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Bienvenue dans la Base de Données des livres !

Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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Livres

  1. Type: livre Thème: après la Bombe... Auteur: Carol EMSHWILLER Parution: 1959
    Ben et Myra nous font entrevoir ce que peut être, au quotidien, la vie dans une Amérique d’après la guerre nucléaire. Chauves tous les deux, se nourrissant de bouillies, ils tentent de vivre une existence normale, en compagnie de leur petit enfant de trois ans, Gaminou, au comportement et à l’allure très étrange, agressif sous une abondante chevelure qui lui descend jusqu’aux reins.
    Myra souhaiterait, comme jadis, passer une journée à la mer malgré le danger de rencontres hostiles. Finalement Ben cède. Calculant soigneusement les litres d’essence nécessaires, empruntant une route maintenant déserte, n’oubliant surtout pas d’emporter sa grosse clé anglaise en guise d’arme, la famille prend le départ. La journée est délicieuse, la mer sans mémoire. Le soir pourtant, trois individus décident de les agresser. Ben se défend et tue l’un d’entre eux. Les deux autres, des jeunes, prennent la fuite. Pendant que Gaminou s’amuse avec le cadavre, Ben rassemble ses affaires et tout le monde reprend le chemin du retour.
    En somme, une journée banale en des temps perturbées, contée sur le mode intimiste.

  2. Type: livre Thème: péril jaune et guerre des races Auteur: Captain W.E. JOHNS Parution: 1949
    Biggles, Dikpa, Algy et le jeune Ginger seront impliqués dans une étrange aventure. Poursuivis par un "rayon bleu paralysant" et des "hommes invisibles" qui menacent de les tuer, ils retrouvent l’origine du péril au Tibet  où se dresse une "montagne de lumière." L’as de la R.A.F embarque aussitôt avec son équipe : direction l’Himalaya ! Arrivés sur place, après un atterrissage périlleux, ils constatent une activité technologique importante sur un haut plateau. De menaçantes tours crépitantes de lumière, desservies par de petits hommes jaunes, les "Chungs", sont à l’origine des rayons bleus :
    "Révolver en main, il s’avança lentement de ce côté-là et finit par tomber sur une scène qui le stupéfia, tant il était loin de la prévoir. A une quarantaine de pieds plus bas, sur une superficie d’un acre environ, s’étendait la station génératrice la plus grande qu’il ait jamais vue. Une sorte de dynamo était en marche et dans un réceptacle en forme de cloche au-dessus, un certain nombre de Chungs nus jetaient des petits morceaux de métal porté au rouge, semblait-il. Ils les cassaient avec un marteau d’une pile de rochers qui se trouvaient là et étaient apportés par d’autres Chungs. Ceux-ci travaillaient dans une galerie presque au même niveau que Biggles. Au-delà de la dynamo, dont ils étaient séparés par une grande grille métallique, se trouvaient des rangées d’énormes accumulateurs, de verre jaune. "
    Le rêve immémorial de ces Chinois est, d’après Mc. Allister un malheureux savant écossais délivré fort à propos, la conquête du monde occidental :
    " Oui ! déclara Mc Allister. Voici des années que je vis avec eux, aussi je le sais bien. S’ils ne détruisent pas complètement le monde civilisé, ils tueront des milliers de personnes en Chine et aux Indes, à essayer de le faire. Et ils provoqueront un tel bouleversement qu’il faudra un demi-siècle pour s’en remettre. Ils liquideront l’Inde pour commencer. Ils sont habitués aux hautes altitudes et l’Himalaya ne les arrêtera pas davantage qu’une barrière de deux pieds de haut n’arrêterait un cerf aux abois. "
    Au cours des temps, ils auraient accumulé une puissance formidable en ces vallées isolées, comme le rayon bleu, qui d’abord paralyse puis tue, sauf si l’on s’en protège avec un vernis spécial. Le pouvoir d’invisibilité ensuite, qui leur a déjà permis à plus d’une reprise de se glisser auprès de nos amis. Le matériau qui rend tout cela possible est le radium dont est constituée la montagne de lumière. Avec de nouvelles propriétés et pris à doses infinitésimales, ce radium serait aussi capable de guérir. C’est pourquoi Biggles désire en rapporter un échantillon en Angleterre afin de soulager les malades des hôpitaux. Mais devant la menace que représentent les Chungs, le petit groupe décide d’éliminer le péril qu’encoure l’humanité. D’ailleurs Les Chungs alimentent leur animosité en leur envoyant une armée de scolopendres géantes et carnivores ou en s’attaquant à leur avion-amphibie.
    Des combats furieux les opposeront aux Blancs et c’est grâce à Ginger de garde à ce moment-là,  que le groupe réussira à s’envoler pour évaluer de haut la situation. Biggles  se rend alors compte  du point   faible des Chungs , soit un immense rocher en déséquilibre au-dessus d’un lac, qu’il fera sauter. Les eaux brusquement libérées noieront la vallée, les Jaunes, et leurs inventions diaboliques. De retour en Inde, dernière escale avant l’Angleterre, Biggles convaincra ses chefs de sa bonne foi en leur remettant un précieux échantillon de radium arraché à la montagne de la lumière. Enfin, la protestation officielle du président chinois au sujet d’une incursion anglaise intolérable au Tibet  prouva au monde entier la culpabilité de la Chine dans son projet de domination mondiale.
    "Biggles au Tibet" est un livre d’aventure pour adolescents dont la série eut un succès prodigieux. Voguant sur la peur du péril jaune, il décrit une époque heureuse où l’on pouvait encore mettre en poche du radium sans précautions particulières. Le récit cependant, quasi-entièrement consacré aux scènes de combats, reste confus et dans son déroulement et dans la description des décors.

  3. Type: livre Thème: guerres futures 2 Auteur: Camille DEBANS Parution: 1884
    Si Lord Killyett n’avait pas été si plein de morgue à l’égard de Maxime-Jean Darnozan, rien ne se serait produit. Mais il se trouve que Darnozan, jeune Français robuste et intelligent, ayant sauvé du naufrage le « Lapwing » sur lequel se trouvaient Lord Killyett et sa fille Héléna, non seulement essuya le mépris de ce dernier mais encore se vit refuser la main de sa fille , Lord Killyett se pinçant le nez devant la roture.
