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Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
Livres
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La Guerre Des Fauves - Par BenF
Dans l’Inde mystérieuse et mystique, Nagda, une jeune fille, est enlevée par un tigre royal, sans que celui-ci ne la touche. Elle sera libérée par William Osborne, un savant anglais spécialisé dans le domaine de la psychologie animale. Kalkar, le fiancé de Nagda, appartenant à la société des Thugs, le considérera cependant comme responsable et tuera Osborne.
Jug Allan Wandel, le neveu du savant, à l’esprit fragile, fouille le laboratoire du défunt puis disparaît dans la jungle, emportant avec lui des papiers. Sa rencontre précédente avec la belle Djaïzal, bohémienne et princesse à la fois, a fait basculer sa raison, le rendant éperdument amoureux de la fière Indienne. Elena Rhead, sa fiancée légitime, discrètement protégée par son chevalier servant Malo Chanteloup, accepte son sort, poursuivant son chemin en compagnie d’une troupe de Sikhs dont font également partie l’aspirant Hartley et le capitaine Jasper.
Ils n’iront pas très loin dans la jungle, car la révolte s’étend dans tout le pays où de nombreux Anglais seront étranglés par des mains non-humaines, des mains d’anthropoïdes. En route vers la région de Tchandvavana, gouverné par le maharadjah de Narmad, et qui semble être à l’origine de l’embrasement, Malo décide de faire halte dans une casemate, en pleine jungle. Bien lui en a pris car ils est aussitôt assiégé par une armée de singes, suivie de panthères qui passent à l’attaque. Tout se passe comme si les animaux, téléguidés, s’opposaient aux hommes, principalement aux Anglais, et cela semble être le fait de l’invention d’Osborne que quelqu’un doit avoir activé :
« Tout ce qu’on peut déduire des faits, c’est ceci : le docteur Osborne avait réussi à découvrir que ce que nous appèlerons, faute de mieux, l’âme d’un être, ou, si vous préférez un terme moins abstrait, la sensibilité de son cerveau, est une sorte de récepteur des influences extérieures, analogue au détecteur d’un appareil de télégraphie sans fil, que des ondes, émanées d’une source plus ou moins lointaine, stimulent, dirigent ou modifient, au gré d’un opérateur. »
C’est ce que Jasper avait déjà constaté auparavant puisque les chevaux de la petite troupe s’étaient retournés contre eux, leur refusant tout service. Terrifiés et terrés dans la casemate, les soldats demandent au major Seelay, par pigeon voyageur, de venir à leur secours. Celui-ci, ayant arrêté le prophète Vivaravna, qui prêche l’amour universel et la tolérance, s’engage avec son armée dans une marche forcée pour délivrer les prisonniers dont le sort est de plus en plus précaire, quand les éléphants se mettent de la partie :
« Le fracas des détonations couvrit le tumulte du dehors. A la lueur des flammes qui jaillissaient des mitrailleuses apparut confusément dans l’ombre une sorte de vague gigantesque, comme si la nuit s’était soudain condensée en masses difformes et monstrueuses. Des fragments s’en détachèrent, s’écroulèrent, d’autres vinrent culbuter par-dessus, formant tout d’un coup une muraille énorme et pantelante. Mais un instant après, elle s’ébranla, oscilla, creva partout à la fois, laissa de nouveau passage à la ruée. Et cela vint s’abattre sur le mur du fort. »
Seelay leur recommande de creuser un tunnel sous la casemate d’où il pourra opérer la jonction. Traqués par les éléphants qui piétinent le sol au-dessus d’eux, Malo et Elena seront sauvés d’extrême justesse. Elena, sortie de danger, écrasée de fatigue, s’endort en sécurité au bivouac lorsqu’elle est enlevée par le même tigre qui avait déjà pris possession de Nagda, et qui l’entraîne au palais de Narmad. Elle se réveille aux pieds de Djaïzal et de Jug, les véritables responsables de la révolte.
Devenus déments par ambition, ayant réduit à l’impuissance le roi légitime du palais, s’étant appropriés l’invention télépsychique d’Osborne, les amants diaboliques rêvent de chasser les Anglais de l’Inde, puis de conquérir la terre entière grâce aux animaux :
« Regarde cette ligne bleue que le pouvoir des ondes psychiques pousse sur le versant de la montagne, c’est l’armée des éléphants. Elle atteint maintenant la crête, la surmonte, la déborde. Ce sera, avant quelques heures, un formidable écrasement. Que pourront les canons, les inventions du misérable génie des hommes, contre cette masse invincible ? Ah ! Djaïzal, Djaïzal ! Le ridicule petit royaume de Narmad aura pour bornes, l’an prochain, le golfe du Bengale et les plaines mongoles !… Dans dix ans, pour l’anniversaire de nos noces, je te donnerai la terre en cadeau ! »
En attendant, le major Seelay, arrivé sur les lieux, combat toujours les éléphants, en y laissant sa vie. Rien ne semble pouvoir arrêter la masse triomphante :
« La horde, maintenant, continua sa route. Des montagnes, des forêts, des vallées. Il en venait d’autres, d’autres, d’autres toujours. La Force développait son pouvoir, dépassait les frontières, envahissait la planète, commençait d’éveiller tout là-bas, dans les plaines chinoises, sur les plateaux tibétains, au fond des neiges afghanes, de farouches consciences animales qui aspiraient dans l’air un désir de tuerie. La terre s’en revenait peu à peu aux terreurs des premiers âges, quand les grands mammifères en étaient les seuls hôtes et que l’homme, tremblant, se cachait au fond des cavernes pour les éviter. »
Pourtant, le sort est capricieux. L’arrivée inattendue de Malo Chanteloup sur les lieux libère Eléna et mettra un point final aux menées diaboliques des amants fous.
Un récit populaire d’aventures exotiques sur fond d’application scientifique. Les personnages taillés d’une seule pièce, les actions héroïques et la sauvagerie de l’Inde, s’effacent devant la force brutale des animaux ligués contre l’homme. Un récit modèle du genre.
