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Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
Livres
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Le Monde Englouti - Par BenF
"Bientôt, il ferait trop chaud. Il était un peu plus de huit heures. Du balcon de l’hôtel, Kerans observait le soleil se lever derrière les bosquets touffus de gymnospermes géants qui envahissaient les toits des grands magasins abandonnés à quelque quatre cents mètres de là, sur la rive est de la lagune. (...) Le disque solaire ne formait plus une sphère aussi nette, mais une grande ellipse étalée qui, à l’orient, se déployait sur l’horizon, comme une boule de feu colossale; son reflet dans la lagune transformait la surface de plomb éteint en une carapace de cuivre éblouissant".
Le soleil a changé de forme en devenant plus chaud. Les glaciers fondent. La transgression marine, inexorable, se produit partout. Les hommes meurent ou émigrent vers les pôles. Le reste de la planète est livré à une végétation de type secondaire, gymnospermes, prêles, fougères géantes, et des marécages où s’ébattent quantité d’iguanes:
"Tout le long du ruisseau, perchés aux fenêtres des immeubles et des grands magasins, les iguanes les regardaient passer, secouant leur gueule dure et figée de manière raide et saccadée. Ils se lancèrent dans le sillage du canot, happant les insectes délogés des mauvaises herbes et des troncs d’arbre pourris, puis regaèrent, en traversant les fenêtres à la nage et escaladant les escaliers, leurs positions stratégiques, les uns sur les autres, en piles hautes de trois pieds. Ces lagunes et ces ruisseaux dans les immeubles à demi engloutis eussent été d’une étrange et irréelle beauté, sans ces reptiles; mais iguanes et basilics avaient dépouillé ce monde de tout caractère fantastique. Comme l’indiquaient leurs sièges dans ces salles de conseil provisoire, ils régnaient sur la cité. Une fois de plus, ils représentaient la vie de façon dominante. Kerans leva les yeux sur ces vieilles têtes impassibles et comprit la peur bizarre qu’elles suscitaient: elles évoquaient les scènes terrifiantes des jungles des premiers temps du paléogène, à l’époque où l ’ apparition des mammifères domina le règne des reptiles et il ressentit cette haine implacable qu’éprouvent les reésentants d’une espèce biologique envers ceux d’une autre qui leur a usurpé la place."
Kérans reste dans les étages supérieurs de la ville morte. Il avait fait partie d’une expédition qui avait eu pour mission de décrire les nouvelles conditions de vie sur la planète terre. Il abandonnera ses compagnons afin de s’étudier lui-même dans le silence mouillé d’une ville engloutie. Les autres humains constitueront un obstacle à son désir de régression. Au moyen de puissantes autopompes, ils libèrent un quartier urbain soigneusement délimité de l’eau qui le recouvre. Un tel acte apparaît sacrilège à Kerans:
"A une vingtaine de mètres sous le canot, une allée grise s’allongeait entre les immeubles, toute droite, reste de quelques grandes artères d’autrefois. Les carcasses bossues de voitures rouillées stationnaient toujours sur les bas-côtés. Un cercle de constructions intactes et par conséquent peu embourbées, entourait la plupart des lagunes, au centre de la ville. Dépouillés de toute végétation, Si ce n’est quelques massifs de touffes de sargasses, les rues et les magasins avaient été entièrement préservés; tout cela ressemblait à un tableau reflété par un lac, qui, on ne sait comment, avait perdu son modèle original. La ville elle-même avait disparu depuis longtemps; les constructions bâties sur acier des centres commerciaux et financiers avaient seules survécu à l’envahissement des eaux. Les maisons en brique et les usines à un étage avaient totalement disparu sous les tapis de vase. Aux seuls endroits où elles émergeaient, des forêts géantes d’un vert morne et incandescent, s’élevaient dans le ciel, étouffant les champs de blé qui recouvraient autrefois l’Europe tempérée et l’Amérique du Nord. Forêts impénétrables du Matto Grosso, atteignant parfois une centaine de mètres de haut, monde de cauchemar où rivalisaient dans leur retour précipité vers un passé paléolithique toutes les formes organiques; les seules voies de transit pour les unités militaires des Nations unies passaient par cette série de lagunes qui s’étaient accumuées sur les cités anciennes. Mais ces passages eux-mêmes étaient maintenant submergés, après avoir été obstrués par la vase."