    Maxime-Jean, de caractère fier et ombrageux, promit de se venger et de faire plier l’obstiné vieillard, en déclarant la guerre à l’Angleterre. Son projet, chimérique à première vue, fut soigneusement élaboré.A son arrivée en Amérique, il consulta un banquier qui lui accorda un prêt pour démarrer son entreprise. Il réunit une quarantaine d’aventuriers prêts à risquer leur vie pour parfaire leur fortune. Des meilleurs, il en fit ses lieutenants : Pontins, Kasaloff, Kellner, Lamanon, qui jouèrent un si grand rôle dans la conquête du pouvoir. Il sut également se faire respecter et éliminer les profiteurs et les instables.
    En leur dévoilant son projet de conquête, il leur indiqua la première étape à atteindre, celle de se procurer l’armada navale de base en l’empruntant à l’Angleterre même,  par d’audacieux coups de mains, partout dans le monde,  et de garnir ces cuirassés de marins habiles aptes à en découdre :
    « -Vous, Pontins, quel compagnon voulez-vous ?
    -Je demande à opérer seul
    -Comment ferez-vous ?
    -J’irai chercher à Salé, sur la côte du Maroc, trois ou quatre mille gaillards qui s’ennuient joliment depuis une quinzaine d’années, et qui viendront pour rien »
    Sa fortune ayant été augmentée par le don inattendu d’Ata-Capac, authentique descendant des rois incas, Maxime-Jean officialisa son entreprise :
    « Je veux fonder l’Empire des mers. Je veux que toutes les îles du globe nous appartiennent un jour. L’Angleterre, qui avait acquis la plus grande puissance maritime du monde, a joué naguère une comédie infâme pour s’emparer de l’isthme de Suez, qu’elle convoitait depuis longtemps. Elle s’est moquée de l’Europe. (…) L’Europe ne regimba pas. Eh! bien, messieurs, ce que l’Europe n’ose pas faire, nous le tenterons, nous, avec l’aide de Dieu. Nous attaquerons l’Angleterre sur son terrain favori, sur toutes les mers ; nous la battrons, c’est du moins mon espérance ; nous la diminuerons, nous la détruirons, et nous aurons ainsi accompli le plus grand acte de justice des temps modernes.»
    Se proclamant roi de Pola, Maxime-Jean Ier, basé sur l’île de Perim, envoya en Angleterre son ministre plénipotentiaire Boilucas pour exiger une entrevue avec Gladstone :
    « Toute l’Angleterre fut prise d’un rire inextinguible quand le Times révéla au monde que le roi de Pola, en sa qualité de souverain océanien, prétendait avoir quelque droit au règlement des affaires d’Egypte et surtout du canal de Suez.»
    Il prépara donc  une opération de vaste envergure avec pour cible les arsenaux de Woolwich où se construisait la flotte anglaise. Au moyen d’aérostats qui lui permirent également de s’échapper, il les fit incendier. Le Premier ministre anglais écuma de rage et promit de venger l’affront. Sa colère s’accentua quand il apprit, que partout dans le monde, les vaisseaux commerciaux anglais étaient pris pour cible, attaqués et pillés, menaçant la suprématie anglaise dans le cadre du commerce international. La population anglaise accusa les Irlandais d’être de mèche avec l’aventurier.Le coup le plus dur fut asséné à Gibraltar où Maxime-Jean enleva deux vaisseaux avec leurs équipages, orgueil de la flotte anglaise, puis il établit sa base près de Madère, attendant la réaction anglaise.
    L’amiral Hopkins commettant l’erreur de sous-estimer son adversaire lors de la bataille de Pontevedra, et par une tactique militaire et navale supérieure, la flotte de l’Empereur des mers  coula les navires anglais.Le succès de l’aventurier entraîna un nouveau jeu des alliances en Europe; alors que la France resta en une stricte neutralité, l’Espagne prit parti pour l’Angleterre et l’Italie pour l’Empereur des mers, escomptant un substantiel profit dans cette affaire.
    La lutte continua. Chypre est enlevée, les navires de Maximilien-Jean semblent partout, dans le canal du Mozambique, dans les Antilles où Haïti, la république Dominicaine, Madagascar seront investis par Kellner et Smith. En Angleterre l’on vota des crédits massifs pour venir définitivement à bout du trublion ; une flotte moderne sera mise à l’eau, commandée par l’amiral Beauchamp Seymour. Elle cingla vers Gibraltar dans le but de pénétrer en Méditerranée dont l’accès était gardé par les « tortues » de Maxime-Jean :
    « S’inspirant, en la rendant pratique, de l’idée qu’a eue, il y a vingt-cinq ans, l’amiral russe Popoff, il avait demandé aux ingénieurs américains de lui construire d’immenses bâtiments entièrement ronds, d’un diamètre de quatre cents mètres environ, pouvant contenir dans leurs flancs une garnison considérable, couverts d’un toit en acier d’une épaisseur prodigieuse et bâti en dos de tortue, de façon à ce que les obus ennemis ne fissent que ricocher sur cette glissante carapace. »
    Douées d’une force de frappe prodigieuse, appuyant le reste de la flotte polane, les tortues s’opposèrent avec efficacité aux nouvelles armes anglaises, navires en forme d’obus destinés à accrocher l’ennemi, bateaux-volcans en forme de cigares. Rien ne put venir à bout de l’arme secrète de l’aventurier :
    « Jamais on ne vit pareille fureur dans l’attaque, ni semblable vigueur dans la défense. Chacune des tortues s’entourait à chaque minute d’un cercle de feu et vomissait d’épouvantables projectiles. »
    Finalement, le reste de la flotte anglaise dut se replier  dans un port espagnol. En Angleterre la fureur redoubla. Partout, de par le monde, l’on rappela les unités anglaises et sur terre les réservistes. La bataille maritime dite des Trois-Jours allait décider du sort de l’Angleterre. A nouveau devant Gibraltar, se rencontrèrent les deux formidables armadas :
    « Des béliers furent lancés contre les cuirassés du roi des Iles et allèrent les ébranler dans les profondeurs de leur carènes, pendant que les obusiers envoyaient en l’air de formidables poids. »
    La réponse ne se fera pas attendre :
    « Presque au même instant, une espèce de radeau qui n’avait l’air de rien, et qui sortait aussi des flancs du Vésuve, s’avançant entre les deux flottes se dirigea vers l’endroit où se tenaient les torpilleurs et les petits navires de guerre. (…) Les Anglais tirèrent dessus avec rage, mais l’autre avançait toujours. Il aborda par tribord un cuirassé de station, et l’on vit, tout à coup, de grands bras de fer se dresser en l’air automatiquement et s’abattre sur le bâtiment qui fit de vains efforts pour se soustraire à cet embrassement terrible ; puis on entendit une explosion, un déchirement effroyable, et tout s’effondra pour disparaître, brûlot et cuirassé, dans la mer. »
    La bataille devint décisive à la fin des trois jours, par l’héroïque sacrifice de Pontins et l’admirable percée de William Smith, qui, séance tenante, devint Duc de Gibraltar.
