune et guerre des races, guerres futures 1 Auteur: Robert HEINLEIN Parution: 1951
    En un futur indéterminé mais après l’an 2000, les Etats-Unis sont envahis et terrassés par les Pan-Asiates, Mongols, Chinois, Indiens qui, ayant débordé la Russie Soviétique, font peser une poigne de fer sur les USA :
    " La soviétisation de l’Asie en avait chassé les occidentaux, et tout particulièrement les Américains, beaucoup plus efficacement  que n’aurait pu le faire n’importe quelle décision du Congrès. "
    Les Américains, numérotés, immatriculés, parqués en des camps de concentration vivent le sort des esclaves sous la férule d’un " Prince Royal ". Seule, dans toute l’Amérique, une base secrète, située près de Denver, n’avait pas été découverte. Là, différents scientifiques s’appliquent à la mise au point d’un appareil spécial, sorte de "transmetteur de matière". Une mauvaise manipulation tue la quasi-totalité des ressortissants de la base, à l’exception de quelques scientifiques.
    Voilà la situation que découvre le colonel Withney Ardmore lorsqu’il prend le commandement des scientifiques présents, Thomas Graham, Robert Wilkie, Herman Scheer, le major Brooks et le colonel Calhoun. La question qui se pose est la suivante : comment, lorsqu’on a si peu de moyens, résister à l’envahisseur ? Ses espoirs reposent sur trois idées. La première est l’exigence d’une obéissance totale et inconditionnelle aux ordres reçus. La deuxième suppose une utilisation des techniques de bluff et la maîtrise des communications. La troisième consiste en l’achèvement de ce qui pourrait devenir l’arme ultime, le fameux transmetteur, qu’il baptise le " ledebetter " en hommage à son inventeur disparu. Puisqu’il est impossible de résister aux Jaunes par la force, Ardmore constituera une 6ème  colonne, chargée de les déstabiliser. Par le truchement d’une religion crée de toutes pièces – les Jaunes ne comprenant rien aux Dieux occidentaux -  il implantera des temples sur l’ensemble des Etats-Unis, et créera une prêtrise ad hoc, thuriféraire  du nouveau dieu "Mota". Ce travail sera sensiblement facilité par le rayon Ledbetter, véritable outil multi-fonction. Ce dernier présente des possibilités qui tiennent du miracle : découper de plaques de granit, soulever, tirer, pousser des objets très lourds, assommer, désintégrer les êtres humains, et in fine, transmuter les métaux en or.
    Le réseau s’organise rapidement. Des nouveaux venus, soigneusement triés  formeront la prêtrise ; chacun d’entre eux gagnera un temple, muni d’un "bourdon", une application individuelle du rayon ledbetter,  et d’un émetteur-récepteur qui leur permettra d’adapter leur gestuelle aux attentes des fidèles. Vêtus d’une manière appropriée, ils en imposeront aux Pan-asiates d’autant plus facilement qu’ils les arrosent littéralement de pièces en or chimiquement pur et d’affirmations réitérées de soumission à l’autorité du prince Royal. Les temples où s’opèrent les "miracles " , uniquement réservés aux Blancs, attirent de plus en plus de monde par l’offre d’un repas gratuit ou d’une guérison-minute à travers l’entremise du transmetteur.
    Les Pan-asiates, dépassés, réagissent tardivement mais seront incapables de s’opposer à la lutte psychologique que leur livre Ardmore. Une agitation violente s’étend de proche en proche. Il est d’ores et déjà trop tard pour que les masses jaunes puissent se reprendre. Alors qu’elles s’apprêtent à investir les temples, Ardmore donne l’ordre d’engager le combat final. De chaque temple rayonne la mort relayée par les hélicoptères issus de la "Citadelle". Les envahisseurs, déprimés devant une situation qu’ils ne contrôlent plus, se suicident en masse obligeant le prince Royal à donner l’ordre d’évacuer les Etats-Unis.
    Un roman ancien dont l’idée de base n’a pas pris une ride, quoique l’écrasement d’une armée d’invasion par six hommes seulement, tient du conte de fées. Quant à l’opinion de l’auteur, elle est tout entière résumée en ces lignes :
    " Ce satané culte a attiré toutes les cervelles un peu fêlées du pays, les hommes aux cheveux trop longs et les femmes aux cheveux trop courts

  4. Type: livre Thème: guerres futures 2 Auteur: Ulric BARTHE Parution: 1913
    Dans une ferme, en aval de Québec, le journaliste Paul Belmont épouse Marie-Anne Meunier, dans la paix du soir. Même l’ombre de la menace que fait planer l’Allemand Biebenheim, qui convoite aussi la jeune fille, ne peut ternir cette belle soirée.Pourtant, au moment où le notaire énonce les règles du Droit, Belmont entend des coups tirés au lointain : la ville de Québec est attaquée par des Prussiens. Interrompant sa noce, il s’élance vers le siège de son journal, le notaire lui ayant relaté comment l’arrivée « d’honnêtes » citoyens allemands, immigrés au Québec, qui ont essaimé dans des propriétés et spoliés des fermiers, ont pu constituer un grand danger.  
