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Bienvenue dans la Base de Données des livres !

Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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Livres

  1. Type: livre Thème: guerres futures 2 Auteur: Paul MORAND Parution: 1916
    Un diplomate sud-américain tient le journal hebdomadaire des événements survenus en juin 1916, soit l’invasion de l’Angleterre par les Allemands.  Les premières bombes tombent sur Londres, le Sussex et le Kent sont occupés. Toute la nomenklatura fuit par le dernier train vers la station thermale de Bath où elle espère poursuivre une vie agréable, frivole et excentrique. Les mœurs anglaises restent ce qu’elles ont toujours été, incarnées par ces Anglaises qui ont «des robes grossières faites avec le satin des boîtes de dragées ».
    L’on s’inquiète surtout de l’absence de caviar, l’on s’extasie au sujet de la beauté des édifices, l’on s’occupe de pêcher  car « ce qui rend difficile la collaboration des Etats-majors  français et anglais c’est que les officiers français passent parfois plusieurs jours sans se raser.»
    Déjà les Allemands, en connaisseurs, s’intéressent au tunnel sous la Manche et au soubassement saxon de la cathédrale de Canterbury pendant que la pendaison en public de Sir Mark, un traître irlandais, donne lieu à des festivités publiques. Il y a si peu de distractions à Bath !
    Une nouvelle aiguisée comme un scalpel, une ironie au vitriol, une critique des mœurs anglaises sur fond de guerre future.

  2. Type: livre Thème: la cité foudroyée, guerres futures 2 Auteur: J. BERNARD-WALKER Parution: 1916
    A la conférence de paix de Genève, l’Allemagne est sommée de désarmer et de payer en guise de dommages de guerre, 75 milliards de marks-or. Elle feint d’accepter, mais refuse le démantèlement de sa flotte. Le kaiser envisage une nouvelle possibilité : celle de faire payer les Etats-Unis à la place de l’Allemagne. Le plan, mis au point de longue date, se déroule avec une précision toute germanique. D’abord, une partie de la flotte se dirigera vers les grands ports maritimes des USA, dont notamment New York et Boston. Pendant que des escadrons de cyclistes, débarqués clandestinement (ce que nous appellerions aujourd’hui des « forces commandos ») s’assureront des centres de communication, les villes seront bombardées sauf si elles capitulent en acceptant de verser un premier acompte sur les milliards à venir. New York, prise sous le feu des cuirassés appuyés par des sous-marins et des aéroplanes,  essaye  de tergiverser. Mal lui en prend. Elle sera bombardée sans pitié et de façon systématique :
    « En quelques minutes, l’affluence des fuyards était devenue si énorme que tout trafic avait dû cesser. Et puis, à mesure que se multipliaient les bombes lancées par le navire amiral, des blocs immenses de maçonnerie étaient venus s’abattre sur cette cohue affolée, blessant et tuant les malheureux par centaines, sur le lieu même où ils se tenaient. Mais d’autant plus les survivants s’efforçaient d’avancer ; et sous la pression fatale des plus forts les faibles tombaient : femmes et enfants étaient foulés aux pieds, tandis que d’autres infortunés périssaient debout, faute d’air respirable ; et, là encore, des centaines de victimes mouraient à la fois.»
    Les gratte-ciels, la mairie, les centres de communication volent en éclats. A Boston, la mise au pas est moins rapide mais tout aussi complète. L’arrivée des cyclistes allemands n’est pas passée inaperçue et a permis aux notables de fuir la ville. Pourtant, ici comme ailleurs, la ville est soumise à un chantage : ou elle paye une partie des indemnités allemandes ou elle sera réduite en miettes. En un deuxième temps, aura lieu la bataille navale des Antilles qui décidera du sort de la guerre. Par un subterfuge tactique, les Allemands donnent à penser que la totalité de leur flotte est engagée dans le combat, bloquant ainsi les gros navires de défense américains. L’arrivée opportune des renforts allemands, cachés jusque-là derrière la pointe de Guantanamo, réduira à néant les espoirs américains :
    « Bientôt, en effet, un ouragan de fer et de feu balayait la tête de la ligne américaine. D’après un plan arrêté d’avance, tout l’effort des navires ennemis s’adressait, en premier lieu, à l’Oklahoma. Jamais encore pareille averse d’obus ne s’était abattue sur le pont d’un navire. Durant les quelques brèves minutes qui précédèrent la perte définitive de l’Oklahoma, celui-ci avait littéralement cessé de ressembler à un navire de guerre. Et sans arrêt, les Allemands s’acharnaient à le détruire, en riant de sa triste agonie ! »
    Cette situation de faiblesse est essentiellement due, selon l’auteur, à l’inaction scélérate du Sénat américain qui a non seulement éparpillée les forces militaires du pays dans toutes les directions mais encore bloqué les crédits nécessaires à la création d’une armée moderne et efficace :
    « L’action décisive, d’après ce plan allemand, aurait à être livrée entre les deux escadres de cuirassés ; et dans une telle action notre escadre, à nous, trouverait en face de soi une force deux fois supérieure . Ah ! si le Congrès, toutes ces années passées, n’avait pas obstinément refusé d’écouter les avertissements de notre conseil de la marine, et s’il avait voulu, comme nous le lui demandions, voter la création d’une escadre capable de défendre nos côtes, alors seulement nous aurions été prêts, aujourd’hui  à affronter la lutte avec des armes égales ! »
    La troisième phase consistera à parachever la victoire allemande en s’emparant des centres industriels pour couper l’Amérique de ses ressources, potentiellement énormes. Précédée par les cyclistes,  une armée de 100000 fantassins sera déployée sur le sol des Etats-Unis, pénétrant largement au cœur du pays, jusqu’à Washington :
    « A l’exception des mitrailleuses, dont chacune était emmenée sur deux tandems, tout l’ensemble de ce corps se trouvait disposé suivant l’ordre de marche le plus léger possible, chaque homme n’emportant avec soi que la ration de deux jours de vivres ainsi qu’un certain supplément de munitions. Dès que la troupe entière avait fini de débarquer, on avait allumé les lanternes des bicyclettes, et l’on était parti en silence, dans la nuit. »
    Le gouvernement, retiré à Pittsburgh, où de lourdes batailles opposent les deux protagonistes, cèdera en fin de compte : il versera les indemnités demandées car c’est à cette seule condition que les Germains libéreront le territoire des Etats-Unis.
    La « Vengeance du Kaiser » est une guerre future «d’invasion » dans la droite ligne tracée par « la bataille de Dorking ». Pour irréaliste qu’elle apparaît, le message que délivre le récit est clair : halte aux incuries des politiques, qu’ils cèdent la place aux militaires éclairés !

  3. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 2 Auteur: Edgar Rice BURROUGHS Parution: 1916
    A bord du vaisseau le « Coldwater », le jeune amiral Turck patrouille entre le 30 ème  degré de latitude ouest et le 175 ème . Ces deux chiffres forment la limite absolue qu’il lui est interdit de franchir car depuis longtemps la fédération Pan-Amerika, à laquelle il appartient, a perdu tout contact avec l’Europe. Par suite de différentes guerres, les régions interdites ont sombré dans le chaos et depuis deux cents ans la fédération – d’un haut niveau technologique- les a laissées à l’écart.  Un orage terrible ajouté à un sabotage des écrans-moteur obligent Turck à braver l’interdit. Il se retrouve naufragé avec son vaisseau et ses hommes en pleine terra incognita (soit près de l’Angleterre).
