Aller au contenu
  • bdd_livre.png.38ca27d0c9044ccbdbae2e058729c401.jpg

    Bienvenue dans la Base de Données des livres !

    Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

    Accédez au flux RSS :

  • 711 livres

    1. Type: livre Thème: fins du monde, fins de l'humanité Auteur: Elise THIEBAUT Parution: 2000
      fascicule 01 : Accordez-moi cette bombe :
      Avec beaucoup de finesse et d’ironie, la romancière, prenant le lecteur pour personnage (" vous pensez que… ", " votre famille"), évoque en touches rapides l’ensemble des séquelles terrifiantes que provoquerait l’explosion de bombes thermonucléaires : la mort, l’errance dans les ruines, la présence de décombres :
      " Vous êtes terriblement étonné d’avoir survécu. Votre orgueil vous souffle d’abord que vous êtes ELU parmi tous les humains, mais votre manie de l’échec vous réfute aussitôt : survivre quand tout le monde a péri, n’est–ce-pas  là le comble de l’infortune ? Pour en avoir le cœur net vous essayez confusément d’engager un dialogue avec Dieu, sur le mode " pourquoi moi, Seigneur ? ". Il ne répond pas. Il ne répondra jamais. Vous resterez seul avec vos doutes et votre peau qui part en lambeaux.
      Vous marcherez dans la ville en ruines. Partout des morts, des flammes et des fontaines d’eau bouillante, les carcasses de voitures, un ciel rouge et noir, et des statues qui paraissent plus vivantes que les gens. "
      Adroitement, elle relie cet imaginaire à un vécu non moins effrayant, soit celui de la mort réelle dans les camps d’extermination nazis, ou celui de la mort imaginée à travers une psychologie malade. Du grand art.
      fascicule 02: l’amour de A à Z
      Ou petit traité à l’usage des jeunes filles. Des premiers émois avec ses tendresses et ses ridicules, au répertoire des illusions. Du premier garçon pour lequel l’on se serait damnée,  au vieillard qui souffre son agonie et dont l’on s’occupe. Car la fin du monde est aussi la fin de la vie, et vice-versa :
      " Le fait est que vous vous êtes raconté pas mal d’histoires sur le monde et sur vous-même. Enfin, plus sur vous-même que sur le monde – question de matière première.
      De toutes les catastrophes qui doivent inéluctablement fondre sur l’être humain, la vieillesse vous paraissait  –  de loin - la plus improbable. La mort en revanche vous terrifiait. Et l’amour. Mais la vieillesse, la désillusion, la façon qu’a la vie de s’accumuler par strates géologiques sur votre petit cœur, vous ne pouviez pas l’imaginer. "
      fascicule 03 : Construire son abri anti-atomique
      " Quand François proposa à Bettina de construire un abri antiatomique, il était en train de prendre son bain. " Le couple décide d’acheter une maison en Camargue puisque la fin du monde est proche. Bettina travaillera pour payer ladite maison qui sera rénovée par François et ses amis. Ils vivront en communauté et creuseront une piscine.
      Ceci servira d’alibi à François pour proposer le creusement d’un abri (l’habitude étant prise de creuser). Alors, ils se fâcheront entre eux. Lorsque le moment fatal arrivera, François et Bettina se réfugieront seuls dans l’abri, car:
      " S’ils entrent tous, on n’aura pas assez d’air, pas assez de vivres, pas assez de temps pour attendre que les radiations s’atténuent.(…) Autour de nous, les gens mourront dans d’atroces souffrances, et il faudra s’organiser pour vivre dans ce trou (…) Nous serons les piliers de ce monde tombé en ruines et nous repenserons à ce jour ancien où je te parlais, dans la salle de bains, pendant que tu nattais tes cheveux en regardant la buée se déposer lentement sur le miroir. "
      fascicule 04 : Vaincre l’autruisme
      Ou la rencontre avec l’autre lorsque le moi est en construction : " Vous étiez détestable puisque vous étiez détestée ".
      Même la mort de la personnalité adolescente dans la pétrification du moi adulte n’enlève rien au miroir tendu par l’autre :
      " Vous pleurez en la regardant, parce qu’elle est belle, parce qu’elle est douce, parce que tant de bons moments vous unissent depuis toutes ces années même si son mariage vous désespère. Vous pleurez parce qu’elle vous aime et que vous n’aimez pas. Vous pleurez sur vous-même comme tous les autruistes, ricanante et empruntée dans cette robe qui met vos genoux cagneux en valeur et votre poitrine à la torture.
      Vous pleurez parce qu’elle est devenue une femme, et que vous n’êtes même pas sûre d’appartenir à la race humaine. Vous pleurez par ce que vous avez une amie, une au moins ; vous l’aimeriez pour l’éternité si seulement l’éternité n’était pas destinée à prendre fin avec vous. "
      fascicule 05 : Extraterrestre mon ami
      Les extraterrestres ont envahi la terre :
      " Ils débarquent un jour sur la terre et veulent faire de nous leurs esclaves. Seulement moi, je ne marche pas. C’est déjà assez pénible de devoir aller pointer à l’ANPE, sans avoir à brusquement supporter les extraterrestres qui veulent réduire le monde à leur merci. "
      D’ailleurs, actrice de second ordre, la narratrice se doit de changer la litière du Chat sans l’équipement adéquat qui devrait être fourni:
      " le Changement de la Litière du Chat reste un secret militaire et ils refusent de distribuer des masques à gaz en conséquence. "
      C’est chez Shopi qu’elle rencontre Enrico, un extraterrestre certainement, avec qui elle se rappelle avoir couchée. " Que deviens-tu ? " Il ne devient rien. Il en veut à la narratrice de s’occuper du Chat de Mathieu Volar, l’individu qui lui a volé sa pièce " Prise de Tête ".
      Elle en conclut que nous sommes tous dans la 4 ème  dimension et n’avons qu’un seul but dans la vie : acheter de la litière pour chat. La vie est dure sous le joug extraterrestre!
      fascicule 06 : Une femme à votre vue
      En se réveillant aveugle, il ne se voit plus qu’au miroir,  mais se reconnaît en cette fille appelée au hasard au téléphone pour lui faire l’amour… et qui disparaît à sa vue.
      Qui est donc qui dans ce jeu du visible invisible ? :" Comment saurais-je que j’existe si je ne plais pas ? "
      fascicule 07 : l’homme tel qu’on le parle
      Son frère a un gros chagrin d’amour et comme  tous les hommes il ne peut pas arrêter de pleurnicher. Il s’en ouvre à sa sœur qui lui fait le compte des amants qu’elle a connus,  au nombre de douze comme les disciples du Christ. Aucun d’entre eux n’échappe à la critique féminine. Nostalgie, quand tu nous tiens !
      fascicule 08 : Le prolétaire sans peine
      " Les prisons sont des pays morts, désolés, comme imprégnés d’une brume radioactive, à l’intérieur les vivants sous-vivent, c’est ce qui les distingue des survivants : ils survivent avant que la mort ne les ait touchés. "
      Elle avait épousé un ouvrier, fidèle à son conditionnement familial. C’était aussi un révolutionnaire sans qu’elle n’en sût jamais rien et aujourd’hui, il sort de prison. Alors elle l’attend avec angoisse et espoir, soucieuse d’en finir avec la vie précédente et craintive d’en commencer une nouvelle :
      " Il va sortir, votre prolétaire. Vous en ferez un bourgeois parce que comme aux cartes c’est la reine qui gagne sur le valet. La lutte des classes est terminée. Les terroristes se sont perdus. Vous êtes rescapée d’un accident qui n’a jamais eu lieu : la révolution. Le prolétaire sans peine n’a jamais existé. Tant pis, vous prenez celui-ci avec peine. Il porte une valise, il marche sans vaciller. Vous vous dites : Que l’argent reste où il est, que l’amour reste là où il est. Que rien ne change. "
      fascicule 09 : J’y pense, donc je jouis
      Ou de la difficulté d’une psychanalyse réussie.
      fascicule 10 : Stérile et heureuse
      Elle a une envie d’enfant et se sent stérile. Trois ans qu’elle essaie en vain. Alors, en route pour les tests, notamment l’hystérosalpingographie au mot si compliqué, à la puissance trouble. Démission dans les mains du Dr Duras :
      " On pense à ces gens qui font des années de médecine pour passer le reste de leur vie à explorer l’utérus ou l’anus de patients terrifiés. "
      Connaissance intuitive par le corps de sa propre finitude.
      fascicule 11 : J’élève mon mutant
      Victoria qui se rappelle toutes ses vies antérieures ne sait comment attirer l’attention de ses parents. Ils sont moins évolués qu’elle et, pour le leur faire savoir, elle vomit sur tout. Mais, il n’y a rien à faire. Plus elle grandit plus la mémoire de ses vies antérieures disparaît : à nouveau elle sera condamnée à mort :
      " Victoria haussa les épaules. Elle voyait la vanité de toute chose et même celle de son orgueil. Elle pensa qu’elle ne devait pas lutter, la démémorisation n’en serait que plus pénible. Elle devait attendre et s’abandonner à la mutation inéluctable : devenir de plus en plus grande, de plus en plus bête, de plus en plus ordinaire. Mais elle parvint à se convaincre que rien de tout cela n’avait la moindre importance.
      Le genre humain n’est pas de ceux qui méritent l’attention d’un enfant. Un jour, elle se rappellerait peut-être ses vies, par hasard, elle les écrirait, les insérerait dans un livre, et personne ne la croirait. Peut-être qu’elle fût une mutante. L’heure du goûter approchait, et elle demanda à sa mère de lui donner un verre de lait. Elle but consciencieusement, jusqu’à la dernière goutte, et quand elle eut fini, il ne lui restait pas le moindre souvenir de sa vie. "
      fascicule 12 : Comment devenir anonyme
      Etre anonyme est très difficile surtout quand on oscille du communisme au capitalisme :
      " Vous n’avez rien d’autre que votre vie et ils veulent vous la prendre. " D’ailleurs : " Ne rien faire vous obligeait à vivre et vivre s’était révélé beaucoup plus fatigant que travailler. Il est terrifiant d’exister par soi-même. "
      Cette conscience malheureuse de l’insondable insignifiance de soi vous renvoie un état des lieux où ne subsiste que le seul désir de survivre en dépit du : " désastre (qui) ne cessait de gagner nos vies, comme la sécheresse inexorable dans le désert, la famine, la pollution, des phénomènes presque surnaturels si puissants qu’on pourrait oublier ce qui les a causés : votre obstination à ne rien faire pour empêcher la fin du monde. "
      En douze petits livrets Elise Thiébaut offre un panorama complet de l’apocalypse vécue au quotidien. Une approche moderne et réussie du concept de finitude.