    En ville, les rues sont encombrées et les visages fermés. Les arsenaux en cendres, la garnison écrasée, Québec se trouve à la merci des Prussiens. Déjà, ils paradent en ville, Biebenheim en tête, chantant le bel hymne national allemand: « Die Wacht am Rhein » :
    « Mais les contre-manifestants reculèrent aussitôt. Ils s’étaient trouvés face à face avec toute une horde de gens armés, avançant militairement en colonne serrée, huit par huit, cadençant leurs pas sur l’air de marche qu’ils continuaient à vociférer à pleine bouche. Quelques-uns portaient sur la tête une manière de casque de pompier surmonté d’une pointe dorée (…) Toute la bande paraissait très fière d’elle-même. »
    A la vue de Paul, son adversaire tire sur lui, le manque, blesse à mort une innocente passante. Au journal, Belmont retrouve son collègue et ami, l’Anglais Jimmy Smythe. Ensemble, ils décident de devenir les piliers de la résistance en informant la population des menées prussiennes par des tracts clandestinement imprimés et distribués. Alors que sur les murs fleurissent les proclamations allemandes et leurs cortèges  d’interdictions, que l’Etat de Siège est décrété, que les espions s’insinuent partout, Jimmy et Paul créent le «Comité des Vigilants ». La morgue prussienne est infinie. Au château de Frontenac devenu leur quartier général, le nouveau Gouverneur Von Goelinger s’entête à convaincre la municipalité de l’excellence allemande :
    « -Suffit. Moi je vous demanderai tout simplement de voir dans ce fait stupéfiant la démonstration de la force irrésistible, surhumaine de la Kultur allemande. Avec nous, vouloir c’est pouvoir. Notre génie d’organisation fait depuis longtemps l’admiration du monde entier. Chez nous, tout marche de front : les grandes affaires et la haute politique. La guerre est l’une de nos industries nationales. Tout tend vers un but unique ; l’exaltation de la race au-dessus de toutes les autres, et devant cette poussée d’ensemble de toutes les volontés, de toutes les intelligences d’une nation supérieure comme la nôtre, tout obstacle doit fatalement crouler ; en un mot, nous avons acquis et détenons le monopole de la toute-puissance sur la terre… »
    Se voulant sympathique, Von Goelinger les convainc que toute résistance serait inutile puisque l’Ile des Sorciers ainsi que le Canada en entier est sous contrôle prussien. Il ne faut attendre aucune aide des Etats-Unis, qui appliquent le principe de neutralité, ni de l’Europe, déjà sous le feu allemand :
    « - Ne riez pas, messieurs, rugit le martial diplomate. J’avais en effet oublié de vous informer que nous frappons le grand coup exactement en même temps, j’oserais dire à la même heure, en Europe, en Amérique, partout où nos ennemis sont vulnérables. Le Canada, leur plus belle colonie, était naturellement l’un des premiers points de mire de nos canons. Au moment où je vous parle, nos superdreadnoughts enfin supérieurs à ce que la marine anglaise avait de mieux, nos centaines de sous-marins géants, nos terribles zeppelins, attaquent les côtes anglaises; nos immenses armées de terre, jointes à celles de l’Autriche, foncent sur Peters-bourg et sur Paris. »
    Malgré ces preuves convaincantes, le maire refuse de se soumettre. Von Goelinger lui laissera un délai de réflexion avant de passer à des arguments plus frappants. Paul, ayant trouvé sur une ancienne carte un sentier détourné, abandonne le centre-ville et apprend que l’invasion, préparée de longue date, n’a pas été universelle. D’Ottawa notamment, le Gouverneur du Canada en repli a constitué une milice par une levée de conscription de masse. Ces nouvelles seront aussitôt diffusées par le Comité des Vigilants. Les Allemands, persuadés que les Québécois leur sont maintenant favorables, relâchent la discipline, procédant au désarmement de façon débonnaire. Cependant Biebenheim, toujours en quête de Belmont, terrorise Marie-Anne, puis découvre les tracts subversifs.  Lors d’un contrôle, un coup de main sanglant décide Von Goelinger d’exercer des représailles dans toute la région, permettant aux soldats de commettre les crimes les plus horribles :
    « Le paysan vint alors et demanda ce qu’on lui voulait. L’officier répondit qu’il n’était pas venu assez vite et qu’on allait le discipliner comme bien d’autres. On lui lia les mains derrière le dos, et on le fusilla sur le champ.Alors, une femme accourut portant un tout jeune enfant dans ses bras. A la vue de son mari mort, elle mit le petit sur le plancher et se jeta comme une lionne sur les Allemands, leur déchirant le visage avec ses ongles. L’un d’eux l’assomma d’un coup de crosse sur la tête. Un autre tira sa baïonnette, prit le temps de la fixer au bout de sa carabine et la plongea au travers du corps du bébé. Il porta alors son fusil à l’épaule avec la petite victime au bout ; le marmot ouvrit ses bras une ou deux fois, et ce fut tout. L’officier ordonna ensuite de mettre le feu à la maison, fit apporter de la paille sur laquelle furent jetés pêle-mêle les trois cadavres.»
    Partout gronde la révolte, attisée en sous-main par les curés. Avec Gontran de Saint-Denis à leur tête, honnête citoyen canadien de vieille souche française, les troupes, entraînées, réclament un châtiment à corps et à cris. Tous les grands centres urbains voisins les entendent, Montréal en tête.Lors d’une réunion de conjurés dans une cave, à laquelle participent Belmont et Smythe, la contre-offensive se déclenche, menée par un Canadien enrôlé de force dans l’armée prussienne, qui connaît parfaitement l’emplacement des caches d’armes. Avec François Boileau à leur tête, les Québécois investissent les arsenaux de la ville :
    « Derrière cette troupe martiale se pressait, dans le chemin creux bien connu, qui mène à l’entrée principale de la citadelle, tout un peuple armé de bâtons, de couteaux de boucherie, de vieux flingots, de révolvers, de haches, de massues, de barres de fer, de tout ce qui lui était tombé sous la main. La garde avait eu à peine le temps de donner l’alarme. La garnison était prise au piège. »
    C’est la victoire. Et Paul…se réveille d’un rêve où l’avait plongé un médicament puissant, le tétronal,  administré suite à son évanouissement nerveux lors du mariage, durant lequel il avait fantasmé toute cette aventure.
    Un récit intéressant bien que vieillot, reprenant le thème de la rivalité anglo-prussienne, basé sur la description des attitudes, des comportements, de l’esprit frondeur et pro-français des Canadiens.