    Alors qu’il s’était isolé du vaisseau avec trois de ses hommes, il le voit passer au loin. Le véhicule avait été réparé et le saboteur (son deuxième officier) a décidé  d’abandonner son chef  à son triste sort. Les quatre survivants, ne pouvant traverser l’Atlantique sur leur esquif, abordent en territoire hostile. Ils naviguent à travers l’ancienne baie de Plymouth puis prennent la direction de l’ancienne Londres :
    « Nous avions accosté, et je me tenais à présent à l’endroit, où, d’après ma carte, une grande cité aurait dû ériger ses tours et ses cheminées. Il n’y avait rien qu’un sol rude et craquelé recouvert d’une épaisse couche de mauvaises herbes, de ronces et de hautes tiges exubérantes. »
    Leur traversée est mouvementée et dangereuse à cause des nombreux lions et tigres qui pullulent dans la région. Dans l’île de Wight, ils font connaissance avec des sauvages qui disent appartenir au « Camp Est », en guerre contre ceux du « Camp Ouest », ignorant tout des événements historiques qui les avaient menés à cette situation.
    Vers Londres, nos survivants tombent à nouveau, lors d’une dramatique expédition de chasse à l’antilope, sur un groupe de barbares traînant avec eux une jeune fille, Victory, qu’ils délivrent. D’après ses dires, il apparaîtrait que des anciens Anglais auraient déserté leur pays d’origine pour se diriger vers le continent. Hormis quelques tribus primitives, l’Angleterre serait donc vide d’habitants. Victory elle-même est promise à un être brutal, Buckingham.
    Turck la libère de cet odieux personnage,  mais obligé de prendre la fuite,  le couple aboutit dans les ruines de Londres, surnommées « le Camp des Lions ». Ils seront poursuivis par ces fauves jusque dans l’ancien palais du Parlement anglais :
    « Des tapisseries splendides, à présent moisies et pourrissantes, pendaient aux murs. Il y avait aussi des peintures murales, représentant de grands événements historiques du passé. Pour la première fois, Victory vit l’image d’un cheval et elle fut fort émue par une gigantesque peinture à l’huile représentant une charge de l’ancienne cavalerie contre une batterie d’artillerie.
    D’autres scènes dépeignaient des vaisseaux à vapeur, des navires de guerre, des sous-marins et des trains aux allures surannées. »
    Au prix de grands efforts, en s’enfuyant à la nage dans la Tamise, ils retrouvent leurs compagnons. Ensemble, ils  se dirigent d’abord vers Ostende, puis vers Cologne, sur le Rhin supérieur :
    « A Cologne, j’avais espéré trouver quelques indications rassurantes, mais il n’y avait plus de Cologne. Et comme il n’y avait nulle autre cité le long du fleuve jusqu’à ce point, la dévastation était infiniment plus grande que ce qu’aurait pu causer le temps seul. Des armes lourdes, des bombes et des mines avaient dû raser tous les édifices que l’homme avait élevés, puis la nature, sans frein, avait recouvert de son beau manteau de verdure l’affreux témoignage de la dépravation humaine. »
    Là, Snider, l’un des survivants,  disparaît en enlevant Victory,  au grand dam de Turck. La liberté du petit groupe sera de courte durée : ils seront capturés par les éléments d’une armée moderne, des soldats de Ménélik, un empereur éthiopien, conquérant moderne de la barbare Europe. Dans la condition d’esclave, Turck suivra au front son maître, le colonel Mélik,  un fin lettré, qui le fera jouir d’une relative liberté. Les Ethiopiens ne sont pas les seuls envahisseurs. Ils se battent contre les Jaunes, eux aussi supérieurement armés,  et décidés à conquérir le territoire européen :
    « Les hommes jaunes de l’Est et du Nord contestent à présent nos droits ici, dit le colonel. Mais nous vaincrons… nous conquerrons le monde, apportant le Christianisme à tous les païens ignorants d’Europe, et d’Asie aussi. – Vous êtes un peuple chrétien ? demandai-je. Il me regarda, surpris, hochant affirmativement la tête. –Je suis chrétien, dis-je. Mon peuple est le plus puissant de la terre. Il sourit et hocha la tête avec indulgence, tel un père à un enfant qui oppose ses jugements puérils à ceux de ses aînés . »
    Turck retrouve, lors d’une fête, Victory prisonnière,  en passe de devenir la favorite du tyran noir. Ensemble, ils assassinent Ménélik pour s’enfuir au moment où la ville-frontière est bombardée par les Jaunes. Ils tomberont de suite entre les mains de l’Empereur jaune qu’ils devront suivre jusque sur le site de l’ancienne Moscou. L’Empereur, qui fédère le Japon, la Chine, les Philippines, la Russie et la Corée est bien plus ouvert que Ménélik . Son ambition étant de nouer des rapports étroits avec la confédération pan-américaine, Turck et Victory lui serviront d’envoyés plénipotentiaires. Rétabli dans ses droits, marié à Victory, lors de sa réhabilitation, Turck verra avec satisfaction la condamnation de celui qui l’avait trahi et abandonné.
    Un récit d’aventure qui distille l’idéologie d’une Amérique isolationniste, frileuse et pacifiste, dans le cadre d’une Europe redevenue barbare par la faute de ses habitants. C’est donc en toute logique que les Américains s’entendent avec d’autres peuples pour continuer à répandre les bienfaits de la civilisation. Cet ouvrage pourra être comparé avec profit à celui de Léon de Tinseau (le Duc Rollon) et à celui de Morgin et De Kean (le Continent maudit) dont les hypothèses de base sont très différentes.


  4. Type: livre Thème: guerres futures 1, menaces idéologiques Auteur: Maurice LAUZEL Parution: 1915
    Ce manuscrit fictif de la domination du monde par les Prussiens a été communiqué à l’auteur via la Suisse. Il y est fait état de l’ambition dévorante du kaiser, partagée par ses contemporains appartenant tous à la race élue. Par le biais d’une logique perverse, le manuscrit stipule que cette ambition est fondée,  car basée sur le « rétrécissement » de la terre, liée à la vélocité des transports, sur « l’excellence » du machinisme allemand, le meilleur du monde, sur la vertu naturelle des races germaniques vouées au commandement.