Il finira par s’opposer au groupe et un seul désir subsistera dans sa tête: "aller vers le Sud et la chaleur intense et les lagunes submergées de l’Equateur."
Peu à peu, une étrange métamorphose s’opère en lui. Il devient indolent, calme, étrange à nos yeux, comme l’iguane dont il prend progressivement les attitudes. Son psychisme se met à vibrer à l’unisson de la grande régression et se dirige successivement, traversant des strates de plus en plus profondes, vers son noyau primitif, l’archéo-cerveau ou cerveau reptilien. A la régression planétaire répond la régression du héros. Elle n’est pas à considérer comme plongée autistique dans le monde de l’enfance mais quête douloureuse d’une identité propre. Bientôt le Monde englouti et l’homme Kérans, isolé en son moi primitif, ne feront plus qu’un. Kérans ira se perdre au Sud.
L’inimitable style de Ballard fait émerger des plages d’impression. Chaleur, humidité, touffeur et calme, puissance végétale sont les seuls états que le lecteur partage avec Kérans. Ballard, contrairement à de nombreux autres auteurs du genre, ne reste pas au niveau d’une description sensationnaliste. Pour lui, la catastrophe est prétexte à une approche phénoménologique des êtres. Coït de l’eau et du feu, le "Monde englouti" reste un chef-d’oeuvre du genre cataclysmique.
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L'ultime Cite - Par BenF
Un décor de futur proche. Une Amérique écologique qui a déserté les grandes villes, laissées à l’abandon. Halloway, héros en marge, s’envole avec son planeur solaire pour atterrir dans l’ultime cité, au-delà du fleuve. La ville ressemble à un personnage du conte de la Belle au Bois dormant :" Pour la première fois, en pilotant le planeur au-dessus du pont, Halloway vit les voitures, des centaines de véhicules poussiéreux, alignés le long des quais, garés dans les rues vides sur leurs pneus à plat. Des routes immenses s’étiraient partout, avenues de béton et d’acier qui se mouvaient, telle une sculpture serpentine, au travers d’intersections complexes. "
Il y fait successivement connaissance avec Olds, un garçon noir, génial et muet, féru d’électronique, avec Buckmeister, vieil architecte fou, avec Stilmann, dernier prisonnier d’une ville déjà moribonde, inquiétant dans ses agissements , avec Miranda, la fille de Buckmeister, désireuse de rendre la ville aux fleurs et à la jungle. Le projet de Halloway s’élabore peu à peu: redonner à la ville son faste d’antan, ne serait-ce que pour un temps limité et grâce à l’ingéniosité d’Olds. La Cité présente un caractère idyllique au départ:
"Des pigeons en très grand nombre avaient pris possession de la ville silencieuse et Halloway aurait presque pu se croire au milieu d’un vaste sanctuaire pour oiseaux. Des milliers de sansonnets s’étaient rassemblés parmi les sièges d’un stade sportif déserté. Des générations de pinsons et de corbeaux avaient fait leurs nids sur les balcons des bureaux et les banquettes des voitures ouvertes."
Soucieux de secouer l’inertie de la Cité, chaque personnage suit son idée. Pour Buckmeister, il s’agit d’élever une statue à la défunte modernité électronique:
"A moins de cinq cents mètres, sur une plazza, entre deux immeubles de bureaux, Halloway trouva une seconde pyramide. De loin, on eût dit un bûcher funéraire en métaux de récupération : des centaines de machines à écrire, des télex et de photocopieuses pris dans les bureaux de la plazza élevaient un monument à la mémoire des générations d’employés et de secrétaires qui avaient travaillé là. D’étroites terrasses s’étageaient les unes au-dessus des autres et l’entassement des machines à écrire formait d’ingénieuses colonnes baroques . Des plantes grimpantes aux couleurs éclatantes, clématites griffues, chèvrefeuilles aux fleurs rose et jaune, s’entortillaient autour des colonnades de métal et les vives couleurs de leurs pétales illuminaient ce mémorial de rouille."
Olds, n’a qu’un seul désir, celui de voler dans les airs. Il remettra en état le planeur d’Halloway en lui adjoignant un moteur. Stilmann, obsédé par la rage de détruire, vide les devantures de ses mannequins, les écrase et en parsème les rues. Chaque personnage renforce l’obsession de l’autre. Olds travaillera aussi pour Halloway, remettant en état de marche électrique un quartier entier de la Cité. Une vie factice renaît:
"Un après-midi, en rentrant de l’aéroport avec un petit tour pour Olds, il sut qu’il avait réussi. Il s’approchait d’une intersection à cent mètres du commissariat, lorsque les feux passèrent du vert au rouge. Riant tout haut à l’idée de respecter ce signal solitaire dans une cité déserte qui comptait dix mille carrefours et dont il était le seul agent de la circulation, il s’arrêta néanmoins et attendit que les feux reviennent au vert. Un principe important était en jeu".
