Bienvenue dans la Base de Données des livres !
Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
Livres
-
Bombe Atomique - Par BenF
" Voici la bombe. Regardez-là.
Elle se repose, somnolant. S’il vous plaît
Ne la provoquez pas
Avec des bâtons, des perches, des poinçons,
Des pierres. Il est interdit de lui jeter des aliments.
Attention aux mains,
Aux yeux !
Personne ne tient compte
Des avis et mises en garde
De la Direction.
Pas même le ministre.
La présence ici de cet animal
Est un énorme danger."
Une comparaison lourde de sens dans sa banalité même.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 594 vues
-
C’est Jacques Sternberg qui doit avoir un blanc. Pressenti pour écrire à propos du thème du « dernier homme », il répond qu’il n’a rien à en dire puisque, n’est ce pas, chaque homme est en somme…« le dernier ». Par une pirouette il traite le sujet… sans le traiter.
Et zon sur le groin du lecteur.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 373 vues
-
Biggles Au Tibet - Par BenF
Biggles, Dikpa, Algy et le jeune Ginger seront impliqués dans une étrange aventure. Poursuivis par un "rayon bleu paralysant" et des "hommes invisibles" qui menacent de les tuer, ils retrouvent l’origine du péril au Tibet où se dresse une "montagne de lumière." L’as de la R.A.F embarque aussitôt avec son équipe : direction l’Himalaya ! Arrivés sur place, après un atterrissage périlleux, ils constatent une activité technologique importante sur un haut plateau. De menaçantes tours crépitantes de lumière, desservies par de petits hommes jaunes, les "Chungs", sont à l’origine des rayons bleus :
"Révolver en main, il s’avança lentement de ce côté-là et finit par tomber sur une scène qui le stupéfia, tant il était loin de la prévoir. A une quarantaine de pieds plus bas, sur une superficie d’un acre environ, s’étendait la station génératrice la plus grande qu’il ait jamais vue. Une sorte de dynamo était en marche et dans un réceptacle en forme de cloche au-dessus, un certain nombre de Chungs nus jetaient des petits morceaux de métal porté au rouge, semblait-il. Ils les cassaient avec un marteau d’une pile de rochers qui se trouvaient là et étaient apportés par d’autres Chungs. Ceux-ci travaillaient dans une galerie presque au même niveau que Biggles. Au-delà de la dynamo, dont ils étaient séparés par une grande grille métallique, se trouvaient des rangées d’énormes accumulateurs, de verre jaune. "
Le rêve immémorial de ces Chinois est, d’après Mc. Allister un malheureux savant écossais délivré fort à propos, la conquête du monde occidental :
" Oui ! déclara Mc Allister. Voici des années que je vis avec eux, aussi je le sais bien. S’ils ne détruisent pas complètement le monde civilisé, ils tueront des milliers de personnes en Chine et aux Indes, à essayer de le faire. Et ils provoqueront un tel bouleversement qu’il faudra un demi-siècle pour s’en remettre. Ils liquideront l’Inde pour commencer. Ils sont habitués aux hautes altitudes et l’Himalaya ne les arrêtera pas davantage qu’une barrière de deux pieds de haut n’arrêterait un cerf aux abois. "
Au cours des temps, ils auraient accumulé une puissance formidable en ces vallées isolées, comme le rayon bleu, qui d’abord paralyse puis tue, sauf si l’on s’en protège avec un vernis spécial. Le pouvoir d’invisibilité ensuite, qui leur a déjà permis à plus d’une reprise de se glisser auprès de nos amis. Le matériau qui rend tout cela possible est le radium dont est constituée la montagne de lumière. Avec de nouvelles propriétés et pris à doses infinitésimales, ce radium serait aussi capable de guérir. C’est pourquoi Biggles désire en rapporter un échantillon en Angleterre afin de soulager les malades des hôpitaux. Mais devant la menace que représentent les Chungs, le petit groupe décide d’éliminer le péril qu’encoure l’humanité. D’ailleurs Les Chungs alimentent leur animosité en leur envoyant une armée de scolopendres géantes et carnivores ou en s’attaquant à leur avion-amphibie.
Des combats furieux les opposeront aux Blancs et c’est grâce à Ginger de garde à ce moment-là, que le groupe réussira à s’envoler pour évaluer de haut la situation. Biggles se rend alors compte du point faible des Chungs , soit un immense rocher en déséquilibre au-dessus d’un lac, qu’il fera sauter. Les eaux brusquement libérées noieront la vallée, les Jaunes, et leurs inventions diaboliques. De retour en Inde, dernière escale avant l’Angleterre, Biggles convaincra ses chefs de sa bonne foi en leur remettant un précieux échantillon de radium arraché à la montagne de la lumière. Enfin, la protestation officielle du président chinois au sujet d’une incursion anglaise intolérable au Tibet prouva au monde entier la culpabilité de la Chine dans son projet de domination mondiale.
"Biggles au Tibet" est un livre d’aventure pour adolescents dont la série eut un succès prodigieux. Voguant sur la peur du péril jaune, il décrit une époque heureuse où l’on pouvait encore mettre en poche du radium sans précautions particulières. Le récit cependant, quasi-entièrement consacré aux scènes de combats, reste confus et dans son déroulement et dans la description des décors.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 634 vues
-
Barbe Grise - Par BenF
Un récit foisonnant, un voyage de découverte tout au long de la Tamise et des personnages hauts en couleur. En 1981, l’irréparable est accompli: un "Accident" nucléaire (l’on soupçonne une guerre) a stérilisé les femelles du monde entier. Tous les mammifères supérieurs, l’être humain y compris, sont désormais inaptes à concevoir des enfants. L’auteur s’attache à la description d’une société de vieillards quand, quarante ans plus tard, l’espèce humaine a vieilli.