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L'offensive Des Microbes - Par BenF
En 192.., l’Allemagne, désireuse de se venger de la France, met au point dans un laboratoire soigneusement camouflé, en Poméranie, un microbe destiné à infecter les Français, les Belges et les Anglais :
« Ludwigburg avait songé à s’adresser aux laboratoires de biologie et à leur demander s’il n‘était pas possible d’arriver à fabriquer un produit d’une virulence telle que la moindre petite plaie infectée par lui donne infailliblement la mort et que le cadavre ainsi putréfié devienne un centre de contagion terrible. »
Le professeur Von Brück en est le maître d’œuvre et, avec l’appui du gouvernement en la personne du Chancelier Ludwigburg, dans le plus grand secret, il prépare un cocktail microbien mortel, conditionné dans des bombes en verre, qui sera répandu sur toutes les grandes villes, larguées par des avions civils camouflés,et sans déclaration de guerre préalable. Comme les Allemands pensent à tout, Von Bruck ne déclenchera l’opération que lorsqu’il estimera être en possession de vaccins et sérums destinés à protéger ses seuls compatriotes.
Paris bombardé est rapidement à genoux. L’épidémie se répand à une vitesse foudroyante en désorganisant en peu de temps la société civile. Les Français prennent conscience qu’il s’agit d’une attaque traîtresse de la part des Allemands mais ils ne peuvent y répondre puisque l’armée elle-même est affectée :
« Les troupes, elles aussi, étaient très éprouvées. Les hôpitaux militaires, remplis tout de suite, ne pouvaient suffire à aliter le monde toujours croissant des malades. On avait même été obligé de les garder à l’infirmerie. Ils y mouraient, et leurs cadavres continuaient à propager le fléau dans les casernes. Toute avance des troupes en territoire ennemi paraissait devoir être impossible. La mobilisation se trouvait entravée. »
Lorsque le Kaiser et le Chancelier estiment le délai suffisant, ils envoient un ultimatum à la France : « Capituler sans conditions et guérir par les équipes sanitaires envoyées d’Allemagne ou périr ». La rage au cœur, les Français cèdent. Aussitôt, comme par enchantement, apparaissent des équipes allemandes, toutes sur pied de guerre et parfaitement vaccinées. Cependant Von Brück et Ludwigburg traversant la France sont en proie à une sombre inquiétude : partout règne le silence de la mort. Il semblerait que les microbes allemands aient été plus efficaces que prévu :
« Déjà la mort s’installait aux carrefours. Paris prenait l’aspect d’une nécropole immense. Sur plusieurs places, des bûchers se dressaient, qui étaient destinés à brûler les cadavres ; (…) Le four crématoire de Père-Lachaise était bien entendu insuffisant, et les grandes usines construites , il y avait quelques années, à Ivry, à Issy et au Bourget, pour détruire les ordures ménagères, étaient beaucoup trop loin et suffisaient à peine à réduire en cendres les morts de la banlieue.(…)
Tandis que la Bretagne, moins atteinte, ne laissait grandir le fléau que lentement, l’est, le nord et la région lyonnaise le voyaient venir avec une intensité effroyable. A Lyon, on était contraint de brûler les cadavres, mais dans le désarroi général, et pour aller plus vite, on en jetait dans le Rhône, qui les entraînait dans ses eaux tumultueuses, pour aller les déposer sur des rives plus ou moins lointaines où ils étaient de nouveaux centres d’infection. »
La même situation se répète en Angleterre et en Belgique. Les Allemands se rendent enfin compte qu’ils ne maîtrisent plus la situation, leurs vaccins s’avérant inopérants. Quand les premiers médecins allemands sont touchés à leur tour, c’est l’affolement et le repli stratégique vers leur pays ; tous les trains sanitaires retournent au-delà du Rhin, les équipes germaniques cessant de soigner leurs ennemis.
Les Français, décidément très en colère, réagissent en assassinant les derniers Allemands qui résident encore en France, en menaçant le Kaiser dans sa résidence à Amerangen et en pourchassant Von Brück de leur colère, lequel meurt d’une crise cardiaque. Mais surtout, ils rendent à leurs ennemis la monnaie de leur pièce en jetant au-dessus des villes allemandes des cadavres infectés :
« On se précipita pour constater la nature de ce nouveau bolide et quelle ne fut pas la stupéfaction des spectateurs ahuris, quand ils purent se rendre compte que la masse qui venait de s’écraser sur la chaussée n’était autre qu’un cadavre en putréfaction répandant ses organes pourris sur le sol et baignant dans une répugnante sanie. »
En Tunisie, un petit groupe de savants français, de Manoux, de Vysne, Ginestous et le professeur Mérande, de l’institut Pasteur de Tunis, se mettent à l’œuvre. Ginestous ayant rapporté des vaccins et des souches microbiennes en provenance de Paris, ils installent leur laboratoire, par mesure de sécurité, sur un grand yacht américain et, avec l’assentiment du propriétaire, partent pour l’Afrique, autant pour fuir le péril que pour rechercher des grands singes qui devront servir de cobayes. Entre-temps, l’épidémie entre dans sa phase explosive : les microbes n’épargnent aucun pays, éradiquant toute vie humaine en Europe, en Asie, puis en Afrique, enfin en Amérique sans qu’une quelconque parade ait pu être trouvée :
« Bientôt l’hiver vint couvrir de son linceul de neige tous ces cadavres dispersés, seuls les loups restèrent maîtres de cet énorme territoire, trouvant dans ce vaste charnier, une nourriture facile. (…) Tous mouraient sans sépulture. Quand le dernier Russe succomba, l’humanité avait disparu de l’Europe. »
Même le groupe du professeur Mérande, pourtant bien prêt d’une solution, échouera, puisque le bateau sombrera au cours d’une tempête. Le monde entier, de par la faute des Allemands et l’absurdité de la guerre, survivra sans l’humanité, livré aux animaux et aux végétaux qui réinvestissent les centres urbains abandonnés :
« Notre-Dame continuait à se dresser majestueuse, inviolée par cette puissance microbienne destructrice de ces hommes qui, à des périodes troublées, avaient attenté à la beauté de ces pierres sculptées. Les microbes ne sont pas iconoclastes. Sur le parvis, la statue de Charlemagne continuait à lui tourner le dos. L’avenue de l’Opéra présentait la physionomie de ce qu’elle était jadis à quatre heures du matin. L’herbe y avait peu poussé à cause du revêtement de sa chaussée et de ses trottoirs. A son extrémité, l’Opéra intact semblait prêt à ouvrir ses portes et à recevoir un nouveau directeur disposé à y engloutir une nouvelle fortune. Sur l’esplanade des Invalides, toujours dominée par la coupole dorée de Mansart, quelques animaux demi-sauvages paissaient tranquillement, sans se douter de l’extravagance de leur situation. Tous les quartiers présentaient la même immobilité. Seules quelques bandes de chiens errants, qui commençaient à ressembler à ceux de Constantinople, troublaient par leur course folle, la placidité et le silence des rues. »
Un roman écrit par un médecin anti-germanique en diable, qui va au bout d’une logique de mort, très moderne dans sa philosophie, et romantique dans ses descriptions. Un ouvrage précurseur à rééditer.
