Bienvenue dans la Base de Données des livres !
Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
Livres
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Temps Futurs - Par BenF
Lou Lublin et le narrateur prennent connaissance d’un scénario de film destiné au pilon. Celui-ci, intitulé, " Temps Futurs ", écrit par un certain W. Tallis, conte, sous la forme d’une tragédie grecque, l’avenir supposé d’une société survivant à la Troisième Guerre mondiale nucléaire et bactériologique:
" LE RECITANT.
La Morve, mes amis, la Morve, - maladie des chevaux, peu commune chez les humains. Mais, n’ayez crainte, la Science peut aisément la rendre universelle. Et en voici les symptômes. Des douleurs violentes dans toutes les articulations. Des pustules sur tout le corps. Sous la peau, des tumeurs dures, qui finissent par crever et se changer en ulcères squameux. Cependant, la muqueuse nasale s’enflamme et dégage une décharge abondante de pus nauséabond.
Il se forme rapidement des ulcères à l’intérieur des narines, lesquels rongent l’os et le cartilage environnant. L’infection passe du nez dans les yeux, la bouche, la gorge et les ouvertures bronchiales. Dans un délai de trois semaines, la plupart des malades sont morts. S’assurer que tous mourront, telle a été la tâche de quelques-uns de ces brillants docteurs ès-sciences actuellement au service de votre gouvernement... "
Les structures sociales d’avant la " Chose " se sont entièrement effondrées. C’est l’ère de Bélial puisque Dieu n’a pas été capable de proposer une évolution positive pour l’homme. Les survivants barbares vivent de rapines et de l’exploitation du contenu des tombes:
" La plus jeune et la plus mince des deux jeunes femmes se baisse et tâte le veston croisé noir du cadavre. " Jolie étoffe", dit-elle. " Et pas de taches. Il n’a pas coulé, ni rien? -Je vais les essayer ", dit le Chef. Non sans difficulté, ils débarrassent le cadavre de son pantalon, de son veston et de sa chemise, puis ils le rejettent dans la tombe et lancent à coups de pelle la terre pour recouvrir le sous-vêtement d’une pièce dont il est enveloppé. Cependant, le Chef prend les vêtements, les flaire d’un air connaisseur, puis enlève le veston gris perle qui a jadis appartenu au Directeur de la Production de la Western-Shakespeare Pictures Incorporated et enfile ses bras dans les manches du vêtement plus sobre qui convient aux liqueurs maltées et à la Règle d’or. "
Arrive une expédition scientifique en provenance de Nouvelle-Zélande, région épargnée par le fléau de par sa situation excentrée. Elle a pour objet d’étudier les effets d’un possible renouveau. Le Pr. Poole, biologiste, est enlevé par les barbares pilleurs de tombe. Ayant eu la vie sauve de justesse parce qu’ils croient qu’il peut leur être utile, il découvre peu à peu, à travers sa mentalité de protestant puritain, les différents aspects de la " nouvelle société ".:
" Un des boulangers ouvre la porte d’un foyer et se met à pelleter les livres dans les flammes. Tout l’homme cultivé qui est au coeur du Pr. Poole, tout le bibliophile est révolté par ce spectacle. " mais c’est épouvantable! " proteste-t-il. Le Chef se contente de rire. " On enfourne la "Phénoménologie de l’Esprit ", on défourne du pain. Et il est diantrement bon, le pain. "
Elle est régie par une théocratie inversée qui adore les divers aspects du diable, avec ses cardinaux et archimandrites tout puissants. Les hommes et les femmes arrachent aux tombes des richesses, vêtements ou bijoux, qu’ils ne savent plus produire. On les soumet à une stricte abstinence sexuelle parce que les femmes, appelées " vases d’impiété " selon l’expression de la bible, mettent le plus souvent au monde des enfants mutants et dégénérés:
" Il y eut un silence; puis le Pr. Poole réplique à son tour par une question. " Naît-il beaucoup de bébés difformes, ici? " Elle fait un signe de tête affirmatif. Depuis la Chose, -depuis qu’Il a pris le commandement. " Elle fait le signe des cornes. " Il paraît qu’avant cela il n’y en avait pas. - Quelqu’un vous a-t-il jamais parlé de l’effet des rayons gamma? - Des rayons gamma? Qu’est-ce que c’est qu’un rayon gamma? - C’est la raison pour laquelle il y a tous ces enfants difformes. - Vous n’essayez pas d’insinuer que ce n’est pas Bélial, hein? Le ton de sa voix est celui du soupçon indigné; elle le regarde de l’air dont saint Dominique aurait dévisagé un hérétique albigeois. " Non, non, bien sûr que non ", se hâte de lui assurer le Pr. Poole. " Il est, Lui, la cause première, -cela va sans dire. " D’une façon gauche et inexperte, il fait le signe des cornes. " Je mentionnais simplement la nature des causes secondes, -des moyens dont Il se sert pour exécuter Son... Son dessein providentiel, si vous voyez ce que je veux dire."
Pour accentuer le désespoir de l’espèce et pour plaire à Bélial, ces enfants seront mis à mort lors d’une cérémonie atroce en compagnie de femmes rendues coupables de la situation et punies à coup de fouet :
" Le Patriarche tend sa pierre à aiguiser à l’un des Archimandrites qui l’accompagnent, de sa main gauche, il prend l’enfant malformé par le cou et l’empale sur son couteau. Le bébé émet deux ou trois cris bêlants, puis se tait. Le patriarche se retourne, laisse couler un quart de litre de sang sur l’autel, puis lance le cadavre minuscule dans les ténèbres extérieures. La mélopée s’élève en un crescendo sauvage. " Sang, sang, le sang, sang, sang, le sang... "
La caste des prêtres est uniquement composée d’eunuques volontaires afin de n’être plus tenté par la procréation. Celle-ci est autorisée pour le reste du corps social durant deux semaines seulement, lors d’une copulation collective, et à l’expresse condition que les sentiments ne s’y mêlent pas. Ce qui ne fait pas l’affaire du Dr Poole et de la jeune Loola qui s’éprennent l’un de l’autre. Ni l’un, obligé de vaincre ses inhibitions puritaines, ni l’autre, mise en demeure de renier sa foi, ne comprend ce qui lui arrive. Il leur reste une seule solution s’ils veulent rester en vie : rejoindre un autre groupe social, celui des " Chauds ", installés plus au Nord de la Californie et qui accepteraient une vie de couple.
