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Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
Livres
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Jacques Servet, se promenant en avion avec son ami Paul Gaillard au-dessus de l’Aiguille-Tordue, dans les Alpes, sauve la vie d’une jeune femme, Geneviève Amphiropoulos, la charmante fille de César Amphiropoulos, le brasseur d’affaires bien connu. Tombant amoureux de celle-ci, il ne conquerra son cœur qu’en montrant qu’il a du génie (à défaut d’argent !) :
" -Je veux être fière de mon mari. Je suis trop riche pour épouser un homme qui n’aura pas de génie. Je veux la partie égale : moi, la fortune, lui, le génie. Voilà. Jacques, avez-vous du génie ? "
Or, son vieil ami Gibbon le rend héritier universel d’un appareil de son invention baptisé le Gibbonnope qui permet d’abolir l’action de l’électricité partout en Europe (ou dans le monde) en fonction de l’angle de visée :
" Tout mon mérite, continua-t-il, si j’en ai un, c’est d’avoir vu la profonde parenté de la chimie et de l’électricité, c’est d’avoir imaginé une nouvelle science qui n’en est qu’à ses débuts : l’électro-chimie. Influence de l’ électricité sur les combinaisons chimiques et, chose plus étonnante, influence des combinaisons chimiques les plus inattendues, comme ce flore d’aluminium que j’ai crée par hasard sur les manifestations électriques. Résultat : ces deux fils d’argent baignant par leurs extrémités de platine, A dans le flore, B dans la russise, donnent à cet appareil le pouvoir de décomposer, et par conséquent de détruire, toute manifestation électrique dans un angle donné. "
Engagé par César Amphiropulos, Jacques apprend de la bouche du R.P. Ducygne que le pape a été emprisonné par Mussolini et remplacé sur son trône par un faux-pape :
" Donc le pape est prisonnier. Pourquoi ne le sait-on pas ? C’est tout simple : il y a, sur le trône de Saint-Pierre, un faux pape, un sosie de Pie XI. Le Vatican est peuplé de créatures de Mussolini, le cardinal Pacelli est malade et chambré et ne peut recevoir personne. L’Eglise d’Italie vit sous la terreur et dans la plus grande confusion. Mais on ignore tout cela. Le Facisme (sic !) triomphe et le faux Pie XI se prépare à proclamer solennellement l’excellence du régime fasciste… Jacques, il y va du salut de l’Eglise… "
Geneviève lui donnera l’occasion de prouver son génie : elle lui demandera de sauver le pape Pie XI des griffes du dictateur. Aussitôt Jacques propose d’utiliser le Gibbonnope. En face de la paralysie de tous les moteurs électriques en Europe, les divers Etats ne manqueront pas de faire pression sur l’Italie pour sauver le pape et écarter le péril d’une récession économique généralisée. César, lui, voit toute l’exploitation qu’il pourrait faire de ce processus. En un premier temps, il rachète tout ce qui peut représenter une force de traction animale : chevaux, ânes, ainsi que des engins mus par l’homme, bicyclettes, pousse-pousse…
Puis, en un deuxième temps, après que l’engin soit entré en action, le rachat de toutes les usines électriques, de tous les moteurs, vendus à vil prix, car inutilisables. Devant la menace mise à exécution par Jacques et Geneviève, et après un débat houleux à la Chambre des Députés en vue de donner une réponse adaptée au dictateur, Mussolini, soumis à la pression guerrière de plus en plus forte de ses voisins, consent à libérer Pie XI :
" On apprit, coup sur coup, la prise de Florence par des Yougoslaves, l’entrée des Français à Milan, la révolte de Syracuse, le débarquement des Anglais en Tripolitaine, l’envoi d’une note menaçante des Etats-Unis et la déclaration de guerre du Japon. "
Jacques sera récompensé pour "son génie" en épousant Geneviève. César Amphiropoulos aura énormément augmenté sa fortune, et Paul Gaillard aura pris pied dans l’entreprise de l’industriel.
Une belle fable, désuète et touchante, menée tambour battant. D’autant plus belle que la morale fait bon ménage avec les affaires dans la " Pax Christi " (mot de ralliement du pape libéré)
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L'armee Invisible - Par BenF
Le narrateur se trouve sur un champ de bataille. Sans que l’on sache de quelle guerre il s’agit, les Prussiens, une fois de plus, comme en 17, tentent d’envahir la France. La bataille tourne à leur avantage et le narrateur s’aperçoit avec horreur de l’avance ennemie, lorsque soudain :
" Du tertre le plus proche, une main surgit… puis un bras… Rejetée de part et d’autre par des efforts désespérés, la terre, enfin, desserra son étreinte . Le linceul d’humus écarta ses plis, découvrit une épaule, une tête, un buste… Pâle, avec les mêmes cheveux longs, la même barbe terreuse, poussée sur les joues creuses, les mêmes yeux flamboyants, un nouveau soldat se dressa sur son séant. "
L’ «armée invisible» se lève, aux soldats nombreux comme les épis dans un champ de blé, ceux de 14-18, ceux de 70, mais surtout ceux de la grande Armée. Avec stupéfaction et sans en comprendre la raison, le narrateur assiste à cette résurrection bouleversante :
" A travers champs, à travers bois, sautant haies et fossés, franchissant les ruisseaux, dédaignant les routes ravagées qui coupaient sa ruée, la charge passait, piétinant l’herbe rase des prés. Et nulle troupe régulière, correctement alignée et équipée, marchant au feu, conduite par ses chefs, n’aurait davantage impressionné que ce torrent déchaîné, menaçant déjà un ennemi encore invisible. "
Les libérateurs fantômes sont pourtant décontenancés par les armes modernes et hésitent à s’engager tant qu’ils ne perçoivent pas l’ennemi en chair et en os :
" Les ressuscités s’étaient arrêtés et considéraient avec surprise les horribles blessures des cadavres. Le bouleversement du sol, éventré par la chute des projectiles, parut aussi retenir leur attention. Mais ils n’accordèrent même pas un regard aux fragments de ferraille qui avaient causé ces dégâts. L’homme épiait leur ébahissement. Il jubilait, envahi par un sentiment de vanité puérile, comme si la supériorité destructrice de ses contemporains eût augmenté ses mérites personnels. Et il dit, sans prendre garde que nul ne semblait l’entendre, ni même l’écouter :
- C’est un peu mieux que vos boulets. Ah ! dame, en fait d’artillerie nous avons quelque chose… Vous n’étiez que des enfants. "
La mise à sac d’un village perpétrée par les bandits prussiens avec leur brutalité coutumière, les décide soudain. Ecoeurés par le lâche et vil comportement de l’envahisseur, ils foncent sur lui, le hachent menu avec leurs sabres invisibles. L’ennemi, ne sachant d’où vient le coup mortel, prend la fuite, épouvanté. L’armée invisible continue de s’étoffer, tous les vieux fidèles répondent à l’appel mais demeurent hésitants car il leur manque le Chef, l’Unique, l’Empereur lui-même.
