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Bienvenue dans la Base de Données des livres !

Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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Livres

  1. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: Arthur C. CLARKE Parution: 1993
    La vie du capitaine Robert Singh, commandant du vaisseau « Goliath », est indissociable de sa mission qui l’entraîne aux confins du système solaire, vers Kali, un astéroïde de la famille des Troyens. Détecté par le professeur Millar, un astronome amateur, en dépit du programme « Spaceguard » mise en place par la NASA vers 2100 dans le but de répertorier tous les menus objets du système solaire, Kali, avec ses milliards de tonnes de roche, de fer et de poussière, fonce vers la Terre :
    « Nous sommes en présence d’un petit monde criblé de cratères, en forme d’haltère ou de cacahuète, et d’une masse de deux milliards de tonnes. Par malchance il se déplace sur une orbite rétrograde, en sens inverse de toutes les planètes. Rien de bien inhabituel, la comète de Halley fait pareil, mais cela veut dire qu’il percutera la Terre à pleine vitesse et de plein fouet. C’est pourquoi nous devons absolument dévier sa trajectoire, sinon notre civilisation, et peut-être même notre espèce, sera rayée de la surface du globe. »
    Le parcours personnel de Singh, son travail de spécialiste sur Mars, entre Phobos et Deimos, l’a désigné tout particulièrement pour cette dangereuse mission. A bord du Goliath, un long vaisseau minier en forme de tube, il aura pour obligation, avec ses compagnons et l’ordinateur de bord David, de fixer Atlas, une grosse tuyère propulsive, sur Kali,  pour dévier sa trajectoire, « comme une souris qui pousserait un éléphant. »
    Arrivé dans les parages de Kali, les géologues de la mission recherchent le meilleur endroit d’arrimage. Atlas est mis en place et fonctionne très correctement durant cinq secondes, puis s’éteint définitivement. Quelques exaltés de la nouvelle religion syncrétique terrestre, le Christislamisme, ont décidé que rien ne devrait entraver le plan de Dieu en sabotant Atlas, là-bas, sur Mars.
    La situation est gravissime car le temps presse. Après un moment de découragement, les hommes du Goliath fixent leur propre engin à Kali pour en faire un propulseur, situation vécue avec intensité sur la Terre. Mais un autre danger surgit. Sous l’influence du vent solaire, l’astéroïde commence à dégazer, créant des forces perturbatrices opposées à celles engagées par Goliath, annulant la déviation prévue.
    Comme deux issues possibles valent mieux qu’une, les Etats terrestres ont aussi activé le projet « Excalibur » qui consiste à faire exploser l’astéroïde par un missile atomique, ancienne arme de la « guerre des étoiles » terrestre, du temps de la guerre froide entre les blocs. Une fusée à forte charge nucléaire prend le départ pour Kali, condamnant à mort le Goliath et ses passagers. Fait incroyable, arrivée à destination, la fusée fait long feu, épargnant les hardis pionniers qui déjà s’étaient apprêtés à mourir. Mais son action ne fut pas nulle. L’ impact cassa Kali en deux par son milieu. L’une de ses parties, avec le Goliath accroché à ses flancs, dériva dans l’espace d’où l’on pourra ultérieurement recueillir les naufragés. L’autre, se dirigeant vers notre planète, rebondit sur son atmosphère non sans avoir, au préalable amorcé une catastrophe planétaire :
    « Par chance, le principal impact thermique se produisit au-dessus de l’Antarctique, le seul continent capable de l’absorber. Pourtant, même si Kali n’eut pas la force d’arracher au pôle Sud son manteau de glace, le Grand Dégel bouleversa le tracé des côtes sur l’ensemble de la planète.
    Parmi ceux qui entendirent passer Kali et survécurent, nul ne peut en décrire le bruit et les instruments n’enregistrèrent qu’un faible écho. Bien sûr les images vidéo furent superbes et les hommes pleins d’effroi les regarderaient pendant des générations. (…) Deux minutes après avoir effleuré l’atmosphère terrestre, l’astéroïde repartait vers l’espace. Au plus près, il avait frôlé la Terre à soixante kilomètres. Pendant ces deux minutes, il avait causé cent mille morts et fait pour trois milliards de dollars de dégâts. »
    Avertissement sans frais pour les Terriens qui, à partir de maintenant, regarderont l’espace d’un autre œil.
    Un grand savoir-faire littéraire et scientifique se dégage de cet ouvrage de Clarke qui se lit d’une seule traite. En chapitres courts et denses, sans que jamais l’intrigue principale ne se perde de vue, est brossée en arrière-plan une société du futur proche,  crédible quant à ses motivations sociales et ses développements technologiques.

  2. Type: livre Thème: après la Bombe… Auteur: ANTOINE Parution: 2000
    Ces «flocons qui tombent» sont de nature curieuse, s’apparentant plutôt à l’hiver nucléaire et aux retombées de cendres radioactives, par suite de la bombe qui a soufflé la ville de Paris.
    Au cœur de la cité foudroyée
    « Les seuls vivants
    c’est toi et Moi »,
    qui marchent timidement
    « dans la rue du Marais »
    S’interrogeant sur ce qui a poussé les hommes à s’autodétruire, le couple veut croire encore à l’avenir d’un amour prêt à refaire le monde puisque
    « Adam et Eve ont raté le précédent »
    Par une voix douce et mélancolique mise au service de l’horreur pure, Antoine dérange en sortant de sa production habituelle.

  3. Type: livre Thème: guerres futures 2, menaces et guerres nucléaires, l'apocalypse réalisée Auteur: ANTOINE Parution: 1965
    Une vision hallucinée de l’apocalypse moderne dont rêve les sociétés occidentales. Le monde entier en sera affecté. La guerre froide, la surveillance aérienne constante multiplient les risques :
    « la bombe est prête à sauter
    Le bouton à s’enfoncer
    Des avions tournent sans cesse »
    Le « futur inquiétant » appelle les réactions populaires. Les émeutes, les révoltes se multiplient,  attisées par le racisme, la haine et le désir de vivre sans contraintes. En réponse,
    « on arrache les forêts
    pour y planter des armées. »
    Les hommes politiques eux-mêmes n’ont de cesse d’alimenter les fureurs guerrières avec des rodomontades et des assassinats ou « des chaussures qui frappent à l’ONU » (allusion à la célèbre intervention de Khroutchev). Dès que le peuple croit avoir trouvé la paix sociale ou la stabilité économique
    « on nous annonce
    que quelque nation lointaine
    s’est réveillée dans la haine ».