" Les êtres humains n’avaient pas été les seuls à souffrir. Presque tous les mammifères avaient été durement touchés. Les chiennes n’avaient plus mis bas , les renards avaient presque disparu ; mais l’habitude qu’ils avaient d’élever leurs petits dans des tanières avait sans aucun doute contribué à leur survie , en même temps que l’abondance de nourriture au fur et à mesure que se relâchait l’emprise de l’homme sur la terre. Les cochons avaient disparu avant même les chiens , peut-être parce qu’on les avaient massacrés imprudemment. Le chat et le cheval étaient aussi stériles que l’homme. Le chat n’avait survécu que grâce à des portées nombreuses. On disait même qu’ils avaient recommencé à se multiplier dans certaines régions. Les colporteurs passant par Sparcot parlaient de chats sauvages, un vrai fléau. Les grands félins avaient aussi souffert. Dans le monde entier, ç’avait été la même histoire dans les années quatre-vingt, les créatures terrestres ne pouvaient plus se reproduire. C’avait été un événement apocalyptique, les agnostiques même en parlait en termes bibliques. Sur terre, on ne croissait ni ne se multipliait. Seules les petites créatures abritées au sein de la terre même étaient sorties indemnes de cette période où l’homme avait été victime de ses propres inventions. "
Algy Timberlane, dit Barbe Grise, est un jeune homme de cinquante ans. En compagnie de Martha, sa douce épouse à qui il est resté fidèle sa vie durant, et d’un groupe d’amis, dont Pitt le braconnier, il décide d’abandonner le village de Sparcot. Sous la pression des hermines, un prédateur sanguinaire qui se multiplie sans freins, Barbe Grise et son petit groupe décident de gagner l’embouchure de la Tamise. Ils traverseront des paysages qui ne portent plus l’empreinte de l’homme, paysages sauvages et naturels, champs et forêts, marécages et plaines inondées:
" De grandes organisations avaient suivi le même chemin que les grands animaux , les taillis se hissèrent vers les cieux et devinrent forêts , les fleuves s’étendirent en marécages et le mammifère au gros cerveau de plus en plus sénile subsista en petites communautés. La vie animale se multipliait sur la terre, plus abondante que jamais. Car la terre avait à l’infini le pouvoir de se renouveler , aussi longtemps que le soleil lui donnerait son énergie Elle avait nourri bien des espèces au cours de ses âges géologiques. La suprématie de l’homme n’avait que momentanément influé sur la richesse de ce grand courant de vie. "
Le voyage au fil de l’eau s’agrémente du voyage en sens inverse accompli par les personnages dans leur esprit à la recherche d’un passé à jamais disparu. Entremêlant subtilement le présent et le passé, l’auteur donne à voir, par petites bribes, de quoi s’était composée l’histoire après «l’Accident» :
" Les larmes vinrent aux yeux de Barbe-Grise. L’enfance gisait dans les tiroirs pourrissants du monde , souvenir qui ne pouvait échapper à l’usure du temps. Depuis cet horrible accident - ou crime , ou désastre?- au siècle dernier, il n’y avait plus eu de naissances , il n’y avait plus d’enfants , plus de petits garçons comme celui-ci. Il n’y avait plus d’adolescents, de jeunes hommes, de jeunes femmes fières. Il ne restait même plus d’êtres humains dans leur maturité. Des sept âges de l’homme, il ne restait que le dernier. "
La vie d’Algy est la plus fouillée. Après la catastrophe, dans un Londres en pleine désagrégation sociale, il est contacté par un ami qui le fait entrer à DHUC(A). C’est un organisme qui s’est donné pour vocation d’être le témoin fidèle des derniers soubresauts d’agonie de l’espèce humaine dans le but d’en informer une hypothétique race future amenée à prendre la place de l’espèce. Issue de la crise, DHUC(A) se veut le témoin éclairé d’une histoire qui sombre. Chaque membre de DHUC(A) est formé à collationner tout témoignage et document, tout en étant forcément isolé mais opérationnel dans le grand chambardement qui ne fera que s’amplifier. Algy choisira comme terrain de manoeuvres l’Angleterre qu’il connaît bien, en compagnie de Martha, muni d’outils performants tels qu’un camion surabondamment équipé en matière d’enregistrement.
Algy Timberlane, en compagnie de Martha, vivra à Londres où la décomposition sociale s’accentue. Des Seigneurs de la guerre émergent. Algy est invité à laisser son camion entre les mains du Commandant Croucher , un potentat local. Pitt, devenu entre temps l’ami de Barbe-Grise était d’abord mercenaire à la solde de Croucher et convié à tuer Algy. Il n’a pu s’y résoudre. Avec Martha dans le camion, il fuiront tous les trois la capitale en folie et trouveront refuge dans le village de Sparcot, durant de longues années. Chacun tentera d’oublier ces moments difficiles. Sous la menace des hermines, ils décident de se remettre en route, confiant à la Tamise leurs destinées, en compagnie d’un deuxième couple de vieillards:
" Le paysage devint moins imposant quand ils dérivèrent au sud vers la ville. Des rangées de maisons misérables se dressaient au milieu de l’inondation, leur désolation augmentée par le soleil . Les toits s’étaient effondrés , on eût dit les carcasses d’énormes crustacés sur quelque plage primitive. Le lourd silence fut brisé un peu plus tard par le grincement d’un véhicule. Deux vieilles femmes aussi larges que hautes joignaient leurs efforts pour tirer une charrette le long d’un quai aboutissant à un pont assez bas. "
Au cours de la navigation, ils font connaissance avec un personnage singulier, Jingandangelow, une sorte de charlatan proposant l’immortalité à des vieillards crédules ou la jeunesse retrouvée à volonté. Algy démasque le tricheur, car il sait bien qu’il n’existe plus d’enfants nulle part, que les femmes resteront éternellement stériles, et que toutes les visions de lutins, d’elfes, de farfadets qui hanteraient des bois redevenus sauvages ne sont que des fantasmes. Il le sait d’autant plus qu’il a participé lui-même à une sorte de guerre, enrôlé dans «l’EnfanCorp», une armée consistant à retrouver à travers le monde, au moyen des armes s’il le fallait, tout enfant normal encore apte à concevoir. Cette opération de la dernière chance a elle-même échoué à cause des malformations congénitales dont ces enfants étaient déjà porteurs.