C’est au nom de ce même principe que les casinos reprennent vie, ainsi que les éclairages publics, les ascenseurs des immeubles d’habitation. Stilmann parcourt la ville ressuscitée en tous sens avec sa voiture. Peu à peu, pourtant, le jeu se détraque. D’autres marginaux, attirés par le bruit de la ville morte, viendront la repeupler pour y jouer aux gendarmes et voleurs. La mort par accident d’automobile d’un piéton improvisé décidera Olds à tout saboter.
Poursuivi par Stilmann et sa bande de mauvais garçons, il s’envolera vers l’Ouest dans le planeur motorisé d’Halloway. Et l’Ultime Cité retombera dans le silence:
" Il contemplait avec ravissement la blancheur crayeuse des vieilles assiettes brisées, aussi éclatantes que celles de la glace concassée, les voies ferrées abandonnées avec leurs locomotives couvertes de mousse, la beauté sans tache de ces déchets industriels produits de techniques et d’imaginations bien plus riches que celles de la nature, plus splendides que n’importe quelle prairie arcadienne. Au contraire de ce qui se passait dans la nature, la mort était absente de ce paysage-ci. "
Nouvelle ambiguë, surréaliste, étrange. Du meilleur Ballard. L’auteur tend à faire de la mort industrielle un lieu esthétique d’une baroque et désespérante beauté.
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Le Vent De Nulle Part - Par BenF
C’est le combat des hommes contre une force naturelle : le vent. Que faire contre celui-ci, sinon attendre qu’il ne tombe? Mais voilà, il ne tombe pas, au contraire, il augmente en puissance à chaque heure qui passe. Plus rien ne résiste à ces super-ouragans qui soufflent à des centaines de kilomètres par heure. De villes, il n’en subsiste plus sinon à l’état de débris :
"New-York est rayée de la carte. Manhattan se trouve sous trente mètres d’eau, presque tous les gratte-ciels sont tombés. L’Empire State Building s’est écroulé comme une simple cheminée d’usine. Même chose ailleurs. Le nombre des morts se chiffre par millions. A paris, à Rome, à Berlin... rien que des ruines et des gens terrés dans les caves." Métros, mines, tunnels, égouts, caves, les rescapés s’enfoncent dans le sol pour survivre. Même là, le danger est présent pour beaucoup de gens : " Juste au-dessous d’elle, très près dans le champ de l’objectif, apparaissait l’entrée de la station de métro. Par ces portes maintenant ouvertes jaillissait une cohue que l’on voyait gesticuler, se pousser, se battre en cherchant frénétiquement à s’échapper. Tels des pétales arrachés à une fleur courbée par le vent, ils se détachaient des portes, faisaient quelques pas au hasard, puis étaient renversés, balayés d’un trottoir à l’autre, roulés comme des sacs de plumes qui crevaient et répandaient leur contenu à mesure qu’ils allaient s’empaler sur les crocs des poutrelles qui pointaient hors des décombres. "
Le vent a brisé les barrages, tunnels, égouts, métros sont inondés... Un homme pourtant fait face à la furie : Hardon, individu milliardaire et mégalomane. Il a fait construire la "Tour Hardon ", une pyramide de béton et fer qui, seule, s’élève encore au-dessus d’un monde ravagé. Avec sa milice personnelle et une poignée de techniciens triés sur le volet, il attend que se calme l’ouragan. Mais la " Tour " construite sur un sol meuble ne résiste pas aux assauts d’un vent soufflant à plus de 800km/h. Elle glisse, bas se brise. Hardon meurt et avec lui, le vent de nulle part, qui a fini par s’épuiser.. . Reste à refaire le monde, un monde vide et plat...
L’un des romans de Ballard à traiter des quatre éléments. Un classique !
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Apocalypse-Snow - Par BenF
Ici, le roman-catastrophe est le prétexte à une banale aventure. Nous sommes à la veille de l’an 2000. La neige tombe, le froid sévit sur tout le pays (il s’agit de l’Amérique). Une nouvelle glaciation s’installe. Pourquoi? L’on n’en sait rien. Mais cela n’a pas grande importance puisque le but du récit est de nous présenter les actions d’un groupe de personnages.