    Par le jeu infernal des alliances, l’ensemble du globe se trouvera concerné,  permettant à la guerre de s’étendre. Lorsque
    « les alliances se reforment

  4. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: Anthony BURGESS Parution: 1984
    En un montage en parallèle, trois centres d’intérêt narratif se partagent le roman. Premièrement, Sigmund Freud dont l’auteur nous relate la vie, depuis ses débuts à Vienne jusqu’à son arrivée en Angleterre, lorsqu’il répond à la sollicitation d’Ernest Jones et de Marie Bonaparte qui tentent de le soustraire au danger nazi. L’accent est mis sur les doutes du personnage, son caractère entier, ses engagements et la trahison de ses proches (Otto Rank, Ferenczi, Jung, Adler), ainsi que sur la maladie horrible qui devait l’emporter :
    « - Le Dr Adler était un faiseur et le Dr Jung un charlatan. Exigeriez-vous d’un peintre qu’il ait un diplôme de peinture avant de commencer à barbouiller des toiles ? Et Shakespeare aurait-il dû être diplômé de littérature dramatique ? La psychanalyse est un art. J’ai tout remis entre les seules mains de ma fille. Ah ! », fit-il. Car l’homme au parapluie, celui qui avait dit : "J‘aime Berlin" parlait maintenant sur les ondes, prêt à déclarer la guerre à l’Allemagne. Ils écoutèrent Chamberlain, puis Freud éteignit la radio. Jones dit :
    « Tous, ils assurent que ce sera la dernière guerre.
    - Pour moi, oui, certainement… Eh bien, quelle efficacité ! »
    Deuxièmement, l’arrivée de Trotski à New-York, son désir de convaincre les travailleurs américains pour qu’ils participent à la lutte des classes, son amour qui balance entre Olga, sa secrétaire et Tatiana, sa femme légitime, enfin son départ précipité pour le Mexique où il sera finalement assassiné sur les ordres de Staline. La « geste » de Trotski est relatée sous la forme d’un opéra avec comme acteurs divers protagonistes qui chantent et dansent comme en un ballet.
    Troisièmement, en un futur indéterminé mais proche du nôtre, l’arrivée imminente dans le système solaire de «Lynx», un astre vagabond plus grand que la terre qui est destinée à la percuter  au bout de sa trajectoire,  en ayant au préalable entraîné la lune dans son orbite. Ce sera donc la fin de notre monde décrite à travers les aspects canoniques du thème : submersion des cités côtières, inondations gigantesques des plaines et des bassins, marées terrestres de grande amplitude, incendies et désagrégation sociale avec leurs cortèges de violence, de haine, de désespoir . Dans cet enfer d’une terre métamorphosée, l’auteur s’attache à suivre le destin de personnages séparés les uns des autres dont il relie les fils pour une apothéose finale.
    Val est écrivain de science-fiction. Contestataire et alcoolique il représente le « témoin », celui qui vérifie la dégradation des situations. Marié à Vanessa Frame, qui l’adore alors qu’elle le laisse de glace, Val est méprisé par son beau-père, Frame, grand fumeur devant l’éternel et incidemment promoteur du projet devant permettre à quelques élus, triés sur le volet, de sauver leur peau, en prenant la direction de l’espace, en vue d’y perpétuer l’espèce.  Frame convainc le président des Etats-Unis de mettre en œuvre le projet ultra-secret de « l’arche spatiale Amerika II » au Kansas, région devant rester la plus stable dans le cours des événements à venir. Mais Frame est mourant, car il a trop fumé durant sa vie (comme Freud.).  L’arche emportera des êtres jeunes et sains, quelques savants tout de même, même s’ils sont déjà vieux et, pour que l’ordre règne, il en confiera la direction à Bartlett, un psychopathe à l’ego surdimensionné, qui instaure une discipline de fer. Vanessa sera du voyage. Elle insiste pour que Val le soit, lui aussi, l’imposant contre l’avis de Frame.
    Mais Val est trop occupé à écluser des verres avec son nouvel ami falstaffien, Willett, grand buveur, poète, lettré et fataliste. Il ratera le rendez-vous de l’arche à cause d’une immense tempête qui noie la ville de New-York dont seules les plus hautes tours resteront à l’air libre, et qui, plus tard,  s’abîmera totalement dans les flots :
    «La lune et Lynx, seigneur et vassale, unis cette nuit-là en une gravitation unique. Puis les sens de Val, frappés d’inertie par cette vision, se réveillèrent sous l’aiguillon de la peur : la consommation suprême était proche. La chambre tanguait comme le nid-de-pie d’un navire. Sous Val, l’hôtel grinçait et gémissait comme un grand mât, de tout l’élancement vigoureux de sa structure ; la grêle et la pluie cinglait la fenêtre : le feu lacérait le ciel et le tonnerre grondait à pleine gueule(…) il fut effaré de ce qu’il vit : des vagues écumeuses chargeaient comme des dragons, trois étages plus bas. (…)
    « Enfin la terre s’ouvrit , se gorgea d’eau et se referma aussitôt comme pour se gargariser. Skilling, (= maire de New York) maître de la plus grande mégalopole du monde, trois fois candidat, trois fois élu eut le temps d’embrasser du regard l’immense ossuaire, soudain asséché, des quartiers morts et rasés, mais qui, par un miracle d’ironie, gardaient ici et là des configurations de rues et d’avenues. Puis d’autres flots , où déteignait la rouille du soleil, arrivèrent au galop net recouvrirent tout et New York rejoignit les cités antiques englouties par les mers à travers les siècles. »
    Lorsque la mer se retire, Val décide, en compagnie de Willett, de se rendre malgré tout au Kansas, à travers un paysage bouleversé dans lequel se déroulent des faits atroces de cannibalisme, de meurtres  ou de viols collectifs :
    « Le crâne chauve et la bouche édentée d’un vieillard grimaçait au bout d’une corde attachée à un réverbère tordu et démantibulé. On avait pendu le corps par le cou et le ventre avait été grossièrement ouvert. Des phalanges manquaient aux doigts et aux orteils et, de toute évidence, de minces lambeaux de chair et de peau avaient été découpés dans les membres et le torse. Il était mort depuis des jours, des semaines peut-être : la cavité de l’abdomen grouillait d’asticots gras et luisants. »
    Entre-temps le secret de la construction de l’arche est éventé, ce qui conduira Calvin Gropius un prédicateur chaismatique, en compagnie de toute sa famille, dont fait partie notamment son frère Dashiell, tenancier et joueur de cartes professionnel acoquiné avec la mafia, à se déclarer l’élu qui est habilité de plein droit à prendre place à bord de l’Amerika II, rebaptisé en « Bartlett II »,  au moment fatal où Lynx s’apprête à heurter la terre.