Arrivé au village d’Oxford, Algy y retrouve son camion, qu’il avait été obligé de vendre bien des années auparavant pour survivre. Oxford est dirigé par les intellectuels. Impitoyables, ceux-ci ne lui rendront son camion que contre une imposante somme d’argent. Algy se décide courageusement à travailler des années durant pour racheter son engin tout en restant fidèle à la parole donnée jadis à DHUC(A). Presqu’arrivé au bout de son esclavage, il se rend soudain compte de l’inanité de ses efforts et de l’inutilité de DHUC(A), dans un monde condamné.
Il décide de repartir avec Martha jusqu’à l’embouchure de la Tamise. En cours de route, ils rencontrent pour la deuxième fois Jingandandelow, devenu (faux) prophète. Le magicien fait entrevoir à Algy, dans sa cabine, à l’arrière de son bateau, une vision paradisiaque: celle d’une jeune fille de seize ans nue et irradiant la beauté:
" Une jeune fille dormait sur une couchette. Elle était nue. Le drap tombé de ses épaules révélait presque tout son corps. Un corps poli, bronzé, aux formes délicates. Ses bras repliés sous elle entouraient ses seins , un genou relevé touchait presque son coude , dévoilant la toison du pubis. Elle dormait le visage sur l’oreiller, la bouche ouverte, ses abondants cheveux bruns en désordre. Elle pouvait avoir dans les seize ans. "
Algy renvoie Jingandangelow à sa vermine, enlève la jeune fille pour la recueillir et l’élever avec l’aide de Martha. Lorsque des lutins attaquent la maison pour délivrer la jeune fille, il découvre aussi un stupéfiant secret: ces lutins sont en réalité des enfants redevenus sauvages, se cachant des vieillards cacochymes au fond des forêts et qui se déguisent avec des peaux de bêtes pour passer inaperçus. L’imprégnation radioactive de l’Accident avait donc fini par s’estomper et certaines femmes, parmi les moins âgées, avaient été capables d’engendrer des rejetons sains. Il reste à l’humanité défaillante à refaire le long chemin vers la reconquête du monde.
"Barbe Grise" est un grand récit, autant à travers la psychologie fouillée des personnages que par l’effet d’étrangeté que provoque la description du genre humain à l’agonie. On pressent comment l’énergie vitale d’une espèce s’épuise puisque ces vieillards n’ont même plus le courage de se battre entre eux. Impression renforcée par le décor d’une nature incomparablement belle et sereine (vieux thème romantique) s’élevant sur les ruines laissées par l’homme. Contrairement aux autres récits s’inspirant de ce thème (" La mort blanche ", le " monde sans femmes ") Aldiss insiste sur la plausibilité de l’épisode, sur la lenteur d’une désagrégation silencieuse de l’espèce. Il conte l’histoire d’une agonie, la nôtre.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 638 vues
-
Par traîtrise et ruse, utilisant toutes sortes de camouflages, la guerre n’étant même pas déclarée, les Japonais frappent les Etats-Unis. Leurs flottes d’invasion, supérieurement coordonnées, se dirigent selon trois axes ; d’abord la prise de Manille et des Philippines pour priver l’adversaire de son point d’appui ; ensuite, l’invasion par voie de terre de la côte ouest, à partir de Seattle et San Francisco ; enfin la destruction totale de la flotte américaine de l’amiral Sperry qui tombera dans un piège. Se déguisant en un innocent navire de commerce, le «Kanga-Maru» canonne le «Mindoro», l’envoyant par le fond. D’autre part, la baie minée empêche les Américains d’approcher de Manille.
Avec l’aide des Anglais, qui leur offrent des bases stratégiques, les Japonais poursuivent leur avance. L‘invasion de l’intérieur du territoire américain a été rendue possible par l’activation d’une cinquième colonne, représentée par tous les immigrants jaunes (Japonais, Chinois, Coréens, etc.) qui, sous le dehors d’innocents travailleurs, ont préparé avec application l’attaque. Tous ces Jaunes confondus en une seule race de «Mongols» travaillent dans le même élan à la destruction de la puissance occidentale :
« Le mardi 9 mai, il y avait sur le territoire américain cent soixante-dix mille hommes de troupes japonaises. Au nord, la ligne des avants-postes ennemis suivait la frontière est des Etats de Washington et d’Orégon. Elle s’avançait vers Idaho au sud, se tenant toujours à quelques milles de la voie ferrée du réseau de l’Orégon qui servait à relier entre elles toutes le garnisons ennemies. A Granger, bifurcation de la ligne à voie étroite de l’Orégon avec l’Union Pacifique, l’occupation japonaise dépassait le dernier bastion est, garni , la semaine suivante, d’une forte artillerie de campagne, et s’avançait plus avant vers le sud, le long de la chaîne Wahsatch-Mound. Les troupes traversèrent le grand plateau du Colorado, s’étendirent sur les hauteurs de l’Arizona et atteignirent enfin les frontières du Mexique par Fort-Bowie. »
Les centres de communication sont soudainement investis, les nœuds ferroviaires neutralisés, les communications interceptées. Profitant de l’effet de surprise et d’un immense brouillard, les Japonais pénètrent au cœur du pays par la rade de San-Francisco. Polis mais sans pitié, ils déclarent n’arrêter leur avance que si les Américains reconnaissent leurs nouvelles possessions. Ceux-ci, dont les armées sont éparpillées aux quatre coins de l’immense pays, munies d’armes vétustes et de munitions non fiables – essentiellement par manque de moyens financiers dus à la trahison des membres du Congrès-, sont malmenés par la diplomatie anglaise. Malgré tout, les soldats tentent de faire front, héroïquement. Rassemblant une troupe motivée, le général Winstanley, se dirige vers la ville de Corpus Christi (quel symbole!) où devra avoir lieu l’affrontement final, la «bataille des Montagnes Bleues » :