Voyageant à bord d’un train de luxe pour gagner la Californie, seule région préservée de la neige et du froid, ils se retrouvent bloqués dans un blizzard, à la frontière du Nebraska. Les héros se sentent perdus dans le froid lors de cette panne inopinée et généralisée du système électrique. Sous l’influence virile de Dragna, le petit groupe , plutôt que d’attendre le dégel à bord du train , décide de gagner à pieds Merrit , seul hameau proche porté sur la carte.
Lorsqu’ils y parviennent ils y découvrent la mort. Le village a été frappé de plein fouet par une malheureuse expérience militaire, la centrale de Harrisbourg étant proche. Les villageois sont tous morts ou du moins ils le paraissent puisque l’auteur nous affirme que leurs âmes rôdent encore, désorientées, dans les environs. D’ailleurs un médium est là pour confirmer ses dires. Intrigués par une cheminée qui fume, des militaires reviennent dans le village pour parachever leur oeuvre de destruction, effacer toute trace de vie et brûler tout ce qui bouge, nul ne devant colporter la mauvaise nouvelle qu’un Etat serait susceptible de commettre des erreurs.
Tous les membres du groupe meurent, flambés comme de vulgaires poulets, un par un, emportant avec eux, définitivement un secret qui n’aurait jamais dû être dévoilé. Quant aux âmes des habitants de Merrit, elles " errent " encore aujourd’hui...
" Comme un automate, Dragna se mit en route. Il enfila le collatéral droit sur toute sa longueur, gagna le porche, atteignit la sortie sans être inquiété. Dehors , il retrouva la neige, le vent. Pour la première fois depuis longtemps, il eut froid. Des yeux, il fouilla la nuit, aperçut bientôt trois parkas blancs qui marchaient vers lui. Les mains vides, bien écartées du corps, il alla à leur rencontre. Un projectile plastifié le cueillit à la pointe du menton et il bascula instantanément dans un néant qui n’avait plus de secrets pour lui. Il était exactement minuit. "
Un récit fourre-tout, où l’on retrouve pêle-mêle, la nouvelle glaciation, la déprime de l’an 2000, l’idée de l’Etat-assassin, les " corps astraux " chers à la littérature spirite. L’intérêt du récit est focalisé sur une intrigue policière microscopique mettant en scène de bons révolutionnaires (du moins on les soupçonne comme tels) se battant contre un Etat qui ne dit pas la vérité (En connaissons-nous un seul ?) Un livre d’un intérêt mineur, valable (peut-être) pour ceux (peu nombreux nous l’espérons) qui confondraient la littérature de science-fiction avec l’alimentaire des kiosques de gare.
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Solution De Continuite - Par BenF
Un groupe de spéléologues amateurs dont Claude, une jeune étudiante en médecine, Pierre, pilote d’essai, et le Père Sernin, sont surpris au sein de la terre par un violent éboulement faisant s’écrouler le tunnel d’accès, catastrophe dont ils se sortent difficilement. A la surface les attend un spectacle de désolation :
« le ciel était d’une couleur anormale. Une couche de nuages ou de vapeur, à très haute altitude, voilait le soleil, ne laissant filtrer que des rayons rougeâtres qui ensanglantaient le paysage. Le plateau avait éclaté sous des pressions inimaginables et une faille le coupait en deux à la hauteur de Servigny dont rien ne subsistait. Seule partie conservée relativement intacte, la croupe boisée de Fromonville, tache de verdure presque noire sous l’éclairage monochromatique. »
Le paysage est laminé et les rares personnes rencontrées le sont à l’état de cadavres. Le cataclysme aussi soudain qu’universel, a profondément modifié la géographie terrestre comme en témoignent les deux sous-marins, l’un russe l’autre américain qui auront eu, eux aussi, le bonheur (le malheur ?) de survivre. Après un moment de découragement et la mort du Père Sernin tué par un survivant dément, Pierre et Claude s’organisent pour remettre en état un hélicoptère et s’aventurer à la recherche d’autres rescapés
La raison de la catastrophe va leur être expliquée par des extraterrestres bienveillants, ressemblant comme des frères jumeaux aux terriens. Ce sont eux les responsables involontaires de la quasi-destruction terrestre. L’un de leurs vaisseaux à vitesse extra-luminique, dans son déplacement migratoire vers une autre planète habitable, a heurté la Terre, accident rarissime mais gravissime, déplaçant les continents, supprimant l’Atlantique et, par leurs rayons porteurs, éradiquant toute vie ou presque, de la surface du sol. Très embêtés (on les comprend ), ils sont prêts à tout pour aider les survivants, à organiser leur transfert à bord de leurs vaisseaux, vers leur propre planète. A cette nouvelle, Claude, Pierre ou encore les deux commandants des sous-marins ne se sentent plus de joie. Il faut dire que les Hélionnes – c’est le nom des extraterrestres femmes - sont ravissantes, télépathes, grandes amoureuses et prêtes à tout pour se faire pardonner leur sottise.
