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Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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Livres

  1. Type: livre Thème: péril jaune et guerre des races, guerres futures 1 Auteur: Francis DIDELOT Parution: 1955
    L’Inspecteur Yves Domino, qui s’exprime par monosyllabes, se révèle d’une grande efficacité. Personnalité importante de la police, sa sagacité est soumise à rude épreuve en cette Eurafrique future.
    Le monde, divisé en trois blocs, Eurafrique, Panamérique et empire d’Asie, vit en paix jusqu’à ce jour, malgré les menées impérialistes asiatiques, surtout dans la capitale Tchéliabinsk. La science, le modernisme en tous les domaines, rend la vie aisée : il est facile de sillonner l’Europe avec les «gyros» (cela ne prend que quelques heures), de manger des repas sous forme de comprimés, d’extraire la vérité » du cerveau des condamnés par le «cazzamog », une sorte d’appareil à lire les pensées.Tout irait bien si l’on n’avait volé les plans de la «cellule» permettant la mise en action de la machine à ondes S.E.C., un bouclier électronique impénétrable, arme secrète de l’Eurafrique, contre toute tentative d’invasion du côté de l’Est.
    Domino enquête, remontant la filière, débusquant les espions à la solde des Jaunes mais sans jamais arriver à saisir l’identité du «Quartier Central», le chef suprême qui tire les ficelles. Sommé par les triumvirs eurafricains de réussir au plus vite, Domino met la pression, allant jusqu’à enquêter à Tchéliabinsk alors que les suspects, tous et invariablement, soit disparaissent, soit sont éliminés avant qu’il ne puisse les interroger.
    Le 14 mai, les hordes jaunes se lancent à l’assaut de l’empire occidental. Tout semble perdu. Pourtant, Domino débusque le traître fondamental en lui tendant un piège. Avec stupeur, il constate qu’il s’agit de son propre supérieur, Léonardi, chef de la sécurité de l’Eurafrique. Déjà les Asiatiques ont établi une tête de pont en Occident. Mais leur avance sera brutalement stoppée par la mise en route des rayons S.E.C. mettant le vaste territoire à l’abri de la menace ; grâce à l’inspecteur qui possédait par devers lui, un deuxième exemplaire de la cellule de commande, l’Empire put être sauvé. Léonardi,  en fuite et non reconnu par les Jaunes, sera éparpillé aux quatre vents.
    Didelot plutôt écrivain de roman policier, place son intrigue sur le terrain conjectural et sur fond de péril jaune, avec une écriture nerveuse et enlevée.

  2. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: Francis CARSAC Parution: 1960
    Le narrateur revoit un ami, Paul Dupont,  qu’il a perdu de vue depuis longtemps. Un soir, le laboratoire de celui-ci est violemment illuminé et il retrouve Paul Dupont inanimé, en état de choc. Depuis l’accident, Dupont présente une personnalité double, celle de Haurk, un transfuge de l’an 4500, et celle d’un terrien de l’époque du narrateur. Il prouvera par des inventions étranges qu’il détient les clefs d’une connaissance supérieure. Haurk/Dupont disparaît soudainement mais laisse à son ami un manuscrit. Y est relatée toute la saga de Haurk, comment le scientifique du futur, en compagnie de son ami Kelbik, le mathématicien, fournit la preuve que le soleil se transformera bientôt en une gigantesque nova :
    « Il y avait six mois que je travaillais à l’extension de ma théorie des taches solaires, quand je m’aperçus que, si mes calculs étaient exacts, la fin du monde était proche. Je me souviens de ma stupeur, de mon incrédulité, des calculs vingt fois recommencés, et finalement, de mon épouvante ! Je sortis comme un fou du labo, grimpai à la surface, dans l’hémisphère éclairé, et regardai le soleil, bas sur l’horizon Il flamboyait dans le ciel, tel que les hommes l’avaient toujours vu. Et pourtant, si je ne me trompais, dans un avenir plus ou moins éloigné, dans cent ans,  dans dix ans, demain, à la seconde qui venait peut-être , ce globe monstrueux allait éclater, noyant dans une marée de feu Mercure, la Terre, le système solaire ; »
    Haurk est issu d’une société du futur partagée en deux classes, les Teckns et les Trills. Les Teckns dont font partie Haurk et Kelbik, forment la caste des théoriciens et des penseurs. Les Trills sont des administrateurs et des techniciens. La séparation est totale entre les deux classes sociales qui se retrouvent au sein du Conseil des Maîtres. Devant l’imminence du danger, Haurk et Kelbik découvrent le moyen de soustraire la terre au péril cosmique. Par une ceinture de " géocosmos ", d’immenses machines gravitationnnelles, ils envisagent d’éloigner la terre du soleil mourant pour la placer aux confins du système solaire ou même au-delà :
    « Petit à petit, la Terre élargissait son orbite, s’éloignait du soleil, entraînant la Lune. Vénus se rapprochait de la Terre, ses géocosmos fonctionnant à une plus grande intensité pour compenser le handicap de son orbite de départ plus interne. Aussi s’était-t-il produit quelques légers séismes, sans graves effets. Au bout d’un an, le Soleil avait visiblement diminué de diamètre dans le ciel, et la température moyenne de la Terre commençant à tomber, nous dûmes replier dans les parcs souterrains les bêtes les plus sensibles au froid, tout au moins celles qui avaient été choisies pour perpétuer l’espèce. »
    Tout est mis en œuvre à cette fin : d’immenses cités souterraines, des réserves de nourriture et des parcs animaliers parcourus par d’interminables réseaux de communication, sont construits avec efficacité. Le projet pourtant, ne fait pas l’unanimité chez les Trills. Les "Destinistes ", une secte eschatologique, s’opposent à ce que la terre soit sauvée et feront tout pour qu’elle subisse son destin : sabotages, attentats, émeutes, insurrections… Mais Haurk veille et Karnac, l’ambitieux chef des Destinistes perd la partie.
