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Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
Livres
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Shiva Le Destructeur - Par BenF
Au début du XXIème siècle, la technologie a permis de mettre sur orbite des satellites opérationnels ; l’homme a installé une base permanente sur la lune et même visité Mars. Mais une menace baptisée « Shiva » se profile sur l’horizon astronomique. Il s’agit d’un essaim de météorites de belle taille avec, au centre, un noyau de deux kilomètres de diamètre et de 30 000 milliards de tonnes, essaim appartenant au groupe des « Apolliniens », appelés à croiser l’orbite de la Terre depuis plusieurs millions d’années.
Mais cette fois-ci la collision est inévitable et imminente. Certains signes avant-coureurs se sont déjà manifestés par la destruction entière de quelques villes. Encore n’est-ce qu’un hors d’œuvre puisque Shiva, de retour de son aphélie, percutera la terre de plein fouet assurant à coup sûr la destruction de l’espèce humaine. Il reste environ deux années avant le choc et l’Amérique, toujours en avance technologique, est le seul état capable de réagir.
Le président Knowles prend immédiatement contact avec les Russes ainsi que toutes les nations susceptibles d’aider les USA. Il s’agit d’envoyer à l’encontre de Shiva l’ensemble de missiles atomiques disponibles, de les y faire exploser, ne serait-ce que pour dévier l’énorme masse centrale de l’orbite terrestre. Toutes les énergies doivent concourir en ce but et une équipe de cosmonautes mêlant Russes et Américains deviendra opérationnelle rapidement. Elle comprendra à la tête de la fusée « Alpha » le colonel Carl Jagens, un être dominateur et rationnel dont l’unique mission sera de sauver la terre du péril qui la menace :
« Menchov resta muet et Jagens lui en fut reconnaissant. Il lui fallait se concentrer totalement sur la tâche à venir. Rapidement, il passa la situation en revue. S’ils n’avaient pas dévié Shiva d’ici deux heures, plus rien n’aurait de signification. La collision se produirait et même si elle ne se produisait pas de plein fouet, le choc n’en prendrait pas moins des proportions colossales. La terre se trouverait toujours sur le passage. Ce qu’ils allaient faire au cours des deux heures suivantes déciderait du sort de l’humanité. »
La fusée « Oméga », celle qui devra parfaire le travail en dispersant l’essaim, sera commandée par Lisa Bander, une jeune femme sensible mais accrocheuse. Les équipages seront entraînés à Cap Carnaveral en même temps que de nombreuses autres bases, éparpillées sur le territoire américain, qui toutes participeront à l’effort de guerre. Avec la bombe russe de quatre cents mégatonnes, Shiva devra encaisser le coup central. Elle sera suivie par une vingtaine de bombes de vingt mégatonnes chacune. Une opération à haut risque tenue par Knowles d’une main de fer alors que la décomposition des sociétés humaines a déjà commencé :
" Le chaos. Même dans l’armée. Mutineries sur les navires, désertions, sabotage. La Royal Navy perdit le Repulse, dont l’équipage, imitant celui du Bounty, mit le cap sur Tahiti. Les Russes perdirent deux bâtiments, coulés par leurs équipages, dont tous les membres disparurent pour consacrer à la débauche leurs ultimes semaines. Les Français eurent un navire sabordé dans le port du Havre, les Boliviens aussi. Les coups d’Etat se multiplièrent en Amérique du Sud. La mère de Mort Smith découverte assassinée dans son appartement de Fort Lauderdale. La loi martiale ne s’appliquait pas encore sur l’ensemble du territoire, mais on n’en était pas loin. Le président Knowles réussissait à faire garder son sang-froid au gouvernement bien qu’il y ait eu des émeutes provoquant des centaines de morts. Du moins n’avait-on pas dynamité le Capitole ni le monument de Washington, la tentative ayant échoué. Un monde devenu fou. Littéralement fou. "
A la stratégie de la NASA s’opposeront les « Gabriélistes », ainsi nommés à cause de « Frère Gabriel », un ancien commercial qui s’est reconverti en sentant son heure venue. L’arrivée de Shiva est pour lui le signe de l’apocalypse et seuls survivront les forts après que l’humanité aura été balayée. Pour cela, la marche de Shiva ne devra pas être contrariée et les Gabriélistes, de plus en plus nombreux et efficaces au fur et à mesure que le danger se précise, s’y emploieront jusqu’à envisager la destruction des tours de lancement des deux fusées. D’autres religions de la fin naissent comme celles qui proposent le suicide ou l’orgie. Les échanges commerciaux se ralentissent puis s’arrêtent. Le troc prend place. Les rues sont envahies par des bandes braillardes qui, en proie à la peur de la mort, se livrent aux pires exactions.
Les personnages suivent leur destin individuel dans ce délire collectif. Knowles, par exemple, qui apparaît comme un maillon essentiel de la survie humaine, écrasée par sa mission, se réfugiera dans son adolescence en jouant de la guitare et en couchant avec sa secrétaire. Carl Jagens, décidé à tout prix à empêcher la collision, après l’envol de la mission et en approche de l’ennemi, se transformera en fou paranoïaque allant jusqu’à éliminer ses coéquipiers pour s’assurer la victoire à lui tout seul. Il y gaspillera ses missiles et , chevauchant la bombe, (clin d’œil à « Dr Folamour »), il disparaîtra, transformé en énergie pure. Lisa Bander, malgré ses hésitations et son affection envers Diego, un autre membre de l’équipe, placera ses missiles à bon escient. Quant à Frère Gabriel, il convainc par le truchement médiatique, des millions d’hommes à se sacrifier.
L’on suit aussi l’action essentielle d’obscurs sans-grades, tels ce sergent Saperstein qui aide à contenir la ruée des Gabriélistes vers les tours alors que d’autres se sacrifient pour assurer l’alimentation électrique nécessaire au relais chargé de communiquer les dernières informations techniques essentielles à la précision du tir aux deux fusées Alpha et Oméga. Dans la ville de Houston, en pleine anarchie, ils « emprunteront » l’alimentation électrique à un hôpital pour assurer les communications, condamnant à mort du même coup de nombreux blessés :
« Saperstein regarda autour de lui. Une centaine de personnes – dont quelques enfants- gisaient à l’intérieur du périmètre. Des milliers étaient empilés en tas muets et obscènes le long de la clôture, qui crépitait encore en jetant des étincelles. Un corps tomba comme une masse et resta étalé dans une posture indécente. C’était celui d’une jeune femme. »
Les derniers instants avant l’impact seront précédés par des chutes de météorites qui, bien que de taille modeste, creuseront de profonds cratères, ressusciteront d’anciens volcans, provoqueront des raz de marée gigantesques, pulvériseront des cités ou des régions entières. Finalement Shiva le Destructeur se transformera en Shiva le Sauveur. Les derniers missiles lancés par Lisa ont infléchi sa course et l’ont amené à se satelliser autour de la terre, avec dans ses flancs une immense fortune, des milliards de tonnes de ferro-nickel qui fourniront à l’humanité, transformée par l’épreuve, une longue prospérité économique. Lisa et Diégo, seuls survivants de l’aventure cosmique, seront hissés au rang de héros planétaire.
« Shiva le destructeur » est un roman complexe, touffu, étonnant. Mélangeant personnages et situations dramatiques, préparation minutieuse des événements, malaxant destins individuels et collectifs de manière hyperréaliste, Benford et Rostler ont signé une grande fresque humaniste. Ils ont rénové un thème archétypique du genre cataclysmique en faisant de ce récit le substrat d’une œuvre angoissante par son réalisme.
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La Guerre Des Ondes - Par BenF
Mac Jeckson du centre des recherches nucléaires d’Yowa City constate dans le ciel la présence de curieux phénomènes lumineux, apparaissant et disparaissant soudainement. Ces flaques de lumière affectent les régions proches, les détruisant totalement.Il fait part de son inquiétude à son ami Hemson pour lui suggérer que les USA sont attaqués par une puissance étrangère, certainement allemande, à coup d’«ondes fluidiques ».