    2. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 1 Auteur: Robert ABERNATHY Parution: 2000
      Joseph Bloak se réveille au premier matin de l’an 2000 en un univers de cocagne, technologique et hypersophistiqué, où sa jolie femme et ses brillants enfants remplissent tous ses vœux.
      Cependant,  la réalité est toute autre. Grattant des poux sur sa tête, étendu au fond d’une grotte, se réveillant aux paroles d’une femme revêche, il sera encore obligé de relever les collets dans la lourde neige du dehors s’ils veulent subsister en ce premier jour de l’an 2000 d’après la catastrophe.
      Une très courte nouvelle à l’impact accentué  par ce parallèle rigoureux.

    3. Type: livre Thème: guerres futures 1 Auteur: André SOUSSAN Parution: 2000
      Les chefs d’état des pays arabes unissent leurs efforts pour se débarrasser définitivement d’Israël. Le complot, ultra-secret, repose sur deux piliers : un Russe, Anatoli Léonov et un Américain, John Hicks, ancien directeur-adjoint de la CIA. Ces deux hommes, des mercenaires achetés à prix d’or par les Arabes, mettent sur pied un plan monstrueux qui devra aboutir à la destruction totale du pays juif. Leur conversation téléphonique, où il est question de taupes infiltrées en Israël qui servent de relais, a été surprise par Judith Steven, une brillante journaliste américaine, en mission en Irak. Convaincue de tenir là un scoop exclusif, elle dissimule la cassette et tente de se renseigner pour son propre compte. Mal lui en prend. Repérée, elle sera grièvement blessée dans un attentat où elle perd totalement la mémoire. Le Dr. Abou Chariff, brillant médecin faisant partie de l’équipe qui la soigne est l’un des pivots du complot en Israël.
      Le plan se déroule en trois étapes. La première consiste à multiplier les offres de paix avec Israël. Chaque président arabe, tour à tour, déclare ouvrir une ère de fraternité avec les Juifs et se propose de visiter Jérusalem. Ces annonces déclenchent l’hystérie dans le monde entier. Toute action pour saboter le processus en cours par les Israéliens serait donc universellement considérée comme une manœuvre de nuisance. La deuxième, à travers des provocateurs infiltrés ou soumis à un chantage, aboutit à des actions terroristes, telles que l’explosion du Saint-Sépulcre à Jérusalem, la suppression du rabbin extrémiste Abramov, des explosions au Vatican et à Paris dans l’église de Saint-Germain.
      Les attentats en Israël seront revendiqués par un groupe terroriste chrétien et ceux en Europe par les « Fils de Sion », de prétendus extrémistes juifs, en réalité des terroristes irakiens. Leur but est évident : faire se battre entre eux Chrétiens contre Musulmans, Juifs contre Juifs, Chrétiens contre Juifs. Le pape – comme il est naïf !- s’indigne et menace. Les troubles augmentent en Israël et l’insécurité du moyen orient atteint un niveau très élevé. La troisième phase, grâce à Ahmed Salah, faux promoteur immobilier, consiste à implanter des villages en Israël pour touristes arabes, syriens, irakiens, saoudiens, en réalité des soldats entraînés qui attendront leur heure. Plus de 5000 Arabes, sous l’aspect d’inoffensifs visiteurs sont prêts à passer à l’action.
      Face à ces manigances, se dresse un seul homme, David ben Zion, le patron du Mossad. Avec une âme tourmentée, en recherche religieuse, il comprend que son pays court un grave danger. Il met lui-même en place ses pions au sein du Mossad, outil d’une remarquable efficacité. Son informatrice habituelle, une espionne hors-pair, est déjà en place en Irak, proche des services secrets irakiens. Elle se nomme Khalida ben Omar – en réalité « Esther » - affichant de telles qualités qu’elle se fait même connaître du président irakien. Elle transmet à David une information essentielle, celle d’un avion irakien transportant à son  bord une bombe thermonucléaire, qui vient de s’envoler pour la Mauritanie. Le Mossad, simulant un accident en mer, abat l’avion et s’empare de la bombe.
      David, qui s’appuie sur le Shin-Bet, se soucie également de faire protéger Judith, pièce essentielle du puzzle, espérant que celle-ci recouvrera un jour la mémoire. Le Dr. Aboud Charaff commettra alors une erreur et sera éliminé par le Mossad. Mais pour David, il n’est pas facile d’agir dans un contexte où Israël est accusé de saboter le processus de paix engagé avec les pays arabes. Il lui faut donc absolument mettre la main sur les deux concepteurs de ce plan démoniaque, Léonov et Hinks, en résidence secrète à Bagdad.
      Tandis que les rencontres entre les politiciens arabes et Dan, le Premier Ministre israélien, se poursuivent, appauvrissant Israël de par leur coût exorbitant, les frontières s’ouvrent. Des milliers de Juifs essaiment dans les pays voisins devenus théoriquement sûrs. Pourtant Esther alerte à nouveau David du déclenchement imminent du plan «Ismaël», soit une attaque combinée d’Israël, aussi bien intérieure qu’extérieure, par la totalité des armées arabes, l’invasion du pays, et l’éradication des Juifs :
      «Tous les juifs doivent quitter la Palestine. Resteront seulement ceux qui peuvent attester qu’ils sont ici depuis dix générations. Ils auront une semaine pour le prouver et leur nombre ne devra en aucun cas dépasser vingt mille. Un million sera réparti dans les pays arabes où ils redeviendront ce qu’ils n’auraient jamais dû cesser d’être : une minorité méprisable au service de l’Islam. Les autres seront éparpillés en Asie. Ni l’Europe, ni l’Amérique ne pourront les accueillir, sous peine d’embargo pétrolier. Les restes du Mur des Lamentations disparaîtront. Nous construirons deux nouvelles mosquées : l’une sur les ruines du Mur, l’autre sur celles de la Knesset. Jérusalem sera désormais la Ville sainte de l’Islam. Aucun juif ni aucun chrétien ne pourra jamais plus y vivre. »
      S’opposant à la fois au travaillistes et défaitistes juifs, à l’extrême-droite religieuse, à l’incrédulité de Dan, aux menaces de l’ONU, David actionne son arme ultime surnommée « le plan Messiada », synthèse de « messie » et «massada », l’apocalypse.  Il envisage de déclencher l’apocalypse nucléaire sur les pays belligérants et pour que l’Europe et l’Amérique ne puissent contrecarrer le processus, il exercera sur eux un chantage de type terroriste, en cachant dans chacun de ces pays des charges nucléaires, prêtes à exploser, y détruisant au moins trois grandes métropoles :
      « Paris, Marseille et Lyon risquaient d‘être rasés de la carte. Des bombes atomiques de vingt kilotonnes chacune y étaient enfouies en des lieux secrets, prêtes à exploser à cinq heures du matin , ou avant – on ne donnait aucune précision-, si l’Elysée n’exécutait pas les instructions contenues dans la lettre. La première phase du plan détruirait l’ensemble des axes routiers de trois grandes villes. La seconde ferait voler en éclats deux centrales nucléaires par implosion. La troisième phase signifiait  la destruction totale des trois grandes villes à l’arme nucléaire. »
      Esther a été repérée. Elle sera « exfiltrée » d’urgence non sans qu’elle ait réussi au préalable à contaminer le président irakien, dorénavant condamné à mort. L’invasion d’Israël repose sur l’effet de surprise, à l’instar  du plan Messadia. Mais la France – toujours traître à l’égard d’Israël !- relaie l’information aux pays arabes, allumant prématurément la mèche. L’heure de l’invasion sera avancée, obligeant les Juifs à une réponse immédiate, dans une grande précipitation  - situation rapidement maîtrisée – puisque la capitale libyenne sera réduite en poussière par une bombe nucléaire.
      David apprenant qu’une autre bombe nucléaire, arabe celle – là, a été enterrée à Jérusalem même, y oppose l’anéantissement nucléaire de tous les pays du moyen-orient. La Syrie, la Jordanie, l’Arabie Saoudite, l’Irak seraient annihilés par l’utilisation totale et complète de l’ensemble de l’arsenal nucléaire israélien si la bombe arabe explose. Un vent de folie souffle dans le monde. La cinquième colonne arabe en Israël entre en action, la guerre fait rage :
      « La vue du centre de la ville de Ramat Gan atteint par des missiles à tête chimique était insoutenable. Ils discernaient des centaines de corps, gazés, au visage intact, au rictus convulsé. David n’avait pourtant éprouvé aucun scrupule à l’égard des centaines de milliers de Libyens qui avaient été sacrifiés par le feu nucléaire. Pourquoi avait-il fallu en arriver là ? Les Arabes allaient-ils enfin comprendre que leur avenir était lié à celui d’Israël ? Que les deux peuples étaient condamnés à vivre et à mourir ensemble ? Que ceux dont le Coran disait qu’ils seraient humiliés et misérables détenaient à présent l’arme qui effaçait cette prophétie ? Le Vatican, de son côté, allait-il enfin comprendre que la renaissance d’Israël en 1948 était une résurrection, un miracle ? »
      Les pays arabes, bombardés sans arrêt, arrêtent leurs chars. A présent, les Etats-Unis soutiennent officiellement Israël. Les présidents arabes, l’un après l’autre, se suicident. Léonov, capturé à Genève par le Mossad qui l’a fait sortir de sa tanière, révèle aux Juifs l’emplacement de la bombe de Jérusalem qui sera désamorcée. La guerre est terminée. Les Arabes ont perdu. Israël revendique le droit à la vie, symbolisé par leur décision de reconstruire le Temple de Salomon.
      Messiada est un roman polémique, farouchement sioniste, anti-français et anti-chrétien. David apparaît comme le messie attendu depuis si longtemps par les Juifs. Le judaïsme y est exalté comme seule religion authentique et les Arabes présentés comme faux et cruels. Malgré toutes ces prises de position, les 450 pages du récit se lisent d’une traite, l’intrigue est montée avec minutie, dans la connaissance intime des mécanismes du pouvoir en Israël. Le rôle fondamental des services secrets, les actions terroristes et les rebondissements constants en font un ouvrage passionnant, récit d’une « guerre future » qui paraît si vraie et si proche.