    Les immenses géocosmos entrent en action, entraînant la terre avec sa voisine Vénus de plus en plus loin du soleil instable. Bien que tout ait été calculé, les secousses telluriques, l’air qui gèle, le froid mortel qui s’installe, toute végétation qui meurt, contraignent rapidement les hommes à s’isoler dans les cités souterraines :
    « Nous ne sortions guère à la surface, morne désolation de glace, sous le ciel noir piqué d’étoiles. A l’intérieur des cités, la vie était monotone(…) Le manque de soleil, le confinement dans les parcs trop connus étouffaient la joie. Les promenades à la surface étaient pires, et seules quelques équipes de jeunes gens aventureux trouvaient plaisir à escalader les montagnes couvertes d’air gelé. »
    Cependant, les Destinistes ne désarment pas. Un nouveau complot qui doit faire sauter les portes blindées des cités en les ouvrant sur le froid de l’espace, est éventé, dévoilant des complicités au sein même du Conseil des maîtres.  La Terre, en franchissant une sorte de barrière cosmique, s’évade du système solaire en direction d’Alpha du centaure. Après que le soleil terrestre eut explosé, l’astre vagabond croise dans les environs du système centaurien où nos pèlerins de l’espace rencontrent des implantations humaines antérieurement installées, sociétés dérivées d’une première vague de colonisation. Ne pouvant s’établir autour du soleil centaurien, la pérégrination continue jusqu’à Telbir où les attendent d’agressifs extraterrestres qui utilisent déjà des terriens de jadis comme viande de boucherie. Grâce à Haurk, les esclaves brisent leurs chaînes hypnotiques et se débarrassent de leurs tortionnaires.
    Enfin l’atmosphère terrestre dégèle aux rayons d’un nouveau soleil et notre planète retrouve une place dans un nouveau système solaire :
    « Sur les toits , en face de nous, de grosses masses molles d’air solide commençaient à bouillonner, se détachaient, glissaient, tombaient dans les rues, tout en bas Un semblant d’atmosphère, infiniment ténu, existait déjà. A mesure que le soleil se déplaçait vers le zénith, le bouillonnement s’accentua, et bientôt un épais brouillard, un brouillard d’air, masque la ville. Par moments, sous l’influence des courants de convection, très violents dans cette atmosphère soumise à de terribles différences de température, le brouillard se déchirait, laissant apercevoir une tour à demi voilée d’une écharpe grise effilochée. Des toits s’écoulaient parfois des cascades d’air liquide, qui n’atteignaient jamais le fond, se gazéifiant à mi-chute. »
    Peu après cette période, à la suite d’une expérience malheureuse, Haurk s’était trouvé projeté dans le passé du narrateur. Le manuscrit qu’il lui a laissé est l’unique témoignage de notre avenir fabuleux.
    Un récit baroque et héroïque, un space-opera du temps d’avant la pollution. Sur fond de cataclysme cosmique Carsac joue une ode à l’espèce humaine en proie à l’adversité. Comme Stapledon, mais en plus naïf, il évoque les souffrances d’une humanité qui forge son propre destin. A relire pour le charme discrètement rétro des jolis récits du temps passé.

  3. Type: livre Thème: invasions d’insectes, menaces telluriques Auteur: FEVAL fils H.G. MAGOG Parution: 1924
    La petite troupe regroupée autour d’Oronius, le Maître, au sein de l’extraordinaire engin volant l’Alcyon-car, se retrouve au pôle sud où l’attend une monstrueuse race d’insectes géants et intelligents inconnus jusque là de l’humanité. Perçant le camouflage opaque mis en place par ces êtres mystérieux, l’Alcyon atterrit à la base d’une haute tour entièrement close sur elle-même. L’atmosphère respirable et le froid dompté par le rayonnement solaire redirigé par des miroirs ont crée autour des tours un curieux jardin :
    « C’était un parc-jardin, peuplé d’étranges arbres aux silhouettes caricaturales ou horribles. Ils n’appartenaient à aucun espèce connue et devaient avoir été obtenus par de fantastiques greffes, croisant le règne végétal et le règne minéral, même avec certains échantillons du règne animal. En contemplant les produits crées, les spectateurs ne pouvaient songer sans épouvante au jardinier dément qui avait conçu ces combinaisons diaboliques et créé ce décor de cauchemar. »
    En sortant de leur véhicule pour traverser cet espace, Laridon le méccano, Turlurette sa fiancée, ainsi que Cyprienne la propre fille d’Oronius, sont agressés par des êtres mi-plantes, mi-animaux, sortes de chimères fantastiques. Oronius lui-même est happé par les tentacules d’une femme-pieuvre végétale :
    « Projeté par la baie où se tenait la splendide créature, quelque chose se déroula en sifflant et s’abattit sur l’indiscret. Et successivement, comme autant de cordes souples et vivantes, neuf autres tentacules fendirent l’air pour venir l’envelopper comme autant de lassos. Il remarqua avec effroi que ces tentacules affectaient la forme du bras, d’une longueur démesuré. Faits de chair blanche, douce et tiède, ils se terminaient par de petites mains nerveuses, dont les paumes formaient ventouse. »
    Il devra son salut aux insectes géants qui le libèrent, non par bonté, mais parce qu’ils ont besoin de ses services. Car ces insectes sont des ennemis de l’humanité , sur le point de passer à l’attaque, aidés par les deux ennemis mortels d’Oronius, le (gros) savant fou Otto Hantzen et sa groupie, la redoutable Yogha, arrivés sur place avant nos amis. Oronius absent et introuvable, les autres membres de l’équipage, sous la conduite de l’ingénieur Jean Chapuis, et sur les ordres mêmes du Maître qui a pu communiquer avec eux en établissant une « voûte magnétique », reprennent tristement le chemin pour Paris. Lors de leur survol de la France ils purent constater à quel point le pays avait déjà souffert d’un cataclysme antérieur :
    « Des ravages causés par la vague de feu qui avait embrasé l’air et desséché les mers, puis par l’escamotage momentané de l’atmosphère respirable, Jean Chapuis ne pouvait se faire une idée. (…) La traversée du continent africain ne pouvait qu’aggraver ses inquiétudes. De tous, c’était celui qui avait le plus souffert. A la vérité, dans son étendue, l’œil des aviateurs ne rencontrait plus que mort et désolation.