« Là-bas, l’enfer était déchaîné. Devant Hilgard et entre ses maisons, les régiments se précipitaient à l’assaut. Ils entraient dans la fournaise au milieu des grondements des pièces de campagne qui ébranlaient l’atmosphère. Ils entraient, poussant leurs « hourras » et passant sur les blessés enchevêtrés dans les lacs formés par les fils de fer. Ils entraient par les brèches qu’ouvraient devant eux les projectiles qu’ils lançaient à la main. Que leur importait de laisser tomber, dans les sillons sanglants, les armes qu’ils avaient traînées avec eux ! La batterie de gauche, placée dans les premières maisons, la batterie de droite et les deux redoutes de devant les barricades ne tomberont-elles pas entre leurs mains ? Le flot sombre roulait toujours… Impossible, maintenant, d’aller plus avant. A la hauteur des maisons, un bataillon se fait, en vain, massacrer devant la barricade qui fermait la rue. Dans ce cercle de mort où, de toutes les ouvertures convergeaient les balles de l’ennemi, les assaillants reprirent, un moment, haleine. »
A New York, c’est l’affolement. La bourse s’effondre, les entreprises chutent, les syndicats se retrouvent dans la rue. Sous la pression des événements, l’anarchie guette le pays. Quant à l’amiral Sperry, dont la presse annonçait (faussement) des manœuvres victorieuses contre les Japonais, sa flotte tombe dans le piège de Magdalena-Bay, près de l’île de Gantanamo. Canonnés par le Sotsuma et le Kashima de l’amiral Togo, deux puissants cuirassés cédés jadis par les Anglais aux Japonais, le Chattanooga, le Connecticut et l’Iowa s’abîment , foudroyés, dans les flots :
« La bannière étoilée, en lambeaux, flottait au grand mât du Connecticut. Quelques artilleurs, qui s’étaient tenus jusqu’alors à leurs pièces, se traînèrent hors des tours, et se firent un chemin au milieu des escaliers brisés. En tout cinquante-sept hommes. C’était là ce qui restait de la fière escadre. Trois hurras jaillirent de la poitrine désséchée des héros du Connecticut. Trois hurras pour la Patrie ! L’amiral Sperry tira son épée et un hurra retentit encore une fois au-dessus des flots (…) Alors le Connecticut se coucha sur tribord. Les vagues ne purent plus relever la lourde carcasse aux cent blessures béantes. Il s’enfonça doucement. »
Les navires de Sperry disparus, rien n’arrêtera plus la ruée des Jaunes jusqu’à Corpus Christi où ils tailleront en pièces l’armée des volontaires américains venue à leur rencontre. Malgré l’héroïsme individuel, malgré les sabotages pour réduire la puissance de frappe des envahisseurs, la bataille des Montagnes Bleues fut perdue. Mais elle eut un effet d’électrochoc sur le peuple américain qui élimina définitivement les défaitistes. Egalement sur les Européens, qui sortirent enfin de leur neutralité, craignant à leur tour le péril jaune. L’Angleterre, honteuse, sentant le vent tourner, retirera graduellement son appui aux Japonais. Ceux-ci durent céder devant la pression universelle et regagnèrent leur île.
Une vision du péril jaune ancrée dans la réalité internationale du début du XXème siècle. Un texte en style épique, parfaitement documenté pour ce qui concerne les activités militaires. Un point de vue multiple, selon les divers protagonistes impliqués dans la gigantesque conflagration, le tout recouvert par le grand fantasme de la «menace jaune. » l’ouvrage écrit sous pseudonyme (l’auteur est allemand) est d’une rareté extrême.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 501 vues
-
Bacteries 3000 - Par BenF
Garaway, médecin reconnu en cette année 3000 (qui ressemble comme deux gouttes d’eau à l’année 1979), est confronté à une épidémie de « stépule », maladie infectieuse mortelle, totalisant la somme des microbes pathogènes du passé, qui se communique par le sang et le sperme.
Or, suite à une contamination de Sunie, son infirmière préférée, par son boy-fiend Bruce, il est de plus en plus réticent à l’idée de faire l’amour avec elle. En compulsant son emploi du temps, il se rend compte qu’elle ne chôme pas en ce domaine puisque, sans s’en rappeler toujours, elle contamine par voie sexuelle de nombreux partenaires, empruntant la voie bien connue du " ping-pong " pour répandre la stépule:
" A midi, elle était dans les bras d’un directeur de banque dragué dans un aérobus. A 14 heures, elle faisait l’amour avec un jeune garçon de seize ans, dans une cave d’immeuble du quartier ancien de Brooklyn. A 16 heures , un clochard eut la bonne fortune de la posséder sous un pont de l’Hudson. A 17h 30, Sunie capta l’attention d’un policier. Il venait de terminer son service. Il l’entraîna dans une chambre d’hôtel et lui fit l’amour en dix minutes, avec des gestes d’homme habitué à régler la circulation. "
Tout en la surveillant de près, Garaway échappe à plusieurs tentatives d’assassinat. Un immense doute commence à germer en son esprit: et si la stépule était la manifestation d’une invasion bactérienne à l’encontre de l’espèce humaine? Il observe aussi dans son environnement proche, comme dans la totalité de la ville de New - York, un comportement bizarre des gens qui affichent le signe de la maladie, une couleur rosée qui se répand sur leur poitrine.
Décidé à chercher du secours - mais où ?- il en apprend plus sur ces bactéries intelligentes par une sorte d’induction télépathique.
Il s’agit des micro-bulles (c’est le nom de leur espèce) qui reviennent coloniser la terre dont ils étaient exclus depuis longtemps. S’emparant des corps comme véhicules nécessaires, se propageant par les relations sexuelles, ils finissent par former un être collectif dont Garaway est exclu pour le moment. Ils se servent de Sunie comme d’une arme sexuelle pour rendre le médecin inoffensif en l’infectant. Mais Garaway , après avoir tué Sunie - c’est à dire la colonie qui l’habitait - s’échappe de New - York espérant trouver des hommes sains près de la frontière du Mexique. Malheureusement pour lui, il se fait piéger par une jeune beauté de quinze ans qui se dit vierge mais qui, elle aussi, est porteuse des bactéries intelligentes. Toute résistance à leur invasion étant définitivement écartée, les micro-bulles réduisent l’humanité en esclavage.