    Du coup, les événements se précipitent. Seuls Val, Gropius frère, une jeune femme enceinte et Willett accéderont au saint des saints. Willett hésite, ne tenant pas à partir dans l’espace : il regagne la surface terrestre pour y mourir. Bartlett, décidément trop autoritaire, est éliminé. L’arche prend son envol pour un voyage sans retour par-delà le système solaire et la terre se tord dans les dernières affres de l’agonie :
    « La première surface terrestre à subir le choc fut le nord des montagnes Rocheuses(…) la terre explosa –noyau tout eau dansante, écorce en poudre – pour former aussitôt, plus à l’extérieur que la poussière de lune, un second anneau, satellite de son successeur dans les annales vertigineuses de la chorégraphie solaire. Il y eut donc le cercle de la lune, et l’autre plus grand, de la planète pulvérisée, tournant déjà selon une parfaite concentricité, poussières lumineuses dans la composition desquelles entraient les moutures corpusculaires de Willett, de Skilling, des frèresTtagliatelle, de Calvin Gropius et de sa famille (sans oublier le chat), comme des milliards d’êtres humains qui, tous, en fait, avaient gratté jadis la surface fertile du globe et regardé les merveilles sorties de l’esprit naître, grandir, se développer. Mozart aussi faisait partie de cette fine farine dorée, là-bas, et en même temps, miracle !il était dans ce salon, tendre, triomphant, noyant jusqu’aux pleurs bruyants d’un petit enfant. Ainsi, portés par les cadences mozartiennes, s’enfoncèrent-ils dans les espaces infinis à l’aube des aubes de leur grand voyage, devenu le nôtre. »
    Plus tard, bien plus tard, les descendants des premiers habitants de l’arche se feront une image mythique de notre civilisation et de sa vie culturelle. Car, pour toutes archives, ils n’ont que deux témoignages, aussi improbable l’un que l’autre : la vie d’un certain Sigmund Freud mort d’un cancer de la bouche qui aurait écrit une sorte d’opéra-bouffe intitulé « Trotski à New-York. » !
    Ce bref résumé est impuissant à rendre compte du style baroque, foisonnant, chargé d’humour noir de Burgess. Le fourmillement des personnages qui se rencontrent ou disparaissent, l’éclatement du récit en trois intrigues apparemment dissociées, relèvent de la technique narrative. En réalité les deux thèmes fondamentaux à l’œuvre sont bien ceux de la mort (mort de Freud, de Trotski, de la terre), ainsi que de la psychologie traditionnelle, de la culture révolutionnaire, de la civilisation, et puis ceux de la jouissance (jouissance libertaire, narrative ou romanesque). Œuvre décapante, insérée dans le main-stream, elle constitue un exemple de plus, s’il en était besoin, de ce que peut rendre notre genre littéraire en des mains créatrices.

  5. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: Anne SYLVESTRE Parution: 1965
    Chanson d’amour à la première personne «le jour où ça craquera» montre l’intensité du sentiment amoureux supposé durer jusqu’à la fin du monde et au-delà. Pudiquement métaphorisé dans l’expression « ça craquera », le thème de la guerre finale se décline en leitmotiv, repris et scandé par le refrain obsédant:
    « Quand à force de n’y pas croire
    Notre monde explosera ».
    Le malheur qui s’abattra sur l’humanité accumule les images de la mort :
    « Notre monde explosera…
    Quand se fera la nuit noire »
    Les causes de la catastrophe, quant à elles, restent inconnues, ce qui imprègne d’absurdité le conflit :
    « Comme ça n’est pas mon affaire
    De mourir en sachant pourquoi»
    (…)
    « Au diable ses lois trop grandes

  6. Type: livre Thème: l’apocalypse réalisée Auteur: Andrew WEINER Parution: 1981
    Martha Nova possède un don rare : elle est en phase avec son public. Cette chanteuse suscite un engouement immédiat auprès des jeunes qui adoptent sa tenue vestimentaire, fredonnent ses airs et se réunissent en masses de plus en plus nombreuses à chacune de ses apparitions. Ils se donnent comme nom « les Enfants de la Nuit » :
    «Partout on adorait la chanteuse,  à Tokyo et à Stockholm, à Belfast et à Winnipeg, à Séoul et à Reyjavik. A seulement trente-trois ans, elle était devenue la chanteuse la plus populaire de tous les temps. »
    Découverte par le manager Abe Levett, sa notoriété s’est amplifiée jusqu’à inquiéter « le Bureau de la santé psychique» qui régit cette société  fin de siècle. La guérilla urbaine qui sévit dans chaque mégapole, la pollution des cités, l’abus de tranquillisants, les déviances de toute nature ont suscité un gouvernement proche du fascisme qui surveille tout et tout le monde, interdisant toute liberté individuelle :
    « D’une certaine façon, le monde était déjà fini. Nous l’avons détruit. Affliction et effroi sévissent partout. Regardez les guerres, la pollution, la pauvreté, la violence. Les hôpitaux psychiatriques sont pleins, des millions de personnes sont sous traitement, nous n’en pouvons plus, nous ne pouvons plus supporter cette réalité qui est la nôtre. Tout est fini. Nous le savons, mais nous ne parvenons pas encore à l’admettre. Il nous faut un ultime flash. Et il arrive, il est là. Les événements commencent à s’enchaîner très rapidement.»
    Martha évolue dans la société, de plus en plus effrayée par un don qui lui permet d’apercevoir l’avenir. Un avenir effrayant et sombre qui annonce la fin de ce monde, l’apocalypse qui se réalise en un renversement de toutes les valeurs. Au-delà d’un certain point, elle se voit elle-même face à sa propre mort mais reste impuissante devant ce futur possible. Abe, devenu richissime grâce à elle, prend peur après la visite des « inspecteurs de la santé mentale » pour lesquels Martha représente un immense danger en ce qu’elle fascine les foules des « Enfants ».
    Peu de temps après, la chanteuse fait la connaissance de Robert Duke, un « crooner » sur le déclin pour qui elle se prend d’affection. Il deviendra son amant, subjugué lui aussi par le charisme qui émane de sa personne. Parallèlement à la vie de Martha, le lecteur suit les péripéties des trois astronautes que l’on a envoyé sur Mars : Wyatt, Fulber et Jake Denning :
    « Ils recevaient toujours des infos en provenance de la Terre. Même trafiquées comme elles devaient l’être, les infos étaient de toute évidence mauvaises. La situation économique était catastrophique. Les cités étaient transformées en camps retranchés, les fous couraient les rues, le crime devenait encore plus incontrôlable, une mini-guerre nucléaire avait secoué l’Inde et le Pakistan. Les guérilleros du Sentier Lumineux étaient aux portes de Mexico. »
    Le voyage ne se passe pas dans les meilleures conditions, leur cohabitation forcée et la longue traversée du système solaire les perturbent profondément. Wyatt s’égare volontairement dans une grotte martienne et Fulber déraisonne tellement sur le chemin du retour, voulant précipiter le vaisseau dans le soleil, que Jake se voit obligé de le tuer. Seul astronaute à revenir sur terre, Jake Denning est la clé de toute l’intrigue et à la base de la métamorphose sociale qui précipitera la fin de « l’Ancien Monde ».
    En réalité, il revient sur terre possédé par l’esprit d’un Martien, qui s’appelle « l’Aleph », sorte d’entité psychique mystérieuse, aux pouvoirs surhumains, capable de transcender le temps et l’espace, que Denning a rencontré dans la grotte lorsqu’il s’apprêtait à secourir Wyatt :
    « Regarde, dit Wyatt. Regarde ceci. Denning regarda. Et pendant un moment, il vit, il perça la toile de la vérité. Il n’y avait pas de Wyatt, ni de martien, ni de rivière, ni d’arbres, ni de barge, ni de grotte. Il n’y avait que la lumière. D’omniprésentes vagues d’une lumière éclatante. «Qu’est-ce que c’est ? dit-il, en clignant des yeux pour se protéger de l’éblouissement.