    Heureusement, en survolant l’Espagne, puis la France, Jean Chapuis éprouva, malgré tout, une sorte de réconfort. Là, le malheur n’était ni aussi grand, ni aussi définitif qu’il l’avait craint. Des hommes avaient survécu ! Il en eut la preuve indéniable  en remarquant des centres habités. Si, dans son ensemble, l’humanité avait été décimée par les cataclysmes, on n’avait pu l’anéantir complètement.(…)
    La vie avait donc pu reprendre et déjà, sur les principaux points du continent européen, américain et asiatique, les survivants épargnés relevaient les ruines et s’efforçaient de faire disparaître les conséquences du fléau. »
    Dans la capitale même, l’ambiance est détestable. Tous les animaux de la «Fauverie », une immense réserve zoologique  aménagée au sein de la cité, ont disparu, semble-t-il sur l’instigation de singes apparemment doués de facultés cérébrales supérieures :
    « Les messages avaient dit vrai ; les réfugiés n’exagéraient point. Démontrant tout à coup une volonté intelligente de conquête, une armée d’animaux, parfaitement disciplinée, et opérant méthodiquement, selon les procédés humains, s’était mystérieusement concentrée et venait d’entrer en guerre contre l’humanité. »
    C’est le prélude d’une invasion partout en France et surtout à Paris, d’animaux devenus intelligents et se révoltant contre l’homme :
    « Ainsi, des singes humanisés commandaient cette étrange armée. Et les aptitudes particulières de chaque catégorie d’animaux y étaient utilisées avec une discipline et une intelligence tenant du miracle. (…) Le règne animal en révolte avait ses troupes de pied et ses troupes de selle, ses cohortes de jour, ses phalanges de nuit. Aux heures de ténèbres, les bêtes et oiseaux nocturnes  se ruaient sur les combattants harassés. Les yeux des hyènes, des lynx, ceux des hiboux, des chouettes et des chats-huants brillaient dans l’ombre et semaient la panique. Les hommes s’imaginaient être entourés d’un cercle diabolique.
    Plus terribles que les bêtes sauvages qu’elles avaient été et dont elles conservaient la force, les bêtes humanisées possédaient sur les hommes l’appréciable supériorité de la diversité des formes et des aptitudes. Elles avaient leur cavalerie, légère ou lourde, où servaient les animaux rapides, tels que les lévriers ou les chevaux de sang, ou les puissants taureaux dont la course ébranlait le sol et dont la charge était irrésistible. Elles avaient aussi leur aviation, constituée par toutes les variétés d’oiseaux. Enfin, pour la guerre de sous-bois et d’embuscade, elle avait ses grimpeurs, les singes et les chats, les félins, tout ce qui peut se couler entre les buissons, se tapir dans un fourré, se tenir aux aguets à l’extrémité d’une branche pour bondir sur l’ennemi et le déchirer de ses griffes. »
    Même Pipigg et Kukuss, les deux chiens-papillons, mascottes du groupe, enlevés, leur reviennent avec beaucoup d’intelligence et d’amour (ce qui ne les change guère) dans le regard.Dans le laboratoire d’Oronius à Belleville, leur base secrète, les voyageurs entendent à nouveau la voix du maître qui leur explique que la transformation cérébrale des animaux est l’œuvre des insectes géants afin de constituer le fer de lance d’une invasion de la Terre décidée par ces êtres prêts à quitter leur repaire polaire.
    Ayant pratiqué des opérations cérébrales sur une série de singes, ils en ont fait les meneurs  du mouvement. Sommés par les singes de se révolter pour faire diversion, ils ne constituent que le tout début des événements, le véritable plan, initié par Hantzen et Yogha étant d’arrêter transitoirement la rotation de la Terre. Le froid et la nuit devraient désorganiser les villes européennes pour que les insectes puissent prendre partout le pouvoir sur les humains, se réservant d’intervenir en Amérique et en Asie plus tard :
    « Le gel s’aggravant, il avait fallu se calfeutrer dans les appartements et vivre chichement sur les maigres provisions existant ; on pouvait à peine se risquer  dans les rues glaciales enténébrées. La mort y guettait à chaque pas les infortunés mal entraînés à cette température polaire. Toute vie s’était arrêtée. On se mouvait à peine ; On grelottait en pleine obscurité, et cette ombre trop réelle qui environnait les Parisiens était en même temps l’image fidèle de celle où se débattait le gouvernement, racorni dans sa détresse. »
    C’est par une mystérieuse « poussière violette », extraite du sous-sol boréal en énormes quantités que Hantzen et Yogha déclenchent un processus d’apocalypse, le flux magnétique de cette poudre ayant le pouvoir de freiner la rotation terrestre dans un délai de vingt-quatre heures :
    « L’embrasement du sommet fut complet en un instant ; toute sa surface était devenue incandescente et dégageait les flammes qu’Oronius venait d’apercevoir. Violettes à la racine, elles devenaient pourpres à quelques centimètres du brasier : elles se courbaient alors et s’allongeaient en se décolorant. Ah ! quel fantastique spectacle ! Leurs langues continues dépassaient maintenant le rebord de la montagne; elles filaient toutes selon une direction horizontale, s’étirant en longues lignes blanches qui s’en allaient rejoindre l’horizon. Elles ressemblaient ainsi à une chevelure de comète, mais de comète fixe sur laquelle aurait soufflé un vent violent. Oronius put remarquer qu’elles suivaient une direction inverse à celle de la rotation terrestre. »
    Le plan fonctionne à merveille et la nuit s’installe sur l’Europe :
