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Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
Livres
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Deux hommes et une femme, réfugiés dans une caverne proche d’un sommet émergé des Vosges, survivent tant bien que mal, jour après jour. Tandis qu’Anne-Lise ramasse des champignons, que Chari s’active dans la grotte, Jean surveille les abords avec son arc et ses flèches. La forêt est parcourue par des soldats, piliers de la dictature qui s’est installée dans les sites émergés d’une plaine d’Alsace noyée sous l’eau. Le réchauffement climatique n’a pas seulement provoqué des catastrophes écologiques mais aussi sociales. Les soldats passent sans voir les survivants : encore une journée de vie gagnée !
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La Revolte Du Petrole - Par BenF
Cette nuit de Noël fut spéciale. Lorsque les bourgeois sortirent des restaurants parisiens pour rentrer chez eux, toutes les automobiles - et leurs chauffeurs - avaient disparu. Arrivés chez eux, ils eurent une autre mauvaise surprise : les gens de maison, de connivence avec les chauffeurs, avaient dérobé tous leurs biens :
" Ils eurent beau sonner, heurter, appeler : personne ne vint à leur rencontre. Il n’y avait plus de domestiques dans aucune des maisons des soupeurs ahuris. L’électricité, fébrilement " allumée ", éclaira une sorte de carnage. Tous les coffres-forts avaient été forcés, pillés. Dans les armoires, des mains hâtives avaient fait une abondante razzia. Des objets de valeur manquaient dans les salons. L’argenterie avait disparu. "
C’est ainsi que débuta le mouvement universel de révolte des petites gens contre la classe dominante, appuyé sur l’avancée mécanique : des milliers de voitures qui sortaient de Paris en un grand élan fraternel et d’opposition, pour prendre la route du sud :
"Vers onze heures, l’exode commença. Des Champs-Elysées, des Ternes et de Montmartre, de Passy et des Buttes-Chaumont, autos de luxe et autos de commerce, vastes limousines, coupés ministériels, voiturettes défraîchies, confortables omnibus, camions, taxi-autos, toutes les sortes de véhicules à pétrole se dirigèrent vers le sud de Paris, comme attirés par un puissant aimant. L’entente était parfaite, grandiose.
En silence, par les avenues, les boulevards, les rues, roulaient les voitures de Paris. Chargées de butin, elles se rejoignaient, prenant la file, à leur rang, obéissantes et têtues ; elles s’en allaient. Elles fuyaient le froid de Paris, à la poursuite du soleil, de la joie, de la liberté.
Les sociétés secrètes qui existent entre les domestiques s’étaient depuis quelques années, étrangement développées, resserrées. Les meetings, - à cause de leur indiscrète publicité,- avaient été supprimés. Une vaste association, toujours en éveil, toujours en séance, pour ainsi dire, avait été crée dont les membres se tenaient comme les anneaux d’une chaîne. (…) Vingt mille chauffeurs avait médité, puis brusquement décidé un grand coup de force qui les faisait tout à la fois, riches et libres. Par la porte d’Orléans et la porte de Montrouge, par la porte d’Italie et celle de Choisy et par quelques autres portes de secours, - car il fallait éviter les attentes, les bousculades, les autos quittaient la ville. Le mot d’ordre était : " réveil et réveillon " - Réveil et réveillon, criaient les chauffeurs. "
Arrivée dans les grandes plaines de Beauce, il fut procédé à un ralliement et au partage du butin. Cela ne se fit pas sans mal car la démocratie – surtout pour les voleurs – ne s’improvise pas. Après les premières dissensions et les premières victimes, la cavale sauvage se poursuivit avec, parfois, des accidents mortels. Bien accueillie au départ par les autochtones qui voyaient en cette bande motorisée une nouvelle troupe de Spartakistes, les voleurs qui se querellaient entre eux eurent bientôt mauvaise presse :
"Alors recommença le terrible concert des cornes et des sirènes. Dans la campagne bêtes et gens tremblaient de peur: cette clameur ne ressemblait à rien de déjà entendu. C’est à croire à l’envahissement de la terre par des êtres extraordinaires dont la respiration eut été un beuglement. (…) Au bout de deux heures, comme un ouragan passe, le bruit brutal s’atténuait, quelques notes encore éclataient, puis c’était le silence, un silence qui laissait les oreilles malades, hallucinées, bourdonnantes."