Le narrateur se trouve toujours engagé à la suite de la masse fantomatique et guerrière. En un clin d’œil, il survole Paris, où une tornade invisible souffle sur la capitale et se dirige vers les Invalides. Il comprend le but des grognards désincarnés : ils sont à la recherche de l’Empereur !. Tout aussi soudainement, il saisit son rôle : si lui seul voit ces êtres fantastiques, c’est parce qu’il est le "Témoin", celui qui devra rapporter aux siens, plus tard, l’exploit des ancêtres. Terrifié, il assiste à la résurrection de Napoléon :
" Un vide s’était fait, ouvrant dans la foule une sorte de couloir qui allait de l’autel à la balustrade de la crypte. Dans ce couloir s’avançait un groupe chamarré, précédé d’un petit homme habillé en gris. Sous les ailes noires du chapeau, un visage pâle, au fond noyé d’ombre. Les yeux brûlaient au fond des orbites. La bouche, sévère, se pinçait. Le menton se perdait dans les profondeurs du collet, frileusement relevé.
-Lui ! murmura l’homme, cloué au sol. "
Reprenant la tête de son armée, l’Empereur procure son appui aux troupes françaises bien réelles engagées dans un combat incertain. Le revirement de situation est foudroyant :
" Devant les yeux émerveillés du témoin se déroulait un panorama triomphal. Soudés en une ligne unique, reliant l’Ouest à l’Est, cavaliers et fantassins refoulaient devant eux une autre ligne grise, celle des Allemands. A cette apothéose victorieuse figuraient tous les uniformes : le modeste bleu horizon, les capotes et les vareuses bleu ardoise, les culottes au passepoil jaune et jusqu’au pantalon jadis garance, maintenant gris et poussiéreux, fraternisaient avec les couleurs éclatantes des guerriers exhumés. Drapeaux déployés, clairons sonnant, les régiments chargeaient en chantant. "
Lorsqu’il se réveillera, plus tard, au lazaret où il avait été admis pour choc traumatique, le "Témoin", malgré toute sa sincérité n’arrivera pas à persuader le médecin-chef de la véracité de sa vision. A vrai dire, nous non plus.
Un texte curieux, atypique dans le domaine, qui traduit à la fois l’angoisse d’un nouveau conflit (le texte est écrit en 1933) et un patriotisme cocardier.
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La Ruee Des Jaunes - Par BenF
La "Mission internationale pour l’Occident" conduite par Pierre Prédal ne rencontre que du vide au-devant d’elle. Où sont passés tous les habitants des pays de l’orient, Mongolie, Mandchourie, Turkmenistan? Ils ont tous rejoint Timour II, le descendant de Gengis-Khan qui, avec ses mongols et associés chinois, dirigés par des "lamas ", a décidé de mettre fin à la suprématie européenne, aux démocraties vacillantes, pour y faire déferler ses hordes, des centaines de millions d’hommes qui tous se dirigent vers l’Ouest. Appuyée par les Soviets qui doivent leur fournir l’appui stratégique et l’intendance, la horde jaune s’ébranle en direction de la Mission internationale. Celle-ci est cernée et massacrée, sauf Prédal et ses proches. Car Timour II a deux faiblesses : Adala sa fille qui, bien qu’élevée en Europe, possède du sang mongol dans les veines, et Monica Pawlowski, une jeune femme de l’expédition qui deviendra sa compagne.
Le correspondant russe Radkine trahit les envahisseurs. Il sera arrêté et tué de la main d’Adala. D’autre part les lamas bouddhistes réclament à corps et à cris la peau de Prédal. Protégé par Timour II qui espère le gagner à sa cause, Pierre, dont Adala est amoureuse en secret, restera prisonnier, escorté par des milliers de Mongols, fidèle à la cause de l’Occident. Il aura plus d’une fois l’occasion de s’apercevoir de la cruauté et de la détermination du chef mongol qui fait décapiter, écorcher vif, empaler tous ceux des siens qui n’observent pas ses ordres. L’Occident sera prévenu de l’imminence du péril par l’un des avions d’observation de la "Mission", mais le général concerné n’accordera aucun crédit à ce qu’il prend pour une fable. Durant ce temps, les Jaunes déferlent sur la Perse, en direction de l’Est de la Turquie, se comportant comme une nuée de sauterelles en laissant exsangues les pays traversés. Finalement, des éléments d’information inquiétants en provenance de plusieurs sources obligent l’Occident à réagir. Une Dictature est décrétée sous le despotisme éclairé et sans appel d’un savant, Marcel Roudant. Celui-ci promulgue les "Douze Edits" qui permettront, espère-t-il, d’arrêter l’invasion (et d’assouvir les fantasmes anti-soviétiques de l’auteur). En voici quelques-uns :
" Ordre de s’emparer en tous lieux des moscoutaires, des communistes ou autres révolutionnaires et de les fusiller IMMEDIATEMENT et sans jugement.