    A cette catastrophe répondit la chute du ministère Gladstone. Toutes les îles de la Méditerranée tombèrent dans l’escarcelle de Maximilien-Jean, la géopolitique de la région fut bouleversée, ainsi qu’en Asie, où les place-fortes anglaises furent réduites les unes après les autres :
    « Dans la mer des Indes, et au même moment, Lamanon, comme contre-amiral, Joshua Klett et Prytz comme généraux d’armée, attaquaient successivement les Philippines, les Célèbes, les Moluques, Bornéo, Sumatra, Java, la Nouvelle Guinée, et parvenaient à installer partout des garnisons composées d’Indous et de Malgaches, de Malabars et de Malais. »
    Alors que le roi des îles réclamait son dû, soit la main de Lady Héléna, l’Angleterre joua sa dernière carte en fomentant des sabotages sur les navires de l’Empereur, allant jusqu’à la tentative d’assassinat sur sa personne même, tentative qui échoua. L’idylle, rendue enfin publique, divisa les Anglais. Les uns, accusant Lord Killyett de haute trahison voulurent le forcer à céder, les autres  - en majorité des femmes - trouvèrent une telle situation si romantique :
    « Il n’est donc pas étonnant que le cœur ratatiné de toutes les vieilles misses dont la fatale destinée est d’être vouées au célibat se soit agité, sous la cendre, en faveur de ce galant marin qui bouleversait l’univers entier et ruinait totalement un peuple puissant, par l’unique raison qu’il était amoureux d’une héritière. »
    Lady Héléna, elle aussi se montra sensible à l’appel du Napoléon des mers. Une rencontre fortuite à Paris entre les deux tourtereaux décida Maximilien-Jean d’envahir l’Angleterre afin que son mariage soit béni par l’Archevêque de Dublin. L’Irlande investie – et qui ne demandait qu’à l’être,  les navires du roi des Iles acheminèrent en divers endroits de la côte anglaise les vagues d’invasion qui toutes devaient converger vers Londres. Bousculant les ultimes lignes de défense mises en place dans la hâte, cheminant avec rapidité, les armées de Maximilien-Jean réalisèrent sa promesse, scellant le sort de l’Angleterre pour les années à venir à cause de l’obstination d’un vieil homme cacochyme.
    Ouvrage original, d’une écriture passionnée et frémissante, rempli de fureur et de bruit, « les Malheurs de John Bull » est l’un des meilleurs romans anti-anglais de l’époque. Dans un post-sciptum l’auteur explique son animosité envers la «perfide Albion » qu’il accuse de mépriser les autres nations. Prenant une revanche fantasmée sur la réalité historique où fut vaincu le véritable Napoléon, Camille Debans invente aussi des engins extraordinaires – proches de ceux de Robida - qui assureront le succès de son héros. Un récit qui mériterait d’être réimprimé.

  4. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: C.F. RAMUZ Parution: 1939
    Le bourg de Saint-Martin-du-Haut, encaissé dans une haute vallée des Alpes suisses, connaît un événement singulier au sortir de l’hiver : le soleil est en passe de disparaître. C’est du moins ce que disent Follonier et Denis Revaz qui a fait soigner son genou chez le vieil érudit Anzévui, le sage de la petite communauté, lequel prétend, après avoir lu  la bible et opéré les calculs astrologiques nécessaires, que le soleil disparaîtra pour de bon, très bientôt, et qu’il est temps pour chacun de se préparer. Lui-même, au moment ultime, mourra :
    " Tu as pourtant refait les calculs, tu es arrivé au même résultat que moi…Et bien, je vais te dire, parce que tu n’as pas compris. Eh bien, dans le livre, il y a une guerre ; - il y a justement une guerre à présent. Et il y a  aussi une guerre dans la région du soleil. 1896 et 41 ça fait le compte. Il est dit que le ciel s’obscurcira de plus en plus, et, un jour, le soleil ne sera plus revu par nous, non plus seulement pour six mois, mais pour toujours (…)
    " C’est pas ça, disait Revaz.
    -Et qu’il y ait eu des filles qui avaient des inquiétudes à leurs fins de mois…
    -C’est pas ça ?.
    -C’est quoi ?
    -C’est le soleil.
    -Le soleil ?
    -Oui
    -Et qu’est ce qu’il va lui arriver , au soleil ?
    -Du pas tant bon, dit Revaz "
    Chaque habitant vivra cette révélation en fonction de sa psychologie. Les uns (surtout les jeunes) traitent ceci de faribole et Anvézui de menteur :
    -Alors ce soleil ?
    -Eh bien, je ne sais pas, moi ; je ne suis pas un savant comme Anzévui ; j’ai pas lu ses livres…
    -On te demande seulement de nous dire comment ça se passera, le soleil qui n’éclaire plus. Pourquoi est-ce qu’il n’éclaire plus ?
    -Je sais pas, il y a extinction, ou bien c’est nous qu’on cesse de tourner…
    -Oh ! justement, disait Follonnier, c’est qu’on tourne et on ne peut pas cesser de tourner . Comment veux-tu qu’on cesse de tourner ?
    -Je sais pas.
    -On tourne même doublement, parce qu’on tourne autour du soleil et ensuite autour de nous-mêmes, et ça fait la nuit et le jour. Pour qu’il n’y ait plus que la nuit, il faudrait qu’on soit comme la lune.
    -Justement…
    -Ou bien que le soleil éclate en morceaux ; comment est-ce qu’il peut éclater en morceaux ? Il faudrait qu’il rencontre une comète…
    -Justement.
    -Mais il n’y a point de comète… Ou bien qu’il se refroidisse tout à coup et qu’il devienne noir comme quand on pisse sur le feu… "
    Les autres, à l’exemple de la vieille Brigitte qui allume une chandelle par semaine écoulée, entreprennent de constituer des réserves de bois.  Follonier, le rusé et avisé paysan, envisage le temps qui reste pour réussir des affaires, notamment celle de racheter le terrain d’Arlettaz qui a impérieusement besoin d’argent pour pouvoir rechercher sa fille enfuie et alimenter son alcoolisme. Vivant dans une crasse inimaginable, il déboursera sans compter l’argent du terrain, payant à boire à qui le souhaite.