  5. Type: livre Thème: menaces idéologiques Auteur: Gaston HOMSY Parution: 1921
    Les Allemands ont gagné la guerre de 14-18. Ils envahissent l’Europe, installent leurs valeurs et leur culture dans tous les pays, surtout en France :
    «Le parti essaya de discuter, il éleva la voix, il en appela aux socialistes allemands, aux membres de la sozial-demokratie, à tous ceux-là qui faisaient partie de l’ancienne Internationale… O illusionnés ! Qu’attendaient-ils ? Qui sait même si ces camarades d’antan : les Wendel, les Noske, les Haase, les Kautsky, les Sudekum, les Fischer, les Barth, les Dittmann n’avaient pas poussé à ce régime, sachant précisément comment on fait marcher l’ouvrier ? – Mais nous sommes tous frères ! clamaient les hommes de la S.F.I.O. – Ja wohl, ja wohl ! Deutschland über alles !  répondaient les autres. »
    Leur main-mise  sur toutes les richesses, leurs manières de germaniser le pays pour l’assouplir et l’intégrer au grand Reich allemand sont décrites à travers les yeux de la famille Ferrat. Le père, Mathieu Ferrat, capitaine de vaisseau en retraite, vit avec ses deux filles Gabrielle et Emma en regrettant l’absence de son fils Lionel dont il n’a plus aucune nouvelle. Ecoeuré par la situation sociale, il envisage d’abandonner son lieu de naissance en Touraine pour terminer sa vie à Sainte-Maxence, dans le Sud, dans une «réserve» française que les Prussiens ont laissé subsister pour « l’exemple » :
    « Quatre parties seulement du territoire, parce qu’elles se trouvaient en dehors de la ligne des grands fleuves, ne devaient connaître la germanisation qu’en dernier lieu, tout en étant aussi Deutschland que le reste. Ces quatre parties : la Bretagne – tout le pays entre Loire et Garonne – la Gascogne au sud de la Garonne – et la contrée à l’est du Rhône, constituaient les réserves.»
    Sa fille Gabrielle l’y suivra. Emma, elle,  volera de ses propres ailes. Fille intelligente, elle avait fait la connaissance d’Otto Mayer, un professeur d’université bavarois qui, sensible à sa beauté, l’encourage de s’installer à Paris d’où elle pourra continuer à suivre ses cours puisque, lui aussi, y a été nommé (par favoritisme). Car l’une des actions principales des Prussiens aura été d’interdire l’usage et la pratique de la langue française sur tout le territoire national (sauf dans les réserves). Tout manquement au règlement provoquait la mise en détention ou le bannissement du contrevenant dans une forteresse prussienne. Une dictature militaire s’était donc installée en France :
    « C’est nous, les Français, qui inventons et ce sont les autres qui appliquent. Et cette invention ?… - Elle consiste à fournir le courant électrique sans qu’il soit besoin de câbles ni de fils. (…) -  C’est tout bonnement merveilleux (…) Je sais ce que vous allez dire. Un progrès, n’est ce pas ? La fin de la houille, plus de mineurs, plus de ces pénibles travaux souterrains… Seulement, voilà, les Allemands sont venus. Alors, savez-vous ce qu’ils ont imaginé ? De ce servir de cette invention pour ajouter à leurs moyens de répression. Aussitôt l’installation terminée, tout autre mode d’éclairage ou de chauffage sera supprimé : gaz, pétrole, huile, alcool, bougie ; obligation d’utiliser le sans fil.  Et dès lors, quand ils voudront nous courber sous tel arrêté nouveau, nous obliger à payer des contributions supplémentaires, nous contraindre à quoi que ce soit ou supprimer un mouvement d’indépendance, crac ! Ils tourneront un bouton : la ville sera privée de lumière et tous nous devrons manger nos repas froids. C’est beau le progrès… le progrès au service de la force. »
    Comme un nuage de sauterelles qui s’abat et ravage tout un pays, les Allemands, portant leurs préférences sur Paris et l’Ile de France, verrouillent les postes administratifs, contrôlent tout déplacement sans visa, interdisent tout rassemblement en groupe, pratiquent la délation, encouragent la collaboration. Ils écrasent les Français avec un poing de fer, germanisent les monuments et les noms de lieux, rêvent de transformer le plus rapidement possible la France en une succursale de l’Allemagne. Emma, malgré ces difficultés, s’installera chez son amie Rose Déjean, à Paris :
    « Quelque étrange que puisse paraître l’aspect des rues de Paris étiquetés en caractères gothiques, cela ne la surprenait pas trop : Tours lui avait offert le même spectacle. En approchant du centre, toutefois, des enseignes d’hôtels aux dénominations teutonnes, des réclames voyantes de maisons germaines, des affiches aux images coloriées commencèrent à l’intéresser. Mais ce fut à la place de l’Opéra, à l’intersection des grands boulevards, qu’elle ouvrit des yeux étonnés. A cet endroit s’élevait le premier monument dressé dans Paris à la gloire de la Germania. C’était, sur un soubassement en granit rose du Rhin, une colonne de marbre, sans ornements, mais lourde et massive, portant à son sommet, toutes ailes déployées, l’aigle des Hohenzollern. Aux pieds de l’aigle, sur la frise, quatre mots, la nouvelle devise de Wilhelm, I.R., Das habe Ich gewolt (J’ai voulu cela) »
    Lorsqu’elle prit contact avec se nouvelle famille, Mme Déjean lui fit part du malheur qui la frappait. Son fils Victor, francophile convaincu et bon ouvrier linotypiste, venait d’être emprisonné pour des peccadilles et risquait de longues années de détention. Emma se rappelle l’existence d’Otto Mayer, elle court lui demander de l’aide. Troublé par la beauté de la jeune fille, le professeur lui promet d’agir en faveur de Victor à condition toutefois qu’une telle démarche ne soit pas défavorable à sa carrière. Victor libéré, à la grande joie de sa mère, Emma chercha un travail. Rose lui présenta Georges Dorman, imprimeur de son état, qui avait non seulement besoin d’un ouvrier typographe mais aussi d’une bonne secrétaire et correctrice pratiquant parfaitement la langue allemande. C’est ainsi que Victor et Emma furent embauchés. La pression germanique n’empêchait cependant pas la parution de nombreux journaux et feuillets contestataires, dont « la France Libre » qui occupait une place importante dans les cœurs et les esprits.