Saisie et incarcération préventive, jusqu’à la fin de la Guerre, des pacifistes et des défaitistes
Bombardements par avions, sans déclaration préalable, des foyers de bolchevisme en Russie Soviétique. Tous les chefs et représentants ou employés du Gouvernement Soviétique sont mis hors la Loi. "
Dissolution immédiate de tous les parlements d’Europe et des Amériques, ainsi que ceux des autres parties de l’Occident.
Interdiction de publier quoi que ce soit et d’aucune manière, sans autorisation de la " DICTATURE GENERALE ", sous peine d’emprisonnement, d’amende et de mort, selon les cas.
Suppression du droit de grève collective dans tous les corps de métiers sous peine d’emprisonnement sine die, et sous peine de mort pour les services publics de guerre. Suppression du droit des réunions politiques.
Suppression immédiate de tous les appareils de TSF publics et privés. Peine de mort contre les constructeurs et détenteurs de postes de TSF clandestins.
Interdiction, sous peine de mort, de toutes les tentatives de spéculation quelconques touchant à l’œuvre de Guerre et à l’alimentation publique.»
Le pouvoir illimité et centralisé formera le pilier central de l’opposition à la horde jaune. Le matériel de guerre sera produit en un temps record : des myriades d’avions, de bombes, de tanks et d’armements divers permettent un passage à l’action rapide. Tous savent maintenant que le grand affrontement aura lieu dans l’est de la Turquie, sur les plateaux d’Anatolie, au-delà d’Istanbul, la véritable porte d’entrée de l’Europe. Les événements qui se précipitent ne sont pas favorables à Timour II. Contrairement à ses plans, la Russie soviétique n’a pas disposé comme prévu des caches de ravitaillement. Le gouvernement des Soviets décimé et abattu, les communistes traqués dans le monde entier ont perdu leur pouvoir. Leur marine défaite, leurs transports annihilés, ils n’ont pu respecter leurs engagements. Le chef mongol avec ses centaines de millions d’hommes se trouve donc sans ressources. Affamées, les hordes se cannibalisent, mangeant leurs femmes, leurs enfants, leurs prisonniers… :
" Ceux qui rejoignirent les armées accumulées en Turquie d’Asie les trouvèrent à bout de souffrance et de courage. Là, on mangeait jusqu’aux rares lézards, serpents et insectes sortant des crevasses du sol à la fraîcheur nocturne. Qu’attendez-vous, dirent-ils à ces affamés, près desquels ils revenaient, qu’attendez-vous pour utiliser les enfants à la mamelle que leurs mères ne peuvent plus nourrir et qui meurent elles-mêmes d’inanition sur les cadavres de leurs petits ? Nous avons été forcés d’en manger pour revenir jusqu’ici ; cela vaut mieux que de mourir de faim. "
Devant cette détresse, Timour II n’entrevoit plus qu’une seule issue pour gagner la guerre : il faut piller les réserves de l’Occident, se ruer sur les bords de la mer Noire, envahir Istanbul. Mais bombardés, pilonnés, harassés, exterminés, les Jaunes meurent en masse.
" Quand la ruée des combattants eut commencé l’escalade de l’Anti-Taurus et des autres reliefs accentués au Nord-Ouest et au Sud du plateau central, des cataclysmes épouvantables se produisirent : des morceaux gigantesques des monts s’en détachèrent, éclatèrent avec des détonations assourdissantes, un fracas inouï, auquel s’ajoutait le retentissement des éboulements de ces pans de montagnes dans les ravins et les vallées. Des coupures rocheuses hautes de 150 à 200 mètres, larges à proportion, s’écroulaient, se projetaient sur les lames d’assaut humains qu’elles écrasaient et ensevelissaient. "
En avion, Timour II, parti en expédition avec Monica, sera abattu au-dessus d’une éminence naturelle. De là, sans vivres et à l’agonie, il pourra contempler la ruine de son rêve. Un grand nuage noir monte vers les belligérants au-delà de l’horizon : c’est une mer de feu alimentée par l’ensemble des puits de pétrole du moyen orient qui s’avance vers les envahisseurs.
" Au loin, à la limite de l’horizon, s’élevait un long nuage noir…immensément long, barrant la presqu’île sur toute sa largeur. (…) Bientôt les colonnes flamboyantes devinrent plus nettes dans la chute rapide du jour… et une ligne de feu les relia, faisant comme une base lumineuse éclatante aux nuages noirs qui s’élevaient toujours. (…)
En réalité, de la ville de Boli jusqu’à celle d’Afioum-Kara-Hissar, c’est-à-dire sur une largeur de 250 kilomètres, l’extrémité désertique du plateau central d’Asie brûlait. Et l’incendie grandissait, se prolongeait, avançait. (…) Par milliers, les êtres humains tombaient aussitôt foulés, écrasés par d’autres milliers, qui tombaient de même et se trouvaient, à leur tour, foulés et écrasés ; l’amoncellement de ces victimes, fuyant le feu, s’élevait sur divers points à dix mètres de hauteur , qu’escaladaient les fuyards suivants. "
Carbonisée, réduite en cendres, l’immense horde cesse d’exister. C’est dans une Europe glorieuse et nouvelle que Prédal et Adala convolent en justes noces.
