Bienvenue dans la Base de Données des livres !
Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
Livres
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Qui ne connaît la bande dessinée de Hergé – sinon il faudrait d’urgence combler cette lacune – mettant un scène l’archétype du savant fou?
Jo et Zette, enlevés en mer par une bande de pirates, se réveillent à l’intérieur d’une base sous-marine où des inventions scientifiques extraordinaires sont à la disposition du «Maître», un gnome contrefait barbu et bossu comme le professeur Tornada dans le roman de Couvreur, «une invasion de macrobes ».
Pillant les navires de ligne en utilisant un gaz soporifique de son invention pour se procurer le financement nécessaire à ses néfastes projets, il a conçu un robot, prototype d’une armée de métal destinée à envahir le monde. Grâce à Jocko, et par les lois du hasard, le robot géant aux gestes fous, fait perdre la raison à son créateur, le transformant pour de bon en « savant vraiment fou », ce qui permet la fuite des deux enfants. S’engouffrant dans un engin d’exploration sous-marin, ils aborderont une île habitée par des cannibales, ce qui promet une suite croustillante dès le deuxième volume de la série.
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Megalopolis - Par BenF
1.Prélude à Mégalopolis
2. Discours du président Directeur Général de l’Europe
3.Arche de Noé
4. Sérénade
5. Radio taxi
6.la Cuisine, le Ménage et l’Amour
7. les tapis roulants
8. Chez nous
9. le P.A.P.E.
10. confession d’un cadre supérieur
11. Mégapocalypse
12. le printemps d’après la fin du monde
«Mégalopolis» est une œuvre musicale ambitieuse s’articulant sur une chorégraphie soignée, qui décrit le passage d’un monde dystopique (le nôtre) à une société utopique à travers un cataclysme technologique lequel, comme dans « Ravage » de Barjavel, provoque la chute de la cité. Le fil conducteur y est assuré par un jeune et sympathique couple et leurs enfants vivants au sein de l’enfer technologique. Ils parviendront à survivre au cataclysme pour se fondre dans le noyau de la société future.
La société dystopique est analysée au plan politique et idéologique, débutant par la conférence du Président Directeur Général des Etats-Unis d’Europe, Maxime Vanderlove , qui promet, à qui veut le croire la « liberté d’entreprendre et l’édification de communications plus étroites » :
« Cette bataille de la circulation sera notre victoire. Le Rhin, le Danube, le Tibre, la Seine et la Tamise, ces merveilleuses voies de circulation naturelles seront recouvertes de béton pour nous permettre d’aller plus vite et plus loin. Nous avons les autoroutes, nous aurons les auto-fleuves ! »
Coupé par des flashs publicitaires, le discours trouvera un écho auprès des militaires engagés dans une guerre impérialiste sous le prétexte de défendre les valeurs occidentales (rappel transparent de l’engagement américain au VietNam), et à qui l’on promet l’impunité pour leurs crimes :
« Soldats !
Avant de quitter le pays
Rasez-moi les fermes et les villages !
Pour cette dernière sortie
Droit de vol, de viol et de pillage !
Groupés autour du drapeau
Vite de l’héroïne aux héros
We’re ready, let’s go ! »
La situation des citoyens connectés, conditionnés, répertoriés, particules de l’immense réseau planétaire leur donne l’illusion d’une liberté consistant à consommer les gadgets d’une société post-industrielle par un travail répétitif et abrutissant :
« Au premier click du Métronome des Métropoles
Les portes claquent
Et les gens quittent leurs alvéoles
Et en avant
Les tapis roulants ! (…)
Remplis ton sac au bric à brac électronique
A des prix choc.
La viande en stock c’est plus pratique
Et en avant
Sur tapis roulants. »
Bien que le jeune couple vive replié sur leurs amis et fasse de la résistance passive, autour d’eux la ronde infernale se poursuit jusqu’à ce qu’un accident mineur, mais analysé dans le détail, déclenche l’apocalypse avec son cortège de malheurs :
« Tout a commencé
le mardi 6 décembre
Il neigeait ce soir-là
des flocons couleur cendre
Sur la ville oxydée
Que traquait le destin… »
Un avion géant en perdition a percuté un noeud électrique privant Mégalopolis d’énergie au sein de l’hiver :
« Carcasses et tripes de ferraille
percutent au cours de leur descente
Un bras de la Centrale quarante
En superélectropagaille
Et l’Europe thermonucléaire
Reçoit partout ce choc sauvage
Et à la vitesse de la lumière
La panne se propage… »
Les conséquences en sont terribles : arrêt des activités, arrêt des transports, désorganisation sociale, famine, manque de chauffage. Le froid et la neige s’abattent sur les hautes tours de béton qui illuminent la nuit :
« 10 millions de passagers
se trouvent prisonniers du métro
Rayons X poumons d’acier
S’arrêtent dans tous les hôpitaux (…)
Et le lendemain
Sous un ciel de Norvège
On a vu la cité
qui flambait sous la neige ! »
La mort, l’agressivité dans le malheur, la peur des épidémies enclenchent les réactions égoïstes. Chacun se calfeutre dans son malheur, la société régresse vers la barbarie :
« La ville est retombée
dans un étrange moyen âge
et les supermarchés
sont les vedettes du pillage
les forces de police
ont employé les grands moyens
la faim systématique
multiplie les assassins (…)
Les morts qui s’amoncellent
Dans les places et dans les rues
Appellent des gourmands
Dont on ne se souvenait plus
Les rats, oui, par milliers,
Les rats remontent à la lumière
Avec la rage aux crocs
Avec la peste en bandoulière… »
A pieds, avec leurs enfants, le couple traverse la ville vers la campagne glacée où se manifeste la guerre de tous contre tous:
