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Livres

  1. Type: livre Thème: la cité foudroyée, guerres futures 1 Auteur: Major VON HELDERS Parution: 1936
    Peu avant le véritable déclenchement des hostilités de la part des Allemands en 1939, Le Major Von Helders, adepte convaincu de la prééminence de l’aviation dans un conflit futur, envisage un kriegspiel passionnant: l’Angleterre attaque la France à cause de son ingérence  dans les affaires égyptiennes.
    Le général Brackeley, la figure centrale du récit, est le vainqueur désigné car il est le seul à croire à l’invincibilité de la force aérienne des avions de type G, bombardiers géants à la puissance de feu énorme, chargés de porter la terreur au sein du territoire ennemi. Lorsque le ministre anglais lui donne carte blanche,
    " Brackeley resta un moment étourdi. Mais soudain il se ressaisit et il lança un " Hourrah ". A ce cri, son adjoint accourut. Brackeley le saisit par les épaules et le fit tournoyer plusieurs fois sur soi-même. Alors, hors d’haleine il se jeta dans un fauteuil et se mit à rire à gorge déployée. "
    Seul l’écrasement complet de la capitale pourra obliger la France à capituler. La décision est prise de bombarder Paris en trois vagues successives. Les Français, moins bien commandés, moins organisés, n’opposent qu’une résistance sporadique aux vagues d’invasion. Les bombes sont lâchées de 6000 mètres d’altitude avec un effet redoutable:
    " A la station " Opéra " deux trains bondés se trouvaient arrêtés l’un derrière l’autre. Soudain, tout s’ébranla, au milieu d’un éclair jaune. Les maçonneries s’effondraient avec fracas...; pendant une seconde s’établit un silence de mort, et tout à coup, ce fut un concert atroce de gémissements et de hurlements de douleur. Une bombe de 1000 kg était tombée à 50 mètres de l’entrée. Elle avait éclaté sur le ballast et le déplacement d’air seul avait fait des centaines de victimes. La galerie avait cédé: un entonnoir de 50 mètres de diamètre s’ouvrait béant au milieu du boulevard des Capucines. Les façades de trois maisons s’étaient écroulées dans la rue, les appartements, avec leurs meubles exposés à l’air avaient un aspect hallucinant et un piano demeurait lamentablement suspendu dans le vide ".
    La victoire est totale. Tandis qu’une vague de feu parcourt la capitale foudroyée, le deuxième bombardement  parachève l’oeuvre de mort:
    " Les gens s’échappaient des maisons. On n’entendait qu’un cri " Fuyons cet enfer ". La foule avait envahi les places publiques, les jardins des Tuileries, le Champ – de -Mars. Heureusement peu d’habitants étaient atteints par les gaz. Sans doute, fort peu de bombes asphyxiantes avaient été jetées, à moins que l’échauffement de l’air, par suite des incendies, n’eût activé la ventilation et facilité l’évacuation des gaz. Une bombe de 1000kg. avait fauché un des quatre pieds de la Tour Eiffel, et l’immense armature de fer s’était écroulée s’étendant comme un bras à travers la Seine dans la direction du Trocadéro. "
    Dans le chaos français, des mutineries, des insurrections éclatent. Le communisme international, trop heureux de faire son lit de la déconfiture française en profite pour appeler à  l’insurrection:
    " Le gouvernement s’était enfui, en automobile, à Tours où la Chambre des Députés et le Sénat avaient aussitôt été convoqués en séance de nuit. Un tiers de parlementaires seulement y vint. Les élus communistes n’y assistaient évidemment pas, car ils étaient demeurés à Paris pour organiser le désordre. "
    La marine anglaise, inutile devant la victoire totale remportée par l’aviation, a pu se mettre en embuscade en Méditerranée en vue de  couper les liaisons entre la France et l’Afrique du Nord, attendant que l’Italie , alliée des Anglais, entre à son tour dans la danse. Néanmoins, une contre-attaque française se précisera. Le pays martyr, rassemblant les restes épars de son aviation et toute la puissance de feux de ses engins maritimes, réussit à établir une tête de pont dans le sud de l’Angleterre, pour opérer une percée terrestre. Des canons, des tanks, des soldats débarquent et s’enfoncent en territoire ennemi, vers Londres. Les Amiraux et les Généraux des armées de terre, lors d’un Conseil de guerre houleux à Londres,  s’accablent mutuellement de reproches. Brackeley, olympien, décide seul de régler le problème avec ses escadrilles d’avions G.
    Reprenant l’air, il bombarde la tête de pont française, puis, devant un succès rapide et complet, dans la foulée, il s’attaque aux destroyers, porte-avions, croiseurs français, en les envoyant par le fond. Lors d’un dernier survol à basse altitude, à cause d’une météo exécrable, le G300, avion amiral, est abattu. Brackeley meurt en héros et l’état anglais lui assure des funérailles nationales. La France capitule et cède ses colonies
    La précision documentaire des données, l’adjonction de cartes, le suivi heure par heure des hostilités qui s’ouvrent un 6 juillet et se ferment un 12 juillet, tout annonce ici le déclenchement de la vraie guerre, celle que l’Allemagne mènera contre l’Europe à partir de 1939. Le sentiment de vraisemblance est accentué par l’usage de concepts qui triompheront sur les champs de bataille: rapidité de la guerre-éclair, importance fondamentale de l’aviation, notamment des bombardiers (selon la théorie de Goering), pilonnage des villes pour écraser le moral des habitants, prise en otage des masses humaines.
    Le subterfuge de l’auteur qui met l’Angleterre à la place de l’Allemagne est vite éventé. Ce récit mené tambour battant se lit d’une traite et rend palpable l’idée que certaine fiction cataclysmique reste souvent en - deçà de la réalité historique.

  2. Type: livre Thème: guerres futures 2 Auteur: Spiridon GOPCEVIC Parution: 1888
    Ce texte représente l’un des nombreuses suites de la «Bataille de Dorking ». Spiridion Gopcévic démontre, avec une rigueur amusante, le rôle joué par la marine française dans cette conquête qui rend enfin à raison la suprématie britannique en ce domaine. Tout commence par la prise de l’Egypte par l’Angleterre. C’en est trop pour la France qui ne peut admettre qu’on la dépouille de son protectorat (et incidemment du canal de Suez). S’appuyant sur l’Irlande, folle de joie à l’idée de regagner sa liberté, s’étant assuré de la neutralité des autres pays européens, elle arme ses deux flottes, l’une partant de Brest, l’autre de Toulon.
    Les Anglais, mis au courant, veulent prévenir l’attaque en la personne de l’amiral Clark fort de ses cinquante-cinq cuirassés qui aussitôt firent route vers la Méditerranée pour bloquer l’escadre française dans son port de Toulon :
    « Le Rodney et le Conqueror, qui avaient déjà canonné le Richelieu, lors de son passage à contre-bord, s’attaquèrent plus spécialement au Caïman, et, concentrant sur lui le feu de leur artillerie, pendant qu’il mettait à l’eau ses torpilleurs vedettes, réussirent à le couler ; les deux petits torpilleurs ne tardèrent pas à venger la perte de leur navire-mère. A la faveur de la fumée épaisse qui couvrait la plaine liquide, ils parvinrent à lancer en bonne direction, deux torpilles Whitehead, qui firent sauter à la fois le Rodney et le Conqueror. »
    Averti à temps de la décision anglaise par l’aviso-torpilleur «la Dague» en embuscade avancée, l’amiral  français Borny pris la mer à partir de Brest pour voler au secours de la flotte toulonnaise :
    « Le soleil levant du 1 er août 1888 vint éclairer un imposant spectacle. Une flotte formidable appareillait de Brest : 280 vapeurs de tous les types remorquant des navires à voiles, 8 cuirassés, 20 torpilleurs et 22 croiseurs ; au total 330 bâtiments quittaient ce grand port au milieu des hourras enthousiastes de plus de  200 000 voix et prenaient leur course vers Land’s End. Les avisos et les torpilleurs ne tardèrent pas à se placer de tous côtés en éclaireurs, tandis que les bâtiments de ligne restaient plus près, autour du convoi, pour le protéger. Dix heures plus tard, le même soleil assistait à Cherbourg à un mouvement de navires aussi considérable. 8 cuirassés, 20 torpilleurs, 22 avisos et 270 transports ; -en tout 320 bâtiments quittaient les côtes de Normandie, et faisaient route à l’Ouest. »
    La bataille de Corrobedo demeura incertaine quant à la victoire française, les forces en présence s’équilibrant, les deux armadas se coulant respectivement leurs cuirassés à l’aide de leurs petits navires rapides, les torpilleur, qui firent merveille. L’arrivée imprévue, pour les Anglais, des secours français de Borny inclina la décision finale en faveur de la France.
    Malgré de lourdes pertes, l’Angleterre put se dégager du piège.  Les Anglais enragèrent et ne cédèrent pas. Peu de temps après, ils mirent en commun toutes leurs forces, constituant une nouvelle escadre dans la Manche dont ils confièrent la destinée à l’amiral Harlington pour une vigoureuse contre-attaque  dans le but de dégager définitivement les côtes anglaises.
