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Bienvenue dans la Base de Données des livres !

Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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Livres

  1. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: C.F. RAMUZ Parution: 1939
    Le bourg de Saint-Martin-du-Haut, encaissé dans une haute vallée des Alpes suisses, connaît un événement singulier au sortir de l’hiver : le soleil est en passe de disparaître. C’est du moins ce que disent Follonier et Denis Revaz qui a fait soigner son genou chez le vieil érudit Anzévui, le sage de la petite communauté, lequel prétend, après avoir lu  la bible et opéré les calculs astrologiques nécessaires, que le soleil disparaîtra pour de bon, très bientôt, et qu’il est temps pour chacun de se préparer. Lui-même, au moment ultime, mourra :
    " Tu as pourtant refait les calculs, tu es arrivé au même résultat que moi…Et bien, je vais te dire, parce que tu n’as pas compris. Eh bien, dans le livre, il y a une guerre ; - il y a justement une guerre à présent. Et il y a  aussi une guerre dans la région du soleil. 1896 et 41 ça fait le compte. Il est dit que le ciel s’obscurcira de plus en plus, et, un jour, le soleil ne sera plus revu par nous, non plus seulement pour six mois, mais pour toujours (…)
    " C’est pas ça, disait Revaz.
    -Et qu’il y ait eu des filles qui avaient des inquiétudes à leurs fins de mois…
    -C’est pas ça ?.
    -C’est quoi ?
    -C’est le soleil.
    -Le soleil ?
    -Oui
    -Et qu’est ce qu’il va lui arriver , au soleil ?
    -Du pas tant bon, dit Revaz "
    Chaque habitant vivra cette révélation en fonction de sa psychologie. Les uns (surtout les jeunes) traitent ceci de faribole et Anvézui de menteur :
    -Alors ce soleil ?
    -Eh bien, je ne sais pas, moi ; je ne suis pas un savant comme Anzévui ; j’ai pas lu ses livres…
    -On te demande seulement de nous dire comment ça se passera, le soleil qui n’éclaire plus. Pourquoi est-ce qu’il n’éclaire plus ?
    -Je sais pas, il y a extinction, ou bien c’est nous qu’on cesse de tourner…
    -Oh ! justement, disait Follonnier, c’est qu’on tourne et on ne peut pas cesser de tourner . Comment veux-tu qu’on cesse de tourner ?
    -Je sais pas.
    -On tourne même doublement, parce qu’on tourne autour du soleil et ensuite autour de nous-mêmes, et ça fait la nuit et le jour. Pour qu’il n’y ait plus que la nuit, il faudrait qu’on soit comme la lune.
    -Justement…
    -Ou bien que le soleil éclate en morceaux ; comment est-ce qu’il peut éclater en morceaux ? Il faudrait qu’il rencontre une comète…
    -Justement.
    -Mais il n’y a point de comète… Ou bien qu’il se refroidisse tout à coup et qu’il devienne noir comme quand on pisse sur le feu… "
    Les autres, à l’exemple de la vieille Brigitte qui allume une chandelle par semaine écoulée, entreprennent de constituer des réserves de bois.  Follonier, le rusé et avisé paysan, envisage le temps qui reste pour réussir des affaires, notamment celle de racheter le terrain d’Arlettaz qui a impérieusement besoin d’argent pour pouvoir rechercher sa fille enfuie et alimenter son alcoolisme. Vivant dans une crasse inimaginable, il déboursera sans compter l’argent du terrain, payant à boire à qui le souhaite.
    Le jeune Métrailler désire en avoir le cœur net. Armé de son fusil et dans la nuit noire, il grimpe au sommet du grand Dessus pour vérifier si effectivement le soleil a disparu :
    " Il n’y avait plus de ciel ; il y avait seulement un brouillard jaunâtre qui était tendu d’une pente à l’autre, comme une vieille serpillière, un peu au-dessus du village, et les montagnes sont derrière, ou bien est-ce qu’elles n’existent plus, les pointues, les carrées, les rondes, celles qui sont comme des tours, celles qui sont comme des cornes, celles qui sont toutes en rochers, celles qui sont toutes en glace  qui brillaient toutes ensemble autrefois sous le ciel bleu. "
    Mais un faux pas, une entorse, réduit son projet à néant. Ses camarades de Saint-Martin-du-Haut, à l’instigation de Métrailler père, se chargent de le ramener. Le bistrot de Sidonie se transforme en centre opérationnel. Dans l’atmosphère enfumée se commentent les événements ; les jeunes qu’Anzévui met mal à l’aise projettent de lui jouer un bon tour : ils espèrent lui faire peur en se déguisant en femmes.  Entre-temps,le père Métrailler tombe dans le coma. Effrayé de le voir ainsi, Métrailler fils cherche Anzévui qui seul est capable de libérer l’agonisant d’une vie devenue inutile. Quant au père Revaz, il pense à mettre ses affaires en ordre avant le grand départ de la fin du monde et transmet son héritage à ses enfants. Soudain, Brigitte se rend compte que la chandelle restée habituellement allumée sur le rebord de la fenêtre de la maison d’Anzévui, n’éclaire plus : le vieux sage est trouvé mort dans son fauteuil. Pour la communauté, c’est une catastrophe car à partir de maintenant, le soleil ne reviendra plus ! Seule Isabelle, la femme de Revaz, espère secouer l’espèce d’engourdissement qui pétrifie la volonté de ses concitoyens:

  2. Type: livre Thème: guerres futures 2 Auteur: POSTERITAS Parution: 1939
    Le « Siège de Londres » relate la fin de la domination anglaise sur le monde et le désastre militaire que subit l’Angleterre à cause de l’incurie de ses gouvernants. Le parti conservateur au pouvoir fit place aux Libéraux, menés par le tonitruant Gladstone. Ces derniers, avec l’accord de tous, démagogues et tièdes à la fois, firent leur possible pour diminuer l’influence de l’Angleterre dans le monde sans jamais tenir compte d’aucun des signes annonciateurs du désastre. Ils dégarnirent les place fortes militaires en Inde. Ils signèrent des accords de bonne entente avec les Boers d’Afrique du Sud, qui ne les respectèrent jamais. En Afghanistan, ils comptèrent sur l’amitié indéfectible des Russes qui ne pensèrent qu’à les trahir. Les Irlandais, toujours opposés aux Anglais, obtinrent de plus en plus de voix au Parlement. Enfin, en Egypte, ils abandonnèrent leurs alliés à la vindicte des Arabes du Soudan qui,  de pillages en pillages, menacèrent gravement le pays. Ce faisant, les politiciens anglais mécontentèrent, et  leurs citoyens, confondus par cette politique extérieure catastrophique, et les Français, de plus en plus agacés par leur morgue :
    « En effet, un parti considérable en France criait qu’il fallait une guerre avec l’Angleterre, et il était évident qu’une telle guerre aurait été très populaire du côté du détroit français. La France jetait des regards d’envie vers l’Egypte, et ne se lassait pas déclamer contre la « perfide Albion », qui l’avait exclue des rives du Nil. Les journaux français, favorables à une rupture entre les deux pays, s’attachaient à démontrer la faiblesse de la marine anglaise à cette époque, et la réduction actuelle de l’ancienne armée britannique au-dessous de sa force normale. »
