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Bienvenue dans la Base de Données des livres !

Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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Livres

  1. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: David GRAHAM Parution: 1985
    Jonah Scott, le commandant de bord du 747 « Delta Tango», en compagnie de son adjoint Jerry Chambers et de Kate, première hôtesse à bord et dans son cœur, était loin de se douter du destin extraordinaire qui l’attendait en ce jour de l’année 1995, lors d’un vol vers les USA, alors que l’atterrissage sur une piste de l’aéroport JF Kennedy retenait pleinement son attention. Le monde avait changé. Les Etats-Unis, sous le triple coup de butoir que représentait la faillite économique, la chute vertigineuse du dollar et l’impossibilité de s’approvisionner en pétrole, avait perdu leur leadership :
    « Et c’est alors que l’on vit le premier grand schisme de la population américaine : les gens affamés mais encore civilisés commencèrent à quitter les villes. A pied, à vélo, mais pas en voiture car depuis le Vendredi noir, il n’y avait plus d’essence et toutes les avenues et toutes les routes étaient complètement bouchées par les véhicules abandonnés.Ceux qui restèrent étaient habitués à vivre de leur débrouillardise. Les sans-abris, les pauvres, les criminels et les fous pillèrent et saccagèrent comme on ne l’avait encore jamais vu. »
    Les conséquences en furent rapides et effroyables. New York, comme toutes les autres grandes villes américaines se présentait comme une ville sans lumières, dangereuse, sans vraie autorité  et sillonnée par des bandes de voyous, des crève-la-faim, désireux de survivre quelqu’en soit le prix. Le crime, parfois jusqu’au cannibalisme, était omniprésent, et les déambulations dans les rues impossibles sans une sérieuse protection. D’autres part, les émigrants vers d’autres pays qui avaient moins soufferts, comme l’Angleterre, étaient impitoyablement refoulés.
    Jonah, qui avait ses habitudes lors de ses escales, et grâce à quelques cadeaux alimentaires, avait acquis la confiance de Charlie, un noir herculéen, reconverti en chauffeur d’un taxi fonctionnant au méthane produit à partir de la fiente de poulet. Charlie attendait l’équipage pour le mener à leur logement habituel à Manhattan. L’immeuble lui-même était constamment sous  la garde de John Capel, un ancien du VietNam, devenu l’ami de Jonah.
    Les retrouvailles furent perturbées par des voyous qui voulurent forcer la porte de l’appartement, durant la nuit. Grâce à John Capel, blessé dans l’action, et celle de Jonah, pour qui ce fut le baptême du feu, les assaillants, seront tous tués et jetés sur le pavé, sans autre forme de procès. Jonah se disait qu’il vivait dans une curieuse époque où le meurtre était banalisé à un point tel qu’il apparaissait comme légal. Le retour vers l’aéroport fut du même acabit. Chambers,  ayant entre temps récupéré Nickie, une jeune fille qu’il aimait, la décision fut prise en commun, de la camoufler à bord pour lui permettre d’entrer illégalement en Grande-Bretagne. D’ailleurs, pendant que l’on y était, la même proposition fut faite à Capel, immédiatement prêt à partir, lui aussi.
    Avec la complicité plus ou moins ouverte des autorités directes de Jonah à l’aéroport  américain, le Boeing 747 put repartir, emportant en son sein quelque six cents passagers. Parmi ceux-là, Jonah releva la présence de quatre savants Olaffsen, Moshe Rabbin, Waldheim et Volgel, qui revenaient d’un congrès,  de quelques politiques russes enfin d’une compagnie de soixante membres des SAS, commandés par le major Brand, qui avait mené une action de protection civile aux USA.
    La destination finale de l’avion, soit Londres-Heathrow, ne fut jamais atteinte, car, très peu de temps après le décollage, des nouvelles angoissantes parvinrent à l’équipage : Israël aurait largué des bombes thermonucléaires sur les pays arabes suite à un récent empoisonnement de son eau potable ayant provoqué la mort de plus de deux cent mille Juifs.  Le cycle de la violence s’était enclenché à une vitesse inouïe :
    « -Taisez-vous Ben. Morty, passez votre message.
    -Roger 626. Je vais vous lire le signal que nous avons reçu de Londres-Heathrow il y a huit ou dix minutes. Le Caire, Beyrouth et Damas ont été attaqués simultanément à 2h 00 GMT par des missiles nucléaires sol-sol lancés, croit-on savoir, par des bateaux de guerre israéliens mouillés en Méditerranée orientale. Tout contact a été coupé avec ces villes et les zones avoisinantes jusqu’à dix miles de distance. Des stations séismologiques de Turquie, du Golfe Persique, de l’Afrique orientale ont signalé des secousses d’environ six degrés sur l’échelle de Richter. »
    Les Russes, ainsi que les Chinois, supposant l’Amérique à terre, voulurent en profiter pour lui donner le coup fatal en l’accusant d’avoir soutenu les Israéliens. Mais l’Amérique, quoique affaiblie, gardait intacte sa force de frappe. En quelques minutes, les ogives fleurissent sur le monde entier :
    «Il me montra le ciel à bâbord. Environ 30 degrés au-dessus de l’horizon invisible, on pouvait voir un nuage sphérique et lumineux de la grosseur d’une balle de tennis tenue à bout de bras. Il pouvait se trouver à 50, 500 ou 5000 miles. Il était orange sombre au centre, vert sur le pourtour, rayonnant d’une façon cauchemardesque, un peu comme un champignon phosphorescent dans une forêt ténébreuse. Il semblait palpiter comme s’il avait été vivant. »
    Même l’Angleterre, agressée par les Irlandais qui désirent leur indépendance, soutenus par Cuba, entre dans la danse. Les endroits les plus isolés, que l’on pourrait supposer épargnés, subissent le feu nucléaire à cause de bases militaires proches. En l’espace de deux heures, les pays du monde entier détruits, atomisés, radioactifs, cessent d’exister.