    De multiples perquisitions imposant un coup d’arrêt qui aurait pu être fatal au journal, Georges Dorman fut pressenti, de le prendre en charge. En toute discrétion il installa une petite presse non répertoriée dans le grenier des Déjean et, avec Victor, se chargea de « la France Libre ». Emma, bien qu’elle fût au courant de ces actions d’opposition, avait d’autres soucis : elle venait d’avoir des nouvelles de Lionel, emprisonné à vie dans une forteresse en Germanie. Elle pensa donc, grâce à sa connaissance de la langue, se faire passer pour allemande, éviter le visa obligatoire pour voyager, et rendre une visite à Lionel.
    Elle partit pour Bruxelles au moment où une perquisition s’opérait chez les Dorman et les Déjean. Trahie par Otto Mayer qui s’étonnait des fréquentations d’Emma, la jeune fille fut arrêtée par la police, tout comme ses amis. Son cas, dissocié des autres, fut considéré comme gravissime par les maîtres prussiens qui voulaient voir en elle une espionne :
    « Elle entra dans la salle d’audience et prit place sur le siège réservé aux accusés. En face d’elle vinrent s’asseoir les juges, des officiers revêtus de brillants uniformes, à l’air rogue, rigides, compassés, bombant leur torse sur lequel s’étalaient de multiples décorations à commencer par la croix de Fer – le fer, symbole de la race. Autour d’elle, rien que des militaires et son défenseur d’office, un oberleutnant. Aux quatre angles de la salle, des drapeaux ; sur le mur du milieu, derrière les juges, l’oiseau de proie, l’aigle noir de la Prusse.»
    Après une parodie de procès, Emma fut fusillée dans la cour d’une caserne.
    Ce roman, apparenté clairement au genre de l’uchronie n’est donc, à priori, pas susceptible de figurer dans notre répertoire. Néanmoins nous avons considéré que la description quotidienne de la vie française sous la botte des allemands, les conséquences idéologiques et sociologiques d’une occupation de longue durée, la mise à mort proclamée d’une nation européenne par consomption et assimilation, l’usage de la délation et de la science en un but d’oppression, puissent être assimilés à une catastrophe. Nulle part, il nous a été donné de lire un ouvrage aussi fouillé, un réquisitoire aussi terrible contre l’Allemagne du Kaiser où, grossissant par la charge et la caricature les traits des traîtres « boches », la haine et l’esprit de vengeance jaillissent à chaque page de l’ouvrage

  6. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: C.F. RAMUZ Parution: 1939
    Le bourg de Saint-Martin-du-Haut, encaissé dans une haute vallée des Alpes suisses, connaît un événement singulier au sortir de l’hiver : le soleil est en passe de disparaître. C’est du moins ce que disent Follonier et Denis Revaz qui a fait soigner son genou chez le vieil érudit Anzévui, le sage de la petite communauté, lequel prétend, après avoir lu  la bible et opéré les calculs astrologiques nécessaires, que le soleil disparaîtra pour de bon, très bientôt, et qu’il est temps pour chacun de se préparer. Lui-même, au moment ultime, mourra :
    " Tu as pourtant refait les calculs, tu es arrivé au même résultat que moi…Et bien, je vais te dire, parce que tu n’as pas compris. Eh bien, dans le livre, il y a une guerre ; - il y a justement une guerre à présent. Et il y a  aussi une guerre dans la région du soleil. 1896 et 41 ça fait le compte. Il est dit que le ciel s’obscurcira de plus en plus, et, un jour, le soleil ne sera plus revu par nous, non plus seulement pour six mois, mais pour toujours (…)
    " C’est pas ça, disait Revaz.
    -Et qu’il y ait eu des filles qui avaient des inquiétudes à leurs fins de mois…
    -C’est pas ça ?.
    -C’est quoi ?
    -C’est le soleil.
    -Le soleil ?
    -Oui
    -Et qu’est ce qu’il va lui arriver , au soleil ?
    -Du pas tant bon, dit Revaz "
    Chaque habitant vivra cette révélation en fonction de sa psychologie. Les uns (surtout les jeunes) traitent ceci de faribole et Anvézui de menteur :
    -Alors ce soleil ?
    -Eh bien, je ne sais pas, moi ; je ne suis pas un savant comme Anzévui ; j’ai pas lu ses livres…
    -On te demande seulement de nous dire comment ça se passera, le soleil qui n’éclaire plus. Pourquoi est-ce qu’il n’éclaire plus ?
    -Je sais pas, il y a extinction, ou bien c’est nous qu’on cesse de tourner…
    -Oh ! justement, disait Follonnier, c’est qu’on tourne et on ne peut pas cesser de tourner . Comment veux-tu qu’on cesse de tourner ?
    -Je sais pas.
    -On tourne même doublement, parce qu’on tourne autour du soleil et ensuite autour de nous-mêmes, et ça fait la nuit et le jour. Pour qu’il n’y ait plus que la nuit, il faudrait qu’on soit comme la lune.
    -Justement…
    -Ou bien que le soleil éclate en morceaux ; comment est-ce qu’il peut éclater en morceaux ? Il faudrait qu’il rencontre une comète…
    -Justement.
    -Mais il n’y a point de comète… Ou bien qu’il se refroidisse tout à coup et qu’il devienne noir comme quand on pisse sur le feu… "
    Les autres, à l’exemple de la vieille Brigitte qui allume une chandelle par semaine écoulée, entreprennent de constituer des réserves de bois.  Follonier, le rusé et avisé paysan, envisage le temps qui reste pour réussir des affaires, notamment celle de racheter le terrain d’Arlettaz qui a impérieusement besoin d’argent pour pouvoir rechercher sa fille enfuie et alimenter son alcoolisme. Vivant dans une crasse inimaginable, il déboursera sans compter l’argent du terrain, payant à boire à qui le souhaite.