" Temps Futurs " est la suite du " Meilleur des mondes ", comme une dystopie répond à l’utopie. La science et la technologie ont réduit le monde à néant. L’homme redevient le babouin d’une espèce, puisqu’elle s’est immolée, destinée logiquement à suivre la voie du Mal. Les armes de l’Apocalypse ont été lâchées, la radioactivité et la peste infernale sont des produits de Bélial. Renouant avec le conte voltairien, à travers une composition de type tragique (Récitant avec Choeur), Huxley dénonce avec rigueur et une grande violence l’abominable lâcheté de l’homme dans l’utilisation de la technologie, la responsabilité des scientifiques en ce domaine, la main-mise des religieux sur les foules, et l’exploitation de la misère. Une pièce maîtresse du genre cataclysmique par un auteur de réputation mondiale.
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Tchernobagne - Par BenF
La centrale nucléaire Phénix 8 emploie des détenus comme personnel d’entretien depuis la catastrophe avignonnaise. Jordan est un infiltré, ancien membre de l’OSAF (Organisation Secrète des Antilles Françaises) qui espère rendre public le rapport K-17, lequel mentionne les doses d’irradiation excessives que subissent les détenus. S’appuyant sur l’épouse du Directeur Rouvre, une dévoreuse d’hommes, pour lui fournir des informations, Jordan fait connaissance de son groupe de co-détenus et s’habitue à son travail qui consiste à nettoyer des canalisations radioactives.
Rouvre décide d’augmenter la production au grand dam de ses collaborateurs directs, notamment Maillard le surveillant en chef, qui se sont façonnés une petite vie tranquille. Le jour du coup de force venu, Jordan, entraînant ses amis qui n’ont plus rien à perdre, sème le trouble dans les contrôles électroniques et prend d’assaut le poste de commandement de la centrale par l’extérieur, seule voie possible et point faible du système de contrôle. Il fait convoquer la presse, menaçant la direction de la P.I. (Pénitentiaire Indépendante) et la région d’une catastrophe nucléaire majeure. Maillard, soutenu par le Contrôleur Général de la P.I., manipule la presse et fait croire à Jordan que son entreprise de communication se déroule correctement. Pourtant, le groupe des émeutiers, ainsi que le journaliste, seront éliminés dès leur sortie, les intérêts de la P.I. dépassant de loin le sort de quelques malheureux bagnards. Rouvre profitera d’une promotion ascensionnelle pour répondre à la loi du système de Peter.
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Syndrome Apocalypse - Par BenF
Phillip Corbett, savant biologiste dans un laboratoire commercial, décide de se venger de l’humanité qui ne reconnaît pas sa valeur. S’étant infecté lui-même par un cocktail bactérien de sa composition, il meurt, non sans avoir au préalable répandu ses microbes dans le système de filtration de l’air. Le mal qui l’emporte est rapide et douloureux, se traduisant par des crachements de sang et un pourrissement de la sphère intestinale :
« Dans sa lettre, Corbett avait dit que les premières atteintes du mal qu’il avait inventé – ce fumier – se déclaraient dans un délai variant de deux à six jours. Il décrivait l’évolution de l’infection avec un luxe de détails sadiques – l’ordure. Des troubles intestinaux, des céphalées, suivis d’une irritation bronchique et pulmonaire ; ensuite, de la fièvre, puis des troubles de la vision et de l’équilibre trahissant l’atteinte cérébrale ; enfin, dans les derniers stades, des douleurs intenses. Et la mort… »
L’ironie du sort fait que Corbett sera assassiné avant de mourir par Bart le Concasseur, un voyou noir gigantesque, qu’il contamine, évidemment :
« Bart ne prêta aucune attention aux bruits d’éructation du chicano. Il avait ressorti le pic à glace du ventre du type et regardait un drôle de truc. Il avait déjà vu des mecs le ventre ouvert. Ben, ils étaient jamais comme ça ! Les tripes, c’est clair, un peu nacré au milieu du sang rouge, plutôt jaunâtre là ou ça devient gros. Chez ce mec, c’était gris-noir, avec des plaques brunes, des espèces de bubons… Et ce que ça fouettait, nom de Dieu !
-Ah, la vache ! cria Norma en reculant. »
Rebecca Garfield, chef de sécurité au centre médical, se met en chasse. D’abord pour retrouver les traces de l’infection dans les circuits d’air, puis des indices écrits que Corbett aurait laissé dans sa maison transformée en laboratoire privée, en pleine zone urbaine à risque.
Aussitôt arrivée sur les lieux, elle se fera agresser par Bart, qui la viole, avant qu’elle n’arrive à convaincre le Noir qu’une épidémie se répand de manière foudroyante en ville et qu’il ferait mieux de l’accompagner au centre médical pour qu’on puisse pratiquer des tests sur sa personne. Après quelques hésitations, Bart accepte. Entre temps, l’épidémie a bien progressé par effet ping-pong. Bob, un autre chercheur infecté, sait qu’il s’agit d’une course contre la montre. Déjà, autour de lui, le laboratoire se dépeuple.