    -La vérité, dit Wyatt. Celle qui sous-tend toute chose.
    La lumière de la création. La conscience disséminée dans toute la matière. Emprisonnée là jusqu’à l’apocatastase, la révélation de tous les secrets. La restitution de la matière au divin, et l’accumulation de toute consistance. Les juifs l’appelaient tikkun. »
    Ainsi, l’Aleph a choisi pour ange de la mort, Martha. C’est lui qui, dans le passé de la chanteuse, lui a offert le don de lire l’avenir ainsi que son charisme musical sur les foules. C’est encore lui qui, au cours d’une soirée de gala, sous la forme de Denning - alors que son double voyageait sur le chemin du retour - deviendra le père de Daniel, le fils mystérieux de Martha, également muni du précieux don. C’est enfin lui qui, de retour sur terre, relancera une dernière fois le don d’une Martha devenue vecteur de « dissolution sociale » juste avant sa disparition.
    En cette ultime soirée, sans que rien ne soit visible, tout s’est trouvé radicalement transformé : la police de la santé mentale semble être frappée d’impuissance partout dans le monde tandis que  la mentalité de toute l’humanité semble s’être métamorphosée en « autre chose » grâce à l’action des « Enfants » de Martha.
    Un récit à l’ambiance crépusculaire d’une fin du monde en demi-teinte. La forte personnalité de Martha Nova (un nom et un programme), le désarroi de Levett, « l’inquiétante étrangeté » de Denning, rajoutent à l’intérêt de l’intrigue. Quant au rôle de « l’Aleph », inattendu dans ce contexte, il explique rationnellement ce qui apparaît de prime abord comme d’origine mystique. Un roman original.

  7. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 2 Auteur: André-Marcel ADAMEK Parution: 2003
    Lors d’une excursion souterraine dans la grotte de Château-Rouge, l’éthologue Anton Malek, spécialiste du comportement des loups, reste seul survivant, en compagnie de Marie, une vieille dame, d’une convulsion tectonique consécutive à l’explosion de bombes nucléaires sur l’Allemagne. La jambe brisée, il sort de sa prison-refuge après des efforts inouïs, aidé par Marie, pour observer le paysage d’apocalypse qui s’étend devant lui. :
    « Ce qu’il avait pris pour un ciel gris n’était qu’un champ épais de fumées qui couvrait les hauteurs du paysage jusqu’à l’infini. Les crêtes des collines s’y noyaient, et l’on distinguait à peine leurs coteaux hérissés d’arbres noirs. Une forte odeur de bois brûlé imprégnait l’espace. Le pavillon où Malek avait pris l’ascenseur huit jours plus tôt était à moitié calciné. Les grands épicéas, fauchés comme des herbes, l’entouraient de leurs squelettes aux ailes épineuses. En contrebas, une immense crevasse cisaillait la vallée. Des villages engloutis dans les profondeurs, rien ne subsistait que les clochers épars, dénudés de leurs ardoises et montrant au ciel opaque leurs charpentes de grands oiseaux foudroyés.»
    Marie, devenue indifférente à la vie, a préféré se laisser mourir au fond de son puits sans que Malek ne pût lui porter secours.  Titubant, il prend le chemin de l’auberge où il résida, découvrant les premiers morts :
    « Les morts, il les trouva un peu plus loin, étendus devant la porte ouverte de la cave. Il y avait le patron et quatre pensionnaires. Eux non plus ne dégageaient pas d’odeur. La peau du visage noire et tendue comme le cuir d’un tambour, ils ressemblaient à des momies aztèques. (…) Il ne put franchir les limites du hall où s’entassaient pêle-mêle des plâtras, des débris de la toiture et de la cage d’escaliers, formant une véritable muraille qui condamnait l’accès aux chambres. »
    Il y survécut un certain nombre de jours grâce aux vivres trouvés dans les décombres, de plus en plus marqué par les radiations. Il prendra finalement la direction de la mer, vers le cap Gris-Nez, s’adjoignant un chien survivant, sans pelage, mais rescapé de l’holocauste lui aussi.
    Ailleurs, une unité combattante de trois êtres humains avec à sa tête une jeune femme, Mélanie, appelée Méduse, s’est trouvé prise au piège. Méduse déteste les hommes en général et ses coéquipiers en particulier, qui le lui rendent bien. Surtout Génard, une grosse brute tenant sous sa coupe Juju, soldat falot et lâche. Le premier moment d’affolement passé, Méduse commande aux deux hommes de patrouiller dans les environs. Mais la disparition de toute structure sociale organisée provoque la rébellion de Génard contre l’autorité de Méduse. S’étant enivré après une prospection dans les ruines, il réduisit Méduse à l’impuissance et la viola avec l’assentiment timide de Juju. En se libérant, Méduse coupa les hommes en deux avec la mitrailleuse de son blindé. C’est en cette posture qu’elle croisa une première fois la piste de Malek. Les deux êtres, sans fraterniser, suivront leur propre chemin.
    Celui de Malek, qui se déplaçait en side-car, lui fit faire connaissance avec les « Gros », habitants non contaminés d’un bunker voisin, et de leur égérie, la petite Tinou. Indemnes de toute radiation, ils ne sortaient de leur refuge que pour aller au ravitaillement, leur chef, Dondornier, refusant tout autre contact. Il conseille à Malek de rejoindre la poignée de survivants qui, un peu plus au bord de la plage, à Audresselles, tentaient de reconstituer un semblant de communauté.
    Malek suivit cette recommandation et s’agrégea à la petite communauté qui comptait entre autres des femmes, toutes plus ou moins marquées par les radiations. Il fraternisa avec Laury, le chef démocrate et humain d’un camp où chacun se rendait utile selon ses capacités. Les uns, les «prospecteurs», avec à leur tête Colasse, fouillaient les ruines pour pourvoir au ravitaillement. Le « pêcheur », avec une petite barque remise en état, approvisionnait la communauté en poissons frais.
