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Bienvenue dans la Base de Données des livres !

Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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Livres

  1. Type: livre Thème: pollution généralisée Auteur: Rosalie DUBOIS Parution: 1937
    L’interprète fait résonner sous la forme d’une longue plainte,  une supplique pour que vive l’amour dans une époque en décomposition. Les forces négatives sont puissantes, qui veulent abolir la douceur des sentiments. Ce sont les autres (appelés  « Ils » dans la chanson) qui détruisent la végétation:
    « Quand ils feront de notre ville
    Une rose sans jardin
    Un jardin sans hirondelles
    Quand pour mieux tirer leurs canons
    Dans les forêts ils feront
    Couper jusqu’au dernier chêne »
    Au nom de la haine et de la guerre, « Ils » font de la Terre «un immense terrain vague » d’où seront exclus la poésie et la musique. Les atteintes généralisées à l’environnement annoncent d’imminentes catastrophes majeures puisque la sécheresse en certains lieux coïncidera avec la montée des eaux en d’autres :
    « Quand les oiseaux devenus fous
    Chercheront de l’eau partout
    Pour y éteindre leurs ailes
    Et quand Venise comme une femme
    Blessée à mort
    S’écroulera dans sa lagune »
    Le couple d’amants, incarnation de l’amour idéal «pourra-t-il leur pardonner ? »
    Noyée dans la vague du protest-song des années soixante-dix, Rosalie Dubois et Nicole Louvier dénoncent les errements politiques ou technologiques qui font craquer la société occidentale.

  2. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 2 Auteur: Hugues DOURIAUX Parution: 1937
    Vol.01 : Le Monde d’après , Fleuve Noir éd., 1981, coll. "Anticipation " N°1510, 1 vol. broché, in-12 ème , 186 pp. couverture illustrée par Jim Burns. roman  d’expression française
    1ère  parution : 1981
    Ethel et Alice, en compagnie de leur chien Duke, vivent isolées dans un chalet des Vosges. Elles accueillent un rôdeur qu’elles ont du mal à admettre, Ron Devries, un jeune homme baroudeur, sûr de lui. Le temps n’est plus aux tergiversations en ce monde d’après la guerre (atomique), ravagé et meurtri, sillonné par des hordes de soldats pilleurs et brutaux. Ethel, la jeune femme d’une trentaine d’années, et Alice, jeune fille de seize ans, ainsi que deux enfants recueillis, ont assemblé leurs destins en ce lieu retiré.
    Alice hait tous les mâles pour avoir été violée à plusieurs reprises. Elle tente de tuer Ron et même, lorsque amadouée par Ethel,  il se rendra indispensable,  elle conservera à l’égard du jeune homme une attitude ambivalente. Ron, hollandais d’origine, ancien étudiant en musique transformé en solitaire dangereux, achève sans pitié ses ennemis. Duke et lui seront inséparables. Un équilibre s’instaure avec le temps entre ces êtres, temps consacré à la chasse (les animaux pullulent) ou aux menus travaux. Mais la recherche de nourriture élaborée reste leur principale préoccupation.  La rivalité entre les deux femmes pour s’approprier Ron augmente. Devant un désastre sentimental annoncé, Ron décide de quitter le chalet quand des soldats pillards, à la ressemblance des Compagnies du moyen âge, s’abattent sur la région vosgienne. Il  persuade les jeunes femmes d’abandonner la ferme, de prendre la route pour se diriger vers les montagnes du Jura suisse.
    Dans la plaine d’Alsace, la rencontre avec le fermier Berthold et sa famille, en mauvaise posture, est décisive. Les libérant des griffes de soudards, le petit groupe met ses forces en commun, Berthold découvrant un asile sûr pour eux dans la forêt du Ried, des bois et des marécages impénétrables qu’il connaît bien. Ils s’installeront sur les bords du Rhin en une ancienne résidence de chasse abandonnée. Ethel se lie officiellement à Ron. Une échappée cauchemardesque dans les ruines de Strasbourg permettra à Ron de revenir avec deux jeunes adolescents Serge et Bella qui deviendront des auxiliaires précieux.
    Vol.02 : les Errants, Fleuve Noir éd., 1981, coll. "Anticipation " N°1531, 1 vol.broché, in-12 ème , 186pp. couverture illustrée.
    1 ère  parution : 1981
    Ron, avec Ethel et Alice, Bella et Philippe, guidé par le grand-père Berthold, descend des montagnes vosgiennes pour établir sa résidence dans le Ried, région marécageuse et giboyeuse proche du Rhin. L’hiver approche et la chasse est bonne. Le petit groupe s’organise. Ron, perdu entre Ethel et Alice, ne sait plus à quel saint/sein se vouer. Ethel, plus âgée, plus mûre se sacrifiera en laissant la place libre à Alice. Lors d’une sortie survient le drame : « grand-père » Berthold est tué par des voyous, avant-garde d’anciens militaires travaillant pour leur compte. Ron organise la défense mais devant la menace de plus en plus forte, le groupe décide d’abandonner sa retraite. Non sans tristesse puisqu’ Ethel restera en arrière décidée à mourir en vendant chèrement sa vie. Duke, le chien berger, démobilisé à la mort d’Ethel, tentera de rejoindre Ron et son groupe, faisant la connaissance en chemin de Loïc, un jeune Suisse, qui l’adoptera.
    Grâce à Duke, Loïc rejoindra le groupe de Ron et épousera Bella. Le groupe, de plus en plus fort, mieux armé, continue son voyage dans les montagnes suisses. Là encore, ils rencontreront le « Père » Martin, haut en couleurs et fort en gueule, mélomane à ses moments perdus, et trimballant avec lui une chorale de jeunes filles. Ils ne seront pas de trop pour venir à bout de la menace que constituent les canailles militaires qui n’ont pas abandonné la poursuite. Ron cherche un abri sûr où le groupe pourra se reposer. C’est Loïc qui découvrira le paradis, par hasard, dans une vallée glaciaire, complètement enclose par des montagnes, où seule une faille en permet l’accès.
    Cette vallée, déjà habitée par des gens pacifiques, sans armes et ayant horreur de la violence, devra pourtant être défendue, ce que Ron veut leur faire comprendre. Après de nombreux atermoiements, Mauro, le maire, accepte l’idée de confier l’entraînement des citoyens néophytes à Ron, nommé « général » pour l’occasion. Il était plus que temps : leurs ennemis arrivent! Ron fera sauter l’accès à la vallée, instaurant par ce fait une longue ère de paix. Et c’est en une nouvelle Arcadie qu’Alice accouchera sans crainte d’un petit garçon.
