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Bienvenue dans la Base de Données des livres !

Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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Livres

  1. Type: livre Thème: guerres futures 2 Auteur: Francis Henry SIBSON Parution: 1932
    Une expédition scientifique, partie sur le trois-mâts Springbook, achemine vers l’Antarctique quarante trois personnes dont Dane le capitaine, Rattray son second, dans le but est de dresser la cartographie des lieux se situant derrière la falaise de glace qu’ils abordent. A fins d’économie, aucun avion d’exploration n’a été prévu. Bien que le voyage se déroule sans incident, il ne s’agit  de ne pas traîner pour ne pas se faire emprisonner par le pack de glace qui ne tardera  à se former. Le point d’accueil, une sorte de vaste baie qu’ils baptiseront " baie de Mills " leur permettra d’approcher au plus près de la côte avec le bateau.
    Les conditions météorologiques se dégradant rapidement, ils n’auront même pas le temps d’achever la totalité du déchargement qu’un bloc de glace qui se détache de la falaise, coule le navire. Avec des vivres en quantité limités et un abri prévu pour dix-sept personnes seulement, ils subsisteront en pratiquant la chasse  aux phoques et aux pingouins.
    Dane est persuadé que les secours ne tarderont pas,  bien que tout appareil de communication ait été anéanti durant le naufrage. Une stricte répartition des tâches structurant le temps, leur donnera la force d’attendre. De plus en plus inquiet, sachant qu’ils ne pourront résister à un deuxième hiver dans la glace, Dane fait apprêter un Cutter et deux baleinières à bord desquels  ils espèrent atteindre les îles Kerguelen sans autres instruments de bord que sa science de la navigation. L’équipée sur une mer inconnue et souvent hostile leur cause des souffrances inouïes et une perte importante en hommes.
    Soit ils tirent leurs bateaux sur la glace pour éviter qu’ils ne soient broyés, soit ils subissent des tempêtes australes qui les laissent exsangues au fond de leurs embarcations :
    " Le tableau que présentait l’intérieur du cutter eût paru fort lugubre à un spectateur non averti. Sales, tout couvert de l’inévitable suie, hirsutes, enveloppés de haillons, les hommes gisaient un peu partout au milieu des caisses de provisions. "
    la chance leur sourit enfin lorsqu’ils croisent le Langford Hall,  un cargo dérivant à propulsion diesel, manifestement abandonné. Parvenu à son bord, aux limites de leurs forces, ils découvrent les squelettes de l’équipage encore prêts au poste comme si une catastrophe survenue avait été d’une terrifiante soudaineté.
    Se dirigeant vers la côte sud-africaine, un soupçon désagréable commence à naître en leur esprit parce que nulle part ils ne croisent de navires. Au-delà de Cape Peninsula commence l’approche du port de Simonstone. La nuit, tout est noir. On n’y voit ni phares, ni feux de navigation en ces lieux dangereux.
    Au matin, une vieille chaloupe se propulsant à la vapeur se dirige vers eux. Le jeune officier qui la commande est incapable de s’expliquer, comme frappé de déficience mentale. Hagard, il prie Dane de l’accompagner voir l’Amiral, son chef. En abordant le quai désert, Rattray risque une explication : tout se passe comme si une guerre venait d’avoir lieu, une guerre au moyen de gaz :
    " - Les gaz, interrompit Rattray. Que disait-il ? Un mur de gaz. On laisse tomber sous le vent une rangée de bombes à gaz… C’est ce qu’ils ont fait pour ce navire… Et l’on achève l’ouvrage avec des bombes incendiaires et explosives… mais certains, sûrement, ont eu le temps de mettre leurs masques à gaz. D’autres pouvaient être alors en permission et sont revenus plus tard… (…) Ils ne sont certainement pas tous morts à terre. Il y a l’Amiral… et il doit avoir un état-major, je pense."
    Dane, à pieds, flanqué du jeune officier, traverse la ville anéantie :
    " A mi-chemin, ils se trouvèrent devant une longue file de squelettes ; ils gisaient sur l’asphalte revêtus d’uniformes bleus en lambeaux. A la tête de cette terrifiante colonne, au milieu des ossements, Dane aperçut des instruments de cuivre couverts de vert-de-gris. Il s’arrêta, frappé d’horreur.