La deuxième moitié du roman sera consacrée à l’analyse des sentiments réciproques unissant Hélionnes et Terriens, le récit basculant dans la mièvrerie. Pierre restera sur la terre, qu’il aime profondément. Regroupant autour de lui Ghislaine, Jacques, Philippe et les autres, il jouera à Dieu, éliminant les méchants qui tuent et violent, sauvant de malheureux enfants orphelins. Claude, tombée amoureuse d’un Hélionne mâle partira exercer la médecine sur les grands vaisseaux blancs, prouvant par son attitude que le mixage Hélionne-Terrien est une parfaite réussite.
Un récit au départ prometteur qui s’enlise rapidement en distillant un ennui profond.
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Demain Le Froid - Par BenF
Lorsque s’ouvre la conférence du groupe des savants de Pugwash, les intervenants étaient loin de s’attendre à la sortie de François Alandin, professeur éminent à la Faculté des Sciences. Celui-ci annonça que le système solaire tout entier se dirigeait vers un nuage de poussière cosmique qu’il atteindrait dans trente-cinq ans.
Les conséquences de cet événement seraient effroyables et constitueront – si rien n’est entrepris – la fin de la vie sur la planète Terre :
« Il n’apparut pas aux ordinateurs que le basculement de la terre sur son axe, suggéré par certains savants fut envisageable. Certes, il pouvait être craint que le mouvement de nutation et même de précession en soit modifié en raison d’un changement dans la répartition des masses, mais il fut surtout mis en relief que l’équilibre du gigantesque volant constitué par la planète ne serait retrouvé que par les mouvements du plasma interne. »
L’annonce fit l’effet d’une bombe. Mais, soutenu par ses collègues, Grigori Chaliokine, astrophysicien, et Edsel Gurney, le directeur de l’observatoire du Mont Palomar, Alandin jeta les bases d’une organisation destinée à l’espèce humaine. Elle devrait mettre ses ressources en commun et travailler avec acharnement pour, s’en s’écarter d’un iota du but fixé, créer les conditions de sa survie.
La pression de la foule, qui voyait en Alandin son sauveur, permit de contrer la menace constituée par les politiques, peu enclins à abandonner leur pouvoir. Les résistances furent donc toutes levées, les unes après les autres. De longues discussions aboutirent, après avoir écartées diverses hypothèses, comme l’envoi de vaisseaux dans l’espace ou la destruction d’une partie de l’humanité, à la décision de créer des arches, des « unités autonomes de survie », sphères immenses devant reposer sur le fond des océans en bordure continentale. Ses sphères contiendraient chacune en son sein des milliers d’êtres humains et d’animaux, dont la survie pouvait être assurée par les moyens énergétiques appropriés.
Le plan accepté, les travaux commencés apportèrent au cours des ans une transformation complète du paysage social. Des villes furent abandonnées. Les forêts et la jungle reprirent leur place là où vivaient jadis des millions d’hommes. L’industrie, le commerce, l’habitat se situait maintenant autour des lieux où l’on construisait les sphères.
Alandin et son groupe d’amis ont crée au Groenland la nouvelle association « Aurore » qui suivait l’évolution des travaux :
« Les essais de résistance eurent lieu dans l’Arctique, près de Thulé où avait été construite l’unité nommée Sphérotest. Immergée par mille mètres de fond, la masse d’acier et de béton, structure étonnante que les nids d’abeille rendaient pratiquement indestructible, prouva cette qualité en résistant à l’explosion de plusieurs charges atomiques. Puis, halés par les grands navires de guerre sortis de leur cocons, l’engin fut remorqué jusqu’à la fosse Atlantique, coulé jusqu’à quatre mille trois cents mètres et remonté .»