Un récit à l’intrigue plate, les seules pages intéressantes étant celles qui relatent l’anxiété du héros solitaire dans une société d’ennemis à son image (ce qui rappelle le livre de Kinney " les Chrysalides " ou le film tiré de celui-ci "l’Invasion des profanateurs de sépultures). Un bon point cependant. Composé en 1979, le roman met l’accent sur le mode de transmission de la maladie " par le sang et le sperme ". N’est-ce pas une belle reconnaissance du sida?
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 658 vues
-
Axel Et Nova - Par BenF
Vol. 01 : le Dirigeable des sables, Nestiveqnen éd., 2003, coll. « Axel et Nova », 1 vol. broché, in-12 ème , 137pp. couverture illustrée par Kara. roman d’expression française
1 ère parution : 2003
Axel et Nova, deux jumeaux télépathes et leur chauve-souris mascotte Black, vont connaître de terribles aventures dans un monde infernal saccagé par l’arrivée d’un météore qui a transformé la Terre, fait s’évaporer l’eau des océans, instauré une chaleur infernale en tous lieux. Le manque d’oxygène a poussé le dernier groupe des humains sous la férule de Jeanlin, le père des jumeaux, organisateur hors-pair, dans des grottes hermétiquement closes où ils survivent avec peine.
Mais l’heure est venue d’en sortir car l’eau et l’oxygène s’épuisent. Le groupe compte sur Axel et Nova pour les sauver. A l’aide d’un dirigeable hâtivement conçu, il leur permettra de partir pour explorer l’extérieur dans le but de découvrir de nouvelles ressources. Nos amis embarquent. Ils ont pour mission de suivre un câble, anciennement sous-marin. Les ennuis commencent de suite, dès la crête rocheuse franchie, au-delà de la ville moderne en ruines où se distinguent encore des cadavres desséchés. Le soleil impitoyable et le manque d’oxygène qui les obligent à enfiler un scaphandre, leur font douter de leur réussite bien qu’étant stimulés télépathiquement par leur père.
Par deux fois ils manquent de mourir. D’abord, lorsque arrêtés pour s’approvisionner en eau près d’un immense navire échoué, ils seront attaqués par les membre survivants de l’équipage, métamorphosés en odieux mutants radioactifs. Des crabes géants, issus du marécage puant, plus vilains encore que les mutants, les en débarrassent en entraînant les monstres au fond d’une eau polluée par le pétrole.
Ensuite, quand leur dirigeable perdra de l’altitude dans une plongée effrayante, les entraînant dans ce qui fut jadis une fosse marine, jusqu’à leur faire frôler le bouillonnement volcanique du rift médio-atlantique :
« - Quelle horreur… parvient à souffler Nova, mettant ses mains devant sa bouche pour ne pas crier.
Tout en bas, au plus profond de la nuit rocheuse, des fleuves de lave grondent, charriant leurs bombes incendiaires, leurs cordes incandescentes, leurs lueurs de soleil liquide. Des fumerolles corrosives montent, des flammes pâteuses tentent de lécher l’appareil.
-Remonte, remonte ! hurle Nova. »
Sauvés par un courant d’air chaud et puissant, l’appareil remonta, emportant en ses flancs Axel et Nova évanouis.
Au réveil les attend une agréable surprise. Ayant quitté la zone des dangers, ils ont atterri au Vénézuela, dans le delta de l’Orénoque où subsiste encore un micro-climat convenable au développement de la végétation. Et surtout –ô miracle !- où les attend leur maman, une ancienne hôtesse de l’air qu’ils croyaient disparue à jamais.
Recueillie lors de la chute de l’avion par une tribu indienne aux pouvoirs chamaniques, elle a survécu, contente de retrouver les enfants qui sont indubitablement les siens du fait de leurs pouvoirs télépathiques.
Axel et Nova, après avoir mis leur père au courant de leur bonne fortune, se reposent en ce décor enchanteur avant de poursuivre leur périple.
Vol. 02 : les territoires bleus, Nestiveqnen éd., 2003, coll. « Axel et Nova », 1 vol. broché, in-12 ème , 138pp. couverture illustrée par Kara. roman d’expression française
1ère parution : 2005
Axel, Nova, Black et Armelle, leur maman, doivent, sur l’incitation mentale du chamane qui a passé dans l’esprit de Nova, aller plus loin dans leur quête. Le météorite inconnu, à l’origine du cataclysme, est resté bloqué quelque part dans le pays de la nuit. Car non seulement il est à l’origine du bouleversement écologique mais encore, il a freiné, puis arrêté la rotation de la terre, engouffrant la moitié du globe dans une nuit éternelle. Et c’est vers elle que se dirigent nos amis dans leur engin volant.
Il leur faut avant tout traverser les Andes, barrière rocheuse présumée infranchissable.
Guidés par Black et la claire vision de Nova, entraîné dans un courant d’air irrésistible, le dirigeable s’enfonce à l’intérieur d’une immense caverne glacée et sombre formant tunnel. Ils déboucheront à l’air pur, sous les étoiles, pour frémir devant une autre vision: à perte de vue la noirceur, le froid et la surface miroitante d’un océan Pacifique gelé :
« Riches de cette découverte, ils ne se lassent pas de contempler la banquise fluorescente qui reflète derrière les hublots, le ciel étoilé. Parfois, en fonction des angles de la glace, dix ou vingt lunes apparaissent en même temps sur le sol figé. La banquise, baignée d’une lumière surnaturelle, est hérissée de cristaux et de facettes. La succession de glaçons, de falaises neigeuses et de crevasses qu’ils survolent sans qu’ils puissent distinguer le moindre indice d’eau libre en profondeur, leur donne le vertige. »
Par bonheur, ils se feront reconnaître d’une autre tribu qui a adopté les habitudes polaires des Inuits. Subsistants autour d’un énorme puits d’eau libre dû au réchauffement interne, ils subissent les assauts de toutes les bêtes marines et polaires, notamment des ours, qu’ils parviennent à éradiquer grâce au lance-flammes de Nova. Soignant les gelures d’Armelle, ils aideront nos hardis pionniers à repartir en direction de la météorite dont la force magnétique est si puissante qu’elle attire tous les objets métalliques à des centaines de kilomètres alentour.