Les portes claquèrent et les volets se fermèrent à leur arrivée. A plusieurs reprises, et malgré des arrêts dans le sud du Massif Central consentis pour étudier une forme de gouvernement applicable au mouvement, l’anarchie perdura. De nombreux chauffeurs, pensant qu’il valait mieux être un chien gras qu’un loup maigre, décidèrent de retrouver leurs maîtres parisiens. Les autres, poursuivant leur équipée en direction de la mer, furent peu à peu décimés par les gendarmes et par leur mauvaise conduite (au propre comme au figuré). Lorsque les dernières automobiles basculèrent dans l’eau du haut d’un ravin, tout fut consommé :
" Tout à coup, à un virage, sur la corniche à pic, la première voiture perdit pied, s’élança dans le vide et les autres, du même élan, suivirent. Les sirènes chantaient. Les hommes, cramponnés, éclataient de rire : -Nous arrivons, nous arrivons ! Vive la liberté ! A bas les patrons ! Un petit bruit au milieu du bruit de la mer, les cinq dernières voitures n’étaient plus. "
"La révolte du pétrole " s’appuie sur le fantastique technologique : tout se passe comme si "la mécanique", douée d’une vie propre avait décidé de rouler pour son propre compte. Pourtant, l’état d’anarchie, si joyeusement évoqué par l’auteur, se défait devant l’ordre établi. Un conte débridé et rare.
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L'ennemi Du Monde Entier - Par BenF
Dès sa naissance Emile Glück avait de quoi haïr le genre humain. Orphelin, rejeté par sa mère d’adoption, méprisé par les femmes, poursuivi par la justice pour un crime qu’il n’avait pas commis, traqué par les journalistes, il développa un ardent désir de vengeance qui se concrétisa dans une extraordinaire découverte :
« Il venait de trouver l’arme silencieuse et secrète qui lui permettrait de se venger du monde entier. Sa découverte, qui mourut avec lui, le rendait maître de la direction et de la portée de la décharge électrique. A l’époque, ce problème n’était pas encore résolu –il ne l’est pas encore tout à fait de nos jours - mais Emile Gluck en trouva la solution dans sa cellule, et l’appliqua après son élargissement. »
Dirigeant à son gré les décharges électriques, il commença à assassiner les individus proches qui l’avaient fait souffrir, puis augmente progressivement son champ d’action. Sa haine brûlante, englobant l’humanité entière, alla jusqu’à provoquer une guerre entre l’Allemagne et l’Amérique :
« Ce fut encore lui qui occasionna la terrible guerre entre l’Allemagne et l’Amérique, au prix de 800 000 vies humaines et de dépenses incalculables (…) l’Allemagne ne désirait pas la guerre. En témoignage de ses intentions pacifiques, elle envoya sept cuirassés en visite aux Etats-Unis. Dans la nuit du 15 février, cette flotte était à l’ancre dans l’Hudson, en face de New York.(…) Les sept cuirassés sautèrent l’un après l’autre, à intervalles réguliers de quatre minutes, et quatre-vingt dix pour cent des équipages et officiers périrent. »
Personne ne pouvant ni expliquer ni arrêter l’hécatombe, les pays surpris et désorientés cessèrent la fabrication de la poudre qui explosait désormais toute seule, ainsi que des armements, s’apprêtant au désespoir d’une paix imposée.
Ce fut le fin limier Silas Bannerman qui, grâce à son intuition extraordinaire de détective, parvint à arrêter Glück. La condamnation à mort que subit ce dernier laissa le criminel de glace. Il refusa avec entêtement de révéler le secret de son arme extraordinaire à ses semblables considéré par lui comme égoïstes et pervers avec le seul regret de n’avoir pu totalement les éradiquer.