« Et voilà les révolvers
qui se gavent de munitions
Je te creuse une boutonnière
Pour deux tranches de jambon
Et voilà les tours d’hier
Qui se dressent en châteaux forts
Les vivants se font la guerre
On ne compte plus les morts,
La guerre a commencé. »
De loin, Mégalopolis, comme un monstre asphyxié, a cessé de vivre. Seules les carcasses tordues des voitures témoignent encore de sa grandeur passée. Ni l’argent, ni les appels politiques, ni les lamentations oiseuses du pape ne parviennent à enrayer le processus de décomposition :
« Je suis malade
je suis malade
je sens les forces m’abandonner
Maître céleste
Il ne me reste
Même plus le temps de me racheter…
Sur les plaies sanglantes de la terre
J’ai souvent pleuré, mais
Par prudence, oui, Mon Père
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Le Royaume Des Fourmis - Par BenF
Le capitaine Guérilleau et l’ingénieur anglais Holroyd sont chargés d’une mission bien ennuyeuse : on leur a signalé la présence de fourmis susceptibles de chasser toute la population d’un village de brousse. Parcourant sur leur canonnière, le Batimo, affluent du Guaramadena au Brésil, ils devront rendre compte du fait et prendre les mesures appropriées. La première rencontre avec les insectes a lieu lorsque qu’une barcasse, chargée de cadavres, s’approche de la canonnière. Les fourmis venimeuses ont colonisé le bateau. Le lieutenant Da Cunha monte à bord :
« Holroyd vit les fourmis battre en retraite devant les bottes de Da Cunha. Le Portugais marcha lentement vers le cadavre tombé, se pencha, hésita, empoigna la veste et retourna l’homme. Un flot noir de fourmis se précipita hors des vêtements.»
Holroyd reprit la lorgnette. Il aperçut autour des pieds de l’intrus les fourmis dispersées et agissant comme il n’avait jamais vu agir des fourmis. Elles n’avaient rien des mouvements aveugles de l’espèce commune ; elles regardaient le lieutenant comme un groupe d’hommes, en se ralliant, pourraient observer un gigantesque monstre qui les a mis en déroute. Elles agissent comme si elles étaient douées d’intelligence :
« Il découvrait qu’un grand nombre de fourmis géantes – elles mesuraient environ deux ou trois pouces de longueur - et qui traînaient des fardeaux aux contours baroques, dont il ne pouvait saisir l’utilité, se déplaçaient par petits élans d’un coin obscur à un autre. Elles ne se formaient pas en colonnes dans les endroits découverts, mais en lignes ouvertes, clairsemées, évoquant curieusement les bonds de l’infanterie moderne progressant sous le feu. »
Da Cunha sera mordu lui aussi et mourra le soir même. Arrivé devant le village déserté par les humains et colonisé par ces fourmis géantes, Guérilleau se rend compte de son impuissance : comment combattre des adversaires aussi minuscules ? Il fit donc ridiculement donner du canon contre eux puis s’en retourna à son port d’attache avec un désagréable pressentiment :
« Jusqu’ici leur action consiste en une progressive et croissante installation, impliquant le meurtre ou la mise en fuite de tout être humain dans les nouvelles zones envahies. Leur nombre augmente rapidement, et Holroyd tout au moins est fermement convaincu que les fourmis enlèveront finalement à l’homme la totalité de l’Amérique équatoriale du Sud. Et pourquoi s’en tiendraient-elles à l’Amérique du Sud ? »
Une nouvelle dont le ton intimiste accentue le sentiment d’horreur. Nous sommes en présence de l’archétype du thème de l’invasion par les insectes ennemis du genre humain, largement exploité au cinéma (« Arachnophobia », « les Insectes de feu », « Them », etc.)
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Nous ne ferons pas l’injure au lecteur de résumer ce roman de Wells devenu un classique de la littérature de science-fiction. Dans le dernier chapitre, l’explorateur du temps, pressé de fuir les Morlocks, s’engage dans un futur incroyablement lointain proche de la fin des temps :
" Je m’arrêtai tout doucement, et, restant assis sur la Machine, je promenai mes regards autour de moi. Le ciel n’était plus bleu. Vers le nord-est, il était d’un noir d’encre, et dans ces ténèbres brillaient vivement et continûment de pâles étoiles.
Au-dessus de moi, le ciel était sans astres et d’un ocre rouge profond ; vers le Sud-Est, il devenait brillant jusqu’à l’écarlate vif où, coupé par l’horizon, était le disque du soleil rouge et immobile. Les rochers autour de moi, étaient d’une âpre couleur rougeâtre, et tout ce que je pus d’abord voir de vestiges de vie fut la végétation d’un vert intense qui recouvrait chaque flanc de rocher du côté du Sud-Est. C’était ce vert opulent qu’ont quelquefois les mousses des forêts ou les lichens dans les caves, et les plantes qui, comme celles-là, croissent dans un perpétuel crépuscule. "
Le soleil rouge énorme, la mer étale, le ciel noir, sont les preuves que le Soleil est en expansion, que la composition de l’atmosphère s’est modifiée et que les marées sont mortes. Mis à part des sortes de lichen, aucun être évolué ne se profile dans le paysage. Encore plus avant dans le temps, s’installent le froid et les ténèbres tandis que le seul indice de vie est une sorte de ballon protoplasmique incompréhensible. Le monde est entré en agonie :
" L’obscurité croissait rapidement. Un vent froid commença à souffler de l’Est par rafales fraîchissantes et le vol de flocons blancs s’épaissit. Du lointain de la mer s’approcha une ride légère et un murmure. Hors ces sons inanimés, le monde était plein de silence. De silence ? Il est bien difficile d’exprimer ce calme qui pesait sur lui.