    Lorsque les Conservateurs arrivèrent à nouveau au pouvoir, le mal était fait. L’Angleterre, affaiblie politiquement et isolée, devint une proie facile pour la France qui noua des alliances objectives avec les autres nations européennes désireuses de se partager le gâteau.Les efforts militaires entrepris par le nouveau gouvernement dans ses colonies ne furent pas suffisamment dissuasifs, malgré la grande bataille du Transvaal que gagnèrent les Anglais. Alors que les Français préparent une flotte d’invasion à Cherbourg et Calais, les Russes avancent en Afghanistan. L’Espagne, irritée par la situation de Gibraltar s’unit à la France. Les Irlandais bougent de plus en plus.Malgré tout, la déclaration de guerre de la France à l’Angleterre ne désarçonne pas le gouvernement anglais, toujours persuadé de l’excellence de sa force maritime, d’autant plus que l’invasion tarde à se produire :
    «L’activité dans les ports, tout autour de la Grande-Bretagne, devenait étonnante. Le bruit des marteaux et des rivets était incessant. Portsmouth et Sheerness étaient une scène de tumulte et d’animation farouche. Dans toutes les stations les préparatifs recevaient une impulsion extraordinaire. A Woolwich des milliers d’ouvriers supplémentaires étaient engagés et les garnisons des côtes étaient renforcées. On rappelait les réserves navales : on augmentait la petite escadre du détroit de façon à former une flotte formidable, et une flottille de puissantes torpilles se trouvait prête en un temps incroyablement court. De plus, cinquante steamers magnifiques appartenant à des compagnies privées étaient remis entre les mains de milliers d’ouvriers pour être convertis en vaisseaux de guerre. »
    Aussi fut-ce un coup de tonnerre dans un ciel bleu lorsque les citoyens anglais apprirent conjointement la nouvelle de la bataille de Bristol et le bombardement de Douvres par deux canonnières. L’insurrection de la population irlandaise du Sud et enfin le débarquement d’un corps expéditionnaire de dix mille Français, une tête de pont,  dans le comté de Sutherland au nord de l’Ecosse, provoqua une énorme panique dans les villes anglaises où l’on décréta, sans plus attendre, la mobilisation générale. Le gouvernement Gladstone, revenu au pouvoir, fut renversé ; des émeutes populaires mirent la ville de Londres à sac :
    « La résidence officielle du premier ministre fut attaquée et réduite en ruines. Plusieurs membres du cabinet furent maltraités, et les gardes à cheval avec un grand nombre d volontaires chargèrent le peuple, réussissant à le repousser, non sans verser beaucoup de sang. La scène était horrible, et Londres n’avait jamais rien  vu de semblable. Les rues étaient partout teintes du sang d’hommes et de femmes massacrés. Bien des maisons dans le voisinage furent complètement détruites, et il n’y en avait pas une qui ne portât les traces de la grêle de balles dont la malheureuse populace avait été assaillie.
    A nouveau le haut commandement militaire s’était trompé: il avait laissé le nord du pays quasiment sans protection, ce qui permit aux Français, dès qu’une puissante force conquérante eût quitté Brest pour Douvres, de marcher sur Londres, afin de prendre la capitale anglaise en tenaille.La tête de pont écossaise constamment réapprovisionnée par des vaisseaux français légers et rapides, progressa rapidement jusqu’à la grande bataille de Plymouth, qui se déroula de nuit, à l’aide des lampes électriques. A Douvres, l’explosion des magasins de munitions provoquée par un Irlandais traître à la cause anglaise,  signa la défaite du Sud et fut la cause de la grande Terreur. En face du péril, les Anglais s’unirent comme jamais. Les Montagnards écossais du Nord ainsi que les citadins anglais du Sud s’apprêtèrent à combattre et à périr.Le massacre de la terrible bataille d’Assynt fut comme un avant-goût de celle d’Edimbourg. A Inverness, les Français s’emparèrent du fort Georges, qui devint citadelle d’appui pour leurs troupes. Les Montagnards écossais, retranchés dans la ville, livrèrent une défense farouche qui ne résista pas à la ruée des zouaves. Les Ecossais, voyant que tout était perdu, pratiquèrent la politique de la terre brûlée, livrant leur capitale aux flammes, la réduisant à un champ de ruines :
    « L’infanterie et l’artillerie de l’armée d’invasion se rendirent à la ville où elles entrèrent au Grass Market, et dans les rues autour de cet espace vacant, afin que le château fut menacé de là. Les sapeurs français en minèrent la grande porte, qui, par son explosion, redit l’entrée facile : mais, pour y arriver, il fallut passer devant des maisons d’où l’on jetait de grosses pierres et des pots de pétrole enflammé. Des femmes en sortirent, armées de couteaux et de haches, pour assaillir l’ennemi qui avait tué leurs pères ou leurs maris, leurs frères ou leurs fils. Les Français, tués et blessés, formaient ainsi dans les rues étroites des espèces de barricades. La boucherie était féroce, et il paraissait douteux que le château pût être pris au milieu de cet ouragan de feu et de mort. Bientôt, pourtant, les Français, par un élan presque frénétique, sautant sur les tas de cadavres, entrèrent dans le château et passèrent ses défenseurs au fil de l’épée quand ils eurent refusé de se rendre. »
    L’opposition politique anglaise se fit de plus en plus violente au fur et à mesure que les Français approchaient de la capitale. A Carlisle les deux armées françaises firent leur jonction. Les envahisseurs redoublèrent de vitesse, à marche forcée, car il importait que les faubourgs londoniens soient pris avant qu’il ne s’y amasse une trop grande concentration de troupes ennemies. A Derby, les Français tombent dans un piège, en conséquence la ville fut passée au fil de l’épée. L’armée du Nord souffrira beaucoup de cette résistance acharnée, désespérée. Elle établit enfin son camp à Hampstead, s’emparant de toutes les lignes de chemin de fer, vitales pour les Anglais.
    Pendant ce temps, à Londres, autour de la Tamise, s’était constituée une armée de cent vingt bataillons anglais, les Français bloquant l’embouchure du fleuve. L’attaque de Dulwich et de Hammersmith dura quinze jours durant lesquels les positions respectives des belligérants demeurèrent inchangées. L’on abattit les maisons de Chelsea pour faire place nette aux batteries, afin de casser un siège qui durait déjà plus de deux mois. La tour de Londres fut bombardée, et s’écroula. La bataille décisive eut lieu dans Green Park et Hyde Park, que les Français pilonnent sans relâche. Un brouillard intense aida un moment les Anglais qui manoeuvrèrent pour attirer les Français, méconnaissant le terrain, dans la « Serpentine », un petit lac, pour qu’ils s’y noient. Mais ce moment de gloire fut suivi par un ouragan de boulets, et par les charges sauvages des Dragons français. Cette contre attaque, qui dura six heures, brisa définitivement le moral des Anglais. Balayés par les zouaves, combattant à un contre dix, ils capitulèrent sans conditions.Les Français sont possesseurs d’un Londres transformé en monceaux de ruines. L’Angleterre, vaincue, cessa d’exister. L’Empire des Indes passa à la Russie, le protectorat égyptien, ainsi que Chypre, à la France, Gibraltar à l’Espagne. Les indemnités de guerre s’élevèrent à plus de trois cent cinquante millions de livres et la marine anglaise fut définitivement mise hors service. L’Irlande devint indépendante.