    Le jeune Métrailler désire en avoir le cœur net. Armé de son fusil et dans la nuit noire, il grimpe au sommet du grand Dessus pour vérifier si effectivement le soleil a disparu :
    " Il n’y avait plus de ciel ; il y avait seulement un brouillard jaunâtre qui était tendu d’une pente à l’autre, comme une vieille serpillière, un peu au-dessus du village, et les montagnes sont derrière, ou bien est-ce qu’elles n’existent plus, les pointues, les carrées, les rondes, celles qui sont comme des tours, celles qui sont comme des cornes, celles qui sont toutes en rochers, celles qui sont toutes en glace  qui brillaient toutes ensemble autrefois sous le ciel bleu. "
    Mais un faux pas, une entorse, réduit son projet à néant. Ses camarades de Saint-Martin-du-Haut, à l’instigation de Métrailler père, se chargent de le ramener. Le bistrot de Sidonie se transforme en centre opérationnel. Dans l’atmosphère enfumée se commentent les événements ; les jeunes qu’Anzévui met mal à l’aise projettent de lui jouer un bon tour : ils espèrent lui faire peur en se déguisant en femmes.  Entre-temps,le père Métrailler tombe dans le coma. Effrayé de le voir ainsi, Métrailler fils cherche Anzévui qui seul est capable de libérer l’agonisant d’une vie devenue inutile. Quant au père Revaz, il pense à mettre ses affaires en ordre avant le grand départ de la fin du monde et transmet son héritage à ses enfants. Soudain, Brigitte se rend compte que la chandelle restée habituellement allumée sur le rebord de la fenêtre de la maison d’Anzévui, n’éclaire plus : le vieux sage est trouvé mort dans son fauteuil. Pour la communauté, c’est une catastrophe car à partir de maintenant, le soleil ne reviendra plus ! Seule Isabelle, la femme de Revaz, espère secouer l’espèce d’engourdissement qui pétrifie la volonté de ses concitoyens:

  7. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: Yves THERIAULT Parution: 1962
    01 . Akua Nuten (Le Vent du Sud),  pp. 11 –25
    Kakatso le Montagnais est un solitaire. Il est heureux dans ses chères montagnes où il se débrouille sans le secours de la technologie. Laissant femme et enfants, il part pour une virée dans les Laurentides. Au bout de quelques jours, il ressent une angoisse que rien ne vient étayer. S’établissant au bord d’un lac magnifique, il y vit soudain amerrir un hydravion. Le pilote, une femme et son mari, un enfant, semblent terrorisés. Ils lui apprennent qu’une guerre atomique a éclaté dans le sud et qu’ils ont besoin de ses services pour survivre en ces lieux isolés. Kakatso, méprisant l’argent offert, entrevoit en un instant la possibilité pour l’indien qu’il est,  de prendre sa revanche sur le blanc qui l’a maintenu en tutelle de si longues années. Alors, il les abandonne à leur sort et s’enfonce dans la forêt. Deux mois après, les radiations, amenées par un vent du sud, laissent sur son corps les premiers stigmates de la mort radioactive.
    02. la Continuation,  pp. 37 – 49
    " Après la bombe, il ne restait de tout Paris que des quais de la Seine –mais peu, des pans ici et là, une amorce de pont, les piliers d’un quai de bateaux-mouches – et bien au loin, les ruines surprenantes d’une tour de radio-contact, en direction d’Orly. Le reste n’était qu’un amas de débris, de miettes pierreuses. Tout ce qui était combustible avait péri, le reste avait été réduit en cette couche presque égale, creuse de deux mètres et plus, qui marquait l’emplacement de la Capitale du monde. "
    Flavie a survécu à la grande explosion. Du côté de la Loire, la jeune fille vit chichement élevant deux poules et une chèvre. Parfois, elle voit passer des gens sombres qui se dirigent en pèlerinage vers la capitale détruite. Alors, elle aussi se sent prise de la même envie. Avec l’arrivée de Jean, qu’elle prendra pour mari, ils abandonnent la petite exploitation pour " monter " sur Paris. Les monceaux de ruines, les cendres soulevées par le vent achèvent de les désespérer. Ils trouvent refuge pour la nuit dans un souterrain, celui de l’ancien hôpital des enfants malades où ils sont mis en contact avec des aiguilles de radium abandonnées. Les vomissements de Jean se déclenchent quelques jours après. Flavie, moins malade, retourne à sa petite ferme. Enceinte des œuvres de Jean, elle accouchera d’un monstre.
    Ironie désabusée et désespoir tranquille se partagent la vedette en cette nouvelle.
    03. le Monde meilleur, pp. 57 – 70
    Une bombe atomique tombée sur Manhattan laisse un délai suffisant pour que dans un abri souterrain de Brooklyn survive un groupe de new-yorkais. Livrés à eux-mêmes, effondrés, ils se ressaisissent à l’exhortation d’un vieux curé qu’ils connaissent bien. Celui-ci leur dit que des temps nouveaux sont venus; qu’il faut remercier Dieu pour sa bienveillance; qu’il est l’heure de bâtir un monde meilleur et plus juste. Ses auditeurs en ont les larmes aux yeux. A ce moment, arrive, titubant sur les escaliers, venu d’en haut, un métis. Heureux d’avoir été épargné, celui-ci leur annonce que c’est par pur miracle qu’il n’a pas été irradié. La foule se recule avec horreur devant lui. Avec répugnance et par peur de la contamination, ils le projettent sur les rails du métro où il s’électrocute.
    Une nouvelle brève et désespérée.