Tous les bruits de l’humanité, le bêlement des troupeaux, les chants des oiseaux, le bourdonnement des insectes, toute l’agitation qui fait l’arrière-plan de nos vies, tout cela n’existait plus. Comme les ténèbres s’épaississaient, les flocons tourbillonnant et dansant devant mes yeux, devinrent plus abondants et le froid de l’air devint plus intense. A la fin, un par un, les sommets blancs des collines lointaines d’évanouirent dans l’obscurité. La brise se changea en un vent gémissant.
Je vis l’ombre centrale de l’éclipse s’étendre sur moi. En un autre instant, seules les pâles étoiles furent visibles. Tout le reste fut plongé dans la plus grande obscurité. Le ciel devint absolument noir. "
Ce tableau désespérant à la grandeur émouvante est à comparer au traitement de ce même thème par Hodgson dans " la Maison au bord du monde " et surtout à la nouvelle de Campbell Jr. " Crépuscule ".
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Cette courte nouvelle, parue en 1907, condense toutes les craintes de l’humanité à l’approche supposée d’un astre vagabond. Sans fioritures littéraires et dans un style puissant, Wells décrit la survenue de l’étoile , d’abord simple petite tache floue loin du système solaire, jusqu’à la catastrophe finale lorsque le bolide frôle la Terre , bousculant les continents, provoquant raz de marées gigantesques, faisant fondre les glaciers des pôles, produisant des tempêtes de feu et des changements climatiques:
" Mais tout aussitôt les railleries cessèrent. L’étoile croissait. D’heure en heure elle augmentait avec une persistance terrible, un peu plus grande à chaque heure, un peu plus près du zénith de minuit , de plus en plus brillante , et cela jusqu’à la nuit du lendemain.(...) Quand elle apparut au-dessus de l’Amérique, elle avait presque la grosseur de la lune , avec une blancheur aveuglante - et brûlante. Un vent chaud se mit à souffler à mesure que montait l’étoile, et augmentait continuellement de force.
L’étoile , dans sa course , entraîne Neptune dans son orbite , est attirée par Jupiter , transforme la périodicité de la Lune , occulte même l’éclat du soleil :
" Ainsi l’étoile, avec la lune hâve dans son sillage , traversa le Pacifique, traînant derrière elle, comme les pans flottants d’une robe, l’ouragan et la vague énorme , qui s’augmentait en sa marche pénible , écumante et impatiente, et se précipitait sur les îles, les unes après les autres, les nettoyant de toute race humaine . Puis le flot parvint , rapide et terrible , avec un éclat aveuglant et le souffle d’une fournaise , mur d’eau de cinquante pieds de haut , courant avec un rugissement d’affamé , sur les longues côtes de l’Asie , et se précipita à travers les plaines de la Chine. (...) Ce fut ainsi la fin de millions de gens , cette nuit-là - une fuite vers nulle part , les membres alourdis par la chaleur , la respiration haletante et l’air qui manquait , et , derrière , le flot comme un mur rapide et éblouissant . Puis la mort ! "
Après avoir semé la dévastation , elle disparaît au fond du cosmos. L’auteur en conclusion relativise l’événement pour donner la parole à d’éventuels observateurs martiens:
" Considérant la masse et la température du projectile lancé à travers notre système solaire jusqu’au soleil, écrivit l’un d’eux, on est surpris du peu de dommages que la Terre, qu’il a manquée de si près , a supportés. (...) Ce qui montre simplement combien la plus vaste des catastrophes humaines peut paraître peu de choses à une distance de quelques millions de milles. "
La nouvelle de Wells, inspirée elle-même du texte de Flammarion " la Fin du monde " et de la crainte provoquée par la comète de Halley en 1902 qui balaya la terre de sa queue infligeant consternation et suicides dans la population, eut une fortune littéraire inversement proportionnelle à sa longueur. Tous les récits ultérieurs qui mettront en scène l’approche d’un astre à l’encontre de la terre, météorites, comète, planète vagabonde, etc. n’effaceront pas la puissance dramatique de celui-ci avec le regard d’entomologiste de l’auteur posé sur la destinée humaine. Un très grand texte à la base du thème des " menaces cosmiques " dans le roman cataclysmique.