    Un court roman, l’une des nombreuses séquelles, conséquences de la « Bataille de Dorking ».  Les faits, relatés avec une précision journalistique, traduisent la crainte et l’angoisse de la Grande Bretagne en face de la montée des puissances continentales. L’accent est mis sur l’irresponsabilité des politiques, le but de cette guerre conjecturale étant de réveiller le peuple anglais de son illusion de toute puissance.

  3. Type: livre Thème: disette d’éléments, menaces idéologiques Auteur: Henri SUQUET Parution: 1939
    Le " Directeur des Forces " Hartman-Weiler a de quoi être satisfait. La Terre est unie dans le village planétaire cher à Mac Luhan selon la pensée unique et par une seule énergie appelée " les Forces ". Un Directoire de cinq représentants des cinq continents avec à leur tête Hartman-Weiler, a pour tâche de veiller à la pérennité du monde. Tout semble aller pour le mieux mais des relents de  "Métropolis " traînent dans l’ouvrage. Il y a la population d’En-Haut, ceux qui contrôlent les Forces  et qui gouvernent, et la population d’En-Bas, les travailleurs et camarades prolétaires. Enfin, entre les deux classes ... le scoutisme!
    Marianna, la propre fille du Directeur mondial est une cheftaine scoute (toujours prête!), entièrement dévouée à travailler pour l’amour du prochain, de Dieu, et pour celui de Chef Dominique Loup, le scoutmestre qui règne sur l’île de Ceylan, la seule qui soit restée isolée des Forces :
    "Tous ceux que lassait l’immense bourdonnement de la ruche humaine, tous ceux à qui pesait le lourd écrasement des Règles et des Lois, ceux qu’inquiétaient la Science prodigieuse, et les vols étonnants, et les extraordinaires vitesses, ceux qu’un sursaut dégageait des Obligations de Séjour, les rêveurs, les bâtisseurs d’Idéal, ceux pour qui la beauté dépassait toute fortune, songèrent à l’Ile heureuse et naviguèrent vers ses grèves... "
    Hartman-Weiler n’aime pas l’option prise par Marianna. Bientôt d’autres soucis le submergent. Régulièrement depuis quelque temps, à 19h  35 minutes, les Forces disparaissent, déclenchant une crise énergétique de première importance: les avions tombent et les usines s’arrêtent de fonctionner. Des troubles sociaux, fomentés par quelques meneurs, éclatent à cette occasion. Marianna tente en vain d’apporter la bonne parole à ceux d’En-Bas:
    " N’en étaient-elles pas preuve les exactions commises par ces hordes, montées des Fonds, qui, franchissant sur un conglomérat de victimes les zones d’action des Rayons Paralysants, étaient parvenue dans les Hauts, avaient pris d’assaut les Centres Publics, puis, transformant en esclaves antiques leurs occupants, attendaient, en une barbare débauche, l’anéantissement final du Globe? "
    En dépit de sa puissance mentale supérieure, Hartman- Weiler n’arrive pas à comprendre où se dilue l’énergie des  Forces. Une des conséquences de cette déperdition est la formation au-dessus des continents d’un "ciel de cuivre " qui éclate en orages titanesques. Marianna, avec l’aide de ses amis scouts, dans son petit avion et au péril de sa vie, rejoint Chef Dominique Loup à Ceylan pour lui faire part - puisque l’île est isolée du reste du monde - du danger encouru par la terre:
    " -Qu’est ce que vous dites? Elle expliqua: -Depuis huit jours, tous les soirs, les Forces s’évadent. Personne ne sait comment le phénomène se produit. Brusquement, elles ne sont plus là, et cependant la Centrale tourne à pleine puissance...
    Il répéta sans comprendre encore: -Qu’est ce que vous dites?...
    Elle continuait, vite, comme cherchant à tout révéler avant son épuisement complet: Alors, tout se détruit petit à petit..., des révoltes sont nées dans les Zones Inférieures. Chef Pierre y a emmené le Groupe pour continuer la mission de dévouement dont vous nous aviez chargés. Mais ce sont des foules immenses, exaspérées... Cela peut devenir terrible... Il m’a dit de tout vous raconter... Il demande de l’aide... Il vous alerte pour les autres scouts de la Terre... Blanche dans la nuit claire, accoudée au rebord de la machine de ses deux bras en croix, elle semblait une martyre offerte au sauvetage du Monde. "
    Or,  par une merveilleuse coïncidence, chef  Dominique Loup dont la passion est l’astronomie, a remarqué une activité électrique suspecte sur Io, l’un des satellites de Jupiter. L’évidence s’impose à lui: l’énergie terrestre est captée par des Ioniens -dont on ne saura strictement rien par ailleurs - qui plongent la terre dans le chaos. Il charge notre cheftaine intrépide d’aller rapporter cette précieuse information à son dictateur de père, fût-ce au péril de sa vie et pour la gloire de Dieu. Marianna, toujours prête, repart vers l’Europe dans son petit avion. Lors d’un énième bouleversement atmosphérique, elle s’abîme en mer, non sans avoir communiqué par radio l’effarante nouvelle à Hartman-Weiler:
    " -Allo! H24 P, Avez-vous entendu Centrale? Réponse: Directeur au Directoire nations siégeant permanence cause évévements. Doit-on prévenir? Elle eut, dans sa solitude, un sursaut de joie: la liaison s’établissait. -Z4D de H24P: Oui, toutes affaires cessantes... Urgence extrême. Désirerais relations directes. -Allo! Centrale Forces? Ici z4D.Appelez Directeur immédiatement. Cherchez réception directe H24P... Marianna Hartman-Weiler... "
    Le papa dictateur fait fonctionner son génie : pour organiser la riposte il est impératif, au préalable, de faire taire les ambitions prolétariennes. Ensuite, il suffit de submerger les Ioniens d’un afflux énergétique si massif que, n’arrivant à l’absorber en sa totalité, ils se fassent sauter. Dont acte. Le péril écarté, la fin du monde remise à demain, la révolution avortée, Hartman-Weiler se résoudra à mourir paisiblement (cette histoire nous étant racontée en flash-back par un Dictateur sur son lit de mort) dans la paix de Dieu retrouvée grâce au sacrifice héroïque de sa fille.
    Un roman mal écrit, mal composé avec des intrigues parallèles qui courent sans jamais se rejoindre, au message réactionnaire. Il est une insulte à la littérature romanesque, dessert à la fois la cause de la science-fiction et celle du scoutisme.  Puissent les mânes de Henri Suquet rester dans les limbes littéraires dans lesquelles elles baignent jusqu’à aujourd’hui!