    L’engagement eu lieu au large de la Corogne, au désavantage des Anglais dont les cuirassés sombraient les uns après les autres, attaqués de tous les côtés par les torpilleurs français. C’en était bientôt terminé de l’orgueilleuse flotte britannique. Les Irlandais jubilèrent. La France, confiante en sa toute nouvelle force, prépara son débarquement sur les côtes du pays ennemi, près de Portsmouth et de la Cornouaille.  L’amiral Drach, appareillant le 1 er août avec sa formidable flotte, établissant plusieurs brèches dans la défenses désespérée des Anglais, établit la tête de pont, débarquant à terre une armée de plus de 100 000 hommes. La jonction de toutes ces forces devait s’établir à Exeter et, de là, prendre la direction de Londres.
    « Le commandant en chef décida de la retraite le 17 août ; mais il était trop tard, un corps de l’armée française avait opéré son mouvement tournant et attaquait ses derrières. Il était enveloppé de toutes parts. Il tenta de faire une trouée à travers l’ennemi, mais cette attaque désespérée demeura sans succès, par suite du manque d’entrain de la milice et des volontaires.
    Enfin, dans la matinée du 18 août 1888, l’armée anglaise fut réduite à capituler ; et le 23, les armées françaises faisaient leur entrée dans Londres. Pendant ce temps, les transports avaient fait retour en France et y avaient embarqué 100 000 nouveaux hommes. La moitié de ceux-ci furent mis à terre en Irlande où la population se souleva et les accueillit à bras ouverts ; l’autre vint renforcer l’armée d’occupation. »
    Malgré une défense héroïque, les journées d’août 1888 furent désastreuses, qui virent la destruction complète de la flotte anglaise. La mer étant libre, maintenant, de partout dans le monde, dans l’océan Indien, en mer de Chine, au large de l’Australie, près de l’Amérique du Nord, au large de Sainte-Hélène (lieu ô combien symbolique !), des petites escadres françaises fortes de leurs avisos et de leurs torpilleurs coulent les navires de commerce britanniques, portant le coup de grâce à l’Empire.
    Fin août, après la bataille définitive de Labuan, l’Angleterre était à genoux. Elle fut sommée de verser trente huit milliards de francs-or au titre des dettes de guerre. Le reste de sa marine fut démantelée. Elle perdit toutes ses possessions lointaines (à l’exception de l’Australie), qui se déclarèrent républiques indépendantes. Le reste de ses territoires fut partagé entre les vainqueurs français et les voisins européens. Finis Britanniae !
    L’auteur, d’une manière qui se veut exemplaire, comptant et recomptant inlassablement les forces maritimes en présence comme les boutons de guêtre d’un uniforme de soldat, veut ainsi démontrer :
    1.que les Français sont d’habiles tacticiens maritimes
    2.que la souillure de la défaite de Trafalgar devait impérativement être lavée.
    3.que la perte des cuirassés anglais était en grande partie due à l’usage novateur des torpilleurs, plus rapides, plus légers, plus maniables, et partant plus dangereux.
    Dans la lignée des « Batailles Imaginaires » établie par Garçon Augustin et l’éditeur Lavauzelle , le récit de Gopcévic Spiridion a le mérite d’être court, enlevé, précis, démonstratif, traçant ainsi dans l’imaginaire ce que jamais la France ne put accomplir au réel.

  3. Type: livre Thème: guerres futures 1 Auteur: Adrien PERRET Parution: 1891
    La bataille navale qui décida du sort de l’Allemagne se déroula près de Héligoland et dura deux nuits sans que la victoire ne fût acquise. L’approche de l’escadre française provoqua l’affolement dans les villes portuaires du nord de l’Allemagne et des conséquences telles que durant toute la nuit les cuirassés français furent torpillés dans un déluge de fer et de feu :
    « Partout, les eaux sont sillonnées des noirs engins de guerre : les torpilleurs français croisent les torpilleurs allemands ; la lumière électrique –en jets irradiants et capricieux- fraye le chemin. La mêlée est sinistre. Des cris d’agonie montent des navires qui tournoient, engloutis par l’abîme. »
    Au matin, l’escadre française passa à l’action, bloquant le port allemand de Jade qu’elle arrosa copieusement :
    « Un pâle soleil, apparu dans le ciel livide, illumine le Jade. Les navires désemparés gisent sur la grève, avec des corps d’hommes confondus, sanglants, mutilés. Des épaves s’en vont sur la surface souillée des eaux. Les Français ravitaillent leur flotte, ensevelissent leurs morts dans l’insondable tombeau des flots, réparent leurs avaries et prennent les dernières dispositions pour l’attaque. »
    Malgré une résistance allemande désespérée, le port de Wilhelmshafen eut aussi à subir d’intenses  bombardements.
    Dans l’épouvantement de la pluie de feu, des incendies, de la population qui s’enfuit, les Français arrachèrent une victoire à la Pyrrhus. L’affrontement décisif eut lieu au-delà du détroit de Skagerat, vers le Sund et Copenhague, où les Français seront accueillis avec enthousiasme. La sanglante bataille navale près de l’île de Langenland, suivi d’un projet de débarquement à Kiel, ébranla l’Allemagne pour longtemps et décida de la victoire finale.
    Une courte et réaliste nouvelle centrée sur la marine allemande considérée comme la plus forte d’Europe avant 1914.

  4. Type: livre Thème: péril jaune et guerres des races, guerres futures 1 Auteur: Eric HARRY Parution: 2000
    L’expansionnisme chinois a, en ce début du troisième millénaire, gagné les pays d’Asie, puis d’Europe. Le monde entier (encore libre) assiste, stupéfait à la propagation de la vague jaune.  Le récit débute au moment où les Etats-Unis sont menacés au nord par le Canada, au Sud par la Floride et la Californie. Le président Bill Baker refuse l’utilisation de l’arme nucléaire, sachant qu’une destruction globale du monde en résulterait. Il prévoit une guerre conventionnelle avec une ligne de front comme en 1914 mais avec des armes issues de la plus haute technologie.
    Les intrigues se recoupent régulièrement ; celle de Stéphanie Baker (Stephie), la propre fille du président qui envisage comme seul avenir professionnel de servir au front. Elle se bat sur le terrain avec un groupe  de jeunes militaires bien typés, surveillée par John Burns sur l’ordre même de Baker,  et qui, survivant à tous les engagements, décrit dans le détail les faits de guerre :
    « Des missiles américains fendirent l’air aux abords de la maison. Boum ! boum ! boum ! La moitié des véhicules chinois furent touchés. L’autre moitié se hérissa de lance-roquettes- Aux abris ! cria John de toute la force dont il était capable. Il se coucha sur Stephie. Des projectiles heurtèrent les briques à l’extérieur de la maison. Le sol frémit. Le salon et la salle à manger volèrent en éclats. Une nuée ardente embrasa l’air puis s’éteignit aussitôt, suivie d’un concert de cris effroyables. Stephie ne pouvait plus respirer. Elle était morte. Ou vivante. Elle ne savait plus.  Elle repoussa John Burns, qui l’écrasait. Il ne paraissait pas blessé, mais hébété. A côté d’eux, gisaient Peter Scott et le sergent Collins, en plusieurs morceaux. »;
    celle de son père et de ses états d’âme, de sa liaison avec Clarissa Heffner, sinologue distinguée et accessoirement sa maîtresse, placée à son corps défendant au centre d’un complot militaire  - téléguidé par les Chinois- visant le coup d’état par l’élimination physique de Baker et le recours au nucléaire ; celle de Han Széning, l’un des membres de la «Famille » (la Nomenklatura chinoise qui fonctionne sur le modèle de la mafia) dont le Premier ministre et le ministre de la défense sont les rouages moteurs de l’expansionnisme. Le moindre froncement d’un sourcil de leur part est commenté, disséqué, analysé et décodé par les médias pour mettre en évidence les fluctuations du pouvoir parallèlement aux diverses phases de l’invasion.
    Han Szening, à moitié américain et ancien condisciple de Baker, lié à lui par un lien de parenté, a beaucoup de difficulté à manipuler son propre fils Wu Hang, cousin de fait de Stephie, la sœur de l’épouse de Baker ayant fauté avec le père de la jeune fille en d’autres temps. Wu Han brûle de s’engager sur le terrain comme sa cousine mais il est contrôlé par le pouvoir central de la Famille qui espère lui faire jouer un rôle de premier plan après la guerre, au détriment de son père Han ;
    enfin celle du franc-tireur Hart, capitaine américain des forces spéciales, resté bloqué sciemment à l’arrière des lignes ennemies pour infliger à l’ennemi le maximum de pertes possibles par des actes de sabotage.