    Le destin de Méduse fut différent. Dans son parcours, elle rencontra Mi et Fa, deux magnifiques jumelles de dix-huit ans, lesbiennes, dangereuses comme des serpents. Elles tuaient tous les hommes de rencontre, pratiquant un cannibalisme alimentaire et vengeur :
    « Elle sortit de son fourreau le couteau de plongée et découpa une épaisse tranche de viande. La croûte en était d’un brun mielleux et le centre légèrement rosé. Méduse sentit la salive lui monter à la bouche et prit le morceau encore brûlant que lui tendait la jumelle. Elle n’avait jamais mangé du cerf. La chair lui fit penser à la fois à du porc et à du gigot de mouton mariné. (…) La dernière tranche qu’elle engloutit n’était pas encore à bonne cuisson, et chaque bouchée faisait gicler de ses lèvres un filet de sang qui tachait son treillis.(…)
    Quand elles se sentirent assouvies, elles s’allongèrent sur le dos, le regard perdu dans le ciel lugubre. – Ce n’était pas du cerf, n’est-ce-pas ? demanda Méduse. Mi, ou peut-être Fa, lui piquait le cou de baisers humides. – Vous avez raison, chère Méduse, ce n’était pas du cerf. – C’était le moniteur ? – Oui. Nous l’avons tué avant-hier. »
    Méduse, avec sa science du combat, fut acceptée d’emblée, même quand elle se sentit enceinte des œuvres de Génard. La survenue inopinée de cet enfant allait compliquer ses  relations. Elle craignait pour la vie de ce dernier s’il s’avérait être un mâle. Dès lors, sa méfiance à l’égard de Mi et de Fa ne se relâcha plus, qui continuaient de plus belle leur tuerie :
    « Mi s’élança vers la victime, et comme elle avait pris l’habitude de le faire, ouvrit une large plaie du pubis au sternum avant d’évacuer les viscères. Sous ses doigts élégants et fragiles fumait l’écume des boyaux. Après, elle sectionna le pénis et tendit ce trophée pitoyable dans la faible clarté du jour. Quelques heures plus tard, suivant le rituel qui leur était devenu familier, elles allaient se partager le sexe, les dix doigts, et compléter le repas par des languettes de cuisse, découpées si finement qu’elles s’enroulaient comme des mirlitons à la chaleur des flammes.»
    A la naissance du bébé, ses craintes se confirmèrent. Les jumelles, qui avaient décidé de se rendre en Espagne, acceptèrent le nourrisson avec réticence. Méduse profita de la mort de Mi, irradiée, pour se sauver avec l’enfant, poursuivie par Fa. La confrontation finale entre les deux femmes provoqua la mort de Fa qui, ne voulant survivre seule, s’empala d’elle-même sur l’épieu tendu par Méduse.
    Au camp, la situation s’était aussi considérablement dégradée. La survenue d’un « curé » douteux, avide de pouvoir, renversa l’ordre établi. S’appuyant sur Malavoine, une brute épaisse, le « Padre » contraignit chacun à vivre selon les préceptes d’un évangile arrangé par lui, dénonça Laury comme juif et le fit chasser du village. Il ordonna même l’attaque du bunker des « Gros » qu’il rendait responsables d’avoir volé la barque du pêcheur. La situation empira avec la disparition des prospecteurs, tombés dans un piège tendu par les jumelles, et celle de leur fourgonnette, perte irréparable.
    Tinou, l’orpheline, fuyant les massacres, trouva refuge auprès de Laudy, qui l’adopta, tous les deux fuyant définitivement le village maudit. En réalité, c’était Balbus, un alcoolique chassé du village par le Padre qui, pour se venger, avait volé la barque. En compagnie de deux autres pauvres hères, rencontres de hasard, il comptait gagner les rivages de l’Angleterre. La marée le rejeta tout près du camp. Le Padre décida donc de leur mise à mort, ce qui ne plut pas au pêcheur lequel, voyant de loin la scène, préféra se suicider :
    « L’expédition aussi meurtrière qu’inutile au bunker lui avait rempli le cœur de regret. La farce macabre de la veille le submergeait de colère et de honte. Sous la coupe d’un cureton douteux et d’une implacable brute, Audresselles avait perdu son âme. Et c’était pour ramener quelques kilos de poissons à cette tribu d’assassins qu’il risquait sa peau.(…) - Nous allons y passer ! cria Lambert. –Tant mieux! Ils n’auront plus jamais un harenguet ou une anguillette à se mettre sous la dent. Ils devront brouter l’herbe ou se dévorer entre eux. Qu’ils crèvent. (…)
    Enroulez-vous ça autour du ventre, ça vous aidera à flotter. – Et vous ? – Moi, je vais rendre visite aux crabes, c’est une compagnie très appréciable par les temps qui courent. »
    Malek, lui aussi, ne put en supporter davantage.  Sous prétexte de partir en side-car à la recherche du groupe de prospecteurs, il s’enfuit du village condamné, rencontrant pour la deuxième fois Méduse, avec son enfant. Regroupant leurs forces, ils repartirent en couple dans un monde dévasté.
    La « Grande Nuit»  se présente comme un roman post-cataclysmique intelligent, fin, bien composé selon les lois du genre. Approfondissant la psychologie de chaque personnage – ni tout blanc ni tout noir- l’auteur fouille dans ses descriptions au scalpel  la chair et l’âme de ses contemporains,  dans une ambiance de désespoir moral. Répertorié à tort dans l’étude de Costes et d’Altairac «lesTerres creuses », le roman se donne avant tout comme une puissante réflexion sur les processus de décomposition chez l’être humain.

  8. Type: livre Thème: guerres futures 1 Auteur: André SOUSSAN Parution: 2000
    Les chefs d’état des pays arabes unissent leurs efforts pour se débarrasser définitivement d’Israël. Le complot, ultra-secret, repose sur deux piliers : un Russe, Anatoli Léonov et un Américain, John Hicks, ancien directeur-adjoint de la CIA. Ces deux hommes, des mercenaires achetés à prix d’or par les Arabes, mettent sur pied un plan monstrueux qui devra aboutir à la destruction totale du pays juif. Leur conversation téléphonique, où il est question de taupes infiltrées en Israël qui servent de relais, a été surprise par Judith Steven, une brillante journaliste américaine, en mission en Irak. Convaincue de tenir là un scoop exclusif, elle dissimule la cassette et tente de se renseigner pour son propre compte. Mal lui en prend. Repérée, elle sera grièvement blessée dans un attentat où elle perd totalement la mémoire. Le Dr. Abou Chariff, brillant médecin faisant partie de l’équipe qui la soigne est l’un des pivots du complot en Israël.
    Le plan se déroule en trois étapes. La première consiste à multiplier les offres de paix avec Israël. Chaque président arabe, tour à tour, déclare ouvrir une ère de fraternité avec les Juifs et se propose de visiter Jérusalem. Ces annonces déclenchent l’hystérie dans le monde entier. Toute action pour saboter le processus en cours par les Israéliens serait donc universellement considérée comme une manœuvre de nuisance. La deuxième, à travers des provocateurs infiltrés ou soumis à un chantage, aboutit à des actions terroristes, telles que l’explosion du Saint-Sépulcre à Jérusalem, la suppression du rabbin extrémiste Abramov, des explosions au Vatican et à Paris dans l’église de Saint-Germain.