Hemson lui présente Kürt, un scientifique allemand pro-américain, prêt à collaborer pour résoudre l’énigme. Il importe , si l’on veut éviter que le pays soit entièrement anéanti, de mettre un terme aux attaques vicieuses de cette «force vibratoire » :
« Il avait dit à Hemson que la terre, tout comme un corps humain, possédait un centre artériel ; qu’elle aspirait les rayons solaires, bien que cela ne fût pas reconnu par la science officielle. Il avait ajouté que la force, plus ou moins radiante, retenue dans l’hermétisme terrestre venait de se transformer en un courant magnétique qui avait parcouru les couches géologiques pour pénétrer dans la région centrale du globe, provoquant ainsi l’explosion d’une atmosphère ignée intérieure. La terre, avait-il dit, n’est pas, ainsi qu’on le croit, une boule de feu entourée d’une croûte refroidie. Son centre est un vide au milieu duquel flotte un noyau central à l’état zéro. »
Il s’ouvre à Kürt de son intention d’entourer les Etats-Unis d’un « mur du froid », étant de notoriété publique que l’agitation corpusculaire se ralentit à basse température.Mais les attaques de plus en plus meurtrières, saccagent le laboratoire et la maison même de Jeckson, touchant de près sa femme Dolly. Lors d’une discussion avec Kürt, Jeckson comprend qu’il est en présence de son ancien ami Franz Hertz. Devenu fou parce que sa femme a été tuée par la bombe « P » mise a point en Amérique, l’Allemand tient à prendre sa revanche à l’aide de l’appareil propre à provoquer une avalanche « d’ondes fluidiques ». La « guerre des ondes» devrait, selon lui, aboutir à la fin de l’humanité car la lune, désorbitée, se rapprocherait de notre planète jusqu’à la détruire :
«L’expérience de Franz Hertz a rompu l’harmonie universelle. La rotation de notre système solaire, qui dépendait de cette harmonie, subit maintenant un freinage susceptible d’engendrer le cataclysme céleste que nous avons à craindre. La masse lunaire ne résistera pas aux forces de dissociation. La lune risque de se fragmenter, provoquant une pluie de météores capables de détruire une partie de la vie sur la terre, tandis que d’autres météores, tels des satellites, tourneront autour d’elle, formant un anneau pareil à celui qui entoure Saturne. Mieux : rompant l’harmonie universelle sans avoir atteint une nova, les planètes peuvent devenir vagabondes et tomber les unes sur les autres. »
Le physicien tue le forcené ; déjà, il est trop tard : la machine infernale a été enclenchée et dans cinq jours au plus tard, la lune s’écrasera sur la terre. N’importe qui, à ce stade, aurait abandonné la lutte, mais pas Jeckson. Pour lui, ce délai suffira à la construction d’une grande arche stellaire sphérique – une terre en miniature- dans laquelle quatre cents couples vogueraient vers Alpha du Centaure. Avec Hemson, il dirige les travaux. Toute l’infrastructure industrielle collabore au projet tandis que la lune, qui s’approche de la terre, fait entendre des « craquements très inquiétants ».
Des nouvelles alarmantes de séisme proviennent de toutes les parties du globe, dont une, émanant d’un couple de radioamateurs au sujet de leur petit enfant, qui aura le don d’émouvoir Jeckson. Bien que très occupé à la construction de son arche, il prendra le temps d’arracher cet enfant au danger des volcans en éruption. L’échéance fatale est imminente: la lune n’est plus qu’à 20 000 kilomètres de notre globe mais les magasins sont toujours approvisionnés et les gens travaillent comme jamais.
A l’heure H, l’arche est prête au départ. Elle s’élance dans le ciel au moment où la lune éclate signant la fin de l’espèce humaine. Ouf, sauvé ! Mais non, pas du tout, puisqu’une explosion détruit l’arche, renvoyant l’homme définitivement au néant d’où il est issu.
L’on comprend que le Dr. Roger de la Füye, neveu de Jules Verne, qui a préfacé l’ouvrage ne « s’en est pas remis » et qu’il attend « la suite avec anxiété… » Rien, au long de ces deux cents pages filandreuses ne vient forcer l’intérêt, ni les personnages, des marionnettes, ni l’intrigue, plate et convenue, ni les éléments scientifiques réduits à un salmigondis, ni le style, approximatif. Un ouvrage auprès duquel les romans de Richard-Bessière peuvent prétendre au prix Goncourt. Bref, une insulte à l’intelligence.
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La Mort Noire - Par BenF
Le Dr. Petrie, médecin d’un quartier riche de Miami, détecte un cas curieux en la personne du jeune Dario Kelly qu’il envoie, pour analyse complémentaire, à l’hôpital, chez le Dr. Selmer. La conclusion est sans appel : nous sommes en présence d’un cas de peste très virulente. Une autre patiente, Mme Fairfax signale que la plage de Miami est envahie par des rejets, excréments de toutes sortes, rendant la baignade impossible. Devant l’affluence des victimes, l’origine de la maladie ne fait guère de doute.
« A l’heure qu’il est, je ne suis pas en mesure d’identifier ces débris détrempés par l’océan, expliquait le médecin-colonel, mais nous avons recueilli des plaintes attestant qu’il s’agissait d’un mélange de résidus de pansements de soins, de couches, de matières fécales. Quant à la provenance de ces déchets, nous n’en avons aucune idée. »
Pour éviter une épidémie massive et foudroyante, le Dr. Petrie prévient les autorités municipales. Les propres affaires familiales de Petrie interfèrent ainsi avec son travail.
Séparé de sa femme Margaret (elle aussi malade), il tient à récupérer sa fille Priscilla pour, en compagnie de sa maîtresse Adélaïde, les mettre à l’abri de l’épidémie, qui a singulièrement progressé depuis que le Dr. Selmer a dignostiqué « une super-peste bubonique, pneumonique et septicémique virulente, totalement résistante à tous les traitements connus. »
Le danger d’infection par voie pharyngée est maximal :
« La peste pneumonique est transmissible par les voies respiratoires ? -Oui, c’est exact, approuva le Dr. Selmer. Si quelqu’un est atteint de peste pneumonique, il suffit qu’il tousse devant le visage d’une autre personne pour que celle-ci la contracte presque à coup sûr. Les bacilles sont contenus dans la salive, et sont capables de rester actifs dans la salive séchée plus de trois mois. »
En ville, la situation se dégrade. En un seul jour, (le premier), l’on comptabilise vingt-huit cas d’hospitalisation. L’inspecteur sanitaire fédéral Jackson sera informé de la situation.
Plus loin, à New York, dans un immeuble, se trouvent réunis les divers protagonistes du roman. En premier, Ivor Glanz, chercheur en biologie, au caractère entier, qui entretient des relations incestueuses avec Esmeralda, sa fille. Il est en procès contre Forward, un chercheur forban, au sujet d’une même découverte faite autour de la mutation provoquée de certains bacilles qui donneront le futur médicament de la super-peste. Hubert Gaines est un acteur sur le déclin. Homosexuel et d’extrême-droite, il appellera au lynchage des Noirs qu’il rend responsables de la propagation de l’infection :
« Ces rejets –ces excréments infectés– proviennent des intestins des noirs, des Portoricains, des mendiants fainéants et des hippies qui se complaisent dans leur crasse. Non seulement ils ont empoisonné notre société avec leurs hommes politiques subversifs et leur goût pour la révolution, mais ils ont de surcroît matériellement empoisonné nos fils et filles d’Amérique avec leur saleté d’excréments ! »
Garunish, le responsable syndical des ambulanciers devant la menace encourue par la corporation, décrète une grève générale. A travers la ville, Petrie constate la progression de la maladie : les cadavres restent à terre, la police est débordée, les ambulanciers, respectant l’ordre de grève, ne roulent plus :
« J’ai compté entre cinquante et soixante morts au long des rues, déclara le chauffeur sur le ton de la conversation, en tirant quelques bouffées de son cigare. Je suis en service depuis ce matin, et je n’arrive pas à en croire mes yeux. Vous savez ce qu’ils prétendent à la radio ? Que c’est une sorte de grippe, et que tout sera bientôt terminé d’ici la fin de la semaine. Pas de raison de s’énerver. Vous croyez que cinquante ou soixante macchabées, ce n’est pas une raison de s’énerver ? »
Il lui est difficile d’approcher Firenza, le chef de la Santé Publique, les édiles politiques minimisant l’événement devant les médias. A la recherche de sa fille dans une ville devenue folle, il se rend à l’hôpital où se déroulent des scènes atroces :
« Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent, et il se retrouva à nouveau en enfer. Les couloirs étaient obstrués de gens qui poussaient des gémissements et des sanglots. Certains étaient tournés contre le mur et frissonnaient, le visage blême ; d’autres toussaient en pleurant ; d’autres encore étaient assis à même le sol en silence, le tête rentrée dans les épaules. »
Lorsqu’il apprend que les Fédéraux préconisent de cautériser Miami par le feu, rien ne pourra l’empêcher de quitter la ville avec Priscilla et Adélaïde. Un départ en voiture qui coïncide avec l’anarchie grandissante du centre-ville :
« On croirait la fin du monde, chuchota Adelaïde. Mon Dieu, Léonard, on croirait vraiment la fin du monde.- Une odeur écoeurante de brûlé accompagnée des bruits inhumains d’une cité à l’agonie emplirent la voiture, et le Dr. Petrie finit par remonter la vitre. Il se sentait vidé comme jamais encore. (…) Ils étaient presque arrivés à la hauteur de Gratigny Drive lorsqu’il fut contraint de donner un brusque coup de frein. La route était totalement bouchée par deux voitures en feu. L’une, une Riviera, était déjà carbonisée et fumante, cependant que l’autre, une Cadillac, avait toujours les roues en feu, tel un char ardent descendu du ciel. »
Forçant les barrages établis par la Garde Nationale, ils prennent la direction de New-York via la Georgie et Atlanta qui est en feu, la peste les ayant devancée. Mais pourquoi Petrie n’attrape-t-il pas la maladie ? Serait-il immunisé ?