    -Les malheureux !… Ils ont été fauchés en revenant de l’église, musique en tête "
    L’anéantissement total ne fait aucun doute. Ne subsistent plus que de rares survivants dans des villes dévastées ; l’Amiral lui-même n’existe pas : c’est seulement un cadavre momifié auquel obéit encore le jeune officier. Dane, ayant rejoint ses amis, suggère au moyen de la chaloupe, de longer la côte jusqu’à trouver un hameau qui leur donnerait asile. Ils échouent finalement en un lieu appelé " Finis Terrae ", où dans un état semi-comateux et suicidaire,  ils écoutent les explications d’un jeune couple qui a également trouvé un refuge précaire en ces lieux. Tous les doutes seront levés :
    " - Mais… Mon Dieu ! j’espérais… je pensais que seuls étaient atteints ceux qui avaient été directement gazés… Comme c’était le cas ici…
    -C’est justement ce qu’il y a de plus horrible ! répéta Hay. Imaginez la nocivité de l’atmosphère après…. Après ce qui est arrivé maintenant. (…)
    Mais qui donc a fait ça ?… qui sont ces " ils " ? … fit une voix rauque derrière eux. C’était Rattray. Un Rattray fiévreux, au visage dévasté, aux yeux étincelants sous des sourcils broussailleux. Il faisait penser à quelque prophète de l’Ancien Testament. Qui a déclanché la guerre ?
    -Qu’importe ! répliqua Dane. Nous ne le savons pas. Peut-être le saurons-nous jamais. Nous devons affronter l’inconnu. "
    Les gaz nocifs, par le biais des courants aériens, avaient empoisonné la planète entière. Eux seuls présents en Antarctique ont été épargnés et représentent aujourd’hui les derniers éléments sains de l’humanité.
    Un récit d’aventure qui se termine en roman-catastrophe. Palpitant, documenté, réaliste et entraînant de bout en bout, le récit se lit d’une traite,  avec des personnages héroïques qui s’accrochent désespérément à la vie dans un monde hostile. Ce roman traduit (sans mention du pays d’origine) était destiné à un public adolescent avec une date d’édition (1934) qui suggère le pessimisme précurseur de la deuxième guerre mondiale.

  2. Type: livre Thème: guerres futures 1 Auteur: Divers Auteurs Parution: 1986
    contient les nouvelles :

  3. Type: livre Thème: guerres futures 2 Auteur: Maxim JAKUBOWSKI Parution: 1974
    Les fantasmes érotico-littéraires du schizophrénique narrateur Hugo-Jack, enfermé dans un blockhaus, dans le cadre d’un conflit futur, où il apprendra que la fin du monde aura été décidée pour le lendemain.
    A la limite de notre thème

  4. Type: livre Thème: pollution généralisée Auteur: MICKEY 3D Parution: 2003
    Un triomphe pour cette chanson dont le thème résume dix mille ans d’évolution de l’homme et qui aboutit au gâchis contemporain. Une ironie mordante, des mots forts, des images qui explosent, un constat amer, une musique syncopée, assureront son triomphe. Dès le début, commencent les ennuis pour l’être humain, avec l’émergence de la logique. Avec son agressivité et son sens de l’organisation rationnelle l’homme a modifié la terre :
    « La nature avançait, il n’y avait pas de chemins
    Puis l’homme a débarqué avec ses gros souliers
    Des coups de pied dans la gueule pour se faire respecter
    Des routes à sens unique qu’il s’est mis à tracer
    Les flèches dans la plaine se sont multipliées »
    Aujourd’hui, nous en recueillons les fruits empoisonnés : la destruction de la faune et de la flore, et les menaces atomiques :
    « D’ici quelques années on aura bouffé la feuille
    Et tes petits enfants ils n’auront plus qu’un œil
    En plein milieu du front, ils te demanderont
    Pourquoi toi t ‘en as deux, tu passeras pour un con ».
    Par la lâcheté d’une société à responsabilité illimitée qui renvoie « la patate chaude » à ses enfants, la vie deviendra impossible sur notre terre dégradée :
    « T’auras beau te défendre, leur expliquer tout bas :
    C’est pas ma faute à moi, c’est la faute aux Anciens »
    La chanson, dont le refrain répète en leitmotiv « Il faut que tu respires », se termine dans le désespoir total :
    « C’est pas joli, joli, et j’connais pas la fin
    T’es pas né dans un chou mais plutôt dans un trou
    Qu’on remplit tous les jours comme une fosse à purin. »
    La sensibilité écologique associée à la gouaille nihiliste fin de siècle fait de cette chanson largement diffusée un petit bijou.

  5. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 2 Auteur: Franco SAUDELLI
    Vol.01 : le Royaume du soleil, Glénat éd., 1983, 1 vol. cartonné, in-quarto, 44 pl. couleurs. 1 ère  parution : 1983,
    titre original : l’Isola Trovata
    « Le Grand Chamboulement » a couvert l’Europe d’une couche glacée avec un ciel gris, sans soleil apparent. Trois types de sociétés se partagent le pays.