Dans « l’ennemi du monde entier », le thème du savant fou subit un traitement particulier. La démarche de Glück est, sinon excusable, du moins expliquée. Sa vengeance concerne tout le monde à travers des individualités concrètes. Enfin, le pessimisme profond de l’auteur dans son rapport à la morale humaine fait souffler un vent de désespoir devant toute forme possible de gouvernement.
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Le Maître du yacht « Energon », ancré dans la baie de San Francisco, invita des financiers à monter à bord pour leur faire part d’une importante communication. Tous ceux qui refusèrent furent, peu après, frappés de mort. Le message émanait de «Goliath» qui se proposait d’éradiquer à jamais la guerre afin «d’augmenter la joie dans le monde», prêt à éliminer physiquement tous les opposants à ce principe :
«En conséquence, j’ai pris la résolution d’intervenir et de diriger moi-même pendant quelque temps les destinées de ce navire du monde. Je possède l’intelligence et la vaste clairvoyance d’un juge expérimenté. Disposant de la force, je me ferai obéir. Les hommes de l’univers, en se pliant à mes ordres, établiront des gouvernements qui deviendront des générateurs de gaieté. »
Au début, il fut moqué, mais lorsque sauta la flotte de cuirassés envoyée à son encontre près de l’île Palgrave, lieu de résidence de Goliath, la crainte se changea en déférence. Les Japonais, profitant du désordre ambiant, envahirent les Philippines, puis la côte Ouest des Etats-Unis.Goliath invita le peuple de San Francisco à contempler leur défaite.
L’Amérique, convaincue de la puissance de Goliath, mit bas ses armes, transformant l’acier militaire en socs de charrues et locomotives, ouvrant ainsi une nouvelle ère sociale.Une dernière tentative de guerre entre la France et l’Angleterre avorta. Tous les ministres, chefs militaires, diplomates, responsables politiques des deux bords, furent frappés à mort et les armées fraternisèrent.
La paix imposée par la force produisit dans les peuples des changements colossaux. On abolit le travail des enfants et l’exploitation des femmes. Le capitalisme privé devint capitalisme d’état, l’on nationalisa les outils de production. Le niveau de vie s’élevant, ramena la journée de travail à cinq heures :
«Quantité de gros bonnets furent chassés de leurs emplois, et, chose curieuse, par leurs propres confrères. A cette catégorie appartenaient les politiciens dont toute la compétence consistait à diriger des combinaisons politiques et à puiser dans l’assiette au beurre. Les pots-de-vin n’avaient plus leur raison d’être. Les intérêts privés ne pouvant être protégés par des privilèges, on n’essaya plus de suborner les législateurs, et ceux-ci firent pour la première fois des lois favorables au peuple.
Il s’ensuivit que des hommes intègres et capables trouvèrent leur vocation grâce à la législature. Grâce à cette organisation rationnelle, on obtint des résultats étonnants. La journée de travail était de huit heures et cependant la production ne cessait d’augmenter. Elle doubla et tripla, malgré l’immense somme d’énergie déployée à la réalisation des progrès sociaux et à la réglementation du pays, autrefois plongé dans le chaos de la concurrence. »
Après s’être occupé des Etats-Unis, Goliath se préoccupa de la paix dans le monde en utilisant son arme absolue, la mystérieuse force atomique appelée « Energon ». Le monde soumis diminua ses troupes policières et le nombre de ses tribunaux car le crime, lié surtout au capitalisme, régressait de partout :
« Le premier janvier, le monde entier désarma. Les millions de soldats, de marins et d’ouvriers des armées actives, des flottes, des innombrables arsenaux et usines destinés à la fabrication des armes de guerre, furent renvoyés dans leurs foyers. Le budget prévu pour tous ces hommes et ces coûteux engins retombait jusque-là sur le dos de la classe ouvrière. Désormais, il fut employé à des choses plus utiles, et le monde gigantesque du travail poussa un énorme soupir de soulagement. La police du monde, confiée à des officiers de paix, eut un rôle purement social, alors que la guerre était l’ennemie déclarée de l’humanité. »
La paix permit d’instaurer une nouvelle ère d’utopie où la procréation contrôlée, la servitude domestique laissée aux machines, le bonheur généralisé fournirent les preuves de la justesse de vue de Goliath. Plus tard, on demanda à voir le héros, le surhomme, adulé par les foules du monde entier. Il fit cadeau de son arme aux scientifiques du monde et se dévoila. Le public fut surpris par son apparence banale :
« Sur les quais de San-Francisco et dans les rues de la ville, on vit circuler à pieds ou en voiture, un petit bonhomme âgé de soixante ans, parfaitement conservé, au teint rose et blanc. On distinguait au sommet de son crâne une tonsure de la dimension d’une pomme. Il était myope : quand il enlevait ses lunettes, on apercevait des yeux bleus et cocasses, remplis d’un étonnement candide comme ceux d’un enfant. Il avait la manie de cligner des yeux en ratatinant ses traits ; on eût dit qu’il riait en pensant à la farce colossale qu’il venait de jouer à l’humanité en lui imposant le bonheur et le rire. »
Dépassant cependant cette apparence défavorable, il éleva une majestueuse statue à Percival Stutz – le véritable nom de Goliath - dans la nouvelle cité mondiale d’Asgard.