    04. Yuri, pp.  75 – 88
    Yuri le moscovite est renversé par une Zim, conduite par un aparatschik. Admis à l’hôpital public, il fait la connaissance de Vassily, dans sa chambre. Celui-ci lui explique les règles du jeu : dans cette société où tout le monde espionne tout le monde, où chacun se tient mutuellement, il faut  parler plus fort que les autres, montrer sa hargne. Yuri y gagnera en considération car la crainte en face de quelqu’un de si sûr de lui est un sentiment universellement partagé par ses concitoyens. Yuri, l’éternel opprimé, met longtemps, trop longtemps à mettre en pratique les leçons de vie de Vassily. Lorsqu’il s’y décide enfin, il est transformé en énergie pure comme tous ses semblables par une bombe atomique de cinquante mégatonnes larguée sur Moscou.
    Une nouvelle à l’ironie amère et au ton juste.
    05. Rocco, pp. 95 – 105
    Rocco a deux amours. " Suzanne et les Vieillards " et " la Vénus au bain ". Ce sont elles qui ont décidé de sa vocation de gardien de musée aux Offices de Florence. Pour le reste, comme les tensions internationales, cela ne le concerne pas. Aussi n’est-il même pas surpris lorsque la ville de Florence est soufflée par une bombe atomique. Seul survivant dans ces ruines  – par quel miracle ? – avec un enfant dont il se désintéresse – Rocco  suit une seule obsession : celle de repeindre les tableaux disparus – mais pour qui ? –
    Une nouvelle brève qui démonte le mécanisme de l’âme humaine.
    06. le Monde éclaté, pp. 113 – 122
    L’action se situe dans une salle de rédaction, au Québec, à Montréal, peu de temps avant le jour fatal. Drolet, bien que très compétent, a été mis depuis longtemps au placard par Jullien, le rédacteur du matin, journaliste engagé dans la politique séparatiste du Québec. Drolet, qui a travaillé toute la nuit à comparer les données internationales, sait que le monde court à sa perte. Il suggère à Jullien un titre pour la parution du matin, soit : " le monde éclate ". Ce dernier accueille  avec mépris la proposition. Il connaît, lui, un bien meilleur titre, soit : " Triomphe des séparatistes : au pouvoir dans deux mois. " Lorsque le journal paraît, tout sera obsolète : Montréal a été rasée par la bombe.

  8. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: Gregory BENFORD Parution: 1979
    Au début du XXIème siècle, la technologie a permis de mettre sur orbite des satellites opérationnels ; l’homme a installé une base permanente sur la lune et même visité Mars. Mais une menace baptisée « Shiva » se profile sur l’horizon astronomique. Il s’agit d’un essaim de météorites de belle taille avec, au centre, un noyau de deux kilomètres de diamètre et de 30 000 milliards de tonnes, essaim appartenant au groupe des « Apolliniens », appelés à croiser l’orbite de la Terre depuis plusieurs millions d’années.
    Mais cette fois-ci la collision est inévitable et imminente. Certains signes avant-coureurs se sont déjà manifestés par la destruction entière de quelques villes. Encore n’est-ce qu’un hors d’œuvre puisque Shiva, de retour de son aphélie, percutera la terre de plein fouet assurant à coup sûr la destruction de l’espèce humaine. Il reste environ deux années avant le choc et l’Amérique, toujours en avance technologique, est le seul état capable de réagir.
    Le président Knowles prend immédiatement contact avec les Russes ainsi que toutes les nations susceptibles d’aider les USA. Il s’agit d’envoyer à l’encontre de Shiva l’ensemble de missiles atomiques disponibles, de les y faire exploser, ne serait-ce que pour dévier l’énorme masse centrale de l’orbite terrestre. Toutes les énergies doivent concourir en ce but et une équipe de cosmonautes mêlant Russes et Américains deviendra opérationnelle rapidement. Elle comprendra à la tête de la fusée « Alpha » le colonel Carl Jagens, un être dominateur et rationnel dont l’unique mission sera de sauver la terre du péril qui la menace :
    « Menchov resta muet et Jagens lui en fut reconnaissant. Il lui fallait se concentrer totalement sur la tâche à venir. Rapidement, il passa la situation en revue. S’ils n’avaient pas dévié Shiva d’ici deux heures, plus rien n’aurait de signification. La collision se produirait et même si elle ne se produisait pas de plein fouet, le choc n’en prendrait pas moins des proportions colossales. La terre se trouverait toujours sur le passage. Ce qu’ils allaient faire au cours des deux heures suivantes déciderait du sort de l’humanité. »
    La fusée « Oméga », celle qui devra parfaire le travail en dispersant l’essaim, sera commandée par Lisa Bander, une jeune femme sensible mais accrocheuse. Les équipages seront entraînés à Cap Carnaveral en même temps que de nombreuses autres bases, éparpillées sur le territoire américain, qui toutes participeront à l’effort de guerre. Avec la bombe russe de quatre cents mégatonnes, Shiva devra encaisser le coup central. Elle sera suivie par une vingtaine de bombes de vingt mégatonnes chacune. Une opération à haut risque tenue par Knowles d’une main de fer alors que la décomposition des sociétés humaines a déjà commencé :
    " Le chaos. Même dans l’armée. Mutineries sur les navires, désertions, sabotage. La Royal Navy perdit le Repulse, dont l’équipage, imitant celui du Bounty, mit le cap sur Tahiti. Les Russes perdirent deux bâtiments, coulés par leurs équipages, dont tous les membres disparurent pour consacrer à la débauche leurs ultimes semaines. Les Français eurent un navire sabordé dans le port du Havre, les Boliviens aussi. Les coups d’Etat se multiplièrent en Amérique du Sud. La mère de Mort Smith découverte assassinée dans son appartement de Fort Lauderdale. La loi martiale ne s’appliquait pas encore sur l’ensemble du territoire, mais on n’en était pas loin. Le président Knowles réussissait à faire garder son sang-froid au gouvernement bien qu’il y ait eu des émeutes provoquant des centaines de morts. Du moins n’avait-on pas dynamité le Capitole ni le monument de Washington, la tentative ayant échoué. Un monde devenu fou. Littéralement fou. "
    A la stratégie de la NASA s’opposeront les « Gabriélistes », ainsi nommés à cause de « Frère Gabriel », un ancien commercial qui s’est reconverti en sentant son heure venue. L’arrivée de Shiva est pour lui le signe de l’apocalypse et seuls survivront les forts après que l’humanité aura été balayée. Pour cela, la marche de Shiva ne devra pas être contrariée et les Gabriélistes, de plus en plus nombreux et efficaces au fur et à mesure que le danger se précise, s’y emploieront jusqu’à envisager la destruction des tours de lancement des deux fusées. D’autres religions de la fin naissent comme celles qui proposent le suicide ou l’orgie. Les échanges commerciaux se ralentissent puis s’arrêtent. Le troc prend place. Les rues sont envahies par des bandes braillardes qui, en proie à la peur de la mort, se livrent aux pires exactions.