    Les attentats en Israël seront revendiqués par un groupe terroriste chrétien et ceux en Europe par les « Fils de Sion », de prétendus extrémistes juifs, en réalité des terroristes irakiens. Leur but est évident : faire se battre entre eux Chrétiens contre Musulmans, Juifs contre Juifs, Chrétiens contre Juifs. Le pape – comme il est naïf !- s’indigne et menace. Les troubles augmentent en Israël et l’insécurité du moyen orient atteint un niveau très élevé. La troisième phase, grâce à Ahmed Salah, faux promoteur immobilier, consiste à implanter des villages en Israël pour touristes arabes, syriens, irakiens, saoudiens, en réalité des soldats entraînés qui attendront leur heure. Plus de 5000 Arabes, sous l’aspect d’inoffensifs visiteurs sont prêts à passer à l’action.
    Face à ces manigances, se dresse un seul homme, David ben Zion, le patron du Mossad. Avec une âme tourmentée, en recherche religieuse, il comprend que son pays court un grave danger. Il met lui-même en place ses pions au sein du Mossad, outil d’une remarquable efficacité. Son informatrice habituelle, une espionne hors-pair, est déjà en place en Irak, proche des services secrets irakiens. Elle se nomme Khalida ben Omar – en réalité « Esther » - affichant de telles qualités qu’elle se fait même connaître du président irakien. Elle transmet à David une information essentielle, celle d’un avion irakien transportant à son  bord une bombe thermonucléaire, qui vient de s’envoler pour la Mauritanie. Le Mossad, simulant un accident en mer, abat l’avion et s’empare de la bombe.
    David, qui s’appuie sur le Shin-Bet, se soucie également de faire protéger Judith, pièce essentielle du puzzle, espérant que celle-ci recouvrera un jour la mémoire. Le Dr. Aboud Charaff commettra alors une erreur et sera éliminé par le Mossad. Mais pour David, il n’est pas facile d’agir dans un contexte où Israël est accusé de saboter le processus de paix engagé avec les pays arabes. Il lui faut donc absolument mettre la main sur les deux concepteurs de ce plan démoniaque, Léonov et Hinks, en résidence secrète à Bagdad.
    Tandis que les rencontres entre les politiciens arabes et Dan, le Premier Ministre israélien, se poursuivent, appauvrissant Israël de par leur coût exorbitant, les frontières s’ouvrent. Des milliers de Juifs essaiment dans les pays voisins devenus théoriquement sûrs. Pourtant Esther alerte à nouveau David du déclenchement imminent du plan «Ismaël», soit une attaque combinée d’Israël, aussi bien intérieure qu’extérieure, par la totalité des armées arabes, l’invasion du pays, et l’éradication des Juifs :
    «Tous les juifs doivent quitter la Palestine. Resteront seulement ceux qui peuvent attester qu’ils sont ici depuis dix générations. Ils auront une semaine pour le prouver et leur nombre ne devra en aucun cas dépasser vingt mille. Un million sera réparti dans les pays arabes où ils redeviendront ce qu’ils n’auraient jamais dû cesser d’être : une minorité méprisable au service de l’Islam. Les autres seront éparpillés en Asie. Ni l’Europe, ni l’Amérique ne pourront les accueillir, sous peine d’embargo pétrolier. Les restes du Mur des Lamentations disparaîtront. Nous construirons deux nouvelles mosquées : l’une sur les ruines du Mur, l’autre sur celles de la Knesset. Jérusalem sera désormais la Ville sainte de l’Islam. Aucun juif ni aucun chrétien ne pourra jamais plus y vivre. »
    S’opposant à la fois au travaillistes et défaitistes juifs, à l’extrême-droite religieuse, à l’incrédulité de Dan, aux menaces de l’ONU, David actionne son arme ultime surnommée « le plan Messiada », synthèse de « messie » et «massada », l’apocalypse.  Il envisage de déclencher l’apocalypse nucléaire sur les pays belligérants et pour que l’Europe et l’Amérique ne puissent contrecarrer le processus, il exercera sur eux un chantage de type terroriste, en cachant dans chacun de ces pays des charges nucléaires, prêtes à exploser, y détruisant au moins trois grandes métropoles :
    « Paris, Marseille et Lyon risquaient d‘être rasés de la carte. Des bombes atomiques de vingt kilotonnes chacune y étaient enfouies en des lieux secrets, prêtes à exploser à cinq heures du matin , ou avant – on ne donnait aucune précision-, si l’Elysée n’exécutait pas les instructions contenues dans la lettre. La première phase du plan détruirait l’ensemble des axes routiers de trois grandes villes. La seconde ferait voler en éclats deux centrales nucléaires par implosion. La troisième phase signifiait  la destruction totale des trois grandes villes à l’arme nucléaire. »
    Esther a été repérée. Elle sera « exfiltrée » d’urgence non sans qu’elle ait réussi au préalable à contaminer le président irakien, dorénavant condamné à mort. L’invasion d’Israël repose sur l’effet de surprise, à l’instar  du plan Messadia. Mais la France – toujours traître à l’égard d’Israël !- relaie l’information aux pays arabes, allumant prématurément la mèche. L’heure de l’invasion sera avancée, obligeant les Juifs à une réponse immédiate, dans une grande précipitation  - situation rapidement maîtrisée – puisque la capitale libyenne sera réduite en poussière par une bombe nucléaire.
    David apprenant qu’une autre bombe nucléaire, arabe celle – là, a été enterrée à Jérusalem même, y oppose l’anéantissement nucléaire de tous les pays du moyen-orient. La Syrie, la Jordanie, l’Arabie Saoudite, l’Irak seraient annihilés par l’utilisation totale et complète de l’ensemble de l’arsenal nucléaire israélien si la bombe arabe explose. Un vent de folie souffle dans le monde. La cinquième colonne arabe en Israël entre en action, la guerre fait rage :
    « La vue du centre de la ville de Ramat Gan atteint par des missiles à tête chimique était insoutenable. Ils discernaient des centaines de corps, gazés, au visage intact, au rictus convulsé. David n’avait pourtant éprouvé aucun scrupule à l’égard des centaines de milliers de Libyens qui avaient été sacrifiés par le feu nucléaire. Pourquoi avait-il fallu en arriver là ? Les Arabes allaient-ils enfin comprendre que leur avenir était lié à celui d’Israël ? Que les deux peuples étaient condamnés à vivre et à mourir ensemble ? Que ceux dont le Coran disait qu’ils seraient humiliés et misérables détenaient à présent l’arme qui effaçait cette prophétie ? Le Vatican, de son côté, allait-il enfin comprendre que la renaissance d’Israël en 1948 était une résurrection, un miracle ? »
    Les pays arabes, bombardés sans arrêt, arrêtent leurs chars. A présent, les Etats-Unis soutiennent officiellement Israël. Les présidents arabes, l’un après l’autre, se suicident. Léonov, capturé à Genève par le Mossad qui l’a fait sortir de sa tanière, révèle aux Juifs l’emplacement de la bombe de Jérusalem qui sera désamorcée. La guerre est terminée. Les Arabes ont perdu. Israël revendique le droit à la vie, symbolisé par leur décision de reconstruire le Temple de Salomon.