A New York, les rapports entre les personnages se dégradent; Esmeralda est soumise à un chantage sexuel, ce qui oblige son père à abandonner les poursuites judiciaires contre Forward. Garunish, sur le terrain, est frappé par des briseurs de grève. Petrie, en pénétrant à Manhattan par le Lincoln Tunnel se retrouve en enfer. Les pillards ont investi la ville, Holland Tunnel est bourré de morts, les rues deviennent le terrain de jeu des psychotiques :
« La peste avait frappé le New Jersy, expéditive et implacable, et en une seule nuit, elle semblait avoir éradiqué le souffle de la vie sur la totalité des 11300 kilomètres carrés de cet état. Couchés sur le ventre, des corps sans vie parsemaient les routes luisantes de pluie, à l’endroit même où la mort les avait fait trébucher. Nombre de véhicules de toute sorte encombraient l’autoroute, leurs conducteurs toujours assis au volant, tels des mannequins de cire au teint blafard. Ils croisèrent deux ou trois autres voitures qui erraient au hasard dans l’après-midi humide, mais la grande majorité des villes qu’ils traversèrent se révéla déserte, silencieuse et jonchée de cadavres. »
Il sait maintenant pourquoi la peste ne l’a pas atteint : son exposition constante aux rayons X, du fait de sa profession, a éradiqué la super-bactérie. Il est urgent d’annoncer la nouvelle aux autorités médicales de l’hôpital Bellevue, ce qui s’apparente à une odyssée car des grévistes en interdisent l’entrée. Le Dr. Muray, enfin averti, renvoie Petrie vers Glanz, seul capable de créer l’antigène approprié.
En attendant, les rats envahissent la ville, y compris l’immeuble de Garunish, piégeant le Dr. Petrie, Ivor Glanz et tous les autres :
« Les rats, eux, pullulaient sans crainte au grand jour… investissant les charcuteries et les restaurants à l’abandon et sautillant sur les cadavres disséminés dans chaque rue. Tous les immeubles de bureaux et les tours résidentielles étaient verrouillés, surveillés et en état de siège. Mais même si les résidents réussissaient à tenir en respect les maraudeurs et la plupart des rats, ils n’étaient pas en mesure de se protéger contre la peste. Durant la matinée de lundi, les bacilles à incubation foudroyante, charriés par d’infimes postillons de salive infectée, furent responsables de l’agonie tragique de milliers de New-Yorkais. Il suffisait simplement d’adresser un mot d’encouragement pour transmettre la peste, ou de toucher une main en signe d’amitié.»
Il est pourtant essentiel que Petrie puisse transmettre aux autorités la solution trouvée par Glanz. Dans l’immeuble, les rats passent à l’attaque. Chez les humains, c’est le sauve-qui-peut général. Petrie et Adélaïde, malgré leurs vêtements de protection, ce qui leur permet de gagner la sortie par les câbles d’ascenseur, ont beaucoup de mal à se débarrasser des rongeurs :
« Ils atteignirent le onzième étage en étant complètement recouverts de rats. Ceux-ci mordaient et déchiraient leurs édredons et leurs couvertures protecteurs, les transformant en créatures à forme humaine mais au pelage sombre et mouvant qui progressaient péniblement. Adélaïde chuta à nouveau et le Dr. Petrie dut arracher des rats de son dos pour essayer de réduire leur masse repoussante. Il était maintenant si accablé par les rats qu’il les déchirait littéralement en deux pour les ôter. »
Enfin hors de danger, tandis que tous deux roulent vers la mairie, Petrie se sent touché par la peste à son tour…
Un roman-choc à base médicale, aux aspects et aux protagonistes multiples, aux descriptions horribles. Quoique la trame des aventures conjugales du Dr. Petrie semble insipide dans l’océan de malheur déclenché par la peste, le roman, à l’action éternellement relancée, se lit sans difficultés.
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Boulevard Alpha Ralpha - Par BenF
En ce futur incroyablement lointain où subsistent seulement une poignée de véritables êtres humains, Paul et Virginie se rencontrent. Désireux tous deux de goûter à la vraie liberté, à la vraie vie, aux émotions inconnues, ils ont demandé aux Seigneurs de l’Instrumentalité d’être transformés en Français du temps jadis, qui vivaient à cette époque si archaïque :
« Je fus moi-même le premier, après seize mille ans, à coller un timbre sur une lettre. Je conduisis Virginie au premier récital de piano. L’œil collé à l’oculaire de la machine-à-voir, nous vîmes lâcher le choléra en Tasmanie, et les Tasmaniens danser dans les rues, maintenant qu’il n’était plus question de les protéger. Partout, les choses commençaient à devenir intéressantes. Partout, homme et femme travaillaient avec une volonté farouche à construire un monde plus imparfait. »
Loin de la perfection absolue de l’Instrumentalité, ils pourront ainsi découvrir avec ivresse le sens de la peur ou de l’amour. Mais un doute subsiste : leur liberté est-elle inconditionnelle ou ce sentiment même n’a-t-il pas aussi été prévu par l’Instumentalité ? Sont-ils vraiment libres, c’est-à-dire responsables de leurs actes ou leur nouvelle personnalité est-elle aussi factice que l’ancienne ?
Virginie se souvient d’une vieille machine capable d’opérer des prédictions, l’Abba-dingo, ordinateur ou Dieu, résidant dans les nuages, tout là-haut, au bout du boulevard Alpha Ralpha. Avec Paul, elle veut découvrir la vérité. Croisant C’Mell, la femme-chat (personnage principal dans une autre nouvelle), en compagnie de Macht , un autre homme transformé en quête de sensations fortes, ils prennent le chemin conduisant à l’Abba-dingo, la machine immortelle. Le boulevard Alpha Ralpha, construit en un matériau d’une extrême résistance et qui serpente dans le ciel sans aucun support apparent, est, lui aussi, d’une très grande ancienneté. Des signes d’usure y apparaissent parfois, comme cette brèche que les deux amants éviteront :
« Sur la droite, le boulevard s’élevait en pente abrupte, à la manière d’une rampe. Il disparaissait dans les nuages. Juste au bord de la frange de nuages, il semblait qu’un désastre s’était produit. Je n’en étais pas absolument sûr, mais j’avais l’impression que le boulevard avait été tranché sur toute sa largeur par d’inimaginables forces. Quelque part, au-dessus des nuages, se trouvait l’Abba-dingo, l’endroit où toutes les questions recevaient une réponse… »
Nulle part, au long de leur route, ils ne trouveront le signe de la soumission des êtres et des choses au pouvoir des Seigneurs de l’Instrumentalité, comme s’ils étaient en dehors de leur temps. Les oiseaux, par exemple, sont des vrais oiseaux, aux fonctions télépathiques si primitives que Paul et Virginie ne les comprendront pas.