    4. Type: livre Thème: péril jaune et guerres des races, guerres futures 1 Auteur: Eric HARRY Parution: 2000
      L’expansionnisme chinois a, en ce début du troisième millénaire, gagné les pays d’Asie, puis d’Europe. Le monde entier (encore libre) assiste, stupéfait à la propagation de la vague jaune.  Le récit débute au moment où les Etats-Unis sont menacés au nord par le Canada, au Sud par la Floride et la Californie. Le président Bill Baker refuse l’utilisation de l’arme nucléaire, sachant qu’une destruction globale du monde en résulterait. Il prévoit une guerre conventionnelle avec une ligne de front comme en 1914 mais avec des armes issues de la plus haute technologie.
      Les intrigues se recoupent régulièrement ; celle de Stéphanie Baker (Stephie), la propre fille du président qui envisage comme seul avenir professionnel de servir au front. Elle se bat sur le terrain avec un groupe  de jeunes militaires bien typés, surveillée par John Burns sur l’ordre même de Baker,  et qui, survivant à tous les engagements, décrit dans le détail les faits de guerre :
      « Des missiles américains fendirent l’air aux abords de la maison. Boum ! boum ! boum ! La moitié des véhicules chinois furent touchés. L’autre moitié se hérissa de lance-roquettes- Aux abris ! cria John de toute la force dont il était capable. Il se coucha sur Stephie. Des projectiles heurtèrent les briques à l’extérieur de la maison. Le sol frémit. Le salon et la salle à manger volèrent en éclats. Une nuée ardente embrasa l’air puis s’éteignit aussitôt, suivie d’un concert de cris effroyables. Stephie ne pouvait plus respirer. Elle était morte. Ou vivante. Elle ne savait plus.  Elle repoussa John Burns, qui l’écrasait. Il ne paraissait pas blessé, mais hébété. A côté d’eux, gisaient Peter Scott et le sergent Collins, en plusieurs morceaux. »;
      celle de son père et de ses états d’âme, de sa liaison avec Clarissa Heffner, sinologue distinguée et accessoirement sa maîtresse, placée à son corps défendant au centre d’un complot militaire  - téléguidé par les Chinois- visant le coup d’état par l’élimination physique de Baker et le recours au nucléaire ; celle de Han Széning, l’un des membres de la «Famille » (la Nomenklatura chinoise qui fonctionne sur le modèle de la mafia) dont le Premier ministre et le ministre de la défense sont les rouages moteurs de l’expansionnisme. Le moindre froncement d’un sourcil de leur part est commenté, disséqué, analysé et décodé par les médias pour mettre en évidence les fluctuations du pouvoir parallèlement aux diverses phases de l’invasion.
      Han Szening, à moitié américain et ancien condisciple de Baker, lié à lui par un lien de parenté, a beaucoup de difficulté à manipuler son propre fils Wu Hang, cousin de fait de Stephie, la sœur de l’épouse de Baker ayant fauté avec le père de la jeune fille en d’autres temps. Wu Han brûle de s’engager sur le terrain comme sa cousine mais il est contrôlé par le pouvoir central de la Famille qui espère lui faire jouer un rôle de premier plan après la guerre, au détriment de son père Han ;
      enfin celle du franc-tireur Hart, capitaine américain des forces spéciales, resté bloqué sciemment à l’arrière des lignes ennemies pour infliger à l’ennemi le maximum de pertes possibles par des actes de sabotage.
      L’assaut chinois est irrépressible et la ligne de front recule, puis est enfoncée jusqu’à Washington. Bill Baker mise tout sur la construction de deux navires-ateliers gigantesques, capables de lancer des milliers de missiles à la minute ce qui devrait assurer in fine la victoire à l’Amérique. Ils sont encore en construction dans le port de Philadelphie. Pour donner le change aux Chinois, Baker feint de ramener toutes les forces combattantes autour du Capitole pour leur faire croire que là aura lieu la bataille décisive. Han, quoique habile négociateur, nommé administrateur civil, ne réussira pas à tromper Baker et surtout son rival politique, le vieux général Sheng, commandant les forces d’invasion en Amérique cruel selon la tradition :
      «Le commandant du camp formait des pelotons pour procéder à l’abattage des prisonniers. Pour un non-initié, le processus pouvait paraître simple. Mais Han savait d’expérience que pour mener l’opération à bien sans encombre ni surprise, il fallait veiller aux moindres détails. La méthode généralement appliquée dans l’armée consistait à gracier l’homme le plus méritant dans chaque tranchée d’exécution. Ainsi, l’ensemble se laissait conduire au supplice dans l’espoir d’être celui à qui l’on accorderait la vie sauve.La vilaine astuce, c’est que le pardon était faux. Les hommes ainsi sauvés n’obtenaient d’autre récompense que de faire partie de la dernière tranche exécutée. »
      La bataille de Washington eut finalement lieu, terriblement éprouvante pour Stephie qui sera faite prisonnière et identifiée. Sheng envisage de l’échanger contre son père, à une date donnée, sur un pont à moitié démoli.
      Ce moment, périlleux entre tous, rassemble Baker et sa fille, Wu et Sheng. Hart sera téléguidé par les putschistes (sans qu’il le sache) pour abattre le président sous prétexte qu’il ne doit pas tomber vivant entre les mains des Jaunes. Le coup de théâtre viendra de Wu qui abattra le général Sheng, avec l’assentiment de la Famille qui estime que la guerre a assez duré, qu ‘elle a fait trop de morts du côté chinois. Il protégera Baker et sa fille pendant que, Hart avec l’intuition qui le caractérise, n’exécutera pas la mission qu’on lui a confiée,ce qui permettra plus tard au président de démasquer les putschistes. Le seul vrai perdant dans l’histoire est le père de Wu, Han, dont l’action a été désavouée par la Famille. Comme lot de consolation il se contentera des bras de Shen Shen, la jeune maîtresse de Wu, espionne à la solde de Han. Enfin, comme un bonheur n’arrive jamais seul, les navires-ateliers finalement opérationnels sont prêts à débarrasser le sol américain des envahisseurs.
      Dernier épigone en date du thème du « péril jaune » sous la forme d’une guerre future détaillée, réaliste et vraisemblable. Elle s’articule autour d’une analyse des motivations de chaque personnage, avec ses faiblesses et ses failles ce qui renforce l’effet de réel,  à laquelle s’ajoute la description minutieuse des opérations militaires. Un roman agréable à lire même si, parfois, le trait est forcé...