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Qui Donc Seme La Mort? - Par BenF
Jérôme Horus est fournisseur exclusif de cercueils pour les habitants de la ville. Il nourrit deux passions : celle de la mort et celle de sa fille Marie. Plus il y a de morts, plus il est heureux. Plus il contribue au bonheur de sa fille, plus il est heureux.Ses plus grands ennemis sont les médecins, accusés de réduire son commerce en lui enlevant des clients potentiels. Marie bouleversera sa vie en tombant amoureuse du docteur Henri Morin, chose inconcevable pour Horus. Mais le vieil homme trouvera une solution élégante à son problème. Concoctant dans sa réserve à cercueils un immonde cocktail microbien, à partir de rats crevés, de chiens en décomposition et autres déchets censés contaminer l’ensemble de la ville – si Dieu lui est favorable !-, il gardera pour lui et pour Marie l’unique antidote, ne doutant pas un seul instant, que le docteur Morin éliminé, Marie lui reviendra.
Peu après, les gens meurent comme des mouches. La vie se défait dans la cité. Des grèves spontanées éclatent. Des cortèges de femmes contestataires réclament des autorités qu’elles sauvent leurs enfants. Même une augmentation exponentielle de l’ivrognerie sera impuissante à contenir le fléau ! Les cadavres s’amoncellent dans les rues. Le docteur Morin, sur la brèche, et supposant que la contamination se fait par voie aérienne, préconise l’usage de masques à gaz pour tous :
« Bref, trois jours après, la ville présentait un aspect diabolique : les passants n’avaient plus visage humain ; sur le cou, un groin s’allongeait, ignoble, repoussant. Leshommes avaient des groins de porc, les femmes des groins de truie, les enfants des groins de pourceau. Les pauvres petits s’effrayaient entre eux. Des mioches criaient et pleuraient en voyant leurs mamans aussi épouvantables. »
Marie, qui ne soupçonne toujours pas son père, s’étonne pourtant de le voir si joyeux. Elle ne comprend pas non plus qu’il veuille à tout prix lui injecter un vaccin de sa composition sans en référer au docteur Morin. Elle pense que son père est devenu fou et s’empresse de faire part de ses craintes à son fiancé. D’ailleurs, disait-elle, mon père a également fait édifier sur le toit de notre maison un appareil constitué d’énormes cornets en étoile, comme une sirène d’alarme, destinés, d’après lui, au passage de courants d’air. (En réalité pour répandre les miasmes).
L’épidémie prend une dimension tragique. La vie sociale et économique est arrêtée. Les vivants se terrent chez eux et attendent la mort comme une délivrance. Les rues sont livrées aux animaux :
« Des animaux y circulaient en foule, hurlant, s’entredévorant ; des chiens au poil hérissé, la langue pendante, les yeux en feu, enragés, maigres ; des rats qui rongeaient les arbres, les bancs, les portes ; des chevaux galopants, affolés, hennissant, chargeant dans des roulements de tonnerre ; des chats sautant sur les fenêtres, s’élançant en bonds fantastiques sur les oiseaux ; des taureaux, des vaches suivies de leurs veaux, fonçant, tête baissée dans les devantures ; des ânes brayant, bêtement.
Car le fléau n’atteignait pas les animaux. Seulement, personne ne leur donnait plus à manger, et, échappés, ils couraient au hasard, renversant les derniers passants. Un matin, l’on trouva un enfant que se disputaient les chiens et les rats. »
Bientôt la végétation vient à la rescousse et envahit à son tour l’espace :
« Les vergers, les jardins s’étendaient, envahissaient les maisons ; les arbres débordant de sève,poussant avec une incroyable rapidité et une force extrême, défonçaient els obstacles qu’ils rencontraient, pénétrant dans les chambres, montant, montant toujours, renversant, brisant, engloutissant, submergeant. Bientôt cette végétation folle dépassa les toits. Les habitations disparurent complètement, la ville ne fut plus qu’une immense masse de verdure, une forêt.»
Morin, toujours vaillant –ce dont s’étonne Horus – demande conseil à ses deux confrères, Lelongt et L.andrin : Faut-il ou non utiliser le vaccin d’Horus ? Entre temps, comme les médecins mettaient trop longtemps à mourir au gré du vieillard, ce dernier décide d’aider la nature. Muni de ses bacilles en flacon et d’un soufflet, il espère infecter l’air de la maison de Morin. Ce dernier, toujours méfiant dans le cas d’une propagation aérienne, avait fait calfeutrer toutes les issues possibles et avait tendu un piège à l’assassin dont il découvre enfin l’identité. En une ultime discussion dans l’antre du criminel, Morus menace de le dénoncer s’il ne lui donne pas l’antidote pour l’ensemble de la cité. Marie, qui a tout entendu, cachée derrière un rideau, s’évanouit d’horreur. Morin pensant que la jeune fille est atteinte par le mal, supplie Horus que ce dernier lui injecte le vaccin. Horus s’exécute de mauvais gré car il sait maintenant que jamais Marie ne renoncera à son médecin. Echappant aux deux jeune gens, il s’isolera dans sa cave, au milieu de ses cercueils, s’immolant par le feu, pendant que le couple, muni du remède, fuit cette maison maudite pour apporter la potion salvatrice aux survivants.