"la Ruée des Jaunes" représente encore l’un de ces nombreux textes dénonçant le péril jaune, thème conventionnel de la première moitié du XXème siècle. En un style hystérique, il permet l’étalage de toutes les obsessions d’une époque. Jaunes, Démocraties, Ouvriers, Communistes, Intellectuels, Fainéants, tout cela étant du même acabit, il importe d’éradiquer la chienlit avant qu’elle ne sonne le glas de la société bourgeoise !
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L'assassin Du Monde - Par BenF
Le détective Serge Servin suit les traces du boxeur Trucq Bert, enlevé en Algérie. Après «une catastrophe incompréhensible» qui détruit le Transaharien, Serge saute en parachute au-dessus de l’Atlas, repaire d’un savant fou. Capturé par des robots, il est emmené devant le Docteur Satanas qui désire se venger de la société. Devant lui, celui-ci étale sa puissance, une usine entièrement robotisée et un « rayon de la mort ».
Serge s’élance sur Satanas et, avec de la dynamite, fait sauter son repaire tout en sauvant les robots, en réalité des êtres humains conditionnés, quelques Chinois ainsi que… le boxeur Trucq Bert. Satanas, reprenant ses esprits provoque de terribles éruptions volcaniques avec son rayon, s’apprêtant – dit-il d’une voix sarcastique - à « disloquer le monde ». Serge reprend du service et, par un terrible uppercut, met définitivement le monstre hors d’état de nuire.
Un récit complet comme en fleurirent beaucoup après-guerre, à l’intrigue convenue et au dessin effroyable.
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Le président français Prader-Miquet est assassiné dans sa propriété de Hauterives. Comme il possède des documents ultra-importants dont la divulgation pourrait faire basculer le pays dans le chaos, le fin limier Julien Cazalis est chargé de l’enquête. Par la puissance de ses déductions, il met à jour le coupable, soit le ministre des Affaires Etrangères de… (Le nom du pays ourdissant le complot n’est pas mentionné mais comme nous sommes en 1932 il n’est donc pas difficile de le deviner) et retrouve les documents compromettants. Finalement le chaos annoncé se réduit à une nuit d’émeute autour de la tour Eiffel.
Un bon roman policier à la française qui ne touche notre domaine que tangentiellement.
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La Fin Des Robots - Par BenF
Dans le futur, avec le développement du machinisme, les robots seront de plus en plus sollicités. A tel point qu’ils deviennent la cause d’une explosion sociale. Comme ils suppléent les êtres humains dans tous les domaines, le clan des « Eugéniens » pousse à une adaptation encore plus performante de ces machines vivantes qui devront, selon eux, occuper l’ensemble des secteurs économiques.
Les « Antieugéniens » sont persuadés du contraire. Les risques sont grands, disent-ils, d’un dérapage et d’une main mise des machines sur l’homme. Ce qui fait bien rire les Eugéniens, puisqu’il est si facile de brider les automates en les privant d’énergie ! Pourtant les Antieugéniens militent en faveur de la mise en place de la F.O.N.D.E.R.I.E . (Fédération Ouvrière de la Nouvelle Distribution Energétique des Robots Invalides d’Etat) où ceux qui présenteraient une tare mécanique quelconque, ou qui seraient trop vieux pour servir correctement l’homme, pourraient être mis au rebut. Mais les robots ne l’entendent pas de cette oreille. Présents, grâce à leur protoplasme évolutif, dans tous les secteurs, s’occupant même de faire fonctionner leur centrale d’Energie, ils décident d’une grève générale afin de faire garantir leurs droits. Ils arrêtent tout. Leurs revendications sont précises. Elles stipulaient l’apprentissage d’un langage robotique spécifique, la création d’un journal dévolu à leur condition, l’utilisation d’une partie de l’énergie pour leur propre développement et enfin – ce qui est inacceptable!- la possibilité de se reproduire comme les humains. Faute de quoi, le travail ne reprendrait pas et les hommes, paralysés dans leurs déplacements, s’achemineraient vers la famine.
Les gouverneurs de la cité, ayant oublié avec le temps comment réagir devant cet état de fait, se trouvent désarmés.
La crise est gravissime et les êtres humains de plus en plus menacés :
« Maintenant, l’émeute se déchaînait ; les robots faisaient retentir partout leur appel à la révolte : « Coupzy ! courrrant ! Coupzy ! courrrant ! » (…) Puis les événements se précipitèrent : la moitié des robots s’occupèrent à fabriquer des sous-robots, pendant que l’autre moitié s’emparait du plus grand nombre possible d’hommes ou de femmes pour les torturer afin d’obtenir leur secret.
Il n’y avait rien à faire contre ces masses d’un métal aussi souple que compact, dont les organes vitaux étaient complètement à l’abri et qui prévenaient tous les gestes, saisissaient de tous leurs appendices variés à l’infini, dominaient de leur haute taille les hommes les plus solides qu’ils broyaient d’un ultra-son. »
Seul un vieil original, fouinant dans les bibliothèques et allant chercher une réponse jusque dedans la lune en astrojet, pour vérifier ses théories in situ, trouve la solution : pour arrêter les robots il suffit de les arroser avec de l’eau, puisque le fer rouille… :
« (Ils virent) des masses de robots désemparés, se traînant, eux tellement silencieux d’ordinaire, dans un bruit déchirant qui venait nettement de leur métallure, et non de leur émetteur de son ; par endroits une couleur ocre les recouvrait ; tout leur ensemble exprimait une souffrance abominable : ils étaient atteints d’une maladie incurable à cette époque, car personne n’avait gardé de quoi remédier à un mal dont la dernière attaque remontait à 100 ionies et dont on s’était débarrassé en même temps que les parasites des ondes –et dont seuls quelques spécialistes de l’antiquité connaissaient le nom : la rouille. »
Une nouvelle malicieuse et distanciée pointant du doigt les dangers d’un machinisme débridé, dans ce mensuel consacré à « la Fin d’une Civilisation ».