    Les « Manteaux Noirs », des croisés chrétiens organisés en force militaire, décidés à le reconquérir. Dressés à la discipline la plus rude, ils progressent vers l’Est munis d’un armement  rudimentaire. Ils espèrent anéantir les « Païens », des tribus libertaires qui s’opposent avec des arbalètes et des flèches aux canons forgés dans le bronze des cloches des églises effondrées. Un fait divers mettra le feu aux poudres. Une escouade avancée des Manteaux Noirs a découvert une montgolfière, objet qui permettrait une meilleure surveillance du territoire. Le ballon sera abattu par un groupe de  Païens.
    Ceux-ci, grisés par leur fait d’éclat, convainquent Hansen, frère du chef Bogaty, et Khorinne son épouse, de déclencher une  guerre générale. Hansen, que l’absence de Khorine arrange, bat le rappel de toutes les forces disponibles susceptibles de contrer l’avance des Manteaux Noirs, dont la base, située dans l’ancien aéroport d’Orly, sera anéantie. Seul survivra le lieutenant Korda.
    Entre temps, Khorinne, qui a voulu convaincre un chef religieux, le vénérable Menon, constituant la troisième force et dont le but est de gagner avec son peuple « le Royaume du soleil » en suivant « le Grand Serpent », revenue chez le siens, est emprisonnée en compagnie de Korda,  tandis que Hansen et ses guerriers se font massacrer par les forces religieuses des Manteaux Noirs, qui ne jouiront cependant pas longtemps de leur victoire. La glace de l’étang sur lequel ils ont livré bataille cède sous le poids de leurs canons et les engloutit. Khorinne et Korda s’enfuiront à bord de la montgolfière. Rejoignant les troupes de Menon, ils apercevront de haut le trajet sinueux du « Grand Serpent » , vraisemblablement la Seine, qu’il faudra suivre pour aboutir au Royaume du Soleil.
    Vol. 02 : la source de l’âme,  Glénat éd., 1985, 1 vol. cartonné, in-quarto, 44 pl. couleurs.
    Khorinne, perdue dans la neige, manque de mourir de froid. Elle est sauvée par un personnage inquiétant « le Doctor », qui la ramène dans un village. Menon et Manuel Korda la recherchent, aboutissant eux aussi au village où ils suivent une séance de chamanisme érotique animée par Myriam, la compagne du Doctor. L’ambiance n’est pas au beau fixe car cinq hommes du village (les « âmes ») ont disparu. Un dénommé Schuller est à la recherche de son âme. Influencé par Myriam qui voit en Khorinne une rivale, Schuller s’apprête à poignarder celle-ci lorsqu’il est arrêté par Menon et Manuel qui arrivent sur les lieux.
    Prenant avec eux Khorinne toujours inconsciente, ils souhaitent quitter le village au plus vite. Manuel, explorant la bibliothèque et le cabinet scientifique du prétendu Doctor, se souvient enfin de cet individu, ancien « Manteau Noir » chassé de la communauté religieuse pour pratiques de magie. Entre temps, Schuller est assassiné par un ours.  Manuel retrouve son cadavre. Menacé lui aussi par l’ours, il découvre que c’est le Doctor lui-même, déguisé, qui procédait de cette manière pour extraire du cerveau de ses victimes des éléments entrant dans l’usage d’une drogue administrée à Myriam. Les deux cavaliers, en compagnie de Khorinne retrouvant peu à peu la mémoire, repartent vers leur groupe, en direction du « Royaume du soleil ».
    Vol. 03 : la nuit des anges déchus,  Glénat éd., 1987, 1 vol. cartonné, in-quarto, 44 pl. couleurs.
    Toujours en marche vers le Sud, dans le froid glacial et la neige, le petit groupe, guidé par Menon, souffre de la faim. Pendant que Manuel avec les hommes cherche du gibier dans la nature, les vieillards et les femmes, dont Agnès et son bébé, se réfugient dans une masure remplie de meubles. Sur un pont, trois frères guettent les « Rayonnants », des oiseaux brillants à la plume si douce et la chair si savoureuse que leur mère (M’man !) les transforme en pelisses d’une extraordinaire légèreté  et en une soupe remarquable. L’un des trois frères, Alvin, est simplet et le souffre-douleur des deux autres. Retournant avec leur butin chez eux, ils ont la surprise d’y retrouver du monde, le père ayant, de son côté, découvert et ramené les réfugiés de Menon. M’man, une énorme et inquiétante matrone, fait contre mauvaise fortune bon cœur.