    Pour l’équipage du 747 et Jonah en particulier, son désarroi légitime maîtrisé, le problème consiste à faire atterrir son avion géant sur un aérodrome à portée de navigation, ou, à défaut, sur un terrain plat suffisamment long. Le commandant de bord réunit une cellule de crise à laquelle sont conviés en particulier les Russes, les savants et le major Brand. D’entrée, les Russes tentent un coup de force espérant détourner l’appareil vers Cuba. Mais le major veille et avec Capel, ces derniers seront tués, leurs cadavres déposés dans la soute :
    «Capel m’aida à me relever. Mes jambes étaient engourdies. Kate me fit rapidement avaler un grand verre et je jetai un coup d’œil circulaire tout en touchant avec délicatesse ma nouvelle tonsure. Nabokov était au sol, il regardait le plafond de ses yeux qui ne verraient plus. Sifflotant entre ses dents, Brand essuyait son poignard d’un air satisfait. L’homme du KGB, Sergei était face contre terre… La hache de Capel l’avait atteint presqu’horizontalement sur la nuque, sectionnant net la colonne vertébrale : il était mort bien avant de s’affaisser au sol. La seconde victime de Capel était avachie contre le bar. Il regardait avec une étrange indifférence le sang giclant de son bras gauche presque détaché ». De temps à autre, sa tête tournait d’un côté puis de l’autre. Il n’avait pas du tout l’air en forme, pensai-je. »
    Dans le poste de pilotage, de nombreux messages radios en provenance d’autres avions ou du sol leur montrent que la situation est désespérée. Les aéroports pressentis se ferment tous les uns après les autres, impraticables parce que bombardées ou soufflés dans les explosions. Décision est prise par Jonah de voler vers le Sud où il espère moins de retombées. L’aéroport de Funchal, dans les îles Madères est enfin prêt à les accueillir. Une demi-heure seulement avant l’atterrissage, le radio au sol les prévient que des mesures de fermeture ont été mises en place, suite à une catastrophe provoquée par un pilote fou qui a ignoré les procédures d’atterrissage : la piste est en feu !
    Toujours en vol, ils accrochent l’émission d’un radio-amateur dans les Açores qui leur précise que l’atterrissage serait possible dans un parc de la ville puisque le proche aéroport de Latjes aurait été soufflé dans une explosion de grande envergure. Or, en survolant la zone, Jonah voit que les installations de cet aéroport restent opérationnelles, contrairement aux êtres vivants qui eux, sont tous morts.  D’après Volgel, cela serait le résultat d’une bombe à neutrons.
    Jonah pose Tango Delta sans problème et est accueilli par Ed Burns, seul survivant du désastre, protégé par le sous-sol. Les voyageurs, guidés par Kate se sentent soulagés et se croient définitivement sauvés. Il n’en est rien. La nourriture est rare et la radioactivité en augmentation constante. Il faudra repartir, toujours plus au sud, peut-être dans les îles Falklands ou en Antarctique où existe la base scientifique de Mc Murdo, certainement épargnée. En restant constamment à l’écoute du monde, Johah finit par accrocher Red, un jeune officier du bout du monde,  qui l’informe des conditions météorologiques, topographiques et techniques. Muni de ces renseignements précieux, Jonah bat le rappel soucieux de voir s’établir au-dessus de leurs têtes un immense nuage de cendres radioactives, nuage gris voilant le soleil.
    Mais un choix drastique s’impose : comment décoller et toucher une destination à plus de 13 333 kilomètres sans réservoir supplémentaire, c’est-à-dire, sans alléger l’avion du poids de nombreux passagers, abandonnés à leur sort à Latjes ?
    Une autre et immense surprise les attend lorsque arrive un Antonov 10 russe, un gros porteur, en errance depuis la mer Noire, piloté par la jeune Valentina Borofsky, en compagnie, de nombreuses femmes et des enfants, Le contact se fera aisément et l’on oubliera les rancoeurs nationalistes dans la poursuite d’un but commun, car Valentina, en proposant de prendre à son bord des passagers du premier avion, soulagera Jonah dans sa décision.  Départ est pris. Les deux avions abandonnant toutefois quelques sacrifiés volontaires, volent de conserve vers la base Mc Murdo. Avant tout, il faut atteindre l’altitude maximale qui leur permettra de toucher leur destination avec des réserves d’essence calculées au plus justes, et donc de traverser le couvercle de plomb du nuage radioactif. Jonah s’y risque en premier. Une demi-heure de vol dans l’épaisseur de cet espace lugubre, durant laquelle ils encaisseront tous entre 200 et 300 REM pour surgir dans le ciel bleu :
    « Chambers vomit un peu et se plaqua un mouchoir sur le nez. L’air était humide, fuligineux, épais et malsain, un mélange de crémation insoutenable et d’atroces cendres d’origine écoeurante. J’entendis Ben qui suffoquait, impuissant, dans un quelconque récipient et je sentis ma bouche se remplir de bile. Ce cauchemar sans fin continuait toujours… Le poste de pilotage était rempli de l’odeur intolérable des fumées sulfureuses, des vapeurs acides et douloureuses qui collaient la langue et brûlaient les yeux. Il semblait sans importance de savoir que la saloperie que nous avalions était radioactive et mortelle… nous étions assis, apathiques, baignant dans cette cochonnerie nauséabonde, tandis que notre avion vibrait et tanguait dans de violentes turbulences. »
    Pour Valentina, la situation est plus délicate. Pour y parvenir, l’appareil doit encore s’alléger. Le sacrifice héroïque d’une quarantaine de femmes qui sautent dans le vide, lui redonnera vie et espoir. Ils atterriront, l’un à la suite de l’autre, sur le ventre, dans une épaisse couche de neige, à la base Mc Murdo où ils sont impatiemment attendus :
    « Le Delta Tango voguait dans un océan de douceur blanche comme s’il avait flotté dans du coton hydrophile et je commençai à perdre la notion de mouvement. Le vertige faisait de l’équilibre sur le garde-fou de ma raison, essayant d’y pénétrer, et la glissade continuait toujours. (…) Nous finîmes par ralentir et nous arrêter complètement enneigés, dans un silence brisé seulement par le sifflement de la neige et de la glace qui fondaient sur le métal chaud, très loin à l’arrière. Je notai – sans en prendre vraiment conscience-  les bruits de claquement sec qui accompagnent le refroidissement du métal. »