Pour éviter de la subir , ils transforment leur dirigeable en parachute à skis, le laissant aller à sa guise. L’accélération, de plus en plus forte, leur fait craindre pour leur vie. Finalement, ils arrivent à freiner juste devant la météorite, grande comme une colline, enchâssée dans la glace.
Grâce à l’appui télépathique de son père, Nova sait qu’ils devront la libérer de sa gangue, ainsi le bolide repartira-t-il dans l’espace retrouver par aimantation la planète dont elle provient, appelée Magnétis.
Toujours astucieux, ils mettront le feu (à une distance prudente) aux nappes de pétrole et de kérosène s’échappant des soutes des navires agglutinés autour de la météorite. La chaleur faisant fondre la glace, la météorite s’arrache à la banquise, disparaissant dans l’espace :
« Alors, dans un ultime tableau d’apothéose, la météorite s’arrache du sol. Bouches ouvertes, ils assistent à son lent décollage.
La masse métallique sort en repoussant des bourrelets de glace à demi fondue, souillés de pétrole et de cendres. Elle n’en finit pas de s’élever en grondant, engendrant autour d’elle failles et vagues dans la banquise éclatée. Ensuite, tout va très vite. Tel un œuf monumental, elle jaillit de son nid blanc, projetant tout autour d’elle une pluie d’étoiles glacées. Un moment, on dirait qu’elle flotte dans l’air, défiant toutes les lois de la pesanteur. »
Aussitôt, la température s’élève et l’aube commence à pointer car la terre a retrouvé sa rotation.
Ayant sauvé le monde, il leur reste encore à revenir auprès de leur père qui, dans les grottes, semble être en butte à des émeutes. Mais ceci est une autre histoire…. non publiée jusqu’à présent.
Un récit pour pré-adolescents, pédagogique et moralisateur, dans lequel l’auteur a surenchéri sur l’incroyable, et tordu la logique à son gré : chamanisme, télépathie, monstres gluants, respect de papa et de maman, « trucs et ficelles », écologie et avertissements, se partagent le texte en un pot-pourri rapidement lassant.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 519 vues
-
Avant L'apocalypse - Par BenF
Antoine Chabrineau, en ces derniers jours de l’an 2000, est un astronome réputé. Célibataire, il assiste, par l’entremise de son ami Garry, à un symposium à Venise où il fait la rencontre de la détonante Olivia (Livia) qui deviendra non seulement sa compagne ou son ange gardien mais encore l’objet d’un amour fou qui, comme une comète, traverse le roman.
Deux astronomes amateurs ont détecteé, par un coup de chance inouï, au fond du cosmos, une comète de belle taille, un rocher de cinquante kilomètres de diamètre avec une masse de 5000 milliards de tonnes. Baptisée Diaz-Nostro, cette comète fonce vers le système solaire qu’elle mettra deux ans à atteindre. Chabrineau calcule sa trajectoire. Effaré, horrifié, anéanti, il découvre que Diaz-Nostro se trouve sur une trajectoire d’impact avec notre globe qui jamais, vu la taille du bolide, ne se relèvera du choc. La fin du monde, l’apocalypse, telle qu’elle est décrite dans la bible, est certaine :
" Dans le cas de Diaz-Nostro, la réponse correspondrait à l’élévation d’une colonne qui atteindrait entre deux et trois mille kilomètres et dont seule une partie retomberait. Le reste serait injecté en orbite terrestre ; ou alors, échappant définitivement à l’attraction, s’éparpillerait dans l’espace. Un hyper-typhon, de dix à quinze kilomètres d’épaisseur, se lancerait à l’assaut de la Terre, à la vitesse moyenne de mille quatre cents kilomètres par heure. Rien ne résisterait au passage de ce balai cyclopéen. En cas de chute dans un océan, le raz de marée que les Japonais nomment " Tsunami " (…) formerait juste une amplitude – un creux, comme disent les marins – de l’ordre de cinq à six cents mètres et, pour une distance entre deux crêtes, de dix mille mètres. Au-delà, le front de vagues dépasserait deux mille mètres avant de s’abattre sur les installations côtières (…) Deux mille mètres de côtes américaines s’engloutiront dans les flots du Pacifique, de San Fransisco à San Diego ( …)La superficie de la France est divisée par deux. La Hollande est rayée de la carte. Annihilation de toutes les îles du Pacifique sous l’effet conjugué des mécanismes les affectant. Holocauste des populations du Sud-Est asiatique (…) Tous les volcans connus entrent en éruption simultanément… "
Après la vérification de ses calculs par des collègues étrangers, qui tous confirment ses prévisions, il lui faut avertir les plus hautes sphères politiques du pays. Une réunion de crise sous l’autorité du président français s’ouvre. Ce dernier est convaincu du péril par Chabrineau et fait de lui son conseiller international, le pivot et fer de lance d’une lutte " anti-comète ". La seule parade possible consisterait à regrouper les armes atomiques disponibles dans le monde et, par un effort fraternel et conjoint de l’ensemble des pays développés, essayer de détourner la comète de sa trajectoire en lui imprimant un choc, aussi léger soit-il, pour qu’elle passe au loin de la Terre.
Chabrineau, soutenu par Livia, se lance dans la vie politique, avec ses chausses-trappes. Bien qu’il arrive à convaincre les USA de participer à l’entreprise, ses ennemis, surtout religieux, ne désarment pas, et il vivra dorénavant une existence secrète vouée au seul objectif final : mettre en orbite environ quarante-cinq ogives nucléaires pour pouvoir frapper la comète de façon synchrone au-delà de l’orbite de Mars. Tous les pouvoirs lui sont accordés au niveau mondial où, dans chaque pays, s’organise la lutte à travers un groupe de techniciens d’élite, sous la présidence de la France. La masse des humains, quant à elle, continue à vaquer à ses occupations, la comète n’étant ni visible, ni perturbatrice à ce stade de son approche.