Un récit populaire, parfois à la limite du grand guignol, vrai roman policier et faux roman d’anticipation, dont il présente malgré tout certains thèmes canoniques (l’invasion de la cité par les plantes, notamment). Le style est toujours soutenu et le récit propose de belles descriptions d’horreur. Que nous faut-il de plus ?
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J.H. Smithson, un archéologue américain, est en visite en Europe et s’émerveille de tous les monuments laissés à l’abandon. Alors que les Etats-Unis d’Amérique sont tournés vers la contemplation spirituelle et la vie culturelle, les Etats-Unis d’Europe, en ce siècle futur, enfoncés dans le pire des matérialismes, ne jurent que par l’Economique et l’Industriel, laissant sombrer dans l’ignorance les lieux magnifiques des époques passées, comme les jardins du château de Versailles :
« Je marchais dans les allées dont le tracé se conservait à peine parmi les herbes folles. Des rejetons poussés au hasard obstruaient le chemin. Une prairie sauvage recouvrait ce qui avait dû être du gazon. Des degrés, des bassins, des colonnades s’écroulaient sous les futaies, et laissaient deviner un plan d’ensemble qui les avait distribués. »
Une vision de l’Europe et de l’Amérique qui semble avoir du mal à se concrétiser.
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Destruction De Paris - Par BenF
L’auteur, de passage à Paris, est consterné d’observer ces vies sans but, « cette pâte phosphorescente d’autos qui tourne sur la place de la Concorde ». A l’homme qui court, son journal à la main, dans ce désert artificiel et mécanique, il oppose la vérité d’une nature vierge qui, un jour, devra se réinstaller dans ses droits:
" Suis-moi. Il n’y aura de bonheur pour toi, homme que le jour où tu seras dans le soleil debout à côté de moi. Viens, dis la bonne nouvelle autour de toi. Viens, venez tous ; il n’y aura de bonheur pour vous que le jour où les grands arbres crèveront les rues, où le poids des lianes fera crouler l’obélisque et courber la tour Eiffel ; où devant les guichets du Louvre on n’entendra plus que le léger bruit des cosses mûres qui s’ouvrent et des graines sauvages qui tombent ; le jour où, des cavernes du métro, des sangliers éblouis sortiront en tremblant de la queue. "
Une petite rêverie écologique avec, au centre, la chute et la transformation de la ville tant rêvées depuis les romantiques
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Une Saison En Auvergne - Par BenF
Par lettres, la narratrice fait part à son compagnon resté à Paris de ses impressions romantiques à la vue de la grande plaine de Limagne et de la chaîne des Puys. En cure d’eau près de Clermont, elle constate que la source thermale devient brûlante. Des tremblements de terre l’inquiètent fortement. A l’instar des autres curistes, elle se hâte de fuir ce lieu menaçant quand soudain les volcans de la chaîne des Puy se réveillent et engloutissent la Limagne sous un lac de feu: «Les avions qui survolent cette mer brûlante, aperçoivent, sous la surface, la carte tragique de ce malheureux pays. Les flèches et la toiture de la cathédrale de Clermont y font un étrange îlot; la chaîne des dômes se reflète dans ce lac immense. On distingue sur les lignes de chemin de fer, les trains saisis en marche, exactement à midi 55. »
Une petite nouvelle française traitant du thème de la submersion.
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La Fin De Paris - Par BenF
Le journaliste-narrateur se promène dans Paris. Plusieurs signes étranges l’incitent à penser que les statues des hommes célèbres dressées de-ci de-là dans la capitale sont en passe de se révolter : elles murmurent, leurs yeux pétillent, leurs doigts bougent imperceptiblement :
" Paris dormait dans le clair-obscur du ciel et des lampadaires électriques. Penché sur lui, je perçus, au creux de son sommeil, le même murmure que j’avais entendu aux abords des jardins du Luxembourg, un frémissement métallique, un grelottement de pierre. C’était comme un flux et reflux de clochettes au loin, de sonneries aiguës ou mates. Il me sembla entendre, prononcée d’une voix d’outre-tombe, une voix blanche, très faible, des noms de morts célèbres : Pasteur, Charcot, Moncey, Sedaine, Berlioz, Bailly... "
D’abord incrédules, les Parisiens durent se rendre à l’évidence lorsqu’ils virent une montgolfière en pierre s’élever dans les airs, flotter au-dessus de la ville pour finalement s’écraser dans la cour de l’Elysée. Cet événement est bientôt suivi par quantité d’autres: les statues, de bronze ou de marbre, d’hommes célèbres ou non, d’allégories de toutes sortes, d’animaux ou d’objets, des bas-reliefs aux diverses figurations, tous quittent leurs socles, suivis par les mannequins des vitrines. Les statues, las du machinisme et de l’inhumanité engendrée par celui-ci, ainsi que le stipule l’article deux de l’ultimatum de Charlemagne :
" ...Attendu que la vie est devenue inhumaine dans toutes les capitales du monde ou plutôt qu’elle s’en est retirée, que l’homme n’a pas été conçu pour jouer un rôle misérable dans un engrenage de machines qui le poussent vers la folie et le suicide, qu’il y a de ce fait, crime et péché mortel à l’égard du Saint-Esprit parce que Notre - Seigneur a dit: "Que sert à l’homme de gagner l’univers, s’il vient à perdre son âme. " ",
prennent vie et se montrent résolument hostiles envers tout habitant du Paris moderne. D’abord surpris, voire amusés, les Parisiens, bientôt terrifiés, se calfeutrent chez eux. C’est la désorganisation sociale, les rues se vident d’humains et se remplissent de statues. Le corps politique répond très mal à l’invasion : il ne pense qu’à se mettre à l’abri et s’embarque dans un grand strato-cruiser qui emmène tous les politiciens en Amérique pour y établir un gouvernement en exil. La défense de la capitale est confiée au Maréchal Guidon. On s’organise dans les deux camps. Les statues se regroupent autour de l’image charismatique de Charlemagne, secondé par Napoléon et Jeanne d’Arc. Leur tactique est simple : en un premier temps s’attaquer au symbole de la ville, la Tour Eiffel. l’abattre et la désosser; puis, avancer, écraser, piétiner, faire s’écrouler les maisons, défoncer les rues selon la stratégie du bulldozer .