    Le jeune Métrailler désire en avoir le cœur net. Armé de son fusil et dans la nuit noire, il grimpe au sommet du grand Dessus pour vérifier si effectivement le soleil a disparu :
    " Il n’y avait plus de ciel ; il y avait seulement un brouillard jaunâtre qui était tendu d’une pente à l’autre, comme une vieille serpillière, un peu au-dessus du village, et les montagnes sont derrière, ou bien est-ce qu’elles n’existent plus, les pointues, les carrées, les rondes, celles qui sont comme des tours, celles qui sont comme des cornes, celles qui sont toutes en rochers, celles qui sont toutes en glace  qui brillaient toutes ensemble autrefois sous le ciel bleu. "
    Mais un faux pas, une entorse, réduit son projet à néant. Ses camarades de Saint-Martin-du-Haut, à l’instigation de Métrailler père, se chargent de le ramener. Le bistrot de Sidonie se transforme en centre opérationnel. Dans l’atmosphère enfumée se commentent les événements ; les jeunes qu’Anzévui met mal à l’aise projettent de lui jouer un bon tour : ils espèrent lui faire peur en se déguisant en femmes.  Entre-temps,le père Métrailler tombe dans le coma. Effrayé de le voir ainsi, Métrailler fils cherche Anzévui qui seul est capable de libérer l’agonisant d’une vie devenue inutile. Quant au père Revaz, il pense à mettre ses affaires en ordre avant le grand départ de la fin du monde et transmet son héritage à ses enfants. Soudain, Brigitte se rend compte que la chandelle restée habituellement allumée sur le rebord de la fenêtre de la maison d’Anzévui, n’éclaire plus : le vieux sage est trouvé mort dans son fauteuil. Pour la communauté, c’est une catastrophe car à partir de maintenant, le soleil ne reviendra plus ! Seule Isabelle, la femme de Revaz, espère secouer l’espèce d’engourdissement qui pétrifie la volonté de ses concitoyens:

  5. Type: livre Thème: épidémies Auteur: Bruno LECIGNE Parution: 1987
    Le néovirus EMO, M.S.T. mortelle, a dépeuplé le monde entier, anéantissant les Etats-Unis, déstabilisant l’Europe qui subsiste sous la forme de gouvernement appelé " Cantrecat Cinq ". Une secte, de type apocalyptique s’est donnée pour mission de propager EMO sous la houlette du grand prêtre Belican Zero,  ce qui a entraîné la création d’un corps spécial de défenseurs, les " Exterminateurs des guerriers de St Jean ". Avec des lance-flammes, ils grillent les zélateurs contaminés avant que ceux-ci n’en entraînent d’autres dans leur déréliction.
    Vilner Filet est un Exterminateur. Il est appelé à participer à une mission de recherche, en compagnie de l’un de ses supérieurs, un gnome du nom de Dr. Yllious qui se déplace avec sa jeune maîtresse Piedra Hita (qui deviendra celle de Vilner). Dans les bayous de la Louisiane, ils traquent Vlad Coda, un " Rêveur ".
    Les Rêveurs sont l’une des conséquences de l’EMO. Naturellement immunisés contre le virus, ils développent un fort pouvoir précognitif et, à l’occasion, font des rêves qui peuvent s’avérer mortels lorsqu’ils prennent corps sous la forme de créatures dangereuses ou monstrueuses. Vlad Coda, ancien pianiste, s’est réfugié dans ces endroits reculés pour y soigner Meredith, sa fille, contaminée, à force de transfusions de sang frais  Une autre façon de résister au virus est de se transformer en " Sirinien " à travers la formule " Voyager-Sirine ", par une exsanguino-transfusion ayant hélas! des effets non souhaités comme le développement d’une peau de lézard ou la pousse de plumes.
    La mission prend fin lorsque le Dr. Yllious tue Meredith et s’empare de Vlad Coda sous la pression des guerriers de Saint Jean prêts à envahir la retraite du pianiste. Vilner n’étant pas d’accord à ce propos,  se débarrasse d’Yllious, se met en ménage avec Piedra, libère Coda qui lui annonce la stupéfiante nouvelle que c’est lui le responsable de l’apparition d’EMO, puisque le virus est le résultat létal d’un de ses rêves meurtriers.
    Un récit dans lequel la toile de fond cataclysmique sert de cadre à une aventure individuelle étriquée

  6. Type: livre Thème: la cité foudroyée, menaces idéologiques, épidémies Auteur: Bruno JASIENSKI Parution: 1929
    Dans le monde ouvrier impitoyable de l’entre-deux guerres, Pierre se fait licencier sans espoir de retrouver du travail. Partageant la vie des sans-abris, il aperçoit les lumières de la ville comme un rêve perdu, et surtout Catherine, sa fiancée, sa promise, sortant d’un bouge, aux bras d’un gros richard. Fou de douleur, il en conçoit une haine terrible envers l’humanité qu’un ancien ami, venu juste à propos, lui permettra de réaliser. Prenant pitié de sa situation, Bernard, qui travaille à l’Institut, lui montre toutes sortes de  préparations biologiques mortifères dont le dosage minimum n’a d’égal que la capacité de nuisance :
    " Ici, dans ce verre qui ne paie pas de mine, nous avons un jardin d’acclimatation unique en son genre : toutes les épidémies terrestres. Dans cette éprouvette, à gauche, la scarlatine ; dans celle-ci, le tétanos ; à côté la fièvre typhoïde ; dans la suivante, le choléra. Hein, c’est pas mal comme collection ? Tu vois là, à droite, ces deux éprouvettes à liquide blanchâtre et trouble ? C’est la préférée de notre assistant – la peste (…) Les bacilles sont forts comme des éléphants ; (…) Représente-toi ça, si on lâchait toute cette horde pour une petite promenade en ville ! Il n’en resterait pas lourd, hein, de notre Paris !