    Vol.03 : les Guerriers, Fleuve Noir éd., 1981, coll. "Anticipation " N°1531, 1 vol. broché, in-12 ème , 185 pp. couverture illustrée par Tim White.
    1 ère  parution : 1981
    Ron vit depuis plus de trois ans dans la vallée heureuse avec sa famille. En dépit de l’hostilité de Franz, un villageois qui brigue la place de maire, Ron refuse de s’engager dans la vie politique et suggère plutôt la mise sur pied d‘une expédition. Laissant sa famille en arrière, avec quelques fidèles, il reprend la route du Sud, en direction de l’Adriatique. Vers l’ancienne Venise, un groupe d’hommes dépenaillés et mourant de faim le sollicitent. Travaillant comme esclaves auprès d’un « seigneur de la guerre » puissamment armé ils se sont échappés de leur enfer.
    Parmi eux se trouve Nelly, une jeune infirmière non indifférente au charme de Ron. L’attaque menée contre le groupe par un hélicoptère des poursuivants tourne au désavantage de ceux-ci. L’engin est abattu en flammes et Ron récupère une mitrailleuse intacte. Il décide alors de revenir au village pour prévenir ses amis de la menace.Entre temps, Franz a pris le pouvoir, emprisonné Mauro, tué le père Martin et le chien Duke, violé Alice, qui se suicide, croyant Ron disparu à jamais. Un deuxième hélicoptère, ayant déjà repéré la vallée y sème la mort. Ron, de retour, apprenant les exactions de Franz, règle tous les problèmes. Tel l’ange exterminateur, il met à mort le traître et ses amis, rompant définitivement avec l’humanisme d’avant le cataclysme :
    « Je propose qu’on attaque ceux qui retenaient prisonniers Elio, Nelly et leurs camarades. Il eut un sourire sarcastique. Tous le regardaient avec une stupeur gênée. –Mais… pourquoi attaquer ces gens ? demanda Bella. Ce fut Elio qui répondit : -Parce qu’ils ont beaucoup de chevaux, de vaches, de bœufs. –C’est une bonne raison, non ? persifla Ron. –Alors tu veux que nous devenions aussi des pillards ? demanda Loïc. Ron lui sourit. –Pas des pillards. Des nomades. Les sociétés sédentaires ne pourront plus exister avant des dizaines d’années. Le monde se retrouve à l’époque des barbares. Il faut nous adapter ou disparaître. »
    Méprisant les villageois pacifistes qui n’ont rien fait pour empêcher le malheur de s’installer, Ron repartira avec ses amis, dont Nelly qui s’occupe de Florent, pour s’emparer des biens  du seigneur de la guerre. Un  avion déglingué et un pilote qui y laissera sa vie, cloueront les hélicoptères ennemis au sol. Le raid barbare réussi, c’est avec une bande puissamment armée que Ron continuera sa quête vers le Sud.
    Vol.04 : Les Gladiateurs de Nepher, Fleuve Noir éd., 1981,  coll. " Anticipation " N°1574 1 vol. broché. , in-12 ème , 190 pp. couverture illustrée par Peter Gudynas.
    1 ère  parution : 1981
    Le clan de Ron, attaqué par des engins motorisés subit de lourdes pertes. Des enfants enlevés incitent Ron à poursuivre les esclavagistes. Il repère leurs traces mais subit à son tour la loi d’un fermier à poigne, le Père Langlois, qui l’oblige à travailler pour lui, dans son clan, avec sa famille.S’étant pris d’amitié pour Ron après une longue période probatoire, il lui offre sa fille Nelly… et la liberté. Ron, en compagnie de Nelly, trouve le camp  des pirates enleveurs d’enfants puissamment fortifié et commandé par Regina, une ancienne prostituée. A nouveau capturés, Ron et Nelly aboutiront dans la ville nouvelle de Nepher, près de l’ancienne Lyon, pour participer comme gladiateurs aux plaisirs dégénéré de Paul Ier qui réinvente la barbarie romaine. Des mois de formation lui forgent un corps d’acier et quand arrive le jour officiel de se battre dans les arènes, Ron réinvente le personnage de Spartacus.
    En compagnie de Nelly et de Marco un autre gladiateur, ils prennent la poudre d’escampette en possession d’un arsenal adéquat. Ron, au retour, détruira le camp de Régina. Dans l’action, Nelly et Marco y laisseront leur vie.  Retrouvant son clan confié à Loïc, Ron se sentira rejeté. Trop différent des autres, il n’a plus sa place auprès de Nelly et des autres membres de la famille qui, ayant trouvé un havre de paix,  refuseront le nomadisme. Ron, éternel loup solitaire, continuera seul son périple en une France barbare.
    Vol.05 : la Chasse, Fleuve Noir éd., 1988, coll. "Anticipation " N°1607, 1 vol. broché, in-12 ème , 188 pp. couverture illustrée par Sarah Brown.
    1 ère  parution : 1988
    Venin et Serpent tels sont les noms des deux jeunes filles dont Ron croise la route, dans une forêt, près d’un village appelé Pessart. Toutes deux ont des personnalités extraordinaires. L’une, âgée de vingt ans, l’autre de douze, s’avèrent être des tueuses psychopathes, cruelles, amorales, expertes dans l’art de la décapitation et…cannibales à l’occasion. Cet héritage culturel provient de leur mère, originaire de Pessart, jadis abandonnée avec ses deux filles par son mari. Toutes deux élevées dans le culte de la vengeance et de la mort, elles se montrent sans pitié. Ron, pressentie par Venin comme partageant sa vision du monde, sera  épargné, et la jeune femme, lui faisant l’amour, le laissera repartir sain et sauf.
    Deux jours plus tard, Ron ramène à Pessart un jeune garçon, seul rescapé d’un groupe massacré. Les villageois le soupçonnent d’être impliqué dans ces meurtres. Lequin, l’un des citoyens,  fort en gueule et haineux, lui en veut particulièrement. Ron arrivera à convaincre Francis Lemoine, le maire, de l’innocence du jeune homme. Une battue organisée par les villageois, se terminera en drame. Les quatorze têtes fichées sur des poteaux à l’entrée du village convainquent Ron : les coupables sont Venin et Serpent !  Décidé à aider Lemoine dans sa capture des tueuses, il sera suivi par Lequin, armé de grenades explosives. Venin tuera Lequin,  mais blessée, elle confiera Serpent à Ron qui partira loin de Pessart en emmenant la jeune fille avec lui.