    Confortés par l’existence des « Etats nuls » et  d’une certitude pour les Germains de s’entendre avec « les Grosses puissances » (Russie), il leur faut impérativement entreprendre une « guerre utile » contre les « grandes puissances », soit la France et l’Angleterre. La France, qui souffre d’un défaut rédhibitoire de « sentimentalisme » et de « droiture » sera prise en tenailles par deux vagues d’invasion, l’une au nord, à travers la Belgique, que l’on violera, l’autre à l’Est, par-delà le Rhin :
    « Voyons le cas de la France. Elle n’est dépourvue ni de ressources financières ni de qualités guerrières. Mais sa puissance militaire n’est de premier ordre ni par le nombre des combattants, ni par l’armement, ni par la discipline. Elle ne peut mettre en ligne que deux soldats contre trois Allemands ; elle n’a aucune idée de la fortification moderne, ni de l’artillerie lourde en parc léger, ni de l’emploi des mitrailleuses. Elle est rongée par l’alcoolisme, la tuberculose et la débauche. Enfin, ses socialistes, ou plutôt ses anarchistes, ne répondront pas à l‘ordre de mobilisation.»
    Une fois solidement implantée chez sa voisine, la Germanie écrasera la flotte anglaise sous des tonnes de bombes larguées à partir de ses merveilleux et énormes dirigeables. L’invasion de la Grande-Bretagne par voie de terre constituant l’étape suivante, ressemblera à une promenade de santé. La réunion de tous ces pays devenus protectorats allemands , fleurons d’un nouvel Empire germanique, aura insufflé assez de force  au Kaiser pour qu’il brigue désormais le titre « d’Empereur Universel » en s’attaquant à la domination du monde.
    L’Afrique ne posera guère de problèmes. Des troupes allemandes, stationnées au Maghreb, transportées vers le Sénégal par voie transsaharienne,  partiront à la conquête de cet immense continent avec un moral d’acier, celui de leurs canons :
    « Quant aux soldats, les uns seront des volontaires, les autres, recrutés de force, proviendront des criminels. Etant donné que l’action militaire emprunte les moyens les plus violents, il est naturel de la confier aux amateurs-nés de violence. (…) Qu’une population se sente terrorisée à fond : elle se tiendra tranquille. Tuer des femmes, des vieillards et d’innocents enfants ne constitue pas une besogne tout ce qu’il y a de plus « gemütlich », et il faut un cœur bien trempé dans la poitrine de celui qui l’exécute. C’est pourquoi une armée qui a recruté une forte portion de criminels-nés, voleurs ou assassins, sera plus encline au meurtre et au pillage, à toutes les « atrocités » qui abrègent la guerre. (…) . Je mets en fait qu’aucune nation ne pourrait subir sans plier aussitôt, une invasion dont les avants-gardes contiendraient une bonne proportion de nos bons gibiers de potence germaniques. »
    La prise du canal de Panama sera la clé de la réussite en Amérique du Sud et aux Antilles. Enfin, l’énorme masse des immigrants allemands aux Etats-Unis fournira plus d’un million d’hommes, des guerriers wagnériens entraînés secrètement sur le sol américain, dont les actions convergeront vers la maîtrise des grands centres urbains. Ils mettront la main sur les moyens de communication tout en surveillant les routes et en bloquant les points d’accès stratégiques, en attendant l’arrivée de  leurs camarades de Germanie.
    Alors, l’instauration de l’ordre germanique sur le monde assurera la stabilité universelle, comme le fit en son temps l’empire romain. Par un système de prébendes, des cadres allemands noyauteront toutes les structures. Il suffira donc, pour diriger ces pays, d’un corps réduit et formé d’excellents administrateurs germains qui, avec rigueur et «gemütlichkeit»,  draineront toutes les richesses du monde en instaurant des monopoles sur l’énergie, les minerais, les armes, les vivres, etc. La « race des seigneurs » coulera des jours paisibles dans l’abondance et la sécurité, programme qui devrait même plaire aux socialistes allemands susceptibles, en un premier temps, d’entraver la grande marche en avant :
    « Grâce à ces revenus véritablement titanesques, les sujets de la vieille Allemagne, dispensés de tout impôt, seront pourvus gratis de toutes les assurances sociales : maladie, invalidité, vieillesse. Je ne mentionne pas le manque de travail, car il n’y aura jamais de chômage involontaire pour un Allemand. (…)  Ce travail comportera des agréments : 1° il consistera toujours dans une direction, un commandement; 2° les fonctionnaires germaniques seront richement rétribués sur les fonds produits par l’exploitation générale du globe ; 3° la journée de travail de l’Allemand sera limitée à la durée maxima que demandent nos démocrates-socialistes ; 4° l’année de travail sera coupée par de longues vacances, analogues à celles dont profitent aujourd’hui les membres de l’enseignement : le nombre de fonctionnaires permettra d’assurer par roulement la permanence de la fonction. »
    Ainsi les Allemands, incarnations parfaite du « Surhomme » nietzschéen, pourront-ils s’exclamer d’une même voix : «Übermensch über alles ! » Que leur manquera-t-il encore ? Peut-être de naître avec un casque à pointes…

  5. Type: livre Thème: épidémies, menaces idéologiques Auteur: Jack LONDON Parution: 1915
    Grand’père, en compagnie d’Edwin, un jeune garçon de  douze ans, avance péniblement le long de rails de chemin de fer à demi - ensevelis:
    " Ca et là, un morceau de fer rouillé apparaissait, indiquant que, sous les buissons, rails et traverses subsistaient. On voyait, à un endroit, un arbre surgir qui, en croissant, avait soulevé en l’air tout un rail, qui se montrait à nu. La lourde traverse avait suivi le rail, auquel elle était rivée encore par un écrou. "
    En 2083, ces hommes forment les éléments des dernières tribus  encore en vie en Californie. Seul Grand’père se souvient du temps d’avant le désastre. Lors d’une halte le long de la plage  ils rencontrent Bec-de-Lièvre et Hou-Hou, deux autres jeunes de la Tribu de Santa - Rosa et du Chauffeur, qui déterrent des squelettes:
    " Ce sont, annonça-t-il des victimes de la peste écarlate. Voilà comme on mourait n’importe où. Cela fut sans doute une famille qui fuyait la contagion et qui est tombée ici, sur la grève de Cliff-House. Ils...  ais que fais-tu là , Edwin? Edwin avec la pointe de son couteau de chasse avait commencé à faire sauter les dents de la mâchoire d’un des squelettes. -Seigneur, que fais-tu là? répéta le vieux, tout effaré. -C’est pour fabriquer un collier..., répondit le gamin."
    Les enfants ont fait griller des moules et des crabes, ce dont Grand’Père est friand :
    " Sa maussade humeur se mua instantanément en gaîté. Il renifla, puis avec un ronron de béatitude, il commença à manger. Et, tout en mâchant des gencives, il marmottait un mot qui n’avait aucun sens pour ses auditeurs: - Mayonnaise... Mayonnaise... "
    L’estomac bien rempli, Grand’Père,  alias le professeur de littérature James Howard Smith, raconta aux enfants la terrible histoire de la Peste Ecarlate.Tout avait débuté en 2012, lorsque l’humanité se trouva confrontée à une bactérie impossible à éradiquer, celle de la Peste Ecarlate:
    "Des convulsions accompagnaient d’ordinaire cette première phase de la maladie. Mais elles ne semblaient pas graves et, après leur passage, celui qui les avait surmontées redevenait souvent très calme.  C'était maintenant une sorte d’engourdissement qui l’envahissait. Il montait du pied et du talon, puis gagnait les jambes, les genoux, les cuisses et le ventre, et montait toujours. Au moment même où il atteignait le coeur, c’était la mort. (...)