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Trois joyeux compagnons reviennent des Etats-Unis en transatlantique jusqu'au Havre. Fontable, reporter parisien de "la Voix", Jacky, un jeune acteur de cinéma et Jim Horder, ex-matelot de la marine américaine désirent se rendre au plus vite dans la capitale française. Pourtant, le mystère naît et s'épaissit lorsqu'ils n'arrivent ni à téléphoner, les lignes étant toutes coupées, ni à prendre un avion, les départs étant annulés, ni à accéder au train pour les mêmes raisons. En désespoir de cause, ils hèlent un taxi qui les transportera au plus vite jusqu'au siège du journal. Mais une surprise les attend dès leur entrée en ville. Les quatre hommes parcourent rues après rue sans rencontrer âme qui vive, sans croiser d'autres voitures, sans qu'aucune vie urbaine ne se manifeste. Tout Paris semble profondément endormi:
"Après avoir traversé les zones populeuses de la grande banlieue parisienne, plus l'auto qui transportait le journaliste et ses deux compagnons, se rapprochait de Paris, plus elle semblait s'enfoncer dans le désert. Lorsqu'ils eurent franchi les portes de la capitale, les trois amis eurent l'impression de se trouver dans une ville inhabitée, dans une ville morte. Il pouvait être environ midi: il n'y avait pas un passant dans les rues, pas une voiture, pas un chat; toutes les boutiques, tous les cafés étaient fermés, tous les stores baissés, tous les volets poussés... Tout était calme, vide et désolé."
Intrigués, et soupçonnant un événement de taille, même à la rédaction de "la Voix", ils trouvent les collègues de Fontable inertes, hormis Constantin, un vieux garçon de bureau poussé sur la bouteille, qui n'a pu leur expliquer la cause du curieux phénomène. Ils reprennent donc leur périple à travers divers quartiers de la ville jusqu'à apercevoir, dans la rue d'Hauteville, un singulier vieillard, au comportement bizarre, qui, agité et souriant, ausculte certains gisants, leur tapote la poitrine et éclate de rire sporadiquement:
"Glissant le long des murs, il se rapprocha peu à peu de l'homme. Il parvint bientôt à distinguer ses traits: c'était un petit vieillard à barbiche grisonnante, vêtu d'une sorte de redingote, coiffé d'un chapeau noir, et le nez chaussé d'une paire de lorgnons qui tremblaient à chaque pas qu'il faisait. Son costume était élimé, sale, rapiécé, ses souliers étaient éculés, et son pantalon en accordéon. Il portait à la main une paire de gants beurre frais flambants neufs. Il marchait tantôt sur un trottoir, tantôt sur l'autre, et entrait dans chaque maison."
Soudain, une camionnette arrêtée près d'une bijouterie et des hommes qui y chargent diverses caisses font supposer au journaliste d'assister à un vol de grande envergure. Il est aussi témoin de l'enlèvement du vieillard, jeté ligoté au fond de la camionnette. Celle-ci repart, suivie par le taxi, et s'arrête près d'un terrain d'essai à Issy-les-Moulineaux où se trouve un avion prêt à prendre le large. Renvoyant ses amis à Paris pour enquêter sur l'insolite phénomène, Fontable se charge de la surveillance des malandrins.
Dans la capitale, les gens se réveillent brusquement. La police est sur les dents. Elle vient d'enregistrer plus de cinq cents vols commis dans des banques et bijouteries; c'est le casse du siècle! Elle envisage l'hypothèse d'un endormissement généralisée de la capitale par des gaz somnifères. C'est d'ailleurs la thèse qu'avancera notre vieillard, découvert par Fontable dans une maison abandonnée, proche du terrain d'aviation. Toujours aussi agité et au bord de la crise de nerfs, celui-ci lui révèlera être un savant, du nom de Panowski, inventeur d'un narcotique ultra-puissant, qu'il avait mis au point pour éradiquer la guerres en endormant les belligérants sur le champ de bataille;
"Partout, on ne vous parle que de gaz asphyxiants, de rayons qui tuent, ou de bombes microbiennes. La prochaine guerre, Monsieur (...) sera une guerre scientifique: la guerre chimique, la guerre microbienne. Vous imaginez cette chose atroce; grâce à tous les engins, grâce à tous les appareils qu'on est en train de fabriquer, et de mettre au point, tout le monde sera tué avant de s'en apercevoir... la surface de la terre, Monsieur, sera littéralement nettoyée...."
Il était en proie à une exaltation frénétique. Il avait lâché Fontable et, tout en parlant, il marchait de long en large dans la pièce, en poussant des cris gutturaux et en balayant l'espace de ses deux bras".
De retour à son appartement parisien avec le journaliste, le vieillard délirant s'aperçoit qu'on lui a aussi volé sa formule. Mais Fontable soupçonne que Panowski ne lui a pas dit toute la vérité. Le remettant entre les mains de Jacky et allant enquêter du côté de l'Institut, il y apprend que le professeur Panowski y est un parfait inconnu. Par contre, il tombe sur un entrefilet de "la Voix", qui cite un certain professeur Maiserelle comme l'inventeur de "l'électro- narcose". Il se rend au domicile de Maiserelle qu'il trouve ligoté dans son bureau. Celui-ci lui apprend que c'est son procédé qu'ont employé les malandrins, dont Panowski était le complice, dirigés par un certain monsieur "Lechef". N'ayant pu soudoyer le véritable savant, Lechef l'a capturé et a utilisé sa machine pour endormir Paris. Alors que Maiserelle destinait son invention à soulager les malades, Lechef et sa bande y ont vu le moyen de s'approprier les richesses d'autrui.. Quant au vieillard, il a pensé être à l'origine du phénomène d'endormissement, en ayant inventé la formule d'un narcotique imaginaire. Les contorsions ultimes de ce dernier fournissent d'ailleurs à Fontable la preuve irréfutable de la folie dont il est frappé:
"Lorsque Fontable, accompagné cette fois du professeur Maiserelle, retourna rue de la Pompe, la crise de désespoir du "professeur" Panowski était complètement et définitivement passée.(...) Il était retombé dans son absurde rêverie. Il divaguait doucement. Il disait qu'il était le roi, l'empereur, le maître tout-puissant des cinq parties du monde. Il voyait l'univers à ses pieds; l'univers lui offrait des fortunes gigantesques, des milliards et des milliards de francs, de dollars et de livres sterling, pour lui acheter son invention; mais lui, insensible à ce mirifiques propositions, repoussait l'univers d'un geste excédé..."