« Goliath » est l’une des nouvelles les plus politisées de Jack London. Sa conception de l’utopie socialiste s’oppose à la haine et à l’agressivité qui empêchent le bonheur humain. Il faut éliminer ces causes qui barrent la route vers le mieux vivre, fut-ce au prix de sacrifices importants. Une belle fable démentie hélas ! par la réalité.
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La Peste Ecarlate - Par BenF
Grand’père, en compagnie d’Edwin, un jeune garçon de douze ans, avance péniblement le long de rails de chemin de fer à demi - ensevelis:
" Ca et là, un morceau de fer rouillé apparaissait, indiquant que, sous les buissons, rails et traverses subsistaient. On voyait, à un endroit, un arbre surgir qui, en croissant, avait soulevé en l’air tout un rail, qui se montrait à nu. La lourde traverse avait suivi le rail, auquel elle était rivée encore par un écrou. "
En 2083, ces hommes forment les éléments des dernières tribus encore en vie en Californie. Seul Grand’père se souvient du temps d’avant le désastre. Lors d’une halte le long de la plage ils rencontrent Bec-de-Lièvre et Hou-Hou, deux autres jeunes de la Tribu de Santa - Rosa et du Chauffeur, qui déterrent des squelettes:
" Ce sont, annonça-t-il des victimes de la peste écarlate. Voilà comme on mourait n’importe où. Cela fut sans doute une famille qui fuyait la contagion et qui est tombée ici, sur la grève de Cliff-House. Ils... ais que fais-tu là , Edwin? Edwin avec la pointe de son couteau de chasse avait commencé à faire sauter les dents de la mâchoire d’un des squelettes. -Seigneur, que fais-tu là? répéta le vieux, tout effaré. -C’est pour fabriquer un collier..., répondit le gamin."
Les enfants ont fait griller des moules et des crabes, ce dont Grand’Père est friand :
" Sa maussade humeur se mua instantanément en gaîté. Il renifla, puis avec un ronron de béatitude, il commença à manger. Et, tout en mâchant des gencives, il marmottait un mot qui n’avait aucun sens pour ses auditeurs: - Mayonnaise... Mayonnaise... "
L’estomac bien rempli, Grand’Père, alias le professeur de littérature James Howard Smith, raconta aux enfants la terrible histoire de la Peste Ecarlate.Tout avait débuté en 2012, lorsque l’humanité se trouva confrontée à une bactérie impossible à éradiquer, celle de la Peste Ecarlate:
"Des convulsions accompagnaient d’ordinaire cette première phase de la maladie. Mais elles ne semblaient pas graves et, après leur passage, celui qui les avait surmontées redevenait souvent très calme. C'était maintenant une sorte d’engourdissement qui l’envahissait. Il montait du pied et du talon, puis gagnait les jambes, les genoux, les cuisses et le ventre, et montait toujours. Au moment même où il atteignait le coeur, c’était la mort. (...)