    Vol.06 : Le Loup, Fleuve Noir éd., 1988, coll. "Anticipation " N°1619, 1 vol. broché, in-12 ème , 185 pp.  couverture illustrée.
    1 ère  parution : 1988
    Ron, toujours à la recherche de son fils Florent voyage de conserve avec Serpent une (très) jeune fille, femme-enfant totalement amorale. Serpent est toute entière tournée vers la jouissance et le plaisir des sens, plaisir de tuer, d’écouter de la musique, de découvrir l’amour.
    Après bien des scrupules liés à son âge, Ron devient son amant. A eux deux, ils sont très efficaces et se font remarquer,  puis embaucher par " le Loup ", un homosexuel dangereux, maître en son royaume urbain. Droguant Serpent pour la garder en otage, il envoie Ron à Paris avec pour mission de rapporter le trésor du roi Massada, gouverneur de l’ancienne capitale.
    Pendant son absence, Serpent fait la connaissance de Florent, esclave de plaisir auprès du Loup. Elle en tombe éperdument amoureuse. Ensemble, ils liquident le Loup dont ils tranchent la tête et se mettent en route pour Paris. Entre temps, Ron débarque dans la capitale détruite de la France. Massada, un grand Noir, ancien fonctionnaire,  qui a établi sa domination sur la ville,  n’est pas dupe de l’objectif de Ron. Se prenant d’affection pour lui, il lui montre le fameux trésor dont il est dépositaire, des tableaux anciens et des objets artistiques du Louvre maintenant détruit. L’arrivée de Serpent et de Florent dénouent la crise. Massada laissera partir un Ron effondré par la trahison de Serpent à son égard mais heureux d’avoir retrouvé un fils. Alors que le jeune couple décide de s’installer auprès de Massada, Ron , solitaire et vieilli, reprend la route et sa liberté.
    Un grand roman d’aventures et d’action post-cataclysmique. Là où Julia Verlanger (dans « l’Autoroute sauvage ») insiste sur la description des ruines urbaines, Douriaux préfère une campagne redevenue sauvage, des marais parcourus par le vol des oies sauvages. Le personnage de Ron, sensible et baroudeur, éternel vagabond, grand amateur de femmes, renoue avec ceux des romans picaresques. Le style est fluide et simple et le contrôle du thème constant. Un beau cycle romanesque.

  3. Type: livre Thème: menaces climatiques Auteur: Léon LAMBRY Parution: 1937
    Ceci est l’histoire d’un petit groupe d’hommes qui survit à la catastrophe mondiale. Il y a Robatz, le géologue, Nelly l’infirmière, Miguel le marin, Lardy le peintre, Jemot le banquier. Ces gens ont passé leurs vacances ensemble dans un chalet de Haute-Savoie, qui domine le lac de Genève. Malgré l’insouciance des vacances, les nouvelles sont mauvaises: inondations, raz-de-marée, tremblements de terre, etc. alimentent les articles des journaux. Robatz prévoit une catastrophe de grande envergure. Après s’être séparés quelque temps, ils se retrouvent, sentant confusément que le chalet sera encore leur asile le plus sûr.
    En explorant la région, Robatz découvre une grotte préhistorique non encore visitée. Elle pourra toujours servir d’abri en cas d’urgence. Grâce à la prescience de Nelly, le groupe put gagner à temps le refuge; l’abri fut cependant fortement secoué dans son assise rocheuse, lorsque la Terre inclina légèrement son axe pour une raison inconnue.Le matin venu, le groupe sort de sa léthargie. Il constate que l’ancien monde a disparu. Un déluge quasi-universel s’est abattu sur les côtes : les fleuves n’existent plus, les montagnes ont changé de place, et ils se retrouvent seuls au monde à quelques centaines de mètres d’une mer battant un rivage inconnu.
    Après quelques journées d’hésitation, ils décident de marcher en direction du Sud-Est, soit approximativement vers la Méditerranée, pour aller à la recherche d’autres hommes. Ils traversent des régions inhospitalières, rencontrent un monstre supposé disparu (le serpent de mer), un homme devenu fou, et, finalement, atteignent le  bord de la mer. Stupéfaction ! Celle-ci s’est retirée très loin. Une grotte anciennement sous-marine leur sert de refuge pour la nuit, malgré les homards et autres bestioles pélagiques. Dans l’obscurité, ils voient briller des feux, au loin. Des êtres humains ! L’un d’entre eux viendra à leur rencontre pour les amener devant son chef, Sirven, un homme à poigne, qui a rassemblé quelques centaines d’humains sur le site de l’ancienne ville de Nice, totalement détruite.
    L’ambition de Sirven est de construire un poste émetteur dans le but d’évaluer le nombre d’humains survivants. Peu à peu la société se réorganise et l’on arrive à contacter Rome qui n’a subi que peu de dommages. (C’est logique puisque c’est «la ville éternelle»!). Un bateau viendra chercher nos amis pour que, à Rome, ils puissent collaborer efficacement au redressement du genre humain. Robatz se rappelant sans doute que la France dans sa réalité traversait alors la fatidique année 1938, conclut :
    " Qui oserait affirmer que les grands cataclysmes qui mettent en deuil l’humanité ne sont pour elle une dure, mais utile leçon? Celui qui vient de bouleverser la planète n’est-il pas la preuve la plus éclatante de la toute-puissance du Créateur, de la faiblesse de sa créature, et de la vanité de nos ambitions? Que sont devenus ces républiques, ces royaumes, ces empires dont les guerriers s’efforçaient d’étendre les frontières ? Ne vous semble-t-il pas aujourd’hui qu’ils prirent une peine inutile et firent preuve d’un funeste aveuglement ? A quoi ont servi ces luttes fratricides?
    Le morceau de boue que l’insecte humain appelait son territoire se trouve maintenant confondu avec le territoire voisin. Ses sanglants combats, tous aussi futiles que ceux des fourmis, ne lui ont pas assuré la possession de ce sol auquel il tenait tant! Il a suffi d’un tout petit mouvement de la terre s’inclinant sur son axe, pour que disparussent à jamais les Etats si péniblement édifiés. Fasse le ciel que la terrible leçon qui nous fut infligée porte ses fruits! Sur la terre nouvelle... Il faut que se dressent les hommes nouveaux, unissant leurs efforts pour se rapprocher d’un idéal toujours plus élevé! "
    " Sur la terre qui change " est un roman  qui joue avec les déluges et les tremblements de terre. Ne se démarquant en rien de ses semblables (voir à ce sujet " le Nouveau déluge " de Noëlle Roger), il a néanmoins l’avantage de ne pas moraliser et de mettre l’accent sur le récit détaillé des conséquences de la catastrophe.