Dans le bureau de la Fairbanks Chemical, décision est prise d’avertir les responsables municipaux et de suggérer la mise en place d’un cordon sanitaire autour de la ville de New Houston. Le maire, Malcolm Moriaty, y consent à contrecœur. Toutes les forces de police se mettent donc en place, laissant sans défense une cité livrée aux jeux de destruction par des bandes de voyous organisés. La vie sociale se détériore à toute vitesse, viols, incendies, meurtres se répandant comme une traînée de poudre. Les laboratoires de la Fairbanks arrêtent leurs recherches, vaincus par la disparition massive de chercheurs. Leur seul constat est que certains semblent être immunisés naturellement contre l’infection. Bart est de ceux-là, ainsi que Rebecca.
Enfermé dans une chambre d’expérimentation, le géant convainc la jeune femme de le libérer car il est le seul à proposer une solution de sauvegarde, soit à rejoindre, dans le nord de la ville, un abri anti-atomique dont il connaît l’emplacement. Rebecca le hait pour ce qu’il lui a fait mais sait qu’il a raison. A deux, ils seront plus forts pour traverser une ville en état de siège.Devant un péril qui s’accroît de manière exponentielle, le sénateur Lewis-Carnell, mis au courant de la situation par un Moriaty qui se suicidera peu après, ne reste pas inerte :
« - Non ! C’est vous qui allez m’écouter ! le coupa l’autre. Il faut faire revenir la police immédiatement dans la ville ! Ca s’entretue à tous les coins de rue ! Il y a des incendies partout ! Les banques sont attaquées, et les postes, les magasins ! Ils ont fait sauter la cathédrale Saint-Patrick ! On ne peut plus communiquer avec la moitié de la ville ! Tout à l’heure, on a tiré sur ma façade et mes adjoints ont dû faire le coup de feu pour repousser des voyous… Et il y a la maladie ! Les cas se multiplient ! Cette saloperie est en train de nous pourrir tous ! »
En concertation avec le président des Etats-Unis, il prendra la décision, la mort dans l’âme, de déverser sur la ville des bombes incendiaires pour « cautériser la plaie ». Bart, qui a compris avant tout le monde la gravité de la situation, élimine tous ceux qui se mettent en travers de sa route, avec une sauvagerie inégalée, y compris d’anciens compagnons de rapine. Avec Rebecca pour compagne, enceinte de ses œuvres, il atteindra à temps son havre de paix tandis qu’au-dessus d’eux se déclenchent les feux de l’enfer…
Un récit classique basé sur le thème de l’épidémie dont le mécanisme est abondamment décrit, avec une insistance particulière sur les scènes gore ou sexuelles. Un roman qui ne se détache pas sur le fond habituel de la production mais qui se lit, peut être sans plaisir, sinon sans ennui.
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Deux hommes et une femme, réfugiés dans une caverne proche d’un sommet émergé des Vosges, survivent tant bien que mal, jour après jour. Tandis qu’Anne-Lise ramasse des champignons, que Chari s’active dans la grotte, Jean surveille les abords avec son arc et ses flèches. La forêt est parcourue par des soldats, piliers de la dictature qui s’est installée dans les sites émergés d’une plaine d’Alsace noyée sous l’eau. Le réchauffement climatique n’a pas seulement provoqué des catastrophes écologiques mais aussi sociales. Les soldats passent sans voir les survivants : encore une journée de vie gagnée !
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Sur La Terre Qui Change - Par BenF
Ceci est l’histoire d’un petit groupe d’hommes qui survit à la catastrophe mondiale. Il y a Robatz, le géologue, Nelly l’infirmière, Miguel le marin, Lardy le peintre, Jemot le banquier. Ces gens ont passé leurs vacances ensemble dans un chalet de Haute-Savoie, qui domine le lac de Genève. Malgré l’insouciance des vacances, les nouvelles sont mauvaises: inondations, raz-de-marée, tremblements de terre, etc. alimentent les articles des journaux. Robatz prévoit une catastrophe de grande envergure. Après s’être séparés quelque temps, ils se retrouvent, sentant confusément que le chalet sera encore leur asile le plus sûr.
En explorant la région, Robatz découvre une grotte préhistorique non encore visitée. Elle pourra toujours servir d’abri en cas d’urgence. Grâce à la prescience de Nelly, le groupe put gagner à temps le refuge; l’abri fut cependant fortement secoué dans son assise rocheuse, lorsque la Terre inclina légèrement son axe pour une raison inconnue.Le matin venu, le groupe sort de sa léthargie. Il constate que l’ancien monde a disparu. Un déluge quasi-universel s’est abattu sur les côtes : les fleuves n’existent plus, les montagnes ont changé de place, et ils se retrouvent seuls au monde à quelques centaines de mètres d’une mer battant un rivage inconnu.
Après quelques journées d’hésitation, ils décident de marcher en direction du Sud-Est, soit approximativement vers la Méditerranée, pour aller à la recherche d’autres hommes. Ils traversent des régions inhospitalières, rencontrent un monstre supposé disparu (le serpent de mer), un homme devenu fou, et, finalement, atteignent le bord de la mer. Stupéfaction ! Celle-ci s’est retirée très loin. Une grotte anciennement sous-marine leur sert de refuge pour la nuit, malgré les homards et autres bestioles pélagiques. Dans l’obscurité, ils voient briller des feux, au loin. Des êtres humains ! L’un d’entre eux viendra à leur rencontre pour les amener devant son chef, Sirven, un homme à poigne, qui a rassemblé quelques centaines d’humains sur le site de l’ancienne ville de Nice, totalement détruite.