    L’assaut chinois est irrépressible et la ligne de front recule, puis est enfoncée jusqu’à Washington. Bill Baker mise tout sur la construction de deux navires-ateliers gigantesques, capables de lancer des milliers de missiles à la minute ce qui devrait assurer in fine la victoire à l’Amérique. Ils sont encore en construction dans le port de Philadelphie. Pour donner le change aux Chinois, Baker feint de ramener toutes les forces combattantes autour du Capitole pour leur faire croire que là aura lieu la bataille décisive. Han, quoique habile négociateur, nommé administrateur civil, ne réussira pas à tromper Baker et surtout son rival politique, le vieux général Sheng, commandant les forces d’invasion en Amérique cruel selon la tradition :
    «Le commandant du camp formait des pelotons pour procéder à l’abattage des prisonniers. Pour un non-initié, le processus pouvait paraître simple. Mais Han savait d’expérience que pour mener l’opération à bien sans encombre ni surprise, il fallait veiller aux moindres détails. La méthode généralement appliquée dans l’armée consistait à gracier l’homme le plus méritant dans chaque tranchée d’exécution. Ainsi, l’ensemble se laissait conduire au supplice dans l’espoir d’être celui à qui l’on accorderait la vie sauve.La vilaine astuce, c’est que le pardon était faux. Les hommes ainsi sauvés n’obtenaient d’autre récompense que de faire partie de la dernière tranche exécutée. »
    La bataille de Washington eut finalement lieu, terriblement éprouvante pour Stephie qui sera faite prisonnière et identifiée. Sheng envisage de l’échanger contre son père, à une date donnée, sur un pont à moitié démoli.
    Ce moment, périlleux entre tous, rassemble Baker et sa fille, Wu et Sheng. Hart sera téléguidé par les putschistes (sans qu’il le sache) pour abattre le président sous prétexte qu’il ne doit pas tomber vivant entre les mains des Jaunes. Le coup de théâtre viendra de Wu qui abattra le général Sheng, avec l’assentiment de la Famille qui estime que la guerre a assez duré, qu ‘elle a fait trop de morts du côté chinois. Il protégera Baker et sa fille pendant que, Hart avec l’intuition qui le caractérise, n’exécutera pas la mission qu’on lui a confiée,ce qui permettra plus tard au président de démasquer les putschistes. Le seul vrai perdant dans l’histoire est le père de Wu, Han, dont l’action a été désavouée par la Famille. Comme lot de consolation il se contentera des bras de Shen Shen, la jeune maîtresse de Wu, espionne à la solde de Han. Enfin, comme un bonheur n’arrive jamais seul, les navires-ateliers finalement opérationnels sont prêts à débarrasser le sol américain des envahisseurs.
    Dernier épigone en date du thème du « péril jaune » sous la forme d’une guerre future détaillée, réaliste et vraisemblable. Elle s’articule autour d’une analyse des motivations de chaque personnage, avec ses faiblesses et ses failles ce qui renforce l’effet de réel,  à laquelle s’ajoute la description minutieuse des opérations militaires. Un roman agréable à lire même si, parfois, le trait est forcé...

  5. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: Maurice LIMAT Parution: 1953
    Le Dr. Parex, savant génial, mégalomane et égoïste, a prévu que le prochain retour de la comète 73 (pour 1973), en 1984, va brûler le globe et faire fondre les banquises, détruisant du même coup l’humanité. Grâce au stratobus, un engin stratosphérique, il compte se mettre en sécurité sous les glaces antarctiques avec un groupe de jeunes savants triés sur le volet. Ceux-ci, moins introvertis que le Dr. Parex, font une halte dans leur voyage malgré l’avis de Parex, pour sauver Elena et son fils lors du naufrage du " Florespoir " qui s’enfonce dans une mer de sang aux vagues gigantesques.
    La comète se rapproche provoquant tous les cataclysmes attendus. Serge le pilote, et Pieril, amoureux d’Elena, ainsi que leurs compagnons, n’ont que trop tardé à s’enfouir sous les glaces. Ils y parviennent lorsque l’eau autour d’eux commence à bouillir. Après le 17 avril, la comète s’éloigne. Elena et Pieril seront-ils les nouveaux Adam et Eve d’un nouveau monde ?
    Un petit texte rafraîchissant (malgré la chaleur cométaire) par sa prose naïve et adolescente. Un condensé des archétypes de la science-fiction populaire. A lire au second degré.

  6. Type: livre Thème: menaces idéologiques, menaces climatiques Auteur: Ben BOVA Parution: 1978
    En 2008, le monde est uni sous l’égide d’un gouvernement démocratique avec, à sa tête, le vieillard Da Paolo. Uni aussi dans la pauvreté, car un Directoire, composé des cinq êtres humains les plus riches de l’histoire, a pris la décision de faire éclater la Démocratie Mondiale.
    « C’est la guerre, je vous dis. La Quatrième guerre mondiale. Elle se mène avec des armes secrètes, silencieuses, des armes qui s’attaquent à l’environnement. C’est une guerre écologique. On trafique le temps de l’adversaire, on dévaste ses récoltes, on s’en prend à ses nappes phréatiques, on modifie le régime des pluies. La disette tue les hommes aussi sûrement qu’une balle. »
    Dans l’espace, Ile Un et Ile Deux sont deux énormes cylindres creux de vingt kilomètres de long, deux satellites habitables et terraformés entièrement financés par le Directoire et dirigés par le Dr. Cobb.  Ile Deux devra servir de base de repli pour les ploutocrates lorsque l’incendie révolutionnaire qu’ils auront eux-mêmes allumés sur la Terre, ravagera les différentes nations, détruisant du même coup l’autorité du Gouvernement mondial. La déstabilisation mondiale est d’ores et déjà initiée par le Colonel César Villanova, le grand Leader Maximo des peuples du Sud.  D’un autre côté le F.R.P. (Front Révolutionnaire du Peuple) gagne irrésistiblement du terrain. D’ailleurs, le déséquilibre climatique, soigneusement entretenu par le Directoire,  provoque des millions de morts :
    « Nous perturbons les climats. Nous tuons ces pauvres malheureux. Pourquoi ? Sommes-nous donc dans une situation à tel point désespérée…
    -Oui, le coupa sèchement Garrison. Nous sommes dans une situation désespérée et c’est pourquoi nous devons nous battre. Si nous restons à nous tourner les pouces en laissant le Gouvernement mondial libre d’agir à sa guise ; nous finirons à l’asile tous autant que nous sommes. La race humaine ne sera plus qu’une horde de chiens affamés et gémissants. Le monde entier sera réduit à la situation dans laquelle se débat l’Inde – Plus pauvre que Job. »
    Les grandes métropoles devenues des mouroirs et des réservoirs à miasmes, drainent une population de plus en plus pauvre :
    « D’un bout du monde à l’autre, de Sao Paulo à Tokyo, de Los Angeles à Calcutta, elles agonisaient. Il n’y avait plus de raisons d’habiter les cités. Ceux qui le pouvaient allaient s’installer à la campagne. Ceux qui étaient trop pauvres restaient en essayant de subsister tant bien que mal au milieu des monceaux de détritus qui ne cessaient de croître et les épidémies. »
    Sur Ile Un, David, le premier être humain né en laboratoire, en connexion permanente avec les ordinateurs, prévisionniste de son état, fils putatif de Cyrus Cobb, (lui – même est au service des membres du Directoire), échappe à la surveillance paternelle et parvient avec difficulté à rejoindre la Terre pour  y retrouver la journaliste Evelyn Hall avec qui il a eu une aventure sentimentale.
    Bahjat, la propre fille de Al Hachémi, l’un des membres du Directoire, aussi connue sous le nom de Shéhérazade, est l’une des responsables du FRP. Manipulée par Hamoud, dit le Tigre, elle assiste à la mort programmée de son amant irlandais et conçoit une haine terrible envers son père qu’elle rend responsable de l’assassinat.
    Ailleurs, dans les bas-fonds de Manhattan, Léo, le géant noir qui fonctionne aux stéroïdes dont dépend sa vie, tente de fédérer le mouvement de révolte des Noirs urbains, les «drop-out » de la société.