Arrivés près de l’Abba-dingo ils découvrent ça et là des squelettes blanchis pour lesquels Paul n’a pas de nom puisqu’il en ignore le concept, la mort étant absent de son champ d’expérience. Virginie, par tâtonnement, actionne la machine qui lui dit qu’elle aimera Paul durant toute sa vie, même si celle-ci s’avère être fort courte. Par contre, ce qu’ils n’arrivent pas à déchiffrer c’est que l’Abba-dingo, ancienne station météorologique prévoit également l’arrivée d’un typhon.
Arrachée d’entre ses bras, Virginie disparaît dans la tempête. Paul aura la vie sauve grâce à C’Mell qui le ramène en sûreté. Il se rétablira par les soins d’un médecin-robot, la mémoire remise à neuf par l’Instrumentalité, ayant oublié le goût de la peur et de la mort mais avec au cœur une nostalgie secrète.
Ce joyau littéraire s’insère dans le cycle des « Seigneurs de l’Instrumentalité ». Gordwainer Smith reprend à son compte le roman de Bernardin de Saint-Pierre, faisant de Paul et Virginie les personnages d’une superbe nouvelle dans laquelle, sous la démarche littéraire, percent les interrogations permanentes de l’homme lié à une existence qui le dépasse de toute part.
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Et Puis Ce Fut La Paix - Par BenF
Le soldat Charlie, encastré dans son blockhaus, voit avec plaisir le robot « scorifieur » fondre les robots ennemis tués sur le champ de bataille. Avec plus de plaisir encore, il aperçoit le « gadget-cantine » lui apporter son déjeuner et lui annoncer que la guerre est terminée. Alors le robot scorifieur proche réduisit le gadget-cantine « en un petit tas de métal » car il avait pour tâche de « stocker » tous les instruments militaires :
«Les ordres n’autorisent aucune exception. Tous les instruments militaires doivent être scorifiés et stockés. –Bien… dit Charlie.
Et ce fut juste à ce moment-là qu’il se rendit compte que l’ogive fondeuse était en train de s’abaisser dans sa direction. »
Une nouvelle ultra-courte et grinçante sur le thème de la guerre future.
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La Masse Pritcher - Par BenF
La Terre est en en proie à une terrible épidémie, la pourriture rouge, générée par les spores de plantes dont l’existence est due à la pollution généralisée. Les hommes, totalement protégés, ont installé leur cité sous bulle, en milieu aseptisé, pour éviter tout contact avec l’extérieur. Repliés sur eux-mêmes, les humains ont malgré tout gardé un haut niveau de technicité.
Le héros, Chaz Sant, est un être psycho-sensible qui tente d’accéder à la " Masse Pritcher ". Tel est le nom donné par son découvreur à une sorte "d’inconscient collectif" réunissant les meilleurs esprits aux aptitudes parapsychiques avérées en vue de rechercher, par le biais de la pensée dirigée, une nouvelle terre où la survie de l’espèce humaine serait assurée.
N’accède pas qui veut à la Masse Pritcher. C’est par des tests que le héros, au destin singulier, se trouve connecté et immédiatement repéré par les tenants de la "Citadelle", une mafia qui souhaite préserver pour son propre compte la Masse Pritcher, en abandonnant le reste des humains à son triste sort. Il est aidé dans ses périls par Eileen, une jeune "Sorcière", c’est ainsi que l’on prénomme les êtres aux capacités psi qui ont échoué aux tests.
Chaz, après diverses péripéties, se retrouve à l’extérieur de la bulle où il fait la connaissance des "Roux", des hommes naturellement immunisés contre le fléau. Avec leur aide, il envisage de provoquer l’ouverture irréversible de la bulle, ce qui condamnerait à mort les citoyens, mais permettrait aux émeutiers de s’attaquer à la Citadelle. Fait prisonnier, il apprend que la Masse Pritcher est totalement infiltrée jusqu’à son plus haut niveau par les responsables de la Citadelle. C’est à ce moment-là qu’il a la certitude de pouvoir jouer le rôle d’un catalyseur en parvenant à réunir tous les esprits humains en réseau. La pourriture rouge, qui n’était en fin de compte qu’une maladie psychosomatique, est balayée, et le chemin des étoiles s’ouvre devant une humanité libérée :
" Les spores de la pourriture qui étaient touchées mouraient instantanément, comme elles mouraient dans les poumons des sorciers et des exilés immunisés. L’ouragan grossit et rugit. Un tourbillon se forma, montant vers les nuages les plus bas. (…) La force massique éventra le ciel, allant vers l’ouest, détruisant les nuages et la pourriture sur son passage. Une longue déchirure s’ouvrait dans l’épaisse couverture de nuages au-dessus de la ville. Comme le printemps fait éclater la glace d’une terre longtemps gelée, le soleil brilla soudain à travers cette déchirure dans un ciel sans nuage au-dessus d’un horizon libéré. "
Le lecteur se trouve face à un récit confus qui exploite de nombreux thèmes – pollution, parapsychologie, dystopie, etc.- sans jamais pouvoir les relier avec harmonie. Un roman peu convaincant!
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L'autoroute Sauvage - Par BenF
Vol.01. l’Autoroute sauvage, Fleuve noir éd. 1993, coll. "Anticipation (Métal) " N°1925 (1 ère éd. dans la même collection N°742), 1 vol. broché, in-12 ème , 190 pp., couverture illustrée par Florence Magnin. roman d’expression française.
1ère parution:1976
Gérald, jeune solitaire, plutôt doué pour rester en vie, a décidé à gagner le sud du pays en empruntant à pied les restes de l’autoroute A7 en une France post-cataclysmique. Immédiatement, il liquide trois " groupés " qui le visualisent sous la forme d’un bifteck :
" Je me suis retourné pour voir l’arc, et la flèche pointée. J’ai bougé, très vite, en lançant le couteau. La flèche n’a pas fait mouche, mais ma lame, si. Elle s’est enfoncée jusqu’au manche dans le cou de l’archer. Une fronde tournoyait en sifflant. Flexion du buste, jet du deuxième couteau. Une bille d’acier a ronflé pas bien loin de mon crâne. Le frondeur hoquetait, en crachant des bulles de sang. "
En passant, il sauve la vie d’Annie, jeune fille intrépide et décidée dont il tombera malgré lui éperdument amoureux. Elevé par Jo, mort récemment de " la peste bleue ", maladie épidémique responsable de la désertification du pays, Gérald n’a aucun projet précis, sinon celui de rester en vie. Aussi la proposition d’Annie qui souhaite gagner Paris, ne lui convient pas. Ils lieront aussi connaissance avec Thomas, un autre solitaire qui deviendra plus tard leur ami. Mais le jeune couple se fera bêtement surprendre par une bande de fanatiques pseudo-religieux menée par un sadique. Ses agissements avec la petite Rose pousse Gérald à se surpasser. Annie, à l’aide de son arc, aussi efficace que le garçon avec ses couteaux, permettra au couple de s’extirper de leurs griffes.
La jeune fille n’a pas abandonné son idée fixe, se rendre à Paris pour y chercher un dossier donnant les indications d’un remède à la peste bleue. Originaire de l’île de Porquerolles où réside encore sa famille avec une poignée de civilisés, Annie, après son détour urbain, consentira à suivre Gérald en direction du sud. En ronchonnant, le jeune Solitaire se décide enfin à changer de direction :
" Tu sors d’où ? D’une autre planète ? Une grande ville, ça veut dire des poches de gaz hallucinogène, de gaz paralysants, des mares de bactéries, des floppées de rats. Les rats. Au moins ça, tu connais, non ? Ca véhicule la peste bleue, les rats, figure-toi. Une grande ville ! Rien à bouffer, parce que tout ce qui vit là-bas risque d’être infecté, et rien à boire, parce que même la Seine doit être dangereuse sur ses bords, là où il reste parfois de l’eau stagnante. Et je ne te parle pas des égouts. Un paradis de bactéries, et chaque fois qu’il pleut, ça dégorge dans le fleuve. (…) Tout est tombé sur les grandes villes. Absolument tout. Sauf la bombe atomique, parce qu’ils craignaient de détruire la Terre, mais ils l’ont détruite, quand même, d’une autre façon ".