Il faut pourtant remarquer qu’au-delà de l’humour, elle renoue avec les fondamentaux, l’essence du robot étant, depuis sa création, de remplacer l’ouvrier à son poste de travail (voir à ce sujet R.U.R. de Carel Capek).
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Au temps de la Grande Anarchie ou le jour ordinaire du citoyen Dupond à Paris sous le régime de la nouvelle Commune. Se réveillant tôt le matin, sa seule occupation de la journée est de trouver de quoi survivre. Le troc s’est substitué à l’échange monétaire, l’argent – monnaie d’état - n’ayant plus aucune valeur, car soumis à une inflation énorme. Replongé en plein moyen âge, Dupond, qui partage sa chambre avec des miséreux, espère troquer un rideau, un réveille-matin et un vase contre des souliers ou de quoi subsister. Longeant des bâtiments officiels dévastés, se méfiant des mouchards et de la police, se fondant dans une foule de clochards et de crève-la-faim, il pousse jusqu’au marché aux bestiaux des Champs Elysées :
«Place de la Concorde, c’était une armée de voitures rangées le long des trottoirs. Chacune servait de boutique avec un chargement de fruits et de légumes, et la foule passait entre les rangs, poussant très haut cette rumeur affairée et joyeuse, commune à tous les marchés. Dupont traversa la place en grognant. Il n’avait rien à faire au marché aux légumes, pas plus qu’aux Champs-Elysées où se tenait le marché au bétail et qui était pourtant bien curieux. On y vendait surtout de la volaille et des lapins car beaucoup de Parisiens élevaient des lapins (…) on y vendait aussi des moineaux, des pigeons, des chiens, des chats, des rats. Le rat engraissé faisait prime sur le marché, ainsi que le pâté de rat, très poivré et qui emportait la bouche. »
Le Palais-Bourbon, devant lequel il passe, sert de logement à la plèbe.Dans tous les parcs et jardins publics de Paris, l’on cultive des légumes. Partout, les échanges improvisés permettent de se fournir en bimbeloterie, comme chez les bouquinistes des quais de la Seine. Les transports publics, remplacés par des charrettes à bois, sont inefficaces et lents. Quoique certaines lignes de métro fonctionnent encore, les stations sont habitées par une populace qui y a pris ses quartiers depuis les dernières attaques ennemies au gaz :
« Le bombardement aérien de Paris, la guerre civile, les incendies avaient fait d’une bonne part de la capitale ce champ de ruines. Beaucoup de rues se trouvaient barrées par les écroulements ; les façades noircies ou trouées surgissaient à tout bout de champ ; il pleuvait dans le Louvre ; l’Arc de triomphe n’était plus qu’une masse de pierres pilonnée d’obus, décorée de groupes informes ; et l’Opéra, ruinée par l’incendie montrait, vu du dehors, une façade crevée le long de laquelle pendaient des poutres, tandis qu’au dedans c’était un désert noirâtre, vaguement herbu par endroits, et traversé la nuit par des ombres incertaines d’ivrognes qui, du Temple écroulé de la musique, poussaient vers la lune d’ignobles chansons. »
la police municipale et la troupe essaient en vain de trouver du blé chez les paysans de la région de Bourges ou de Chartres qu’elles spolient de leurs terres. Chaque ville est devenue autonome et traite isolément avec les pays étrangers:
« Notre Commune à nous, jusqu’où va son pouvoir ? On parle de Melun : le fait est qu’on se bat à Melun. Les gens du Midi, avec Marseille, sont indépendants. Le gouvernement de Bourges, eh bien, il paraît qu’il traite avec le Japon au sujet de certaines îles d‘Océanie. »
Paris s’administre elle-même, vivant sur l’exploitation sauvage d’une plèbe sous-alimentée. Les voleurs courent les rues. Les femmes, en échange d’une poignée de riz, se prostituent. Les appartements ne restent pas longtemps inoccupés :
« Dans tous les appartements abandonnés des sans-logis avaient pénétré, s’étaient installés comme des coucous dans le nid des autres ; On avait parfois enlevé des portes, des meubles, des planchers pour les brûler.»
Dupond, qui a fait un bel échange, s’est trouvé des souliers neufs et un petit sac de riz. Il arrive même à s’offrir une bouteille de vin et un déjeuner consistant au restaurant, soulevant l’animosité de ses voisins. Ayant eu vent de la possibilité de se procurer du charbon dans une gare SNCF, il participe à la curée générale avant que la troupe n’arrive. Il échappera de peu aux soldats, emportant quelques blocs de charbon et laissant sur le quai de nombreux cadavres de fusillés. En somme, une excellente journée, qui, pourtant, se terminera mal. Trop confiant en sa bonne fortune, il ne pourra éviter des agresseurs, qui, le dépouillant de tout, le laissent sans défense :
«Ses agresseurs le jetèrent dans un renfoncement, lui enlevèrent brutalement son veston, sa chemise, sa culotte, ses souliers, et, bien entendu, les provisions qu’il portait. Mais quand ils en furent à l’argent, ils rirent très fort et le lui laissèrent : - Garde-le, tu t’achèteras un journal avec… » Content d’être encore en vie, Dupond rentre chez lui.
Une charge féroce travaillée au scalpel, qui analyse dans le détail les malheurs quotidiens d’une France en lambeaux soumise à une politique socialisante et partageuse. Vision d’un avenir sombre mais plausible.