    Profitant d’un moment d’inattention de Bernard, Pierre s’empare des tubes pestifères qu’il videra dans l’un des réservoirs d’eau potable de la ville de Paris :
    " Alors Pierre retira de sa poche deux petites éprouvettes. Il les examina attentivement. Un liquide blanchâtre et trouble les remplissait. Pierre les secoua légèrement devant la lampe. Ensuite, les éprouvettes dans une main, il s’approcha de la grande pompe centrifuge actionnée par un moteur Diesel. (…) Alors, avec la grosse clef, il se mit à ouvrir le robinet de l’entonnoir de la pompe. (…) Les deux éprouvettes débouchées, il versa lentement leur contenu dans la gorge de l’entonnoir, qui haletait lourdement. "
    Quelques heures plus tard, l’on emmène le premier pestiféré moribond à l’hôpital,  puis, la ville, prise de frénésie, constate une augmentation exponentielle du nombre de ses morts :
    " Des  milliers de robinets, comme des veines ouvertes de Paris, coulait avec bruit l’eau glacée et limpide et la ville, sans force, pâlissait de chaleur et de faiblesse. La première ambulance fut aperçue à dix heures du soir sur la place de l’Hôtel-de-Ville. (…) Le jour se leva suffocant et blafard : les magasins restaient fermés. Sur la chaussée, comme dispersées par la panique, des chaises traînaient. Les lampions se balançaient dans les rues désertes, comme des bulles gazeuses sur un marécage stagnant. La plupart des journaux ne parurent pas. Radio-Paris annonçait qu’à midi on avait enregistré 160.000 cas mortels. "
    En quelques jours, l’univers parisien se modifie profondément avec des services administratifs et policiers  totalement désorganisés.
    Le moment est venu pour le jeune Chinois P’an Tsiang Koueï d’imposer une nouvelle loi. Ayant vécu une enfance misérable de coolie à Pékin, il a pu acquérir un niveau de connaissances qui lui a permis de connaître le sens du mot "exploitation. ". Devenu leader ouvrier reconnu dans son pays, la peste le surprend pendant qu’il étudie à Paris. Ayant déjà tissé ses réseaux et devant la faiblesse de la ville, il décrète que le Quartier latin deviendrait zone chinoise d’où serait exclue les Blancs sous peine de mort :
    " le 30 juillet, Radio-Paris diffusa une nouvelle stupéfiante : dans la nuit du 29 au 30, les jaunes du Quartier Latin avaient fait un véritable coup d’Etat. Ils avaient chassé tous les blancs sur la rive droite et proclamé une république autonome des jaunes. (…) Le gouvernement provisoire déclarait, au nom de tous les jaunes, que sur le territoire de la nouvelle république, dans le but de lutter contre l‘épidémie des Européens, aucun blanc ne serait toléré et serait passé par les armes dès sa capture. (…)
    Suivait un court appel aux jaunes, dans lequel le gouvernement leur confiait les bibliothèques et les musées, trésors inestimables de la culture européenne que l’on devait conserver intact pour les générations futures. Les proclamations étaient signées au nom du gouvernement provisoire par P’an Tsiang-koueï. "
    Suivi aussitôt par le rabbin Eel-Zéar ben Tsui qui y voit l’opportunité pour lui et ses concitoyens juifs de se faire une place au soleil. Ainsi la zone de l’Hôtel de Ville devint zone juive dont l’entrée était sévèrement contrôlée. M. David Lingslay, le grand capitaliste américain en déplacement d’affaires s’était bêtement fait piéger au moment où la ville fut déclarée en quarantaine. Comme il lui était impossible de partir, il en profita pour rendre des visites régulières à sa maîtresse parisienne qui, au bout du compte, l’infectera, l’obligeant à réviser ses valeurs de vie.
    L’occasion fut splendide pour les Russes exilés à Paris, en la personne de Solomine, un ancien chauffeur de taxi, de prendre le pouvoir sous le sobriquet de "Capitaine Solomine." Avec les siens, il tiendra une autre partie de la capitale, exigeant des royalistes de la rue de Grenelle qui ont décrété le royaume de France retrouvé, la remise de leurs prisonniers soviétiques aux Russes installés dans un édifice du Faubourg St Germain. Mais c’est autour des Buttes-Chaumont que la peste fit surgir les camarades prolétaires de la République de Belleville menée de main de maître par les camarades Laval et Lecoq :
    " le 4 août, les ouvriers des quartiers de Belleville et de Ménilmontant, poussés par la nécessité impérieuse de s’emparer de la totalité des biens indispensables à leur vie, glissant entre leurs doigts, déclarèrent leur territoire république autonome soviétique. Les soldats passèrent de leur côté. En réponse, en signe de protestation, dans la même journée les camelots du roi avec l’aide de la population catholique du faubourg Saint-Germain prirent le pouvoir sur la rive gauche, des Invalides au Champ-de-Mars, en proclamant le rétablissement de la monarchie."
    Quoique bien structurés, les prolétaires meurent de faim, enfermés dans leur quartier. Le camarade Lecoq suggère un audacieux coup de main pour s’emparer des stocks de farine situés en aval de la Seine. Avec deux péniches,  il s’approche, rompant la quarantaine, des moulins du village de Tansorel. L’aller fut un jeu d’enfants, le retour un cauchemar, sous les bombardements et les tirs russes.
    Paris continuant de mourir, le destin de chacun fut bientôt écrit. T’san Tian, qui faisait fusiller à tour de bras les ennemis de la révolution chinoise fut contaminé intentionnellement par un étudiant dont la femme n’avait pas trouvé grâce aux yeux du tyran. Les Juifs, ayant eu vent de la présence de David Lindslay, établirent avec lui un compromis : ils l’emmèneraient  avec eux aux USA à condition qu’il établisse les contacts nécessaires leur permettant d’arriver à bon port. Il accepta mais, pris de remords et pour ne pas contaminer à son tour les Etats-Unis, il trahit les Juifs en donnant aux autorités américaines toutes les indications qui leur permirent d’envoyer le navire des immigrants par le fond.
    Solomine  fut tué dans une rixe. La peste poursuivit son œuvre de désertification dans Paris, puis s’arrêta faute de combustible. Elle avait épargné les prisonniers, les malfrats, les bagnards au fond de leurs geôles. Rendus à la rue, ils constatèrent leur bonheur. Avec des mots simples, empreints de bon sens, ils décidèrent tous de garder Paris isolé du reste du monde et d’y fonder la première Commune Libre du Premier Gouvernement mondial. Ils prospérèrent, veillant scrupuleusement à maintenir le silence radio, se nourrissant avec simplicité des produits agricoles cultivés dans la ville même. Paris devint la parfaite société utopique et égalitaire rêvée par les philosophes du XIXème siècle :
    " Là où auparavant s’étendait la nappe lisse de l’asphalte, de la Chambre des députés à la Madeleine, et des Champs-Elysées aux Tuileries, au souffle léger de la brise, se balançaient les épis d’un champ de blé. Des hommes aux larges épaules, hâlés, vêtus de blanc, moissonnaient. Des hommes et des femmes, aussi légèrement vêtus, glanaient et chargeaient des camions de gerbes d’or. A l’extrémité du champ des femmes allaitaient des enfants. (…) Là où auparavant s’étendait le Luxembourg, des carrés de choux-fleurs blanchissaient au soleil, et un jardin potager immense étalait ses quadrilatères. "
    Le pot aux roses fut découvert par un avion étranger qui survola la capitale par hasard. Mais il était déjà trop tard. Le puissant appel révolutionnaire issu de Paris, courant de ville en ville, fit rapidement des émules en Europe où s’instaurèrent de nouvelles formes de gouvernement basés sur le respect de la personne humaine..