  4. Type: livre Thème: guerres futures 1 Auteur: Roger LABRIC Parution: 1939
    Des avions stratosphériques du type U-1236, en provenance de Minsk, bombardent sans préavis la capitale française. La Russie soviétique, avec la neutralité bienveillante de l’Allemagne, entre en guerre contre la France, une guerre essentiellement aérienne qui devrait donner aux Soviétiques la domination du ciel :
    « Il était bien établi que chaque avion stratosphérique était porteur de cent bombes de cinq kilos, dénommées « bombes vertes » et terriblement offensives, en raison de leur action incendiaire immédiate et puissante.  Ces bombes lancées en « arrosage » et tombant de 15000 mètres d’altitude sur une ville comme Paris, devaient provoquer une multitude de foyers d’incendie, absolument impossibles à éteindre par les moyens actuels. »
    Les Français les attendent de pied ferme et lorsque l’escadre russe bombarde Metz-Frescaty, lorsque le danger se fait pressant, toujours disciplinés, les Parisiens se dirigent en masse vers leurs abris souterrains.
    Le pays se repose entièrement sur ses pilotes. Ce sont les exploits héroïques d’une de ces patrouilles aériennes qui feront l‘objet du récit. Le groupe du capitaine Servin, un brin paternaliste (« En route les enfants !… »), qui compte notamment en ses rangs Anceny le héros, fonce « crânement» au-devant de ses adversaires. Audacieux dans les combats aériens, ils défont les escadrilles ennemies, porteuses de bombes mortelles. L’escadrille 135, celle de Servin, basée à Neufchâteau, se verra confier une mission particulière : détruire les immenses aérostats volants qui servent de porte-avions aux armées ennemies. Sans préavis, Paris est à nouveau sauvagement bombardé :
    « Des ruines fumantes, des immeubles écroulés montaient des cris de douleur, tandis que la nappe nocive des gaz s’infiltrait par les prises d’air éventrées de certains abris qui avaient cédé sous la violence d’explosion des projectiles, des bombes vertes « Elektron » de 10 kilos, exclusivement incendiaires, dont l’incandescence dépassait très certainement 3000 degrés. »
    C’en est trop. L’escadrille 135 se réunit au-dessus du SkagerRak, en mer du Nord, près du Jutland : là sont basés les dirigeables porte-avions ennemis. Une lutte serrée s’engage contre les monolithes qu’il est très difficile d’atteindre. Lorsque, désespérée, l’escadrille des Français décroche, Anceny se met en embuscade dans les nuages, attend le moment favorable et, seul, se lance à l’assaut :
    « Un fracas terrible soudain déchirait l’air, Anceny avait bien placé ses bombes. Le dirigeable S-17, touché à mort, faisait explosion et de l’énorme carcasse métallique qui se repliait en deux avant de s’abattre, les hommes d’équipage atterrés, mi-asphyxiés, cherchaient à s’enfuir par toutes les issues. D’aucuns sautaient en parachute, d’autres se jetaient par-dessus bord pour ne pas périr calcinés dans l’immense brasier qui, durant quelques minutes, allait incendier le ciel.»
    Il regagne sa base de Neuchâteau où l’attend une surprise: l’arrivée d’une escadrille de femmes, elles aussi décidées à en découdre. Il y retrouve une amie d’enfance, Ariane de Rivet, à qui le lie bientôt un tendre sentiment. Il propose au général Hardier un plan risqué et grandiose : celui de s’infiltrer en territoire ennemi, accompagné d’Ariane (elle seule maîtrise parfaitement le russe) afin de saboter l’usine de production des dirigeables-cargos. Hardier accepte. La mission, quoique périlleuse, se déroulera sans anicroche. Près de Smolensk, leur objectif, ils camouflent leur petit avion de reconnaissance, infiltrent la base en se fondant parmi les Russes, y déposent des explosifs à retardement et reprennent la voie des airs. A Smolensk, se déchaîne le chaos:
    « En dix minutes, le centre de Smolensk, si majestueux dans le calme paisible qui l’entourait alors , était devenu une véritable cité de l’horreur et du désastre. Sur la ville même, d’énormes blocs de granit ou d’acier, projetés en l’air par la déflagration, avaient crevé les toits des habitations. Femmes et enfants s’enfuyaient en pleines ténèbres et l’on n’entendait qu’un seul cri de détresse se prolongeant dans la nuit : -Smolensk brûle !… Smolensk brûle ! »
    Les Russes en colère (on les comprend) ont décidé d’abattre les téméraires. Sur le chemin du retour, alors que les deux tourtereaux se croyaient déjà à l’abri, s’abat sur eux l’escadrille de Smirnoff, en embuscade au-dessus du territoire allemand. Un combat homérique allait se dérouler là, à un contre quarante… Anceny, stimulé par Ariane et l’odeur de la poudre, accomplit des prouesses, mais ne peut s’empêcher d’être grièvement blessé dans son cockpit et… sauvé finalement par ses amis de la 135 qui s’étaient portés opportunément à son secours.
    La guerre se poursuit. Les Soviétiques, prêts de perdre la supériorité aérienne, engagent leur infanterie :
    « Les derniers rapports reçus ce soir des groupes II et III, après plusieurs missions de reconnaissance à basse altitude, situent la position des armées ennemies sur une ligne fictive Aix-la Chapelle-Mayence-Fribourg., avec de très nombreux renforts dissimulés dans l’Eifel et dans la Forêt-Noire. »
    La nouvelle cible est Le Creusot que les Russes espèrent détruire pour priver les Français de leur production d’acier. La 135, toujours d’attaque avec Servin en tête, est sommé de briser l’offensive. Dans l’engagement, les Russes fléchissent et commencent à se replier, mais, lors d’un dernier accrochage au-dessus de Lunéville, Servin est blessé à mort. Comme Bayard  jadis, il meurt en héros :
    « Le major, qui s’apprêtait à faire une nouvelle piqûre, se releva et à voix basse : -C’est fini, dit-il, le cœur ne bat plus. Un lourd silence suivit ces paroles. Muets, au garde à vous, ces hommes rudes et courageux refoulaient difficilement leurs sanglots, tandis que dans le ciel d’une limpidité rare, d’un bleu intense, d’une pureté due à tant d’héroïsme, montait l’âme généreuse et fière du capitaine Servin, mort pour la France. »
    Grâce à l’armement perfectionné des Français, à leur courage et leur ténacité, à ses alliés tardifs (le Japon et la flotte américaine du Pacifique), les Soviétiques demanderont grâce.
    Une guerre future et… rêvée, telle que les  Français auraient aimé qu’elle se déroulât dans la réalité. Ce roman, écrit par un spécialiste de l’aviation, comporte tout un descriptif technique qui le rend vraisemblable et intéressant malgré les défauts inhérents à ce type d’ouvrage : sentimentalisme doucereux, patriotisme exacerbé, paternalisme et culte du chef, mythe du héros  combattant.

  5. Type: livre Thème: menaces technologiques Auteur: L. FRACHET Parution: 1939
  6. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 1 Auteur: MORGIN - DE KEAN Parution: 1939
    Jean et Wilfried avancent dans une plaine où l’on devine encore l’influence de l’homme. La France, et plus généralement l’Europe, se trouve à présent dépeuplée en étant retournée à l’état sauvage. Les nations se sont entretuées en se livrant une guerre à outrance.