Pourtant des états restaient réticents au projet. Ainsi, dès le début, les Chinois maoïstes appelés « l’Asie Rouge » rompirent toute relation avec le reste de l’humanité pour suivre leur propre plan. Quant aux Japonais, en les personnes de Omira Yamatimo et celle de Nishito Iharu, ils n’avaient qu’une obsession : celle de prouver qu’Alandin et son groupe formaient en réalité une cinquième colonne extraterrestre dont l’objectif, après l’infiltration aux postes-clés de l’espèce humaine, était de confisquer le pouvoir à leur profit. Ce qui donnait de la force à cette théorie c’était un vaisseau « alien » endommagé qu’ils avaient réussi à récupérer, à reconstruire dans une base secrète, sans toutefois en percer tous les secrets.
Les Japonais avaient raison. Des extraterrestes nommés Galathéens surveillaient de près l’évolution des hommes depuis des millénaires, sans intervenir dans leurs affaires. Parfaitement identiques aux Terriens et conscients que ceux-ci ne pouvaient pallier la menace mortelle à venir, ils ont décidé de leur venir en aide. A cet effet, un groupe de Galathéens, inséré de longue date dans la société humaine et nommé « les Découvreurs » - c'est-à-dire Alandin et son groupe – devait diriger le sauvetage. D’où la conception des arches.
Alors que les premiers effets d’une glaciation intense et des désordres telluriques commençaient à apparaître, Nishito, acharné, démasqua enfin Alandin. Le groupe des «Découvreurs » en étaient réduit à fuir, trouvant refuge en une grotte située près des « Trembles », ancienne propriété française d’Alandin. Ce dernier, en vue de convaincre Nishito de sa bonne foi et surtout de mettre la main sur le vaisseau qui leur permettrait de quitter la Terre, se rendit au Japonais. Alandin sera torturé pour qu’il avoue, des remontées volcaniques compliquant la situation aux Trembles :
« En fin de journée, une nouvelle alarmante parvint aux Galathéens. Captée par Aurore, une émission des maoïstes annonçait que le continent chinois semblait s’enfoncer lentement. Déjà les cités côtières avaient disparu. Plusieurs centaines de bulles d’acier flottaient, entraînées par les montagnes liquides qui montaient à l’assaut des grandes plaines et qui atteindraient bientôt les contreforts montagneux de la Chine continentale. »
En dépit de sa faiblesse, par ruse, Alandin s’emparera de «l’Olagne » le vaisseau interplanétaire, provoquant du même coup la mort de Nishito, et mettra ses amis en sécurité à bord d’une station spatiale terrienne en attendant l’arrivée de ceux de sa race. L’humanité, elle, sur une Terre en total bouleversement survit tant bien que mal à bord des arches submergées, en attendant une ère meilleure.
Greffant sur le thème principal de la fin de la Terre une multiplicité de thèmes secondaires tels que le péril extraterrestre, la menace jaune, les cités englouties, les auteurs élaborent un scénario tant bien que mal qui part, à cause de cela, dans tous les sens. Le récit lui-même aurait gagné à être plus solidement charpenté, des discussions théoriques et oiseuses interrompant souvent inutilement la trame narrative, en des termes à la sémantique approximative. Qui trop embrasse…
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Sur une Terre redevenue sauvage subsistent quelques clans d’humains, longtemps après le « Grand Cataclysme » dont la Tradition a gardé un vague souvenir :
« Les hommes se laissèrent finalement entraîner par les apparences qui les submergèrent et commencèrent à dévaster le monde en lui arrachant la presque totalité de sa force de vie. La nature fut écrasée. L’eau ne fut plus bonne pour les poissons. L’air se refusa au vol des oiseaux, avant de devenir un poison pour les êtres vivants de toutes sortes. Des monstres naquirent et la plupart des espèces de ce temps effroyable périrent. Les cités disparurent, moururent. Il ne resta qu’une poignée de femmes et l’enfant mâle… »
Ces clans, habitant à flanc de montagne, ont régressé au stade préhistorique, gardant une crainte révérencieuse à l’égard des ruines de la « Cité morte » hantée par les «Chimères », des monstres technologiques, tenant à la fois du robot et du bulldozer, qui seraient les derniers avatars des humains de jadis. Leur domaine est la Cité morte d’où elles chassent tout ce qui est vivant.