    Fêtés par les scientifiques présents dont ils rompent l’isolement, ils apprennent vite à vivre dans ce milieu hostile et froid qui sera pour longtemps leur seconde patrie. Du moins le croient-ils. Car, au bout de quelques semaines, Jonah remarque que le soleil a changé sa course dans le ciel, qu’il paraît plus brillant, que la neige commence à fondre. D’après le groupe des scientifiques, il semblerait que les chocs répétés des super-bombes dans l’hémisphère nord auraient entraîné un décrochage de l’axe de la terre, dont l’effet, à terme, est encore incertain. Il semble pourtant bien que l’Antarctique, dans un futur peu lointain basculerait sur une position proche de l’équateur, nouvelle que les survivants accueillent avec satisfaction :
    « C’est sur ce point, dit-il simplement, que nous n’arrivons pas à nous mettre d’accord. Il y a trois possibilités : 1. le mouvement va se ralentir et l’axe arrêter dans une nouvelle position. 2, il va atteindre une position limite et revenir à sa position originelle. 3. le mouvement va continuer indéfiniment, de sorte que la terre va continuer à tourner autour de son axe et l’axe va continuer à tourner par rapport à un point relatif de l’espace. (…) Notre position actuelle va, si l’on peut dire, remonter presque jusqu’à l’Equateur, redescendre partiellement, remonter à nouveau et finir par se stabiliser sous une latitude subtropicale. Le nouvel Equateur passe par l’Amérique du Sud et l’Afrique du Sud. »
    Hélas ! Ce n’était qu’une illusion. La vérité  est que le régime des vents modifié amène en masse les cendres radioactives vers les pôles où d’ores et déjà se font sentir l’effet des radiations mortelles. Le roman s’achève sur l’image de Jonah et de Valentina, seuls, se marchant dans un immense désert glacé pour y mourir :
    « (…) Ils descendirent dans la neige et marchèrent .Jusqu’à ce qu’ils arrivent dans une neige profonde, vierge et humide autour d’eux, il n’y avait qu’un rayonnement blanc, qui devint rouge sombre et finalement noir et ils ne purent plus voir. Et vint le temps final, après qu’ils eussent combattu longtemps et vaillamment et que la faiblesse se fût emparée d’eux et ils s’allongèrent ensemble dans la paix silencieuse et le silence se transforma doucement en Eternité. »
    Un excellent thriller apocalyptique mêlant adroitement thèmes catastrophistes et technologie. L’auteur, amoureux de l’aviation, est d’une précision extrême pour nous faire participer au quotidien de la vie d’un pilote et des conditions de vie d’un équipage. Se référant explicitement au «Dernier rivage», il établit, par un style tendu et de multiples rebondissements, une intrigue dans laquelle les événements tragiques s’enchaînent inexorablement. Le fait que la quasi-totalité de l’action se déroule à l’intérieur d’une espace clos, en l’occurrence la carlingue de l’avion, concentre le drame par une unité de lieu, principe de base du classicisme. Un livre dense et prenant, qui se lit d’une seule traite. Un petit bémol (concernant la traductrice) : comment peut-on traduire trois cents cinquante pages en confondant systématiquement le participe passé et l’infinitif complément? Je me perds en conjectures…

  2. Type: livre Thème: l’entropie progresse... Auteur: Robert SILVERBERG Parution: 1975
    En un avenir inquiétant, Nick et Nancy, Nardou et Nordinn, Chuck et Berry, pensent à s’amuser, à s’étourdir, à se distraire. L’une de leurs distractions favorite est de voir la fin du monde.
    S’embarquant sur un vaisseau électronique, il leur est loisible de se projeter vers la fin des temps. Chaque couple rapporte à sa manière  ce qu’il a vu et leurs témoignages ne concordent pas : les uns visitent un monde à l’agonie, calme et plat, les autres assistent à une submersion généralisée, les troisième à une nouvelle glaciation. Tout semble se passer comme si la machine leur permettait de voir la fin qu’ils désirent voir.
    Cependant ils ne se sentent pas concernés par les menaces mortelles qui se profilent actuellement dans leur monde à eux: l’alerte à la pollution, le développement de virus agressifs, les assassinats répétés de chefs d’état, ce qui prouve que la civilisation connaîtra vraisemblablement une fin plus précoce que celle qu’ils auront été amenés à voir.
    Une nouvelle mettant en scène " la décadence " des jeunes bourgeois insensibles à un environnement social et physique déjà menacé. Un cri d’alerte de la génération des années soixante.

  3. Type: livre Thème: invasions extraterrestres, fins du monde , fins de l'humanité Auteur: F. RICHARD-BESSIERE Parution: 1968
    David Marchal, seul survivant lors du naufrage de son vaisseau galactique, atteint une terre où l’environnement lui rappelle celui de sa planète-mère, à quelques subtiles différences près : une couche épaisse de nuages au-dessus de sa tête, une nourriture qu’il lui est difficile d’ingérer (il a ses pilules nutritives), un sentiment de malaise, de « décalage » auquel il n’arrive pas à s’échapper. Il rencontre pour la première fois des hommes du « Chatanga », ainsi appellent-ils ce lieu. Des primitifs accueillants et hostiles tout à la fois, et dont la seule occupation  consiste à faire diverses sortes de bruits, à casser des cailloux, à verser de l’eau, etc.
    Lorsque l’un d’entre eux meurt, il devient un « yhouri », une sorte de fantôme et un monstre répugnant. C’est pour avoir tenté de leur démontrer la fausseté de leurs croyances que David est chassé du Chatanga pour trouver refuge dans un immense dédale souterrain habité par une race plus évoluée et organisée.
    Leur chef, Alb, l’accueil avec réticence. Il conteste le fait qu’il puisse venir d’ailleurs, des étoiles, car pour Alb seule existe sa société, immuable dans ses principes, ses croyances et ses coutumes. L’arrivée de Marchal constitue une transgression qu’il va falloir réparer. Zabel, la fille d’Alb, est prête à devenir la femme du pilote, mais David, qui a conscience de l’hostilité généralisée autour de sa personne, se demande ce qui terrifie ainsi les indigènes.