    Wilfrid, l’Allemand philosophe adepte de la " surhumanité " nitszchéenne, Jean, le Français, vieux et sage, représentent les seuls êtres vivants dans ce paysage hostile. Tout en pérégrinant, Wilfrid se rappelle un passé à jamais disparu :
    " Je ne me plains pas, Jean, je te suis ! Que m’importe d’être là ou ailleurs, maintenant que les buts sont perdus et que les dieux sont morts ! Mais je te le dis : tu te prépares une atroce déception, une souffrance que tu pouvais éviter. Au spectacle que tu verras bientôt, quand nous atteindrons les lieux que tu cherches, tu sentiras avec plus d’âpreté que jamais, la ruine définitive de la vie civilisée et la misère sans espoir de l’avenir… "
    Le paysage lunaire hérissé de fil de fer barbelé les incite à la prudence. Entrant dans un sous-bois, ils rencontrent un vieillard isolé qui les accueille fraternellement en sa retraite. Ancien garde-chasse, à l’écart des bandes errantes qui écument le terrain, il s’est constitué un asile où il subsiste environné des éléments du passé.  Wilfrid et Jean passent chez lui une nuit agréable avant de replonger en enfer :
    " Mais les ruines sont partout ! Mais l’Europe est vide d’habitants ! Tous ceux qui ont pu fuir, ont fui cette terre d’épouvante vouée à la malédiction ! Des émigrés, par millions, sont en Amérique ou au fond de l’Océan. Comme un gigantesque coup de rabot, la peste a passé sur les peuples derrière l’orgie des massacres ; la peste avec le choléra et toutes les hideurs épidémiques qu’on ne pouvait plus enrayer ni combattre. Même, l’horrible lèpre du moyen - âge est revenue ! Quand les groupes humains sont été réduits à d’infimes tribus, la faim les a achevés. Dans certaines contrées on avait perdu jusqu’à l’usage du feu. Et ceux qui se sont suicidés de désespoir ! Et ceux qui sont devenus fous ! Maintenant, partout, la brousse s’étend, les taillis et les hautes herbes gagnent les rues des villes abandonnées. Quelques nomades errent avec de maigres troupeaux, de ci de là, au hasard des pâturages, accueillant les errants à coup de fusil. C’est la loi du plus fort qui règne… Ultima ratio… hominis. "
    Le vieillard leur signale qu’en Bretagne il subsisterait un noyau de civilisation. Les deux compagnons décidant de s’y rendre, croisent d’autres groupes nomades en cours de route. Le paysage se modifie et les traces des violences perpétrées contre la nature se font de plus en plus nombreuses. Ils s’approchent d’une cité réduite à un champ de ruines: c’est Paris. Les décombres recèlent de nombreux dangers, les rues étant parcourues par des Parisiens dégénérés, troglodytes (ils vivent dans les tunnels du métro) et cannibales de surcroît. Leur cheval ayant été abattu par ces déchets humains, ils furent obligés de se réfugier en un endroit sûr pour y passer la nuit :
    " Un salon, enseveli sous la poussière, mais dans le bon ordre des intérieurs rangés, s’ouvrait à droite. Une pendule, aux délicates sculptures d’albâtre, posée sur la cheminée, marquait une heure d’antan. Dans la glace ternie, tous les objets prenaient des formes vagues et fantomatiques. Des peintures montraient des sous-bois dans des cadres dédorés. Un divan conservait parmi ses coussins froissés la trace nette d’un corps. Ils s’arrêtèrent au seuil d’une chambre luxueuse et douillette comme un nid d’amour. Dans le lit, dressé comme un autel, où l’on aurait attendu, parmi le désordre des draps, la vision d’une femme aux chairs blanches, deux espèces de pantins desséchés répétaient la bête grimace, propre aux crânes secs. "
    Le lendemain, ils traquent la faune de la cité en ruine pour venger la mort de leur cheval. A plusieurs indices laissés par les pseudo-primitifs, ils repèrent une tanière souterraine. Prenant place dans une barque, ils suivent les couloirs d’un métro ancien rempli d’eau, aboutissant dans une ancienne station où des reliefs humains témoignent de scènes de cannibalisme. Les troglodytes s’y trouvent avec leurs femmes, assis en rond chantant une espèce de mélopée. Wilfrid désire à tout prix s’emparer d’une de ces femmes. En regagnant leur refuge avec elle, ils constatent à quel point leur prisonnière est marquée et atteinte par la syphilis. Jean commente :
    " Leur déficience physique n’est complètement explicable que par l’influence d’une maladie que je n’identifie pas… Certes la promiscuité du milieu a facilité la contamination générale par l’assouvissement des désirs sexuels. S’agit-il d’une tuberculose à forme variée ou d’un de ces maux inconnus qu’engendra le cataclysme ? (…) - Qu’a –t-elle ? - La syphilis ! C’est le mal qui les courbe sous la même misère hideuse ! "
    Abandonnant la femme, ils poursuivent leur périple en direction de la Bretagne, d’abord par Auvray puis vers Belle-Ile. En longeant la côte, ils aperçoivent des voiliers sur la mer, signes indéniables en ces lieux d’une société organisée.  La vision de champs cultivés les conforte dans cette idée. Après une arrivée délicate et un examen d’entrée serré, ils sont admis au sein de cette société de pêcheurs dirigée par le " Commandant ", un homme obèse mais non dénué de culture. Convivial, il les invite à sa table chez lui où une soirée paradisiaque leur permet de savourer un véritable repas et de faire connaissance avec les deux enfants du Commandant, Romula et Réma.
    Il leur explique les principes qui ont présidé à la mise en place de sa communauté, comment, à force d’énergie, il est parvenu à rassembler des hommes épars pour les remettre  sur le chemin de la technologie. Son seul regret est de n’avoir eu autour de lui que des êtres frustes, incapables de comprendre la grandeur de ses idées. L’arrivée de Jean et de Wilfrid allait combler cette lacune. Peu à peu, les deux hommes se rendirent indispensables et il allait de soi que l’un bientôt s’unirait à Romula et l’autre à Rema. La recherche d’autres sociétés évoluées se poursuivait conjointement, à l’aide d’un récepteur radio sauvé du désastre, pour pouvoir enter en contact avec l’Amérique. Car les Américains, dès le début du conflit, avaient coupé les ponts avec l’Europe, le continent maudit, pour ne pas être entraîné dans sa chute. Les résultats de l’écoute furent décevants : de la musique de jazz, des futilités et des anecdotes leur parvinrent seuls aux oreilles :
    " Les paroles  étaient difficiles à comprendre : l’appareil déformait en nasillements la voix déjà nasillarde du yankee chanteur. Le Commandant inclina la tête vers l’embouchure du pavillon. Plus familier que ses compagnons de l’accentuation américaine, il traduisit par bribes et constata qu’il s’agissait d’une chanson nègre. - Le sentiment artistique des Yankees se satisfait-il encore des naïvetés musicales des barbares noirs, clama Wilfrid ! La sauvagerie est donc partout ? Et Wagner, Mozart, Haydn, Schumann ? Leurs œuvres sont-elles mortes avec la civilisation ? Il cria son mépris comme si le chanteur eut pu l’entendre :- Fourmis, termites, êtres asexués, bêtes moyennes, derniers hommes ! "
    Avec le temps, Jean devint un chef écouté et Wilfrid son adjoint indispensable lorsque , soudainement, un bateau à vapeur se profila le long des côtes bretonnes. Il s’agissait d’un navire commercial américain qui comptait exploiter les restes archéologiques européens. Haxton, le capitaine, et Butler le commercial qui l’accompagnait, eurent d’emblée un contact difficile avec les autochtones. Engoncés dans leur supériorité de gens aisés, ils prennent les indigènes bretons pour des sauvages primitifs et demeurés. Ils voyagent en compagnie de Dolorès, une pure perle des Antilles, épouse de Butler, (en dépit de ses conceptions racistes)  qui fit grosse impression sur Wilfrid :
    " - Je ne me trompe pas, n’est-ce-pas, souffla Jean à l’oreille d’Haxton, Mistress Butler is a coloured woman ? - Yes ! mais ne faites jamais allusion à cette particularité devant le mari ! Le pauvre garçon a assez souffert. Son mariage l’a rejeté de la bonne société, l’a dévoyé, l’a conduit à exercer la… le métier qu’il fait. Il aimait, elle était jolie. Mais n’importe, son grand-père était un nègre. Et vous savez que chez nous… -Les noirs sont donc toujours les parias et les réprouvés de votre société ? -Plus que jamais !"