Et ce qui était non moins surprenant, c’était, après la mort, la rapidité de la décomposition de la victime. Tandis que vous la regardiez, sa chair semblait se désagréger, se dissoudre en bouillie. Ce fut une des raisons de la rapidité de la contagion. Les milliards de germes du cadavre se retrouvaient en liberté instantanément. "
Les êtres humains tombaient comme des mouches et, l’épidémie se répandant de manière exponentielle, la vie sociale s’effondra avec son cortège habituel de monstruosités. Tout individu atteint se voyait impitoyablement rejeté. Les violences, les exactions, les meurtres ne se comptaient plus. Des incendies éclataient un peu partout dans les centres urbains. Croyant fuir la Peste en fuyant les villes, les survivants ne firent que prolonger leur agonie:
" Je sus ainsi que New York et Chicago étaient en plein chaos. Il en était de même dans toutes les grandes villes. Le tiers des policemen de New York avait déjà succombé. Le chef de la police et le maire étaient morts. Tout ordre social, toute loi avait disparu. Les corps restaient étendus dans les rues, là où ils étaient tombés, sans sépulture. Les trains et les navires, qui transportaient coutumièrement, jusqu’aux grandes villes, les vivres et toutes les choses nécessaires à la vie ne fonctionnaient plus, et les populaces affamées pillaient les boutiques et les entrepôts. "
Smith, dès le début de l’épidémie, se sentit réfractaire à celle-ci. Avec quelques autres personnes, des intellectuels pour la plupart, ils tentèrent en un premier temps de se réfugier au sein des locaux universitaires pour échapper à la violence. Avec les premières atteintes de la Peste au sein de leur groupe, ils décidèrent de s’enfuir à la campagne, non sans difficultés. Le groupe s’amenuisa de plus en plus, laissant derrière lui des cadavres, jusqu’à ce que Smith se retrouve le seul être vivant dans la région. Il continua malgré tout son voyage qui l’emmena à Yosemite Parc, dans un état de désespoir total.
Au bout de quelques années de vie sauvage et régressive, lassé de sa solitude, il décida de faire le chemin inverse pour observer ce qui avait bien pu rester après l’épidémie. Tout avait changé. La nature redevenait sauvage et recouvrait déjà les derniers vestiges d’une civilisation à jamais abolie:
" Ce qui advint des animaux domestiques est tout à fait étrange. Ils retournaient à l’état sauvage et s’entre-dévoraient. Les poules, poulets et canards furent les premiers détruits. les cochons, au contraire, s’adaptèrent merveilleusement à leur vie nouvelle, ainsi que les chats et les chiens. Ceux-ci devinrent rapidement un véritable fléau, tellement ils étaient nombreux. Ils dévoraient les cadavres et n’arrêtaient pas d’aboyer et de hurler, la nuit comme le jour. "
C’est alors qu’il rencontra le Chauffeur, une brute épaisse, ancien ouvrier, et qui prenait sa revanche de classe en contraignant par la force son épouse, la fille du magnat Van Warden, à accomplir tous ses fantasmes:
" Il me répondit que, dans les temps anciens, il avait été un domestique, de la boue que foulaient aux pieds les hommes comme moi et les femmes comme elle. Maintenant la roue avait tourné. Il possédait la plus belle femme du monde, elle lui préparait sa nourriture et soignait les enfants qu’il lui avait faits. "
L’accueil fut mitigé et le Chauffeur accorda une confiance dédaigneuse et condescendante à Smith qu’il voyait aussi comme un ennemi de classe. Néanmoins, il lui permit d’épouser de nombreuses années plus tard, sa propre fille, afin que lui également puisse fonder une Tribu. Malgré toute sa commisération à l’égard de Melle Van Warden, Smith ne put la sauver puisqu’elle mourra assassinée de la main même du Chauffeur. Révolté par ce crime odieux, il s’enfuit avec sa femme pour se réfugier au sein de la Tribu des Santa Rosa.