    Alb lui explique l’importance pour eux du « Machunga » un immense réservoir d’énergie qui constitue la base même de leur vie. Le Machunga que Marchal est amené à voir de près lors d’une aventure initiatique , est en réalité un envahisseur, un extraterrestre, un être radiant, psychogène et télépathe, tenant les humanoïdes sous sa coupe. C’est lui qui crée les yhouris , transformant en monstres, ceux qui forment les primitifs du Chatanga, des réprouvés rejetés de la société souterraine, et dont l’unique occupation est de produire les sons dont se nourrit l’Alien. En échange, il permet à Alb et aux siens de survivre grâce aux reliquats énergétiques qu’il leur abandonne. Ces échanges créent une société stable vivant en symbiose avec l’extraterrestre-vampire, le Machunga. Or, en explorant des tunnels abandonnés, Marchal découvre avec stupeur qu’il se promène dans Paris, un Paris détruit, méconnaissable  après plus de 2795 ans :
    « Ce qui le surprit tout d’abord, ce furent les ruines à perte de vue qui lui offraient le spectacle poignant d’une civilisation défunte, tombée dans l’oubli.  Le ciment craquelé des immeubles effondrés, sans toit, retournait au néant, alors que la végétation de place en place, essayait de reconquérir une partie de ce que l’humanité lui avait arraché (…) Soudain l’image se fixa devant ses yeux et il contempla en blêmissant la gigantesque architecture gothique qui se dressait face à lui, à la limite d’un parvis. (…) Oh ! non, gémit David, les yeux exorbités…, ce n’est pas vrai…, ce n’est pas vrai…
    Ce n’était pas seulement  Notre-Dame, mais aussi la Tour Eiffel à sa gauche, décapitée, qui émergeait des ruines, le Sacré-Cœur à demi détruit, toujours sur sa Butte, et plus près de lui, les vestiges du Pont au Change, plongeant dans les eaux de la Seine !  David eut l’impression qu’une main de glace lui broyait le cœur.
    -Non, non, gémit-il en s’écroulant sur le sol. Mon Dieu ! Dites-moi que ce n’est pas vrai. Pas la Terre…, non… pas la Terre ! »
    Il est donc retourné sur terre après un saut temporel inattendu, mais sur une Terre meurtrie, ravagée, désertée, polluée, et vampirisée par l’être immonde venu d’ailleurs. Il reste le seul survivant encore capable de se battre, grâce à ses connaissances scientifiques et avec les machines de l’ancienne technologie. Il comprend que, pour vaincre le vampire, il devra l’attaquer avec ses propres armes, soit produire des vibrations sonores dans une fréquence inaudible pour les humains mais insupportables pour le Machunga. Son appareillage sera réalisé avec beaucoup d’efforts mais mis en pièces par ses semblables du futur. Les hommes de 2795 ont appris à vivre avec le monstre. Ils ne désirent plus évoluer ni changer leurs croyances, ni perdre le pouvoir que les nouveaux prêtres du Machunga se sont octroyés. Ceux-ci lapideront  le dernier homme,  leur seul espoir de se libérer du joug.
    Un récit qui tranche surtout par deux idées originales, celle de l’être exploitant les vibrations de l’inconscient humain pour créer des monstres (comme dans le film « Planète interdite » de Will Lenox) et celle de la noirceur finale du roman, un fin pessimiste, rare dans la science-fiction populaire.


  4. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: Anthony BURGESS Parution: 1984
    En un montage en parallèle, trois centres d’intérêt narratif se partagent le roman. Premièrement, Sigmund Freud dont l’auteur nous relate la vie, depuis ses débuts à Vienne jusqu’à son arrivée en Angleterre, lorsqu’il répond à la sollicitation d’Ernest Jones et de Marie Bonaparte qui tentent de le soustraire au danger nazi. L’accent est mis sur les doutes du personnage, son caractère entier, ses engagements et la trahison de ses proches (Otto Rank, Ferenczi, Jung, Adler), ainsi que sur la maladie horrible qui devait l’emporter :
    « - Le Dr Adler était un faiseur et le Dr Jung un charlatan. Exigeriez-vous d’un peintre qu’il ait un diplôme de peinture avant de commencer à barbouiller des toiles ? Et Shakespeare aurait-il dû être diplômé de littérature dramatique ? La psychanalyse est un art. J’ai tout remis entre les seules mains de ma fille. Ah ! », fit-il. Car l’homme au parapluie, celui qui avait dit : "J‘aime Berlin" parlait maintenant sur les ondes, prêt à déclarer la guerre à l’Allemagne. Ils écoutèrent Chamberlain, puis Freud éteignit la radio. Jones dit :
    « Tous, ils assurent que ce sera la dernière guerre.
    - Pour moi, oui, certainement… Eh bien, quelle efficacité ! »
    Deuxièmement, l’arrivée de Trotski à New-York, son désir de convaincre les travailleurs américains pour qu’ils participent à la lutte des classes, son amour qui balance entre Olga, sa secrétaire et Tatiana, sa femme légitime, enfin son départ précipité pour le Mexique où il sera finalement assassiné sur les ordres de Staline. La « geste » de Trotski est relatée sous la forme d’un opéra avec comme acteurs divers protagonistes qui chantent et dansent comme en un ballet.
    Troisièmement, en un futur indéterminé mais proche du nôtre, l’arrivée imminente dans le système solaire de «Lynx», un astre vagabond plus grand que la terre qui est destinée à la percuter  au bout de sa trajectoire,  en ayant au préalable entraîné la lune dans son orbite. Ce sera donc la fin de notre monde décrite à travers les aspects canoniques du thème : submersion des cités côtières, inondations gigantesques des plaines et des bassins, marées terrestres de grande amplitude, incendies et désagrégation sociale avec leurs cortèges de violence, de haine, de désespoir . Dans cet enfer d’une terre métamorphosée, l’auteur s’attache à suivre le destin de personnages séparés les uns des autres dont il relie les fils pour une apothéose finale.
    Val est écrivain de science-fiction. Contestataire et alcoolique il représente le « témoin », celui qui vérifie la dégradation des situations. Marié à Vanessa Frame, qui l’adore alors qu’elle le laisse de glace, Val est méprisé par son beau-père, Frame, grand fumeur devant l’éternel et incidemment promoteur du projet devant permettre à quelques élus, triés sur le volet, de sauver leur peau, en prenant la direction de l’espace, en vue d’y perpétuer l’espèce.  Frame convainc le président des Etats-Unis de mettre en œuvre le projet ultra-secret de « l’arche spatiale Amerika II » au Kansas, région devant rester la plus stable dans le cours des événements à venir. Mais Frame est mourant, car il a trop fumé durant sa vie (comme Freud.).  L’arche emportera des êtres jeunes et sains, quelques savants tout de même, même s’ils sont déjà vieux et, pour que l’ordre règne, il en confiera la direction à Bartlett, un psychopathe à l’ego surdimensionné, qui instaure une discipline de fer. Vanessa sera du voyage. Elle insiste pour que Val le soit, lui aussi, l’imposant contre l’avis de Frame.