  4. Type: livre Thème: menaces technologiques, disette d’éléments Auteur: V. GAMMA (aucune référence) Parution: 1937
    La France du futur jouit d’un statu quo politique, la bourgeoisie au pouvoir s’accommodant à la fois de périodiques révoltes prolétariennes et de la modernité radioélectrique :
    « Mais, s’informeront non sans quelque timidité les psychologues de l’avenir, qu’était devenue dans tout ce hourvari la mentalité française, qu’étaient devenues ces qualités de bon sens, d’équilibre gai, d’intelligence, d’ardeur au bien, cet amour du beau travail qui caractérisaient autrefois les gens de notre pays ? Ces qualités, euh ! eh bien, avouons-le, le rouge au front, elles étaient quelque peu reléguées aux vieilles lunes sinon foncièrement reniées. La France maintenant était un pays sommaire . Quarante millions d’individus avaient un petit poste de T.S.F. à la place de la tête et du cœur et vivaient ainsi. »
    Les postes de T.S.F. qui crachottent leur bruit et  leurs messages débilitants ont trouvé un accueil dans tous les foyers et dans tous les domaines. Le bruit universel, le fléau musical, empêche dorénavant les gens de penser, de lire, de vivre :
    « Chaque restaurant, chaque gargote avait au moins son poste. Vous caressiez votre amie, l’été, au fond d’une tonnelle perdue dans la campagne, lorsque sévissaient, telle la plus imprévue des douches, les redoutables ondes. A 2.000 mètres, au sommet de l’Alpe, vous encaissiez de gré ou de force la boîte à musique. Très loin en mer, les chalutiers déversaient à la ronde les ritournelles infernales. Il y avait belle lurette que des âmes charitables en avaient doté les postes de police, les asiles de nuit, les cellules de prison. Les églises naturellement n’avaient pas été épargnées. »
    La réaction se mit en route en la personne de Léonidas Graphigny qui, excédé du bruit insupportable vécu dans son H.L.M., fédéra autour de lui quelques personnes de bonne volonté et deux  inventeurs dans le but de fonder « la Conspiration du silence. »  Les conspirateurs devront tout à Caprica l’ingénieur, et Trinitrol, l’inventeur de la « boîte à silence » qui contient « la poudre S. », laquelle, une fois enflammée, annihile pour quelques heures toute manifestation sonore des ondes radioélectriques.
    Caprica, de son côté, a découvert deux autres applications intéressantes : la Réversibilité Immédiate des ondes et leur Captation Systématique. La Réversibilité Immédiate permettrait aux mécontents de dire immédiatement son fait à l’émetteur d’un message et le forcer à admettre les conséquences désagréables de celui-ci. Par la « Captation Systématique », les ondes pourraient être « noyées », détournées ou annihilées de manière durable.
    Avec ces prodigieuses découvertes, les conjurés élaborèrent un plan d’action qui consista à détourner les messages envoyés par la T.S.F. Ils truffèrent  les discours politiques de pitreries, les contes pour enfants d’obscénités, les textes littéraires de jurons et les conseils publicitaires de fausses informations.  Au bout de peu de temps, un malaise social se fit jour, qui s’amplifia jusqu’à susciter des litiges que l’on demanda au Tribunal de Lahaye d’arbitrer :
    « On vivait dans un scandale perpétuel et grandissant. Les honnêtes gens ne portaient plus sans les plus vives appréhensions la main sur les boutons de leur poste de T.S.F., s’attendant au pire. Très vite – et on les comprendra - ils préférèrent y renoncer d’eux mêmes et plus d’un résolut la question et mit fin à ses angoisses en défonçant d’un coup de pied définitif la maléfique boîte à musique. (…) En une semaine, les six plus grosses fabriques d’instrument de T.S.F. firent des faillites retentissantes et leurs valeurs boursières tombèrent à rien. D’autres ne tardèrent pas à suivre cet exemple et ce fut un fiasco général. Les boutiques des brocanteurs s’encombrèrent de postes récepteurs – on ne les accepta plus bientôt que pour le bois des caisses à des fins de chauffage – et bientôt même personne n’en voulut plus. »
    L’on employa tous les arguments pour répondre à l’attaque envers les ondes sonores . L’on invoqua le salut de la patrie, le bien de l’humanité, la défense de l’esprit français, la disparition d’un patrimoine artistique. L’on alla même jusqu’à arrêter les présumés coupables sans que l’Etat ne put prouver nettement leur responsabilité dans la dégradation du bruit. En conséquence, les désordres sociaux s’amplifièrent inexorablement, provoquant la diminution de la vente des appareils de T.S.F. ou la mise en chômage de fabricants de postes émetteurs. On alla même jusqu’à piller des magasins de musique. Lorsque le gouvernement voulut réagir, il était trop tard. Ses ordres lancés à la police et à l’armée étaient gauchis, pervertis, détournés, déformés, annihilés. Alors des émeutes spontanées libérèrent les conjurés et les mirent au sommet de l’Etat. Tous les opposants au silence furent déportés dans des régions sans émetteurs, sans bruit, sans musique, dans des « zones de silence ».
    Léonidas Graphigny proclama la naissance de la « Dictature du silence » et entreprit de suite l’élaboration d’une réglementation contre le bruit, dont l’application prendra du temps, tellement profond fut le mal qu’avait provoqué le fléau radioélectrique.
    Une nouvelle sous forme de pamphlet, éditée à compte d’auteur, dans laquelle, tout en dénonçant les excès des médias (bien perceptibles aujourd’hui ), l’auteur prend une posture conservatrice égale à celle de Georges Duhamel dans les « Scènes de la vie future».