    5. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 2 Auteur: Gilbert PICARD Parution: 2000
      Vol. 01 : Le volcan des sirènes, Fleuve Noir éd., 1985, coll. " Anticipation " N°1410, 1 vol. broché,  in-12 ème , 183 pp. couverture illustrée par Michaël Embden.  roman d’expression française
      1 ère  parution : 1985
      En une Europe future, décadente et répressive, vouée à l’artificiel, où les gens s’adonnent volontiers au suicide, des dissidents manifestent leur volonté de réagir en établissant secrètement, à travers les océans du monde, des bases sous-marines. Grâce à une opération spectaculaire de greffe de branchies qui leur permet de vivre indifféremment sous l’eau ou à l’air libre, ils enlèvent, de manière organisée, des savants tout prêts à rejoindre leur rangs.
      En Méditerranée, le volcan sous-marin Volutanis (apparu après des convulsions terrestres) est l’une de leurs bases, et Natis, jeune et jolie espionne amoureuse de Jarci, le fils du chef, est missionnée pour ramener Uliss, un architecte sous-marin, en leur base. Hélas !, le vilain Sloane, ancien ami de Natis et agent de la Sûreté Répressive, arrive à s’infiltrer dans la cité sous-marine, à communiquer sa position et rameuter ses agents. L’ensemble des dissidents quittera la cité en train sous-marine après avoir miné toute la structure, ce qui entraîne les méchants policiers dans la mort.
      Un récit gentillet mais on eût aimé lire, à la page 170, " cache " (retraite sûre, cachette, etc.) au lieu de " cash " !
      Vol. 02 : les Combattants des abysses , Fleuve Noir éd., 1986, coll. «Anticipation» N°1471, 1 vol. broché, in-12 ème , 188 pp. couverture illustrée par Michaël Embden. roman d’expression française
      1 ère  parution : 1986
      Les fugitifs de la cité de Volutanis seront pris en charge par les résidents de celle de Zabib, base sous-marine proche des côtes françaises, d’où continuera le combat contre la dictature mondialiste installée à Paris. Jacir, patron de la cité, apprend que le Premier Représentant et le Grand Elu envisagent  de détruire la base, centre de terrorisme pour eux. Il s’agit donc de frapper, et vite. Deux intrépides et sexy agentes seront envoyées auprès d’eux , après qu’on leur eut enlevé tous souvenirs récents, afin de séduire le Premier Représentant, pendant qu’une force « d’hommes-poissons », aptes à respirer par des branchies, s’entraînent pour l’intervention décisive.
      Natis et Wind, jouant de leur culot et de leur corps, rencontrent les dirigeants du gouvernement mondialiste à paris, et leur plaisent. Elles procèdent à l’enlèvement du N°2 du régime, le ramènent avec elles lors d’un retour mouvementé en leur base secrète. Ceci amène le Grand Elu à avancer la date de réunion de tout le gratin mondialiste dans le but de mettre au point une stratégie de destruction des opposants sous-marins. C’était sans compter sur la célérité des hommes-poisssons,  qui, remontant le long des canaux et des égouts, élimineront d’un seul coup tout ce beau monde lequel empêchait la fraternité de tous avec tous, ouvrant du coup l’Europe meurtrie, irradiée, affamée,  au vaste champ des produits inépuisables de la mer.
      Un deuxième volume qui met un point final à cette aventure filandreuse et insipide. Sentiment partagé, semble-t-il, par l’auteur, tellement pris dans son écriture qu’il nommera «Kalod »,  à la page 28, l’un des personnages du récit, appelé « Kalid » par ailleurs.

    6. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: Simone BARTEL Parution: 2000
      L’apparition dans le ciel d’une comète «  à la queue phénoménale » censée heurter la terre, provoque des réactions incongrues dans la population, dont la moindre n’est pas de jeter les conventions par-dessus le moulin et de profiter de la vie durant le petit délai encore accordé par la providence. C’est ainsi que :
      « Tout Paris endormi
      A bondi de son lit
      Et d’un seul coup la rue
      Fut pleine de femmes nues ».
      Chacune d’entre elles se révèle enfin dans sa vérité :
      « la femme du chef de gare a sorti ses amants » et les «dames patronnesses foncent au lupanar ».
      Hélas ! c’est une bien mauvaise idée puisque la comète, après avoir frôlé notre planète, disparaît dans la nuit, laissant le monde désemparé et honteux.
      Une verve poétique mise au service de la drôlerie et du chamboulement.