Une course contre la montre s’engage pour Chabrineau et le monde, et seuls les rares moments de détente pris en compagnie de Livia, lui permettent de résister à la pression psychologique phénoménale. Insensiblement, se fait jour en lui une autre réalité, celle de son nom (antérieurement "Chabrinot " et non " Chabrineau "), celle de sa date de naissance (le 6/6/1966) et celle d’une secte d’illuminés qui lui parle des quatrains de Nostradamus, du fameux devin de la " Bête ", de la " Dame Blanche " et de " Pierre Romain " , le dernier pape avant l’apocalypse.
Diaz-Nostro-Chabrineau (DNC) est maintenant suffisamment proche. Les fusées partent, placées sur orbite d’attente, selon le programme prévu. Toutes sont correctement alignées sauf la dix-huitième qui fait défaut et qui explose dans la haute atmosphère, balayant d’un nuage de plutonium radioactif l’Afrique de l’Est, le lac Victoria, le Nil et provoquant deux cents millions de morts :
" Les éléments de la charge nucléaire avaient été physiquement désintégrés à cent cinquante kilomètres d’altitude, après plusieurs rebonds imprévus sur les couches denses. Ils s’étaient ensuite répandus sous forme d’aérosols mortellement empoisonnés, de ce niveau jusqu’à la surface. Une région de mille kilomètres sur cinquante voyait s’abattre sur elle une pollution atomique de première grandeur de Kisangani jusqu’au mont Kenya. Le nuage radioactif qui allait noyer cette zone relèguerait celui de Tchernobyl au rang de joyeux souvenir. "
Ce sacrifice est accepté (avec difficulté) , pourvu que la terre puisse être sauvée. Les autres ogives éclatent exactement près de la surface de DNC, la faisant dévier de sa course. C’est l’euphorie dans le monde entier. Chabrineau, acclamé en héros, devient le sauveur de l’humanité. En recalculant la nouvelle trajectoire de la comète il se trouve que même sans le choc des ogives nucléaires, elle se serait bizarrement déviée et serait donc passée bien au-delà de la terre. L’action de l’humanité s’est avérée inutile, pis encore, nuisible, car, à cause de Chabrineau, la comète déstabilisée recoupera l’orbite de la Terre après son passage au périhélie et percutera de façon certaine notre globe.
Chabrineau, culpabilisé et meurtrier du genre humain, ne comprend pas comment une telle monstruosité a pu se commettre à l’encontre de sa propre volonté.
Peu à peu, le puzzle se reconstitue en lui : il est l’Antechrist, soit (Ant)oine (Ch(ab)ri (no)st), le fléau de Dieu, l’instrument de Lucifer, l’envoyé du 666, marqué du chiffre de la Bête. Rendu fou par la révélation, il songe à s’évader de ce monde, à s’enterrer pour de bon, non pour échapper à sa fin mais parce qu’il sait que son maître ne le laissera pas mourir, qu’il restera l’unique représentant de Lucifer sur Terre lorsque l’humanité en aura été balayée. Livia ne peut plus lui être d’aucun secours : elle est morte en couches ainsi que l’enfant qu’elle avait essayé de mettre au monde. Seul, désemparé, profitant des derniers privilèges qui lui restent, Chabrineau s’installera dans la grotte de Lascaux en prétextant y travailler pour une étude. Il y entreposera tout un nécessaire de survie afin de pouvoir traverser le danger.
Finalement, le choc a lieu, énorme, foudroyant le globe. Durant deux ans consécutifs, le monde est balayé par des vents inouïs, de 500 km/h. Le sol est vitrifié, l’axe de la terre a pris une nouvelle inclinaison, la lune même procède d’une orbite nettement elliptique qui la ramène à 50 000 km de la Terre à son point le plus proche :
" J’ai compris avant de la voir apparaître. J’allais redécouvrir la lune, notre vieille compagne qui devait, de là-haut, se demander ce qui avait bien pu arriver aux hommes (…) Elle est entrée dans le champ restreint qui lui était ouvert. Elle ne s’est pas offerte dans sa totalité. Elle ne pouvait plus. Une sphère gigantesque se laissait ainsi deviner. Elle était devenue énorme, démesurée. En une fraction de seconde, j’ai retrouvé de mes yeux des détails qui auraient exigé un télescope, fût-il modeste. J’ai poussé un cri. Je me suis mis à hurler : " Non ! Non ! " Je ne voulais pas que ce soit vrai. D’après ce que, fugacement, elle m’avait laissé voir, son diamètre apparent s’était multiplié par dix à douze. C’est-à-dire qu’en ce point où je venais de la voir, elle ne se trouvait plus à sa distance habituelle de trois cent quatre-vingt-dix mille kilomètres, mais à dix ou douze fois moins loin. "
Lorsque , après deux ans, Chabrineau ressort de son trou dans lequel il a survécu il ne sait trop comment, c’est pour être confronté à une planète étrangère, vide, informe et noire:
" Je suis sorti quelques jours plus tard. A peine un pied posé dans ce qui devait être l’extérieur, c’est le bruit du vent qui m’a le plus surpris. Un sifflement ininterrompu et terrible, plus même, un véritable hululement suraigu et qui vrille les oreilles. Autour de moi, il n’y a rien. Le néant total, mais comme une surface solide. Plus qu’une nuit d’encre, le mot ténèbres ne pouvant décrire ce qui m’entoure. L’atmosphère n’est plus qu’un torrent furieux qui cherche à m’ arracher de ce sol que je ne distingue pas. "
Les seuls habitants se la terre sont d’étranges insectes – des créatures de son maître- grâce auxquels il survit. Ces insectes le choient, le nourrissent et manifestant un soupçon d’intelligence, le prennent pour leur dieu. A cette nouvelle race curieuse et semi-intelligente, Chabrineau, au cours de ses trente années de survie, livre les mythes et les rites d’une terre d’avant la catastrophe en peignant de nouvelles figures pariétales sur les parois de la grotte de Lascaux, qui relatent en détail tous les épisodes de son calvaire.