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01: L’aube des nouveaux jours, pp. 46-73 in revue «Fiction » N°23, octobre 1955, Opta éd. nouvelle reprise in " Histoires de fins du monde ", Livre de poche éd., N° 767, coll. " La Grande Anthologie de la science-fiction ", 1 vol. broché, in-12 ème , 409 pp. couverture illustrée par Dedalus. nouvelle d’expression anglaise (USA)
1 ère parution : 1953 titre original : Lot
Lorsque les villes de la côte ouest des Etats-Unis sont annihilées par des bombes atomiques russes, Mr. Jimmon, qui habite Malibu, prend la fuite en voiture avec ses deux fils, sa fille Erika, et sa femme Molly.
Il reste raisonnablement optimiste car il a tout calculé, tout prévu. Il sait qu’à partir de cet instant jamais plus la vie ne sera ce qu’elle a été. Alors il a entassé dans son véhicule l’essentiel pour une survie basique, en une retraite prévue dans la montagne proche, lieu retiré , loin d’un village ou d’un bourg, où ils pourront espérer survivre.
Il a tout prévu, même les difficultés des embouteillages, le temps nécessaire pour y accéder en distançant tous les autres, et les pleins d’essence. Tout, sauf les réactions de sa famille; car ce parcours vers l’enfer est aussi pour lui une sorte de voyage dans le passé.
Sa psychologie se modifie à toute vitesse comme son code moral, même si ses apparences physiques restent identiques.
Hormis Erika, jeune vierge de 14 ans qui le soutient inconditionnellement, les autres membres de sa famille lui deviennent graduellement étrangers. Les récriminations de Molly, qui n’a rien compris à la chute de la civilisation et qui lui reproche sans cesse de ne pas avoir prévenu leur voisin (son amant), les remarques fielleuses de son fils Jil sur ses incapacités, les criailleries de Wenders qui pleure ses jouets perdus, lui font entrevoir un avenir difficile.
Alors, profitant d’un arrêt pour un ravitaillement dans une station d’essence isolée, Jimmon, en compagnie d’Erika, abandonne les autres à leur destin. Il vivra comme Loth avec sa fille pour se perpétuer.
Une nouvelle classique et cruelle, tenant du parcours initiatique, en rupture totale avec les valeurs de « l’american way of life », et qui fit scandale.
02: Les nouveaux jours, pp. 44-72 in « Fiction » N°24, nov. 1955, opta éd. nouvelle d’expression anglaise (USA)
1 ère parution : 1954 titre original : Lot’s daughter
Sept ans ont passé. M. Jimmon et Erika se sont installés non loin de l’autoroute, sous le couvert des arbres, dans une cabane préexistante, vers la mer, d’où ils tirent l’essentiel de leur nourriture. Ils sont seuls.
La station de radio de Monterey a finalement cessé d’émettre après quelques mois seulement, les plongeant davantage encore dans leur solitude.
Le petit Erik est né, fruit de l’inceste. Toujours prévoyant, toujours calculateur, Jimmon constate la lente dégradation de leur état. Bien que chaque artefact issu de la civilisation avait été pieusement recueilli et utilisé, les survivants luttent farouchement contre l’entropie universelle : ici, la perte d’une cartouche, là celle d’un hameçon les rapproche infailliblement de la sauvagerie :
« Il soupira et se remit debout. Encore une cartouche de perdue, encore un pas de plus vers le moment où il n’aurait plus de fusil, plus d’arme sinon les deux arcs et les flèches.
Il avait eu beau limiter son ambition au minimum, il ne réussissait même pas à sauver Erika et à se sauver lui-même; chaque projectile gaspillé rétrécissait la marge qui séparait leur sort de celui des autres survivants. »
Les conditions de vie sont donc de plus en plus difficiles, car l’on ne s’improvise pas Robinson. Les peaux de chèvre mal tannées, donc puantes, la bouilloire qui fuit, la crasse, la recherche quotidienne de nourriture désespèrent Erika, qui reste convaincue, en dépit du bon sens, qu’au delà de leur univers vivent encore des êtres humains mieux lotis qu’ils ne le sont.
Ce jour-là, Erika est bizarre. Elle se coiffe, s’arrange, puis propose à son père/mari d’aller en bord de mer pour apprendre à pêcher au petit Erik. En s’y rendant, Jimmon traverse l’autoroute déjà couverte de végétation et découvre les traces récentes d’un engin mécanique, une jeep. Son esprit logique enchaîne les plus sombres déductions. Sur le chemin du retour, après avoir encore perdu un hameçon, il sait ce qui l’attend et ce qu’il a obstinément refoulé dans son inconscient. Erika a disparu, emportant avec elle toutes les armes et munitions. Elle a suivi l’étranger de passage pour s’assurer une vie meilleure. M. Jimmon reste seul avec son fils.
Cette suite de la première nouvelle, sans concession, ni romantisme, ni fioritures littéraires, n’est pas la description d’une vie idyllique dans un paradis perdu, mais celle d’une nature implacable, ainsi qu’une analyse des états internes du personnage prenant conscience de sa régression culturelle. Ni leçon de morale, ni fable, mais réflexion lucide et réaliste des rapports de l’homme confronté à sa propre essence.
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L'autre! La Derniere! - Par BenF
André, le narrateur, nous convie à une visite programmée de l’enfer. Agriculteur en 1933, jeune homme amoureux d’Alberte sa femme, amoureux de la vie, pacifiste convaincu, probablement anarchiste, il est invité à participer à la grande boucherie anticipée de 1940. Elle s’accomplira, comme en 14-18, au fond des tranchées et sur un champ de bataille transformé en charnier. On y généralisera également l’usage des gaz et celui des armes bactériologiques.