Sri Ea Sul , une timide jeune fille, et Ion de Sul, jeune garçon mince et vigoureux, s’aiment. Ce qui n’est pas facile dans un clan figé par une Tradition fondée sur le matriarcat. Mara Han Sul, la vieille Mère du clan, hait ces deux jeunes qui échappent à son autorité. Elle décide de donner Sri a à un homme du clan voisin, Kar De Ho, ce qui devrait déclencher un « défi » de la part de Ion. Contrainte d’obéir aux règles du clan, Mar Han, lors de la réunion générale, commande au vainqueur du défi de rapporter une tête de chimère, « trophée de la cité morte ».
Les deux adversaires prennent le chemin de la Cité, décidés à en découdre. Ces hommes du futur ont cependant des atouts étonnants, comme par exemple la télépathie, qui permet à Sri de réconforter Ion, ou l’acte de « fliter », c’est-à-dire de contrôler leur corps (et la gravité) lors de chutes dans le vide. Rapidement Kar de Ho, plus fort, plus fruste, ayant déjà combattu des chimères, capture son adversaire. Le menant au bout d’une laisse, il établit son repaire au sommet d’une tour en plein dans la Cité.
Après discussion, il s’avère qu’ils ne sont pas du tout des rivaux, Kar de Ho lui-même étant amoureux de Erle de Ho. Sa position envers Ion avait été manigancée par la Mère de son clan. Ion est follement inquiet pour Sri qui est poursuivie par Erle engagée dans une lutte à mort.
Mais les deux hommes n’ont plus le temps de s’appesantir sur leurs dissensions : les chimères arrivent. Trois d’entre elles, crachant le feu, tentent de déloger les deux êtres humains. Ion, de par son habileté au jet de fronde, crève les yeux électroniques d’une des « bête ». La deuxième, ses antennes arrachées, devient comme folle et s’auto-détruit, et la troisième, renonçant à la lutte, disparaît.
Ion, profitant de l’accalmie, s’échappe pour porter secours à Sri. Durant le combat, il blesse gravement Erle, ce qu’il ne souhaitait pas. Les deux couples se retrouvent donc ensemble, s’activant longtemps à la guérison de Erle. S’estimant mutuellement, désireux de fonder un nouveau clan, d’échapper à l’emprise des Mères, de partir loin de la Cité morte, ils prendront le chemin du Sud.
Un récit fluide qui, débarrassé de son embonpoint, aurait pu faire l’objet d’une excellente nouvelle. Le décor banal d’une préhistoire « post-atomique » vaut surtout par le mystère qui entoure le passé de ces êtres : le lecteur n’apprendra jamais d’où proviennent ces dangereuses chimères.
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La Mort De Chaque Jour - Par BenF
Dick, le soldat blessé d’une guerre atomique future, se dirige vers l’hôpital militaire où on le soignerait. Enthousiaste en ce début de conflit prometteur pour les siens, il profitera de son séjour à l’hôpital pour saluer sa tendre amie Miriam, blessée elle aussi depuis deux jours.
Les couloirs sinistres et vides, l’absence d’infirmiers et de médecins, la forme allongée et quasi-mourante de Miriam le firent douter de la réalité. Doute qui devint certitude lorsque Miriam lui apprit que la guerre durait depuis plus de dix ans, qu’il s’était écoulé autant de temps avant qu’il ne vînt la voir, et que les médicaments donnés quotidiennement aux soldats contenaient une drogue abolissant la mémoire, rendant ainsi chaque jour nouvelles les impressions vécues, comme si elles dataient de la veille. Les ennemis étaient à genoux, la guerre terminée depuis longtemps, mais elle continuait son horrible ballet dans un activisme sans fin. Terrifié, Dick, en compagnie de Miriam disposée en chaise roulante, traversa la ville–forteresse souterraine pour prendre le chemin d’un exil hasardeux mais sans nul doute plus heureux que l’enfer qu’ils espéraient quitter
Une nouvelle sensible qui étire dans l’éternité le sentiment du soldat broyé par une guerre absurde
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La Crevasse Dans La Lune - Par BenF
" Au-dessus des collines de Berkeley se levait une lune jaune qui serait bientôt pleine. Un large trou noir la défigurait, au bord de la face brillante. C’était là que la première explosion lunaire avait creusé dans la roche stérile une crevasse à des kilomètres de profondeurs "
La guerre a eu lieu. Hovey, l’un des survivants, attend comme chaque nuit, près du terrain vague, s’imaginant accomplir les gestes stériles d’un rituel quotidien disparu. Avec une immense peine au fond du coeur, car les hommes sont morts non pas à cause de la bombe, mais à cause des femmes infectées sexuellement par l’ennemi. La femme est devenue l’Ennemie de l’homme. Elle représente la mort.