    « Dès lors, des nouvelles aussi stupéfiantes qu’alarmantes se succédèrent sans interruption : une vague de froid glacial qui croissait d’instant en instant s’abattait sur la capitale. On ne pouvait songer à remettre en action les phares du solarium, car toute l’énergie disponible devait être consacrée sans retard à sauver les Parisiens de la mort par congélation. Avant tout, il fallait parer au plus pressé ; ce premier danger conjuré, on verrait, avec les moyens réduits dont on disposait, à éclairer la situation. Paris demeura donc dans l’ombre. Car le fait invraisemblable fut confirmé: le jour n’avait pas paru ; le disque solaire, pour la première fois infidèle, ne s’était pas montré au-dessus de l’horizon. »
    Les humains, désorganisés ne résistent pas longtemps aux hordes d’insectes volants investissant les centres de commandement :
    « Lorsqu’une de leurs armées descendit sur la capitale des Etats-Unis d’Europe, terrorisée et transie, elle ne rencontra aucune résistance. Les Parisiens engourdis virent tout à coup leurs demeures envahies par des êtres si étranges qu’ils crurent à un cauchemar (…) L’Europe entière était au pouvoir des Polaires ; les armes avaient été détruites et les humains, dépossédés, erraient en troupeaux lamentables, apeurés, harcelés par des gardiens impitoyables. Partout, dans les palais, dans les usines, dans les ministères, les insectes géants s’étaient substitués à l’homme. » (…)
    Dans les champs, des paysans, accouplés par le front avec les liens du joug, tiraient la herse ou la charrue sous la menace de l’aiguillon ; d’autres cinglés de coups s’épuisaient à entraîner les lourds véhicules auxquels leurs bourreaux les avaient attelés. Il y avait l’homme-boeuf, l’homme-cheval et l’homme-chien. Partout des colliers, des laisses et des muselières, partout la schlague domptant les révoltes de l’orgueil. Et force était bien alors à ces malheureux de reconnaître que, sans la supériorité physique, aucune autre supériorité ne compte. L’intelligence ne domine qu’à condition de pouvoir s’imposer par la précision de ses armes ou la force de ses poings. »
    Mais au pôle se produit un phénomène inattendu. La partie excavée s’effondre, entraînant un large bloc de terre qui se met à dériver à l’instar d’une énorme île flottante qui entraîne Oronius enchaîné par ses ennemis tandis  qu’ eux s’installent confortablement à l’abri dans leur forteresse souterraine. Alors que tout semble perdu pour le Maître impuissant près de son rocher, il sera libéré par l’Alcyon-car, transformé en sous-marin pour la circonstance, conduit par Jean Chapuis le disciple, Laridon et tous ses amis. Depuis longtemps, ces derniers avaient repéré la trace électromagnétique laissée par l’île maudite sur la mer, dérivant en direction de Gibraltar.
    Hantzen et Yogha, attendus par le groupe, dès leur sortie à l’air libre, sont faits prisonniers, ramenés en leur repaire, enfermés à double-tour. Le Maître reprend avec plaisir les commandes de l’Alcyon et surtout de l’extraordinaire « main volante  d’Antinéa », un artefact bio-technologique rapporté de leur aventure précédente en Atlantide, qui constituera une arme décisive pour enlever l’un des insectes conquérants, à fins d’étude :
    « A présent qu’il pouvait les observer à loisir, force était à Oronius de constater quels points communs ils présentaient avec la race humaine. Les attaches et les extrémités des membres antérieurs et inférieurs offraient avec nos bras et nos jambes une frappante analogie. Ils se terminaient par des mains et des pieds absolument semblables à ceux des anthropomorphes. La solidité de leur corselet, plus semblable à du cuir durci qu’à un épiderme humain, marquait la seule différence notable entre les deux races –la forme humaine mise à part, bien entendu. Mais les poignets, doigts et phalanges se révélaient aussi parfaitement articulés que ceux des hommes. La gaine naturelle et protectrice qui les revêtait ne gênait en rien leurs mouvements ; elle constituait donc une supériorité sur la trop grande vulnérabilité de notre enveloppe charnelle. »
    Durant la traversée, Turlurette prise pour Cyprienne,  est enlevée par l’ennemi qui, croyant tenir la fille d’Oronius et qui espère s’en servir comme monnaie d’échange. Au grand dépit de Laridon, le Maître a pour l’immédiat d’autres préoccupations que de la libérer, comme celle de construire la machine infernale qui éradiquera les insectes, ou celle de prendre contact avec les Américains auxquels il demande d’intervenir :
    « Heureusement, la race américaine a toujours su réaliser des prodiges et multiplier la main-d’œuvre pour supprimer la question de temps. Elle est de celles qui brûlent les étapes et se plaisent à achever en quelques heures ce que d’autres eussent poursuivi, lentement, pendant des années. Le caractère ouvrier n’est point partout le même. En moins d’une semaine, sous l’impulsion d’Oronius, le résultat cherché était obtenu. »
    Son arme secrète sera basée sur l’extrême sensibilité des insectes à l’alcool découverte par le meccano. Oronius déclenchera des vents d’une violence extrême gorgés d’effluves alcooliques qui feront sombrer ses ennemis dans un profond sommeil d’une durée suffisante pour que les troupes américaines puissent les mettre hors d’état de nuire. Comme l’opération mise en place paraît trop longue à l’impatient Laridon, il vole l’Alcyon-car et la main d’Antinéa, dans le but de délivrer lui-même sa gentille Turlurette. Celle-ci sera libérée au cours de l’engagement mais l’extraordinaire engin avec toutes ses armes disparaîtra dans la tempête.