Ainsi, le mystère s'était éclairci. Panowski fut confié aux mains expertes des neuro-psychiatres. De Lechef et de sa bande de brigands, il n'en fut plus question. Fontable, maintenant célèbre, devint rédacteur en chef de son journal. Et le professeur Maiserelle put reprendre ses travaux en tout quiétude. Quant à ses amis... mais pourquoi, diable, avait-il eu besoin d'amis?...
Un roman pour adolescents qui tient beaucoup de la nouvelle. Un papier épais, une double interligne, des lettres en gros caractères, une intrigue linéaire, un savant fou en prime et une fausse piste, le destinent sans ambiguïté à un public jeune. La seule petite infraction à la morale du roman populaire est que cette fois-ci, le crime a payé: jamais l'on ne retrouvera l'argent du vol! En conclusion, un texte facile, d'un abord agréable, qui devait plaire aux lecteurs de douze ans d'âge.
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Paris En L'an 3000 - Par BenF
La comète de Halley a eu raison de l’indifférence des citoyens de la Terre à son égard. Lors d’une de ses réapparitions, en 1985, sa queue balaie la surface du globe provoquant une catastrophe mondiale et notamment, le détournement du Gulf-Stream:
"New York, Londres, Paris, Pékin, Berlin, le Maroc, la principauté de Saint-Martin, le val d’Andorre et le Japon lui-même s’effacèrent de la carte du monde. Ainsi que jadis Troie, Herculanum, Pompéi, toute la terre habitée en 1985 s’ensevelit sous les couches de cendre de boue ou de glaces.
Je dis de glaces, car la température tomba partout à 55° au-dessous de zéro. Un amas prodigieux de bolides et d’aérolithes, une pluie de scories recouvrit tout. Villes et villages, collines et montagnes, rivières et routes, tout fut ballotté, cahoté, écrabouillé."
Le Pôle Sud devient l’une des seules régions tempérées qui accueille les rares survivants , alors que l’Europe est ensevelie sous de vastes étendues glaciaires.
Mille ans après, en vue de favoriser la vérité historique, l’Académie des Sciences de Pôle-Sud dépêche " l’Obus-32", un navire volant dernier cri, pour explorer ces confins glacés et de redécouvrir Paris.
A son bord prennent place deux distingués Académiciens, messieurs Pudding et Ventrepotte, aussi dissemblables au physique qu’au figuré. L’un se réfère aux (fausses) mémoires historiques de Valtermoche pour situer la ville, l’autre analyse et déduit son emplacement à partir de preuves fossiles et géologiques.
Ils s’arrêtent tout d’abord dans leur voyage au-delà d’un équateur glacé, au-dessus d’une plaine en mettant à jour ce qui apparaît comme une ancienne boîte de foie gras, preuve incontestable qu’ils survolent bien le territoire français.
Les découvertes se multiplient, toujours plus prodigieuses et toujours plus frustrantes : une statue sans bras (c’est la Vénus de Milo), un ancien couloir de métro effondré (c’est la station Rome), le tombeau de l’empereur Napoléon, des morceaux de fer (c’est la Tour Eiffel).
Pudding et Ventrepotte se chamaillent, l’un en faveur de l’hypothèse de l’origine " romaine ", l’autre croyant indéfectiblement à l’origine " parisienne " des trouvailles:
" C’était un spectacle étrange que celui des dix hardis explorateurs, lampe électrique à la main suivant ce tunnel où mille ans auparavant circulèrent des trains de voyageurs.
On marcha pendant dix minutes ; les ferrailles, les fils tordus s’enchevêtraient de plus en plus. Puis un amas informe de débris sans nom: restes de plates-formes et de wagons assurément, car on retrouvait des roues de fer, des plaques blindées, et, spectacle horrible, sous l’amas de terre, de bois pourri, le capitaine Balthazar retira un ossement humain.
Pudding s’écria: -Messieurs, ce sont les débris d’un train... d’un train rempli de voyageurs au moment où se produisit le cataclysme. "
L’ambiguïté sera levée en la personne de Gallichard, un vrai de vrai de Pantruche, qui a décidé en son temps de se faire congeler et de ne se réveiller qu’au bout de cent ans:
" C’était en effet, entre deux rocs, une sorte de boîte, de parallélépipède de glace qu’avait aperçu le lieutenant, et dans la glace transparente, on voyait distinctement les formes d’un corps humain, admirablement conservé. On travailla toute la journée à remonter le bloc, et on décida de remettre l’ouverture au lendemain. L’aurore vit ce spectacle inoubliable, extraordinaire et pourtant véridique: les parois de la glace fondant doucement à la chaleur d’un chalumeau, et débarrassant de son enveloppe réfrigérée le corps d’un homme ayant vécu mille ans auparavant. "
Au grand contentement des savants polsudiens, Gallichard rétablit la vérité historique en traçant un portrait flatteur de l’empereur.