" Avant l’apocalypse " est un roman sophistiqué qui conjugue les angoisses du millénarisme avec les approches les plus rigoureuses de la science. Le choc cométaire et ses conséquences sont décrits avec un luxe réaliste dans les détails : et si vraiment cela se produisait? est amené à se dire le lecteur. L’intérêt que présente l’histoire d’amour de Chabrineau avec Livia, la tentative d’expliquer la psychologie monstrueuse du héros -ou anti-héros- par l’introduction de l’irrationnel biblique, résistent moins à l’examen critique. Tout en rénovant un thème si ancien, l’auteur signe une belle œuvre, épouvantable et tragique.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 412 vues
-
Jim Shar, brillant et jeune lieutenant, est enlevé par un savant de réputation mondiale exaspéré par les relations du susdit avec sa femme, qui le mène en une base souterraine où il règne en maître absolu. En le droguant, son but est de l’utiliser comme cobaye, le plongeant en un bain qui dissocie son corps pour le reconstituer une dizaine d’années plus tard, lorsque les menaces de guerre nucléaire se seront évanouies. Un robot sophistiqué veillera sur Jim au cas où lui, Muldauer, aurait disparu. Les résultats de l’expérience dépassent ses espérances :
« -Le temps, murmura-t-il. J’ai un peu trop volontairement oublié le temps. Combien de temps s’est-il écoulé ?
-Depuis quand, monsieur, demanda une voix dont le diaphragme semblait déréglé.
Surpris, Jim s’arrêta et regarda autour de lui. Rien, aucun robot en vue. Il se trouvait maintenant au seuil d’un large couloir, très long, sur lequel donnaient une centaine de portes environ. Probablement celles des appartements. Et la voix qu’il venait d’entendre était celle d’un ordinateur domestique.
-Depuis la destruction du centre, répondit-il machinalement.
La réponse lui parvint comme un coup de massue.
-Pas beaucoup plus de dix mille ans, monsieur. »
Quelque chose s’était détraquée. Prisonnier d’une électronique qu’il lui faudra reprogrammer, dans une base profondément enfouie et dont il ne peut sortir, Jim constatera qu’à la surface, la guerre nucléaire que l’on craignait tant, a dévasté l’environnement traditionnel en transformant profondément la nature par le biais de mutations.
Ici, en sûreté comme dans un cocon, choyé par des ordinateurs qui répondront à toutes ses sollicitations, Jim n’aurait qu’à se laisser vivre. Pourtant, les temps se profilent où l’envie lui prend de sortir. Avec l’aide de Joe, le robot, rampant dans une canalisation désaffectée, il surgit à la surface couverte par une forêt démesurée dont les arbres atteignent deux cents mètres de haut. Cette flore mutante va de pair avec la faune. Si l’humanité est absente de ce monde, d’autres animaux, devenus intelligents, ont pris le relais, dont les rats (appelés les « Donovan »). Gagnés par le gigantisme, ils ont évolué jusqu’à devenir présentables :
« Sous cette clarté, il pouvait mieux voir son compagnon. Il arrivait à s’y faire. Si bien même qu’il ne voyait plus les différences. Il ne faisait plus attention à ses yeux ronds, ses oreilles courtes, décollées, son pelage grisâtre et surtout ses vibrisses qui lui servaient de moustaches. »
Triss, le Donovan lui sauve la vie. Shar se laissera guider par lui. Prenant la voie des airs, le long de branches immenses, Triss le conduit vers une route, sans doute construite par des humains, qui traverse cette région hostile, et d’où il pourrait gagner une cité encore fonctionnelle. Triss ayant disparu, Jim affrontera seul deux « chasseurs de viande », des humains rusés et criminels qui traquent les Donovan. Par eux il apprendra que tous les humains ont quitté la planète à travers un mystérieux « Passage » ne laissant derrière eux que des dégénérés ou fauteurs de trouble éventuels. Jim désire absolument atteindre ce Passage pour rejoindre ses frères car cette planète lui est devenue totalement étrangère.
Au long de sa quête, il sera guidé par un robot resté en veille le long de la route. parvenu enfin dans la cité, mené devant le Passage – dont on saura rien puisqu’il est environné d’une brume épaisse – Jim Shar se rendra de « l’autre côté », abandonnant sa propre chair pour se mêler à ses frères humains dispersés « aux quatre vents de l’univers »
Un ouvrage lisible qui offre des descriptions assez fouillées d’une nature hostile, se terminant en apothéose mystique inattendue.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 401 vues
-
" Le roi du monde était assis sur le balcon, écoutant le vent qui soufflait sur la tour. Il était soûl. Il le serait de plus en plus, jusqu’à en être malade, jusqu’à ce que les chiens s’occupent de lui. "
Voici ce dernier homme, très vieux, dans un monde usé, moribond. Modifié génétiquement à la suite d’une expérience, sa longévité est immense et sa vieillesse sans fin. Pour l’entretenir, une horde de chiens - les meilleurs amis de l’homme - veillent sur lui et répondent à tous ses besoins. Des chiens intelligents, cela va sans dire et, quoique centenaires, obligés de se reproduire pour pouvoir continuer à prêter assistance au vieillard millénaire. Cependant l’homme est fatigué de sa solitude, à bout de forces, désabusé. Lui seul peut donner l’ordre aux chiens de se reproduire:
" L’homme ressentit brusquement une douleur qui nouait sa poitrine. Il imaginait parfaitement les petits chiots avec leurs grosses têtes rassemblés autour du feu, le soir, écoutant leurs aînés, tandis qu’ils leur parlaient de l’homme. Il imaginait leurs grognements de désespoir en apprenant qu’il n’existait plus aucun homme dans le monde Voilà pourquoi le Roi du monde ne désirait plus prolonger sa vie sans les épargner. Et c’était là une chose amère comme le fiel. Mieux valait tout achever en une seule fois, les chiens et l’homme. ".
Il lancera le cylindre autorisant la reproduction des chiens par-dessus la balustrade de son château, se suicidant par la même occasion.
" Autodafé " est une nouvelle sombre dont le traitement rappelle celui de " Demain les Chiens " de Clifford D. Simak
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 568 vues