    « L’Humanité enchaînée » est le quatrième épisode d’une série, qui en compte cinq, « les Mystères de demain », écrite en commun par Féval Fils et H.J. Magog, série de toute rareté dans le champ de la littérature populaire scientifique. Une imagination folle, un feu d’artifice d’invention plus étonnantes les unes que les autres, le rythme soutenu du texte, en font une œuvre unique de l’anticipation ancienne française, qui soutient la comparaison avec tous les pulps d’outre-Atlantique. Les thèmes les plus divers y sont traités. Evoquons dans le désordre la thématique des Grands Sages , celle des Savants fous , de la Cité souterraine, du Pôle habité, des Intraterrestres, de l’Atlantide, des Robots et de la Bionique, et, gardant le meilleur pour la fin, le thème cataclysmique, objet de notre présent répertoire. A quand une réédition grand public de l’ensemble de la série ?

  4. Type: livre Thème: le dernier homme Auteur: Félicien CHAMPSAUR Parution: 1927
    Charles Bergheim en compagnie de son amie Alice Penthièvre s’endort lors d’un déplacement en train. Il rêve qu’une comète énorme frôle la Terre avec sa queue d’oxygène. Cet excès de gaz tue le monde entier, sauf lui et son perroquet, situés au centre du monstrueux tourbillon. Au contraire, l’excès d’oxygène le revigore et il se réjouit d’être le seul être humain vivant au monde et à Paris. Il en profite pour goûter aux plats les plus fins, aux vins les plus rares, pour contempler toute cette vie arrêtée en plein élan. Quant à son perroquet, il devient son unique confident. Le surplus de gaz a des effets inattendus :
    "La vie végétale était extraordinaire dans l’atmosphère surchauffée. La Seine coulait sous un enchevêtrement de lianes, sous une verdure exubérante et capricieuse. Les collines de Sèvres, de Meudon, les moulins de Montmartre, d’Orgemont, de Sannois étaient couverts d’un épanouissement de fougères arborescentes, de lycopodendrons, de prêles gigantesques. A Paris, des brins d’herbe, en s’accroissant, soulevaient les pavés et devenaient des arbres élancés et flexibles, avec un feuillage indéfiniment accidenté. Sur le boulevard des Italiens, autour de l’Opéra, la végétation ascendait vers les toits comme un flux de sève des forêts primitives. "
    Bergheim se déplacera en s’accrochant aux lianes, comme un singe tout en craignant que l’homme " allait finir comme les sauriens du lias, comme les mastodontes et les mégathériums de l’époque tertiaire. " Mais quel soulagement, ce n’était qu’un rêve!
    Dans cette brève fantaisie Champsaur s’empare du thème du dernier homme pour en faire un bijou d’humour et d’ironie.

  5. Type: livre Thème: menaces telluriques Auteur: F.RICHARD-BESSIERE Parution: 1962
    Sol 3, c’est  la Terre. Elle n’a plus que peu de temps à vivre; c’est ce que nous scande jusqu’à la nausée la petite phrase qui ouvre quasiment chaque chapitre en un procédé qui se veut stylistique  : "D’un instant à l’autre... d’un instant à l’autre...".
    Que se passera-t-il "d’un instant à l’autre " ? La Terre volera en éclats. Par augmentation inexpliquée de la pression interne, elle se fend un peu de partout.  En ce XXIème siècle, l’humanité sait construire des fusées, et les survivants (car il n’y aura pas de place pour tout le monde) partent  pour Vénus. Sauf nos héros, qui sont au nombre de sept. Chacun, pour une raison personnelle, reste sur Terre, sous l’aile protectrice du Père Maubry, qui les rassemble à Notre Dame. C’est encore la France éternelle et la ville de Paris qui résistent le mieux alors que l’Amérique est depuis longtemps un lac en fusion...
    La situation permettrait une exploration psychologique fine des personnages, mais les auteurs n’y voient que caricatures et catalogue de fantasmes les plus niais: collectionner les tableaux dans les musées, se déguiser en Napoléon avec les vrais habits de l’Empereur, organiser une course de voitures dans Paris, lancer des missiles sur les villes évacuées.  Ils passent leur temps à se lancer des injures racistes à la tête (il y a un Noir et un Juif), à se disputer le pouvoir (il y a un ancien général), à discuter de tout et de n’importe quoi. Y aura-t-il au moins une juste fin pour tous ? Même pas. Se rappelant d’un coup qu’il existe des " plateformes volantes " qu’il suffit de rafistoler pour survoler le cataclysme avant que Vénus ne puisse venir à leur secours, trois survivants sur les sept réussiront leur pari: échapper à la fin du monde.
    Un récit bâclé, une intrigue floue, des personnages caricaturaux. F.R. Bessière n’a rien à dire et le fait savoir.

  6. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: F.RICHARD-BESSIERE Parution: 1957
    Roland Mercadier, en cette année 2048, quoique astronome compétent, a délaissé son domaine pour l’exploration de l’océan. Il vient d’inventer un appareil hyper-sophistiqué, l’aquajet, à propulsion " magnéto-atomique " qui lui permet, en compagnie de sa femme Nancy et de Steve, le rejeton de l’entreprise américaine Whitefield and Cie qui finance les recherches, de sonder les fonds sous-marins. Le voyage révèle la présence à plus de dix mille mètres de profondeur, d’une ville étrange quasi-intacte qui leur livrera des trésors, des plaques ornées d’une écriture inconnue ainsi qu’une boîte remplie d’une bizarre gelée grise qui semble vivante. Puis, d’autres préoccupations détournent nos héros du monde sous-marin. Le sergent Peck de la station de Pluton vient de signaler l’approche en notre système solaire d’un monstrueux soleil noir qui semblerait vouloir couper l’orbite de la terre. Le major Parker demande à Roland et ses amis d’aller vérifier sur place la réalité de cette menace.