La guerre future sera « vécue » de l’intérieur, décrite au jour le jour sur le mode intimiste, analysée et expliquée à l’usage de ceux qui ont la chance d’en être éloignée. Les amis qu’André se fait au front ne le restent pas longtemps. La mort fauchera les Max, les Antonin, les Cassou, les Gaulo, les Tellier. Ils mourront tous gazés, empoisonnés, brûlés, réduits en charpie, volatilisés, déchiquetés en une bouillie sanglante. Lui-même, à la fin de l’holocauste, en 1942, amputé d’une jambe, la « gueule cassée », tordu et en butte aux mépris des « planqués» ne survivra pas longtemps à l’ignominie et à la trahison de sa femme : il se suicidera d’une balle dans la tête.
Mais, au moment de partir pour la ligne de front, il a encore la force de vitupérer les « pousse-au-crime », les individus comme Georget, son ami de collège, et patron de journal, heureux de la situation :
« Ne soyons pas trop pessimistes. Le fait n’est que la conséquence de ce que nous appelons l’esprit français : un coup de fouet qui cingle bien et tout le monde se croit piqué au vif. D’ailleurs… Si la guerre doit arriver nul ne l’empêchera. Pour ma part, je sais, que s’il y en avait une, tu comprends… L’armée a besoin d’imprimeurs. – Toi à l’abri, les autres peuvent se faire tuer. C’est ce que tu veux dire sans doute ?
-Pourquoi pas ? j’espère bien que de ton côté… »
A peine André parti, Alberte en profitera (mais a-t-elle le choix ?) pour le tromper avec cet ignoble individu. S’élevant contre la frénésie populaire qui réclame le sang de l’Allemagne, le narrateur sent qu’il vit ses derniers beaux jours. Un rêve prémonitoire le conforte en cette opinion, rêve où les morts jugent les coupables de la tuerie à venir :
« Le silence se fit à nouveau. – Les coupables maintenant, dit la voix devenue dure. Les rangs se desserraient pour les laisser passer. La horde apparut : c’était quelques centaines d’hommes laids, vils, monstrueux. Une rumeur indescriptible salua leur apparition. Il fut exigé que chacun se confessât et, l’un après l’autre, ceux qui avaient été rois, présidents, ministres, consuls, généraux, tous, comme subjugués, s’accusaient de leurs forfaits.
-J’ai voulu cette guerre !
-J’aurais pu intervenir !
-Moi seul pouvais empêcher le conflit !
-J‘ai sur la conscience trois millions de vies humaines .»
La guerre s’ouvre sur un bombardement aux gaz de la région parisienne :
« Les gaz ! Des cris semblables à des râles s’élèvent. L’infamie de la bousculade commence. Des toux retentissent. Des gestes démesurés animent ce spectacle de fin du monde. On entend un bruit prodigieux d’affaissements et d’essoufflements, un halètement insensé de foule qu’on bâillone. Ensuite c’est la lutte entre ceux qui ont des masques et ceux qui n’en ont pas. »
Au front, dans les tranchées, se poursuit laborieusement une vie de cauchemar :
« Le sol est criblé. L’air est agité par toutes sortes de déflagrations. La terre s’élève en gerbes pâteuses qui retombent avec un bruit sourd qu’on croirait venir du sein de la terre. Au-dessus du vacarme on entend cependant des imprécations. Des cris d’enfer, des clameurs atroces s’élèvent. »
Il partage avec son ami Max, un jeune agrégé, les premières expériences du combat, et la mort. Lorsque Max lui fait signe de venir :
« Je cherche vainement Maréchal qui, d’habitude, même sous sa cagoule se fait reconnaître par ses vertes plaisanteries. –Viens ! fait Max les dents serrés. Ce disant il m’entraîne. Au bout de quelques pas, je heurte quelque chose de mou. –Voilà ! Effectivement Maréchal est mort. Un éclat d’obus lui a déchiré son masque et, par surcroît, brisé la mâchoire. L’action des gaz a été instantanée. La plaie est déjà toute bleue ainsi que le visage. »
La vie dans les tranchées, dans la crasse et la sanie, est ponctuée par des tueries sporadiques, des incursions sur le terrain, lorsqu’ils déboulent à l’arrière des chars, par la haine et la peur qui leur nouent les tripes. L’horreur s’amplifie :
« Un regard de côté me montre Max en fâcheuse posture. Je prends de flanc un de ses assaillants. L’autre glisse. Je lui tranche la gorge. Mes jambes tremblent. Mes tempes battent, horriblement. Je suis malgré tout Max qui court comme un diable. Dans une tranchée trois baïonnettes se dressent. J’hésite un instant en regardant dans les yeux ces hommes qui, eux aussi, me dévisagent. Ce contre temps suffit pour qu’un coup de crosse s’abatte de mon côté. Max est tout rouge. Il a l’air d’un boucher. Le ciel est rouge. La terre est rouge. (…) Mon pied est enfoncé profondément dans une fange sanguinolente. »
Ils ne comprennent pas pour quoi et pour qui ils s’ont amenés à se battre. Les profiteurs de tout acabit, les aggioteurs, la collusion intime entre les politiques et les religieux, coiffés par le grand capital, leur paraissent être les principaux responsables de la tuerie. Le vécu quotidien les rend pareils à des bêtes ou des monstres déshumanisés :
« Le tapis rouge lèche Tellier puis l’environne. Il environne aussi Goguet ! Ils s’agitent dans l’incendie comme les flammes elles-mêmes, remuant au-dessus d’eux des lueurs surnaturelles. Leurs vêtements flambent. Des cris surhumains courent, exténués, vers tous les horizons de la plaine ensanglantée. Plusieurs torches s’agitent encore un instant, puis tout s’abîme dans le feu… Pendant un quart d’heure, de la chair grésille. Soixante hommes au moins viennent de périr brûlés vifs. »
La récurrence des faits de guerre, l’accumulation voulue et naturaliste des détails du meurtre collectif sont destinées à provoquer un malaise croissant chez le lecteur, jusqu’à l’insoutenable. Dans cet univers de feu et de sang, un seul sentiment le fait encore réagir, celui de retrouver le paradis perdu, la vie d’avant, à la campagne, avec sa douce Alberte, et l’amour pour son enfant. Hélas ! lorsqu’il « touche » enfin une permission, c’est pour découvrir qu’Alberte le trompe.