    " Je brûle Paris " est une fable utopique dans laquelle un  temps de purification  précède nécessairement la mise en place d’une société nouvelle. Un style métaphorique, des destinées individuelles qui se fondent dans l’aventure collective, rendent ce roman encore lisible de nos jours. La preuve en est qu’il a été récemment réédité.

  7. Type: livre Thème: menaces climatiques Auteur: Bruce STERLING Parution: 1994
    2030. L’Ouest des Etats-Unis s’est totalement asséché. Un déséquilibre climatique permanent, alimenté par l’effet de serre, provoque tornade sur tornade, notamment au Texas. Bien que la sécheresse semble s’être installée sur la totalité de la planète, sept milliards d’individus continuent de vivre tant bien que mal dans une biosphère hostile. L’évolution technologique a crée une société planétaire curieuse,  à la fois "branchée" informatique et démunie du strict nécessaire
    C’est dans ce milieu qu’évolue Alex, adolescent rachitique, atteint d’une maladie génétique de type mucoviscidose. Il lui reste peu de temps à vivre. Il lui faut pour continuer à respirer se "vider" périodiquement les poumons à l’aide d’un fluide physiologique spécial, une opération très douloureuse.
    Cependant fils de bonne famille - son père est richissime -,  il connaît la zone et sait se débrouiller à l’occasion. C’est dans une clinique mexicaine que sa soeur Jany l’enlève à l’appareillage médical supposé l’aider, et l’emmène vivre dans un groupe de marginaux, les "Frontistes",  bande d’allumés, informaticiens et mathématiciens, va-nu-pieds,  dont le seul plaisir est de traquer les tornades, les plus grosses et les plus dangereuses, en recueillant toutes les informations sur celles-ci.
    Leur chef, Jerry Mulhegan, l’amant de Jany, se présente comme un mathématicien hors-pair et un leader charismatique. Tous les autres le suivent dans sa démarche car lui seul sait quand se déclenchera une "F-6", c’est-à-dire, la reine des tornades, du jamais vu, avec un vortex libérant des vents de plus de 500 km à l’heure.En attendant que se présente une telle opportunité, Alex s’accoutume à la vie du camp, aux costumes en papier, résistants et jetables, au guidage des « ornithoptères » en vision directe grâce au casque-visu qui interprète en temps réel les données de la caméra, fixée sur l’appareil, lorsque celui-ci plonge dans l’oeil de la tornade.
    Ainsi se passe la vie faite de crasse, de poussière, de manque d’eau, de repas pris sur le pouce et de beaucoup de naïveté. Même avec les autres, Alex reste encore marginal, se sentant condamné par sa maladie. Sa rencontre avec Léo, le frère de Jerry, lui vaut une inimitié haineuse de la part de ce dernier. Se sentant décliner, sa seule ambition est de tenir jusqu’à sa rencontre avec la F-6.,Celle-ci ne tardera pas à se concentrer au-dessus de l’Oklahoma : Jerry pressent une tempête d’une violence inouïe. Tout le monde se prépare à accueillir l’événement, conscient du danger mortel qu’il représente.  Soudain, une masse d’air froid gigantesque entre en contact avec le sol en libérant une énergie d’une violence prodigieuse. La totalité de la ville d’Oklahoma-City est aspirée dans les airs :
    " Ils traversaient une bourgade. Celle-ci apparaissait périodiquement alentour, illuminée par les monstrueux éclairs stroboscopiques de la foudre. Le fracas étant général et continu, il régnait sous son casque un silence complet. Le patelin ressemblait à une ville fantôme silencieuse, soumise à un barrage d’artillerie inaudible. Et qu’on serait en train de raser systématiquement : murs abattus, toitures soufflées.
    Mais le vent n’était pas seul à l’oeuvre. Le vent avait convié ses amis. Des objets - autant de projectiles, de shrapnels - défonçaient au hasard, renversant tout ce qui était dressé, tout ce qui résistait, volant, percutant, écrasant, pulvérisant. Des objets volants et destructeurs. D’antiques poteaux téléphoniques d’avant les transmissions radio - sectionnées nets au ras du sol, et venant défoncer les murs des immeubles. Avec une aisance étrange, comme on transpercerait de grosses masses de tofu avec une baguette."
    A bord de Charlie, un véhicule blindé, hautement sophistiqué et semi-intelligent, Jany et Alex suivent la tornade en fournissant toutes les informations possibles au reste du groupe. Lorsque Charlie se renverse, Jany se réfugie dans une sorte de bunker, puis est sauvée par Léo et son groupe de dealers. Alex, lui, trouve miraculeusement refuge dans les branches d’un arbre gigantesque. La tornade passe, laissant sur son passage mort et destruction.Les bandes vidéos et les données informatiques exploitées ultérieurement rendent Jerry et Jany immensément riches. Ce qui leur permet de concevoir une nouvelle vie bourgeoise et feutrée. Alex, grâce à l’argent de son papa, se fera remodeler entièrement le génome pour se débarrasser de sa maladie, faisant de lui un être totalement nouveau. Et la vie continue, dans laquelle tout ce petit monde s’accoutume parfaitement de la pollution.
    Un récit pessimiste quant à la nature humaine et à ses motivations qui vaut surtout par l’introduction de l’élément "cyberpunk" au milieu de la thématique catastrophiste, déjà bien utilisée par des prédécesseurs («le Vent de nulle part» de Ballard ", "le Nuage noir" de Hoyle). Cependant, les descriptions hyperréalistes de l’activité des tornades ainsi que le style de l’auteur, volontairement " branché " font de ce roman un texte «dans le vent».