    7. Type: livre Thème: guerre des sexes, matriarcat, épidémies Auteur: Michel TRUFFAUT Parution: 2000
      Le narrateur, Philippe Sorlin, nous raconte son incroyable aventure liée à la pandémie qui a frappé les pays riches du monde occidental. Modeste fonctionnaire à la DEP (Département des Etudes et Prospectives), il vivait heureux jusqu'à présent, marié à la douce Zoé,  jusqu'à ce qu'un jour, comme des milliers d'autres hommes, il ne se réveille affligé d'une verge démesurée, immensément grossie:
      "Un matin, je me suis réveillé avec une sensation de lourdeur entre les jambes. J'ai retiré le drap et secoué Zoé pour lui montrer ce qui m'arrivait. J'étais paniqué. Mes organes génitaux avaient triplé de volume pendant la nuit. Le moment de stupeur passé, Zoé a fait de son mieux pour me rassurer. Mais elle était pâle et sa voix tremblait. Je n'arrivais pas à me lever. Chaque tentative me causait des douleurs aiguës dans le dos et les gestes simples, que j'avais toujours faits machinalement pour sortir du lit, me demandaient de terribles efforts. Quand j'ai pu me mettre debout, le poids de mon bas-ventre faillit m'entraîner en avant. J'avais l'impression que mon corps m'était devenu étranger. Je chancelais, en équilibre instable, incapable de marcher. Je me rendis compte de la gravité de mon état et je pleurai."
      L'éléphantiasis, c'est ainsi que s'appelle dans la réalité cette maladie due à un virus transmis par un moustique dans les pays chauds. Mais dans le récit, les éléphantiasiens, de plus en plus nombreux, sont tous de race blanche, vivant dans des pays développés,  et sans doute victimes de la pollution:
      "Le professeur Montoya confirma qu'il existait un lien direct entre certains polluants chimiques et la mutation des Hox. Des expériences effectuées avec la mouche du vinaigre -la Drosophila melnogaster- montraient que les spécimens exposés à des polluants organiques développaient des hypertrophies des pattes, des ailes et des yeux qui se résorbaient progressivement quand on replaçait les insectes dans un environnement préservé de toute pollution. Pour Montoya, les produits chimiques toxiques en suspension dans l'air étaient, à l'évidence, responsables de l'hypervergie."
      Quoiqu'il en soit, cette maladie le rend inapte à une vie sociale normale. En attendant, sa honte passée de mise vu le grand nombre d'hommes atteints, adaptant ses vêtements à son état, il continue sa vie professionnelle, haï par sa chef de service Marie-Paule Boron  (dite "MP" comme pour "Military Police"), et méprisé par sa voisine,  la naine, dite "Goldorak", une professionnelle du sexe adepte du sado-masochisme.
      Zoé l'entoure de toutes les prévenances et il reste l'ami de Krapolski, un voisin anarchiste, ainsi  que de Sadou, un squatter noir déniché dans l'immeuble que le couple accueillera chez lui. Avec le temps, l'ambiance de la vie quotidienne change subtilement:
      "Les spectateurs ne s'identifiaient plus à des héros "plats". Les anthropologues avaient beau montrer tous les ossements prouvant que la morphologie de l'homo sapiens sapiens évoluait sous l'influence de son environnement depuis trente mille ans, l'éléphantiasis masculin n'en provoquait pas moins une rupture spectaculaire avec des millénaires de civilisation. l'homme représenté par l'art rupestre, magnifié par les artistes de l'Antiquité, dessiné par Vinci,  peint par Raphaël, sculpté par Michel-Ange, chrono-photographié par Marey, avait disparu sur la moitié de la planète."
      Tous les domaines, éthique, ethnique, culturel, esthétique, etc.  se modifient. Par exemple, l'on adopte dorénavant un vêtement adapté à l'entrejambes des hommes atteints. Les femmes deviennent plus agressives et les hommes davantage misogynes. MP, qui connaît Goldorak, intrigue pour se hisser à un poste plus élevé dans la hiérarchie. Quant à la naine, elle crée, dans l'immeuble même, en dépit de toutes les lois,  un atelier de couture appelé "Profiline", qui connaît un succès phénoménal.
      La deuxième phase de la maladie sonnera le glas de l'homme occidental. Un matin, Philippe Sorlin se réveille muni d'une verge pesant vingt kilos. L'hypervergie -c'est le nom dont on la baptise - crée un objet innommable faisant du mâle un total handicapé. Celui-ci vivra dorénavant dans un fauteuil à roulettes en pensant à la cruauté de son sort. La maladie des Hox -c'est le nom des gènes déficients qui provoquent l'hypertrophie - aura des conséquences irréversibles. Les hommes, impotents, impuissants, ne servent plus à rien. Incapables de se maintenir au pouvoir, ils se trouvent à la merci totale des femmes. La société explose. Les femmes prennent le pouvoir. Tous les postes et fonctions occupés par les hommes le seront désormais par des femmes. Des lois seront votées qui favoriseront la coopération avec les PVD (Pays en Voie de Développement) et leurs populations à majorité noire non affectées par la maladie des Hox, ce qui favorisera les mariages mixtes et permettra aux femmes de compenser leur stress sexuel.
      Même Zoé, la douce Zoé, quittera Philippe pour Sadou qui, cependant, restera l'ami fidèle du narrateur, avec l'humour et l'insouciance de ceux de sa race. L'amertume du narrateur est d'autant plus grande lorsqu'il apprend que MP se destine à la présidence, en passant d'abord par le ministère de la Santé, et que Goldorak se transforme en une capitaine d'industrie puissante, pliant les lois à son usage et adoubée par le nouveau régime féministe. Les malades mâles, sous le prétexte d'être mieux soignés, seront regroupés dans des ensembles médicalisés, anciennes ZUP ou ZEP, en fait des ghettos de banlieue,  où atterriront également une majorité d'anciens édiles politiques.
      Il y pourtant pire. Le narrateur, ayant aperçu de sa fenêtre son voisin Hitch, handicapé comme lui, atterrir sur le pavé de la cour, soupçonne un assassinat perpétré par des femmes. D'ailleurs les cas se multiplient. Les femmes songeraient-elles à se débarrasser des hommes?
      "La criminalité avait augmenté" depuis le début de la pandémie. Cette recrudescence provenait essentiellement des agressions d'éléphantiasiens par des jeunes filles qui opéraient à deux ou trois, dans la journée, parfaitement renseignées sur les codes d'accès aux immeubles et les appartements où vivaient les hommes seuls. mais les complicités n'étaient pas faciles à établir. Les informations pouvaient aussi bien provenir de la gardienne que d'une ancienne locataire, une infirmière, une aide-ménagère, une postière une dératiseuse, une peintre, un plombière, une livreuse, une employée du gaz ou de l'électricité, une ramoneuse, une voisine, une huissière,  une policière, une parente ou une familière."
      MP, accédant à la présidence, assignera immédiatement en justice les hommes politiques du passé, responsables, selon elle, de ne pas avoir tenu compte  des dangers de la pollution et de ne pas avoir pris toutes les mesures nécessaires pour parer à la maladie en Occident. Ils seront déclarés coupables et emprisonnés. Quant à Philippe Sorlin, soulagé par Mélanie, une gentille aide-soignante (ce qui le change de la précédente, Sylvie la féministe), il méditera amer sur son bonheur perdu, les jours enfuis, la défaite de la gent mâle et le regret de n'avoir su profiter en temps voulu des menus plaisirs de la vie.
      En un style fluide, analysant avec délicatesse les sentiments et les émotions d'un malheureux soumis à son handicap, l'auteur explore les conséquences de sa pandémie avec une lucidité féroce, notamment en ce qui concerne les actions des femmes enfin libérées de la tutelle masculine. Il appuie aussi sur l'égoïsme des pays développés en inversant les situations comme l'a fait, dans un autre registre, John Christopher avec son "Hiver éternel".