    Les personnages suivent leur destin individuel dans ce délire collectif. Knowles, par exemple, qui apparaît comme un maillon essentiel de la survie humaine, écrasée par sa mission, se réfugiera dans son adolescence en jouant de la guitare et en couchant avec sa secrétaire. Carl Jagens, décidé à tout prix à empêcher la collision, après l’envol de la mission et en approche de l’ennemi, se transformera en fou paranoïaque allant jusqu’à éliminer ses coéquipiers  pour s’assurer la victoire à lui tout seul. Il y gaspillera ses missiles et , chevauchant la bombe, (clin d’œil à « Dr Folamour »), il disparaîtra, transformé en énergie pure. Lisa Bander, malgré ses hésitations et son affection envers Diego, un autre membre de l’équipe, placera ses missiles à bon escient. Quant à Frère Gabriel, il convainc par le truchement médiatique, des millions d’hommes à se sacrifier.
    L’on suit aussi l’action essentielle d’obscurs sans-grades, tels ce sergent Saperstein qui aide à contenir la ruée des Gabriélistes vers les tours alors que d’autres se sacrifient pour assurer l’alimentation électrique nécessaire au relais chargé de communiquer les dernières informations techniques essentielles à la précision du tir aux deux fusées Alpha et Oméga. Dans la ville de Houston, en pleine anarchie, ils « emprunteront » l’alimentation électrique à un hôpital pour assurer les communications, condamnant à mort du même coup de nombreux blessés :
    « Saperstein regarda autour de lui. Une centaine de personnes – dont quelques enfants- gisaient à l’intérieur du périmètre. Des milliers étaient empilés en tas muets et obscènes le long de la clôture, qui crépitait encore en jetant des étincelles. Un corps tomba comme une masse et resta étalé dans une posture indécente. C’était celui d’une jeune femme. »
    Les derniers instants avant l’impact seront précédés par des chutes de météorites qui, bien que de taille modeste, creuseront de profonds cratères, ressusciteront d’anciens volcans, provoqueront des raz de marée gigantesques, pulvériseront des cités ou des régions entières. Finalement Shiva le Destructeur se transformera en Shiva le Sauveur. Les derniers missiles lancés par Lisa ont infléchi sa course et l’ont amené à se satelliser autour de la terre, avec dans ses flancs une immense fortune, des milliards de tonnes de ferro-nickel qui fourniront à l’humanité, transformée par l’épreuve, une longue prospérité économique. Lisa et Diégo, seuls survivants de l’aventure cosmique, seront hissés au rang de héros planétaire.
    « Shiva le destructeur » est un roman complexe, touffu, étonnant. Mélangeant personnages et situations dramatiques, préparation minutieuse des événements, malaxant destins individuels et collectifs de manière hyperréaliste, Benford et Rostler ont signé une grande fresque humaniste. Ils ont rénové un thème archétypique du genre cataclysmique en faisant de ce récit le substrat d’une œuvre angoissante par son réalisme.

  9. Type: livre Thème: le dernier homme Auteur: Frédéric H. FAJARDIE Parution: 2004
    Lupin Brandon, 39 ans, crétin patenté et authentique franchouillard, est le dernier homme sur terre. Pourquoi lui seul a-t-il su résister à l’épidémie virale foudroyante, surnommée « Shangaï express », qui, en vingt jours, a décimé la totalité de l’espèce humaine? On ne sait. En tout cas, il s’amuse en fonction de son degré de culture et de ses croyances racistes, scatologiques et anti-technologiques. Avec délectation, il marche : « sur les cadavres décomposés des riches clientes foudroyées dans cette épicerie de luxe (Fauchon). Il guettait particulièrement le petit bruit sec des cages thoraciques cédant sous le talon de ses rangers. »
    Malgré cela, il s’ennuie. D’autant plus qu’il a tué son unique compagnon, survivant lui aussi, parce qu’il utilisait des mots qu’il ne comprenait pas.N’ayant plus d’avenir, haïssant un monde qui l’a laissé vivre, Lupin Brandon, crétin patenté, finit par se suicider. Au grand plaisir de tous les animaux qui eux, ont survécu au virus.