  8. Type: livre Thème: épidémies Auteur: Brian W.ALDISS Parution: 1964
    Un récit foisonnant, un voyage de découverte tout au  long de la Tamise et des personnages hauts en couleur. En 1981, l’irréparable est accompli: un "Accident" nucléaire (l’on soupçonne une guerre) a stérilisé les femelles du monde entier. Tous les mammifères supérieurs, l’être humain y compris, sont désormais inaptes à concevoir des enfants. L’auteur s’attache à la description d’une société de vieillards quand, quarante  ans plus tard, l’espèce humaine a vieilli.
    " Les êtres humains n’avaient pas été les seuls à souffrir. Presque tous les mammifères avaient été durement touchés. Les chiennes n’avaient plus mis bas , les renards avaient presque disparu ; mais l’habitude qu’ils avaient d’élever leurs petits dans des tanières avait sans aucun doute contribué à leur survie , en même temps que l’abondance de nourriture au fur et à mesure que se relâchait l’emprise de l’homme sur la terre. Les cochons avaient disparu avant même les chiens , peut-être parce qu’on les avaient massacrés imprudemment. Le chat et le cheval étaient aussi stériles que l’homme. Le chat n’avait survécu que grâce à des portées nombreuses. On disait même qu’ils avaient recommencé à se multiplier dans certaines régions. Les colporteurs passant par Sparcot parlaient de chats sauvages, un vrai fléau. Les grands félins avaient aussi souffert. Dans le monde entier, ç’avait été la même histoire dans les années quatre-vingt, les créatures terrestres ne pouvaient plus se reproduire. C’avait été un événement apocalyptique, les agnostiques même en parlait en termes bibliques. Sur terre, on ne croissait ni ne se multipliait. Seules les petites créatures abritées au sein de la terre même étaient sorties indemnes de cette période où l’homme avait été victime de ses propres inventions. "
    Algy Timberlane, dit Barbe Grise, est un jeune homme de cinquante ans. En compagnie de Martha, sa douce épouse à qui il est resté fidèle sa vie durant, et d’un groupe d’amis, dont Pitt le braconnier, il décide d’abandonner le village de Sparcot. Sous la pression des hermines, un prédateur sanguinaire qui se multiplie sans freins, Barbe Grise et son petit groupe décident de gagner l’embouchure de la Tamise. Ils traverseront des paysages qui ne portent plus l’empreinte de l’homme, paysages sauvages et naturels, champs et forêts, marécages  et plaines inondées:
    " De grandes organisations avaient suivi le même chemin que les grands animaux ,  les taillis se hissèrent vers les cieux et devinrent forêts , les fleuves s’étendirent en marécages et le mammifère au gros cerveau de plus en plus sénile subsista en petites communautés. La vie animale se multipliait sur la terre, plus abondante que jamais. Car la terre avait à l’infini le pouvoir de se renouveler , aussi longtemps que le soleil lui donnerait son énergie Elle avait nourri bien des espèces au cours de ses âges géologiques. La suprématie de l’homme n’avait que momentanément influé sur la richesse de ce grand courant de vie. "
    Le voyage au fil de l’eau s’agrémente du voyage en sens inverse accompli par les personnages dans leur esprit à la recherche d’un passé à jamais disparu. Entremêlant subtilement le présent et le passé, l’auteur donne à voir, par petites bribes, de quoi s’était composée l’histoire après «l’Accident» :
    " Les larmes vinrent aux yeux de Barbe-Grise. L’enfance gisait dans les tiroirs pourrissants du monde , souvenir qui ne pouvait échapper à l’usure du temps. Depuis cet horrible accident - ou crime , ou désastre?- au siècle dernier, il n’y avait plus eu de naissances , il n’y avait plus d’enfants , plus de petits garçons comme celui-ci. Il n’y avait plus d’adolescents, de jeunes hommes, de jeunes femmes fières. Il ne restait même plus d’êtres humains dans leur maturité. Des sept âges de l’homme, il ne restait que le dernier. "
    La vie d’Algy est la plus fouillée. Après la catastrophe, dans un Londres en pleine désagrégation sociale, il est contacté par un ami qui le fait entrer à DHUC(A). C’est un organisme qui s’est donné pour vocation d’être le témoin fidèle des derniers soubresauts d’agonie de l’espèce humaine dans le but d’en informer une hypothétique race future amenée à prendre la place de l’espèce. Issue de la crise, DHUC(A) se veut le témoin éclairé d’une histoire qui sombre. Chaque membre de DHUC(A) est formé à collationner tout témoignage et document, tout en étant forcément isolé mais opérationnel dans le grand chambardement qui ne fera que s’amplifier. Algy choisira comme terrain de manoeuvres l’Angleterre qu’il connaît bien, en compagnie de Martha, muni d’outils performants tels qu’un camion surabondamment équipé en matière d’enregistrement.
    Algy Timberlane, en compagnie de Martha, vivra à Londres où la décomposition sociale s’accentue. Des Seigneurs de la guerre émergent. Algy est invité à laisser son camion entre les mains du Commandant Croucher , un potentat local. Pitt, devenu entre temps l’ami de Barbe-Grise était d’abord mercenaire à la solde de Croucher et convié à tuer Algy. Il n’a pu s’y résoudre. Avec Martha dans le camion, il fuiront tous les trois la capitale en folie et trouveront refuge dans le village de Sparcot, durant de longues années. Chacun tentera d’oublier ces moments difficiles. Sous la menace des hermines, ils décident de se remettre en route, confiant à la Tamise leurs destinées, en compagnie d’un deuxième couple de vieillards:
    " Le paysage devint moins imposant quand ils dérivèrent au sud vers la ville. Des rangées de maisons misérables se dressaient au milieu de l’inondation, leur désolation augmentée par le soleil . Les toits s’étaient effondrés , on eût dit les carcasses d’énormes crustacés sur quelque plage primitive. Le lourd silence fut brisé un peu plus tard par le grincement d’un véhicule. Deux vieilles femmes aussi larges que hautes joignaient leurs efforts pour tirer une  charrette le long d’un quai aboutissant à un pont assez bas. "
    Au cours de la navigation, ils font connaissance avec un personnage singulier, Jingandangelow, une sorte de charlatan proposant l’immortalité à des vieillards crédules ou la jeunesse retrouvée à volonté. Algy démasque le tricheur, car il sait bien qu’il n’existe plus d’enfants nulle part, que les femmes resteront éternellement stériles, et que toutes les visions de lutins, d’elfes, de farfadets qui hanteraient des bois redevenus sauvages ne sont que des fantasmes. Il le sait d’autant plus qu’il a participé lui-même à une sorte de guerre, enrôlé dans «l’EnfanCorp», une armée consistant à retrouver à travers le monde, au moyen des armes s’il le fallait, tout enfant normal encore apte à concevoir. Cette opération de la dernière chance a elle-même échoué à cause des malformations congénitales dont ces enfants étaient déjà porteurs.