    8. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 1, menaces climatiques Auteur: Guy THUILLIER Parution: 1999
      Arthur Taillandier, cybernéticien, habitant la périphérie de Paris en 2099, est le héros manipulé du récit.Avec ses amis, Seb, Marie, Thétys, il s’abandonne aux délices frelatés d’un futur urbain abominable. L’Europe unie et fasciste du président Linhardt dans laquelle le seuil de pollution impose le port constant d’un masque, la « Zone », qui recueille les «drop-out » avec leur langage codé et leur violence, l’ensemble d’une technologie high-tech et l’usage constant des drogues forment le cadre de l’univers d’Arthur :
      « De son point de vue, il découvrait toute la vallée de la Seine entre Mantes-la-Jolie et les Mureaux, construite sans interruption. Les coumarous alternaient avec les Zones Industrielles et Commerciales, les Pôles d’Activité et les Cités, chaque ensemble retranché derrière ses barbelés, ses murs, ses miradors. Sur le fleuve brun sombre, les cargos, et les péniches, à la queue leue leu, remontaient vers le port autonome de Paris. A l’ouest, tout proche, se détachait le mirador du compound d’Aubergenville, avec son vigile devant la mitrailleuse lourde. Au loin, le soleil embrasait les tours de Mantes-la-Jolie, une des Cités les plus chaudes du Far West francilien. Des nuées de pigeons nichaient dans les étages supérieurs, à l’abandon, tournoyaient autour des gratte-ciel en un ballet permanent, comme des vautours au-dessus d’un charnier. Le grondement sourd qui montait des dix voies de l’autoroute servait de bande-son à ce paysage banlieusard. »
      Professionnellement, il est attelé au projet « Cogito » avec son patron Nelson Westley et ses amis, projet qui doit, en s’articulant sur les souvenirs du cerveau humain, créer des univers de jeux (C-Univers) de plus en plus réalistes et évolutifs. Car la réalité virtuelle constitue la grande distraction de cette société hiérarchisée en huit cercles progressifs, suivant le degré de dangerosité ou de réalisme des jeux, qui permettent de s’extraire d’une réalité morne et misérable.
      Arthur fréquente souvent le huitième cercle, celui de la pornographie. Mais il aspire à autre chose, surtout lorsque des indices inquiétants de paranoïa se révèlent à lui : son appartement qui se transforme, des portes qui aboutissent à des impasses, etc.D’autre part, l’existence de la RV, un organisme de « hackers », bras armé de « l’Apple », groupement révolutionnaire, le fascine. Enfin, il apprend l’existence d ‘un neuvième cercle, celui d’un C-Univers tellement perfectionné que l’illusion vécue apparaît comme réalité totale puisqu’on y perd son identité même. Seule une mort (virtuelle mais vécue dans la douleur) permet à Arthur de réintégrer son appartement d’Aubergenville.
      La souffrance, la cruauté infligée et le goût du sang restent pour lui des expériences indépassables. Dans l’univers de Dunyah, une sorte de moyen orient virtuel, Arthur devient tour à tour Eno, puis Issar, bras armé du prophète qui appelle à la réalisation d’une autre vie, en un « jardin », au-delà du «sanctuaire » et des « Cinq portes », après que le monde ancien ait été dévasté par un déluge purificateur.
      Eno/Arthur vit à Dunyah l’expérience de plusieurs vies se montrant le zélateur le plus proche du prophète, taillant son royaume à grands coups d’épée. Le retour à la vraie vie se fait de plus en plus difficilement et les rapports avec ses amis se dégradent. Dunyha est un C-Univers inconnu et donc illicite au sein de Cybéria, ensemble des réalités virtuelles. C’est pourquoi Arthur est traqué par le cyber-flic Borovitch  aussi bien dans sa réalité quotidienne qu’à travers diverses phases du jeu.
      La dépression psychologique d’Arthur s’accentue, surtout après la disparition de Nelson dans ses bureaux de la firme Virtual opposée à Macrosoft dans le cadre du projet Cogito. Arthur sera finalement contacté par RV qui le charge de l’assassinat de Linhardt lors de la réélection de celui-ci. Bien que se sachant manipulé, Arthur accepte, car le monde réel lui est odieux. Après l’attentat réussi, Arthur sera capturé par Borovitch et torturé jusqu’à la survenue d’une pluie diluvienne transformant la région parisienne en mer intérieure :
      « Paris avait entièrement disparu, remplacé par une mer infinie, ridée de vaguelettes. Pareilles aux piles d’une plate-forme de forage en construction, les deux tours de la cathédrale engloutie émergeaient encore. A travers le rideau de pluie, Arthur distinguait aussi, plantés au milieu de l’océan, les restes de la tour Montparnasse, de la tour de la Sécu, à Bercy, et le cône au sommet renflé du troisième étage de la tour Eiffel, comme une énorme balise marine. Au nord, Belleville-Ménilmontant et la butte Montmartre évoquaient un double îlot volcanique surmonté d’un temple à stûpas – le Sacré-Cœur. »
      Finalement, il se réveille dans un souterrain, engoncé dans une capsule cryogénique comme deux mille de ses compatriotes.Car tout ceci était faux. En réalité, en 2099, un conflit nucléaire a fait fondre les calottes glaciaires, provoquant une subduction mondiale et la ruine de l’espèce humaine. Dans les souterrains de Massy où travaillaient Macrosoft et Virtual, la décision avait été prise de survivre à la catastrophe en mettant tout le monde en hibernation durant un an. Or, aujourd’hui, la date qui apparaît est 2499. Voilà plus de quatre cents ans que Borovitch le cybernéticien et son complice Carter, utilisant le programme «Cogito» ont branché l’ensemble des endormis sur l’univers « Gaia 1099 » qui donne l’illusion parfaite de la réalité à travers une reconstitution du monde puisée dans l’inconscient même des dormeurs. Chaque année les compteurs étaient remis à zéro. Par certaines altérations (les « bugs »), Nelson a peu à peu pris conscience de cette illusion. Il a neutralisé le cycle fatal, Borovitch et ses jeux de pouvoir, en créant un contre-univers, Dunyah, pour que la réalité puisse, grâce à Arthur, émerger : c’était le Dixième cercle.
      Un jeu troublant entre le virtuel et le réel sur fond de dégradation sociale et de catastrophe écologique. Un style maîtrisé, un suspense permanent font de cette première œuvre une réussite.