" Elles ressortaient des décombres, imperturbables, ces statues, tenaces, comme ces fourmis qui ressurgissent toujours de leurs nids écrasés. Béliers à quoi rien ne résistait, que rien ne pouvait arrêter, elles entraient dans les murs, poussaient les pierres de taille, les enfonçaient, crevaient le ciment armé, tordaient, cassaient de leurs mains illustres les poutrelles de fer et les colonnes de fonte. Des pans de quartiers, des quartiers tout entiers tombaient, dans d’épouvantables grincements, des gémissements sans fin, de hautes façades comme des claques sur le bitume, des palais comme des éclatements de montagne. Montparnasse craquait comme une vieille croûte et la banque de France résorbait ses ruines dans la profondeur de ses caves pleines de lingots d’or. "
De l’autre côté, on répond à l’agression par une armée de soudeurs chargée de faire fondre le bronze :
" Et les soudeurs à l’autogène, ruisselant de sueur dans leur lumière de music-hall, s’acharnaient sur l’ennemi liquéfié. Les flammes de tous leurs lance-flammes sautaient, ricochaient, dansaient sur la matière première de l’ennemi vaincu. "
En face de la coulée générale qui menace l’unité de l’armée statuaire, Charlemagne répond par l’envoi généralisé de troupes en marbre. Guidon avait tout prévu : le marbre est attaqué par de l’acide projeté sur les blocs qui se réduisent en bouillie. C’est le repli stratégique de Charlemagne et des siens avant la lutte finale. Les statues peaufinent leur plan : jeter tout le monde dans la bataille, les torses à la recherche de jambes pour marcher, les mannequins play-boys des vitrines, les sculpteurs humains eux-mêmes pris en otage et chargés de produire des effigies grossières mais suffisantes en vue de la contre-attaque. Les engins roulants et motorisés de la capitale se mettent aussi au service de l’armée mécanique :
" C’est alors que se produisit la révolte des machines. les dernières usines des faubourgs ouvriers refusèrent de fonctionner au bénéfice des vivants. Moteurs et mécaniques s’arrêtèrent, en dépit des mains humaines qui les palpaient, les interrogeaient, les suppliaient. Les locomotives, par on ne sait quel miracle, ralentirent à cent kilomètres de Paris, s’immobilisèrent sur les rails, malgré la fournaise qu’on leur attisait dans les entrailles à coup de ringards. Les lois de la chaleur, de l’électricité, de l’optique et de l’énergie en général, n’avaient plus aucune valeur: toute physique était à recommencer. "
Guidon y répond par l’usage du feu et des bactéries (mises au point par les " Binoclards ", c’est à dire les savants) qui ramollissent le bronze. Rien n’y fait. La ruée des statues n’épargne aucune rue, aucune maison, aucun bâtiment public ou privé. Paris disparaît réduit à une couche de gravats sur laquelle déambulent des simulacres d’hommes. Lorsque tout est uniformément aplani, les statues s’arrêtent définitivement, perdant toute vie. Par la suite, le gouvernement en exil redevenu légitime fait ôter cet entassement hétéroclite du site détruit pour le stocker dans le Sahara où il deviendra une espèce de cimetière visité par les touristes de toutes les nations. Paris aura définitivement disparu.
" La Fin de Paris " apparaît comme une pochade surréaliste à la Cocteau. L’auteur s’amuse à régler des comptes dans ce récit étonnant d’une ville en proie à la vindicte des statues. Il y égratigne les savants, l’Académie française, les politiciens. La critique enjouée cache aussi une réelle angoisse devant la montée des hostilités en Europe et une attitude frileuse en face des avancées technologique, équivalente à celle du Duhamel des " Scènes de la Vie future ".
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Incroyable! - Par BenF
Une expédition scientifique, partie sur le trois-mâts Springbook, achemine vers l’Antarctique quarante trois personnes dont Dane le capitaine, Rattray son second, dans le but est de dresser la cartographie des lieux se situant derrière la falaise de glace qu’ils abordent. A fins d’économie, aucun avion d’exploration n’a été prévu. Bien que le voyage se déroule sans incident, il ne s’agit de ne pas traîner pour ne pas se faire emprisonner par le pack de glace qui ne tardera à se former. Le point d’accueil, une sorte de vaste baie qu’ils baptiseront " baie de Mills " leur permettra d’approcher au plus près de la côte avec le bateau.
Les conditions météorologiques se dégradant rapidement, ils n’auront même pas le temps d’achever la totalité du déchargement qu’un bloc de glace qui se détache de la falaise, coule le navire. Avec des vivres en quantité limités et un abri prévu pour dix-sept personnes seulement, ils subsisteront en pratiquant la chasse aux phoques et aux pingouins.
Dane est persuadé que les secours ne tarderont pas, bien que tout appareil de communication ait été anéanti durant le naufrage. Une stricte répartition des tâches structurant le temps, leur donnera la force d’attendre. De plus en plus inquiet, sachant qu’ils ne pourront résister à un deuxième hiver dans la glace, Dane fait apprêter un Cutter et deux baleinières à bord desquels ils espèrent atteindre les îles Kerguelen sans autres instruments de bord que sa science de la navigation. L’équipée sur une mer inconnue et souvent hostile leur cause des souffrances inouïes et une perte importante en hommes.
Soit ils tirent leurs bateaux sur la glace pour éviter qu’ils ne soient broyés, soit ils subissent des tempêtes australes qui les laissent exsangues au fond de leurs embarcations :
" Le tableau que présentait l’intérieur du cutter eût paru fort lugubre à un spectateur non averti. Sales, tout couvert de l’inévitable suie, hirsutes, enveloppés de haillons, les hommes gisaient un peu partout au milieu des caisses de provisions. "
la chance leur sourit enfin lorsqu’ils croisent le Langford Hall, un cargo dérivant à propulsion diesel, manifestement abandonné. Parvenu à son bord, aux limites de leurs forces, ils découvrent les squelettes de l’équipage encore prêts au poste comme si une catastrophe survenue avait été d’une terrifiante soudaineté.
Se dirigeant vers la côte sud-africaine, un soupçon désagréable commence à naître en leur esprit parce que nulle part ils ne croisent de navires. Au-delà de Cape Peninsula commence l’approche du port de Simonstone. La nuit, tout est noir. On n’y voit ni phares, ni feux de navigation en ces lieux dangereux.