    Messiada est un roman polémique, farouchement sioniste, anti-français et anti-chrétien. David apparaît comme le messie attendu depuis si longtemps par les Juifs. Le judaïsme y est exalté comme seule religion authentique et les Arabes présentés comme faux et cruels. Malgré toutes ces prises de position, les 450 pages du récit se lisent d’une traite, l’intrigue est montée avec minutie, dans la connaissance intime des mécanismes du pouvoir en Israël. Le rôle fondamental des services secrets, les actions terroristes et les rebondissements constants en font un ouvrage passionnant, récit d’une « guerre future » qui paraît si vraie et si proche.

  9. Type: livre Thème: savant fous et maîtres du monde, menaces animales Auteur: André COUVREUR Parution: 1910
    Jean Gérard, le narrateur et ami de coeur de Suzanne a beaucoup de chance d’être apprécié par le professeur Tornada,  un savant fou de la plus belle espèce:
    " C’était un petit bout d’homme simiesque, dont on ne remarquait d’abord que la barbe noire , si fournie qu’elle s’allongeait en deux tortillons très soignés jusqu’au niveau des jambes. Par contre, la tête était presque totalement chauve; et le crâne poli permettait de remarquer la conformation anormale de la tête qu’on eût dite pétrie à la diable, ondulée de bosses excessives qui devaient loger une intelligence particulière. Le reste de la physionomie, quand on la détaillait, n’atténuait en rien la surprise provoquée par ces premières impressions.
    Les oreilles surgissaient comme des appendices de loup, mobiles aux moindres sonorités. Les yeux très sombres, très petits et très mobiles, s’emplissaient d’éclairs par moments; et à d’autres, s’égaraient sous les paupières. Enfin de nombreux tics, plus singuliers les uns que les autres, secouaient à tout propos la tête, les bras et les jambes,  avouant des convulsions incessantes sous cet extérieur hoffmanesque. "
    Pour se venger de ses pairs de l’Institut des Sciences, Tornada élève une race de microbes, Microccochus aspirator, qui, pour le coup, deviennent gigantesques. Il les nomme " Macrobes " et s’en sert comme force d’invasion contre la bonne ville de Paris livrée à l’horreur et au socialisme. L’ordre s’effondrant, tous les instincts du populaire se libèrent:
    " -T’es un bourgeois, dis, pas vrai?... T’es pas d’la sociale... Moi , j’en suis... Mais quoi! On est tous des frères!... Faudrait qu’un chambardement qu’on soye tous égaux!... Hein? piges-tu, mon gros chéri, p’us d’patron!... p’us d’turbin!... l’égalité, pour tous!... et les pieds d’vant!... Hein? qué’qu’t’en dis?
    Ah! l’ignoble langage, qui m’eût peut-être fait pitié en d’autres circonstances, mais qui prit cette nuit-là, je ne sais quelle signification prophétique. Evidemment, si le cauchemar que j’avais vécu près de Mantes, pendant des minutes intenses, se réalisait jamais, si je ne rêvais pas, si je n’étais pas fou, toute l’ambition démocratique de mon ivrogne, ce grand nivellement social qui était la hantise des humbles, allait s’accomplir avant peu, par l’aboutissement normal d’une aventure biologique. "
    Jean est un privilégié. Ami des sommités scientifiques et militaires qui organisent la résistance contre les Macrobes, il a tout loisir d’examiner de près ces bestioles. D’abord, dans la forêt près de Mantes où il a failli devenir leur victime, puis à bord d’un dirigeable militaire:
    " Je saisis aussitôt son appareil et inspectai l’horizon à mon tour. En effet, du côté de Bezons, des masses confuses fondues au gris du sol, se tenaient arrêtés en arrière d’un pont nouvellement jeté sur la Seine, visible en cet endroit, d’un paysage dévasté. Le volume à cette distance était inappréciable; elle semblait cependant s’élever deux fois à la hauteur d’une maison qui restait seule debout. Leur forme était, toutes proportions gardées, d’un ovale très allongé, avec une extrémité qui semblait la tête, et une autre qui pouvait être prise pour la queue.
    Au niveau de la partie tête, un appendice naissait, d’une dimension au moins égale à la moitié de la longueur du corps; et cet appendice terminé, me semblait-il, par un évasement, s’agitait mollement en l’air, dressé comme une trompe paresseuse d’éléphant. "
    Les monstres semblent indestructibles, car, écrasant les habitations tout en aspirant leurs occupants,  ils envahissent Paris. C’est la panique, la cohue, la folie. Les gens s’écrasent, se tuent, se piétinent pour fuir le danger:
    " On ne peut se faire une idée de ce qu’était cette cohue. Ce n’était même pas une cohue car la cohue est extensible, la volonté permet de s’en échapper; c’était ici une condensation de tous les hommes, de toutes les femmes, de tous les enfants, amassés, comprimés, étouffés entre deux barrières infranchissables, les murs des maisons, et subissant des heurts, des remous, des tourbillonnements provoqués par les gestes exaspérés de ceux qui tentaient de se dilater. D’aussi loin que le soir tombant nous permettait de distinguer ce tableau de désordre, nous n’apercevions qu’un semis de têtes, la plupart sans chapeaux, une houle de bras levés, de cannes brandies, de gestes fous, que dominaient par places des enfants supportés par les épaules de leurs parents s’efforçant de les soustraire à l’écrasement.
    Le rez-de-chaussée opposait à cette anarchie l’implacable résistance de leurs devantures de fer baissées; mais dès l’entresol, et à tous les étages, les fenêtres bondées dégorgeaient, eût-on dit, la substance vivante des maisons remplies comme des fourmilières. La place de la Madeleine, l’église qui y dresse l’antique ordonnance de ses colonnes, les toits, les cheminées, tout était couvert du grouillement humain; il semblait que les êtres se montassent les uns sur les autres; des grappes faisaient ployer les arbres; et nous vîmes un balcon, succombant sous le poids, plonger dans la foule, y introduire le désastre et la mort. Quant aux hurlements, aux imprécations, aux blasphèmes qui accompagnaient cette furie, je n’ose pas les rapporter. "
    Jean a réussi à garder Suzanne auprès de lui. Ils s’enferment tous deux dans le métro tandis qu’au dessus d’eux les Macrobes montent la garde.  L’attente se prolonge et donne à l’auteur l’occasion de détailler quelques pittoresques échantillons d’humanité, parmi les plus représentatifs de la société de l’époque: l’Académicien, l’Homme de lettres, le "Journaleux ", etc. Bientôt, les denrées se font rares et les plus bas instincts se manifestent :
    " - Madame a faim?... Que madame me permette de lui offrir à déjeuner... En même temps, on nous jetait du gouffre un objet roulé dans du papier. Il y eut bataille autour de ce projectile. Mais, quand on l’eût dépouillé de son enveloppe, un cri d’horreur s’éleva. Ce qu’on nous envoyait, c’était une pauvre petite main d’enfant, portant encore à l’annulaire un modeste anneau d’or... "
    En désespoir de cause, Jean tente une sortie pour ramener des victuailles à Suzanne qui meurt de faim. Evitant la trompe éléphantine des Macrobes, il se dépêche de rentrer sous terre lorsqu’un nouveau danger surgit: les Macrobes se sont couchés dans le lit de la Seine, ont fait déborder le fleuve. L’abri est inondé. Il faut sortir à l’air libre sinon c’est la noyade.  Au-dehors, ils manquent d’abord de couler à pic, puis sont reconnus par Tornada qui, à bord d’un curieux vélocipède aquatique, les hisse sur son engin d’où ils pourront aisément prendre part à sa victoire.