  5. Type: livre Thème: guerres futures 1 Auteur: Michel CACAUD Parution: 1937
    Au printemps 19… la ville de Nantes est attaquée par un agresseur inconnu, ce qui donne l’occasion à l’auteur de faire le point de la situation en matière de défense dans le cadre d’une guerre à venir, où l’arrière est plus soumis au pilonnage que le front, sans déclaration de guerre préalable.Saint Nazaire avertit Nantes par le centre du DAT (Défense Aérienne du Territoire) que des vagues aériennes allaient bombarder la ville. Toutes les précautions seront prises par les commissaires Durand, Bozec et le Huadec pour procéder à une mise en place efficace et rapide de parades, à savoir, extinction des feux urbains, allumage de leurres dans le but de simuler une « Nantes fantôme », mise en sécurité de la population dans des abris municipaux, émission de nuages artificiels et enfin activation des batteries de DCA.
    Malgré ces précautions, les bombardements intenses feront des dégâts avec la destruction, notamment, de l’usine «Lefèvre-Utile », la fabrique des fameux petits beurres nantais. L’ennemi ne lésine ni sur l’utilisation des bombes à fragmentation, ni sur les bombes incendiaires, les fameux «Elektron », ni sur les bombes à gaz… et même quelques bombes à action biologique :
    « Allo ! Allo ! ici poste du Secteur-Château des Ducs. Plusieurs bombes sont tombées dans le « Quartier Saint-Pierre », le chevet de la cathédrale s’est écroulé. Deux bombes de rupture sont tombés sur les « Cours » crevant la croûte du tunnel de l’Erdre et causant un nombre incalculable de victimes parmi la foule réfugiée dans cet «abri aménagé ». Des bombes à gaz ont été lancées, également, toute la zone située entre les « Cours », le «Château », « la Préfecture » et la « rue de Strasbourg » est infectée.»
    La vague de bombardement est aussitôt suivie par l’arrivée d’une nuée de parachutistes, spécialement équipés, dont le but est l’occupation des points urbains stratégiques. Le central du DAT est attaqué. Ses occupants, obligés de quitter leur protection de la place de Bouffay, trouveront refuge dans un poste de secours de l’Assistance au Devoir national où l’on soignera la blessure de Bozec. Les attaquants seront cependant rapidement éliminés par la Police Civile qui épaule l’action des gendarmes. Les nouvelles en provenance de Paris sont bonnes : partout l’ennemi a été pourchassé et mis en fuite, les avions de représailles français ont déjà décollé, chargés d’apporter ruines et destructions dans le pays ennemi, une mobilisation générale, fraîche et joyeuse, s’opère avec une redoutable efficacité :
    « Des cris de « Vive la France » s’échappaient de centaines de poitrines, accompagnés de gestes d’adieu à l’adresse de jeunes hommes en uniforme « kaki » empilés, avec leurs armes et bagages, dans d’immenses cars et camions (…) De l’intérieur des automobiles s’échappaient des cris de « On les aura ! » « Ils le paieront cher ». Pendant ce temps évoluaient dans le ciel de superbes avions français, d’un tout dernier modèle. » Hurrah ! la France est sauvé !
    Comme on eût aimé que cette vision utopique fût la vraie lorsque Hitler envoya ses « panzer-divisionen » en 1942. Michel Cacaud poursuivra sa croisade patriotique dans le même ton avec « la Guerre des ailes demain » (voir ce titre)

  6. Type: livre Thème: savants fous et maîtres du monde Auteur: Roger DELVART Parution: 1936
    Des jeunes gens, naufragés du paquebot «Océania», dérivant sur une barque, abordent une île polynésienne inconnue. Se figurant être sauvés, ils déchantent rapidement. L’île est la propriété du prince Fédor Kareine, un scientifique éminent et un anarchiste notoire qui a déclaré la guerre à la guerre, et qui hait les pays européens :
    « Je hais la guerre. Par la guerre j’ai perdu tout ce que j’aimais. Ma femme, mes plus jeunes enfants, massacrés dans leur domaine de Silésie ; mon fils aîné, tombé en défendant la France. Mon frère, enfin, qui habitait l’Angleterre et qui périt sur le même front. ( …) Dès que je serai en mesure de transporter en Europe les bombes dont je poursuis la fabrication, c’est sur toutes les nations en armes que j’exercerai ma vengeance ;
    -Sur la France ! s’écrièrent Raymond et Lucien, indignés. »
    En ce but, il a mis au point un gaz toxique puissant qui, lâché au-dessus d’une grande ville, provoquera la mort des citadins. Cette révélation révolte Dora et Lucien, Raymond et Georges. Kareine leur donne le choix : soit de mourir tout de suite, soit de travailler à la gloire du maître.  Ils s’inclinent, attendant le moment favorable pour passer à l’action.
    Le maître (l’étourdi !) leur assigne des fonctions importantes. Ainsi, Georges s’occupera de l’usine hydroélectrique alimentant en énergie les ateliers, et Lucien deviendra le secrétaire de Kareine. Le moment de passer à l’action enfin venu, George sabote l’usine ce qui détruit les installations du maître et annihile la menace toxique. Nos jeunes héros mettront le cap sur l’Australie dans un navire dont l’équipage est  acquis à leur cause.

  7. Type: livre Thème: la nouvelle glaciation, Adam et Eve revisités Auteur: Jacques SPITZ Parution: 1936
    Dans la société future, le soleil s’étant refroidi, une nouvelle glaciation s’étend. L’humanité, réduite à sa plus simple expression, s’est enterrée pour rechercher un peu de chaleur dans les entrailles de la Terre. Cette société conserve un statut scientifique avancé. Ce n’est qu’aux Tropiques que subsistent à l’air libre certaines villes, comme Tombouctou 2, par exemple.
    Evy de la Condamine, Pat Sendersen, Wasserman sont les héros du récit. Evy, jeune fille révolutionnaire, est la nièce d’un savant réputé qui milite en faveur de la sortie des humains de dessous la terre et de l’évacuation d’un ultime couple de Terriens vers Vénus, le soleil se refroidissant inexorablement et provoquant d’une manière inéluctable la fin de la race humaine . Elle se heurte dans ce projet au maître de la société terrienne, le Président, chargé de maintenir coûte que coûte la société dans la stabilité et l’ordre:
    " Je vous disais que toute la politique du Conseil exécutif dérive de ce principe fondamental, d’une clarté enfantine: régler la courbe d’ascension démographique sur la courbe d’extraction du radium. Les huit cents grammes de radium que vous demandez représentent une chute de 15% de la réserve mondiale. Ce serait donc 15% de l’humanité, soit près de deux cents millions d’individus, qui se trouveraient privés de leur couverture radioactive. "
    Mais le soleil, de l’aveu même du "Directeur du Soleil", savant chargé spécialement de suivre son évolution, est "touché à mort":
    " Le Soleil n’en a plus que pour un ou deux millions d’années. Mais que ce chiffre ne vous rassure pas, monsieur le Président. Avant dix ans nous aurons une baisse de température de 20° au niveau du sol, et nous ne pourrons plus compter que sur une température moyenne de moins de 18° à l’équateur et à l’air libre. C’est à dire que nous serons au-dessous du point de congélation de l’eau de mer, en c’en sera fini de la vie. "
    Il faut donc prendre une décision drastique: celle de s’enterrer plus profondément, d’arrêter tous les projets en cours et de condamner à mort, car les ressources énergétiques deviennent insuffisantes, la majeure partie de la population mondiale.