    Mais Val est trop occupé à écluser des verres avec son nouvel ami falstaffien, Willett, grand buveur, poète, lettré et fataliste. Il ratera le rendez-vous de l’arche à cause d’une immense tempête qui noie la ville de New-York dont seules les plus hautes tours resteront à l’air libre, et qui, plus tard,  s’abîmera totalement dans les flots :
    «La lune et Lynx, seigneur et vassale, unis cette nuit-là en une gravitation unique. Puis les sens de Val, frappés d’inertie par cette vision, se réveillèrent sous l’aiguillon de la peur : la consommation suprême était proche. La chambre tanguait comme le nid-de-pie d’un navire. Sous Val, l’hôtel grinçait et gémissait comme un grand mât, de tout l’élancement vigoureux de sa structure ; la grêle et la pluie cinglait la fenêtre : le feu lacérait le ciel et le tonnerre grondait à pleine gueule(…) il fut effaré de ce qu’il vit : des vagues écumeuses chargeaient comme des dragons, trois étages plus bas. (…)
    « Enfin la terre s’ouvrit , se gorgea d’eau et se referma aussitôt comme pour se gargariser. Skilling, (= maire de New York) maître de la plus grande mégalopole du monde, trois fois candidat, trois fois élu eut le temps d’embrasser du regard l’immense ossuaire, soudain asséché, des quartiers morts et rasés, mais qui, par un miracle d’ironie, gardaient ici et là des configurations de rues et d’avenues. Puis d’autres flots , où déteignait la rouille du soleil, arrivèrent au galop net recouvrirent tout et New York rejoignit les cités antiques englouties par les mers à travers les siècles. »
    Lorsque la mer se retire, Val décide, en compagnie de Willett, de se rendre malgré tout au Kansas, à travers un paysage bouleversé dans lequel se déroulent des faits atroces de cannibalisme, de meurtres  ou de viols collectifs :
    « Le crâne chauve et la bouche édentée d’un vieillard grimaçait au bout d’une corde attachée à un réverbère tordu et démantibulé. On avait pendu le corps par le cou et le ventre avait été grossièrement ouvert. Des phalanges manquaient aux doigts et aux orteils et, de toute évidence, de minces lambeaux de chair et de peau avaient été découpés dans les membres et le torse. Il était mort depuis des jours, des semaines peut-être : la cavité de l’abdomen grouillait d’asticots gras et luisants. »
    Entre-temps le secret de la construction de l’arche est éventé, ce qui conduira Calvin Gropius un prédicateur chaismatique, en compagnie de toute sa famille, dont fait partie notamment son frère Dashiell, tenancier et joueur de cartes professionnel acoquiné avec la mafia, à se déclarer l’élu qui est habilité de plein droit à prendre place à bord de l’Amerika II, rebaptisé en « Bartlett II »,  au moment fatal où Lynx s’apprête à heurter la terre.
    Du coup, les événements se précipitent. Seuls Val, Gropius frère, une jeune femme enceinte et Willett accéderont au saint des saints. Willett hésite, ne tenant pas à partir dans l’espace : il regagne la surface terrestre pour y mourir. Bartlett, décidément trop autoritaire, est éliminé. L’arche prend son envol pour un voyage sans retour par-delà le système solaire et la terre se tord dans les dernières affres de l’agonie :
    « La première surface terrestre à subir le choc fut le nord des montagnes Rocheuses(…) la terre explosa –noyau tout eau dansante, écorce en poudre – pour former aussitôt, plus à l’extérieur que la poussière de lune, un second anneau, satellite de son successeur dans les annales vertigineuses de la chorégraphie solaire. Il y eut donc le cercle de la lune, et l’autre plus grand, de la planète pulvérisée, tournant déjà selon une parfaite concentricité, poussières lumineuses dans la composition desquelles entraient les moutures corpusculaires de Willett, de Skilling, des frèresTtagliatelle, de Calvin Gropius et de sa famille (sans oublier le chat), comme des milliards d’êtres humains qui, tous, en fait, avaient gratté jadis la surface fertile du globe et regardé les merveilles sorties de l’esprit naître, grandir, se développer. Mozart aussi faisait partie de cette fine farine dorée, là-bas, et en même temps, miracle !il était dans ce salon, tendre, triomphant, noyant jusqu’aux pleurs bruyants d’un petit enfant. Ainsi, portés par les cadences mozartiennes, s’enfoncèrent-ils dans les espaces infinis à l’aube des aubes de leur grand voyage, devenu le nôtre. »
    Plus tard, bien plus tard, les descendants des premiers habitants de l’arche se feront une image mythique de notre civilisation et de sa vie culturelle. Car, pour toutes archives, ils n’ont que deux témoignages, aussi improbable l’un que l’autre : la vie d’un certain Sigmund Freud mort d’un cancer de la bouche qui aurait écrit une sorte d’opéra-bouffe intitulé « Trotski à New-York. » !
    Ce bref résumé est impuissant à rendre compte du style baroque, foisonnant, chargé d’humour noir de Burgess. Le fourmillement des personnages qui se rencontrent ou disparaissent, l’éclatement du récit en trois intrigues apparemment dissociées, relèvent de la technique narrative. En réalité les deux thèmes fondamentaux à l’œuvre sont bien ceux de la mort (mort de Freud, de Trotski, de la terre), ainsi que de la psychologie traditionnelle, de la culture révolutionnaire, de la civilisation, et puis ceux de la jouissance (jouissance libertaire, narrative ou romanesque). Œuvre décapante, insérée dans le main-stream, elle constitue un exemple de plus, s’il en était besoin, de ce que peut rendre notre genre littéraire en des mains créatrices.

  5. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: Pierre DAMANINS Parution: 1984
    Dans la réserve R, près de la Ville Haute, hommes et animaux sont logés à la même enseigne. Tous contaminés, terriblement irradiés suite à une expérience scientifique, ils se présentent comme des formes mutantes, quelque soit le nom qu’on leur donne : Terreux (les plus atteints) ou Straks. Même les animaux n’ont pas été épargnés. Les « Extérieurs», responsables de la catastrophe, les approvisionnent en nourriture et en drogue. Le vieil Ivan, poète de son état, en compagnie de son chat télépathe, apprend leur mort programmée par une nourriture empoisonnée.