    Et ce qui était non moins surprenant, c’était, après la mort, la rapidité de la décomposition de la victime. Tandis que vous la regardiez, sa chair semblait se désagréger, se dissoudre en bouillie. Ce fut une des raisons de la rapidité de la contagion. Les milliards de germes du cadavre se retrouvaient en liberté instantanément. "
    Les êtres humains tombaient comme des mouches et, l’épidémie se répandant de manière exponentielle, la vie sociale s’effondra avec son cortège habituel de monstruosités. Tout individu atteint se voyait impitoyablement rejeté. Les violences, les exactions, les meurtres ne se comptaient plus. Des incendies éclataient un peu partout dans les centres urbains. Croyant fuir la Peste en fuyant les villes, les survivants ne firent que prolonger leur agonie:
    " Je sus ainsi que New York et Chicago étaient en plein chaos. Il en était de même dans toutes les grandes villes. Le tiers des policemen de New York avait déjà succombé. Le chef de la police et le maire étaient morts. Tout ordre social, toute loi avait disparu. Les corps restaient étendus dans les rues, là où ils étaient tombés, sans sépulture. Les trains et les navires, qui transportaient coutumièrement, jusqu’aux grandes villes, les vivres et toutes les choses nécessaires à la vie ne fonctionnaient plus, et les populaces affamées pillaient les boutiques et les entrepôts. "
    Smith, dès le début de l’épidémie, se sentit réfractaire à celle-ci. Avec quelques autres personnes, des intellectuels pour la plupart, ils tentèrent en un premier temps de se réfugier au sein des locaux universitaires pour échapper à la violence. Avec les premières atteintes de la Peste au sein de leur groupe, ils décidèrent de s’enfuir à la campagne, non sans difficultés. Le groupe s’amenuisa de plus en plus, laissant derrière lui des cadavres, jusqu’à ce que Smith se retrouve le seul être vivant dans la région. Il continua malgré tout son voyage qui l’emmena à Yosemite Parc, dans un état de désespoir total.
    Au bout de quelques années de vie sauvage et régressive, lassé de sa solitude, il décida de faire le chemin inverse pour observer ce qui avait bien pu rester après l’épidémie. Tout avait changé. La nature redevenait sauvage et recouvrait déjà les derniers vestiges d’une civilisation à jamais abolie:
    " Ce qui advint des animaux domestiques est tout à fait étrange. Ils retournaient à l’état sauvage et s’entre-dévoraient. Les poules, poulets et canards furent les premiers détruits. les cochons, au contraire, s’adaptèrent merveilleusement à leur vie nouvelle, ainsi que les chats et les chiens. Ceux-ci devinrent rapidement un véritable fléau, tellement ils étaient nombreux. Ils dévoraient les cadavres et n’arrêtaient pas d’aboyer et de hurler, la nuit comme le jour. "
    C’est alors qu’il rencontra le Chauffeur, une brute épaisse, ancien ouvrier, et qui prenait sa revanche de classe en contraignant par la force son épouse, la fille du magnat Van Warden, à accomplir tous ses fantasmes:
    " Il me répondit que, dans les temps anciens, il avait été un domestique, de la boue que foulaient aux pieds les hommes comme moi et les femmes comme elle. Maintenant la roue avait tourné. Il possédait la plus belle femme du monde, elle lui préparait sa nourriture et soignait les enfants qu’il lui avait faits. "
    L’accueil fut mitigé et le Chauffeur accorda une confiance dédaigneuse et condescendante à Smith qu’il voyait aussi comme un ennemi de classe. Néanmoins, il lui permit d’épouser de nombreuses années plus tard, sa propre fille, afin que lui également puisse fonder une Tribu.  Malgré toute sa commisération à l’égard de Melle Van Warden, Smith ne put la sauver puisqu’elle mourra assassinée de la main même du Chauffeur. Révolté par ce crime odieux, il s’enfuit avec sa femme pour se réfugier au sein de la Tribu des Santa Rosa.
    Hou-Hou, Bec de lièvre et Edwin représentaient ses petits-fils entièrement tournés vers la primitivité mais déjà prêts, dans leur mentalité, à rebâtir une société basée sur des rapports de pouvoirs et de classe:
    " Moi, dit Edwin doucement, je veux ne jamais oublier ce que grand-père nous a dit de la poudre à fusil. Quand j’aurai trouvé le moyen de la fabriquer, c’est moi qui vous ferai marcher tous. Toi, Bec-de-Lièvre, tu chasseras pour moi et tu me rapporteras ma viande. Et toi, Hou-Hou, quand tu seras docteur, tu enverras le bâton de la mort où je voudrai, et chacun me craindra. Si Bec-de-Lièvre essaye de te défoncer la tête, c’est à moi qu’il aura affaire, et je le tuerai avec ma poudre. Grand-père n’est pas si sot que vous croyez. Je mettrai ses leçons à profit et je vous dominerai tous. "
    Jack London raconte une histoire pessimiste dans laquelle même la revanche sociale que prend enfin la classe ouvrière après le cataclysme purificateur n’effacera pas la sauvagerie intrinsèque de l’être humain.
    La description réaliste des sentiments humains, sans fioritures romantiques ni délayage, fait de cette nouvelle, l’une des premières du genre,  une réussite totale et un modèle qui sera copié maintes et maintes fois par des épigones moins bien inspirés

  6. Type: livre Thème: invasions d’insectes Auteur: Herbert Georges WELLS Parution: 1914
    Le capitaine Guérilleau et l’ingénieur anglais Holroyd  sont chargés d’une mission bien ennuyeuse : on leur a signalé la présence de fourmis susceptibles de chasser toute la population d’un village de brousse. Parcourant sur leur canonnière, le Batimo, affluent du Guaramadena au Brésil, ils devront rendre compte du fait et  prendre les mesures appropriées. La première rencontre avec les insectes a lieu lorsque qu’une barcasse, chargée de cadavres, s’approche de la canonnière. Les fourmis venimeuses ont colonisé le bateau. Le lieutenant Da Cunha monte à bord :
    « Holroyd vit les fourmis battre en retraite devant les bottes de Da Cunha. Le Portugais marcha lentement vers le cadavre tombé, se pencha, hésita, empoigna la veste et retourna l’homme. Un flot noir de fourmis se précipita hors des vêtements.»