Au matin, une vieille chaloupe se propulsant à la vapeur se dirige vers eux. Le jeune officier qui la commande est incapable de s’expliquer, comme frappé de déficience mentale. Hagard, il prie Dane de l’accompagner voir l’Amiral, son chef. En abordant le quai désert, Rattray risque une explication : tout se passe comme si une guerre venait d’avoir lieu, une guerre au moyen de gaz :
" - Les gaz, interrompit Rattray. Que disait-il ? Un mur de gaz. On laisse tomber sous le vent une rangée de bombes à gaz… C’est ce qu’ils ont fait pour ce navire… Et l’on achève l’ouvrage avec des bombes incendiaires et explosives… mais certains, sûrement, ont eu le temps de mettre leurs masques à gaz. D’autres pouvaient être alors en permission et sont revenus plus tard… (…) Ils ne sont certainement pas tous morts à terre. Il y a l’Amiral… et il doit avoir un état-major, je pense."
Dane, à pieds, flanqué du jeune officier, traverse la ville anéantie :
" A mi-chemin, ils se trouvèrent devant une longue file de squelettes ; ils gisaient sur l’asphalte revêtus d’uniformes bleus en lambeaux. A la tête de cette terrifiante colonne, au milieu des ossements, Dane aperçut des instruments de cuivre couverts de vert-de-gris. Il s’arrêta, frappé d’horreur.
-Les malheureux !… Ils ont été fauchés en revenant de l’église, musique en tête "
L’anéantissement total ne fait aucun doute. Ne subsistent plus que de rares survivants dans des villes dévastées ; l’Amiral lui-même n’existe pas : c’est seulement un cadavre momifié auquel obéit encore le jeune officier. Dane, ayant rejoint ses amis, suggère au moyen de la chaloupe, de longer la côte jusqu’à trouver un hameau qui leur donnerait asile. Ils échouent finalement en un lieu appelé " Finis Terrae ", où dans un état semi-comateux et suicidaire, ils écoutent les explications d’un jeune couple qui a également trouvé un refuge précaire en ces lieux. Tous les doutes seront levés :
" - Mais… Mon Dieu ! j’espérais… je pensais que seuls étaient atteints ceux qui avaient été directement gazés… Comme c’était le cas ici…
-C’est justement ce qu’il y a de plus horrible ! répéta Hay. Imaginez la nocivité de l’atmosphère après…. Après ce qui est arrivé maintenant. (…)
Mais qui donc a fait ça ?… qui sont ces " ils " ? … fit une voix rauque derrière eux. C’était Rattray. Un Rattray fiévreux, au visage dévasté, aux yeux étincelants sous des sourcils broussailleux. Il faisait penser à quelque prophète de l’Ancien Testament. Qui a déclanché la guerre ?
-Qu’importe ! répliqua Dane. Nous ne le savons pas. Peut-être le saurons-nous jamais. Nous devons affronter l’inconnu. "
Les gaz nocifs, par le biais des courants aériens, avaient empoisonné la planète entière. Eux seuls présents en Antarctique ont été épargnés et représentent aujourd’hui les derniers éléments sains de l’humanité.
Un récit d’aventure qui se termine en roman-catastrophe. Palpitant, documenté, réaliste et entraînant de bout en bout, le récit se lit d’une traite, avec des personnages héroïques qui s’accrochent désespérément à la vie dans un monde hostile. Ce roman traduit (sans mention du pays d’origine) était destiné à un public adolescent avec une date d’édition (1934) qui suggère le pessimisme précurseur de la deuxième guerre mondiale.
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Depuis longtemps, la terre est à l'agonie. Le soleil éclaire moins, chauffe moins, les glaces se sont répandues jusqu'à l'équateur ne laissant de libre qu'une étroite bande de terre centrée autour de ce qui fut jadis le fleuve Congo. Le paysage tropical a disparu, remplacé par des pins enneigés dans un univers plat et glacé. Dans ce dernier endroit survit le dernier groupe humain de la tribu du "Rayon Ardent", une trentaine de d'hommes, de femmes et d'enfants qui, la plupart du temps, s'abritent au fond d'une grotte. Dirigés par Homb, l'ancêtre, les hommes ont une activité réduite qui consiste à se pourvoir en nourriture par la pêche , en cassant la glace du fleuve- et à rechercher du bois pour entretenir le feu. Ces derniers hommes, bien qu'ils apparaissent aussi démunis que les premiers, gardent néanmoins la mémoire de ce qu'ils furent jadis. Le soir, lorsqu'ils se serrent les uns contre les autres, Homb évoque le brillant destin humain. Il leur raconte comment l'homme s'est élevé au sommet de l'évolution, comment il a fait régner la paix, a gagné les planètes environnantes, a instauré un gouvernement unique, a pratiqué l'eugénisme pour ne garder que les meilleurs de l'espèce:
"Maître de la Terre, l'homme songea à l'espace. La Lune, ce satellite mort éclairant la glace de nos nuits, fut le premier objet de ses désirs. Exécutant enfin les pensées folles des aïeux, il réussit à vaincre la force de l'attraction comme il avait asservi les autres énergies, il quitta le sol terrestre, il franchit l'atmosphère, pénétra dans l'invisible éther, et, à mesure qu'il allait, il voyait, ô prodige, l'astre patrie s'effacer et blêmir dans le ciel noir, tandis que la Lune grandissante et dorée remplissait tout l'espace et lui révélait ses cratères sans flammes et ses océans sans feu; il put enfin fouler un sol vierge, contempler à la fois le Soleil et les étoiles et s'étonner d'un silence éternel."
Longtemps l'être humain a dominé le monde. Il s'est aperçu que sur Mars ont existé jadis des êtres semblables à lui, et qui ont disparu. Il a su que sur Vénus, planète encore jeune et proche du soleil, l'évolution était à venir. Mais il a compris aussi que le soleil déclinait peu à peu, que cela affecterait toute vie sur la Terre en proie à un refroidissement généralisé et intense:
"Alors le froid remporta son premier triomphe: les hivers polaires amassèrent la neige en montagnes, et la mer gela; le pouvoir humain vaincu dut céder, car ni les feux du Soleil, ni ceux de l'onde électrique ne parvenaient à réchauffer cet immense désert blanc; l'homme quitta les pôles; quand l'été revint, il en tenta la reconquête, mais les hivers se succédèrent si rapides et si cruels qu'il fallut perdre toute espérance; on abandonna pour toujours les cités superbes que la neige ensevelit, et les peuples exilés refluèrent vers des terres plus clémentes."