Pressé cependant de faire connaissance avec le doux climat de Pôle-Sud, il s’empare de " l’Obus-32 " en compagnie de Ventrepotte, abandonnant les hardis explorateurs à leur sort, en leur promettant de leur envoyer vite du renfort. Ceci fut fait. Une flottille d’engins volants viendra à leur secours, explorera en profondeur le site et tout le monde rentrera au bercail avec une ample moisson de renseignements sans prix.
Un ouvrage cataclysmique français, tout en ironie et bonne humeur, destiné au public enfantin de l’époque. Henriot y fait courir son admiration envers la personne de Napoléon. Au-delà de l’humour, subsiste l’hypothèse de l’hibernation (déjà utilisée par Boussenard dans "les secrets de M. Synthèse ").
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Le jeune savant et chimiste Julien Préval se livre dans son appartement de Neuilly à des expériences sur l’ozone, gaz miraculeux, désinfectant et régénérateur, incolore et inodore.Ni Félicie, sa cuisinière, ni François son domestique ne répondent à ses appels. Il les trouve immobiles, debout, comme arrêtés en plein mouvement. Que s’est-il passé ? Pour en avoir le cœur net, il sort et se promène dans Paris. Partout se présente le même tableau digne du conte de la Belle au Bois dormant :
« Le monde n’était qu’endormi ! Il regardait ; à droite et à gauche des gens arrêtés, presque tous debout… très peu allongés par terre ; des voitures arrêtées, avec des chevaux immobiles, la jambe en l’air. Quelque chose comme ces photographies instantanées de gens en marche, qui vous représentent cloués d’un pied au sol, l’autre lancé en avant.»
Peut-être une comète, peut-être une trombe asphyxiante a-t-elle eu raison des Parisiens ? Empruntant une bicyclette, il croise un tramway rue de la grande Armée qui vient de heurter une automobile :
« Je renonce à décrire le spectacle, toujours semblable, que Julien rencontrait à chaque pas. Le silence n’était troublé que par des chocs bruyants d’automobiles qui, elles, allaient devant elles et iraient encore tant qu’elles auraient leurs accumulateurs chargés ou leur réservoir plein de pétrole. Sans direction, elles montaient sur les trottoirs, se cognaient aux arbres, entraient dans les vitrines des magasins. »
Au Bois, un amoncellement de cyclistes tombés raide lui rappelle que la rigidité post-mortem survient plus rapidement chez des gens agités, comme les Parisiens. Laissant la bicyclette, car il ne craint plus les voleurs, il se sustente dans une pâtisserie sans payer. Le sentiment d’exaltation et de toute-puissance se transforme lentement en inquiétude : qui éteindra les incendies lorsqu’ils se déclareront ? Qui renouvellera la nourriture ?
Il lui faut absolument trouver un autre homme vivant, bien que l’appel télégraphique à destination de l’Amérique ne donne aucun résultat. Du côté de la gare Saint-Lazare il lui vient l’idée d’emprunter un train malgré l’enchevêtrement ferroviaire :
« l’ingénieur ne vit même pas l’amoncellement de locomotives, de wagons écrasés qui étaient venus, sans direction, se heurter aux murs en passant par-dessus les butoirs. Il avait dû y avoir là d’incommensurables accidents. Les trains qui devaient entrer en gare, sans aiguilles, sans disques, sans signaux, avaient dû arriver pêle-mêle et se téléscoper mutuellement… Julien avait vu un quai de départ, un train prêt à partir…. De la locomotive s’échappaient des flots de fumée noire. »
Il part en direction d’Asnières. Partout, la traversée des gares offre le même aspect désolé de la mort et de l’immobilité. Soudain, vient à sa rencontre un autre train. Le choc le réveille au grand soulagement de Félicie et du docteur qu’elle avait appelé à son chevet. Toute l’aventure n’était donc qu’un cauchemar dû à l’inhalation d’ozone…
Une petite nouvelle sans prétentions et restée inédite qui explore courageusement la thématique du dernier homme : liberté sans limites, richesses inouïes, misère de l’homme seul
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La Breche D'enfer - Par BenF
Sir Archibald Dorchester, physicien atomiste de réputation internationale, travaille à Leipzig dans le laboratoire privé de Hugo von Hamersdorf, un Allemand, chacun en compagnie de son assistante, Colette Desaveines pour le premier et Elsa Rietenbach pour le second. Autant l’Anglais est séduisant, fair-play, noble et désintéressé, autant l’Allemand est retors, fourbe, crochu du nez et tout dévoué à la "cause" du Grand Reich. Il tente par tous les moyens d’arracher à Dorchester son secret, celui du bombardement de " l’éruptite " par les " primordions ", ce qui aboutirait à créer une explosion atomique bien plus puissante que celle d’Hiroshima.
Par tous les moyens, par le chantage, la corruption, ou l’action d’Elsa (une espionne allemande secrètement amoureuse de Dorchester), Hugo s’acharne à obtenir les éléments qui lui permettraient de déclencher une guerre victorieuse en Europe. Dorchester feint de céder à son chantage et de vendre son secret contre de l’argent. Il travaille à " l’intégration " de la matière, soit à transformer le plomb en radium. Grâce à son appareil, " l’intégrateur ", il y parvint, mais incomplètement. Le produit final, nommé "fulgurium" par Dorchester est instable et prêt à se désintégrer spontanément sous l’action de l’énergie solaire, provoquant une explosion des millions de fois plus fortes que ne le ferait l’éruptite. Une expérience, tentée au-dessus d’une chaîne de montagnes autrichiennes avec quelques milligrammes de fulgurium, pulvérise celle-ci en une déflagration titanesque.