    L’état d’alerte est déclaré. Le "Club pour l’expansion intégrale" est interdit. A Tombouctou 2,  Pat, amoureux d’Evy, assiste à une réunion subversive en sa compagnie. Le professeur Sandersen, l’oncle de Pat, a trouvé le moyen de lancer une fusée dans l’espace. Le Président, que ce projet contrarie, le fera enfermer comme fou à Sainte-Hélène, devenu un bagne glacé sur une mer gelée. Sandersen s’y retrouve en compagnie de Pat. Les détenus politiques à Sainte-Hélène sont des savants de tout acabit, dangereux pour l’ordre établi. Là-bas, entourés par la banquise glacée, on les laisse poursuivre leurs expériences :
    " Chaque jour, pourtant, le soleil semblait se faire plus froid. L’un après l’autre, les thermomètres sautaient. L’encre des stylos gelait sur les poitrines. La carapace de glace couvrant l’île prenait des consistances d’acier et une étrange lourdeur allât jusqu’à s’emparer de l’air lui-même".
    Malgré ces conditions infernales, Métro-Goldwinn Pasteur, un scientifique, trouve la formule de l’hibernation et la confie à Sandersen pour un usage futur. Durant ce temps, Evy continue d’agiter les foules en faveur du voyage sur Vénus.
    Un autre danger se prépare. En s’enterrant de plus en plus profondément, les êtres humains sont sensibles aux rayons "hyper-cosmiques" qui ont une action néfaste sur leur intelligence: les hommes se crétinisent! Encerclés  de partout par une nature hostile, les derniers hommes se rendent à l’évidence: il faut qu’un couple puisse quitter la Terre condamnée pour perpétuer l’espèce. Ils suivent donc Evy dans sa quête ; La Présidence est renversée, Sandersen et Pat libérés. Devenu dernier Président des Etats-Unis du Monde, Sandersen met son projet à exécution en envoyant Pat et Evy sur Vénus, nouveaux Adam et Eve d’une société future:
    " Tandis qu’il rêvait dans le soir, Evy s’était silencieusement éloignée. Mais, proche ou lointaine, n’emportait-elle pas son image vivante dans son regard? Elle revenait vers lui, il la regardait gravir la pente dans l’auréole de gloire que lui faisaient les derniers rayons du soleil jouant sur sa chevelure. Il l’attendait, allongé sur le sol, le buste soulevé, l’accueillant par avance de toute sa confiance heureuse. A quelques pas de distance, elle tendit vers lui le bras et la main. La main tenait une chose ronde et rouge. Et le regard de Pat ne put se détacher de cette chose...Très loin en lui, par delà une nuit sans limites, il lui semblait que quelque part, ailleurs, il avait déjà vu ce que ses yeux présentement voyaient. Et des mots vinrent d’eux-mêmes à ses lèvres, avant qu’il en retrouvât le sens: -Un fruit d’une espèce disparue, une pomme... "
    "Les Evadés de l’an 4000" brille surtout par un festival d’innovations scientifiques et de théories neuves (à l’époque) dans le champ de la science fiction prouvant que Jacques Spitz a su égaler les meilleurs romanciers américains du genre.

  8. Type: livre Thème: guerres futures 2 Auteur: Henri BARAUDE Parution: 1936
    Surieux, commandant à la retraite, porteur de valeurs nationalistes et patriotiques, juge son pays d’autant plus sévèrement qu’il est lui-même touché par une condamnation inique qui l’oblige à quitter son appartement parisien pour se replier dans le Berry. Que deviendra sa fille Solange ? Comment va-t-elle pouvoir trouver un beau parti en cet exil malheureux ? Le jeune ingénieur Vaudreuil est de ses amis. Honnête mais naïf, il est le bras droit de Darbel, ami d’enfance de Surieux , directeur d’une usine de pièces d’armement top secret.  La fille de Darbel, évaporée et clinquante, a jeté son dévolu sur Vaudreuil, le jugeant apte à remplir ses fantasmes dépensiers. Enfin Darbel, ami intime du député socialiste Bochet, commet une grande erreur. Ayant eu foi dans les proclamations tonitruantes de pacifisme de l’allemand Laumann, sidérurgiste de son état, il l’invite à visiter son usine où se fabrique une nouvelle goupille de fusil révolutionnaire.