    Espérant amadouer les Européens avec de la bimbeloterie, les Américains déclenchent leur colère. Le choc culturel en se prolongeant souleva de nombreuses autres questions :
    " La créole, bavarde et candide, se demandait comment les "gentlemen" pouvaient vivre ainsi, privés de tous les agréments de l’existence. Ils n’avaient pas d’appareils ménagers, pas d’eau courante, pas de magasins à vitrine, pas de cinémas. Dans les rues de la petite ville il manquait vraiment les silhouettes d’un tramway ! Comme il devait être triste de vivre dans un pays si arriéré et si inconfortable! "
    Peu à peu l’objet de la quête des Américains se fait plus précis. Il s’agit de rapporter de là-bas des trouvailles archéologiques et notamment la fameuse Vénus de Milo qui vaudrait son pesant d’or outre-Atlantique. Mais, pour cela, il leur faudrait gagner Paris. Ne se rendant pas compte de la difficulté de l’expédition, ils ne purent partir qu’avec l’aide des Bretons qui acceptèrent de les y conduire en échange de produits de première nécessité dont ceux-ci avaient un besoin urgent. Quant à Wilfrid, il prit avec Jean le commandement de l’expédition, le premier à cause de Dolorès qui ne lui était pas indifférente, le second par désir culturel. Le trajet vers Paris s’apparenta à un cauchemar. Les chars à bœufs s’enfonçaient dans les ornières :
    " Au pas lent des bœufs, la caravane avançait sur la grande route, confondue sous la montée des herbes avec l’étendue indécise et fauve de la brousse automnale. Si des fossés et, parfois, des rangées d’arbres, subsistant de chaque côté de la voie, n’avaient constitué un sûr repère, la colonne aurait plus d’une fois perdue sa route. Les bornes étaient sous l’herbe et, souvent, indéchiffrables. Au détour de la piste herbue, la troupe d’hommes, aux courts vêtements ajustés, aux gilets de peau de mouton et aux casaques de cuir, ces guerriers qui encadraient trois lourds chariots traînés par des couples de bœufs, rappelaient tout à coup un cortège de rois Mérovingiens, de ces rois fainéants, d’une même époque de misère et de régression, parcourant la voie romaine, ensevelie comme la civilisation du monde antique."
    Poursuivis par des rôdeurs de brousse qui déclenchèrent une attaque, quelques Bretons y laissèrent leur vie.
    Grâce à Wilfrid, l’expédition se tira du mauvais pas et parvint dans les ruines de la capitale. Dolorès, depuis un bon moment déjà,  était devenue la maîtresse de Wilfrid sans que Butler ne s’en rendît compte. A Paris, le spectacle de la décrépitude et de la mort impressionne fortement les âmes naïves des Américains :
    " La vision de la cité foudroyée troublait les civilisés. Ils avaient lu dans leurs journaux des récits retraçant le lugubre état des villes du continent, mais les descriptions d’imagination, bâties sur le témoignage d’Européens fugitifs ne pouvaient donner une idée de la tragique horreur d’une capitale en ruines. Ils pressentaient obscurément que leur sécurité, leur vie facile de chaque jour n’avaient peut-être pas des lendemains assurés et, pour la première fois, ils doutèrent de la solidité de leur civilisation dont ils étaient si fiers. "
    Ils aboutissent aux monuments tant convoités et campent dans les restes de Notre-Dame. Mais cet endroit, hanté entre tous, suscite les fantômes de l’esprit. Wilfrid, qui se moque des dieux qui ont décrété la chute de l’Occident, fait l’amour à Dolorès à même le sol de ce lieu saint.
    Le lendemain commence la chasse aux trésors. La médiocrité culturelle des Américains ne leur permet pas de distinguer une œuvre d’art authentique d’entre les fausses, au grand mépris de Wilfrid :  
    " - Est-ce aussi vieux que le roi sans tête ? -   Non, la frise provient du palais de Darius, le grand Roi !  - Patron, dit un Yankee, j’ai vu dans un bar de Broadway une céramique dans le goût de celle-ci, mais elle était beaucoup moins écornée et plus fraîche. Vous n’emporterez pas ces vieilles saletés ? Butler sourit, supérieur, de toute sa mâchoire dorée. - Taisez-vous. Vous n’y entendez rien, mon pauvre garçon : cette frise vient du château du grand Marius. "
    Arrive le grand moment, la rencontre avec la Vénus de Milo: Butler est dépité:
    "- Elle est bien abîmée, constata Butler, déçu. Mais il se souvint des dollars promis et songea qu’il n’était pas un amateur mais un homme d’affaires. Il convint, bonhomme : - Enfin, puisque c’est une pièce unique in the world ! Il pensait à part lui qu’il ne donnerait pas deux dollars de ce tronçon ruineux. Sans doute le richissime amateur ferait-il réparer cette bonne femme, à laquelle on poserait des bras, dont l’un, levé dans le geste de la statue de la Liberté, brandirait un lampadaire électrique. Ce serait supportable au bas d’un escalier. "
    Les chars à bœufs, remplis à ras bord de pièces archéologiques, prirent le chemin du retour qui s’avéra être encore plus périlleux que l’aller. Des attaques en provenance d’isolés se succédèrent constamment affaiblissant drastiquement le petit groupe.