L’ambition de Sirven est de construire un poste émetteur dans le but d’évaluer le nombre d’humains survivants. Peu à peu la société se réorganise et l’on arrive à contacter Rome qui n’a subi que peu de dommages. (C’est logique puisque c’est «la ville éternelle»!). Un bateau viendra chercher nos amis pour que, à Rome, ils puissent collaborer efficacement au redressement du genre humain. Robatz se rappelant sans doute que la France dans sa réalité traversait alors la fatidique année 1938, conclut :
" Qui oserait affirmer que les grands cataclysmes qui mettent en deuil l’humanité ne sont pour elle une dure, mais utile leçon? Celui qui vient de bouleverser la planète n’est-il pas la preuve la plus éclatante de la toute-puissance du Créateur, de la faiblesse de sa créature, et de la vanité de nos ambitions? Que sont devenus ces républiques, ces royaumes, ces empires dont les guerriers s’efforçaient d’étendre les frontières ? Ne vous semble-t-il pas aujourd’hui qu’ils prirent une peine inutile et firent preuve d’un funeste aveuglement ? A quoi ont servi ces luttes fratricides?
Le morceau de boue que l’insecte humain appelait son territoire se trouve maintenant confondu avec le territoire voisin. Ses sanglants combats, tous aussi futiles que ceux des fourmis, ne lui ont pas assuré la possession de ce sol auquel il tenait tant! Il a suffi d’un tout petit mouvement de la terre s’inclinant sur son axe, pour que disparussent à jamais les Etats si péniblement édifiés. Fasse le ciel que la terrible leçon qui nous fut infligée porte ses fruits! Sur la terre nouvelle... Il faut que se dressent les hommes nouveaux, unissant leurs efforts pour se rapprocher d’un idéal toujours plus élevé! "
" Sur la terre qui change " est un roman qui joue avec les déluges et les tremblements de terre. Ne se démarquant en rien de ses semblables (voir à ce sujet " le Nouveau déluge " de Noëlle Roger), il a néanmoins l’avantage de ne pas moraliser et de mettre l’accent sur le récit détaillé des conséquences de la catastrophe.
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Une société humaine blottie au sein d’une cité, elle-même calfeutrée sous terre et réchauffée par le volcanisme interne. Une cité régie avec toute la rigueur d’une science toute-puissante et omniprésente, soumise à l’appréciation d’un conseil des Sages. Un peuple dont le comportement est calqué sur celui des fourmis ou des abeilles. Unique moyen de faire perdurer les dernières traces de civilisation humaine largement décimée par les effets d’une nouvelle glaciation mondiale.
Hégyr, jeune homme sensible et plus curieux que la moyenne des jeunes gens de cette société lymphatique, se voit chargé d’une mission de la plus haute importance par les Sages: celle de sortir de la cité et de vérifier si les glaciers reculent comme certains signes tendent à le prouver. Il quitte Aniéla, sa promise, s’avançant vers un sort redoutable muni de tous les perfectionnements techniques qui lui rendront la survie possible hors de la cité: casque de protection, trousse médicale, liaison radio constante:
"A chaque découverte, il avait éprouvé des joies d’enfant. La vue de la première chaîne de montagnes avait fait battre son coeur. En elles, c’était enfin la terre, la vraie terre, qu’il voyait, la substance du monde, sa chair nue, débarrassée de son manteau d’emprunt, qui n’avait pu partout s’y accrocher. D’énormes glaciers serpentaient à la base des pics, mais de place en place, la muraille de roches se dressait, apportant pour le plaisir des yeux, la diversité de ses teintes parmi l’immensité blanche."
Il découvre que les glaciers ont fait place à une forêt qui abrite des humains primitifs, descendant des hommes restés à l’air libre au moment de la construction de la Cité. Grâce à sa science, il sauvera la vie d’un jeune chef, Yagh, qui deviendra son ami. D’autre part, un sentiment tendre s’éveille en lui à la vue d’Eve, jeune fille primitive promise à Yagh. C’est tout un monde de sensations et d’émotions neuves, de sentiments nouveaux liés à la beauté brutale d’une nature vierge, qui affecteront Hégyr en le transformant. Participant à une chasse à l’ours, blessé puis soigné par les sorciers, unissant son sang à celui de Yagh en signe de fraternité, Hégyr prend conscience de ce que la primitivité a de force et d’authenticité, ce qu’il oppose à la vie stérile et cloisonnée de la ruche.
Comme émissaire de la Cité, il est tenu de rendre compte de la situation. Les Sages ne peuvent tolérer l’existence dans l’indépendance d’une tribu d’humains rétrogrades et antiscientifiques. Ils demandent à Hégyr d’obtenir leur allégeance à un mode de vie scientifique en les plaçant sous la domination de la Cité. Hégyr ne peut s’y résoudre. Il fait une tentative pour convaincre Yagh et le reste des chefs de se soumettre à la loi bienfaisante de la cité. Ceux-ci refuseront et ce sera la guerre.
La Cité envoie pour les réduire, d’énormes machines-robots. Yagh est fait prisonnier par l’une d’entre elles et emmené au sein de la Cité. Hégyr les suit. Il libère Yagh, se met derechef hors-la-loi, est capturé et attend sa sanction. Appelé par le Grand Sage mourant, il apprend avec stupeur de sa bouche que la Cité a fait son temps, qu’il a été désigné comme intermédiaire entre les primitifs et la Cité et que c’est grâce à lui que les habitants souterrains s’ouvriront à la nature libre puisque les temps ont changé :
"Nous le savons déjà! dit, avec dépit, l’un des Maîtres. L’existence de ce peuple inconnu peut être considérée comme un affront à l’orgueil de notre science. Les siècles de recherche, de calculs et de déductions subtiles ont conduit nos ancêtres, et nous ont conduit à conclure que la planète toute entière n’était qu’un astre mort, aussi mort que le monde lunaire... Nous vivons sur cette conviction depuis des milliers d’années. Et, depuis des milliers d’années, la vie a continué de s’épanouir à la surface, narguant tous nos systèmes et toutes nos théories!"