    Le drame éclata lorsqu’Alvin, conquis par la douceur d’Agnès, lui offrit sa pelisse. M’man, désireuse de récupérer le trésor, chargea ses deux autres fils de pourchasser la jeune femme et son bébé pour les tuer. Alvin, en colère, guette les assassins, les achève à coup de fusil, ligote leurs cadavres sur un traîneau et les renvoie à M’man.Pendant ce temps le groupe de Manuel a remonté la piste des chasseurs d’oiseaux. L’arrivée de la jeune Agnès pataugeant dans la neige leur fait craindre le pire . Ils se dirigent donc le plus rapidement possible vers le chalet de la famille indigne qu’ils trouvent en flammes. M’man, bouleversée par la mort de ses fils, y avait mis le feu après avoir étranglé son mari. Le groupe, au complet, accompagné par Alvin, reprend son pèlerinage, réconforté par le vol des « Rayonnants ».
    La série se terminant prématurément après trois albums laisse supposer qu’elle n’a pas eu le succès qu’elle méritait. Quoique les scénarios puissent sembler embrouillés par endroits, le dessin est agréable (Ah ! ces bleus-nuit !) et le décor cataclysmique bien campé.

  6. Type: livre Thème: la nouvelle glaciation Auteur: Michel CALONNE Parution: 1981
    "Les maisons de Chantilly avaient perdu leurs toits, mais pas leurs murs: ils tenaient debout dans un bain de glace. Quelques dizaines de corps autrefois humains montaient la garde dans leurs propriétés assis sur des rocking-chairs ou couchés sur des lits funèbres dont chaque détail était intact sauf la flamme des cierges. Les rideaux des fenêtres, les girouettes des cheminées, et même un chat gris sur un toit de la rue Paul-Bert, la ville était toute prise dans cette nuit solide, la neige tassée et retassée par d’innombrables hivers. Cinquante mètres au-dessus des girouettes commençaient les grandes platées mouvantes de la neige fraîche: à la surface cela volait dans tous les sens sous un blizzard exaspéré, toujours le même, qui venait de Compiègne. "
    " Hurleville ", c’est Paris, pris insensiblement dans l’étau du froid lors de l’avancée lente d’un glacier. C’est "Hurleville", parce que les loups sont de retour et que les sentiments de ceux qui restent dans la ville sont exacerbés. Les habitants de Paris ne sont plus très nombreux puisque l’émigration vers un Sud épargné par les glaces se fait de plus en plus pressante. Il reste un noyau d’inconditionnels qui préfère mourir plutôt que de quitter la ville moribonde. Ils affrontent d’ailleurs ceux qui veulent partir, de manière feutrée d’abord puis beaucoup plus violemment.
    Le roman est de type unanimiste: une pléiade de personnages surgissent puis disparaissent gommés par l’intrigue. Quelques figures marquantes s’en détachent, comme celle du Docteur Vincent qui n’est pas un extrémiste. Il pense avant tout à sauver les blessés, à adoucir la peine des agonisants,  de plus en plus nombreux, même avec le peu de moyens dont il dispose,  dans son appartement transformé en hôpital pour la circonstance. Il est aidé par Paul, adolescent dynamique, et par Faîne, une mystérieuse jeune fille dont il tombera éperdument amoureux mais qui , finalement, le quittera.  
    Asqueur, l’intellectuel et René Le Guen, l’activiste, sont les chefs de la résistance à l’évacuation, s’opposant par tous les moyens au Maire de Paris, jusqu’à finir par le tuer dans une embuscade pour rendre la révolte irréversible :
    " Il arrivait à portée de voix. Il allait lancer une question, une formule amicale, quand un geste de l’homme l’arrêta. Etrangement, ce geste ne lui était pas destiné, il s’adressait à d’autres, plus haut que lui, autour de lui, à distance. Et dans la fraction de seconde qui suivit, il eut le temps de voyager très loin, sur les rives du fleuve Congo.  Il ne savait pas pourquoi il était là, mais c’était une sensation très douce de se rapprocher de l’enfant mort, de réaliser un rêve ancien. Une récompense qui lui faisait penser " je l’ai bien gagnée " avec un grand contentement intérieur.