    9. Type: livre Thème: la nouvelle glaciation, menaces telluriques, sociétés post-cataclysmiques 2 Auteur: Doris LESSING Parution: 1999
      Une révolution de palais condamne un petit garçon et une petite fille à fuir vers le nord du continent de l’Ifrik, c’est-à-dire l’Afrique du futur. Une Afrique que la glaciation de l’Europp (avec deux p !) a fortement changé. Les Anciens ont disparu depuis longtemps ne laissant derrière eux que des vestiges incompréhensibles. Un glacier énorme recouvre  Gibraltar, transformant la mer Méditerranée (la Moyenne-Mer) en désert salé qui, peu à peu, se remplit à nouveau.
      Les descendants des Blancs disparus (les Albains) se sont fixés  le long de la côte de l’ancien Maghreb, quant au reste de l’Afrique, une désertification épouvantable, une sécheresse atroce qui remonte jusqu’au niveau de l’ancien Congo, asphyxie le continent alors que le Sahara s’est transformé en un immense marécage. Les villes qui essaiment cet univers sombre sont soit des bourgades attardées comme Rustam en Ifrik du sud d’où sont originaires les deux enfants et où subsistent encore les ruines d’anciennes demeures, soit  des centres titanesques et menaçants comme la mystérieuse Chélops où se dressent vides et gigantesques les tours du centre ville :
      "Mais Rustam était plein de sable, disaient-ils. Des tempêtes de sable l’avaient balayé, envahissant les maisons et ensevelissant les jardins. Il n’y avait plus âme qui vive à Rustam : ni gens ni bêtes. Et entre Rustam et ici, alors que la situation était moins grave que dans le Sud, tout était aride. Dans des régions entières des arbres étaient en train de mourir "
      Les deux orphelins qui ont perdu leur famille à cause d’une mystérieuse menace s’acharnant sur la maison des Mahondis,  portent les noms de substitution de Mara et Dann. Mara, vive et intelligente, sait que pour survivre, il faudra faire preuve de discernement et de ténacité. Elle se servira de la méthode pédagogique utilisée par ses parents à son encontre :
      " Tous les soirs, son père ou sa mère l’appelait pour une séance de " Qu’as-tu vu ? ". Elle adorait ça. (…) Mara avait cru que le jeu ne changerait jamais. Mais, un soir, elle était là quand son petit frère s’était vu demander pour la première fois " Qu’as-tu vu ? ", et elle comprit alors combien le jeu avait changé pour elle. En effet, maintenant ce n’était plus seulement : " Qu’as-tu vu ? " mais : Qu’as-tu pensé ? Qu’est-ce qui t’a amenée à penser ça ? Es-tu sûre que ta pensée est vraie ? "
      Dann, traumatisé par l’événement, acquiert une personnalité double, celle du « méchant » ou du « gentil » Dann dont les deux lui serviront. Il ne manque même pas l’ennemi dédié, l’affreux Kulik rencontré dans le village de Daïma et qui les poursuivra tout au long de leur périple pour finir assassiné par les deux adolescents.
      Chez Daïma, une Mahondie de la « Famille » où Mara et Dann ont trouvé refuge, la vie est difficile. La sécheresse rend leur avenir incertain et Dann disparaîtra, entraîné par des inconnus. La petite fille aidera Daïma, en évitant Kulik, en se gardant des monstres que la sécheresse amène, les araignées géantes et les énormes scorpions:
      " Ces insectes grossissaient à toute allure. Jusqu’ici, ils ne semblaient pas vouloir s’éloigner de leurs nids, mais Mara avait vu toute une colonne marcher en direction des collines des cités antiques – il y en avait tant qu’on ne pouvait songer à les compter, de gros insectes brunâtres, luisants, avec leurs têtes armées de pinces. "(…)
      " Cette pièce était pleine d’araignées : pas les jaune et noir, mais d’énormes araignées brunes. Il y en avait partout sur les murs comme sur le sol. " Qu’est-ce qu’elles pouvaient manger ? " se demanda-t-elle, trouvant sur-le-champ la réponse à sa question : elles s’entredévoraient. En effet, sous ses yeux, une grosse araignée brune, de la taille d’un grand chien, sauta sur une plus petite et se mit à la broyer avec ses crochets, tandis que sa victime se tortillait en crissant, et que d’autres se précipitaient pour participer au festin " ?
      Le manque d’eau, la terrible chaleur consume Mara qui observe les signes de la sécheresse en tous  les lieux :
      "Mara vit des défenses si grandes et si épaisses qu’on aurait dit des arbres. Elle vit des os blancs énormes. Elle vit des cages faites d’or, mais savait que c’étaient des côtes. Elle n’avait jamais rien imaginé d’aussi gros.
      - Ce sont des animaux dont la race est éteinte, expliqua l’homme. Ils ont disparu il y a des centaines d’années.
      - Et pourquoi ?
      - C’est la dernière fois où il y a eu une terrible sécheresse. Elle a duré si longtemps que tous les animaux sont morts. (…)
      " L’inondation avait disparu, laissant une pellicule sur toute chose, teintant de gris les ossements blancs entassés contre les arbres morts. Les trous d’eau étaient remplis et cernés de scorpions, de scarabées et d’araignées. (…) le banc de sable où elle s’était roulée la veille avait réapparu, reflet blanc sur une surface sombre d’humidité. Le long du cours d’eau, les branches blanchies des arbres morts semblaient hérissées de croûtes ou de bosses noires. Encore des insectes de toutes sortes. Avaient-ils bu leur content et s’étaient-ils  réfugiés dans les arbres pour échapper aux scorpions ? "
      A la mort de Daïma, Mara proche de sa fin elle aussi,  sera sauvée par Dann revenu la chercher. Un Dann sauvage, transformé, dur, intransigeant et capable de se défendre. Munis des pièces d’or léguées par Daïma, ils prennent la route du nord. Conscients que ces pièces leur sauveront la vie, Mara les cache dans une ceinture étroitement enroulée autour de sa poitrine, Dann dans sa peau même qu’il ouvre en longues scarifications. L’arrivée à Chélops se fait en «aéroptère », sorte d’avion du passé que Félice, la jeune femme pilote, entretient inlassablement. Chélops apparaît enfin,  dangereuse et ancienne :
      " En bas, s’étalait la ville entière, dont le plan leur apparut. Première chose qui sautait aux yeux, les artères couraient toutes du nord, du sud, de l’est et de l’ouest vers le centre, qui paraissait monumental. Des édifices noirs, très élevés, qui écrasaient le reste, à des milles à la ronde. Les artères ne ressemblaient à rien de ce que Mara avait même pu imaginer. Elles étaient rectilignes, larges, construites dans une pierre sombre et lisse (…) Ces artères étaient vides de toute circulation. A leur point de jonction à la tour centrale, quatre secteurs, composés chacun d’immeubles plus petits mais quand même d’une certaine taille, tous exactement identiques : six par secteur, tous lugubres, menaçants, massifs, sombres, avec des fenêtres régulières, que le soleil faisait miroiter comme de couteaux. "
      Mara est prise en charge par Juba, le chef d’une nouvelle communauté mahondie, une nouvelle « Maison », esclave des seigneurs dominants, les Hadrons, poussahs obèses et dont la seule préoccupation est de se droguer ou d’avoir des enfants des Mahondis puisque leur propre potentiel génétique est inexistant :
      " le lieu d’où ils étaient originaires était évoqué avec un absolu mépris, qui masquait la crainte que ce qui était arrivé, ce qui arrivait " dans le Sud " ou " là-bas ", dans " les terres mortes ", " la mauvaise région ", " le pays de la poussière " ou " le pays sans eau " puisse arriver par ici aussi. Les fonctionnaires étaient les seuls à descendre à Majab dans le Sud, si nécessaire. Les Mahondis, en tant que race inférieure, avaient toujours été des serviteurs et des esclaves. Les Hadrons avaient bâti cette cité et bien d’autres de ce pays, le Hadron, qu’ils avaient peuplées et toujours administrées. "
      Dann, qui connaît déjà la ville pour y avoir été entraîné, disparaît à nouveau. Mara trouve un mari en la personne de Méryx et essaie de comprendre le monde dans lequel elle survit :
      " -Le peuple n’a donc pas voulu de ces choses qui durent éternellement ?
      -Elles ont été inventées bien avant que le Peuple n’existe.
      -Inventées ?
      -Tu ne connais pas ce mot parce qu’on n’invente plus rien aujourd’hui. Jadis, il y a bien longtemps, il existait une civilisation –une certaine façon de vivre- qui a inventé toutes sortes de choses nouvelles. Elle possédait la science – c’est-à-dire des manières de penser qui cherchent à découvrir comment tout marche- et n’a cessé de fabriquer de nouvelles machines et des métaux…(…)
      " -Les Mahondis ! Tu ne comprends pas. Ils ne sont rien, nous ne sommes rien. Autrefois, il y a eu des hommes… qui savaient tout. Ils connaissaient les étoiles. Ils savaient…. ils étaient capables de se parler à travers les airs, à des milles de distance. (…) Mais c’est vrai ! Et puis ils avaient des machines qui pouvaient transporter cent personnes à la fois… "
      Chélops sera une étape avant la Ville des Rivières. Mara, après avoir quitté Méryx, sauvera Dann qui végétait dans les hautes tours centrales de Chélops avec des compagnons douteux. Ils paieront leur passage sur un bateau à fond plat propulsé par photopiles, technologie dont seule la vieille Han connaît encore le secret. En territoire Agre, Mara et Dann seront enlevés de force par le général Shabis l’un des quatre commandants Agre. Car la guerre contre les Henne, population curieuse qui semble agir sur le mode de la fourmilière, a besoin de tous les gens valides. Mara plaît à Shabis,  et Dann, devenu soldat, gravira rapidement les échelons de la hiérarchie. Enlevée par une patrouille Henne, Mara restera longtemps prisonnière dans l’armée ennemie. Quand elle pourra se libérer, elle apprendra que Shabis lui-même a été chassé de l’armée, poursuivi par ses anciens compagnons.
      Il ne lui reste donc qu’à continuer son voyage vers Bilma. En cours de route, Dann, qui a déserté, la rejoint. La nouvelle cité n’est pas non plus exempte de dangers. Dann y jouera Mara au jeu et la perdra. Devenue esclave dans la maison de Mère Dalida, elle exercera une véritable fascination sur ses compagnes d’infortune, Kira ou Leta l’Albaine, par ses connaissances.
      C’est par l’entremise de Daulis, membre du Conseil de Bilma, qui fréquente assidûment le bordel,  que Mara et Léta s’enfuieront en prenant la route du Centre, vers la capitale du nord. Comme à son habitude, Dann les avait retrouvés, repentant et inquiet. La route, dont certains tronçons épousaient l’ancienne voie principale de l’Ifrik, s’avèrera longue et pénible jusqu’au Centre où les deux orphelins sont attendus,  dans  une immense forteresse aux mains des derniers Mahondis. Un couple de vieillards, Félix et Félisse les prennent en charge. Leur ayant dévoilé leur ascendance royale, ils espèrent que les adolescents restaureront la Maison des Mahondis jadis florissante dans toute l’Ifrik. Comme les pharaons d’Egypte, ils comptent sur le frère et la sœur pour assurer une descendance de sang royal. Alors que Dann semble être séduit par cette proposition, Mara explore les Musées où pourrissent les grandes inventions des millénaires passés. Toute l’histoire de l’Ifrik s’y lit,  mais les ruines s’entassant sur les ruines, elle sait maintenant que jamais plus, les Mahondis ne régneront :
      " Il était maintenant midi. Dann avait envie de visiter le bâtiment baptisé " l’Aventure spatiale ", mais Mara objecta qu’elle avait besoin de continuité, qu’elle était déjà suffisamment désorientée. Lui répliqua qu’il se moquait de la continuité. De la tristesse et de la colère perçaient dans sa voix, mais Mara aussi était en colère, à cause de la vanité de tout cela, de l’absurdité générale. Là où vivaient ces anciens peuples, la glace était épaisse comme deux fois la hauteur de la montagne où Daulis avait dit qu’ils trouveraient l’auberge de l’Oiseau Blanc. Des fenêtres de leur chambre, ils voyaient se découper celle-ci dans le ciel glacé. Au sommet brillait une calotte blanche, de neige et de glace. "
      Elle suggère donc à Dann de pousser encore plus au nord, au bord de la Moyenne Mer où les attendent Daulis et Léta. Le départ dans le froid fut pénible mais grande leur surprise de retrouver Kira et Shabis dans la propriété de Daulis. Isolés, au bout du monde, en face de la Moyenne-Mer, Mara et Dann arrêtent enfin leur quête, décidés à vivre en harmonie au sein de leur nouvelle Famille, en face du glacier de l’Europp :
      " Au-delà, le terrain s’affaissait brusquement en un vaste précipice qui s’étendait à perte de vue d’ouest en est. Jadis la Moyenne-Mer l’avait rempli : une mer bleue, tiède, vivante, qui avait enfanté une civilisation après l’autre – dont les artefacts et les peintures encombraient de nombreuses salles du centre- et où des vaisseaux avaient entrepris de longs et périlleux voyages. Sauf que   tout ce qu’ils voyaient à présent, c’étaient des pentes rocheuses. Mais s’ils regardaient de l’autre côté de l’abîme, de cette énorme cavité dans la terre, au loin se profilait une ligne blanche qui n’était pas des nuages, ils le savaient, mais le bord de l’océan de glace qui avait englouti l’Europp. "
      « Mara et Dann » se présente comme un livre exceptionnel autant par le décor cataclysmique dont, par touches successives, l’auteur trace un tableau entier, que par la psychologie fouillée des deux personnages principaux. Roman d’aventure, roman picaresque, roman de formation ou d’initiation, conte moral, tous ces qualificatifs conviennent pour caractériser une œuvre magistrale, exemple de ce que peut devenir la roman cataclysmique lorsqu’il se libère du carcan du genre.