    Holroyd reprit la lorgnette. Il aperçut autour des pieds de l’intrus les fourmis dispersées et agissant comme il n’avait jamais vu agir des fourmis. Elles n’avaient rien des mouvements aveugles de l’espèce commune ; elles regardaient le lieutenant comme un groupe d’hommes, en se ralliant, pourraient observer un gigantesque monstre qui les a mis en déroute. Elles agissent comme si elles étaient douées d’intelligence :
    « Il découvrait qu’un grand nombre de fourmis géantes – elles mesuraient environ deux ou trois pouces de longueur - et qui traînaient des fardeaux aux contours baroques, dont il ne pouvait saisir l’utilité, se déplaçaient par petits élans d’un coin obscur à un autre. Elles ne se formaient pas en colonnes dans les endroits découverts, mais en lignes ouvertes, clairsemées, évoquant curieusement les bonds de l’infanterie moderne progressant sous le feu. »
    Da Cunha sera mordu lui aussi et mourra le soir même. Arrivé devant le village déserté par les humains et colonisé par ces fourmis géantes, Guérilleau se rend compte de son impuissance : comment combattre des adversaires aussi minuscules ? Il fit donc ridiculement donner du canon contre eux puis s’en retourna à son port d’attache avec un désagréable pressentiment :
    « Jusqu’ici leur action consiste en une progressive et croissante installation, impliquant le meurtre ou la mise en fuite de tout être humain dans les nouvelles zones envahies. Leur nombre augmente rapidement, et Holroyd tout au moins est fermement convaincu que les fourmis enlèveront finalement à l’homme la totalité de l’Amérique équatoriale du Sud. Et pourquoi s’en tiendraient-elles à l’Amérique du Sud ? »
    Une nouvelle dont le ton intimiste accentue le sentiment d’horreur. Nous sommes en présence de l’archétype du thème de l’invasion par les insectes ennemis du genre humain, largement exploité au cinéma (« Arachnophobia », « les Insectes de feu », « Them », etc.)

  7. Type: livre Thème: guerres futures 2 Auteur: Marc GOUVIEUX Parution: 1914
    Les carnets de vol du lieutenant Saint-Bris et de son mécanicien l’Alsacien Kaufmann forment la trame de l’ouvrage ; notes prises au jour le jour par un pilote, chef d’escadrille, durant la première Guerre Mondiale, et qui relatent sa lutte contre les éléments, les impondérables techniques,  ou les Allemands envahissant la France. Sa mission consiste à récupérer des informations pour en informer les lignes arrière ou à bombarder des zones stratégiques, pour retarder la poussée des Prussiens.
    D’une audace folle, à l’instar de ses autres amis pilotes, le regard fixé sur la ligne bleue des Vosges, animé d’un patriotisme ardent, Saint-Bris construit à lui seul l’épopée moderne.Parti du territoire de Belfort, il survole l’Alsace occupée et ses villages chatoyants, il suit de là-haut les manœuvres des zeppelins teutons qui souillent notre beau ciel d’azur en y semant la mort et la destruction. Ses vols l’amènent, en un premier temps, avec ses mitrailleuses, à faire le coup de feu contre trois zeppelins. L’un sera immédiatement abattu et s’écrasera dans la plaine d’Alsace. Les deux autres prendront la fuite. Lors de sa poursuite, l’avion de Saint-Bris sera criblé de balles, lui imposant un atterrissage forcé dans une des clairières de la forêt de Boerenwald. Ce qui lui vaudra l’aide des autochtones, notamment celle de la belle Colette de Tichemont avec ses yeux bleus :
    « Soudain la porte du fond de la salle de billard s’ouvre, et dans l’encadrement une silhouette fine et élégante de jeune fille apparaît. Est-elle jolie ? je ne sais. Mais l’ensemble est séduisant, fait de grâce, de jeunesse, et de ligne aristocratique.
    -Colette, dit M. de Tichémont, qui regarde comme moi s’avancer la jeune fille, je te présente le lieutenant  Saint-Bris, officier aviateur, arrivé tout droit de France en descendant du ciel !
    -Monsieur, répond une voix charmante, à ce double titre soyez le bienvenu.
    Et la poignée de main est à la fois douce et énergique, tandis que les yeux bleus sont résolus et vaillants comme le sont les yeux d’Alsacienne…. »
    Ceci lui permettra d’aller au bout de sa mission, soit de faire exploser un  pont, privant les envahisseurs  d’une grande voie d’accès en territoire français. L’avion réparé, Saint-Bris reprendra l’air difficilement, se délestant de tout poids superflu :
    «L’avion semble monter péniblement. Les sapins se précisent. Ils émergent du brouillard. J’ai l’impression rapide que je ne passerai pas, que nous allons nous écraser dessus…. Brutalement, je pousse à droite et à fond la direction et le gauchissement. L’avion projeté sur l’aile fait presque un demi-tour sur lui-même. Mais devant moi, dans la nouvelle direction, j’ai vu une trouée entre deux sapinières moins hautes. Je pique dessus en cabrant désespérément. Nous passons juste. J’aperçois, en me penchant, le train d’atterrissage qui frôle la cime des sapins tandis que les roues continuant leur mouvement du départ, tournent dans le vide ! »
    Une deuxième mission l’incitera à poursuivre des zeppelins jusqu’en pays ennemi. Avec une folle témérité, il s’engage au-dessus de la gare aérienne de  Friederishafen sur laquelle il laisse tomber des bombes incendiaires :
    « Du côté des ateliers pour lesquels j’ai gardé ma dernière série d’explosifs, j’ai eu une agréable surprise. Le résultat a dépassé mes prévisions. Mes premiers projectiles sont tombés sur des toitures vitrées, faisant plus de bruit que de mal, semant plus d’épouvante que de mort, autour d’eux. Mais à ma profonde stupéfaction, j’ai vu tout à coup une fumée noire, épaisse, surgir des bâtiments bombardés. Puis de longues flammes ont apparu. Sans m’en douter, j’ai dû atteindre un des magasins de réserve d’essence et de matières inflammables. »
    Il s’ensuit un énorme incendie qui anéantit un grand nombre de zeppelins. Immédiatement pris en filature  par la chasse allemande, et quoique blessé, il s’en sortira vivant. Ramassé inconscient dans son biplan en morceaux, il sera soigné au lazaret de Mulhouse et chouchouté par de gentilles infirmières, avant de rejoindre son escadrille et son chef, le capitaine Beauchery qui déborde de joie à cette occasion. Son héroïsme et ses coups d’éclats lui valurent une grande renommée et une montée en grade. Le nouveau capitaine répondra à une autre mission de la plus haute importance au moment même où les divisions allemandes furent en passe d’être repoussées du territoire sous la formidable pesée des armées françaises qui reconquièrent l’Alsace et la Moselle. Du haut du ciel, son cœur bat à l’unisson avec celui des «pious-pious » :