La traversée vers le nord est animée. Dans une propriété déserte, Gérald victime d’un accident, balancera entre la vie et la mort. Sans le dévouement d’Annie, il n’aurait pas survécu. Plus loin, dans la région de Nemours, près du village de Souppes, devant une propriété fortement défendue, ils découvrent un homme supplicié, entortillé dans des fils de fer barbelés. C ‘est Thomas, victime d’un Seigneur de la guerre. Ils le délivrent. Après avoir réglé son compte au chef indigne, ils poursuivent vers Paris. L’entrée en ville est périlleuse ; des dangers innombrables guettent le petit groupe :
" La ville, c’était quelque chose ! De chouette ! Une accumulation de squelettes invraisemblable. L’ossuaire dans toute sa beauté. Des os, on en avait déjà croisé pas mal, en traversant la banlieue. Mais là, ça dépassait les bornes. Ils étaient partout. Affalés sur les trottoirs, étalés sur la chaussée, entassées derrière les vitres brisées, enfermés dans des carcasses de voitures. Des fois, ça tenait ensemble, des fois, c’était éparpillé comme par la patte d’un chat. On bousculait des crânes, on repoussait des cages thoraciques, on piétinait tibias et fémurs. "
Suivront une poche de gaz hallucinants place Denfert-Rochereau qui manque de détraquer Gérald, la pollution de la Seine, les rats, et surtout une nouvelle forme de vie mutante, une sorte de gelée animant des squelettes. Ils retrouvent cependant le dossier dans le petit appartement de la rue Croix-des-Petits-Champs, ne songeant qu’à quitter au plus vite les lieux. Une dernière rencontre avec des survivants retournés à l’état de bêtes sauvages les fera encore frémir :
" Ils ont surgi des buissons, de derrière les arbres, de l’abri d’une statue. Quinze ou vingt, peut-être. Mâles et femelles. L’une d’entre elles portait une petite horreur grise et déjà chevelue accrochée à son sein. Ils se ressemblaient comme des pois dans une cosse. On les différenciait plus par la poitrine que par le sexe enfoui dans une floraison de poils. Des yeux. Sans une lueur d’intelligence. Ca exprimait deux choses : la peur et la faim. Ca grondait, les dents à nu, mais sans oser attaquer."
Après la porte de Vanves, Annie disparaît mystérieusement. Gérald perdra beaucoup de temps à la chercher, en vain. Le cœur brisé, il suivra Thomas en direction du sud. Mais, ayant trop tardé, ils seront surpris par l’hiver glacial dans le massif Central. Sans Bernard (St Bernard ?) et son groupe, ils seraient morts de froid.
Requinqués au sein d’une ferme accueillante, ils laisseront passer la mauvaise saison avant de repartir. Arrivés en face de l’île de Porquerolles, ils allument, comme prévu, un grand feu pour signaler leur présence. Une surprise divine attend Gérald : c’est Annie elle-même qui vient à sa rencontre. Enlevée par une bande de lesbiennes, elle avait finalement réussi à se dégager de sa captivité pour rejoindre toute seule sa famille. Fous de joie, l’une à l’idée que le dossier a bien été récupéré, l’autre à l’idée de retrouver sa campagne, nos deux tourtereaux prendront un long repos dans cette île bénie des dieux.
Un roman post-cataclysmique d’une grande efficacité où l’intrigue linéaire rebondit constamment en actions diverses, sans que le lecteur ne puisse reprendre haleine. Servi par un style descriptif qui privilégie décor et comportement, "l’autoroute sauvage " donne un second souffle, de par sa nouveauté, à une collection vouée à l’immobilisme.
Vol. 02 : la Mort en billes, Fleuve Noir éd., octobre 1994, coll. " Anticipation (Métal) " N° 1710 (1 ère éd. dans la même collection N° 772), 1 vol. broché, in-12 ème , 219 pp. couverture illustrée par Florence Magnin. roman d’expression française
1ère parution: 1976
Peu à l’aise sur l’île de Porquerolles, Gérald se voit confier une mission par le père d’Annie, consistant à contacter le groupe de Bernard vivant dans le Massif Central, près d’Ambert, et à le convaincre de se réfugier dans l’île qui a un besoin essentiel de techniciens et d’ingénieurs.
Dans la même foulée, il pourra aussi tester le remède contre la peste bleue, mis au point à partir du protocole rapporté de Paris. Thomas et Gérald se remettent en route et sauvent de la mort la petite (et insupportable) Marie-Thérèse, dit MariThé, de " la mort en billes ". Se reposant au bord d‘une rivière, ils se font voler le remède par Axel, un solitaire, mis au contact de la maladie. Heureusement, Axel, rejoint par le groupe, est de bonne composition et deviendra leur ami. Lorsque Axel et Thomas se feront capturer par une dangereuse bande de " groupés ", c’est lui qui conduira MariThé auprès de Bernard.
En attendant, le sort de Thomas et Gérald n’est pas enviable. Les groupés, adeptes du cannibalisme, les enferment dans le garde-manger auprès d’autres " moutons :
" -On prend celui-là, a décidé Bec de vautour.
-D’ac, a accepté Rougeaud.
Ce choix a fait exploser Pleine lune en cris stridents. Un porc à l’abattoir. Et il s’agissait de ça, tout juste. Rougeaud a tranché le licou noué à un anneau, pris l’extrémité de la corde en main, tiré un coup sec, et entraîné Pleine Lune en l’étranglant à moitié. Bec de vautour activait le bestiau en cinglant vigoureusement ses fesses charnues.
Ils sont sortis. La lourde porte s ‘est refermée, sans éteindre les clameurs suraiguës de Pleine Lune. Elles se sont intensifiées, au contraire, vibrantes à crever les tympans, puis se sont interrompues net. "
Bien que nombreux, ils auraient dû se méfier davantage de Gérald. Se libérant, nos deux héros exécuteront sans pitié la bande de cannibales, puis, laissant les moutons organiser leur propre société, ils reprendront la route vers le Massif Central jusqu’à leur rencontre avec Jean-Pierre, un soldat, dont l’hélicoptère se pose à leurs pieds. Jean-Pierre est originaire de Suisse, du canton de Vaud, où subsiste encore une force organisée. Sous la férule des militaires, les Suisses ont mieux résisté à la catastrophe et Lausanne connaît une vie civilisée. Le jeune militaire, en mission d’exploration, apprécie le fait que Gérald possède un remède contre le mal et souhaite ramener sans attendre les deux solitaires à Lausanne auprès de son chef. Malgré la méfiance légitime existant entre les deux partis et leur culture si différente, le général suisse, témoignant de sa confiance en Gérald et Thomas, commande à Jean-Pierre de les mener par la voie des airs, le plus rapidement possible, vers Bernard. Hélas ! le crash de l’engin à cent kilomètres du but oblige les trois alliés à parcourir à pieds le chemin restant, en traînant Jean-Pierre gravement blessé, dans une nature hostile, où abonde la mort en billes ou " gelée ".
Ils toucheront non sans peine à leur but et, à peine remis, avec Bernard et son groupe, ils reprendront sans désemparer et à cheval, la route du sud. Un trajet cauchemardesque où ils affrontent les mutants transparents qui, se multipliant par scissiparité, augmentent en nombre. Quoique lents, ceux-ci demeurent redoutables car obstinés, et semblent indestructibles. A bout de forces, les humains atteignent enfin la côte en face de l’île. Prévenus par les Suisses, qui y avaient déjà dépêché un hélicoptère, les insulaires viennent chercher les immigrants en bateau. La victoire fut totale pour Gérald lorsque, par hasard, il découvrit le point faible de la gelée : elle explosait lorsqu’on y boutait le feu !
Vol. 03 : l’Ile brûlée , Fleuve Noir éd., 1 er trimestre 1979, coll. " Anticipation " N°910, 1 vol. broché, in-12 ème , 219 pp. couverture illustrée par Young Artists. roman d’expression française.
1ère parution: 1979
Gérald et Thomas retournant à Porquerolles découvrent l’étendue du désastre : toute l’île a été brûlée et les implantations humaines anéanties par ceux qu’ils appelleront plus tard " les Cracheurs de feu ", en provenance de la côte tunisienne.Grâce à leur ami, le général suisse, un groupe comprenant Alex, Thomas et Gérald, se fera parachuter au-dessus du territoire ennemi. Immédiatement capturés, ils seront confrontés à une jeune femme télépathe, mutante de la peste bleue, meneuse des Tunisiens et désireuse d’expansion territoriale.