    Alors que Da Paolo, qui pressent le danger de l’éclatement du système démocratique mondial, est impuissant à convaincre Villanova, c’est–à-dire El Libertador, Bahjat, détourne la navette spatiale emmenant David sur terre,  lequel devient otage du F.R.P. Les villes s’embrasent et le Gouvernement Mondial se retrouve en grand péril. Le noir Boweto prend la succession de Da Paolo terrassé par une crise cardiaque :
    « C’était dans les grandes villes du Nord-Est que la situation était la plus grave, encore que les rapports fussent contradictoires et que Saint-Louis, Denver, Atlanta et Houston fussent la proie des flammes. Phoenix avait été submergé par des bandes hurlantes qui avaient mis à sac les foyers de retraite en l’espace d’une heure ou deux. Dallas-Fort Worth faisait face : les Texas rangers, épaulés par une milice de volontaires puissamment armés, contre-attaquaient rue par rue. »(…)
    « La plupart d’entre eux laissèrent simplement échapper un gaz toxique qui, réagissant sur les muqueuses nasales, provoquait chez ceux qui le respiraient des nausées et des vertiges épouvantables. D’autres, qui étaient des émetteurs microminiaturisés, engendraient des ondes à fréquence ultra-basse interférant avec les impulsions électriques du cerveau humain. Quiconque se trouvait pris dans un rayon de cinquante mètres risquait d’être pris d’une crise paraeliptoïdique. Pendant les tests, des sujets s’étaient tranché la langue à coups de dents et fracturé les articulations dans leurs convulsions spasmodiques. »
    Hamoud, croit avoir toutes les cartes en mains pour tirer profit de la situation. Accompagné d’Evelyn, devenu son jouet sexuel, le Tigre doit retrouver Bahjat et David dans un monde en insurrection. Garrison, l’un des Directeurs d’Ile Un se prépare à fuir à bord de la colonie spatiale, comme de son côté Al Hachémi, qui espère encore que sa petite fille chérie décidera de le rejoindre. La rencontre entre les révolutionnaires, Bhajat, Hamoud, Léo,  et leurs otages, David et Evelyn, leur suggère de soumettre le monde au F.R.P. en coupant l’approvisionnement en énergie solaire à partir d’Ile Un. Pour tenter ce coup de force, il leur faut impérativement gagner la colonie de l’espace, d’autant plus que Léo a besoin de ses stéroïdes pour se maintenir en vie. Utilisant Bhajat comme cheval de Troie, les meneurs du F.R.P s’emparent du satellite, réduisent le Directoire à l’impuissance et font régner la terreur à l’intérieur d’Ile Un. De vastes régions du monde seront privées d’énergie et vouées au froid intense :
    « C’est l’hiver dans l’hémisphère nord, reprit le Russe. Il y a déjà un mètre de neige dans les rues à Moscou. L’électricité ne fonctionne plus à Léningrad depuis l’aube. Rien qu’en Union Soviétique, il y aura des milliers de morts , peut-être un million ou davantage. »
    David ne se résigne pas à l’échec. De par sa parfaite connaissance des lieux, il sera le seul à pouvoir rétablir la situation. Porteur sain de nombreuses maladies, il contamine les belligérants, y compris Bahjat qu’il aime pourtant, se débarrasse de Hamoud le fanatique, libère les membres du Directoire et notamment son père adoptif Cyrus Cobb, remet en fonctionnement les satellites solaires. Sur terre, les émeutes s’arrêtent. Un moratoire est signé entre El Libertador et Boweto qui s’associent dans une nouvelle politique économique du développement. Garrison, et les autres membres du club des ploutocrates, seront dépossédés de leur jouet : David leur impose la mise à disposition des colonies spatiales - notamment Ile Un- à l’humanité pour que celle-ci ait une chance d’échapper à la dégradation écologique de la terre qui finirait, à terme, par l’éradiquer. La construction de multiples et d’immenses satellites, sortes d’arches stellaires assurera la pérennité de l’espèce :
    « Ile Un est le premier pas que fait réellement l’homme dans l’espace. Nous ferons en sorte que l’espèce humaine essaime dans tout le système solaire. Alors nous n’aurons plus rien à craindre. Quoiqu’il advienne de la terre, si stupides et myopes soient les terriens chez eux, nous serons assurés de survivre. (…) la dispersion… c’est la clé de la survivance pour l’Homme. Nous nous éparpillerons à travers l’espace, dans l’immensité de l’univers qui est notre patrie. Un système solaire débordant de ressources  naturelles et d’énergie nous attend. Qui a besoin de la Terre. »
    Cobb est satisfait puisque tout s’est passé selon le plan secret mis au point par lui, à l’insu de David, instrument essentiel de sa réussite. Bahjat, à qui David avait injecté un antidote, accompagnera dorénavant le jeune homme dans son épopée spatiale.
    Une vaste fresque d’un futur proche vécue à travers des destinées individuelles, porteur de valeurs et de croyances contradictoires. L’intrigue individuelle se déroule sur fond d’événements sociaux riches en éléments cataclysmiques, selon une trame simultanéiste. Seul le manichéisme Blancs/Noirs sonne faux aujourd’hui mais restait un thème plausible à l’époque de l’écriture du roman

  7. Type: livre Thème: menaces telluriques, fins du monde, fins de l’humanité Auteur: Denis MARQUET Parution: 2001
    Des signes curieux et inquiétants se produisent. Tom l’étudiant, amoureux d’Amy, s’en apercevra assez tôt puisqu’il découvrira celle-ci égorgée par son chien sans que rien ne laissait prévoir une telle tragédie. De multiples indices, non reliés entre eux, alertent cependant le pouvoir américain. Ici, des dauphins s’attaquent à l’homme. Là, une activité sismique anormale se manifeste. Ailleurs encore, une recrudescence de noyades ou des pommes qui deviennent mortelles à l’ingestion, une épidémie inconnue qui se déclare soudainement, enclenchent un niveau d’alerte suffisant pour qu’un groupe d’étude des phénomènes soit constitué.
    Greg et Mary, tous deux anthropologues, deviendront les pièces maîtresses de ce puzzle. Mary part en Amazonie étudier, sous l’égide de son directeur de thèse Diego Legal, la vie spirituelle des indiens Yanomamis. Greg sera contacté par le capitaine Bosman du Pentagone  sous le sceau du secret pour faire partie du groupe de recherche qui tentera d’établir l’origine des désastres :
    « C’est que la nature déconne ! Elle se comporte anarchiquement, elle n’obéit plus à ses lois… Ou plutôt à nos lois ! Celles que nous lui avons fixées…. Absurde ! ce n’est pas nous qui fixons ses lois à la nature ! Nous ne faisons que les découvrir… (…) Mais nous les appelons des « lois »… Alors que tout ce dont nous sommes capables, c’est d’observer des comportements un peu généraux sur une période ridiculement courte par rapport à l’évolution du monde… Tout s’altère dans la nature, tout passe… Et si la nature changeait aussi les principes qui la régulent, de temps en temps ? Chaque milliard d’années par exemple ! »
    Clydesbourg, une bourgade de Pennsylvanie en fera les frais car, pour que l’épidémie inconnue et virulente qui s’y est soudainement déclarée  ne s’étende pas, les autorités n’ont d’autres moyens que de « cautériser » totalement la ville, provoquant la mort de milliers de personnes. Des témoins pourtant ont assisté à la scène et, mettant leur vie en jeu pour échapper à la loi du silence,  informent, par internet notamment, le monde entier de l’ampleur grandissante des catastrophes qui frappent l’humanité.
    David Barnes est de ceux-là. Il se donne pour mission de prévenir ses semblables, dans une sorte de journal informatique, que la terre traverse une phase extrêmement dangereuse :
    « Aujourd’hui, j’ai bouclé mon enquête. Demain, si tout se passe bien, quelques-uns des trous-du-cul qui nous gouvernent auront la tronche de biais. Leur boulot ; prendre les gens pour des cons en ne leur montrant que ce qu’ils ont envie de voir. Mon boulot : la réalité. Et si la réalité c’est la merde, leur mettre le nez dedans. Le monde est dans la merde. »
    Traqué par les militaires, il survivra longtemps en territoire najavo, avant d’être abattu. De même, le journaliste Kenneth Pilar, qui enquête sur la catastrophe de Clydesburg, mourra, soufflé par des roquettes non sans avoir pu rendre public son dernier reportage.
    Stimulé par le général Merritt, leur supérieur, et Bosman, le petit groupe de chercheurs,  dont Peter le biologiste, ami de Greg, Prescott le géophysicien, met les bouchées doubles. Mary, en contact avec un sorcier Yanomami, lors d’un voyage en NDE grâce à la drogue, sort métamorphosée par cette expérience : elle sait maintenant que la terre est malade de l’homme et qu’il s’agira de transformer l’âme même de celui-ci si l’humanité veut survivre :
    « Elle n’avait pas entendu alors, la force de ces mots, terrifiante. Elle n’avait pas entendu la vérité de ces mots : - Nous sommes les enfants de la Terre. Chaque cellule de Mary semblait vibrer, elle se sentait faite, au plus intime, de terre vivante, aimante. De terre intelligente. Elle venait de la Terre, serait rendue à la terre. Et c’était bien. (…) La maladie, reprit-elle, c’est votre corps en guerre. Les parties qui vous composent ne coopèrent plus. C’est de cela dont vous mourez. De n’être plus un. Or moi je veux vous dire… Elle s’interrompit un instant. - …Ce qui en vous fait l’unité, c’est l’âme. »
    Elle n’aura pas le temps de faire part de cette découverte à Greg puisqu’elle est mortellement – du moins semble-t-il –, blessée dans la chute d’un hélicoptère. Greg, lui, agressé par des chiens en voulant sauver des enfants, sombre dans le coma :
    « Alors il vit la curée grouillante et brune des chiens sur le corps de l’enfant. Aussitôt deux d’entre eux se retournèrent contre lui, et l’attaquèrent au niveau des jambes. (…) Avant de s’écrouler, il eut le temps d’entendre l’assourdissant vrombissement du deuxième hélicoptère tandis qu’un brouillard semblait recouvrir les champs. Ils étaient en train de lâcher des gaz anesthésiants. Trop tard, pensa Greg. Un chien le mordait à la gorge, mais il ne le sentait déjà plus. Puis ce fut le noir. »
    A Fort Detrick où le groupe est réuni, la situation se révèle catastrophique : les foyers d’épidémie s’étendent, les tremblements de terre deviennent de plus en plus dévastateurs dans le monde entier (mais surtout aux USA), les aliments (pommes de terre ou tomates) se transforment inexplicablement en poison mortel. Tout se passe comme si la terre elle-même avait décidé de se débarrasser de l’homme qui s’opposerait aux valeurs réelles du monde :
    « Et vous en concluez quoi ? finit par lâcher Bosman, qui ne savait plus quoi penser. Sa conclusion, l’écologiste la prononça dans un silence de mort : - Personnellement, je crois que la nature est un Tout. Actuellement, ce Tout est en train de se retourner contre une de ses parties. Pour la détruire. De diverses manières. Cette partie, c’est l’homme.»