Mais cette adaptation prendra du temps, beaucoup de temps. Le Grand Sage lui demande de résider dans la Cité afin d’assumer une nécessaire période de transition. Hégyr, fidèle à lui-même, dit adieu à Yagh, retrouve Aniéla et referme définitivement les portes sur lui et les siens.
Roman sensible, composé avec une opposition très nette entre deux aspects du monde: celle des technocrates et celle des primitifs. Vision de ce que cette vie, dite "primitive" peut apporter de potentielle vitalité à une humanité défaillante. Description fouillée d’un thème qui sera souvent repris, celui de la vie en vase clos (voir à ce sujet" la Cité et les Astres" de Clarke ou "Captifs de la cité de glace" de Gary Kilworth). Ce roman a été magistralement adapté par Pellos en bande dessinée sous le titre de " Futuropolis ".
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Spinoza Encule Hegel - Par BenF
Vol.01 : Spinoza encule Hegel, Gallimard éd., 2003, coll. « Folio policier », N°127, 1 vol. broché, in-12 ème , 141 pp. couverture avec photo par Stone Images. roman d’expression française
1 ère parution : 1996
La décomposition urbaine a fait émerger des bandes adverses de situationnistes, d’anarchistes, de révolutionnaires ou de conservateurs. Se rapportant à leur idole philosophique particulière, elles portent toutes des noms pittoresques comme les Hégéliens, les Spinozistes, le groupe de Jdanov, celui de Carlo Ponti ou de Thorez, et sont en lutte incessante les unes contre les autres, luttes ponctuées par des flash-backs et relatées en écho par la «Radio Cinquième Internationale » :
« Quelques groupes de femmes avaient fait leur apparition, mais ne se mêlaient pas à nos petits jeux phallocrates. Certains hommes s’étaient frottés à ces féminités responsables et avaient vite compris que le néo-féminisme était armé jusqu’aux dents. Ces groupes avaient des noms bien aussi ridicules que les nôtres : Lesbos Rouge, Utérus d’Acier, 28 , les Deux Moitiés du Ciel, Tampax Aeternam. »
Le jeune héros Julius Puech, leader des Spinozistes, déteste les Hégéliens, leur vouant une haine mortelle. Avec ses amis Momo, Riton et Nanar, tous sur leurs puissantes motos lourdement armés, ils se dirigent vers le sud de la France pour anéantir définitivement le groupe adverse, selon un rituel gestuel et langagier précis, à travers un code de comportement apparenté à celui du théâtre Nô.Délaissant leur raffinerie de la région parisienne, ils roulent vers Salon de Provence, considérant la mort comme l’un des Beaux Arts :
« Ce soir, nous roulons vers Salon, dans l’air tiédasse, vers notre campement provisoire installé dans un casse de voitures. Là, protégés par les entrelacs de ferraille, les carcasses démentes et imbriquées, nous sommes tranquilles: ce labyrinthe de fer engloutirait nos attaquants éventuels.»
Au passage, ils déferont le groupe Thorez Rouge, des cypto-staliniens, dont le viol, l’achat des armes, l’assassinat, le sexe, la musique et la drogue forment des valeurs appréciées par Julius. Mais avant de partir, ils détruisent aussi les symboles de la société de consommation, se cachant d’abord dans des entrepôts du BHV, puis mettant le feu à la Chambre des Députés dans une capitale en perdition sillonnée par des groupes violents et dissidents. Près du jardin des Plantes, Julius gagnera son trophée, emprunté au dernier survivant du groupe « Fourier Rose », une paire de bottes en peau de lézard mauve. Elles deviendront son symbole personnel et ne le quitteront jamais plus :
« La seule chose qui me fit rougir l’œil, cette nuit-là, ce furent les bottes en lézard mauve, extrêmement neuves, que portait un des membres de Fourier Rose, le poète du gang, Ginsberg attardé aux Folies irradiés. La vision de cette tranche de beauté pure me speeda toute la nuit, et le sommeil ne vint pas. L’obscurité était de croco. »
Se livrant encore à quelques facéties comme arroser de rose le Sacré-Cœur, Julius apprend à l’assemblée générale des dissidents que Hegel les attend sur le pont du Gard.Durant l’attaque, Momo, éblouissant de vertu guerrière, est frappé à mort sur sa moto, comme Jaja, le petit ami de Julius, qui s’éteint dans une mare de sang :
« Nous avons attaché Momo sur sa moto, pantin grisâtre, car sa vie le quittait, personnage puissamment évocateur, car il voyait la mort et vivait avec elle. Une fois sanglé, il devenait également érotique, dans une sorte d’attirail sado-maso, prêt à l’acte, dans son aura de pulsion de mort. Prêt pour le grand éclatement. Un peu de sang coulait sur la selle et, avec sa main, négligemment, Momo en tartinait son réservoir. Le sang caillait sous la chaleur, et les résidus poisseux d’essence se mélangeaient au plasma en fusion. Ballard revenait en force, et ce n’était au fond que justice. »
Spinoza n’oubliera pas ses héros même si la fraction armée spinoziste est provisoirement défaite. Repartant à Marseille avec son amant/ami François, Julius y aperçoit le traître, « le Niais » qui a passé à l’ennemi, et était responsable de l’anéantissement des Spinozistes. Il lancera les miliciens fascistes de Marseille à sa trousse, assistera à la mise à mort de Carlo Ponti où le Niais avait trouvé refuge, et lui règlera son compte, définitivement.Julius sait que « les temps anciens ne sont plus ». Alors il prépare sa Guzzi pour l’ultime affrontement avec Hegel pendant que, tout autour de lui, la société se normalise, la politique et la police reprenant force et vigueur. Pour finir, Julius, en partance de ce monde cruel, tombe entre les mains des femmes féministes qui lui font subir un esclavage humiliant dans le but de triompher de sa mâle résistance :
« Enfermé et sous bonne garde, je repris des forces, et redevins, en moi-même, disponible et dangereux. Je me permis de rigoler, mais seulement des yeux. Quand mon infirmière ou bien l’une de ses sœurs me pansait et inspectait ma blessure que j’avais en haut de la cuisse, elle regardait obligatoirement mon sexe, et le touchait évasivement, en me remettant les pansements.Un jour, je fus ému pendant leur visite. Inexplicablement. Leur présence n’était pas érotique. Contre mon gré. Mais ce fut irrépressible. Je me pris un seau d’eau glacé et plusieurs coups de fouet. Maintenant je ne rigole plus. Je travaille. »
François ayant disparu dans la lutte, Julius patiente dans la déréliction, prêt à tout pour sillonner à nouveau, sur sa flamboyante moto, une France déliquescente.