Avec constamment un temps de retard dans leur prévision, Gérald et Thomas seront libérés par Gamal, un télépathe mâle, originaire de " la Démence ", région désertique bourrée d’insectes et de plantes aux pouvoirs étranges et souvent mortels. Là, après un nécessaire temps de repos, ils affronteront à nouveau les Cracheurs de feu pour libérer Alex et Annie. Par l’entremise d’un vieux savant, prisonnier lui aussi, qui a réussi à contrôler la gelée , l’expédition est couronnée de succès. Annie, localisée et Alex récupéré, s’ensuit le chambardement systématique de la base, la fuite vers la Démence sans que les Cracheurs de feu, désorganisés, n’aient rien pu empêcher. Les forces suisses prévenues par Gamal, règlent définitivement et sans pitié le sort des pirates en trois jours. Tandis que Gérald blessé récupère à Lausanne en rongeant son frein, Annie rejoint Porquerolles où les survivants se réorganisent.
" L’île brûlée " constitue le troisième et dernier volet du cycle de " l’Autoroute sauvage. " Toujours aussi vivant et coloré, le récit, sans prétention, se lit agréablement à cause surtout de la technique narrative du monologue intérieur attribuée à un Gérald gouailleur.
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Litanies Pour L'an 2000 - Par BenF
En une suite de quatrains brossant un tableau édifiant, le compositeur décrit l’horreur d’une société future (la nôtre) avec ses menaces de toutes natures, idéologiques, oppressives, pollutives, ou guerrières : tireurs isolés, viols, insécurité grandissante au sein de la cité, des mesures de prévention qui augmentent les risques, à travers des fouilles systématiques et « (des) coups de triques donnés par un vigile viril ». La ville, en état de siège à cause des émeutes, impose un couvre-feu inconnu jadis :
« Le couvre-feu n’existait pas
Les lumières brillaient dans la nuit
On sortait bien après minuit
Car l’énergie nous manquait pas. »
La pollution de l’air où « l’oiseau tombe en plein vol » oblige au port du masque. Il est donc préférable d’appliquer les consignes gouvernementales qui sont de rester à l’intérieur, ce qui favorise le conditionnement :
« L’on avait encore une adresse
Pas de loisirs obligatoires
Pas de télé obligatoire
et pas de matricule aux fesses. »
La dénonciation est généralisée, la surveillance des personnes, universelle :
« On pouvait prendre pour confesseur
Sa femme, ses enfants, sa sœur
Sans être sûr d’ouvrir son cœur
Au ministère de l’intérieur ».
Vision d’une société dystopique où la guérison même des cancers n’améliore pas le sort des gens, poussés au suicide, désespérés par tant de misère morale et intellectuelle. Pourtant les signes avant-coureurs ne manquaient pas, à l’époque:
« Je garde en moi le souvenir
En ce mois de mai 2010
De ces années soixante-dix
Où l’on sentait tout ça venir. »
Une voix sombre et puissante, l’excellence de l’interprète, la justesse prémonitoire des paroles, rendent cette chanson plus actuelle que jamais.
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Un Nouveau Monde - Par BenF
Vol.01 : la Survivante, Magnard éd., 2003, coll. "Magnard jeunesse ", 1 vol. broché, in-octavo, 153pp ; couverture illustrée par Jaouen Salaün. roman d’expression française
1 ère parution : 2003
Lisa se réveille dans sa maison familiale à Commentray, petite ville située entre Tours et Orléans. Ce matin-là est exceptionnel. Ses parents, ses amis, ainsi que tous les habitant de la petite ville ont disparu. Lisa est seule, terriblement seule :
" Il n’y avait dehors aucune trace de violence, pas d’immeubles éventrés par des bombes, ni de voitures incendiées. Pas de rues inondées ; pas de maisons en flammes ; pas de fissures dans la chaussée comme on en voit après les tremblements de terre ; pas de cadavres dans les rues, pas de blessés, pas même de traces de sang. "
Après un moment d’affolement, elle explore les environs, et s’organise pour repérer les lieux privilégiés de survie. A bicyclette, elle se rend à l’hôpital pour s’y aménager une retraite sûre, en se nourrissant des produits du supermarché local. Elle se rendra vite compte qu’il lui faudra prendre des précautions car si aucun humain ne se manifeste, elle partage le pouvoir de la vie avec les animaux du zoo proche, l’éléphant ou le tigre, qu’il s’agira d’éviter. Au fur et à mesure que passent les jours, l’environnement urbain se dégrade, les rues étant rendues à la sauvagerie de la vie végétale :
" Un mois avait passé. Personne n’était réapparu, et la radio restait muette. Dans certains quartiers, l’air devenait difficilement respirable, à cause des ordures qui n’avaient pas été ramassées le matin de la Disparition. Les jardins publics, n’étant plus entretenus, étaient envahis par les herbes folles. "
Reste sa rencontre avec Elias, l’adolescent mystérieux, l’orphelin des ateliers souterrains (" les Souts "), relégué au rang d’esclave, obligé de travailler pour les besoins de l’hôpital. La " Disparition " l’a, lui aussi, épargné. Avisé, mais inculte, habile mais sauvage, c’est lui qui décide de sa rencontre avec Lisa, considérée comme provenant d’un autre monde. Les deux adolescents organisent leur survie en réservant pour plus tard l’exploration lointaine, car divers signes (un billet dans une bouteille pêchée dans la rivière proche) montrent que d’autres personnes ont pu survivre. C’est ainsi que Lisa fait connaissance avec la bande des "Faucheux ", un groupe d’adolescents qui compte envahir Commentray pour y prendre le pouvoir et obliger tous les survivants à travailler pour eux.
C’était sans compter sur le petit groupe de " Manu ", une ancienne copine de Lisa, devenue, elle aussi, chef de bande et qui espère reconstruire la ville d’avant. Ceci ne plaît pas à Elias et ses deux amis Guillaume et Betty, eux aussi anciens orphelins-esclaves. Considérant la Disparition des adultes comme une seconde chance donnée à la vie, qui les a ainsi débarrassés de leurs tortionnaires, ils prêchent le retour à la nature en incendiant les quartiers nord de Commentray :
" On peut chercher ailleurs, si tu veux, continua l’adolescente. Figure-toi que je connaissais… -Tu ne comprends pas, Lisa ! On est débarrassés de cette saleté d’humains, et toi tu voudrais recommencer comme avant, reconstruire les maisons, rétablir l’électricité, retrouver les autres survivants… Tu dois te soumettre à l’eau, au feu, à la terre, Lisa ! (…) C’est la nature qui commande. Les hommes nous ont emprisonnés et la nature nous a libérés. Nous avons choisi notre camp ! ".
Lisa, coincée avec son jeune ami Pierre entre toutes ces volontés contradictoires, n’a d’autre alternative que de fuir pour s’installer dans le quartier sud de la ville, momentanément épargné. Le répit sera de courte durée, puisque les Faucheux, avec à leur tête le " Seigneur ", leur chef, se heurtent au groupe de Manu. Lisa devra la vie sauve à Elias et à sa parfaite connaissance des souterrains de la ville inondée. Quant aux Faucheux et leurs adversaires, ils ne survivront pas très longtemps, une main mystérieuse les ayant enfermé dans une maison en y mettant le feu : ils mourront tous, carbonisés. Lisa, Elias et Pierre sont dorénavant prêts à affronter l’extérieur, autant pour échapper au mystérieux incendiaire que pour s’assurer de l’existence d’autres êtres humains.
Un thème ancien et exploité (cf. " L’Heure " de Lewino). Ici, les survivants sont des adolescents puisque le livre est destiné à cette tranche d’âge. L’auteur se tire bien de la situation à travers le souci du détail, de la vraisemblance psychologique, et l’attention au décor. L’action ainsi que l’intrigue évolue lentement, formant une assise solide pour une histoire dont le présent volume ne constitue que le premier tome.
Vol.02 : le Dôme, Magnard éd., 2004, coll. " Magnard jeunesse ", 1 vol. broché, in-octavo, 141pp ; couverture illustrée par Jaouen Salaün. roman d’expression française
1 ère parution : 2004
Lisa, Elias et Pierre sur la route. Près du Château de Vals (un haras), ils sauvent de la noyade des chevaux menacés par la montée des eaux consécutive à un barrage en cours de rupture. Mais une ombre s’attache à leurs pas, celle qui a provoqué l’incendie de la maison et qui est prête à nouveau à tuer. Elias sent qu’on les suit. Se mettant à l’affût sur une branche d’arbre, il n’aperçoit pas l’ombre mais une bande de " bikers " qui campent dans une clairière. Découvert à son tour, il est attaché à un tronc et abandonné là. Il sera sauvé de justesse, le matin, par Lisa et Pierre partis à sa recherche, car il a contracté une pneumonie qui est prête à l’emporter. Le laissant se reposer, les deux adolescents pensent lui rapporter des médicaments de la ville voisine. Ils y découvrent en effet une pharmacie mais aussi les bikers qui ont investi les lieux, et leur prisonnier adulte, Sam, appelé "Doc ".