    Des sectes apocalyptiques surgissent, comme celle dans laquelle Linda, la copine d’Amy, et Tom s’intègrent à un rituel de suicide collectif.  Grâce au canadien écologiste Aimé Doubletour appelé à la rescousse par le groupe, Merritt et Bosman prennent connaissance de l’extrême gravité de la situation. Le retour à la vie de Greg sous l’impulsion « spirituelle » de Mary restera inexpliqué. Devant l’intensité des secousses telluriques décision est prise de se réfugier dans le bunker présidentiel situé sous la maison Blanche qui est réputé inébranlable. Il était plus que temps : New-York sera emporté par une vague gigantesque :
    « Une nouvelle secousse. Encore plus puissante. Il ne savait plut où il était. Tout l’immeuble, dans un fracas d’épouvante, grondements et craquements, s’était remis à tanguer. De plus en plus fort. De plus en plus vite. Il était ballotté aux quatre coins de l’immense pièce, jeté comme une poupée de chiffon contre les meubles et les murs. La dernière image qui s’imprima dans le cerveau de Steven Lordal fut celle d’un énorme chien qui s’ébroue pour secouer ses puces. Le chien, c’était la Terre. Les hommes étaient les puces. »
    Pour Merritt, le va-t-en guerre, tous ces catastrophes sont provoquées par une puissance étrangère, en l’occurrence la Chine,  dans le but d’abattre les Etats-Unis.  Il convainc le président Hardon d’allumer les feux nucléaires. Après quelques tergiversations, celui-ci s’y résout.Mais les Chinois ne sont en rien responsables des désordres qui empirent. Dans le bunker souterrain, la situation devient invivable. Le plan de Merritt consiste à stériliser la terre entière par l’arme nucléaire, à se débarrasser une fois pour toutes des bactéries et virus de toutes espèces et de garder purs et intacts, après désinfection, les survivants du refuge, en vue de créer une nouvelle race d’hommes par manipulation génétique, un «homo transgenicus ». Son objectif insensé échoue : les survivants meurent l’un après l’autre, sans raison apparente. Après examen, il s’avère que les mitochondries, dans les cellules-hôtes,  se retournent contre ces dernières pour les détruire : le mal est à l’intérieur de chacune d’entre elles.
    D’autre part, l’hypothèse de Prescott, basée sur une observation scientifique, est que la circonférence de la terre  est en train de croître de quelques centaines de mètres sous l’influence de courants de convection bouleversés, ce qui amènera un remodelage total de la planète par un tsunami gigantesque.
    Alors que Bosman, enfin libéré de Merritt se fait exploser avec ce dernier,  réduit à l’état de vieillard baveux, Greg et Mary ressortent de l’abri par un long cheminement souterrain, comme pour une seconde naissance. Protégés par la Terre elle-même qui s’exprime à travers la personnalité de Mary, ils gagnent juste à temps une grotte de montagne pour observer avec horreur l’arrivée de la vague monstrueuse qui les épargne:
    « Mary, fascinée, regardait vers la vallée. – Le soleil se couche, dit-elle. C’était comme un rêve. La vallée plongeait inexorablement dans l’ombre. Une immense lueur rougeoyante embrasait le ciel. Le soleil était en train de se coucher ! A l’endroit même où il venait de se lever, quelques minutes plus tôt. A l’est. (…) Greg tourna la tête. Ce qu’il vit le pétrifia. Couvrant la terre à perte de vue, une mer sombre, immense, implacable, progressait dans la vallée. Les habitations étaient emportées, les forêts englouties. Sur la gauche, à quelques kilomètres, une colline fut recouverte un instant pas l’énorme vague, qui à son sommet fit gicler des gerbes jusqu’au ciel. Et, tandis que la gigantesque et folle marée poursuivait sa course vers l’intérieur des terres, la colline n’était plus qu’un morceau d’île au milieu d’un océan sans fin d’eau noirâtre et boueuse. »
    Plus tard, avec Mary enceinte, ils deviendront les germes de la nouvelle alliance que la Terre/Gaia tisse avec l’homme.
    « Colère » est un roman complexe, touffu, aux protagonistes variés ne ménageant aucune hypothèse pour étayer sa théorie d’une terre vivante et consciente ennemie d’un homme ingrat et dévoyé. Le roman enregistre fidèlement les angoisses écologistes du 3ème  millénaire et y répond à sa manière. Un thème porteur et une intrigue suffisamment complexe font que l’on s’attache à ce récit jusqu’à sa fin.

  8. Type: livre Thème: disette d’éléments, menaces idéologiques Auteur: Henri SUQUET Parution: 1939
    Le " Directeur des Forces " Hartman-Weiler a de quoi être satisfait. La Terre est unie dans le village planétaire cher à Mac Luhan selon la pensée unique et par une seule énergie appelée " les Forces ". Un Directoire de cinq représentants des cinq continents avec à leur tête Hartman-Weiler, a pour tâche de veiller à la pérennité du monde. Tout semble aller pour le mieux mais des relents de  "Métropolis " traînent dans l’ouvrage. Il y a la population d’En-Haut, ceux qui contrôlent les Forces  et qui gouvernent, et la population d’En-Bas, les travailleurs et camarades prolétaires. Enfin, entre les deux classes ... le scoutisme!
    Marianna, la propre fille du Directeur mondial est une cheftaine scoute (toujours prête!), entièrement dévouée à travailler pour l’amour du prochain, de Dieu, et pour celui de Chef Dominique Loup, le scoutmestre qui règne sur l’île de Ceylan, la seule qui soit restée isolée des Forces :
    "Tous ceux que lassait l’immense bourdonnement de la ruche humaine, tous ceux à qui pesait le lourd écrasement des Règles et des Lois, ceux qu’inquiétaient la Science prodigieuse, et les vols étonnants, et les extraordinaires vitesses, ceux qu’un sursaut dégageait des Obligations de Séjour, les rêveurs, les bâtisseurs d’Idéal, ceux pour qui la beauté dépassait toute fortune, songèrent à l’Ile heureuse et naviguèrent vers ses grèves... "
    Hartman-Weiler n’aime pas l’option prise par Marianna. Bientôt d’autres soucis le submergent. Régulièrement depuis quelque temps, à 19h  35 minutes, les Forces disparaissent, déclenchant une crise énergétique de première importance: les avions tombent et les usines s’arrêtent de fonctionner. Des troubles sociaux, fomentés par quelques meneurs, éclatent à cette occasion. Marianna tente en vain d’apporter la bonne parole à ceux d’En-Bas:
    " N’en étaient-elles pas preuve les exactions commises par ces hordes, montées des Fonds, qui, franchissant sur un conglomérat de victimes les zones d’action des Rayons Paralysants, étaient parvenue dans les Hauts, avaient pris d’assaut les Centres Publics, puis, transformant en esclaves antiques leurs occupants, attendaient, en une barbare débauche, l’anéantissement final du Globe? "
    En dépit de sa puissance mentale supérieure, Hartman- Weiler n’arrive pas à comprendre où se dilue l’énergie des  Forces. Une des conséquences de cette déperdition est la formation au-dessus des continents d’un "ciel de cuivre " qui éclate en orages titanesques. Marianna, avec l’aide de ses amis scouts, dans son petit avion et au péril de sa vie, rejoint Chef Dominique Loup à Ceylan pour lui faire part - puisque l’île est isolée du reste du monde - du danger encouru par la terre:
    " -Qu’est ce que vous dites? Elle expliqua: -Depuis huit jours, tous les soirs, les Forces s’évadent. Personne ne sait comment le phénomène se produit. Brusquement, elles ne sont plus là, et cependant la Centrale tourne à pleine puissance...
    Il répéta sans comprendre encore: -Qu’est ce que vous dites?...