    Le rond-point Saint-Charles sembla éclater comme l’âme d’un instrument de musique sous des vibrations trop violentes. Un tonnerre y roula longtemps. Au centre, le Maire étendu soubresautait, se retournait, battait des bras, bousculé par des ruées de balles énormes. "
    Quartier par quartier, les insurgés s’emparent de la ville.  Vincent qui éprouve d’abord de la sympathie pour eux finit par s’en détacher complètement lors de l’assassinat du Maire. En attendant que la ville soit abandonnée ou livrée à la guerre civile, les Parisiens s’occupent. Ils organisent notamment une grande chasse aux loups, énormes et gris, qui ont élu domicile dans les couloirs du métro:
    " -Ecoutez, il y en a encore au fond! jubila le chef de la troisième. Allez, cette fois restez serrés, on les coince! Les loups reculaient en râclant la terre dans l’éclat des lampes. Ils ne hurlaient plus, c’était pire, leur grondement continu roulait sous la voûte, coupé de brefs rugissements exaspérés. Méchin repéra une femelle entourée de louveteaux glapissants et courut droit à elle pour oublier sa terreur, la bêche haute, en criant de toutes ses forces. Les loups alentour continuaient à ramper en arrière, mais la femelle s’envola littéralement à la rencontre de la bêche. Méchin, le cri éteint sur ses lèvres, vit avec une précision photographique, ces crocs et ces babines sanglantes qui venaient sur lui, poussés par quarante kilos de muscles, de poils, de griffes et de fureur. La machine à broyer fut sur sa gorge avant qu’il ait eu le temps d’y porter les mains : son hurlement s’acheva en gargouillis. "
    La chasse s’avèrera inutile: les loups sont trop nombreux et les armes insuffisantes, la municipalité ayant refusé de mettre à la disposition des Vigiles celles entreposées à l’armurerie Saint-Antoine.  Vincent, abandonné, trahi, écoeuré, finira lui aussi par quitter la ville condamnée.
    " Hurleville " est un récit déprimant. Le décor de la nouvelle glaciation éclaire tout d’une lumière sinistre. Le nombre important de personnages, à peine esquissés puis rejetés du récit,  rend difficile l’attention du lecteur,  dans le cadre d’une narration éclatée. Les personnages principaux sont tous des perdants, y compris Vincent. Enfin la ville condamnée fournit son décor glacé à des actions vaines.  L’auteur, désireux de renouveler le thème glaciaire, n’y réussit qu’à moitié rien ne retenant l’intérêt du lecteur dans un livre aussi lisse que la glace qui s’appesantit sur la ville, couche après couche.

  7. Type: livre Thème: fins du monde, fins de l'humanité Auteur: Jean GABILOU Parution: 1981
    Un vieil homme, "dans une galaxie de l'an 3000", donc très loin de nous, désigne une planète "une boule qui brille dans la nuit",  à des enfants assis autour de lui. Cette boule, c'est la Terre, et l'on peut supposer qu'elle brille parce qu'elle est entièrement radioactive, une planète sans vie, dévastée par des guerres nucléaires.  C'est ce qu'énonce le chanteur, par un recensement de tout ce qui a disparu dans la catastrophe : la mer, les arbres, les oiseaux,  et ceci depuis fort longtemps, puisque le choeur reprend chaque terme, en une espèce de leit-motiv:
    "C'est quoi,un fruit?
    C'est quoi, les vagues?
    C'est quoi une fleur?", etc.
    L'histoire terrestre s'est donc terminée par la faute même de l'espèce humaine, "les hommes de naguère", qui n'ont pas su préserver leur substrat, le "manque d'amour" leur  aura été fatal: "Et voilà mes amis, l'histoire est finie".
    Un titre étrange, une distanciation poétique, une scansion répétitive, une chanson en forme de requiem, interprétée avec conviction qui met l'accent, en ce tout début des années quatre vingt, sur ce qui deviendra la puissante force écologiste, animée par un pessimisme profond envers ce qui touche au progrès et à l'industrie, jugés dévastateurs pour la Terre et l'homme. La preuve en est, c'est que Jean Gabilou s'était classé en 3ème position avec celle-ci, en l'interprétant au concours de l'Eurovision 1981.

  8. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires, fins du monde, fins de l’humanité Auteur: Michel GUERMONPREZ Parution: 1961
    Julien, chef de la CER (Calculs-Etudes-Rationalisation) fait grise mine quand sa femme Isabelle accouche d’un monstre atteint d’agranulocytose, un manque de cellules dans la moelle épinière :
    « L’innommable chose qui gisait entre les draps avait cinq jours. Jamais on n’avait vu un bébé comme David. La face dessinait une espèce de triangle. Un front gigantesque, démesuré l’envahissait aux trois quarts. La peau en était tendue, fine mais terne, d’un gris très sale évoquant la souris mais certes nulle peau humaine. Ce front saillant surplombait directement des yeux minuscules et sombres, sans éclat. (…) Le menton aigu fuyait en retrait, dessinant la pointe acérée du triangle ; dessous se devinait sous le bavoir un cou grêle de poulet plumé. »
    Selon le professeur qui a accouché Isabelle, partout dans le monde, naissent des enfants déformés.  Pour Ambroise, le Philosophe, père de la jeune Edith et ami de Julien, bien que l’origine de la malformation restât énigmatique, elle signe indéniablement l’émergence d’un être nouveau et une ère de déclin pour Homo Sapiens. Ce nouvel être, baptisé Homo Potens, le remplacera. En attendant, le fils de Julien s’appellera David et sera élevé en compagnie d’Edith.