    Il n’a même pas le temps d’avertir Tamal, le chef des Straks, se faisant immédiatement tuer par l’un de ces êtres dégénérés. Lorsque tous les « irradiés » agonisent, les «Extérieurs» se frottent les mains : ils ignorent que dans l’ombre, déjà, leur sort est scellé :
    «Dans les conduites souterraines – impraticables à l’homme - ils ont guetté le départ des hommes aux masques brillants. Fiiii leur a dit d’attendre encore. Mais bientôt par dizaines de milliers ils attaqueront et passeront le mur. Fiiii l’a dit. Graii est un bon rat. Il sait obéir. Il attendra. »

  6. Type: livre Thème: guerres futures 1 Auteur: Michel CACAUD Parution: 1937
    Au printemps 19… la ville de Nantes est attaquée par un agresseur inconnu, ce qui donne l’occasion à l’auteur de faire le point de la situation en matière de défense dans le cadre d’une guerre à venir, où l’arrière est plus soumis au pilonnage que le front, sans déclaration de guerre préalable.Saint Nazaire avertit Nantes par le centre du DAT (Défense Aérienne du Territoire) que des vagues aériennes allaient bombarder la ville. Toutes les précautions seront prises par les commissaires Durand, Bozec et le Huadec pour procéder à une mise en place efficace et rapide de parades, à savoir, extinction des feux urbains, allumage de leurres dans le but de simuler une « Nantes fantôme », mise en sécurité de la population dans des abris municipaux, émission de nuages artificiels et enfin activation des batteries de DCA.
    Malgré ces précautions, les bombardements intenses feront des dégâts avec la destruction, notamment, de l’usine «Lefèvre-Utile », la fabrique des fameux petits beurres nantais. L’ennemi ne lésine ni sur l’utilisation des bombes à fragmentation, ni sur les bombes incendiaires, les fameux «Elektron », ni sur les bombes à gaz… et même quelques bombes à action biologique :
    « Allo ! Allo ! ici poste du Secteur-Château des Ducs. Plusieurs bombes sont tombées dans le « Quartier Saint-Pierre », le chevet de la cathédrale s’est écroulé. Deux bombes de rupture sont tombés sur les « Cours » crevant la croûte du tunnel de l’Erdre et causant un nombre incalculable de victimes parmi la foule réfugiée dans cet «abri aménagé ». Des bombes à gaz ont été lancées, également, toute la zone située entre les « Cours », le «Château », « la Préfecture » et la « rue de Strasbourg » est infectée.»
    La vague de bombardement est aussitôt suivie par l’arrivée d’une nuée de parachutistes, spécialement équipés, dont le but est l’occupation des points urbains stratégiques. Le central du DAT est attaqué. Ses occupants, obligés de quitter leur protection de la place de Bouffay, trouveront refuge dans un poste de secours de l’Assistance au Devoir national où l’on soignera la blessure de Bozec. Les attaquants seront cependant rapidement éliminés par la Police Civile qui épaule l’action des gendarmes. Les nouvelles en provenance de Paris sont bonnes : partout l’ennemi a été pourchassé et mis en fuite, les avions de représailles français ont déjà décollé, chargés d’apporter ruines et destructions dans le pays ennemi, une mobilisation générale, fraîche et joyeuse, s’opère avec une redoutable efficacité :
    « Des cris de « Vive la France » s’échappaient de centaines de poitrines, accompagnés de gestes d’adieu à l’adresse de jeunes hommes en uniforme « kaki » empilés, avec leurs armes et bagages, dans d’immenses cars et camions (…) De l’intérieur des automobiles s’échappaient des cris de « On les aura ! » « Ils le paieront cher ». Pendant ce temps évoluaient dans le ciel de superbes avions français, d’un tout dernier modèle. » Hurrah ! la France est sauvé !
    Comme on eût aimé que cette vision utopique fût la vraie lorsque Hitler envoya ses « panzer-divisionen » en 1942. Michel Cacaud poursuivra sa croisade patriotique dans le même ton avec « la Guerre des ailes demain » (voir ce titre)

  7. Type: livre Thème: menaces animales Auteur: Christopher STORK Parution: 1981
    Le Dr Rathborne, dont le nom traduit l’apparence, engagé par le département de guerre américain, a crée l’arme ultime: le rat. Par mutations successives, apports génétiques réciproques, petites opérations cérébrales, il a suscité l’émergence d’une race de rats mutants, intelligents, gros et gras, conditionnés pour détruire le potentiel militaire d’éventuelles armées adverses.
    Lors d’une expérimentation à l’usage des militaires américains du Pentagone, trois cents rats s’échappent malgré leur conditionnement. C’est une catastrophe puisque, par leur capacité et pouvoir de reproduction, ils représentent une menace terrible pour les Etats - Unis.
    Evoluant de façon concertée,  ces rats s’attaquent à des bases militaires de plus en plus proches du Pentagone, en mettant non seulement hors d’état tout le matériel d’agression mais aussi en pillant les stocks de grains et autres provisions. L’incrédulité des édiles politiques fait bientôt place à une fébrilité maladroite pour enrayer le mal. Le Dr Rathborne ne sort de sa dépression que pour se faire tuer par des citoyens américains, au cerveau moins développé que celui de nos rats, qui l’accusent d’être un espion à la solde des " Rouges". Quant à Vaughan, le chef-dératiseur fédéral, il est capturé par l’esprit du " Roi des rats " qui a développé une importante capacité psy.
    Les rats ont fait du bon travail, sans le vouloir vraiment: en diminuant la capacité de défense des USA ils ont fragilisé le pays face aux Soviets qui, n’écoutant que leur mauvais coeur, en profitent pour déclencher une apocalypse nucléaire généralisée. C’est la fin de l’espèce humaine mais non des rats - ni de Vaughan - prisonnier de ceux-ci qui espèrent, en rongeant son cerveau, acquérir des connaissances encore plus grandes:
    " J’ai revu la surface de ma planète et... que dire? C’est la Lune. Des kilomètres et des kilomètres de néant pétrifié. Je ne sais même pas où je me trouve tant le paysage, si j’ose utiliser ce mot vide de sens, a été bouleversé: collines éventrées, forêts réduites à quelques moignons blanchâtres, restes informes de bâtiments non identifiables, plus un homme, plus un oiseau, plus un brin d’herbe. (...) Rien ne doit être plus hallucinant que le spectacle que nous offrons, les rats et moi. J’imagine la stupeur et sans doute l’épouvante qu’éprouverait un témoin s’il apercevait tout à coup cette multitude de rats trottinant à travers ce monde lunaire et, au milieu, la silhouette d’un homme appuyé sur un bâton "
    Une fin du monde classique sur le thème de l’invasion animale.