    Elle continuait, vite, comme cherchant à tout révéler avant son épuisement complet: Alors, tout se détruit petit à petit..., des révoltes sont nées dans les Zones Inférieures. Chef Pierre y a emmené le Groupe pour continuer la mission de dévouement dont vous nous aviez chargés. Mais ce sont des foules immenses, exaspérées... Cela peut devenir terrible... Il m’a dit de tout vous raconter... Il demande de l’aide... Il vous alerte pour les autres scouts de la Terre... Blanche dans la nuit claire, accoudée au rebord de la machine de ses deux bras en croix, elle semblait une martyre offerte au sauvetage du Monde. "
    Or,  par une merveilleuse coïncidence, chef  Dominique Loup dont la passion est l’astronomie, a remarqué une activité électrique suspecte sur Io, l’un des satellites de Jupiter. L’évidence s’impose à lui: l’énergie terrestre est captée par des Ioniens -dont on ne saura strictement rien par ailleurs - qui plongent la terre dans le chaos. Il charge notre cheftaine intrépide d’aller rapporter cette précieuse information à son dictateur de père, fût-ce au péril de sa vie et pour la gloire de Dieu. Marianna, toujours prête, repart vers l’Europe dans son petit avion. Lors d’un énième bouleversement atmosphérique, elle s’abîme en mer, non sans avoir communiqué par radio l’effarante nouvelle à Hartman-Weiler:
    " -Allo! H24 P, Avez-vous entendu Centrale? Réponse: Directeur au Directoire nations siégeant permanence cause évévements. Doit-on prévenir? Elle eut, dans sa solitude, un sursaut de joie: la liaison s’établissait. -Z4D de H24P: Oui, toutes affaires cessantes... Urgence extrême. Désirerais relations directes. -Allo! Centrale Forces? Ici z4D.Appelez Directeur immédiatement. Cherchez réception directe H24P... Marianna Hartman-Weiler... "
    Le papa dictateur fait fonctionner son génie : pour organiser la riposte il est impératif, au préalable, de faire taire les ambitions prolétariennes. Ensuite, il suffit de submerger les Ioniens d’un afflux énergétique si massif que, n’arrivant à l’absorber en sa totalité, ils se fassent sauter. Dont acte. Le péril écarté, la fin du monde remise à demain, la révolution avortée, Hartman-Weiler se résoudra à mourir paisiblement (cette histoire nous étant racontée en flash-back par un Dictateur sur son lit de mort) dans la paix de Dieu retrouvée grâce au sacrifice héroïque de sa fille.
    Un roman mal écrit, mal composé avec des intrigues parallèles qui courent sans jamais se rejoindre, au message réactionnaire. Il est une insulte à la littérature romanesque, dessert à la fois la cause de la science-fiction et celle du scoutisme.  Puissent les mânes de Henri Suquet rester dans les limbes littéraires dans lesquelles elles baignent jusqu’à aujourd’hui!

  9. Type: livre Thème: la nouvelle glaciation Auteur: G.J. ARNAUD Parution: 6886
    Vol. 01: les rails d’incertitude, Fleuve Noir éd., 1996, coll. « Métal », 1 vol. broché, in-12 ème , 250pp. couverture illustrée par Kervévan.  roman d’expression française
    1 ère  parution : 1996
    Le chasseur des glaces Sadon se civilise au contact des habitants du Village qui habitent dans une énorme caverne chauffée par une ancienne centrale nucléaire. Peu à peu prend corps en lui un projet fou: réunir par un réseau ferré toutes les communautés éparses vivant chichement sur l’inlandsis. Malgré l’hostilité de certains de ces groupements, la découverte d’une immense base ferroviaire et d’un appareil apte à poser les rails, lui permet, après un labeur acharné, de concrétiser son rêve. La « Railway Union» est née.
    Vol.02 : les Illuminés, Fleuve Noir éd., 1997, coll. « SF Métal », 1 vol. broché, in-12 ème , 252 pp., couverture illustrée par Kervevan.  roman d’expression française
    1 ère  parution : 1997
    Ceci est l’histoire de Jon Semper , l’ancêtre de Yeuse. Né en Europe du Nord, dans une station glaciaire perdue aux confins, il parvint à échapper à ses effrayantes conditions de vie en s’engageant dans l’église des Croisés, fondée par Bruni, ancienne connaissance de Sadon, et possesseur d’un réseau ferroviaire. Grâce à son courage et à sa dissimulation, il devint Maître-Croisé, envoyé au front contre la Ralway-Union ou RU. Les Croisés auront aussi à affronter les Néos - Catholiques de l’église grégorienne ou Néos qui s’apprêtent à élire un nouveau pape sous le nom de Jean-Paul XXVII.
    Devant la menace représentée par la caste des Aiguilleurs RU, John s’enfuit de Bruni-Station en compagnie de chasseurs libres que les Aiguilleurs souhaiteraient  voir disparaître. Avec lui se trouvent aussi des Néos, et notamment le futur pape, de son ancien nom de Géronimus. Ils comptent se rendre à Varsovie, siège de l’église grégorienne où se tiendra le conclave. John surprend un terrifiant secret : l’identité du futur pape repose sur une imposture. Il est le fruit d’une union incestueuse. Pour venger la mort de son ami Louisane qui lui a fait découvrir ce secret, John dynamite la nouvelle Varsovie, anéantissant ses appareils de chauffage,  puis se perd au-delà de la banquise atlantique pour s’engager dans la compagnie Panaméricaine.
    Vol.03: le sang du monde, Fleuve Noir éd., 1998, coll. «SF Métal », 1 vol. broché, in-12ème , 221 pp. couverture illustrée par Jean Yves Kervevan.  roman d’expression française
    1 ère  parution : 1998
    Rugika, archéologue glaciaire qui travaille à Cross Station (anciennement Mâcon) est convoqué par l’Aiguilleur de première classe Omalet pour une mission spéciale. Il sera envoyé avec Unio Kant, glaciologue spécialisé, en priorité absolue, à la base Robin, en région de Carinthie, formant frontière avec la Muslim Compagnie. Du côté de la Transeuropéenne, l’on vient de découvrir dans un puits glaciaire de cette région, un liquide qui teinte en rouge la glace sous-jacente, un liquide qui ne gèle pas même à moins soixante degrés.
    Analyse faite, il semblerait que ce fût du sang, mais un sang très spécial. Un tel fluide serait précieux pour les militaires mais sa source se trouve en territoire musulman, au-delà de la frontière. Aux deux hommes de découvrir l’origine du phénomène. Bien que les rapports entre les deux compagnies soient bons, leur mission se fera sous le couvert d’une exploitation commerciale et pour éviter toute tentative de trahison, la famille de Kant sera gardée en otage.
    Le site difficile d’accès est défendu par un Seigneur de la guerre, suspicieux et dangereux, appelé Fouadjin. Non seulement il fait surveiller leurs travaux par le commandant Karvecick mais encore il leur adjoint une jeune femme, passionnée et compétente, Tara Povla, espionne de la Muslim. Rugika gagne la confiance des ressortissants en découvrant d’abord un ancien site industriel de traitement d’acier qu’ils pourront exploiter. Rugika sait aussi qu’en dessous d’une dizaine de mètres de glace, dans une poche d’air, se trouve la source du sang spécial.
    Alors que Kant, blessé dans le travail, trahit son ami auprès des autorités, Rugika et Tara, tombée amoureuse du jeune homme, explorent la poche où se décomposent, dans ces conditions spéciales, plus de vint mille Hommes Roux ou Hommes du Froid, tués lors d’un engagement avec les Muslims qui ont enseveli les cadavres dans ce trou glaciaire. Il leur faut mettre les autorités de la Transeuropéenne au courant en apportant des échantillons de sang pour analyse. Pour y parvenir, ils doivent emprunter un dangereux cheminement sous-glaciaire, de grottes de glace en poches d’air, pour resurgir du bon côté de la frontière, la voie normale leur étant interdite par Fouadjin et son armée.
    Avec Tara, décidée à fuir une région où la femme est opprimée, Rugika tombe sur un clan d’Hommes Roux vivants, rescapés du massacre et réfugiés dans un cirque glaciaire. Les fugitifs pourront observer à loisir ces hommes extraordinaires et leur appétence pour le sel qu’ils vénèrent au-dessus de tout.
    A leur arrivée, les archéologues seront soupçonnés et interrogés par la sûreté militaire, Unio Kant, libéré lui aussi, ayant fourni une version fausse des faits. Le couple rétablira finalement la vérité en organisant pour les Aiguilleurs une rencontre avec les Hommes Roux tombés dans le piège du sel offert. Omalet et consort, stupéfaits par ces gens qui ne craignent pas le froid, envisagent déjà la manière de s’en servir comme esclaves pour en faire les rouages économiques indispensables (et peu chers) de leur société
    Vol.04: les Prédestinés, Fleuve Noir éd., 1999,coll. «Chroniques glaciaires », 1 vol. broché, in-12 ème , 222 pp. couverture illustrée par Philippe Jozelon.  roman d’expression française
    1 ère  parution : 1999
    Aphélie Bermann, étudiante en français archaïque auprès de Lienty Ragus, connaîtra un destin extraordinaire, en dépit de la puissante caste des Aiguilleurs qui la pourchasse sans arrêt, de crainte qu’elle ne découvre des secrets interdits. En compagnie de Vadsor, son guide et ami lapon, elle se met à la recherche d’Emma Fort, la mère adoptive de Lienty, disparue dans le grand Nord canadien (et qui est sa véritable mère). Après un trajet immense du Groenland à la Baie d’Hudson, elle retrouve Emma, fortement malade car irradiée par le rayonnement nocif d’une base d’atterrissage extraterrestre qu’elle avait voulu visiter.
    Aphélie apprend de la bouche d’Emma que des colons nommés les «Ragus», d’origine terrestre et originaires d’avant la Grande Panique, en provenance d’Ophiuchus IV,  avaient décidé d’aider leurs frères terriens. En établissant des liaisons régulières entre eux et la terre de la glaciation, ils comptaient débarrasser le ciel des poussières nocives empêchant les rayons solaires d’accéder à la surface du sol. C’était sans compter sur la volonté hégémonique de la caste des Aiguilleurs  qui, devant le danger représenté par les Ragus, se sont évertués à les annihiler presque totalement. Les survivants, quoique technologiquement supérieurs, se cachèrent pour vivre près du cercle polaire, mais leurs jours seront comptés quand les Compagnies s’étendront .