    10. Type: livre Thème: menaces telluriques, menaces idéologiques Auteur: Clive CUSSLER Parution: 1999
      Dirk Pitt et son alter ego Albert Giordino se retrouvent à nouveau au centre d’une aventure dont l’enjeu est le sort du monde. Tout débute dans une mine d’or chilienne où seront découvertes de curieuses inscriptions et un crâne en obsidienne Les propriétaires et linguistes, au sein de la terre, poursuivis par d’impitoyables ennemis, échapperont de peu à la mort grâce à l’énergique action  de Dirk.
      Un deuxième crâne  réapparaîtra, retrouvé dans un ancien trois-mâts bloqué depuis deux siècles dans les glaces de l’Antarctique. Ces objets s’offrent comme témoins de la civilisation atlante (appelé ici les « Amènes ») qui a fleuri neuf mille ans avant J.C. et a été détruite par l’impact d’une comète laquelle bouleversa la terre en déplaçant les pôles, en submergeant les continents, en éliminant la quasi-totalité de la vie. Les inscriptions témoignent de ce cataclysme mais surtout annoncent le retour de la comète :
      « -Vous avez déchiffré  tout cela dans les inscriptions ?
      -Ca et beaucoup plus, répondit Yaeger avec chaleur. Elles décrivent l’horreur et les souffrances avec des détails saisissants. L’impact de la comète a été gigantesque, soudain, effrayant et mortel. Les inscriptions parlent de montagnes s’effondrant comme des joncs dans la tempête. Il y a eu des tremblements de terre, d’une magnitude impensable aujourd’hui. Des volcans ont explosé avec la force de milliers de bombes nucléaires emplissant le ciel de couches de cendres de plusieurs kilomètres d’épaisseur. De la pierre ponce de trois mètres d’épaisseur a recouvert les mers. Des rivières de lave ont enterré presque tout ce que nous appelons le nord-ouest du Pacifique. Des feux ont été allumés par des ouragans, créant d’immenses nuages de fumée qui ont caché le ciel. Des raz de marée de près de cinq kilomètres de haut se sont abattus sur les terres. Des îles ont disparu enfouies à jamais sous les eaux. La plupart des gens et tous les animaux, sauf quelques-uns, et toute la vie marine ont disparu en moins de vingt-quatre heures. »
      Les irréductibles ennemis de Dirk appartiennent à la famille des Wolf, des êtres supérieurs, s’il en est, grands, allemands, athlétiques, aux yeux bleus, aux innombrables cousins et cousines d’une richesse et d’une discrétion sans pareille.
      Karl Wolf, le Père, c’est un destin, un objectif, un programme. Le destin : ressusciter les valeurs du 3 ème  Reich. Après la nouvelle destruction du monde, le 4 ème  Reich triomphera enfin dominé par les membres de la Famille, des clones issus de manipulations génétiques et du sperme de Hitler ! Ce sont le docteur Mengele et le secrétaire Borman qui se sont chargés de cette tâche lors de la chute du Reich.
      Le premier a conçu les Wolf. Le second, par l’entremise d’une noria de sous-marins, a fait édifier deux bases inexpugnables, l’une au Chili, l’autre en Antarctique. L’objectif étant de provoquer la destruction du monde en anticipant sur le cataclysme annoncé par les Amènes.
      Les vestiges de cette antique civilisation leur étaient connus et l’on comprend que les Wolf n’apprécient guère l’action de Dirk Pitt.  Le programme se déroulera en deux temps : d’abord la construction de quatre arches gigantesques qui devront contenir tous les membres de la famille, leurs affidés, et tout ce qui est nécessaire à une longue survie en mer :
      « Une colossale ville flottante était amarrée le long du dock le plus proche tandis que les trois autres immenses navires étaient attachés près des docks parallèles. Ils présentaient un spectacle à couper le souffle, brillant de mille feux contre le ciel nocturne. Pour Pitt et Giordino, qui regardaient le premier colosse depuis la surface de l’eau, sa taille était inconcevable. Ils n’imaginaient pas qu’une telle masse incroyable puisse non seulement flotter mais traverser les mers du globe par sa propre puissance.»
      Construites dans un fjord chilien, protégées par une horde de « gardes noirs », elles seront dépositaires de toute la technologie qui permettra à l’humanité (c’est-à-dire les Wolf) de repartir sur des bases solides après le futur déluge mondial. Car la Famille aspire à un monde nouveau où domineront les blonds aux yeux bleus.
      Cependant, le déluge doit être aidé par la déstabilisation des continents. Ce qui se prépare dans leur base secrète de l’Antarctique au moyen des nano-technologies. En piégeant la totalité du bouclier de Ross pour que, à l’heure prévue, il se détache du reste de la banquise, ils espèrent, qu’un tel poids naviguant brutalement vers le sud, désaccordera les axes du pôle, en amplifiant le phénomène de nutation terrestre : la subduction des continents qui en résultera sera quasi-universelle.
      Il reste peu de temps à Dirk et son ami pour contrer les projets des savants allemands. Il importe surtout de tirer Pat (la jeune archéologue) des griffes ennemies.
      Capturée par les Wolf qui estimaient qu’elle pourrait leur être utile, elle avait été emmenée sur « l’Ulrich Wolf », l’arche de commandement. Dirk et Giordino, avec ruse et courage, s’insinuent dans la place, et la tirent du guêpier. La deuxième action, encore plus aventurée, consiste à neutraliser la base antarctique, de toute urgence, puisque le compte à rebours fatal a déjà été enclenché.
      L’armée, enfin prévenue, avec l’appui de la NUMA (Agence nationale Marine et Sous-marine), et sous les ordres mêmes du président des Etats-Unis, se heurte à une résistance imprévue. Les meilleures unités des forces spéciales auraient été  anéanties si Dirk et Giordino, partis en éclaireurs n’étaient venus inopinément à leur secours dans un «Croiseur des Neiges », engin glaciaire expérimental et titanesque :
      « Il se passait quelque chose de totalement sinistre sur les lieux de la bataille. Les hommes des forces américaines et les garde des Wolf se figèrent, choqués. Cleary regardait sans ciller, l’expression rigide au-delà même de l’étonnement, une immense machine de guerre rouge, roulant sur d’énormes pneus, qui attirait les regards comme un cauchemar de fou. Il regarda avec fascination le véhicule géant écraser deux autoneiges blindées, les projeter sur le côté et les aplatir tandis que la force de l’impact envoyait les gardes sidérés en l’air avant qu’ils ne retombent violemment sur la glace. Des flammes sortirent en volutes mouvantes des portes déchirées, des morceaux , d’éclats de métal et de plaques de blindage. Le monstre ne ralentit pas une seconde, son conducteur poursuivant son œuvre de destruction. »
      Le compte à rebours s’arrêtera à moins de dix minutes avant l’instant fatal, la comète évitera la terre, les Wolf périront dans les glaces, les gigantesques arches, récupérées et modifiées serviront de palais touristiques flottants, et Giordino épousera Pat.
      Un mélange d’ingrédients éprouvés, d’actions et de coups de théâtre, des ennemis monstrueux, un cataclysme hors du commun et voici de longues heures de lecture (plus de 500 pages) d’un roman à l’américaine.

  • Livres

  • Filtres de Livres


    • Thème de l'oeuvre
×
×
  • Créer...