    « A ce signal, une clameur formidable, plus formidable encore que la voix des canons, s’élève, clameur sortie de milliers de poitrines hurlantes, redisant à l’envi le mot de «Chargez ! » De tous côtés, ce ne sont que des lignes noires qui se dressent, qui, brusquement, surgissent du sol. Il en sort de partout… des bois de Bezange, de la forêt de Champenoux, des maisons de Moncel, baïonnette au canon, dévalant en une ruée irrésistible vers les bataillons allemands, vers la Seille, tandis que par-dessus la clameur des voix, par-dessus le refrain endiablé de la charge sonné par tous les clairons, monte par bouffées le chant de la Marseillaise, répété par toutes les musiques militaires de la 11 ème  division. »
    Quittant là ses amis, il se met en quête de l’endroit exact où serait installée la base du haut-Commandement allemand, dans laquelle se terrent et les généraux abhorrés, et le Kaiser lui-même. Une mission à haut risque puisqu’il s’agit de survoler à très basse altitude le territoire ennemi. Echappant souvent aux balles  avec son fidèle Kaufmann, qui colmate en plein vol les brèches faites au réservoir d’essence, il mitraille de-ci, de là des véhicules militaires engagés sur la route et s’astreint même à vérifier, en atterrissant, si ses balles ont touché leur objectif. Lors d’une de ces opérations, il constate, à sa grande surprise, qu’il vient de mitrailler et de blesser à mort le Kaiser lui-même :
    « Je cours vers la route où règne le silence. La première auto brûle encore, amas de ferrailles rougies et tordues… Et plus loin la deuxième auto est couchée, éventrée. C’est bien une des Mercédes impériales. Un des conducteurs à casquette ornée des aigles d’argent gît sur la route, l’autre est affalé sur son volant, mort… La mitraille destructrice a fait son œuvre. …Au pied d’un arbre un officier général que je n’avais pas encore vu, est étendu. La tête est très pâle, coiffé du casque à aigles et pointes d‘or. Sur la tunique bleue un filet de sang coule sur les décorations et l’écharpe. En entendant marcher sur la route sa tête s’est soulevée… un vertige passe en moi… Je le reconnais. C’est le Kaiser. »
    La poussée générale se poursuit, irrésistible, par Donaueschingen vers Mannheim, puis  jusqu’au Danube. Et l’empire militaire allemand s’écroule. C’est le jour de l’armistice, le 21 septembre, que l’on retrouvera le corps de Saint-Bris et de son mécanicien, dans leur avion reposant dans un champ avec, autour d’eux, les carnets de vol du pilote qui, plus tard,  fourniront la matière du présent ouvrage. Icare avait donné sa vie pour l’honneur de la France :
    « Or ce même 21 septembre, le jour même où la Victoire poussait de ses ailes l’armée française, la mort frappait brutalement le plus vaillants de nos pilotes militaires, le capitaine Saint-Bris, et son mécanicien Kaufmann. (…) Le capitaine Saint-Bris avait l’air de dormir, assis sur son siège, le volant entre les mains, frappé comme il l’avait rêvé, en pleine lutte, en plein ciel, là-haut, à son poste de combat.»
    «Haut les ailes» est un authentique témoignage des conditions de vie à bord des premiers avions de combat. Le texte clair, sans fioritures stylistiques est d’une lecture aisée. Les sentiments prêtés au héros sont évidemment d’une seule pièce : l’amour de la patrie et la haine de l’ennemi qui nous a volé l’Alsace et la Lorraine, « nos deux sœurs. ». Peu d’éléments dans le corps du récit signalent que nous sommes en présence d’un texte conjectural tant l’effet de vraisemblance s’impose. Quoique nous soyons en 1914, les carnets de vol ne sont pas datés. Le texte s’ouvre sur l’incipit suivant : « Carnets de route d’un Officier aviateur pendant la guerre de 19… » Et comme le héros tue le Kaiser durant un raid aérien, qu’il empêche nombre de zeppelins de bombarder Paris, qu’il détruit la plus grande usine de construction allemande, tous ces faits, étrangers à la vérité historique, nous obligent à classer l’ouvrage dans la thématique des « guerres futures » ou, plus précisément, des « guerres rêvées ».

  8. Type: livre Thème: guerres futures 1 Auteur: H.G. WELLS Parution: 1914
    Debout sur une hauteur avec vue sur les tranchées adverses, le journaliste, narrateur et observateur des événements, attendait l’assaut imminent. Dans cette guerre de position les deux armées se font face, en une succession de tranchées imprenables, aussi incapables l’une que l’autre de remporter la victoire sur le terrain. Cette immobilité fut soudain rompue, à la grande surprise de l’observateur, par l’apparition des « cuirassés de terre », énormes engins blindés et meurtriers, à roues et pistons multiples qui, comme des insectes caparaçonnés à pattes multiples, s’accrochaient au terrain, débordant les différentes tranchées avec une grande sûreté :
    « Sous la pâleur tremblotante des rayons de lumière, l’insolite engin donnait l’impression d’un insecte de la taille d’un croiseur cuirassé, qui s’avançait en rampant obliquement vers la première ligne des tranchées, et envoyait des bordées par les sabords pratiqués dans sa carapace. Et, sur sa carcasse, les balles crépitaient avec un acharnement et un vacarme pires que ceux de la grêle sur un toit de zinc. »
    Semant la mort autour d’eux avec des mitrailleuses dotées d’une visée infaillible, servis par des soldats techniciens mais sans imagination, dont la mort des autres ne représentait qu’un aspect de leur travail, se moquant des obus qui s’écrasaient sur le lourd blindage, les cuirassés, en petit nombre, se voulaient les instruments de la victoire. Le journaliste s’étant retiré loin des monstres vit à quel point la mécanique sans âme cassa la dernière charge d’une cavalerie à cheval, courageuse, fière mais fragile :
    « Un mois auparavant, il avait assisté au départ de ce régiment dans toute sa gloire, on lui avait raconté ses terribles prouesses, comment il pouvait charger de front, chaque homme couché sur sa selle et tirant, et comment il balayait devant lui tout ce qui se présentait pour lui faire obstacle, infanterie et cavalerie, sous toutes leurs formations. Et ces centaures avaient eu à combattre quelques vingtaines de jeunes gens embusqués dans des machines odieusement inattaquables. – L’humanité contre la mécanique, - pensa le correspondant. »
    Ainsi sonnait le glas de la guerre traditionnelle qui basculait dans « la guerre de demain », celle qui verra s’affronter plus tard drones et avions furtifs.
    Une nouvelle visionnaire de Wells qui, comme Robida, détaille les engins de mort qui seront utilisés sur les nouveaux champ de bataille de 14-18.

  9. Type: livre Thème: guerres futures 2 Auteur: Ulric BARTHE Parution: 1913
    Dans une ferme, en aval de Québec, le journaliste Paul Belmont épouse Marie-Anne Meunier, dans la paix du soir. Même l’ombre de la menace que fait planer l’Allemand Biebenheim, qui convoite aussi la jeune fille, ne peut ternir cette belle soirée.Pourtant, au moment où le notaire énonce les règles du Droit, Belmont entend des coups tirés au lointain : la ville de Québec est attaquée par des Prussiens. Interrompant sa noce, il s’élance vers le siège de son journal, le notaire lui ayant relaté comment l’arrivée « d’honnêtes » citoyens allemands, immigrés au Québec, qui ont essaimé dans des propriétés et spoliés des fermiers, ont pu constituer un grand danger.  