« Spinoza encule Hegel », au titre intensément provocateur, est un récit original aussi bien au plan de la forme qu’à celui du fond. A la frontière entre la violence et la dérision, c’est le récit fantasmé d’une jeunesse à la dérive, qui dénonce les postures de la consommation et de l’idéologie. Hors de «l’esthétisme douceâtre » évoqué par Léo Ferré, c’est une œuvre originale, qui s’enferme difficilement entre les limites d’un genre, une sorte d’immense délire relatif aux excès idéologiques de mai 68.
Vol. 02 : A sec (Spinoza encule Hegel, le retour), Gallimard éd., 2002, coll. « Folio Policier » N°149, 1 vol. broché, in-12 ème , 149pp. couverture illustrée (photo William Lesch). roman d’expression française
1 ère parution :1998
Julius Puech reprend du service. A Bombay, où il s’était réfugié, il voit venir à lui deux spinozistes, Léonard et Iris, qui espèrent faire renaître l’Ethique. En effet, Hegel est de retour en France, intervenant autour des stades de football, soutenant la cause des «fouteux ». Quand Julius se voit offrir une Guzzi toute neuve, il n’hésite plus, et, avec ses deux compagnons, il ressuscite le groupe Spinoza.
La situation en France s’est encore dégradée.La démocratie déliquescente a fait place libre aux forces anarchistes ou fascisantes qui s’en donnent à cœur joie dans les tribunes, réunies dans une franche et haineuse inimitié, réactivée à chaque match de foot :
« Et tout à coup, parce qu’un pékin un peu chanceux vient sans doute de pousser du pied la baballe dans un filet, une immense clameur éclate derrière les grands murs de béton. Les Verts venaient d’en marquer un. Trente mille gosiers kro-formatés hurlent la joie imbécile du supporter qui viole la ville d’en face. (…) Dans la nuit on voit luire les longs couteaux et l’acier nickelé des fusils à pompe. En face, la rage resserre les rangs des petits-beurres d’Ultra-Lu, le kop nantais réputé pour sa grande sauvagerie et une victoire historique sur le Koppa corse en huitième de Koupe de France.Les flics n’ont aucune réaction. Seuls quelques sourires luisent sous les visières, tant que les empaffés se bousillent entre eux, les oies étaient bien gardées et pouvaient voir les matches tranquille, sans se faire aplatir ce qui leur restait de cortex. Quelques coups de feu. Des étincelles dans le noir profond. Un corps qui tombe, le raclement de l’acier sur l’asphalte. Des ombres qui courent dans tous les sens, cherchant protection ou trahison. »
Julius concocte un plan pour se débarrasser de Hegel II, tête bicéphale puisque composée par deux jumeaux. Remontant du sud de la France vers Paris, traversant la région lyonnaise dévastée, il recrute quelques partenaires de premier plan. Notamment Luna, une jeune et efficace femme pilote d’hélicoptère, en passe d’être violée par une bande de «supporters ». Tout en distillant sa haine incommensurable à l’égard des hommes, Luna met son hélicoptère, son armement et sa science du pilotage à la disposition de Spinoza, embrassant la cause de Julius. Direction l’île Saint-Louis, camp retranché de Hegel et des « fouteux » :
« De là où j’étais, tout cela semblait imprenable. Les ponts, absents, écroulés, tranchés à la dynamite, blessures pierreuses. Saint-Louis faisait désormais du bateau à voile. Au bout de l’île, du côté de l’ancien pont de Sully, une passerelle branlante, genre pont de singe, reliait les restes éboulés d’une ancienne arche au repaire flottant d’Hegel. »
Julius appâte leur sentinelle avec la fausse prédiction d’un soi-disant retour charismatique de Spinoza, information suffisante pour déclencher l’envie chez ses opposants de le liquider définitivement.Pour ce faire, GWFH2 , l’un des deux chefs de Hegel, prend immédiatement langue avec les « Hell’s Angels », qu’il méprise, mais auxquels il propose une alliance objective. Du côté de Spinoza, ils seront six dont Ray, un homosexuel improbable mais dangereux, nouvel ami de Julius, prêt à en découdre.