En le libérant, ils apprennent qu’il est originaire du " Dôme", d’où il s’est enfui, une sorte d’abri en verre, ancien camp de vacances pour jeunes, où vit encore une société d’adolescents.
Lisa a la même idée que les bikers: il importe de situer le Dôme, appelé encore " les Nouveaux Territoires ". En attendant, il faut sauver Elias. Ils arrivent juste à temps pour neutraliser " l’ombre ", " le fou " qui envisageait de tuer leur ami. Stupeur ! Le fou est François, le frère que Lisa croyait disparu. A sa vue, il retrouve la mémoire et s’intègre au petit groupe.Le Dôme, trouvé facilement, est régi par Kito, un jeune dictateur qui hait les " Ads " (adultes) qu’il rend responsable de la Disparition. Il en garde pourtant quelques-uns en prison pour qu’ils l’aident de leurs connaissances. Elias s’entend bien avec Kito qu’il croit issu des " Souts " et dont il partage les valeurs. L’avenir est cependant gros de menaces. Le chef des bikers qui a un compte à régler avec Kito a, lui aussi, découvert l’entrée du Dôme. Entre-temps est survenu l’hiver, avec sa neige qui s’accumule sur la verrière menaçant de la faire s’écrouler. Alors que la place est investi par les bikers, et grâce à Pierre qui se sacrifiera, Elias, Lisa et François quittent le Dôme en train de s’effondrer, par le moyen d’une montgolfière. Kito sera fait prisonnier, puis relâché. Nos amis s’agrègeront au reste des bikers et à leur chef Marc.
Vol.03 : la Dernière tempête, Magnard éd., 2004, coll. "Magnard jeunesse ", 1 vol. broché, in-octavo, 175pp ; couverture illustrée par Jaouen Salaün. roman d’expression française
1 ère parution : 2004
Lisa et ses amis, réfugiés au haras après la chute du Dôme, envisagent de reprendre leur route vers le sud devant la menace effrayante d’une immense tempête de glace et de neige, prémisse d’une sorte de typhon glaciaire. Alors que François, resté en arrière, retrouve Luna, sauvée par Sam, en un couloir souterrain, Marc, Lisa, ainsi que les autres suivent la voie désormais enneigée et difficile, le long de l’ancienne autoroute du sud de la France. Elias est capturé par deux jumeaux qui l’emmènent auprès de " l’homme-montagne ", un énorme obèse qui les tient sous sa coupe psychologique. Il utilisera de la même manière Elias pour qu’il lui rapporte de la nourriture.
En cours de route, Marc, Loup et Marie feront sécession. S’emparant de la voiture qui leur avait permis d’avancer plus vite, ils abandonnent le reste du groupe. Lisa et les autres, à bout de force, seront sauvés par des adolescents qui ont établi leur base dans un aéroport désaffecté jouxtant l’autoroute. Logeant dans les immenses gros porteurs, ils ont à leur disposition, nourriture, boisson et énergie. Se sentant parfaitement à l’abri, ils sous-estiment le danger que représente la tempête. Lisa n’est pas tranquille. Après quelques jours, avec son noyau de fidèles, elle repart avec François, Luna et Elias, délivré de son tuteur, qui l’a rejointe. Arrivés au bord de la mer, ils découvrent un impressionnant village de tentes où, d’une façon très libre, il leur est permis de s’installer. A un détail près : la nourriture leur est rapportée en bateau par des étrangers adultes, habitants d’une île voisine. En contrepartie, ceux-ci exigent des enfants que certains leur servent d’esclaves. Lisa en fera partie. Elle découvre dans l’île que les adultes, en possession du bateau de pêche, ont à leur disposition de nombreux enfants qui veillent à toutes leurs charges. La tempête approche, inexorable. Sur la plage, François prend toutes les précautions pour s’enterrer dans le sable, afin de donner moins de prise au vent :
" Protégeant son visage d’un revers de sa chemise, François les rejoignit. Il les aida à se relever, leur fit comprendre qu’ils devaient se retourner, dos à la tempête. Quelques mètres plus loin, Elias se rendit compte qu’il grelottait. Des grêlons jonchaient maintenant le sable. –Vite, il faut faire un trou ! hurla François en dépit des rafales qui couvraient sa voix…. Assez grand pour nous quatre ! –On ne va pas s’enterrer ? protesta Luna. –C’est notre seule chance ! "Il n’était plus temps de discuter. Ils se jetèrent à genoux et commencèrent à creuser. (…) Ils descendirent dans leur abri, tendirent la toile de tente au-dessus de leur tête pour fermer hermétiquement le trou, fixèrent les lanières de la tente à leurs poignets pour qu’elle ne s’envole pas.
De son côté, Lisa, profitant de ce que les adultes sont partis pêcher, referme solidement la porte, s’enfermant avec les autres enfants dans le baraquement. Lorsque la tempête s’évacue enfin, laissant derrière elle un paysage d’apocalypse, toutes les menaces auront été balayées : la mer, ayant gelé instantanément, a broyé le bateau des esclavagistes. Les deux groupes se ressoudent, celui du continent rejoignant l’île en marchant sur le bras de mer gelé. Les adolescents s’installeront définitivement là, constituant un ultime noyau d’humanité plus solidaire et plus respectueux de la nature :
" Je crois que tu avais raison, Elias dit enfin Luna . Depuis le début. Le garçon hocha la tête. " La Terre a remis les compteurs à zéro, reprit Luna. La Disparition pour les humains, la tempête pour tout ce qu’ils avaient édifié. Plus de maisons, plus de machines, plus d’énergie. Tout à reconstruire. Et surtout plus d’adultes. Ou à peine quelques-uns pour nous aider à redémarrer. "
La " Dernière tempête " clôt la série du " Nouveau monde ". Les personnages y ont gagné en densité et en maturité, vaincu l’horreur et la mort pour survivre dans une plus grande fraternité affective et relationnelle. Un très beau cycle pour adolescents.
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Avant L'apocalypse - Par BenF
Antoine Chabrineau, en ces derniers jours de l’an 2000, est un astronome réputé. Célibataire, il assiste, par l’entremise de son ami Garry, à un symposium à Venise où il fait la rencontre de la détonante Olivia (Livia) qui deviendra non seulement sa compagne ou son ange gardien mais encore l’objet d’un amour fou qui, comme une comète, traverse le roman.
Deux astronomes amateurs ont détecteé, par un coup de chance inouï, au fond du cosmos, une comète de belle taille, un rocher de cinquante kilomètres de diamètre avec une masse de 5000 milliards de tonnes. Baptisée Diaz-Nostro, cette comète fonce vers le système solaire qu’elle mettra deux ans à atteindre. Chabrineau calcule sa trajectoire. Effaré, horrifié, anéanti, il découvre que Diaz-Nostro se trouve sur une trajectoire d’impact avec notre globe qui jamais, vu la taille du bolide, ne se relèvera du choc. La fin du monde, l’apocalypse, telle qu’elle est décrite dans la bible, est certaine :
" Dans le cas de Diaz-Nostro, la réponse correspondrait à l’élévation d’une colonne qui atteindrait entre deux et trois mille kilomètres et dont seule une partie retomberait. Le reste serait injecté en orbite terrestre ; ou alors, échappant définitivement à l’attraction, s’éparpillerait dans l’espace. Un hyper-typhon, de dix à quinze kilomètres d’épaisseur, se lancerait à l’assaut de la Terre, à la vitesse moyenne de mille quatre cents kilomètres par heure. Rien ne résisterait au passage de ce balai cyclopéen. En cas de chute dans un océan, le raz de marée que les Japonais nomment " Tsunami " (…) formerait juste une amplitude – un creux, comme disent les marins – de l’ordre de cinq à six cents mètres et, pour une distance entre deux crêtes, de dix mille mètres. Au-delà, le front de vagues dépasserait deux mille mètres avant de s’abattre sur les installations côtières (…) Deux mille mètres de côtes américaines s’engloutiront dans les flots du Pacifique, de San Fransisco à San Diego ( …)La superficie de la France est divisée par deux. La Hollande est rayée de la carte. Annihilation de toutes les îles du Pacifique sous l’effet conjugué des mécanismes les affectant. Holocauste des populations du Sud-Est asiatique (…) Tous les volcans connus entrent en éruption simultanément… "
Après la vérification de ses calculs par des collègues étrangers, qui tous confirment ses prévisions, il lui faut avertir les plus hautes sphères politiques du pays. Une réunion de crise sous l’autorité du président français s’ouvre. Ce dernier est convaincu du péril par Chabrineau et fait de lui son conseiller international, le pivot et fer de lance d’une lutte " anti-comète ". La seule parade possible consisterait à regrouper les armes atomiques disponibles dans le monde et, par un effort fraternel et conjoint de l’ensemble des pays développés, essayer de détourner la comète de sa trajectoire en lui imprimant un choc, aussi léger soit-il, pour qu’elle passe au loin de la Terre.