    Vaudreuil s’inquiète, soupçonnant Laumann d’espionnage. La visite se fait, à son grand désespoir, et, aussitôt après, Laumann quittera le territoire français pour l’Allemagne. Alice, ayant définitivement renoncé à l’amour de Vaudreuil, jette celui-ci dans les bras de Solange, amoureuse depuis longtemps du jeune homme. Accepté par Surieux, Vaudreuil met son futur beau-père au courant des liens qui unissent Darbel à Laumann. Tous deux apprendront une autre stupéfiante nouvelle : Darbel et Bochet sont les hôtes de Laumann à Stuttgart, qui compte épouser Alice. Hélas ! leur situation là-bas, ira en se dégradant. Convaincu enfin que l’Allemand se livrait à l’espionnage en recopiant les secrets de la goupille française, Darbel apprend avec horreur la suspension du mariage d’avec sa fille et un projet d’invasion de la France :
    « La France a consenti à toutes nos demandes : abandon de l’occupation, suppression des réparations, révision du traité de Versailles. Donc, elle reconnaît l’iniquité de ces conventions. De plus elle a permis l’égalité des armements. C’est clair. Elle reconnaît nos droits à la revanche. Elle compte se mesurer à nouveau avec nous. Elle nous provoque, nous appelle en champs clos. Nous ramassons le gant. Nous sommes prêts. Hitler a fait de nous une nation unie, puissante, invincible. »
    Ils seront consignés dans la propriété de Laumann avant d’être internés dans un camp de concentration. Le déclenchement du conflit, sans préalable, se fait un 14 juillet. L’aviation allemande, qui a transformé sa flotte commerciale en engins de guerre, a pour objectif le bombardement de Paris :
    « Les gaz couraient comme des fantômes invisibles, poursuivaient les fuyards. A une station du métro, une grappe de malheureux, la figure convulsée, les mains au gosier, comme pour arracher le poison demeuraient debout dans la mort, serrés les uns contre les autres, en cascade sur l’escalier. »
    Tandis que les Parisiens, tout à leur fête,  se préparent aux bals tricolores, les bombes explosent sur la capitale, semant la mort et la dévastation, brisant les monuments emblématiques de la France tels que le Louvre ou l’Hôtel de ville :
    « Le Louvre de Louis XIV et le Ministère des Finances brûlaient. D’immenses gerbes de flammes se tordaient avec des millions d’étincelles, crépitant comme une fusillade. Des pompes jetaient sur le brasier des torrents d’eau. Les jets de liquide s’évaporaient en arrivant dans la fournaise, lançaient d’immenses gerbes blanches. Des portions de toits  s’effondraient avec un bruit de tempête, et des colonnes de feu et de fumée montaient dans le ciel. La Seine coulait rouge comme un fleuve de sang. On voyait des lueurs d’incendie dans les lointains de la grande ville. Et la foule exaspérée courait, s’écrasait en hurlant:
    -Représailles ! Représailles ! Morts aux Boches !. »
    La désorganisation française est complète, devant tant d’incurie de la part des politiques de gauche, d’imprécision et de parlottes inutiles, et en face d’une cinquième colonne allemande constituée par les Juifs ( !) :
    « les Juifs chassés d’Allemagne par Hitler foisonnaient à Paris. On les connaissait bien. Les noms s’étalaient sans vergogne sur les devantures, avec même des affiches en langue allemande. Ils faisaient concurrence à nos nationaux, et les Français non seulement ne réagissaient pas, mais achetaient de préférence leurs produits, moins chers. ( …) D’aucuns plaignaient ces malheureux exilés. Les esprits désaxés faisaient de la sensiblerie bête, ne s’imaginaient pas que ces proscrits restaient allemands, sinon de race, du moins de culture, d’idées, de sentiments, de Patrie, devenaient de merveilleux espions. »
    Surieux, emmenant Vaudreuil et Solange, organise son départ pour le Berry, au moment même où les hordes germaniques envahissent le territoire français, débordant des frontières de l’Est :
    « Depuis des années la France manquait d’un homme, un homme pour balayer la tourbe des polichinelles qui la menaient aux abîmes, un homme pour détruire l’abject régime qui l’asservissait honteusement, un homme pour la relever et lui rendre sa place à la tête des nations, un homme pour prendre en mains le gouvernail et la mener au port à travers la tourmente. Et cet homme ne se rencontrait pas. Chacun l’appelait, tout le monde l’espérait, l’attendait. Dès qu’il apparaîtrait le pays tout entier marcherait derrière lui.
    Et cet homme ne se levait pas.
    Et l’on voyait poindre à l’horizon que des jours de deuil, de ruines, de misère, d’incendie et de sang. »
    Un récit écrit en 1936 où s’accumulent les rancoeurs et les craintes en face de l’Allemagne triomphante. L’anticipation de Baraude sera de courte durée puisque quatre ans plus tard la France sera réellement envahie. Par contre, les causes de la guerre sont noyées dans les haines exprimées par l’auteur qui rend responsables de la situation, pêle-mêle, les Alsaciens (espions et traîtres), les socialistes (vendus, lâches et incompétents), les Juifs (à la solde de l’ennemi), et les spoliateurs de tout poil profitant du malheur commun pour s’enrichir. Encore un récit « prophétique » qui augmente une liste déjà longue en ce domaine.

  9. Type: livre Thème: menaces végétales Auteur: David H. KELLER Parution: 1936
    Trois hommes se rencontrent dans un club, poussés par la même inquiétude. Le Dr White, botaniste réputé, a constaté qu’une plante, une sorte de lierre, avait une curieuse tendance  à étirer ses lianes de façon hostile envers l’homme. Il a pu constater à quel point certains manoirs anglais en étaient déjà entièrement recouverts. Milligan, le journaliste - archéologue,  est arrivé à la conclusion que de nombreuses cités disparues avaient justement croulées sous les assauts d’une végétation " intentionnellement " hostile. Enfin, le major Young, maire de Yeastford, commune du Delaware,  est préoccupé par un " Trou sans Fond " dans lequel croît un lierre à taches blanches Cette plante compterait déjà des cadavres à son actif, dont celui d’un chien d’un de ses concitoyens. Décidés à en avoir le coeur net, les trois hommes visitent le trou:
    " Le major pivota pour s’enfuir et tomba, empêtré dans les lianes. Déjà d’autres tentacules s’allongeaient vers lui. White et Milligan se mirent à le tirer, l’ayant pris sous les aisselles, puis sortirent leurs couteaux pour faire sauter les lanières qui le maintenaient prisonnier. Mais on aurait dit que de nouvelles pousses arrivaient sans cesse pour remplacer celles qu’ils venaient de couper. Enfin le Major se trouva libéré et les trois compagnons se mirent à remonter le talus avec toute la vitesse dont ils étaient capables. "
    Persuadés de l’effet nuisible de la  plante vampire, ils s’apprêtent à avertir leurs concitoyens, quand Hiram Jones, le propriétaire du terrain, menace de les faire arrêter illico pour atteinte à la propriété privée. Lorsqu’il aperçoit la plante, il se montre immédiatement désireux, en bon capitaliste, de faire fructifier sa fortune en lançant des boutures de ce lierre à travers le monde. Mais il n’en aura pas le temps : il disparaîtra avalé par la végétation!
    Le lierre part à la conquête de Philadelphie. Empruntant le cours d’eau du Delaware, étirant au maximum ses branches, il donne l’assaut à la ville:
    " Remontant Market Street, Walnut Street, Arch Street et bien d’autres rues sur la rive ouest, le lierre déployait son offensive. C’était une poussée silencieuse, pleine d’intentions meurtrières. L’un après l’autre, les policemen en service périrent, le cou encerclé par les effroyables lanières vivantes, perdant par des centaines de blessures pas plus grosses que des têtes d’épingle le fluide vital et nourricier qui s’en allait grossir le flot des énergies végétales. "
    La ville se défend autant qu’elle peut, jusqu’à faire donner l’aviation et pilonner la plante avec des bombes. Mais il est très difficile de repérer le tronc principal dans ce fouillis végétal. Heureusement, White a pu créer une sorte de poison qu’il parvient à inoculer au lierre - vampire. Les feuilles jaunissent, les lianes se dessèchent. La plante meurt et tout danger est définitivement écarté.