  8. Type: livre Thème: menaces cosmiques, la nouvelle glaciation Auteur: J. et D. LEMAY Parution: 1969
    Lorsque s’ouvre la conférence du groupe des savants de Pugwash, les intervenants étaient loin de s’attendre à la sortie de François Alandin, professeur éminent à la Faculté des Sciences. Celui-ci annonça que le système solaire tout entier se dirigeait vers un nuage de poussière cosmique qu’il atteindrait dans trente-cinq ans.
    Les conséquences de cet événement seraient effroyables et constitueront – si rien n’est entrepris – la fin de la vie sur la planète Terre :
    « Il n’apparut pas aux ordinateurs que le basculement de la terre sur son axe, suggéré par certains savants fut envisageable. Certes, il pouvait être craint que le mouvement de nutation et même de précession en soit modifié en raison d’un changement dans la répartition des masses, mais il fut surtout mis en relief que l’équilibre du gigantesque volant constitué par la planète ne serait retrouvé que par les mouvements du plasma interne. »
    L’annonce fit l’effet d’une bombe. Mais, soutenu par ses collègues, Grigori Chaliokine, astrophysicien, et Edsel Gurney, le directeur de l’observatoire du Mont Palomar, Alandin jeta les bases d’une organisation destinée à l’espèce humaine.  Elle devrait mettre ses ressources en commun  et travailler avec acharnement pour, s’en s’écarter d’un iota du but fixé, créer les conditions de sa survie.
    La pression de la foule, qui voyait en Alandin son sauveur, permit de contrer la menace constituée par les politiques, peu enclins à abandonner leur pouvoir. Les résistances furent donc toutes levées, les unes après les autres. De longues discussions aboutirent, après avoir écartées diverses hypothèses, comme l’envoi de vaisseaux dans l’espace ou la destruction d’une partie de l’humanité, à la décision de créer des arches, des « unités autonomes de survie », sphères immenses devant reposer sur le fond des océans en bordure continentale. Ses sphères contiendraient chacune en son sein des milliers d’êtres humains et d’animaux, dont la survie pouvait être assurée par les moyens énergétiques appropriés.
    Le plan accepté, les travaux commencés apportèrent au cours des ans une transformation complète du paysage social. Des villes furent abandonnées. Les forêts et la jungle reprirent leur place là où vivaient jadis des millions d’hommes. L’industrie, le commerce, l’habitat se situait maintenant autour des lieux où l’on construisait les sphères.
    Alandin et son groupe d’amis ont crée au Groenland la nouvelle association « Aurore » qui suivait l’évolution des travaux :
    « Les essais de résistance eurent lieu dans l’Arctique, près de Thulé où avait été construite l’unité nommée Sphérotest. Immergée par mille mètres de fond, la masse d’acier et de béton, structure étonnante que les nids d’abeille rendaient pratiquement indestructible, prouva cette qualité en résistant à l’explosion de plusieurs charges atomiques. Puis, halés par les grands navires de guerre sortis de leur cocons, l’engin fut remorqué jusqu’à la fosse Atlantique, coulé jusqu’à quatre mille trois cents mètres et remonté .»
    Pourtant des états restaient réticents au projet. Ainsi, dès le début, les Chinois maoïstes appelés « l’Asie Rouge » rompirent toute relation avec le reste de l’humanité pour suivre leur propre plan. Quant aux Japonais, en les personnes de Omira Yamatimo et celle de Nishito Iharu, ils n’avaient qu’une obsession : celle de prouver qu’Alandin et son groupe formaient en réalité une cinquième colonne extraterrestre dont l’objectif, après l’infiltration aux postes-clés de l’espèce humaine, était de confisquer le pouvoir à leur profit. Ce qui donnait de la force à cette théorie c’était un vaisseau « alien » endommagé qu’ils avaient réussi à récupérer, à reconstruire dans une base secrète, sans toutefois en percer tous les secrets.
    Les Japonais avaient raison. Des extraterrestes nommés Galathéens surveillaient de près l’évolution des hommes depuis des millénaires, sans intervenir dans leurs affaires. Parfaitement identiques aux Terriens et conscients que ceux-ci ne pouvaient pallier la menace mortelle à venir, ils ont décidé de leur venir en aide. A cet effet, un groupe de Galathéens, inséré de longue date dans la société humaine et nommé « les Découvreurs »  - c'est-à-dire Alandin et son groupe – devait diriger le sauvetage. D’où la conception des arches.
    Alors que les premiers effets d’une glaciation intense et des désordres telluriques commençaient à apparaître, Nishito, acharné, démasqua enfin Alandin. Le groupe des «Découvreurs » en étaient réduit à fuir,  trouvant refuge en une grotte située près des « Trembles », ancienne propriété française d’Alandin. Ce dernier, en vue de convaincre Nishito de sa bonne foi et surtout de mettre la main sur le vaisseau qui leur permettrait de quitter la Terre, se rendit au Japonais. Alandin sera torturé pour qu’il avoue, des remontées volcaniques compliquant la situation aux Trembles :
    « En fin de journée, une nouvelle alarmante parvint aux Galathéens. Captée par Aurore, une émission des maoïstes annonçait que le continent chinois semblait s’enfoncer lentement. Déjà les cités côtières avaient disparu. Plusieurs centaines de bulles d’acier flottaient, entraînées par les montagnes liquides qui montaient à l’assaut des grandes plaines et qui atteindraient bientôt les contreforts montagneux de la Chine continentale. »
    En dépit de sa faiblesse, par ruse, Alandin s’emparera de «l’Olagne » le vaisseau interplanétaire, provoquant du même coup la mort de Nishito, et mettra ses amis en sécurité à bord d’une station spatiale terrienne en attendant l’arrivée de ceux de sa race. L’humanité, elle, sur une Terre en total bouleversement survit tant bien que mal à bord des arches submergées, en attendant une ère meilleure.