    Arrivé au village d’Oxford, Algy y retrouve son camion, qu’il avait été obligé de vendre bien des années auparavant pour survivre. Oxford est dirigé par les intellectuels. Impitoyables, ceux-ci ne lui rendront son camion que contre une imposante somme d’argent. Algy se décide courageusement à travailler des années durant pour racheter son engin tout en restant fidèle à la parole donnée jadis à DHUC(A). Presqu’arrivé au bout de son esclavage, il se rend soudain compte de l’inanité de ses efforts et de l’inutilité de DHUC(A), dans un monde condamné.
    Il décide de repartir avec Martha jusqu’à l’embouchure de la Tamise. En cours de route, ils rencontrent pour la deuxième fois Jingandandelow, devenu (faux) prophète. Le magicien fait entrevoir à Algy, dans sa cabine, à l’arrière de son bateau, une vision paradisiaque: celle d’une jeune fille de seize ans nue et irradiant la beauté:
    " Une jeune fille dormait sur une couchette. Elle était nue. Le drap tombé  de ses épaules révélait presque tout son corps. Un corps poli, bronzé, aux formes délicates. Ses bras repliés sous elle entouraient ses seins , un genou relevé touchait presque son coude , dévoilant la toison du pubis. Elle dormait le visage sur l’oreiller, la bouche ouverte, ses abondants cheveux bruns en désordre. Elle pouvait avoir dans les seize ans. "
    Algy renvoie Jingandangelow à sa vermine, enlève la jeune fille pour la recueillir et l’élever avec l’aide de Martha. Lorsque des lutins attaquent la maison pour délivrer la jeune fille, il découvre aussi un stupéfiant secret: ces lutins sont en réalité des enfants redevenus sauvages, se cachant des vieillards cacochymes au fond des forêts et qui se déguisent avec des peaux de bêtes pour passer inaperçus. L’imprégnation radioactive de l’Accident avait donc fini par s’estomper et certaines femmes, parmi les moins âgées, avaient été capables d’engendrer des rejetons sains. Il reste à l’humanité défaillante à refaire le long chemin vers la reconquête du monde.
    "Barbe Grise" est un grand récit, autant à travers la psychologie fouillée des personnages que par l’effet d’étrangeté que provoque la description du  genre humain à l’agonie. On pressent comment l’énergie vitale d’une espèce s’épuise puisque ces vieillards n’ont même plus le courage de se battre entre eux. Impression renforcée par le décor d’une nature incomparablement belle et sereine (vieux thème romantique) s’élevant sur les ruines laissées par l’homme. Contrairement aux autres récits s’inspirant de ce thème (" La mort blanche ", le " monde sans femmes ") Aldiss insiste sur la plausibilité de l’épisode, sur la lenteur d’une désagrégation silencieuse de l’espèce. Il conte l’histoire d’une agonie, la nôtre.

  9. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 1 Auteur: Brian W. ALDISS Parution: 1973
    Dans un moyen âge de légende ou post-cataclysmique, deux jeunes gens, Prian et Lambant prennent du plaisir avec deux jeunes filles, Lise et Chloé. Abandonnant le bourg où se déroule la foire avec ses bateleurs et marionnettistes, trouvant tout naturel la présence en l’air de femmes ailées et sur leur chemin d’hommes-lézards, mutants ou extraterrestres, ils discutent entre eux, ayant trouvé refuge sur une table rocheuse, des grandes questions qui agitent l’homme : qu’est-ce que l’esthétique, l’amour, le sens de la mort, et surtout, vivent-ils en une période de décadence ou de progrès artistiques ? Sans pouvoir donner de réponses fermes à l’art du joueur de marionnettes et du graveur, ils font l’amour avec la délicatesse de la jeunesse, ignorants pour toujours du sens des étranges situations reproduites par les poupées en bois qui font appel à un passé immémorial :
    « Bonhomme Voleur entra, masqué de rouge, et essaya de fracturer le coffre-fort de Bonhomme Banquier. Celui-ci, gras, poilu et malin, apparut et attrapa Bonhomme Voleur sur le fait. Bonhomme Voleur lui donna un coup avec sa besace à la grande joie des enfants. (…)
    Bonhomme Voleur, malgré les avertissements criés par les enfants, monte avec complaisance dans le coffre. Bonhomme Banquier claque la porte du coffre, rit, et va chercher Bonhomme Policier. Rencontre à sa place Bonhomme Allosaure.(…) Bonhomme Astronaute descend, attrape Bonhomme Allosaure dans le casque… »
    Une nouvelle envoûtante qu’anime l’art de Brian Aldiss apportant le souffle d’une décadence flamboyante. A la limite de notre thème.

  10. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: Boris VIAN Parution: 1986
    Le poète raconte les affres de la conception d’une bombe atomique domestique, à l’époque un pur fantasme, aujourd’hui une dramatique réalité. (voir à ce sujet l’essai de Mc Phee : comment j’ai fabriqué la bombe chez moi). Les préoccupations permanentes du tonton, le réalisme du quotidien,
    (« quand il déjeunait avec nous
    Il dévorait d’un coup
    Sa soupe aux vermicelles »),
    La stupeur muette de la famille qui participe au difficile accouchement, introduit la distanciation ironique nécessaire à la dénonciation d’un acte criminel. La chanson se clôt sur une double chute. L’oncle a enfin trouvé le point qui faisait obstacle à son projet :
    « Voilà des mois et des années
    que j’essaye d’augmenter
    la portée de ma bombe
    Et je ne me suis pas rendu compte
    Que la seule chose qui compte
    C’est l’endroit où c’que’elle tombe. »
    Il utilisera ce défaut pour débarrasser la terre des « grands personnages », responsables, selon lui, de la menace mondiale. Mais le meilleur reste à venir. Loin de lui en vouloir pour cet assassinat, « le pays reconnaissant » le décorera, car :
    « en détruisant tous ces tordus
    je suis bien convaincu
    D’avoir servi la France ».
    Une chanson célèbre en pays de conjecture, un bijou de la contestation anarchique et populaire qui donnera lieu à de nombreuses interprétations (Nous en connaissons une savoureuse en alsacien de  Humel et Ham à écouter ci-après!)