    L’une des premières tentatives, à la façon des pulps, de décrire la guerre que la végétation pourrait mener contre les hommes. Le ton reste naïf, mais tous les ingrédients du motif sont réunis, que développeront avec plus de bonheur littéraire,  Miller ou Wyndham. Une nouvelle difficilement accessible en français, publiée par Régis Messac dans la toute première collection de science-fiction moderne en 1936.

  10. Type: livre Thème: la cité foudroyée, guerres futures 1 Auteur: Major VON HELDERS Parution: 1936
    Peu avant le véritable déclenchement des hostilités de la part des Allemands en 1939, Le Major Von Helders, adepte convaincu de la prééminence de l’aviation dans un conflit futur, envisage un kriegspiel passionnant: l’Angleterre attaque la France à cause de son ingérence  dans les affaires égyptiennes.
    Le général Brackeley, la figure centrale du récit, est le vainqueur désigné car il est le seul à croire à l’invincibilité de la force aérienne des avions de type G, bombardiers géants à la puissance de feu énorme, chargés de porter la terreur au sein du territoire ennemi. Lorsque le ministre anglais lui donne carte blanche,
    " Brackeley resta un moment étourdi. Mais soudain il se ressaisit et il lança un " Hourrah ". A ce cri, son adjoint accourut. Brackeley le saisit par les épaules et le fit tournoyer plusieurs fois sur soi-même. Alors, hors d’haleine il se jeta dans un fauteuil et se mit à rire à gorge déployée. "
    Seul l’écrasement complet de la capitale pourra obliger la France à capituler. La décision est prise de bombarder Paris en trois vagues successives. Les Français, moins bien commandés, moins organisés, n’opposent qu’une résistance sporadique aux vagues d’invasion. Les bombes sont lâchées de 6000 mètres d’altitude avec un effet redoutable:
    " A la station " Opéra " deux trains bondés se trouvaient arrêtés l’un derrière l’autre. Soudain, tout s’ébranla, au milieu d’un éclair jaune. Les maçonneries s’effondraient avec fracas...; pendant une seconde s’établit un silence de mort, et tout à coup, ce fut un concert atroce de gémissements et de hurlements de douleur. Une bombe de 1000 kg était tombée à 50 mètres de l’entrée. Elle avait éclaté sur le ballast et le déplacement d’air seul avait fait des centaines de victimes. La galerie avait cédé: un entonnoir de 50 mètres de diamètre s’ouvrait béant au milieu du boulevard des Capucines. Les façades de trois maisons s’étaient écroulées dans la rue, les appartements, avec leurs meubles exposés à l’air avaient un aspect hallucinant et un piano demeurait lamentablement suspendu dans le vide ".
    La victoire est totale. Tandis qu’une vague de feu parcourt la capitale foudroyée, le deuxième bombardement  parachève l’oeuvre de mort:
    " Les gens s’échappaient des maisons. On n’entendait qu’un cri " Fuyons cet enfer ". La foule avait envahi les places publiques, les jardins des Tuileries, le Champ – de -Mars. Heureusement peu d’habitants étaient atteints par les gaz. Sans doute, fort peu de bombes asphyxiantes avaient été jetées, à moins que l’échauffement de l’air, par suite des incendies, n’eût activé la ventilation et facilité l’évacuation des gaz. Une bombe de 1000kg. avait fauché un des quatre pieds de la Tour Eiffel, et l’immense armature de fer s’était écroulée s’étendant comme un bras à travers la Seine dans la direction du Trocadéro. "
    Dans le chaos français, des mutineries, des insurrections éclatent. Le communisme international, trop heureux de faire son lit de la déconfiture française en profite pour appeler à  l’insurrection:
    " Le gouvernement s’était enfui, en automobile, à Tours où la Chambre des Députés et le Sénat avaient aussitôt été convoqués en séance de nuit. Un tiers de parlementaires seulement y vint. Les élus communistes n’y assistaient évidemment pas, car ils étaient demeurés à Paris pour organiser le désordre. "
    La marine anglaise, inutile devant la victoire totale remportée par l’aviation, a pu se mettre en embuscade en Méditerranée en vue de  couper les liaisons entre la France et l’Afrique du Nord, attendant que l’Italie , alliée des Anglais, entre à son tour dans la danse. Néanmoins, une contre-attaque française se précisera. Le pays martyr, rassemblant les restes épars de son aviation et toute la puissance de feux de ses engins maritimes, réussit à établir une tête de pont dans le sud de l’Angleterre, pour opérer une percée terrestre. Des canons, des tanks, des soldats débarquent et s’enfoncent en territoire ennemi, vers Londres. Les Amiraux et les Généraux des armées de terre, lors d’un Conseil de guerre houleux à Londres,  s’accablent mutuellement de reproches. Brackeley, olympien, décide seul de régler le problème avec ses escadrilles d’avions G.
    Reprenant l’air, il bombarde la tête de pont française, puis, devant un succès rapide et complet, dans la foulée, il s’attaque aux destroyers, porte-avions, croiseurs français, en les envoyant par le fond. Lors d’un dernier survol à basse altitude, à cause d’une météo exécrable, le G300, avion amiral, est abattu. Brackeley meurt en héros et l’état anglais lui assure des funérailles nationales. La France capitule et cède ses colonies
    La précision documentaire des données, l’adjonction de cartes, le suivi heure par heure des hostilités qui s’ouvrent un 6 juillet et se ferment un 12 juillet, tout annonce ici le déclenchement de la vraie guerre, celle que l’Allemagne mènera contre l’Europe à partir de 1939. Le sentiment de vraisemblance est accentué par l’usage de concepts qui triompheront sur les champs de bataille: rapidité de la guerre-éclair, importance fondamentale de l’aviation, notamment des bombardiers (selon la théorie de Goering), pilonnage des villes pour écraser le moral des habitants, prise en otage des masses humaines.
    Le subterfuge de l’auteur qui met l’Angleterre à la place de l’Allemagne est vite éventé. Ce récit mené tambour battant se lit d’une traite et rend palpable l’idée que certaine fiction cataclysmique reste souvent en - deçà de la réalité historique.