Hou-Hou, Bec de lièvre et Edwin représentaient ses petits-fils entièrement tournés vers la primitivité mais déjà prêts, dans leur mentalité, à rebâtir une société basée sur des rapports de pouvoirs et de classe:
" Moi, dit Edwin doucement, je veux ne jamais oublier ce que grand-père nous a dit de la poudre à fusil. Quand j’aurai trouvé le moyen de la fabriquer, c’est moi qui vous ferai marcher tous. Toi, Bec-de-Lièvre, tu chasseras pour moi et tu me rapporteras ma viande. Et toi, Hou-Hou, quand tu seras docteur, tu enverras le bâton de la mort où je voudrai, et chacun me craindra. Si Bec-de-Lièvre essaye de te défoncer la tête, c’est à moi qu’il aura affaire, et je le tuerai avec ma poudre. Grand-père n’est pas si sot que vous croyez. Je mettrai ses leçons à profit et je vous dominerai tous. "
Jack London raconte une histoire pessimiste dans laquelle même la revanche sociale que prend enfin la classe ouvrière après le cataclysme purificateur n’effacera pas la sauvagerie intrinsèque de l’être humain.
La description réaliste des sentiments humains, sans fioritures romantiques ni délayage, fait de cette nouvelle, l’une des premières du genre, une réussite totale et un modèle qui sera copié maintes et maintes fois par des épigones moins bien inspirés
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contient les nouvelles suivantes (se reporter aux entrées respectives):
L’Ennemi du monde entier
L’Invasion sans pareille
Goliath
un Curieux fragment
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L'invasion Sans Pareille - Par BenF
A partir de 1976, la Chine se réveille, menaçant le monde par son taux de fécondité. L’émigration chinoise se transforma en menace, d’abord pour les Européens, puis pour le reste de la planète. Rien ne semblait pouvoir s’opposer au flux énorme de la main-d’œuvre chinoise qui, en retour, assimila les technologies occidentales. Le Japon, vainqueur de la Russie, comprenant l’âme chinoise, forma les futurs cadres de la nouvelle société, la rendant d’autant plus performante et menaçante.
L’armée chinoise fut réorganisée, puis l’infrastructure, puis les communications. La Chine ne se montra pourtant ni hostile ni belliqueuse mais continua d’envahir pacifiquement les pays voisins ou lointains, en en transformant rapidement le substrat autochtone. C’est ainsi que l’Indochine française devint chinoise, ce qui ne plut pas à la France qui tenta de s’opposer à elle militairement :
« La France assembla une armée de cent mille hommes à la frontière chinoise de sa malheureuse colonie, et la Chine y envoya une armée d’un million de miliciens, derrière laquelle en marchait une autre composée de leurs femmes, enfants et parents des deux sexes. L’expédition française fut balayée comme un essaim de mouches. Les miliciens chinois avec leurs familles, au nombre de plus de cinq millions, prirent tranquillement possession de l’Indochine français et s’y établirent à demeure pour quelques milliers d’années. »
Comme la Chine continuait sa progression en Asie, le nouveau gouverneur Li-Tang-Foung accentua encore la pression démographique, ce qui terrifia le monde entier qui ne savait toujours pas comment endiguer le fleuve jaune. Ce fut un obscur savant d’une officine de New-York qui conçut la solution à ce problème. En un premier temps, il s’employa à convaincre les leaders mondiaux de respecter une «Grande Trève », puis d’encercler le territoire chinois par terre et par mer, en y envoyant tout ce que le monde comptait de ressources militaires.