    Butler reporta son irritation sur Wilfrid dont il commença à percevoir la complicité qui l’unissait à Dolorès. Arrivés aux abords du territoire breton, une catastrophe immense les attendit : la communauté qu’avait édifiée le Commandant n’existait plus ! Elle avait été totalement anéantie et rasée par des expéditions de pirates en provenance du sud, des Vendéens. Toute la cité, tous les êtres qui leur étaient cher, ainsi que le bateau américain, avaient disparu. Le petit groupe se désintégra à cette nouvelle. Les Bretons survivants en voulurent aux Américains de les avoir entraînés en cette aventure et ils  s’entretuèrent avec vivacité. Butler fut tué de la main de Wilfrid. Au bout du rouleau, les derniers survivants se servirent des trésors archéologiques pour se réchauffer :
    " Les matelots traînèrent les toiles empaquetées, les colis bourrés de paille, tout ce que Butler avait fait emballer, envelopper, avec une attention de collectionneur. Un premier paquet de peinture, que les jeunes barbares déplièrent pour qu’il prît feu avec plus de facilité, fut jeté dans le brasier. La flamme rouge lécha puis mordit la toile peinte qui s’embrasa et les personnages, visibles sur le fond sombre, animés soudain sous l’action du feu, semblèrent se tordre dans les flammes comme des damnés. (…) Les sauvages brutaux écrasaient sous leurs bottes les Tanagras délicates, chantaient et dansaient autour du feu de joie qui achevait de consumer la civilisation. Le feu éteint, ce serait la nuit profonde, la nuit des temps très anciens. "
    Devenus agressifs envers Wilfrid à qui ils pensaient prendre Dolorès à leur tour, les derniers Bretons furent mis en fuite. Jean, Wilfrid et Dolorès restèrent seuls, dénués de tout et sans but. Jean s’étant absenté afin de pourvoir à la nourriture du groupe, Dolorès et Wilfrid se donnent la mort. C’en est trop pour Jean qui  pense, lui aussi, à mourir :
    " La neige le recouvrait déjà et ensevelissait son corps sous le contour indécis d’un linceul ! Il était si bien pourtant, si bien, plongé sans une quiétude heureuse et douce, dans un engourdissement sensuel qu’il n’avait jamais ressenti. Comme il avait été médecin, il comprit que c’était la mort qui venait. "
    Roman intense et méconnu, le " Continent maudit " mérite une mention particulière dans le genre. Jamais puérile,  l’intrigue se centre sur  deux personnages principaux dont le contraste permet à l’auteur de dévoiler au lecteur ses idées fondamentales : pessimisme fondamental quant à la possibilité de survie de l’Europe (dans la réalité de l’immédiate avant-guerre) et tentation de la " surhumanité " selon les thèses de Nietzsche, anti-américanisme profond, xénophobie et haine des races dites inférieures. L’on regrettera que l’un des romans qui soient parmi les plus denses de notre domaine soit à l’instar de " Ravage " de Barjavel, l’une des œuvres les plus conservatrices qu’il nous ait été donnée de lire.

  7. Type: livre Thème: menaces telluriques Auteur: Jean ANOUILH Parution: 1939
    Le narrateur, quittant son ami Robonal, rentre chez lui, boulevard St-Germain. Après plusieurs chutes inexpliquées, il se rend compte soudainement que ses deux pieds ont disparu. Sa femme, qu’il appelle à son aide, ne semble pas surprise de son état, se plaint elle-même d’une hernie et lui déclare que  Léonie , leur bonne, (qu’il ne connaît pas) viendra le secourir. Le lendemain seulement, il sera impliqué dans un accident de la circulation et perdra ses deux jambes. Robonal, après plusieurs mois et après avoir discuté avec Mauvette de l’étrangeté de son état, lui présente une hypothèse acceptable rationnellement : la distorsion dans la chronologie des événements dont Mauvette a été l’épicentre, ne peut que contaminer l’univers entier. Un jour prochain, la chronologie renouera avec sa logique et, à cet instant, une perturbation temporelle maximale défera l’univers. C’est donc Mauvette, à son corps défendant, qui sera la cause de la fin du monde.
    Une nouvelle surréaliste, étrange, qui émet pour la première fois en littérature, la théorie du chaos.

  8. Type: livre Thème: savants fous et maîtres du monde Auteur: Charles MARCELLUS Parution: 1938
    Le professeur Anatol Markoff est un savant fou de la plus belle espèce. Travaillant de concert avec le jeune ingénieur Jean Dubreuil à Ernicourt, dans l’Oise, il séquestre son collaborateur lorsque celui-ci refuse de lui donner sa formule de la désagrégation de la matière. Car Markoff peut tout, y compris faire sauter la terre. Mais pour cela, il a besoin de cette formule :
    « La fin du monde, proféra-t-il, les atomes, les électrons, les molécules m’appartiennent… Vous entendez ?
    -Vous me faites peur… eut la force d’articuler Dubreuil.
    -Il y a de quoi. Je tiens le sort de l’humanité entre mes mains. Je peux maintenant, à mon gré,, quand je le voudrai, à la minute que je choisirai, anéantir le globe !... (…) Et cet anéantissement commençait quand, sur mon ordre, vous l’avez arrêté… Sur mon ordre… Vous comprenez ? En quelques heures la terre sautait. Tout éclatait, disparaissait dans le néant, montagnes, villes, peuples…Plus rien ne subsistait, ni vivant, ni mort, plus rien, pas même la matière… »
    Désirant par-dessus tout devenir le maître du monde avant de le faire disparaître dans le néant, il  retient Dubreuil dans sa villa, l’abrutissant avec des anesthésiques et sous la garde de ses âmes damnées, Liptine et Popovitch. Hélène, La jeune épouse de Dubreuil étonnée de ne recevoir que des réponses convenues et optimistes de son mari disparu, confie ses inquiétudes au journaliste Xavier Bernard, puis à l’inspecteur Barral. Soudain, un appel au secours sous forme de message écrit, en provenance de New York, l’alarme davantage. Markoff avait en effet déménagé aux USA, prenant sa retraite au Plaza Hôtel ayant fait édifier son laboratoire dans le quartier de Welfare-Island :
    « Dans l’immense salle où, sur les plans de Markoff, avait été installé le fameux laboratoire, Jean Dubreuil avait repris ses travaux. (…) De son côté, Markoff dans une salle attenante, blindée comme une casemate, manoeuvrait l’immense condensateur, commandant à coups de manettes d’énormes étincelles, dont l’éclatement, traversant les épais blindages, arrivait aux oreilles des deux hommes comme le grondement souterrain d’un tremblement de terre ou une canonnade lointaine.Markoff, le savant fou, produisait le fluide mortel… »
    Araki, un diplomate nippon qui a eu vent de toute l’affaire, désire s’approprier l’invention de Markoff et Dubreuil au profit de son pays. N’y parvenant pas, il s’élèvera lui aussi contre le savant fou. Entre temps Hélène et Xavier, embarqués sur le Hindenburg, arrivent à leur tour à New York afin d’explorer les hôtels prestigieux de la cité, sans succès. C’est lors d’une soirée au Waldorf  Astoria que Hélène fera la connaissance du libidineux Araki. Elle est persuadée qu’il connaît Markoff et ne se trompe pas.
    De son côté, Popovitch, dont la mission était d’enlever Hélène pour faire pression sur Dubreuil, a échoué. C’est donc avec crainte qu’il se rend lui aussi au lieu de rendez-vous américain. Accueilli par Araki dès la descente du navire, il est sommé de collaborer avec le Japonais, ce qu’il fait sans complexe, contre une énorme somme d’argent.
    Mais c’est l’inspecteur Barral qui défera le nœud gordien de toute cette histoire. Ayant discrètement filé Popovitch, il se retrouve lui aussi à New York. Il connaît la planque de Markoff grâce au courrier échangé par le savant avec ses différents complices. Ayant pris contact avec Bernard et Hélène et avec l’appui d’une équipe de « policemen », alors que les «cops» investissent le laboratoire du dément, celui-ci tend, en une ultime tentative, de déclencher l’apocalypse. Une hache plantée fort à propos dans son crâne par Barral l’en empêche définitivement. Tout est donc bien qui finit bien pour le jeune couple Dubreuil, heureux de rentrer en France, pour Barral qui arrive enfin à fumer son cigare en s’en délectant, pour Bernard qui va relater cet extraordinaire récit dans son journal… et pour le lecteur,  heureux de sortir d’une intrigue passablement embrouillée.