L’hélicoptère s’apprête à l’assaut. Les hégéliens investissent l’immeuble qui servira de zone de combat, lieu d’une explication définitive, se réservant le toit pour les snipers , les Angels occupant les envions immédiats.Déjà, ignorants tout de l’hélicoptère et de la stratégie de Julius, les hégéliens se croient vainqueurs. Lorsque les Angels sautent dans l’explosion de la voiture garée près d’eux, et lorsque Luna en quelques passes rapides et meurtrières mitraille le toit en le débarrassant de tous les hégéliens, dont notamment GWFH2, le deuxième jumeau éclate de rage :
« Une vague chaude de napalm lécha le toit de la base et des hégéliens sautèrent en feu dans le bassin. Le carton total. Rouge. GWFH2, planqué derrière la rambarde de la casemate, regardait toujours Julius de l’autre côté, immobile comme un épouvantail. Il vit aussi, du coin de l’œil, son frangin Hégueldeux péter les plombs, courir à découvert, hurlant des imprécations dialectiques, une kalache à la main, et tirer en direction de l’hélico. A bord, Luna repéra les cheveux rouges, manoeuvra l’appareil, fit un signe discret à Iris qui mit une charge dans le bazooka. Elle appuya sur le bouton de commande, une traînée blanche, une flamme jaune et Hégueldeux s’éparpilla, plus bas, en dahlia rouge sombre. »
Voyant devant lui la Guzzi de Julius, il se l’approprie, persuadé qu’avec la disparition de ce symbole le royaume de Julius cessera d’exister. La moto explose, l’envoyant lui aussi au royaume des fouteux éthérés.Julius, définitivement trop vieux pour continuer à incarner l’idéal éthique poursuivra sa destinée, pacifié, avec Luna, devenue sa compagne.
« A sec » représente le deuxième volet des aventures de Julius Puech. Par cet ouvrage de commande, lié au succès du précédent, l’auteur s’en tire honorablement, avec toujours autant de verve, fascinant le lecteur par la structure étrange du récit, même si la surprise provoquée par le premier épisode s’est quelque peu ternie, et que certains procédés stylistiques ont une allure de déjà-vu.
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Sous Le Soleil - Par BenF
Dans la forêt, au bord d’une plage, subsiste misérablement un groupe d’êtres humains primitifs. L’homme « aux cheveux rouges et à la barbe hérissée » fouille le sable à la recherche d’objets utilisables. La trouvaille d’une bouteille encore intacte le ravit. Avec cela, il pourra puiser de l’eau à volonté et la transporter d’un point à un autre. En rapportant le récipient dans son clan, il soulève l’admiration de sa femme. Comme l’ancêtre ne peut lire le cahier enroulé à l’intérieur de la bouteille, le « rouge » jette le manuscrit dans les flammes.Pourtant son contenu aurait été très intéressant car il fut le témoignage de l’un des derniers survivants d’une société proche de sa fin. La révolution sociale avait éclaté en Angleterre :
« La volonté de triompher mûrissait ; comme des vagues, nos rangs grossirent et nous triomphâmes. Le puissant prolétariat du monde, éveillé à la volonté de la puissance, se redressa enfin. Il n’avait rien à perdre, hors ses chaînes, et devant lui gisait le monde avec ses richesses accumulées par une bourgeoisie appliquée et avide. Les Etats d’Europe tombèrent l’un après l’autre en holocauste au flot révolutionnaire, les derniers trônes s’effondrèrent dans les émeutes sanglantes et, à la fin, s’écroula le plus effrayant, le plus terrible des trônes, celui du Capital. »
Elle détruisit la ville de Londres, tenta de contrôler un pays où s’était mise en place une guérilla bourgeoise implacable et constante. Les paysans surtout, bons connaisseurs du terrain harcelaient de jour comme de nuit les troupes prolétariennes. Avec le temps, l’on utilisa des armes de plus en plus primitives.
Cinquante années de guerre perdurèrent en Europe. Peu à peu l’ordre militaire se délita, offrant l’opportunité à des groupes paramilitaires, plus ou moins légitimes, de faire régner une terreur locale.Ces troubles, encore minimes en face de l’invasion noire du général Jameson, profitèrent, grâce à l’état d’anarchie généralisée en Occident, aux Jaunes qui envahirent le continent. Partout la famine, l’indigence, l’inculture, les épidémies, la mort firent disparaître toute trace de civilisation, y compris en ce dernier camp retranché d’où le narrateur écrivit son ultime message :
« A cette époque se produisit aussi un événement que les siècles précédents redoutaient déjà : le péril jaune qui dormait devant l’Europe puissante, gorgée d’armes, se réveilla et les hordes innombrables de l’Orient submergèrent et noyèrent la Russie dans le sang. La famine, accompagnée d’épidémies inconnues jusqu’à ce jour, décimait les êtres. La sauvagerie prenait chaque jour des proportions plus atroces et foulait à grands pas la plaine ouverte devant elle. »
La femme, s’étant emparée de la bouteille, était en train de la remplir au bord d’un ruisseau lorsque l’homme « blond », un ennemi, s’empara et de l’une et de l’autre. Le « rouge » ayant aperçu le « blond », un combat sans merci se déroula entre eux. L’agresseur, quoique plus faible que son adversaire, l’assomma d’un unique coup bien appliqué porté au moyen d’un mince tuyau d’acier creux trouvé sur le sol. Déjà la femme en avait pris son parti et suivi son nouveau maître…
Une nouvelle forte exprimant avec économie, la brutalité des idéologies et leurs effets pervers. L’état de délabrement social qui en résulte corrobore les paroles d’Einstein qui prétendait que « la prochaine guerre se fera à l’aide d’arcs et de flèches. » Ici, c’est encore pire : elle se fait à coups de massue…
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Solution De Continuite - Par BenF
Un groupe de spéléologues amateurs dont Claude, une jeune étudiante en médecine, Pierre, pilote d’essai, et le Père Sernin, sont surpris au sein de la terre par un violent éboulement faisant s’écrouler le tunnel d’accès, catastrophe dont ils se sortent difficilement. A la surface les attend un spectacle de désolation :