Dorchester, avec l’aide d’Edouard Guem son préparateur, effrayé par l’abominable pouvoir du produit, détruit l’intégrateur, confie le fulgurium restant (suffisant pour faire sauter la terre) à Colette, charge pour elle de l’enterrer au fond du jardin de sa villa, en France. Il sera arrêté par les services secrets anglais, accusé de trahison et de complicité avec l’ennemi et jugé coupable d’avoir vendu le secret de l‘éruptite à l’Allemagne. C’est son vieil ami le procureur Harry Clefford qui prononcera la sentence. Dorchester ne se défend pas car son honneur lui dicte de ne pas révéler l’existence du fulgurium, même aux Anglais. Il est condamné et conduit en prison au grand désespoir de ses amis.
Les années passent. Hausherr a accédé au pouvoir suprême et, comme Premier ministre du Reich, il prépare en secret l’invasion de l’Europe , sûr d’être victorieux, grâce à ses bombes à éruptite. Les Anglais, alertés, tentent en vain d’arracher la vérité à Dorchester en la personne de Harry qui se doute que son ancien camarade de classe cache un terrible secret. Petit à petit, et devant l’imminence d’une attaque allemande, Dorchester cède. Libéré officiellement (officieusement il est mort en prison), il se présente sous un faux nom à la villa de Colette. Celle-ci, hésitante d’abord, mais inondée de bonheur –elle est secrètement amoureuse de son maître à penser - poursuivra avec lui de nouvelles recherches sur " l’intégrateur ".
Comment faire reculer le danger que représente l’Allemagne de Hausherr ? Dorchester ne peut toujours pas se résoudre à transformer ce pays en un désert de pierres vitrifiées avec le risque de déclencher une réaction en chaîne totale. Ce fut Colette qui lui suggère de convaincre Hausherr de l’effroyable pouvoir du fulgurium en lui envoyant un minuscule échantillon pour analyse.
Le savant allemand ne pourra que se soumettre en constatant que ses bombes à l’éruptite ressembleraient à des pétards de feu d’artifice à côté du fulgurium. Les conditions de l’expérience sont précises : elles devront se dérouler à l’abri de la lumière. Hausherr en compagnie d’Elsa n’en fait qu’à sa tête et son obstination le perdra : une formidable explosion souffle la ville de Leipzig, ravage en un tremblement de terre dévastateur de nombreuses villes allemandes, creuse un cratère de plusieurs kilomètres dans le sol : c’est la " Brèche d’Enfer " :
" La Grande Epouvante " se leva à Dresde, à Chemnitz, à Weimar, à Dassau, à Magdebourg, à Berlin, à l’heure même où Leipzig périssait avec toute la contrée à l’entour, non point pulvérisée, non point réduite en cendres, ni même proprement anéantie, mais strictement dématérialisée, en surface à trente kilomètres à la ronde : en profondeur à quatre kilomètres. A Berlin se fit entendre un grondement qui semblait monter des entrailles de la terre et s’amplifia en quelques secondes, comme si la foudre tombait en cent points à la fois. Puis le sol trembla, de profondes crevasses s’ouvrirent. Postdam, Charlottenburg disparurent tout entières dans un remous sans nom. Dans la banlieue méridionale de l’immense ville, trois mille maisons s’abîmèrent en un clin d’œil, dans les flammes et dans le chaos.
L’énorme vague souterraine déferla vers le nord, bousculant tout, inclinant, comme des roseaux sous la brise, des édifices de trente étages, lézardant tous les murs, mettant à bas les maisons de construction légère, écroulant les tours et les clochers dans un inénarrable tumulte ; le fleuve, jeté en ondes écumantes hors de son lit, inonda les quais et les rues avoisinantes. Il y eut, dans l’espace de quelques secondes, des milliers de tonnes de pierres, de briques, de fer tordus, abattus sur la ville, écrasant sous les décombres les passants par milliers. "
Dorchester, réhabilité officiellement, épouse Colette et, malgré les pressions des autorités militaires anglaises, s’empare du restant de fulgurium qu’il scelle dans du béton et de l’acier et le coule au large d’une des fosses marines du Pacifique, afin que jamais plus un produit aussi effroyable ne puisse mettre en danger la paix du globe.
Proumen, en physicien expérimenté, dénonce, encore sous le choc de Hiroshima, la menace nucléaire. Son récit, à travers une intrigue traditionnelle largement empruntée au roman-feuilleton (les personnages sont plutôt des " types "), insiste sur une notion neuve à l’époque, celle de la dissuasion atomique ou équilibre de la terreur.
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Ciel De Cuivre - Par BenF
Le " Directeur des Forces " Hartman-Weiler a de quoi être satisfait. La Terre est unie dans le village planétaire cher à Mac Luhan selon la pensée unique et par une seule énergie appelée " les Forces ". Un Directoire de cinq représentants des cinq continents avec à leur tête Hartman-Weiler, a pour tâche de veiller à la pérennité du monde. Tout semble aller pour le mieux mais des relents de "Métropolis " traînent dans l’ouvrage. Il y a la population d’En-Haut, ceux qui contrôlent les Forces et qui gouvernent, et la population d’En-Bas, les travailleurs et camarades prolétaires. Enfin, entre les deux classes ... le scoutisme!