    Texte difficile à trouver, ce roman, écrit dans la veine du récit populaire policier paru dans la série « Police et Mystère» présente néanmoins un savant fou gratiné avec des relents de « péril jaune » en prime. Composé en 1938, ceci explique cela.


  9. Type: livre Thème: archéologie du futur Auteur: Alain SAINT-OGAN Parution: 1938
    Dans les chapitres 22 et 23  Mitou et Toti, un petit garçon et une petite fille qui voyagent dans les siècles grâce à un anneau magique, aboutissent par erreur à la fin des temps. Ils contemplent un monde à l’agonie,  où les montagnes sont arasées, où s’étale une mer plane, où luit faiblement un soleil rouge :
    " Le lent travail des eaux avait presque entièrement nivelé la surface de notre vieille planète où toute vie semblait avoir disparu.(…) Un soleil rouge et réduit de moitié éclairait faiblement ce décor apocalyptique. Diminué par suite de la contraction due à son refroidissement, le soleil avait conduit inexorablement la Terre vers sa fin dernière. "
    Sur le site de l’ancienne cité de Paris réduit à un chaos informe de rochers, des petits bonhommes à huit bras se précipitent dans une fusée et décollent. Le génie de la terre, vieillard grinçant qui les réexpédiera dans leur passé, leur expliquera que ce sont des extraterrestres qui pillent les derniers minéraux d’une terre défunte.
    Une petite incursion dans notre thème par un auteur imaginatif et esthète.

  10. Type: livre Thème: menaces idéologiques Auteur: J.L. GASTON-PASTRE Parution: 1938
    L’inspecteur Bernay, mal apprécié par Dubois son chef, le Directeur de la Sûreté Nationale, ne parvient pas à le convaincre qu’un complot se trame dans les salons de la comtesse de Gallimont-Dutheil, lors de ses dîners mondains.
    Il est persuadé que Villemur, un intrigant, mathématicien et populiste projette un coup d’état avec plusieurs autres conspirateurs. Dubois lui demande de cesser sa surveillance. Bernay, au contraire, se fait engager comme serveur chez la comtesse, « la Belle Antoinette », feignant de partager les valeurs extrémistes de la maison. Grâce à Jean, le majordome, il y intercepte des discours équivoques tenus par Villemur à Carlin, député d’extrême-droite :
    « Tout me permet d’espérer que, mieux éclairés, mieux informés, les généraux et les amiraux, quand ils se trouveront en face du fait accompli, se rallieront à nous ; les forces militaires sont au service de tout gouvernement légal.
    Or, tout gouvernement d’insurgés triomphants est un gouvernement légal. Un spirituel écrivain du siècle dernier l’a dit en d’autres termes : - Lorsque les insurgés triomphent, ce sont des héros ; lorsqu’ils échouent, c’est de la canaille. »
    Bernay, trouve même un pied-à-terre appartenant à la comtesse, une chambre de bonne située au dernier étage de l’appartement loué par Villemur. Il met ce dernier sur écoute.Se rendant à une réunion organisée par le P.N.D., le parti de Carlin, il y voit Villemur pérorer, rappelant les grandes figures du passé à son secours qui toutes, selon lui, se sont imposées par la force. A la Chambre des Députés, le gouvernement est accusé de laxisme par le comte de Saint-Affrique, leader de la Droite, ralliant à lui le centre mou, représenté par Robin-Matois :
    « - Si vous désirez, fit M. Robin-Matois, que nous donnions plus d’ampleur à ce débat, avec l’autorisation de M. le Président de la Chambre (les deux hommes étaient d’accord) nous pourrions avoir une séance de nuit pendant laquelle…. Mais de tous les groupes s’élevèrent des voix : -Non, non…, clôture !…
    Et finalement M. Granbouriech, le fidèle des fidèles, un de ces députés qui votent toujours avec le Gouvernement quel qu’il soit, lut de sa place l’ordre du jour convenu : - la Chambre, faisant confiance au Gouvernement pour la défense de nos libres institutions, passe à l’ordre du jour.
    La majorité fut honorable, et c’était un succès ! M. de Marin, qui avait fini, durant le pointage, de corriger les épreuves, put déclarer aux journalistes :- La ridicule histoire du complot P.N.D. est complètement terminée. »
    Lors d’un dernier meeting place Wagram que Dubois, qui va se coucher, considère comme insignifiant, Bernay découvre, une fois passé les filtrages mis en place, l’imminence du complot. Sous prétexte de bien couvrir les élections, Villemur a convaincu une fraction de l’armée d’organiser le coup d’état ce soir même :
    « Deux mille adhérents triés sur le volet furent bientôt réunis dans la salle, où régnait un calme impressionnant ; les applaudissements éclatèrent quand M. Villemur parut à la tribune, entouré de ses principaux lieutenants, en particulier le général du Moulin et – ô surprise – le comte de Saint-Affrique qui portait au bras gauche le brassard des P.N.D. avec trois feuilles d’acanthe d’argent, ce qui indiquait un des grands chefs de l’association. M. Villemur étendit les deux bras en avant, ce qui était la façon de saluer de la ligue, et d’une voix éclatante commença à parler. »
    Plus tard, Bernay, par les toits, regagne sa chambre et sa table d’écoute où Villemur s’entretient avec ses complices. Par l’aubergiste Dussol qui lui doit quelque service, Bernay réunit quatre malfrats, d’anciens obligés, qui déblaieront la rue à coups de grenades, puis il arrêtera le groupe de putschistes chez Villemur. Empruntant le code personnel de l’ennemi, il annule le coup d’état par la voie des ondes. Après avoir recommandé à la comtesse de s’éclipser sans faire de vagues, laissant Villemur sous surveillance, il se rend à la caserne des Célestins où, grâce au coupe-fil spécial « emprunté », il demande aux militaires insurgés d’attendre les ordres et de remettre leurs armes au dépôt. Puis, entrant en contact avec le colonel Rappel, un loyaliste, ami du Président, Bernay fait délivrer les prisonniers politiques des divers lieux stratégiques comme le Châtelet et le Louvre.
    A la station de radio Gutenberg,  il rejoint le ministre de la guerre enfin libre. Parvenu à l’Elysée, il convainc le commandant Roger, un putschiste hésitant, de rentrer dans la légalité, lui promettant l’absolution de ses fautes. Ainsi, sans brusquerie, l’inspecteur se rendit maître des factieux. Dubois fut révoqué, Bernay devint le nouveau Directeur de la Sûreté tandis que Villemur, Carlin et leurs lieutenants furent traduits devant la Haute Cour de Justice.
    Une nouvelle qui énumère les mécanismes du coup d’état militaire, grandement documenté par les tentatives de Hitler d’accéder au pouvoir en Allemagne, à travers le putsch manqué de Munich.  Le récit restait  encore une anticipation pour la France à l’époque, mais plus pour longtemps : l’instauration du régime de Vichy le fit accéder à la réalité.