    Partout, de par le monde, l’angoisse monte chez les femmes. Des névrosées, des désaxées, des débauchées, des femmes stérilisées et pour finir des femmes suicidées, constituent les prémisses de la fin.
    Homo Potens qui ne survit qu’en petit nombre, souffre d’apathie et d’un manque total d’empathie. Ambroise prophétise qu’Homo Potens – un pur cerveau- deviendra l’être parfait, rationnel et froid qui permettra à une nouvelle humanité de progresser. Pourtant, le tableau clinique n’est pas réjouissant : David porte une tête énorme, des membres de gringalet, ne manifeste ni gaîté, ni émotion, ni tristesse. Il s’affole au moindre courant d’air, la plus petite douleur physique le fait hurler.
    En grandissant, il révèle encore plus son originalité ; il ne joue pas, manifeste une suprême indifférence à toutes les situations, connaît d’avance la réponse à tous les problèmes, répond à toutes les questions. Il se conduit comme si la culture humaine était innée en lui. Célébrés à l’égal des dieux par les autres humains, les Potens montrent aussi de surprenantes faiblesses car ils sont incapables de la moindre initiative, sans aucune motivation ils n’agissent que sur demande.
    David, vue son infaillibilité, trouvera place au CER, auprès de son père. Tout naturellement les Potens ont pris les leviers de commande, puisque les Sapiens se raréfient et sont peu fiables. L’infrastructure des villes se modifie, l’économie se rationalise, les guerres entre les peuples disparaissent. L’atome règne sans partage au plan énergétique.
    Les entrevues régulières d’Ambroise et de Julien mettent en avant les insuffisances de ce progrès car faute de motivation, l’exploration spatiale a pris fin. L’humanité semble stagner. Les femmes ne se remettent pas de leur déchéance : Isabelle se drogue à la « suggestine » qui abolit la mémoire. De son côté, Edith se livre à des expériences sentimentales sur David pas franchement concluantes.
    Un soir, David veillant au CER, on lui annonce qu’un super-tanker atomique dont l’automation a été rompue, menace le port de Marseille et au-delà, la France entière, d’une désintégration en chaîne. Il est le seul en mesure d’arrêter le désastre. En un délai extrêmement court, il devra se rendre en voiture à Marseille, conduit par Edith.
    Il n’y arrivera jamais puisqu’en cours de route, Edith se livre sur lui à une approche sexuelle ce qui trouble David à un point tel qu’il tombe en catatonie, entraînant avec lui tous ses frères de race auxquels il est lié par télépathie :
    « David gisait crucifié. Parfaitement immobile. Mort, sans doute, pensa Edith. (…) les orbites du Potens n’avaient jamais été si grandes, mais elles brillaient de l’éclat blanc nacré des yeux révulsés, sans regard. Des yeux de porcelaine. Le reste des traits  se perdait dans les traînées de boue brune (…) La bouche était un rictus saisi dans sa torsion, bloqué dans une grimace de souffrance. »
    En retournant vers Paris avec David, Edith apprend de Julien qu’un plan du dernier secours vient de se déclencher : une caravane de camions puissamment blindés se porteraient à leur rencontre et ensemble, ils tenteraient de gagner un abri sûr prévu de longue date, dans les Alpes.L’explosion de Marseille détruit progressivement tous les centres urbains, et toute vie organisée, en se propageant vers le nord :
    « Paris sera atteint au plus tard à dix sept heures. L’orage magnétique détraquera toutes les commandes sur son passage à peu près aux mêmes heures. Chaque centre industriel sera détruit, projettera un nouveau nuage radioactif et un nouvel orage. Tout ira très vite (…)  Il y a, vous le savez, quatre dangers majeurs : les retombées de toutes sortes, la chaleur, le sol pollué, et les explosions. »
    La caravane, qui génère un tunnel protecteur électromagnétique, observe autour d’elle les effets de la déflagration universelle. Le monde extérieur s’est transformé en un enfer radioactif  tandis que David meurt en se liquéfiant littéralement
    « En une seconde, David s’offrit nu. C’était une saucisse translucide ; on évoquait aussitôt par contraste, son étonnante maigreur d’autrefois. Le liquide avait tout envahi, effacé formes et plis, creusant seulement aux aisselles, aux aines et aux coudes, de très profonds sillons où les peaux rapprochées avaient macéré. Le même jus que des lèvres éclatées en suintait, avec par endroits, des reflets moirés ou verdâtres. L’odeur s ‘était répandue, tout à coup renforcée ; elle devint à la fois écoeurante et piquante. Julien chercha les mains, les pieds : quatre moignons informes qui collaient aux draps, quatre cachets de cire glauque qui scellaient au lit le corps défait de David. »
    Les camions atteignent leur but, un abri blindé sous une montagne, alimenté en eau par une retenue naturelle. Avant d’y pénétrer, les rescapés de l’atome doivent se soumettre au rituel strict de la décontamination. A l’intérieur, la vie a été réglementée selon la logique des Potens.