    En ville, les rues sont encombrées et les visages fermés. Les arsenaux en cendres, la garnison écrasée, Québec se trouve à la merci des Prussiens. Déjà, ils paradent en ville, Biebenheim en tête, chantant le bel hymne national allemand: « Die Wacht am Rhein » :
    « Mais les contre-manifestants reculèrent aussitôt. Ils s’étaient trouvés face à face avec toute une horde de gens armés, avançant militairement en colonne serrée, huit par huit, cadençant leurs pas sur l’air de marche qu’ils continuaient à vociférer à pleine bouche. Quelques-uns portaient sur la tête une manière de casque de pompier surmonté d’une pointe dorée (…) Toute la bande paraissait très fière d’elle-même. »
    A la vue de Paul, son adversaire tire sur lui, le manque, blesse à mort une innocente passante. Au journal, Belmont retrouve son collègue et ami, l’Anglais Jimmy Smythe. Ensemble, ils décident de devenir les piliers de la résistance en informant la population des menées prussiennes par des tracts clandestinement imprimés et distribués. Alors que sur les murs fleurissent les proclamations allemandes et leurs cortèges  d’interdictions, que l’Etat de Siège est décrété, que les espions s’insinuent partout, Jimmy et Paul créent le «Comité des Vigilants ». La morgue prussienne est infinie. Au château de Frontenac devenu leur quartier général, le nouveau Gouverneur Von Goelinger s’entête à convaincre la municipalité de l’excellence allemande :
    « -Suffit. Moi je vous demanderai tout simplement de voir dans ce fait stupéfiant la démonstration de la force irrésistible, surhumaine de la Kultur allemande. Avec nous, vouloir c’est pouvoir. Notre génie d’organisation fait depuis longtemps l’admiration du monde entier. Chez nous, tout marche de front : les grandes affaires et la haute politique. La guerre est l’une de nos industries nationales. Tout tend vers un but unique ; l’exaltation de la race au-dessus de toutes les autres, et devant cette poussée d’ensemble de toutes les volontés, de toutes les intelligences d’une nation supérieure comme la nôtre, tout obstacle doit fatalement crouler ; en un mot, nous avons acquis et détenons le monopole de la toute-puissance sur la terre… »
    Se voulant sympathique, Von Goelinger les convainc que toute résistance serait inutile puisque l’Ile des Sorciers ainsi que le Canada en entier est sous contrôle prussien. Il ne faut attendre aucune aide des Etats-Unis, qui appliquent le principe de neutralité, ni de l’Europe, déjà sous le feu allemand :
    « - Ne riez pas, messieurs, rugit le martial diplomate. J’avais en effet oublié de vous informer que nous frappons le grand coup exactement en même temps, j’oserais dire à la même heure, en Europe, en Amérique, partout où nos ennemis sont vulnérables. Le Canada, leur plus belle colonie, était naturellement l’un des premiers points de mire de nos canons. Au moment où je vous parle, nos superdreadnoughts enfin supérieurs à ce que la marine anglaise avait de mieux, nos centaines de sous-marins géants, nos terribles zeppelins, attaquent les côtes anglaises; nos immenses armées de terre, jointes à celles de l’Autriche, foncent sur Peters-bourg et sur Paris. »
    Malgré ces preuves convaincantes, le maire refuse de se soumettre. Von Goelinger lui laissera un délai de réflexion avant de passer à des arguments plus frappants. Paul, ayant trouvé sur une ancienne carte un sentier détourné, abandonne le centre-ville et apprend que l’invasion, préparée de longue date, n’a pas été universelle. D’Ottawa notamment, le Gouverneur du Canada en repli a constitué une milice par une levée de conscription de masse. Ces nouvelles seront aussitôt diffusées par le Comité des Vigilants. Les Allemands, persuadés que les Québécois leur sont maintenant favorables, relâchent la discipline, procédant au désarmement de façon débonnaire. Cependant Biebenheim, toujours en quête de Belmont, terrorise Marie-Anne, puis découvre les tracts subversifs.  Lors d’un contrôle, un coup de main sanglant décide Von Goelinger d’exercer des représailles dans toute la région, permettant aux soldats de commettre les crimes les plus horribles :
    « Le paysan vint alors et demanda ce qu’on lui voulait. L’officier répondit qu’il n’était pas venu assez vite et qu’on allait le discipliner comme bien d’autres. On lui lia les mains derrière le dos, et on le fusilla sur le champ.Alors, une femme accourut portant un tout jeune enfant dans ses bras. A la vue de son mari mort, elle mit le petit sur le plancher et se jeta comme une lionne sur les Allemands, leur déchirant le visage avec ses ongles. L’un d’eux l’assomma d’un coup de crosse sur la tête. Un autre tira sa baïonnette, prit le temps de la fixer au bout de sa carabine et la plongea au travers du corps du bébé. Il porta alors son fusil à l’épaule avec la petite victime au bout ; le marmot ouvrit ses bras une ou deux fois, et ce fut tout. L’officier ordonna ensuite de mettre le feu à la maison, fit apporter de la paille sur laquelle furent jetés pêle-mêle les trois cadavres.»
    Partout gronde la révolte, attisée en sous-main par les curés. Avec Gontran de Saint-Denis à leur tête, honnête citoyen canadien de vieille souche française, les troupes, entraînées, réclament un châtiment à corps et à cris. Tous les grands centres urbains voisins les entendent, Montréal en tête.Lors d’une réunion de conjurés dans une cave, à laquelle participent Belmont et Smythe, la contre-offensive se déclenche, menée par un Canadien enrôlé de force dans l’armée prussienne, qui connaît parfaitement l’emplacement des caches d’armes. Avec François Boileau à leur tête, les Québécois investissent les arsenaux de la ville :
    « Derrière cette troupe martiale se pressait, dans le chemin creux bien connu, qui mène à l’entrée principale de la citadelle, tout un peuple armé de bâtons, de couteaux de boucherie, de vieux flingots, de révolvers, de haches, de massues, de barres de fer, de tout ce qui lui était tombé sous la main. La garde avait eu à peine le temps de donner l’alarme. La garnison était prise au piège. »
    C’est la victoire. Et Paul…se réveille d’un rêve où l’avait plongé un médicament puissant, le tétronal,  administré suite à son évanouissement nerveux lors du mariage, durant lequel il avait fantasmé toute cette aventure.
    Un récit intéressant bien que vieillot, reprenant le thème de la rivalité anglo-prussienne, basé sur la description des attitudes, des comportements, de l’esprit frondeur et pro-français des Canadiens.

  10. Type: livre Thème: guerres futures 1 Auteur: Adolf SOMMERFELD Parution: 1913
    La France battue, écrasée, mise en pièces, démembrée et rendue soluble dans l’empire allemand, voilà «ce qu’on verra un jour ». La vision de Sommerfeld, crée
    « De l’outre pleine de vent dont a accouché le cerveau de l’officier français (c’est à dire le Commandant De Civrieux), (il n’a) donc pas perçu le moindre souffle. Etait-ce alors le livre de ce Français joint au fromage de roquefort ou bien était-ce bien celui-ci seul dont le parfum fit de (lui) l’émule de la Pythie (…) Il en résulta cet effrayant tableau de la dernière guerre et la chute de la France. »
    Pour lui, la France est entièrement responsable de son sort. Par traîtrise elle avait fait sauter le pacifique croiseur allemand « l’Hirondelle » qui patrouillait innocemment dans les eaux marocaines, ce qui révolta à la fois ses amis de l’Entente Cordiale (Russie et Angleterre), lesquels garderont une prudente neutralité dans le conflit futur, et mortifia dans son ensemble le peuple allemand qui déclara la guerre à sa voisine.