  10. Type: livre Thème: épidémies, sociétés postcataclysmiques 1 Auteur: Robert SILVERBERG Parution: 1976
    Comme chaque matin, Shadrak Mordecaï, le médecin personnel du dictateur du monde Gengis 2 Mao IV, se réveille. Relié par des implants informatiques à son auguste supérieur, il est averti immédiatement des états kinesthésiques de Gengis, se transformant pour lui en une sorte de prothèse électronique. Gengis 2 Mao IV ne tient pas à mourir en ce matin de l’an 2100. S’étant hissé au sommet du pouvoir mondial, il a instauré le règne de la dictature prolétarienne absolue, reposant sur la théorie de la double redondance.Grâce à lui, un semblant de cohésion sociale existe encore de par un monde irrémédiablement réduit à quelques dizaines de millions de personnes, en diminution constante. Tout a commencé avec le réveil du volcan Cotopaxi en Amérique du Sud qui, en crachant des nuages ininterrompus de cendres empoisonnées a déstabilisé l’écologie de la planète :
    "L’air s’est raréfié et refroidi, il porte une âcre odeur de soufre. Ce n’est encore que le milieu de l’après-midi, mais la cendre tombe si dru qu’il faut déjà éclairer les rues, où la couche de fine neige grise atteint la hauteur des chevilles –tandis que le Cotopaxi gronde et siffle, et que les gens se pressent en désordre vers le nord. Mordecai sait ce qui va se passer (…)L’explosion n’est plus loin, celle qu’on entendra à des milliers de kilomètres de là, puis il y aura le tremblement de terre, les nuages de gaz empoisonnés, le déversement insensé de tonnes de cendre volcanique qui effaceront le soleil de l’horizon de la planète entière ; en cette nuit du Cotopaxi, les anciens dieux courront libres à la surface du monde, et les empires s’effondreront. "
    Des troubles politiques et sociaux s’en sont suivis à travers les populations fragilisées, provoquant des guerres totales qui ont fait basculer tous les régimes et détruit tous les systèmes gouvernementaux existants. Enfin, la " Guerre virale " a provoqué le syndrome du " pourrissement intérieur", maladie qui affecte le patrimoine génétique de l’homme. L’être humain n’a plus que le choix de mourir soit très vite (forme rapide de la maladie), soit en pourrissant sur pieds (forme lente) :
    " Ici tout le monde souffre du pourrissement organique, mais la chose est acceptée et ne provoque aucune panique. Les corps des New-Yorkais sont transparents ; Shadrak voit rougeoyer les légions internes, les zones de purulence et de décomposition, les éruptions, les érosions, les suppurations qui affectent intestins, poumons, tissus vasculaires, péritoine, péricarde, rate, foie, pancréas. La maladie se signale par des vagues de pulsations électromagnétiques qui martèlent lourdement sa conscience, rouge, rouge, rouge. Ces gens sont bourrés de trous de la cave au grenier… "
    L’empire de Gengis, dont la capitale mondiale se situe à Oulan-Bator, s’est répandu universellement, comme l’énonce son journal fictif :
    " L’ancienne société se meurt. Il y a seulement dix ans, je pensais qu’un bouleversement fondamental était impossible; puis il y a eu le volcan, la terreur, les soulèvements, la Guerre virale, le pourrissement organique. Trois milliards d’êtres humains ont péri et les institutions s’écroulent comme autant de mauvaises constructions, frappées par un tremblement de terre. Je ne partirai pas d’Oulan-Bator. Je crois que mon heure est enfin venue. Mais le gouvernement que je vais constituer ne portera pas le nom de République populaire. "
    Instaurant un état dictatorial absolu, une sorte de stalinisme technologique selon la théorie de la " dépolarisation centripète " où tout le monde est surveillé vingt quatre heures sur vingt quatre, où tous les noms sont enregistrés, où la police est omniprésente à travers le système de surveillance de Vecteur 3, où le monde est dirigé par un vieillard de plus de quatre vingt dix ans qui n’a plus rien d’humain. Ses organes internes sont régulièrement remplacés de telle manière qu’il puisse se survivre à lui-même, sinon éternellement, du moins le plus longtemps possible. Des banques d’organes sont constamment réapprovisionnées avec les opposants – supposés ou non - du régime. Son seul problème est le remplacement de ses  neurones. Craignant à terme que la sénilité le gagne, Gengis a ordonné la mise en œuvre de trois projets qui devraient assurer sa survie.
    Le premier consiste à créer un double mécanique, miroir de sa personnalité. Le deuxième recherche toute possibilité de faire repousser les neurones. Le troisième envisage le transfert de l’esprit de Gengis en un nouveau corps plus jeune. Il compte utiliser à cet usage son neveu Mangu. Mais Mangu se suicide. Gengis attribue cette mort à une action terroriste et, du haut de sa sénilité, décrète une immense purge. Même les dignitaires du régime se sentent menacés. Shadrak qui informe constamment le Khan de son état de santé,  apprend de la bouche du chef de projet N°3 que le dictateur s’est réservé le propre corps de Shadrak en remplacement de celui de son neveu.Troublé, déchiré par sa vocation médicale qui met sa loyauté au service du vieillard et désireux cependant de préserver sa propre vie, Shadrak s’autorise un voyage autour du monde pour prendre ses distances par rapport à un avenir menaçant.
    Lui, comme les autres dignitaires du régime, sont régulièrement préservés du pourrissement lent par le sérum "Roncevic ", du nom de son découvreur. Contrairement aux annonces officielles qui destine le médicament au monde entier, celui-ci est réservé à  l’élite politique de Gengis. Shadrak découvre dans sa pérégrination autour du monde, le mal dans toute son horreur : Jérusalem, Istanbul, Pékin offrent le même visage de décomposition et de mort. A Pékin, il est accueilli par le chef de service de la police de Gengis qui est envoyé pour le ramener chez le dictateur. Shadrak apprend que Gengis souffre d’atroces maux de tête dus à une accumulation du liquide céphalo-rachidien, ce qui augmente la pression intracrânienne.
    Une intervention est décidée afin de mettre en place, à l’intérieur même du cerveau de Gengis, une dérivation à l’aide d’une valve. Trouvant là une solution à son problème, Shadrak, avec l’aide d’un informaticien contestataire, se fait greffer un implant-maître dans sa main gauche qui aura pour effet d’inverser le sens d’ouverture de la valve lorsque le médecin serre le poing ce qui tuerait à coup sûr Gengis. A partir de ce moment, Shadrak tient au sens propre du terme la vie du dictateur dans sa main et pourra le diriger telle une marionnette. Gengis, vaincu, accède à sa demande de devenir le directeur de l’autorité médicale mondiale dans le but de faire distribuer le médicament salvateur au restant des populations.
    Une œuvre originale qui, comme souvent chez Silverberg, explore l’inconscient de ses personnages, tous d’exception, fouille leur motivation, décrit leur évolution psychologique, le tout sur fond de cataclysme et de décrépitude. Un roman qui atteint au classicisme dans le genre.