    Au cours du trajet interplanétaire, ils réceptionnent un message incompréhensible, émis, semble-t-il, par  l’un des satellites qui accompagnent le soleil noir dans sa course. Après l’étape plutonnienne, ils décident d’en avoir le coeur net et se dirigent vers ce satellite, où vit une société hautement civilisée. Ils atterrissent sur Kalpa (c’est le nom de ce monde) où ils sont accueillis par le Président Un, un être à l’apparence totalement humaine qui, une fois les barrières de la langue vaincues, leur fait des révélations inattendues et surprenantes. Il leur dit que la situation dramatique vécue actuellement par la Terre n’est pas nouvelle. Dans le passé déjà, il y a quatre millions d’années, la menace cataclysmique s’était retrouvée presque à l’identique avec celle d’aujourd’hui.   Le soleil noir, qui parcourt une orbite très elliptique, recoupe régulièrement l’orbite terrestre. Les Terriens de ce temps-là , grâce à leur avance technologique, avaient pu se sauver à temps en émigrant vers les systèmes stelaires voisins. Certains d’entre eux se sont installés sur Kalpa, tout en faisant souche.
    Sur Terre, était resté le professeur Kadwidj qui, avec des boîtes de " concentrés de vie " s’était donné pour mission de faire renaître l’espèce humaine de ses cendres. Actuellement, en face de la nouvelle menace, les Kalpiens ont décidé d’abandonner leur monde et de rejoindre leurs ancêtres dans le système de Proxima du Centaure. Ils ne peuvent rien pour les Terriens , les premiers n’ayant pas le temps matériel de les aider, les seconds n’ayant pas l’avancée technologique nécessaire qui leur permettrait de se soustraire au péril. D’un commun accord , nos héros décident de laisser leurs congénères dans l’ignorance de la menace mortelle qui condamnera irrémédiablement le monde et, au contraire, de les rassurer, pour éviter toute panique prématurée, en leur annonçant que les Kalpiens viendraient à leur aide. Après un retour triomphal sur Terre , le ton change lorsque augmente la pression exercée sur la mentalité des hommes par l’approche du soleil noir :  
    " le 9 décembre , le Soleil noir coupa l’orbite de la Terre à quelque 550 millions de kilomètres. La Terre bascula sur son axe , les océans déferlèrent, engloutissant l’Islande, l’Australie et Madagascar. En quelques secondes , des millions d’êtres humains avaient péri. Notre Soleil était environné de langues de feu qui atteignirent d’abord Mercure. Cette planète éclata comme une grenade sous la poussée des gaz brusquement libérés. Une grande vague rouge monta à l’Occident. Un disque d’argent apparut. C’était le Soleil noir, qui, à l’approche du nôtre, se réchauffait et devenait ainsi brillant. Les deux astres jetaient impitoyablement leurs feux en direction de la Terre , absolument désemparée. Un désordre indescriptible régnait dans les cités. A San- Fransisco , les rues étaient noires de monde. On courait , on se piétinait, on s’écrasait, on ne savait où aller. ".
    Alors que le monde bascule dans l’abîme, quelques couples, en compagnie de François et Nancy, munis de " boîtes de vie", s’embarqueront à bord de l’aquajet  pour gagner la cité sous-marine  afin de réitérer l’exploit de leur ancêtre, le professeur Kadwij.
    Un récit qui joue avec l’idée de catastrophe cyclique , basé entre autres sur l’anéantissement d’un continent englouti (l’Atlantide?). La description moderniste d’une technologie très " année cinquante " donnent un relief kitsch à une aventure encore lisible aujourd’hui, ce qui est une performance de la part de cet auteur populaire.

  7. Type: livre Thème: invasions d’insectes Auteur: F.RICHARD-BESSIERE Parution: 1959
    Au moment où le professeur Baldin découvre au Mexique un monument maya renfermant un insecte gigantesque apparenté aux abeilles, éclate la guerre mondiale. La Terre sera ravagée par des bombes nucléaires et Baldin la fuit en direction de la planète Tholée du Centaure où s’était déjà implantée une colonie terrienne.
    Bien des siècles plus tard, trois personnages, Hur-ka le Tholien, Bert Logan et Chaubert, des Terriens, dans leur fusée, se retrouvent à proximité de la Terre, en voyage d’exploration scientifique. Ils y découvrent Adré et Mora, un jeune couple de primitifs, ainsi que des hordes de barbares issues de mutations génétiques, dominées par les Zohorks, ces abeilles gigantesques qui ont proliféré depuis la grande dévastation.
    Adré est spécial. Il est capable de projeter sa « libido », son « hyper-moi » dans la personnalité des autres et d’accaparer leur savoir. Il saisit rapidement qui sont les explorateurs et leur demande de l’aide pour détruire les Zohorks. Bert Logan et Chaubert préconisent l’utilisation des Bards, autres insectes extraterrestres carnivores, rapportés dans les soutes de leur fusée. Le combat eut lieu entre les deux espèces d’insectes antagonistes. Les Zohorks, guidés par leur reine, ont le dessus. Alors Adré s’introduit dans la ruche et parvient tuer celle-ci ; la victoire des terriens est complète. Cependant le Tholien Hu-Kar révèle à ce moment précis sa véritable personnalité : xénophobe, il n’avait jamais réussi à admettre la colonisation de sa planète par les Terriens. Poussé par la haine, il élimine Chaubert. Les deux autres l’expulsent de la fusée. Hur-Ka s’acoquine donc avec les barbares dont il devient le chef en vue d’anéantir la tribu d’Adré.
    Bert Logan selon le sentiment altruiste propre au  Terrien, voit dans une guerre d’extermination totale la seule possibilité de se débarrasser des barbares. Elle est effroyable et laisse dans les deux camps une unique poignée de survivants. Pourtant, les deux chefs de guerre constatent qu’ils ont pris énormément de plaisir à la mener. Adré, comprenant enfin l’influence négative de ces étrangers, les tue ; lui-même sur le point de trépasser, projette son «hyper-moi » dans l’esprit des quelques survivants les lavant instantanément de leur agressivité pour en faire « Ceux de Demain ».