    Emma, qui est une Ragu, révèle à Aphélie son destin qui sera , dans sa descendance d’avec Lienty , la mise au monde d’un Ragu porteur d’un gène d’éveil et qui représentera un grand espoir pour le monde. Il s’agira de Lien Rag, le glaciologue. Quant aux Hommes Roux, ils furent la seconde tentative des Ragus d’acclimater l’homme à son environnement. L’expérience est cependant hors de leur contrôle alors que des myriades de clones d’Hommes Roux, stockés quelque part dans l’espace, continuent de se déverser sur la terre.
    Vol.05 : les survivants crépusculaires, Fleuve Noir éd., 1999, coll. « Chroniques glaciaires  05 », 1 vol. broché, in-12 ème , 222 pp. couverture illustrée par Philippe Jozelon. roman d’expression française
    1ère  parution : 1999
    L’Europe, quelques années après l’explosion de la Lune. La glaciation universelle se met en place. Des langues glaciaires, en provenance d’Europe du Nord, poussent des moraines d’artefacts humains vers le Sud. Le jour est crépusculaire. Le ciel croûteux cache les étoiles. C’est dans cet univers de fin du monde que trois personnages, Sydney, le reporter, Astrid la maman et Garry, son adolescent de fils, apprennent qu’il n’existe qu’une seule issue possible pour échapper à l’enfer : celle de s’envoler avec l’astronaute John Berman et sa fusée Terra en orbite autour de la terre, vers Ophiucus IV. En ce but, ils doivent atteindre la base de Peary Point située près de la mer de Barents d’où partent les navettes.
    Odyssée pleine de dangers. La barbarie et la violence règnent partout, ce qui affecte différemment nos personnages. Sydney, tiraillé entre l’ancien et le nouvel ordre des choses ne sait lequel choisir. Astrid se cantonne dans sa rigueur morale et humaniste : elle opte pour l’ancien. Quant à Garry, violé dès son adolescence, il devient une machine à tuer. Avec leur voiture roulant à l’hydrogène produit par électrolyse de l’eau, ils croisent de temps en temps la piste du pape Grégoire XVII qui lui aussi désire se mettre à l’abri.
    Le trajet est long, horriblement pénible dans ces conditions extrêmes. Ils n’atteindront jamais leur but. Garry mourra dans l’explosion d’une citerne d’hydrogène liquide, Sydney et Astrid essaieront de retourner vers le Sud, tandis que les Inuits, heureux de se voir confier tant d’espace glacé, revivent sur une terre de liberté. Le nouvel équilibre se met en place, d’où sortiront les Compagnies.
    Vol.06 : Sidéral Léviathan, Fleuve Noir éd., 1999, coll. « Chroniques glaciaires » N° 06, 1 vol. broché, in-12 ème , 222 pp. couverture illustrée par Philippe Jozelon. roman d’expression française
    1 ère  parution : 1999
    Non cataclysmique : les colons d’Ophiuchus IV explorent l’intérieur d’une immense bête extraterrestre de quarante kilomètres de long, le bulb, tombée sur leur planète.
    Vol.07 : l’œil parasite, Fleuve Noir éd., 1999, coll. « Chroniques glaciaires » N° 07, 1 vol. broché, in-12 ème , 220 pp. couverture illustrée par Philippe Jozelon. roman d’expression française
    1ère  parution : 1999
    Non cataclysmique, appartient au thème des arches stellaires: les colons ayant capturé un bulb vivant, soumettent le parasite qui le domine pour que la planète animée puisse leur servir d’habitat pendant leur voyage de retour vers la terre.
    Vol.08: Planète nomade , Fleuve Noir éd., 2000, coll. « Chroniques glaciaires N° 08 », 1 vol. broché, in-12 ème , 222 pp. couverture illustrée par Philippe Jozelon roman d’expression française
    1 ère  parution : 1999
    Non cataclysmique, appartient au thème des arches stellaires: confronté à la durée du voyage, des clans luttent pour le pouvoir.
    Vol.09: Roark , Fleuve Noir éd., 2000, coll. « Chroniques glaciaires N° 9 », 1 vol. broché, in-12 ème , 222 pp. couverture illustrée par Philippe Jozelon. roman d’expression française
    1ère  parution : 2000
    Non cataclysmique, appartient au thème des arches stellaires. Le Roark, un genre de gavial de l’espace de dix kilomètres de long, l’ennemi traditionnel du bulb menace celui-ci, déclenchant l’hystérie à bord du vaisseau vivant. Mais la Terre est proche...
    Vol.10: les Baleines Solinas , Fleuve Noir éd., 2000, coll. « Chroniques glaciaires N° 10 », 1 vol. broché, in-12 ème , 221 pp. couverture illustrée par Philippe Jozelon. roman d’expression française
    1 ère  parution : 2000
    Autre épisode non cataclysmique mais sur fond de décor glaciaire, expliquant l’origine des hommes-Jonas. Trois baleines intelligentes libérées in extremis de leur condition de prisonnières,  entrent en empathie avec leurs sauveurs et leur proposent de leur fournir un abri permanent en leur vaste corps.
    Vol.11: la Légende des Hommes-Jonas, Fleuve Noir éd., 2000, coll. « Chroniques glaciaires N° 09», 1 vol. broché, in-12 ème , 221 pp. couverture illustrée par Philippe Jozelon. roman d’expression française
    1ère  parution : 2000
    Non cataclysmique: les enfants du vétérinaire Reyes , habitant à demeure dans les Baleines-Solinas ont à nouveau à se frotter à leur pire ennemi, le juge Mankiewitz,qui veut les éliminer à l’aide d’orques dressés pour tuer. Le projet échoue permettant l’émergence d’une nouvelle race d’hommes, les Hommes- Jonas.

  10. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 1, guerre des sexes, matriarcat Auteur: Elisabeth VONARBURG Parution: 1992
    Relatée par Lisbéï, la chronique de sa vie couvre quatre périodes distinctes en une vaste tranche d’histoire. La première a pour cadre la Garderie de Béthély dans la province de Litale. Lisbéï, toute petite fille est une " mostra" en robe rouge. Sous la surveillance de Tessa et d’Antomé ses gardiennes, elle s’efforce de comprendre la tapisserie du dieu Elli :
    «D’ailleurs, comment les humaines faisaient leurs enfantes, avec la seringue, c’était une des premières leçons qu’apprenaient les dotta après avoir reçu leurs tatouages. (…)  Mais la Mère ne faisait pas les choses comme les Rouges ordinaires. La Mère faisait ses enfants " avec le Mâle " - celui de la Tour Ouest exclusivement. (…) La Mère " faisait Elli avec le Mâle " ou " Dansait avec le Mâle ". Cela se passait entre autres lors de la Célébration. La Célébration était " l’action de grâce que nous adressons toutes ensemble à Elli, la nuit du solstice d’été».
    Elle apprend aussi l’histoire du pays des Mères. 584 années après le réchauffement climatique qui a apporté des bouleversements indescriptibles pour l’humanité sur tous les plans. Les sociétés féminines se sont constituées en Familles et Lignées, non sans convulsions.
    Géographiquement, le Sahara s’est transformé en une mer intérieure, séparant l’Afrique des Provinces. Le climat en est encore bouleversé. Les Mauterres où vivent les "Abominations ", deviennent un lieu de bannissement pour  les Rebelles ou un lieu de fouille pour les Archéologues - Exploratrices. Le déclin du pouvoir mâle a été progressif et s’est maintenu durant toute la période des Harems :
    «Des pages qui se suivaient à peu près, il n’y en avait que trois groupes. D’abord une dizaine de feuillets discontinus mais appartenant sûrement au même chapitre, décrivaient les Grandes Marées du Déclin et traitaient de climatologie.. Huit autres résumaient (en pointillé, à cause des pages manquantes) les grandes lignes de la théorie de l’évolution. Et une trentaine enfin, presque sans interruption, avaient fait partie d’un chapitre sur la génétique.  Elles essayaient d’expliquer comment et pourquoi il naissait moins d’hommes que de femmes : il devait normalement en naître autant mais des mutations venaient parfois brouiller le jeu. A une période indéfinie mais précédant sans doute le Déclin proprement dit, elles avaient affecté le chromosome déterminant le sexe : l’équilibre aléatoire entre naissances mâles et femelles avait été rompu. D’Elli et de la punition des mâles pour avoir transgressé l’ordre naturel du monde, il n’était nullement question. "
    Jusqu’à ce que le pouvoir des femmes ait aboli l’ancienne société, instaurant la période des Ruches. Grâce à Gagne, la Sainte, les Ruches à leur tour font place aux Captes et aux Familles. Seules, aujourd’hui, les Juddites sont devenues les gardiennes de la Sainte Foi :
    «Tula voulait dire " les Juddites de maintenant ". Elles ne seraient pas du tout contentes d’apprendre que les Juddites d’autrefois s’étaient battues contre Garde. Que des Juddites devaient avoir menti sur la tradition, falsifié aussi bien l’histoire que la légende…Le statut des Juddites de maintenant, toutes confites dans leur fidélité stricte à la Parole, inimitables gardiennes des traditions, n’en sortirait certainement pas sans dommage.»