Lui-même se perçoit dorénavant comme une brute. Le beau cadre bucolique accentue l’horreur de sa situation. Il sait, en repartant au front, que la guerre lui a tout enlevé. Les belligérants sont exsangues : l’emploi des gaz de plus en plus toxiques, le carnage répété, rend le silence au champ de bataille :
« Nous allons comme des aveugles en pleine attaque. Tous les éléments sont déchaînés. C’est une furie. Le terrain est si fréquemment remué, les sifflements et les bouleversements tellement orageux que le front a plutôt l’aspect d’une mer gigantesque où se heurteraient d’énormes unités.(…) Quelques fous que les gaz à grande concentration ont atteints courent sur le terrain embrasé. Leurs hurlements dépassent en horreur le spectacle de la bataille elle-même. Ils dépassent les bornes extrêmes de la démence. Toute une compagnie, la semaine dernière, s’est enfuie de la sorte. Deux mitrailleuses en X les ont terrassés en quelques minutes et, lorsque nous les avons ramassés, ils étaient troués comme les perles immenses d’un sinistre collier. »
Par un miracle inespéré, il reste en vie, quoique blessé. Dégagé vers l’arrière en un hôpital militaire, il partage le sort des autres éclopés de la vie, infirmes, amputés de corps et de cœur, épaves que la guerre a éparpillées sur le bord du chemin. La terreur de la réinsertion s’installe en lui et ne le quittera plus jusqu’à sa décision finale d’abréger ses souffrances.
Un ouvrage d’une violence rare, dans la veine des grands romans de Méric (la « Der des der »), à poser au panthéon de la dénonciation de l’horreur guerrière. Là où le Colonel Driant ne voit que drapeaux et faits d ‘héroïsme, Demarty dénonce la bête en l’homme.
Bien que la projection dans le futur d’une guerre proche (celle de 39-45 a connu le « Blitzkrieg » et non la guerre de tranchées), il ne sera pas dit que dans un futur plus lointain il ne puisse avoir raison et que l’on ne retournera pas à une guerre « classique ». Une œuvre prophétique… et oubliée !
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Le savantissime Fatimolara, rapporteur des résultats de la mission Chou-Lan-Po devant l’Académie des « Intelligences Elevées » met en cause la trouvaille de ce savant qui prétendait avoir découvert les vestiges de l’ancienne ville de Paris et, plus précisément de la colline de Montmartre .
En ce futur très avancé, l’on se perd toujours en conjectures sur les causes de la destruction de la ville. Les uns, compulsant les écrits préhistoriques (entre 2000 et 2500 ans de l’ère chrétienne) prétendent qu’elle fut anéantie par les «Boches », ainsi appelés selon les cris que poussaient les assaillants.
Les autres, mettent l’accent sur l’utilisation plus tardive des « rayons Z » qui, réunissant la chaleur solaire à la chaleur terrestre souterraine furent également employés à faire sauter la barrière himalayenne ainsi que la chaîne des Pyrénées.
Quoiqu’il en soit, au quarante neuvième degré de latitude nord, sous une mer peu profonde, Chou-Lan-Po découvrit une colline émergeante sous forme d’île sur laquelle subsistait une colonnade : il s’agirait du « Mont des Martyrs» ou « Montmartre ». Sous l’eau, des débris de poutrelles rouillées le confortaient dans le sentiment qu’il avait enfin mis au jour les vestiges de cette grande ville :
« Enfin, comme nous avions décidé d’explorer parallèlement à la côte les fonds marins avoisinant l’îlot « Montmartre », nous aperçûmes, par vingt mètres de profondeur et à quatre kilomètres environ du rivage, une immense carcasse étendue, de métal ouvragé, qui nous intrigua particulièrement. (…) Ici gisait la fameuse tour métallique – géante pour l’époque – et appelée par quelques auteurs : Tour Eiffel, pour ce que le fer employé à sa fabrication fut extrait du massif montagneux rhénan : l’Eifel. Le deuxième f est une oblitération produite par l’usage de prononcer la deuxième syllabe du mot en exagérant l’appui de la consonne – habitude populaire.Désormais j’avais acquis la preuve irréfutable de l’existence de Paris au lieu que mes calculs l’avaient située… »
Et aussi, une série de statues, devant certainement appartenir à des mannequins, ainsi que des tubes à canon, reposant près de ruines surnommées « les Invalides » formèrent autant de preuves pour l’explorateur qu'il ne s’était pas trompé. Pourtant le rapporteur conteste ces conclusions prétendant que Chou-Lan-Pou confondraient ces ruines avec ceux de phares et de navires engloutis. Au milieu de sa démonstration, des haut-parleurs l’interrompirent, qui annoncèrent à grands renforts de bruit et de musique la mise en place de voyages transatlantiques vers « l’île de Montmartre » enfin visible et retrouvée.
Une petite nouvelle méconnue (sauf de Marc Madouraud) d’archéologie-fiction, distanciée et ironique, à l’instar de celle de Béliard ou de Franklin, comme si ce sujet, pourtant récurrent, ne pouvait se décliner que sur le mode de l’humour.
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