    Un récit à la sauce Bessière avec beaucoup d’approximations et d’invraisemblances. Mais, à quinze ans, on n’y regarde pas de si près…

  8. Type: livre Thème: invasions extraterrestres, menaces climatiques Auteur: F. RICHARD-BESSIERE Parution: 1959
    Harry Scott, narrateur de SF réputé, fait une curieuse rencontre, celle de William Brent, un individu porteur d’un cristal , qui le force à le conduire à l’hôpital du Dr. Price, en service de neurologie. Puis, Brent lui abandonne sa pierre de cristal. L’individu sort rapidement de l’esprit de Scott qui a d’autres chats à fouetter. Notamment de mettre la touche finale à son dernier roman « Commandos pour Altaïr ». D’ailleurs les idées affluant de façon extraordinaire et avec une facilité déconcertante,  il termine son ouvrage.
    C’est quand il est convoqué par le F.B.I en la personne du colonel Hendrix que tout se complique. Celui-ci veut savoir comment Scott a pu décrire dans son roman, avec une telle exactitude, le mécanisme de l’anti-gravitation sur lequel travaillent sans succès, et depuis longtemps, une pléiade de savants. D’autres troublantes rencontres accentuent le malaise de Scott : des agents délégués de tous les pays lui font un pont d’or pour ces mêmes informations.
    Afin d’en avoir le cœur net et soupçonnant le cristal de jouer un rôle dans cette affaire, il contacte son ami, le professeur Stuart Hawkins. Peu après, un troisième personnage mystérieux, une jeune fille nommée Mira, enlève les deux amis à bord d’un engin extraordinaire et les entraîne en une cité située dans l’île de Kambora, en plein océan. Parallèlement, le climat terrestre se dégrade, des tempêtes, de la neige, des pluies incessantes affectant toutes les régions émergées de la Terre :
    « En fin de journée, on devait annoncer qu’un violent raz de marée avait dévasté les côtes de la Floride tandis que de gigantesques tempêtes étaient signalées dans l’Atlantique. Des orages d’une puissance extraordinaire se manifestaient en Europe, en Allemagne principalement, mais on prévoyait une accalmie pour le lendemain. »
    A Kambora, ils pourront apercevoir, grâce à un téléviseur spécial à ondes hertziennes rémanentes, les vestiges d’une civilisation passée, engloutie lors d’un déluge universel. Pourtant Hawkins et Scott sont bel et bien prisonniers dans cette île, en un lieu sauvage hanté par des créatures insensées, tels que cette femme-féline, ou cet homme-qui-rit, ou ce géant triste, ou encore cet homme-vampire, tout aussi prisonniers qu’eux, semble-t-il. Ils apprendront ultérieurement qu’ils se trouvent dans « le jardin des erreurs»,  de la bouche du véritable chef de Kambora, l’extraterrestre Vikroz, un être en provenance d’Aldébaran qui, depuis longtemps, s’était installé sur Terre. C’est lui qui, muni du cristal et avec ses connaissances avancées en génétique et en biologie a développé une race humaine synthétique, des androïdes, possédant une espérance de vie démesurée de plus de mille ans, destinés à remplacer l’espèce humaine traditionnelle, jugée trop brouillonne et trop remuante par Vikroz.
    Malgré quelques tâtonnements au départ, des androïdes ratés qu’il a relégués au jardin des erreurs, sa race arrive à maturité. Elle scellera le sort de l’humanité.  Vikroz, a scellé celui des ressortissants de sa race installés sur terre avant lui. En provoquant un déluge universel, dont les désordres climatiques actuels sont les prémisses, il fera place nette sur terre pour ses créatures,  qui seraient déjà opérationnelles dans de nombreuses autres bases sous-marines. S’il tergiverse encore, c’est parce que William Brent, un raté du jardin des erreurs, s’était échappé de la cité en volant le cristal dont Vikroz a un besoin urgent. Entre-temps la synthonisation de cet objet avec l’esprit de Scott l’oblige à prendre le romancier en considération puisque une bactérie maligne fait périr ses androïdes. Seul le cristal, et par conséquent Scott, pourraient y remédier, sous son impulsion.
    La situation déjà délicate pour Vikroz se détériore encore plus lorsque s’y ajoute un élément inattendu en la personne de Mira, tombée amoureuse de Scott. Elle s’arrangera pour libérer les Terriens du jardin des erreurs, envoyant deux de ses compagnons et complices faire sauter la cheminée d’évacuation  volcanique de l’île de Kambora.
    Alors que Vikroz succombe déchiqueté par les griffes de l’homme-vampire, nos amis s’échappent  de la cité maudite. La fin s’annonce prometteuse puisque le déluge sera remis à plus tard, les androïdes décimées par la bactérie tueuse, sauf Mira évidemment qui, en fin de compte, était une humaine enlevée jadis par Vikroz qui manquait d’éléments femelles. Acclamés par les leurs, Harry Scott et Stuart Hawkins recevront tous les honneurs avec, en prime pour le romancier, le cœur (et le corps) de Mira. Quel bonheur !
    Toujours dans la veine des pulps, « Réaction Déluge » ne décevra pas les auteurs adolescents de la collection «Anticipation »,  qui y retrouveront leurs thèmes favoris.

  9. Type: livre Thème: menaces végétales Auteur: F. RICHARD-BESSIERE Parution: 1961
    Le dernier refuge des Terriens se trouve sous terre,  deux siècles après la grande catastrophe que constitua la guerre contre Mars. La surface dévastée obligea les survivants à s’enterrer. Perkins prend la tête de la "légion Alpha", un groupe de cyborgs constitué pour l’occasion et chargé d’explorer la surface inconnue de notre planète. En émergeant, ils trouvent la mort partout. Un seul individu, le vieillard Kovak, mis en hibernation, a survécu. Il les met en garde contre les Khoreliahs, sortes de plantes élégantes, douées de mouvement et extrêmement agressives qui dominent à présent le monde :
    " Une fleur gigantesque lui faisait face, les racines hors du sol. Maître de lui, Smith hésita un instant avant de tirer, doutant encore de la scène dont il était le témoin. La tige, dressée comme un cierge , balançait à son extrémité supérieure un calice jaunâtre tacheté de rouge, dont la gueule béante laissait apparaître un pistil nerveux et fourchu comme une langue de serpent. Des vrilles vigoureuses, qui avaient la consistance du cuir, s’échappaient de la tige, à la naissance des feuilles cornues et dentelées qui claquaient comme des mâchoires de caïman.  Se détendant comme un éclair, une vrille fouetta l’air au-dessus de la tête de Smith ".