La race humaine est peu à peu descendu de son piédestal et a involué vers davantage de primitivité. Les grandes et merveilleuses cités ont disparu. la technologie n'a plus été comprise, la guerre est réapparue, les sociétés ont fondu en nombre, l'espace vital s'est rétréci, le froid intense a tué la plupart des survivants. Aujourd'hui, dans cette grotte glacée, Homb est sans espoir. Il se bat avec ses compagnons pour une survie au jour le jour, se demandant notamment comment échapper à la grande tempête d'hiver:
"La neige tombait toujours, inlassable et indifférente; le ciel était d'un blanc laiteux à l'orient, d'un blanc grisâtre à l'occident, et la terre, toute blanche, montrait d'énormes entassements de neige qu'on n'aurait pas soupçonné, si l'on n'avait vu les arbres s'enfoncer peu à peu dans ce linceul qui effleurait leurs premières branches et voulait s'élever toujours plus haut, et les sapins noirs et les bouleaux décharnés attendaient immobiles la mort qui montait. Et les hommes eurent une vision fugitive: ils se virent eux aussi debout dans la neige enveloppant leurs pieds, s'accumulant jusqu'à leurs genoux, escaladant leurs cuisses, entreprenant l'ascension de leur buste tout doucement, sans violence et sans heurt, mais sûre d'atteindre le cou qui se gonfle, la bouche qui crie, les narines qui s'élargissent désespérément et se referment remplies de flocons, les yeux grands ouverts dans le spasme de l'asphyxie."
La tempête se déchaîne à son maximum au moment où manque le bois. L'équation est simple: il faut trouver de quoi se chauffer ou se résigner à mourir de suite. Homb envoie les guerriers les plus jeunes, en dépit du danger, hors de la grotte pour coupe les derniers sapins poussant au bord du fleuve. Ils ne reviendront jamais, gelés debout, enchâssés dans la neige. Au matin, lorsque la tempête s'apaise, il ne reste que sept survivants de l'ensemble de la tribu. Homb a succombé. Har, le plus volontaire, rappelle aux autres que jadis existait en aval du fleuve un autre groupe humain. Peut-être existe-t-il encore? Avec réticence, ils quittent leur caverne familiale, désormais une tombe où reposent les leurs. Progressant avec difficulté le long des rives glacées, ils se heurtent à un obstacle inattendu lorsqu'il leur faut joindre l'autre rive. Si le printemps débutant facilite leur progression, il fragilise également la glace. Seul Har atteint son but, en rampant sur la surfface gelée. Ses compagnons, trop pressés, se noient. Har se retrouve seul survivant, le dernier homme sur terre. Malgré tout, là où vivait l'autre tribu, au fond d'une caverne, il découvre Fléa, une jeune femme, dernière survivante et dernière femme. Elle deviendra sa compagne pour cet ultime printemps. Vivant intensément leur union, le couple goûte les derniers instants de la beauté du monde. Le bref dégel printanier leur permet de se nourrir et de se chauffer. Mais dès les premières chutes de neige, Fléa succombe au froid. Har, désespéré mais résolu, attend la mort assis, solitaire, en face d'un soleil couchant d'une beauté impitoyable:
"Har regarda autour de lui. Le Soleil atteignait l'horizon. Alors la surface immense de la glace s'enflamma, et toute la mer parut rouge, comme un océan de rubis; le flamboiement se perdait dans l'infini et la neige rosissait, le ciel s'empourprait, toute la nature resplendissait d'une fantastique lueur rouge. Puis l'astre qu'aucun oeil humain ne verrait plus s'enfonça sous la glace qui pâlit, devint rose, blanche,comme le linceul de neige; le ciel aussi modifia ses couleurs, se vêtant de pourpre foncé et de violet éclatant, enfin de lilas et d'indigo. Alors Vénus flamboya à l'occident, et une à une les étoiles étincelèrent, Aldebaran, les flammes orangées de Bételgeuse et les scintillements de Sirius."
La terre toute entière plonge dans la mort, gelée en profondeur, tout en poursuivant aveuglément sa course dans l'espace:
"L'atmosphère se liquéfia, et de nouveaux océans d'oxygène, d'hydrogène et d'azote furent la robe bleue de la Terre, mais océans sans vie. (...) Et ces mers elles aussi se couvrirent d'une glace étrange et se solidifièrent jusqu'en leurs abysses, et la terre fut alors une sphère très dure à la surface transparente, un diamant roulant sur son orbite inchangée."
"Les derniers jours du monde" de Charles de l'Andelyn est le jumeau littéraire de l'ouvrage de Poudeybat, les "derniers hommes" même trame narrative, même voyage vers la mort, même pessimisme. Le reste tient au style. Le récit de l'Andelyn est plus poétique, ses descriptions d'un univers transfiguré par la neige (on sent l'influence des hivers alpestres) forment la texture substantielle du récit. L'idée même de la mort par extinction progressive du rayonnement solaire est largement tributaire des théories scientifiques du moment. L'on sait aujourd'hui que le Soleil, avant de s'éteindre, connaîtra des convulsions inouïes, projetant ses couches superficielles brûlantes dans l'espace, qui vaporiseront les planètes du système solaire, avant de plonger dans la nuit. L'ouvrage est rare, écrit avec un soin particulier, montrant l'affection de cet auteur pour l'anticipation scientifique et dont ce volume n'est pas la seule incursion dans le domaine.