« le ciel était d’une couleur anormale. Une couche de nuages ou de vapeur, à très haute altitude, voilait le soleil, ne laissant filtrer que des rayons rougeâtres qui ensanglantaient le paysage. Le plateau avait éclaté sous des pressions inimaginables et une faille le coupait en deux à la hauteur de Servigny dont rien ne subsistait. Seule partie conservée relativement intacte, la croupe boisée de Fromonville, tache de verdure presque noire sous l’éclairage monochromatique. »
Le paysage est laminé et les rares personnes rencontrées le sont à l’état de cadavres. Le cataclysme aussi soudain qu’universel, a profondément modifié la géographie terrestre comme en témoignent les deux sous-marins, l’un russe l’autre américain qui auront eu, eux aussi, le bonheur (le malheur ?) de survivre. Après un moment de découragement et la mort du Père Sernin tué par un survivant dément, Pierre et Claude s’organisent pour remettre en état un hélicoptère et s’aventurer à la recherche d’autres rescapés
La raison de la catastrophe va leur être expliquée par des extraterrestres bienveillants, ressemblant comme des frères jumeaux aux terriens. Ce sont eux les responsables involontaires de la quasi-destruction terrestre. L’un de leurs vaisseaux à vitesse extra-luminique, dans son déplacement migratoire vers une autre planète habitable, a heurté la Terre, accident rarissime mais gravissime, déplaçant les continents, supprimant l’Atlantique et, par leurs rayons porteurs, éradiquant toute vie ou presque, de la surface du sol. Très embêtés (on les comprend ), ils sont prêts à tout pour aider les survivants, à organiser leur transfert à bord de leurs vaisseaux, vers leur propre planète. A cette nouvelle, Claude, Pierre ou encore les deux commandants des sous-marins ne se sentent plus de joie. Il faut dire que les Hélionnes – c’est le nom des extraterrestres femmes - sont ravissantes, télépathes, grandes amoureuses et prêtes à tout pour se faire pardonner leur sottise.
La deuxième moitié du roman sera consacrée à l’analyse des sentiments réciproques unissant Hélionnes et Terriens, le récit basculant dans la mièvrerie. Pierre restera sur la terre, qu’il aime profondément. Regroupant autour de lui Ghislaine, Jacques, Philippe et les autres, il jouera à Dieu, éliminant les méchants qui tuent et violent, sauvant de malheureux enfants orphelins. Claude, tombée amoureuse d’un Hélionne mâle partira exercer la médecine sur les grands vaisseaux blancs, prouvant par son attitude que le mixage Hélionne-Terrien est une parfaite réussite.
Un récit au départ prometteur qui s’enlise rapidement en distillant un ennui profond.
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Soleil De Mort - Par BenF
Au-dessus de la Terre grillée la couche d’ozone a disparu. La quasi-totalité des humains survivants se terrent à l’ombre, à l’abri du soleil, dans des sous-sols, casemates ou labos souterrains. La société s’étant effondrée, ne subsistent plus que les traditionnelles bandes de pillards et de meurtriers qui survivent vaille que vaille en se servant des stocks encore disponibles dans les supermarchés. Cependant le docteur Denis Roussel, biologiste français de génie, a réussi la transformation des génomes de plantes et même d’humains en créant des variétés aptes à supporter les terribles UV solaires. Soutenu par l’armée - seul noyau civilisé - il tentera une croisade du Sud vers le Nord (Nice, Toulon, Marseille, Brest, Paris) pour convaincre dans son bunker le président Davier - homme d’éthique rigide farouchement opposé à toute manipulation génétique:
" ...Les survivants faisaient tous partie de bandes organisées; en face d’eux, les rescapés de l’ancien gouvernement, protégés par l’armée, réfugiés sur le plateau d’Albion ou dans l’abri de Taverny prévu comme P.C. en cas d’attaque nucléaire. Là se terraient le Président de la République et ses ministres. Mesquins et bornés, ces fantoches monopolisaient les maigres stocks alimentaires, se réservant farouchement l’abatage du bétail restant et l’accès aux champignonnières. Aucun dynamisme, aucune cohérence, aucune planification de la recherche scientifique... "
Se protégeant des rayons solaires à l’intérieur de son train blindé, Denis Roussel, avec comme garde du corps le commandant Duval, convainc tous les militaires -enthousiastes- de le soutenir. Ceux-ci envisagent même un putsch pour destituer Davier et promouvoir le renouveau de l’humanité. Un pittoresque trajet en train leur fait rencontrer tour à tour un clan de chevaliers (ce sont des universitaires qui ont décidé de faire joujou en ces temps troublés !), d’infâmes salauds fascistes (leur chef se fait appeler avec originalité Hitler), et enfin Davier qui, quoique rigoriste, n’hésite pas à faire pratiquer d’atroces expériences dignes d’Auschwitz sur des malheureux sacrifiés. Grâce aux militaires, Davier est destitué, Roussel le biologiste devient Premier Ministre pour apporter une nouvelle liberté au monde. Quant aux pillards, ils seront éliminés, en toute simplicité.
Une énième mouture d’un roman-catastrophe qui se délecte à décrire l’innommable sur fond de pollution généralisée. Le style repose sur un jeu de questions-réponses, certainement plus faciles à être compris par le public auquel se destine le roman. Il faut souligner l’énergie de l’auteur à mettre le salut du monde entre les mains des militaires - intelligents, fins, vifs, sensibles, généreux, prompts à analyser les situations - auxquels s’opposent le président Davier-le-Sadique ainsi que les brigands des villes, pauvres gens dont le cancer n’est que la traduction visible des vices dont ils sont atteints. Quand le roman cataclysmique se transforme en contes de fées pour adultes consentants !
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