    Ces  végétaux crées artificiellement par les Martiens ont essaimé sur la Terre. Ils sont sensibles à la musique et entrent en transes lorsqu’ils en entendent. Quelques-uns sont vaguement télépathes et peuvent influencer les cerveaux humains. Le groupe des cyborgs diminue à vue d’oeil, tués par les Korelliahs. Sauvés par Kovak, les derniers cyborgs brûlent la ville maudite et regagnent leur cité souterraine. Une grande offensive est alors préparée pour libérer la Terre de l’envahisseur végétal.
    Une bluette dans la veine des " Triffides " mais avec le talent en moins.

  10. Type: livre Thème: invasions extraterrestres, fins du monde , fins de l'humanité Auteur: F. RICHARD-BESSIERE Parution: 1968
    David Marchal, seul survivant lors du naufrage de son vaisseau galactique, atteint une terre où l’environnement lui rappelle celui de sa planète-mère, à quelques subtiles différences près : une couche épaisse de nuages au-dessus de sa tête, une nourriture qu’il lui est difficile d’ingérer (il a ses pilules nutritives), un sentiment de malaise, de « décalage » auquel il n’arrive pas à s’échapper. Il rencontre pour la première fois des hommes du « Chatanga », ainsi appellent-ils ce lieu. Des primitifs accueillants et hostiles tout à la fois, et dont la seule occupation  consiste à faire diverses sortes de bruits, à casser des cailloux, à verser de l’eau, etc.
    Lorsque l’un d’entre eux meurt, il devient un « yhouri », une sorte de fantôme et un monstre répugnant. C’est pour avoir tenté de leur démontrer la fausseté de leurs croyances que David est chassé du Chatanga pour trouver refuge dans un immense dédale souterrain habité par une race plus évoluée et organisée.
    Leur chef, Alb, l’accueil avec réticence. Il conteste le fait qu’il puisse venir d’ailleurs, des étoiles, car pour Alb seule existe sa société, immuable dans ses principes, ses croyances et ses coutumes. L’arrivée de Marchal constitue une transgression qu’il va falloir réparer. Zabel, la fille d’Alb, est prête à devenir la femme du pilote, mais David, qui a conscience de l’hostilité généralisée autour de sa personne, se demande ce qui terrifie ainsi les indigènes.
    Alb lui explique l’importance pour eux du « Machunga » un immense réservoir d’énergie qui constitue la base même de leur vie. Le Machunga que Marchal est amené à voir de près lors d’une aventure initiatique , est en réalité un envahisseur, un extraterrestre, un être radiant, psychogène et télépathe, tenant les humanoïdes sous sa coupe. C’est lui qui crée les yhouris , transformant en monstres, ceux qui forment les primitifs du Chatanga, des réprouvés rejetés de la société souterraine, et dont l’unique occupation est de produire les sons dont se nourrit l’Alien. En échange, il permet à Alb et aux siens de survivre grâce aux reliquats énergétiques qu’il leur abandonne. Ces échanges créent une société stable vivant en symbiose avec l’extraterrestre-vampire, le Machunga. Or, en explorant des tunnels abandonnés, Marchal découvre avec stupeur qu’il se promène dans Paris, un Paris détruit, méconnaissable  après plus de 2795 ans :
    « Ce qui le surprit tout d’abord, ce furent les ruines à perte de vue qui lui offraient le spectacle poignant d’une civilisation défunte, tombée dans l’oubli.  Le ciment craquelé des immeubles effondrés, sans toit, retournait au néant, alors que la végétation de place en place, essayait de reconquérir une partie de ce que l’humanité lui avait arraché (…) Soudain l’image se fixa devant ses yeux et il contempla en blêmissant la gigantesque architecture gothique qui se dressait face à lui, à la limite d’un parvis. (…) Oh ! non, gémit David, les yeux exorbités…, ce n’est pas vrai…, ce n’est pas vrai…
    Ce n’était pas seulement  Notre-Dame, mais aussi la Tour Eiffel à sa gauche, décapitée, qui émergeait des ruines, le Sacré-Cœur à demi détruit, toujours sur sa Butte, et plus près de lui, les vestiges du Pont au Change, plongeant dans les eaux de la Seine !  David eut l’impression qu’une main de glace lui broyait le cœur.
    -Non, non, gémit-il en s’écroulant sur le sol. Mon Dieu ! Dites-moi que ce n’est pas vrai. Pas la Terre…, non… pas la Terre ! »
    Il est donc retourné sur terre après un saut temporel inattendu, mais sur une Terre meurtrie, ravagée, désertée, polluée, et vampirisée par l’être immonde venu d’ailleurs. Il reste le seul survivant encore capable de se battre, grâce à ses connaissances scientifiques et avec les machines de l’ancienne technologie. Il comprend que, pour vaincre le vampire, il devra l’attaquer avec ses propres armes, soit produire des vibrations sonores dans une fréquence inaudible pour les humains mais insupportables pour le Machunga. Son appareillage sera réalisé avec beaucoup d’efforts mais mis en pièces par ses semblables du futur. Les hommes de 2795 ont appris à vivre avec le monstre. Ils ne désirent plus évoluer ni changer leurs croyances, ni perdre le pouvoir que les nouveaux prêtres du Machunga se sont octroyés. Ceux-ci lapideront  le dernier homme,  leur seul espoir de se libérer du joug.
    Un récit qui tranche surtout par deux idées originales, celle de l’être exploitant les vibrations de l’inconscient humain pour créer des monstres (comme dans le film « Planète interdite » de Will Lenox) et celle de la noirceur finale du roman, un fin pessimiste, rare dans la science-fiction populaire.