    L’engagement commença mal pour le coq gaulois puisque son front de l’Est, de Thionville jusqu’à Belfort, céda sous la poussée irrésistible des valeureux soldats germaniques. Une ligne irrégulière de front se stabilisa, en attendant que l’armée italienne, magnifique, ayant franchi sans coup férir le col du mont Cenis, occupa le Briançonnais, puis Grenoble  et poussa enfin jusqu’à Grasse.
    Le front maritime, en Méditerranée, se révéla tout aussi catastrophique pour la France qui perdit rapidement le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. Les troupes coloniales censées défendre leur patrie fraternisèrent avec les troupes italiennes. Toulon, Marseille ainsi que d’autres places-fortes furent bombardées puis réduites à rien, jusqu’à Montpellier. Les tirailleurs sénégalais sur lesquelles les Français mirent beaucoup d’espoir, capitulèrent vite car:
    «Lorsque le combat a lieu sur une ligne de tir très étendue et à une distance d’au moins 1500 mètres (la technique de la guerre moderne) permet de prévoir la victoire finale. A cette distance, la vue et l’odorat ne jouent aucun rôle et il faut supposer que les soldats qui sont en train de charger et dont la narine est bouchée par la poussière et la fumée de la poudre ne tomberont pas en défaillance devant les exhalaisons malodorantes des Noirs.(sic!) »
    Le lendemain, les Italiens, en entrant dans la ville, s’y livrèrent à un carnage sans précédant :
    «Lorsque, le lendemain, le soleil levant parut sur Montpellier, on eût dit que la ville avait été détruite par un tremblement de terre. Partout des ruines fumantes ; sur les places et dans les rues, des monceaux de cadavres sans sépulture. Même les morts n’avaient pas été laissés en repos»
    L’escadre maritime anéantie, il ne resta à la France que deux corps d’armées : celle du Sud et celle du Nord. L’armée du Sud prit appui sur Lyon. Alors que les Allemands progressent, faisant bouger tout le front de l’Est, une lutte gigantesque s’engagea de Dijon à Châlons, atrocement meurtrière :
    « Comme des grêlons fouettés par la tempête, les myriades de projectiles des mitrailleuses balayent le champ de bataille. Avec le rauque éclat du tonnerre, les canons rugissent leur terrible chant de guerre et crachent infatigablement la mort et la dévastation, le feu et le soufre, à l’horizon lointain, où, décimés et à bout de forces, l’ennemi lutte pour un pouce de terre jusqu’au dernier soupir. »
    Elle s’acheva par la prise de Lyon. Au nord, l’armée française se replie sur Orléans au grand dam des citoyens qui se désolidarisent des militaires. L’approche des troupes ennemies, leur puissance de feu inspirent la terreur :
    «L’immense étendue de ce champ de bataille, le plus affreux de tous ceux que connaît l’histoire du monde, était parsemé de tas de cadavres hauts comme des collines et comme des montagnes. Lentement, les flocons de neige tombaient du ciel gris, en couche toujours plus épaisse, jusqu’au moment où la candide neige blanche étendit à perte de vue son linceul sur les victimes de la guerre… »
    Les morts en masse font vaciller la pusillanime velléité de l’Etat-major français qui se crut autoriser à négocier les conditions de la reddition.Un éclat de rire général teinté de mépris résonna du côté des Prussiens: Orléans leur appartenant déjà, il n’y avait plus rien à négocier !
    Avec la chute de la dernière forteresse s’ouvrit la voie vers Paris. Les centaines de milliers de prisonniers français, la perte quasi-totale de leurs moyens défensifs, n’arrêtèrent cependant pas les Parisiens dans leur folie de s’opposer à l’invasion. Les chefs légitimes de la cité ayant été démis par les idéologues et les anarchistes, ceux-ci, de manière brouillonne, placèrent tous leurs espoirs dans une défense aérienne de la ville, sans tenir compte des armes secrètes allemandes :
    « Presqu’aussitôt le ciel fut obscurci par une sombre armée de monstres qui partaient à grand bruit, dans toutes les directions de la rose des vents et qui, dans la détonation de certains gaz explosifs, laissaient tomber des excréments en forme de boulettes. Ces boulettes se dilataient au fur et à mesure qu’elles s’approchaient du sol, et, au moindre contact, elles éclataient comme des grenades d’artillerie, en répandant autour d’elles une grêle de petits projectiles
    Au premier moment, quelques centaines de soldats furent les victimes de ces bêtes ailées dont l’action, sans être écrasante, n’en aurait pas moins, en fait, été sensible, si les bombes asphyxiantes des Allemands n’étaient pas venues donner le coup de grâce aux pilotes en train de se soulager comme l’on sait. »
    Les Parisiens, d’abord sous le choc, défendront leur capitale, maison après maison, avant d’être vaincus et de subir toute la rigueur prussienne :
    « Mais à peine les soldats s’étaient-ils dispersés dans les places et les rues que, soudain, toutes les fenêtres jusqu’alors tenues fermées et derrière lesquelles étaient cachés les soldats français s’ouvrirent, et il tomba sur le dos des envahisseurs une avalanche de balles. Il en résulta d’abord un effroyable désordre ; beaucoup d’Italiens succombèrent ici sous les coups de la trahison. »
    Le traité de Zurich, auquel se joignirent les autres pays européens, opéra la mise en pièces de la France qui cessa d’exister au profit de l’empire prussien et de l’Italie. Selon l’auteur, cette conclusion s’explique aisément par la décomposition des vertus françaises :
    « Les vices latents qui avaient toujours existé dans la race se déployèrent de plus en plus. Les enfants français devinrent une rareté, l’absinthe s’affirma encore davantage comme la boisson nationale et ici aussi se manifesta l’étrange phénomène que l’on avait déjà pu constater chez les Polonais, à savoir, qu’après la chute d’une nation toute la race penche vers la ruine et devient la proie de la phtisie. »
    D’autre part, l’Allemagne qui a pour elle la probité et l’innocence, s’est trouvée dans l’obligation de défendre sa culture et ses valeurs :
    « La guerre est terrible, mais la peur de la guerre est encore plus terrible. A chacun donc de placer sa guérite devant sa porte, de hérisser son château-fort de bouches à feu et de s’équiper, -de s’équiper, non pas seulement pour la défensive, - ah ! certes, non, - mais pour porter droit devant soi un coup unique qui écrase à jamais l’ennemi héréditaire, -puisque tous les procédés humains n’ont pu venir à bout de la haine et du ressentiment, de l’envie et de l’ambition. »
    Authentique brûlot littéraire et militaire à ranger, au choix, dans la catégorie des uchronies ou des guerres futures, « le Partage de la France » souleva de nombreuses protestations. L’évocation de la lâcheté française et du désastre total – même conjectural- subi par notre pays, fit grincer des dents et appela une réponse cinglante, dans le même esprit, avec la parution en parallèle du « Partage de l’Allemagne ».