    Les hommes, devenus rarissimes, constituent des exceptions dans le tissu social des Familles. Aujourd’hui toutes les Captes ont signé la Charte et quelque soit la Province, l’Escarra, la Breitany ou la Baltika, elles appartiennent toutes à la même Lignée. Lisbéï est la fille de Selva, Capte de Béthély, destinée à succéder à sa mère. Pour cela elle est durement éduquée par Antomé, la gardienne bleue, médecin de surcroît. Lorsqu’un être cher meurt,  elle ne comprend pas encore bien le rituel funéraire de la " Dolore ".
    Elle s’applique aux leçons de Taïtche qui serviront à son self-control. Elle s’entraîne surtout à développer son empathie envers les êtres et les choses, ce qui lui sera très utile en cette société liée. Et aussi, elle surveille avec angoisse l’arrivée de ses premières règles, signe qu’elle entre dans la catégorie des " dotta " ou préadolescentes avec tous les dangers qui s’y rapportent.  Car un fléau impitoyable s’abat sur les jeunes, une sorte d’atteinte virale, appelée « la Maladie ». Soit elles résistent, soit elles meurent. Lisbéï en réchappe mais devient stérile : elle ne pourra être Capte, laquelle doit obligatoirement pouvoir enfanter. Toujours très proche de Tula sa sœur qui sera condamnée à prendre sa place, elle suit avec horreur et sans le comprendre,  l’accouplement rituel de Selva avec un mâle lors de la Nuit de la Célébration. Définitivement, elle se tourne vers l’archéologie, science qui la passionne.
    La deuxième période va de janvier à novembre 487. Lisbéï a trouvé sa voie professionnelle. En effectuant des fouilles sur le terrain, elle met à jour un réseau souterrain de galeries aboutissant à un cachot contenant des squelettes et un petit carnet. Elle vient de mettre à jour la prison où mourut Halde, la compagne de Sainte Garde. Lisbéï entreprend la traduction du carnet écrit en ancien Frangleï qui la conforte dans son intuition. Cette découverte de première grandeur pourrait déstabiliser l’ensemble de la Société des Mères en jetant une lumière crue sur des réalités que le mythe a fini par occulter : Halde aurait-elle été une mutante, l’une de ces Abominations qui hantent les Mauterres ?
    La réaction du cénacle des Juddites, gardiennes de la loi, ne se fait pas attendre.  Elles s’opposent à Lisbéï qui demande la réunion des Assemblées, persuadée que lors de cette séance publique présidée par Selva, la vérité ne manquera pas d’éclater. A sa grande surprise, elle se voit désavouée pour des raisons de " realpolitik ". Antomé seule abonde en son sens en réclamant la " Décision ", c’est-à-dire une longue enquête approfondie dans laquelle elle devra s’investir totalement durant trois années complètes. Lisbéï décide de changer de lieu et part pour Wardenberg, la province du nord :
    «Elli pleuvait. Pas un beau grand orage, juste une petite pluie fine, insidieuse. Lisbéï se rappelera toujours cet interminable voyage sur la mer plate et grise qui sépare la Brétanye de la Baltike et de Wardenberg. A peine une mer, guère plus de cinquante mètres de profondeur, moins par endroits ; par temps calme, on peut voir les terres englouties, avec leurs ruines. L’angoisse avait monté avec deux jours sans vent, le bateau avançait si lentement dans le halètement de la vapeur, cette immensité vide tout autour, l’horizontalité morne et plombée de l’eau, le couvercle étouffant du ciel à peine plus clair… "
    Wardenberg est un choc pour Lisbéï. Tout y tellement différent de Béthély ! Aussi bien l’économie de cette province grise et triste que les relations personnelles qu’elle tisse avec une nouvelle Famille.
    Ses amies, Carmelle de Raduze, Fraize, Edwina seront, elles,  fascinées par Lisbéï qu’elles reconnaissent pour une grande historienne. Au petit groupe s’ajoute Douglass, un jeune homme secret et mystérieux, sensible et dévoué, être étrange aux yeux des autres jeunes femmes. Durant cette période, racontée à  travers les lettres envoyées à Tula, Lisbéï nous fait part de ses réactions, de son désarroi. Elle s’est inscrite à la Schole pour y continuer ses recherches d’historienne. Puis, à la Printane, elle s’engage dans une patrouille de surveillance des frontières des Mauterres. Elle y connaîtra l’expérience de la force physique en se faisant respecter de Gerda une coéquipière qui l’avait prise en grippe.
    De retour à Wardenberg, elle a le plaisir d’écouter une conférence de Kélys sur le thème : Halde avait-elle vécu dans les Mauterres ? Arrive la fête de la Célébration. Secouant son dégoût, Lisbéï décide d’y participer :
    " C’est à ce moment-là qu’elles les tuaient, les mâles devenus stériles, à ce moment où la chaleur de la drogue explose et roule dans le corps, bute contre la peau, se libère enfin en un cri joyeux, cruel, immémorial. Les cris montent au hasard dans la foule, la drogue ne fait pas effet chez toutes au même instant et lorsqu’ils criaient aussi, les mâles inutiles, dans l’extase de leur Déesse, les prêtresses des Ruches leur tranchaient la gorge. Mais maintenant, tandis que les cris deviennent plus nombreux, plus aigus, ce n’est pas le sang qui répond à l’appel, éclaboussant les fleurs de la plate-forme, mais deux silhouettes nues et luisantes. Lisbéï sent la chaleur se nouer en elle., se replier sur elle-même, se dévorer au lieu de s’épanouir en cri, elle gémit tout bas," Tula ", et elle se mord les lèvres, le goût fade de son sang passe dans sa bouche tandis que Tula et leMâle, loin, loin à Béthély, ondulent l’un vers l’autre dans la première figure de l’Appariade. "
    Angoissée par ce rite dont elle ignore tout sauf qu’il est d’ordre sexuel, l’esprit embrumé par la drogue indispensable aux désinhibitions – l’Agavite- elle fait la rencontre impressionnante de Toller, un homme de la maison de Guiséia. Elle apprend de lui que les Familles sont toutes issues d’une même lignée génétique et qu’une expérimentation est en cours, à travers lui-même et Kélys qui doit redonner un nouvel équilibre hommes/femmes à la Société des Mères. C’est là tout le sens de l’Appariade dans le rite de la Célébration.
    Suite à cela, Lisbéï est adopté par la Famille des Guiséia où se poursuivent d’autres recherches dans le but d’éradiquer la Maladie qui tue de nombreuses jeunes enfantes impubères. En épluchant les Contes, dits héroïques de l’Ancien Temps, Lisbéï arrive à la conclusion qu’ils traduisent une vérité fondamentale. S’appuyant sur la traduction, Lisbéï est incitée à explorer un nouveau lieu archéologique, le tertre de Belmont qui lui semble prometteur. Le travail de déblaiement sera effectué par des hommes, ce qui représente une autre expérience particulièrement intense.
    C’est là que Douglass met fin à ses jours, se sentant incompris, secrètement amoureux de Lisbéï, alors qu’il n’y a aucun espoir que cet amour puisse se réaliser un jour. Durant la Dolore, chacune évoque le défunt dans ce qu’il lui a apporté de meilleur.
    L’exploration du tertre se poursuit et révèle un trésor, une quantité énorme d’artefacts. C’est la reconnaissance glorieuse du travail de Lisbéï et de la véracité des Contes.
    La quatrième période, la plus courte,  réunit l’Assemblée des Mères à Entraygues pour y décider de la destination des artefacts. Après une discussion serrée où chaque Famille prétendait tirer la couverture à soi, l’on a établi que le résultat des fouilles de Belmont irait dans un musée spécial, consacré au culte de Garde.
    Avec l’arrivée de Tula, vieillie, mûrie, à présent Capte de Béthély et Mère de la Capterie, Lisbéï comprend ce que leurs relations ont d’irréductible, chacune devant assumer une mission bien précise. La sienne propre sera de retourner dans les Mauterres avec Kélys pour se réapproprier un passé si lointain et si obsédant.
    Chroniques du Pays des Mères est une œuvre post-cataclysmique majeure, d’une grande densité et richesse humaines. Eclairant cette nouvelle société strictement féminine qui s’est mise en place après la disparition des hommes, la romancière lui confère une vie intense en la décrivant sous tous ses aspects, cultuels, ethnologique, anthropologique, tribal, etc.
    Par cela elle parvient à convaincre le lecteur de la vérité de cette société aussi étrange et lointaine que si elle habitait sur une autre planète. Si différente de la nôtre et pourtant si cohérente, car reposant sur des prémisses scientifiquement étayées, le principe de vraisemblance s’incarnant d’autant plus dans le concret par le choix que fait l’auteur de la technique du roman  épistolaire, cher au XVIIIème siècle. Nous sommes en présence d’un chef-d’œuvre du genre en particulier et de la littérature en général.