    A la vue du désastre, Tornada a des remords. (Preuve qu’il n’est pas suffisamment fou!) Ne désirant se venger que des savants méprisants qui l’ont moqué, il envisage de mettre un terme à la catastrophe en tuant lui-même ses Macrobes. Pour cela, rien de plus facile: il suffit de leur injecter une solution acide (leur milieu d’origine étant basique). Les Macrobes meurent les uns après les autres et Tornada , s’étant approché de trop près, sera écrasé par l’un de ses monstres. Jean et Suzanne, sauvés de la noyade contempleront, heureux d’être en vie, la ville détruite.
    Un récit se lisant facilement et qui contient moult trouvailles ingénieuses, dont la meilleure est l’existence même des Macrobes. Se présentant comme l’ancêtre français des récits cataclysmiques qui mettent en scène des " grosses bêtes ", telles que Godzilla, le roman se veut aussi satire des moeurs savantes et contempteur de l’anarchisme populaire, idéologie que l’auteur, manifestement, ne partage pas.

  10. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: André CARPENTIER Parution: 1992
    Depuis longtemps, la « Visiteuse » profile son globe noir sur le ciel nocturne, occultant progressivement la lumière des étoiles. Pourtant sa nature, sa densité, sa marche erratique restent un mystère pour l’humanité. Subsiste une seule certitude : elle se dirige vers la Terre qu’elle détruira dans sa course :
    « La Visiteuse, obscure et gigantesque, d’un diamètre valant environ un dixième de celui du soleil, qui est donc près de mille trois cents fois plus volumineuse que la Terre, et qui fait son chemin dans la galaxie, est sur le point de rencontrer notre planète. »
    L’espèce humaine, ébranlée, a déjà fait son choix. Les savants, les techniciens, les positivistes, les fortunés sont partis, emportés dans la première « Exode », préférant observer de loin la catastrophe :
    « Nous sommes tenus dans l’ignorance presque complète de ce qui se passe sur le reste du globe, les communications sont rompues depuis des années. On ne compte plus… La fuite des élites avec le meilleur de la technologie a soudainement laissé les continents en ruine. Ici comme ailleurs tout se délabre. »
    Mais il ne s’agit que d’une infime minorité. Les autres, s’agglomèrent, s’enterrent, se battent, ou prient. De nouveaux « Pèlerins » apparaissent, qui dirigent une horde de plus en plus importante en marche vers Montréal, lieu mystique où, selon leur croyance, ils seront épargnés. Parmi eux,  les « Panthéistes » s’attendent au choc, car la Visiteuse est faite de roches dures disent-ils, alors que les «Rédemptoristes », cachés derrière leur mouchoir anti-poussière, croient en une survie possible, le bolide errant étant supposé former un nuage de particules qui épargnerait la terre en son ensemble.
    Le narrateur est père et écrivain. Au sein de la horde comme tant d’autres, il tient la comptabilité au jour le jour, des derniers faits et gestes d’une humanité moribonde, adressant ces lettres à sa fille Arduina, sa petite fille, qu’il entraîne à sa suite comme les quatorze autres membres de sa famille.
    Des assassins et des prêtres parcourent le troupeau, tuant pour les premiers, pillant pour les seconds :
    « Voilà sans doute pourquoi, en ce troisième jour de marche, on retrouve en tête de ce convoi d’espérance, des prieurs et des prieuses qui appellent sur leurs épaules de bure le poids de toutes les fautes du monde. Ils illuminent leurs visages d’une flamme inextinguible qui élève leurs prières. Leurs dieux sont multiples, mais ils ne s’adressent qu’à eux, soit par le cri ou par le silence, par la danse ou par la marche, par l’intermédiaire des éléments ou par leur seule foi. Garderas-tu en mémoire des images de tout cela, Arduina, ou feras-tu abandon de ce passé ? »
    Il racontera à Arduina comment sa famille se rétrécit inexorablement en laissant tantes ou cousins moribonds sur les bas-côtés de la route. En dépit de son angoisse grandissante et de sa culpabilité, il garde la foi du charbonnier dans l’espérance du miracle.
    Les journées, « plus noires que des nuits » s’écoulent rapidement. Les épidémies, les affections de la peau, le nombre d’êtres contrefaits augmentent proportionnellement à l’approche de la Visiteuse.  Sous un ciel enfin totalement noir s’allument soudain un peu partout de grands feux : ce sont les villes qui brûlent !:
    « Je ne sais plus ce qu’il faut croire ou faire, s’il faut cracher au visage des Apôtres de la Poussière pour mourir d’un coup sec, s’il faut moquer les pèlerins rédemptoristes et panthéistes, pour ne pas périr sans ironie ou s’il vaudrait mieux adopter la prudence crasse de la majorité silencieuse, celle qui sillonne les routes ou qui creuse des galeries en tous sens, qui attend… »
    A l’heure du grand choc, au moment décisif où les suicides collectifs atteignent une intensité inouïe, le narrateur s’aperçoit que la Visiteuse a épargné la terre. Elle ne l’a pas détruite, elle l’a a peine grignotée, la privant en surface de ses minerais de fer. Indubitablement vivante, composée de particules intelligentes, elle a su reconnaître la vie développée sur ce globe qu’elle s’apprêtait à détruire, l’épargnant pour disparaître à nouveau dans l’infini du cosmos.
    Arduina survivra, ainsi que son père, mais dans un monde profondément transformé :
    « (…) les grands édifices s’écroulent inexplicablement, les ponts, les pylônes, les restants de véhicules qui encombraient les rues s’émiettent et n’ont pas le temps de joncher l’île de bancs de poussière ; ces particules disparaissent mystérieusement en se mêlant à l’air.  Les Apôtres de la poussière triomphent sous les lunettes et le mouchoir. Leurs chefs visent maintenant les pleins pouvoirs sur la nation, leurs mercenaires commencent à se constituer en police… Qui sait ce que vous souffrirez sous leur emprise, Arduina, toi et tes enfants, si le monde ne périt pas!
    Une excellente nouvelle apocalyptique composée par un grand écrivain canadien.  Par une grande économie des moyens littéraires et un style irréprochable, utilisant notamment la technique du resserrement de l’action dans le temps, il analyse les nouvelles morales du désespoir, arrache les masques de l’hypocrisie chez l’homme en prise directe avec sa mort. Un récit intense et peu connu en France.