Marianna, la propre fille du Directeur mondial est une cheftaine scoute (toujours prête!), entièrement dévouée à travailler pour l’amour du prochain, de Dieu, et pour celui de Chef Dominique Loup, le scoutmestre qui règne sur l’île de Ceylan, la seule qui soit restée isolée des Forces :
"Tous ceux que lassait l’immense bourdonnement de la ruche humaine, tous ceux à qui pesait le lourd écrasement des Règles et des Lois, ceux qu’inquiétaient la Science prodigieuse, et les vols étonnants, et les extraordinaires vitesses, ceux qu’un sursaut dégageait des Obligations de Séjour, les rêveurs, les bâtisseurs d’Idéal, ceux pour qui la beauté dépassait toute fortune, songèrent à l’Ile heureuse et naviguèrent vers ses grèves... "
Hartman-Weiler n’aime pas l’option prise par Marianna. Bientôt d’autres soucis le submergent. Régulièrement depuis quelque temps, à 19h 35 minutes, les Forces disparaissent, déclenchant une crise énergétique de première importance: les avions tombent et les usines s’arrêtent de fonctionner. Des troubles sociaux, fomentés par quelques meneurs, éclatent à cette occasion. Marianna tente en vain d’apporter la bonne parole à ceux d’En-Bas:
" N’en étaient-elles pas preuve les exactions commises par ces hordes, montées des Fonds, qui, franchissant sur un conglomérat de victimes les zones d’action des Rayons Paralysants, étaient parvenue dans les Hauts, avaient pris d’assaut les Centres Publics, puis, transformant en esclaves antiques leurs occupants, attendaient, en une barbare débauche, l’anéantissement final du Globe? "
En dépit de sa puissance mentale supérieure, Hartman- Weiler n’arrive pas à comprendre où se dilue l’énergie des Forces. Une des conséquences de cette déperdition est la formation au-dessus des continents d’un "ciel de cuivre " qui éclate en orages titanesques. Marianna, avec l’aide de ses amis scouts, dans son petit avion et au péril de sa vie, rejoint Chef Dominique Loup à Ceylan pour lui faire part - puisque l’île est isolée du reste du monde - du danger encouru par la terre:
" -Qu’est ce que vous dites? Elle expliqua: -Depuis huit jours, tous les soirs, les Forces s’évadent. Personne ne sait comment le phénomène se produit. Brusquement, elles ne sont plus là, et cependant la Centrale tourne à pleine puissance...
Il répéta sans comprendre encore: -Qu’est ce que vous dites?...
Elle continuait, vite, comme cherchant à tout révéler avant son épuisement complet: Alors, tout se détruit petit à petit..., des révoltes sont nées dans les Zones Inférieures. Chef Pierre y a emmené le Groupe pour continuer la mission de dévouement dont vous nous aviez chargés. Mais ce sont des foules immenses, exaspérées... Cela peut devenir terrible... Il m’a dit de tout vous raconter... Il demande de l’aide... Il vous alerte pour les autres scouts de la Terre... Blanche dans la nuit claire, accoudée au rebord de la machine de ses deux bras en croix, elle semblait une martyre offerte au sauvetage du Monde. "
Or, par une merveilleuse coïncidence, chef Dominique Loup dont la passion est l’astronomie, a remarqué une activité électrique suspecte sur Io, l’un des satellites de Jupiter. L’évidence s’impose à lui: l’énergie terrestre est captée par des Ioniens -dont on ne saura strictement rien par ailleurs - qui plongent la terre dans le chaos. Il charge notre cheftaine intrépide d’aller rapporter cette précieuse information à son dictateur de père, fût-ce au péril de sa vie et pour la gloire de Dieu. Marianna, toujours prête, repart vers l’Europe dans son petit avion. Lors d’un énième bouleversement atmosphérique, elle s’abîme en mer, non sans avoir communiqué par radio l’effarante nouvelle à Hartman-Weiler:
" -Allo! H24 P, Avez-vous entendu Centrale? Réponse: Directeur au Directoire nations siégeant permanence cause évévements. Doit-on prévenir? Elle eut, dans sa solitude, un sursaut de joie: la liaison s’établissait. -Z4D de H24P: Oui, toutes affaires cessantes... Urgence extrême. Désirerais relations directes. -Allo! Centrale Forces? Ici z4D.Appelez Directeur immédiatement. Cherchez réception directe H24P... Marianna Hartman-Weiler... "
Le papa dictateur fait fonctionner son génie : pour organiser la riposte il est impératif, au préalable, de faire taire les ambitions prolétariennes. Ensuite, il suffit de submerger les Ioniens d’un afflux énergétique si massif que, n’arrivant à l’absorber en sa totalité, ils se fassent sauter. Dont acte. Le péril écarté, la fin du monde remise à demain, la révolution avortée, Hartman-Weiler se résoudra à mourir paisiblement (cette histoire nous étant racontée en flash-back par un Dictateur sur son lit de mort) dans la paix de Dieu retrouvée grâce au sacrifice héroïque de sa fille.
Un roman mal écrit, mal composé avec des intrigues parallèles qui courent sans jamais se rejoindre, au message réactionnaire. Il est une insulte à la littérature romanesque, dessert à la fois la cause de la science-fiction et celle du scoutisme. Puissent les mânes de Henri Suquet rester dans les limbes littéraires dans lesquelles elles baignent jusqu’à aujourd’hui!
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