    Ambroise,  analysant les événements, constate la faillite du machinisme et défie l’autorité de Dix-Sept, le Directeur de l’abri. Au bout de peu de temps, deux factions naissent, les Bleus, qui espèrent sortir rapidement à l’air libre où une pluie continuelle ravage les terres et les Rouges qui souhaitent rester en sécurité à l’intérieur de l’abri malgré la menace que ferait peser sur eux une rupture du barrage.
    Un berger, qui a survécu dans ses montagnes, se présentant aux portes extérieures, annonce à Dix-Sept que la vie est redevenue possible à l’air libre. Julien s‘est porté volontaire avec son groupe pour vérifier les dires de l’homme et laisse Ambroise seul face à Dix-Sept. Les deux mentors entrent en lutte ouverte. Dix-Sept, qui menace de faire sauter l’abri, sera tué par Ambroise ce qui permettra aux quelques Homo Sapiens survivants de rejoindre Julien.
    Un roman peu courant qui montre des qualités d’imagination, un sens de l’intrigue  et des rebondissements,  gâché, hélas ! par une logorrhée moralisatrice et métaphysique continuelle, portant sur le rôle du machinisme et la malveillance de la technologie.

  9. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 2 Auteur: José ORTIZ Parution: 1987
    Hombre, le cavalier solitaire, son éternel cigarillo fiché en bouche, traverse, monté sur son cheval, un monde en ruines. La guerre totale a anéanti les cités et les hommes. Ceux qui restent essayent de survivre. Comme d’habitude, règne la loi du plus fort qui s’établit sur le crime et l’exploitation des démunis, aussi cruels que les nantis.
    01.Une tombe en béton (16 pages)
    Hombre recherche « Crâne », une de ses anciennes connaissances. Crâne, qui trafique de tout,  est occupé à assassiner un vieillard qui refuse de lui dévoiler l’emplacement d’un stock d’essence. Après avoir tiré sur quelques individus qui voulaient dépecer son cheval, Hombre retrouve Crâne, lequel élève aussi dans des cages des milliers de rats vendus comme nourriture. Le troc débute mais Crâne ne joue pas franc-jeu car il compte assassiner Hombre dès le marché conclu. Notre héros ne s’en laisse pas compter et avec l’aide du petit-fils du vieillard assassiné, il élimine Crâne au moment où le jeune garçon précipite un camion rempli de fûts contre le camp des affidés du traître.
    02.Laisse-les venir (10 pages)
    Hombre se laisse piéger par une petite fille innocente et se fait capturer par une bande de très jeunes garçons et filles qui vivent dans un sous-sol sous la coupe d’un psychopathe leur ayant inculqué la haine de l’humanité. Issus d’un orphelinat, abandonnés de tous, ils ont été élevés et éduqués par ce vieillard handicapé et cacochyme. Pour eux, les prisonniers capturés ne sont que de la nourriture et Hombre est destiné à terminer comme variante dans leur menu.
    Il parvient cependant à se libérer lorsque des membres de son équipe, travaillant en haut, ouvrent des vannes pour noyer tout ce qui vit dans les canaux. S’accrochant aux barreaux d’une échelle, Hombre voit, impuissant, les enfants se noyer un à un, happés par le courant.