Chabrineau, soutenu par Livia, se lance dans la vie politique, avec ses chausses-trappes. Bien qu’il arrive à convaincre les USA de participer à l’entreprise, ses ennemis, surtout religieux, ne désarment pas, et il vivra dorénavant une existence secrète vouée au seul objectif final : mettre en orbite environ quarante-cinq ogives nucléaires pour pouvoir frapper la comète de façon synchrone au-delà de l’orbite de Mars. Tous les pouvoirs lui sont accordés au niveau mondial où, dans chaque pays, s’organise la lutte à travers un groupe de techniciens d’élite, sous la présidence de la France. La masse des humains, quant à elle, continue à vaquer à ses occupations, la comète n’étant ni visible, ni perturbatrice à ce stade de son approche.
Une course contre la montre s’engage pour Chabrineau et le monde, et seuls les rares moments de détente pris en compagnie de Livia, lui permettent de résister à la pression psychologique phénoménale. Insensiblement, se fait jour en lui une autre réalité, celle de son nom (antérieurement "Chabrinot " et non " Chabrineau "), celle de sa date de naissance (le 6/6/1966) et celle d’une secte d’illuminés qui lui parle des quatrains de Nostradamus, du fameux devin de la " Bête ", de la " Dame Blanche " et de " Pierre Romain " , le dernier pape avant l’apocalypse.
Diaz-Nostro-Chabrineau (DNC) est maintenant suffisamment proche. Les fusées partent, placées sur orbite d’attente, selon le programme prévu. Toutes sont correctement alignées sauf la dix-huitième qui fait défaut et qui explose dans la haute atmosphère, balayant d’un nuage de plutonium radioactif l’Afrique de l’Est, le lac Victoria, le Nil et provoquant deux cents millions de morts :
" Les éléments de la charge nucléaire avaient été physiquement désintégrés à cent cinquante kilomètres d’altitude, après plusieurs rebonds imprévus sur les couches denses. Ils s’étaient ensuite répandus sous forme d’aérosols mortellement empoisonnés, de ce niveau jusqu’à la surface. Une région de mille kilomètres sur cinquante voyait s’abattre sur elle une pollution atomique de première grandeur de Kisangani jusqu’au mont Kenya. Le nuage radioactif qui allait noyer cette zone relèguerait celui de Tchernobyl au rang de joyeux souvenir. "
Ce sacrifice est accepté (avec difficulté) , pourvu que la terre puisse être sauvée. Les autres ogives éclatent exactement près de la surface de DNC, la faisant dévier de sa course. C’est l’euphorie dans le monde entier. Chabrineau, acclamé en héros, devient le sauveur de l’humanité. En recalculant la nouvelle trajectoire de la comète il se trouve que même sans le choc des ogives nucléaires, elle se serait bizarrement déviée et serait donc passée bien au-delà de la terre. L’action de l’humanité s’est avérée inutile, pis encore, nuisible, car, à cause de Chabrineau, la comète déstabilisée recoupera l’orbite de la Terre après son passage au périhélie et percutera de façon certaine notre globe.
Chabrineau, culpabilisé et meurtrier du genre humain, ne comprend pas comment une telle monstruosité a pu se commettre à l’encontre de sa propre volonté.
Peu à peu, le puzzle se reconstitue en lui : il est l’Antechrist, soit (Ant)oine (Ch(ab)ri (no)st), le fléau de Dieu, l’instrument de Lucifer, l’envoyé du 666, marqué du chiffre de la Bête. Rendu fou par la révélation, il songe à s’évader de ce monde, à s’enterrer pour de bon, non pour échapper à sa fin mais parce qu’il sait que son maître ne le laissera pas mourir, qu’il restera l’unique représentant de Lucifer sur Terre lorsque l’humanité en aura été balayée. Livia ne peut plus lui être d’aucun secours : elle est morte en couches ainsi que l’enfant qu’elle avait essayé de mettre au monde. Seul, désemparé, profitant des derniers privilèges qui lui restent, Chabrineau s’installera dans la grotte de Lascaux en prétextant y travailler pour une étude. Il y entreposera tout un nécessaire de survie afin de pouvoir traverser le danger.
Finalement, le choc a lieu, énorme, foudroyant le globe. Durant deux ans consécutifs, le monde est balayé par des vents inouïs, de 500 km/h. Le sol est vitrifié, l’axe de la terre a pris une nouvelle inclinaison, la lune même procède d’une orbite nettement elliptique qui la ramène à 50 000 km de la Terre à son point le plus proche :
" J’ai compris avant de la voir apparaître. J’allais redécouvrir la lune, notre vieille compagne qui devait, de là-haut, se demander ce qui avait bien pu arriver aux hommes (…) Elle est entrée dans le champ restreint qui lui était ouvert. Elle ne s’est pas offerte dans sa totalité. Elle ne pouvait plus. Une sphère gigantesque se laissait ainsi deviner. Elle était devenue énorme, démesurée. En une fraction de seconde, j’ai retrouvé de mes yeux des détails qui auraient exigé un télescope, fût-il modeste. J’ai poussé un cri. Je me suis mis à hurler : " Non ! Non ! " Je ne voulais pas que ce soit vrai. D’après ce que, fugacement, elle m’avait laissé voir, son diamètre apparent s’était multiplié par dix à douze. C’est-à-dire qu’en ce point où je venais de la voir, elle ne se trouvait plus à sa distance habituelle de trois cent quatre-vingt-dix mille kilomètres, mais à dix ou douze fois moins loin. "
Lorsque , après deux ans, Chabrineau ressort de son trou dans lequel il a survécu il ne sait trop comment, c’est pour être confronté à une planète étrangère, vide, informe et noire:
" Je suis sorti quelques jours plus tard. A peine un pied posé dans ce qui devait être l’extérieur, c’est le bruit du vent qui m’a le plus surpris. Un sifflement ininterrompu et terrible, plus même, un véritable hululement suraigu et qui vrille les oreilles. Autour de moi, il n’y a rien. Le néant total, mais comme une surface solide. Plus qu’une nuit d’encre, le mot ténèbres ne pouvant décrire ce qui m’entoure. L’atmosphère n’est plus qu’un torrent furieux qui cherche à m’ arracher de ce sol que je ne distingue pas. "
Les seuls habitants se la terre sont d’étranges insectes – des créatures de son maître- grâce auxquels il survit. Ces insectes le choient, le nourrissent et manifestant un soupçon d’intelligence, le prennent pour leur dieu. A cette nouvelle race curieuse et semi-intelligente, Chabrineau, au cours de ses trente années de survie, livre les mythes et les rites d’une terre d’avant la catastrophe en peignant de nouvelles figures pariétales sur les parois de la grotte de Lascaux, qui relatent en détail tous les épisodes de son calvaire.
" Avant l’apocalypse " est un roman sophistiqué qui conjugue les angoisses du millénarisme avec les approches les plus rigoureuses de la science. Le choc cométaire et ses conséquences sont décrits avec un luxe réaliste dans les détails : et si vraiment cela se produisait? est amené à se dire le lecteur. L’intérêt que présente l’histoire d’amour de Chabrineau avec Livia, la tentative d’expliquer la psychologie monstrueuse du héros -ou anti-héros- par l’introduction de l’irrationnel biblique, résistent moins à l’examen critique. Tout en rénovant un thème si ancien, l’auteur signe une belle œuvre, épouvantable et tragique.
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