    Greffant sur le thème principal de la fin de la Terre une multiplicité de thèmes secondaires tels que le péril extraterrestre, la menace jaune, les cités englouties, les auteurs élaborent un scénario tant bien que mal qui part, à cause de cela, dans tous les sens.  Le récit lui-même aurait gagné à être plus solidement charpenté, des discussions théoriques et oiseuses interrompant souvent inutilement la trame narrative, en des termes à la sémantique approximative.  Qui trop embrasse…

  9. Type: livre Thème: pollution généralisée Auteur: Divers auteurs Parution: 2003
    contient les nouvelles :
    la Dernière pluie (Jean-Pierre Andrevon)
    la Compagnie de l’Air (Christophe Lambert)
    les Chiens de mer (Danielle Martinigol)
    le Temps d’aimer est bien court (Jean-Pierre Hubert)

  10. Type: livre Thème: fins du monde, fins de l'humanité, l’apocalypse réalisée Auteur: Jean ALESSANDRINI Parution: 1993
    Maximilien Crible se réveille ce matin du 15 juin 2004 et se rend compte que tout va de travers. Non seulement les gadgets technologiques le lâchent, non seulement, ce jour, au soir, il sera viré de son travail de lecteur-programmeur du plus puissant ordinateur du monde, mais encore, dans les médias , les catastrophes s’amoncellent, avec des volcans en éveil et des tremblements de terre partout dans le monde.
    Plus grave: ce dont il est le seul à s’apercevoir, semble-t-il, c’est qu’il n’y aura pas de 16 juin 2004 ! Le calendrier, la montre, l’agenda,   ne prévoient pas cette date, comme si sa propre mort, ou celle de la terre était déjà programmée. Par ailleurs, il découvre un autre indice qui ne trompe pas : le chiffre 666, celui de la « Bête » de l’apocalypse, que lui, Maximilien, semble être le seul à voir.
    Que se passe-t-il ?
    Malgré tout, il envisage d’aller à son travail une dernière fois, remplacé par « Antisphinx », l’ordinateur géant qui devra être inauguré aujourd’hui. Son collaborateur et ami Gibbelin, lui soummet les dernières projections géosatellitaires. Le doute n’est plus permis: partout, le long de la ceinture de feu se réveillent les volcans,  et à la conjonction des plaques sibériennes, européenne et atlantique, le sol plissé de façon singulière semble former le chiffre 666 :
    « La plus grande partie de l’Irak et la quasi-totalité de la Turquie n’existaient déjà plus qu’à l’état d’ulcération… Une plaie béante à la surface de la terre, si énorme, si profonde qu’elle devait être visible de la Lune !(…) le craquement laissait entrevoir, en contre-bas d’une dépression d’au moins cinq cents mètres amplifiée par une surnivellation de hauteur équivalente, un plateau étrangement lisse disparaissant dans l’ombre portée de nouveaux plissements en à-pics. Il suivit à la loupe le parcours fracturé de ce corridor inopinément mis à jour. Utilisant les tables de conversion, il détermina approximativement l’écartement maximum des lèvres de la plaie à trois cents kilomètres. Pestant contre l’image, il devina plus qu’il ne distingua une série de balafres discontinues, droites, courbes, croisées, circulaires, sinusoïdales, spiralées, biscornues, incisions étrangement régulières, parfois répétitives, comme griffées par un gigantesque burin. Indubitablement ces ciselures ne pouvaient être que l’œuvre de la nature, mais la cohérence de leur dessin lui remit en mémoire le mystérieux artefact de Nazca au Pérou. »
    Pour en avoir le cœur net,  et parce que seul le super-ordinateur saura répondre à sa question, Crible décide de le consulter, bien que l’accès lui en est rigoureusement interdit. Par l’entremise de Gibbelin, il obtient les clés d’entrée de la salle où il se retrouve seul devant Antisphinx. Crible reçoit une réponse à son soi-disant délire.
    Le responsable de tout, c’était lui, Antisphinx. Connecté à la machinerie mondiale, le robot a décidé de tirer un trait sur l’espèce humaine, en enclenchant partout un processus d’autodestruction mais en gardant un témoin privilégié de ce moment, à savoir, lui , Maximilien Crible.
    Maximilien soumet à la machine une dernière question à laquelle elle ne pourra refuser de répondre : que signifie ce chiffre « 666 » inscrit dans les plis de l’écorce terrestre ?Antisphinx met du temps à  analyser les données. Quand enfin il parle, c’est avec un intense étonnement : la terre aurait été programmée depuis son début par la nature, à se détruire un jour, et ce jour, c’est le 16 juin 2004 :
    « -Antisphinx de quoi sera fait le 16 juin 2004 ? Un silence puis la « divinité » assena sa réponse : -Demain, 16 juin 2004, Antisphinx sera le maître de l’univers. -Pourrais-tu être plus précis ? demanda Crible, avec un plissement de paupières inquisiteur.
    -Oui, Crible. Demain verra la fin du cycle humain sur Terre et l’avènement de la machine ultime. (…) La planète est désormais entièrement informatisée, totalement sous influence. Du plus infime microprocesseur au terminal géant et du logiciel d’appartement à la banque de données, la technosphère étend partout son empire et Antisphinx en est le cœur et le cerveau.(…)
    «  Mes conclusions sont formelles. Les lignes de fracture opéreront une première jonction dans six heures trente-neuf minutes dix-huit secondes, c’est-à-dire à vingt-trois heures cinquante-neuf minutes, au point d’intersection géographique considéré comme la charnière du substratum européen, africain et asiatique. (…) Il y aura une dérive accélérée des continents, puis, du fait, de la gravitation terrestre, l’écorce démembrée s’arrachera au noyau fondateur et s’évacuera par morceaux dans l’espace. »
    Pas de chance pour Antisphinx que ce jour coïncide justement avec la prise de pouvoir des machines ! Lorsque les officiels pénètrent enfin dans la salle, ils contemplent un ordinateur définitivement hors d’usage, un Crible, joyeux et insouciant qui s’apprête à rejoindre le fantôme de sa défunte femme, tandis que deviennent perceptibles les premières secousses telluriques :
    « L’orage, un orage fantastique, libérateur, éclata soudain sur la ville. Le tonnerre gronda. Une gerbe d’éclairs déchira le ciel chargé de nuages lourds qui évoquaient un galop d’éléphants cruels. La pièce s’illumina. Le vent se leva. La tourmente souffla. Mugissement. Rugissements.
    -J’ai atteint ma date limite, n’est-ce pas, demanda Crible. -Oui, mon chéri. Viens, je t’attends.
    Elle lui tendit les bras. »
    Un récit pour adolescents, intelligent, ironique, enlevé, dont  le suspense ne se relâche à aucun instant.