    03.Des graines pour un adieu (16 pages)
    Hombre achète des semences de fleurs pour Anita, une jeune fille qu’il aime bien et dont il s’était occupée lorsqu’elle était petite. Mais il apprend qu’elle a été enlevée et conduite comme esclave hors des limites de la ville pour travailler dans les champs, chez des paysans.Guidée par Lorena, une autre de ses amies, il entreprend tout pour la délivrer, tuant sans pitié ceux qui se dressent contre lui, ce que n’apprécie guère son guide. Finalement, il retrouve Anita, s’aperçoit qu’elle est contente de son sort, qu’elle accepte un travail harassant en contrepartie d’une liberté hypothétique dans une dizaine d’années. Hombre lui remet les graines de fleurs et disparaît à jamais de sa vie.
    04.Chien (10 pages)
    Hombre rencontre « Chien », un molosse couvert de blessures mais qui se bat sauvagement pour sa survie. Il l’adopte. Quelques jours plus tard, il arrive près d’un pont à péage où des individus reconnaissent le chien comme étant celui que leur patron, Amadéo, avait chassé après que l’animal l’ait blessé.Capturés, le chien et Hombre participent, à leur corps défendant, à une « chasse du comte Zaroff » inédite, car Amadéo aime beaucoup s’amuser de manière sadique. Le cavalier solitaire se débarrasse de ses ennemis, et parvient à tuer Amadéo grâce au chien martyrisé qui se sacrifie pour lui.
    05.Son poids en or (10 pages)
    Hombre surprend une jeune fille à sa baignade. Avant qu’il ait pu se présenter, il est assommé. Lorsqu’il reprend connaissance, il constate qu’il a été soigné mais que sa carabine et son cheval ont disparu. Il se met à la recherche de ses deux agresseurs, la jeune fille et son vieux père, un médecin, profession qui vaut son poids en or en ces temps tourmentés.En les retrouvant, il attire aussi vers eux deux malandrins qui espèrent enlever le médecin à leur profit. Mais celui-ci, quoique vieux et intellectuel, les tue. Il redonne ses biens à Hombre qui reprend la route avec mélancolie.
    06.La vallée de la vengeance (13 pages)
    Hombre est à la recherche de son passé et de sa vengeance. Il mène un groupe de jeunes guerriers vers une vallée protégée par un crique montagneux, habitée par une communauté agricole et pastorale dirigée par un certain Herrera. Cette communauté se porte bien grâce à l’énergie récupérée par panneaux solaires et à l’esclavage, bien sûr.Hombre connaît tout de cet endroit, y compris le moyen d’y accéder sans être vu, ce qui intrigue Culebra, la passionaria du groupe.
    Moins inculte que ses compagnons, elle sait lire. S’emparant du carnet intime d’Hombre, elle apprendra qu’il est le fils du professeur Munoz, un pacifiste convaincu, à l’origine de cette implantation. Loin des horreurs d’une guerre certaine et meurtrière, Munoz avec Herrera, son associé, et d’autres compagnons,  ont atteint ce lieu reculé où ils espéraient vivre en paix. Dès leur arrivée, Herrera a pris le pouvoir, se débarrassant de Munoz dont le fils n’a eu la vie sauve qu’en prenant la fuite. Aujourd’hui Hombre recherche Herrera, en vain, car ce dernier est mort. Comme le dit l’un des prisonniers libérés :
    « Dans ce monde, il n’y a plus de place pour la vengeance. Il y a seulement un temps pour vivre et pour mourir. Tu es revenu dans cette vallée attiré par un rêve inutile et cruel. »
    Il restera avec son amertume, d’autant plus que les jeunes, qui ont pris les destinées du camp en mains, ne savent qu’instaurer à leur tour un pouvoir basé sur la force. Hombre repart définitivement dans le chaos du monde avec sa plaie intacte au cœur.

  10. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 2 Auteur: Garry KILLWORTH Parution: 1986
    " Juillet. Des dessins de givre ornent les vitres de la fenêtre. Maman disait qu’il faisait chaud autrefois, en juillet. Quand elle était jeune. Je ne la crois pas. C’est encore une histoire comme celle de l’homme qui venait avec un sac plein de cadeaux. Rien que des histoires. "
    Telles sont les paroles de cette petite fille à propos des conditions de vie dans une Amérique post-nucléaire, glacée et sauvage. Elle s’inquiète pour sa mère et son frère Anselme. Son père étant décédé, sa mère a été vue accomplissant des rites chrétiens. Or les Chrétiens sont détestés, le village étant retourné au paganisme. La mère s’est enfin décidée à quitter le village avec sa petite fille, mais il est trop tard. Arrêtée par les notables, elle sera emmenée vers le bûcher, lieu du supplice, sous le regard désabusé de son enfant.
    En peu de mots, et sur un thème rebattu, un terrifiant avant-goût de l’enfer.