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Le Mascaret Rouge - Par BenF
Claudie Argal, en compagnie d’un groupe de réfugiés, dont ses amis Violette Kauffmann et Olivier Ghersaint, attend le sous-marin « le Marsouin » qui les prendra à bord près de la côte bretonne. L’engin est de la conception de Robert Argal un savant et ingénieur français, père de Claudie. Enorme, sophistiqué, invincible, le submersible croise contre la flotte mongole dans l’Atlantique, qui appuie l’invasion jaune sur l’Europe. la France à genoux comme tous les autres pays européens, Paris envahi a dû s’incliner devant la race jaune – Chinois, Japonais, Mandchous, Touchkènes, etc.- qui a déferlé, avec, à sa tête, Tamerkhan le tyran asiate :
«L’occupation totale de l’Europe par les Asiates est terminée ; mais les diverses contrées n’ont pas souffert des mêmes maux. Ainsi, l’Espagne et le Portugal, reconquis surtout par l’islam, n’ont pas subi de massacres. Madrid, Séville et Lisbonne sont intacts. Hélas ! Paris et Londres, submergés par l’Asie Centrale, ont été détruits ; deux millions de victimes ont péri dans leurs ruines (…) Les Mongols ont asservi les survivants. La terreur règne partout où il sont, sauf en Ecosse et dans les montagnes difficiles à occuper, les Alpes, les Pyrénées, quelques hauts plateaux du massif d’Auvergne. Rouen, Brest, Bordeaux, Orléans, Lyon sont démantelés : Bruxelles et Anvers jonchés de décombres. En Allemagne, par contre, Berlin, Dresde et Francfort, aux mains des soviets et des Mandchous, restent indemnes, n’ayant pas voulu résister. Là, les vaincus aident les Asiates à installer une nation neuve. »
Des îlots de résistance subsistent, comme celui symbolisé par le Marsouin. Avec ses torpilles à l’argalite, un puissant explosif, Robert Argal coule un grand nombre de vaisseaux mongols. Le commandant du Marsouin recueille donc les réfugiés ainsi qu’une pièce de choix arrachée des mains des Mongols : Vigorde Médéric.
Ancien partenaire d’Argal, savant renommé considéré comme son fils spirituel, Médéric n’a su résister au sang slave qui coulait dans ses veines. Il avait enlevé Martine, la femme d’Argal, exigeant en contrepartie de sa libération, les plans du Marsouin. S’étant rallié à la cause des Jaunes, il s’était acoquiné avec Tamerkhan en commandant les unités indiennes du dispositif d’invasion.
Seize ans durant, Martine fut détenue sur l’îlot de St. Roman, près des côtes brésiliennes où Médéric avait installé une base sous-marine. Bientôt ses divergences de vue avec les Mongols condamna Vigorde Médéric à être démis de ses fonctions et fusillé. C’est là qu’Argal le prit à son bord, avec la joie qu’on lui soupçonne.Bien que Médéric, dégoûté à jamais des Asiates, s’était dit prêt à se soumettre avec ses unités indiennes aux ordres des Européens, en délivrant enfin Martine, il n’en fallut pas moins que les supplications conjuguées d’Olivier, de Violette et de Claudie pour que Robert Argal cède, et lui fasse à nouveau confiance.
Enfin, le Marsouin, piloté par Médéric, mit le cap sur l’îlot de St. Roman. Hélas ! trop tard. Martine, lassée de ses seize années de captivité (on la comprend !) venait de s’enfuir avec un pilote américain, prisonnier lui aussi, un « old timer» dont la passion était la remise en état de son vieil avion. S’étant trompé de route, les évadés s’abîmèrent en mer avant d’être recueillis par les Mongols, sur le vaisseau même de Tamerkhan. Dès que, à bord du Marsouin, l’on sut la vérité, la traque recommença, et l’on coula les navires mongols les uns après les autres. En face de ce danger, Tamerkahn libéra la femme d’Argal avant de prendre lui-même la fuite vers le continent, se réfugiant d’abord dans une de ses bases en Gironde, puis à Paris.
Lorsque le Marsouin fut rejoint par son frère jumeau, le Dauphin, dont Médéric prit le commandement, la reconquête de l’Europe put commencer, ces deux formidables engins étant appuyés sur terre par les troupes américaines d’une part et la résistance européenne d’autre part. Partout, l’on élimina des millions de Jaunes en un élan irrésistible, auquel se joignirent les forces indiennes de Vigorde Médéric. La France enfin reconquise, l’on se battit dans les ruines de Paris :
« Et Paris, dévasté par la barbarie orientale, apparut à tous les yeux dans l’horreur de son bouleversement. Un gigantesque chaos de décombres, dominés ça et là par des pans d’architecture calcinées, une nécropole immense au lendemain d’un tremblement de terre, les vestiges de vingt cités en une seule après l’éclatement de ses poudrières, tel fut le funèbre spectacle qu’embrassèrent de leurs regards épouvantés les témoins de la rage asiatique (…) Le Louvre, brûlé, ne dressait plus au bord du fleuve que sa colonnade de l’est, et, le long de la rue de Rivoli, les dépendances du Musée des Arts décoratifs, saccagés de fond en comble, mais encore abrités de façades noircies et de vastes toitures effondrées à demi. Sur l’Arc-de-Triomphe, les bas-reliefs étaient brisés ; mais « l’arche » démesurée avait cassé les dents du fauve asiatique et se dressait, ébréchée à peine, sur un amoncellement de caissons et d’affûts en morceaux.»
Les derniers envahisseurs, galvanisés par l’arrivée du dirigeant suprême, l’ascète Liou-Tchang, le marxiste ultime, s’y cramponnaient encore. En face de la forte pression occidentale et se voyant en difficulté, Liou-Tchang proposa une alliance à Robert Argal pour qu’ensemble ils établissent en Europe – devenue l’Eurasie- cette société rouge marxiste dont il défendait les valeurs. Argal refuse avec horreur cette proposition et lui préfère la constitution des Etats-Unis d’Europe. Alors Claudie, plein de haine et de rancune envers ce personnage, le tua d’un coup de fusil électrique, malgré l’immunité parlementaire de ce dernier (ce qui n’est pas bien !).La guerre terminée, le « Mascaret rouge » endigué, Claudie et Vigorde, accompagnés d’Olivier et de Violette purent enfin convoler en justes noces.
Un roman à l’eau de rose sur fond de péril jaune. Peu convainquant dans son intrigue, il présente de belles descriptions de Paris, humilié et ravagé par les Jaunes, et surtout sa très belle illustration de couverture…
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