Et ce soir particulièrement, Hovey le nostalgique s’interdit tout rapport sexuel malgré les appels incessants de femmes maléfiques errant dans les parages. Arrive soudain l’inconcevable: une apparition féminine, blanche, à la peau veloutée, une créature parfaite, qui l’invite à l’amour. Hovey manque de céder, s’y refusant au dernier moment : ce n’était que le produit de son imagination. Tellement frustré par ce qui vient de lui arriver, il cède à la première sollicitation d’une femme certes moins belle, mais bien réelle, sachant que ce sera pour lui la dernière étreinte.
Un traitement original d’un thème récurrent sur le mode intimiste et tout en délicatesse
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Ton Sang Tel Du Lait - Par BenF
L’adorateur du soleil, le prêtre de Tetzcatlipoca, Considine, le guerrier au buggy de feu, gît dans son filet avec deux de ses acolytes, prisonnier des W.A.S.P. (White Anglo Saxon Protestant). Il subit la douleur inouïe de son sang qui lui est soutiré par l’infirmière Marina en compensation de ses crimes. Car, dans cette société du futur, sur une terre totalement plongée dans un smog perpétuel, deux classes sociales se partagent le pouvoir: ceux de «l’Establishment », dit aussi les W.A.S.P., enfermés dans leur dômes de plastique, et les adorateurs du soleil qui, comme Considine, sillonnent les autoroutes dans leurs buggies dans l’espoir d’assister à cet événement inouï, le smog qui se déchire et qui laisse entr’apercevoir un coin de ciel bleu parsemé de lumière. Parfois les guerriers de la route, dans leur hâte, se laissent aller à renverser ou tuer l’un de ces honnêtes citoyens. Capturés, ils sont condamnés, par une stimulation permanente, à fournir leur sang comme gage de réparation.Mais Considine, qui connaît toute la valeur d’un sacrifice, se sent porté par sa mission et possédé par Tetzcatlipoca, le dieu aztèque du soleil.
Par une impérieuse et mystérieuse domination psychologique, il convainc Marina de le libérer et de fuir avec lui à la recherche du soleil. Cette fois-ci, il a la certitude de réussir puisqu’il offrira au dieu lumineux le cœur de la jeune fille, arraché tout sanglant de sa poitrine, avec un authentique couteau cérémoniel aztèque. La mise a mort a lieu. Elle semble plaire au dieu puisque le brouillard se déchire. Mais Tetzcatlipoca est aussi un dieu trompeur. De partout Considine entends des messages l’avertissant qu’il se trouve en danger de mort s’il reste dans la lumière :
« Espèce de maniaque assoiffé de sang. Je m’en fiche. Je ne peux rien voir là-haut. Où est la couche d’ozone ?! Je me suis tourné vers lui sans comprendre, tenant toujours le cœur trempé de sang. -Quoi ? -La couche d’ozone dans la haute atmosphère, tu ne comprends pas qu’elle est partie ? Le centre météo est en train de crier au meurtre ! les radiations dures arrivent jusqu’à nous. Tu vas brûler à mort si tu restes là-dehors. C’est pour ça qu’il n’y a pas de plantes, imbécile ! Répandre le sang n’y fera rien !. »
Par un effet de catalyse, le smog en s’évaporant a détruit la couche d’ozone qui protégeait la terre :
« C’était bien plus que l’ozonosphère qui s’était altérée en ces mutations chimiques des dernières heures. Le voile funèbre de crasse qui avait enveloppé la terre pendant tant d’années se transformait rapidement, quel que soit le nouveau catalyseur qui s’était trouvé un asile dans le smog ; à présent, partant d’un point et se déployant aux alentours avec le catalyseur comme avant-garde (…) sur une onde frontale à partir d’un point lumineux, le smog métamorphosé cédait aux radiations dures issus du soleil nu. »
Cette tache de feu ira en s’accroissant jusqu’à englober le globe qu’elle stérilisera entièrement. Considine, en accomplissant son sacrifice, a condamné la terre à périr.
Une nouvelle curieuse et originale dont la forme même (surtout dans sa langue d’origine) témoigne de sa radicale nouveauté.
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