Une mobilisation générale fut décrétée, en un mouvement d’encerclement qui amena le sourire sur les lèvres des Chinois lesquels attendirent l’invasion occidentale de pied ferme. Alors tombèrent, du haut du ciel, quantité d’ampoules en verre, éclatant sur une large frange du territoire, ainsi que sur la ville de Pékin, en libérant un cocktail de microbes parmi les plus virulents : Laningdale venait d’inventer la guerre bactériologique :
« Mais si le lecteur s’était trouvé encore une fois à Pékin six semaines après, il eût cherché en vain ses onze millions d’habitants. Il en aurait aperçu un petit nombre, quelques centaines de mille peut-être, à l’état de carcasses en décomposition dans les maisons et les rues désertes ou empilés sur des chariots funèbres abandonnés sur place. Pour retrouver les autres il aurait dû chercher sur les grandes et petites voies de communication. Encore n’en eût-il repéré que quelques groupes en train de fuir la ville empestée de Pékin, car leur fuite était jalonnée par d’innombrables cadavres pourrissant au bord des routes. Et ce qui se passait à Pékin se reproduisait partout dans les cités, villes et villages de l’Empire. Le fléau sévissait d’un bout à l’autre du pays. Ce n’était pas une épidémie ou deux: c’en était une vingtaine. Toutes les formes virulentes de maladies infectieuses se déchaînaient sur le territoire. (…)
S’il se fût agi d’un unique fléau la Chine s’en serait peut-être tirée. Mais à une vingtaine d’épidémies, nulle créature ne pouvait échapper. Celui qui esquiva la petite vérole mourait de la scarlatine ; tel qui se croyait à l’abri de la fièvre jaune succombait au choléra, et la mort noire, la peste bubonique, balayait les survivants. Tous ces microbes, germes, bactéries et bacilles, cultivés dans les laboratoires de l’Occident, s’étaient abattus sur la Chine dans cette pluie de tubes de verre. »
Les survivants, errants entre des millions de cadavres, furent tous exterminés et le territoire de la Chine annexé par les belligérants unis dans une même vengeance.
«L’Invasion sans pareille» évoque une fois de plus, le Péril jaune, crainte si commune au début duXXème siècle. Aujourd’hui, alors que la Chine compte plus d’un milliard d’individus, nous sommes à même d’apprécier ces dangers liés à la mondialisation, sans toutefois y trouver une solution aussi définitive que celle imaginée par Jack London.
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La Mort De La Terre - Par BenF
Targ et Arva font partie du dernier noyau humain résidant sur terre. Des éons se sont écoulés depuis l’ère radioactive. Aujourd’hui, partout, s’étale le règne du minéral. La terre qui se transforme rend impossible la survie de l’espèce humaine. L’eau des océans, des lacs, des fleuves disparaît:
« Depuis cinq cents siècles, les hommes n’occupaient plus, sur la planète, que des îlots dérisoires. L’ombre de la déchéance avait de loin précédé les catastrophes. A des époques fort lointaines, aux premiers siècles de l’ère radioactive, on signale déjà la décroissance des eaux : maints savants prédisent que l’Humanité périra par la sécheresse ».
Les derniers clans, ceux des Terres-Rouges, des Hautes Sources, de la Dévastation, se regroupent autour des rares oasis qui subsistent. Utilisant encore les prodigieux artefacts d’un passé révolu, tels que le Grand Planétaire ou l’Ondofère, il leur est pourtant impossible de combattre l’avancée de la nuit du monde, ainsi que la progression d’un nouveau règne vivant qui leur est hostile : les Ferromagnéteux, créatures minérales incompréhensibles qui vivent du magnétisme en absorbant le fer contenu dans les globules sanguins des humains.
En dépit de leur lenteur, ils constituent une menace terrible pour les derniers survivants de la terre, que l’instinct de vie a déjà quitté. Une résignation faite de tristesse confuse et de fatalité leur fait choisir, quand la pression de mort est trop forte, l’euthanasie douce. Des tremblements de terre permanents finissent aussi par tarir les derniers points d’eaux:
« D’ailleurs les phénomène sismiques continuaient à remanier les terres et détruire les villes. Après trente mille ans de lutte, nos ancêtres comprirent que le minéral, vaincu pendant des millions d’années par la plante et la bête, prenait une revanche définitive. Il y eut une période de désespoir qui ramena la population à trois cents millions d’hommes, tandis que les mers se réduisaient au dixième de la surface terrestre. »
Targ est différent des autres : il sent encore couler dans ses veines un peu de l’impétuosité de la jeunesse. Arrachant des griffes des Ferromagnéteux Eré, celle qui deviendra plus tard sa femme, il s’aventure dans des failles profondes à la recherche d’une source souterraine. Son entreprise réussit et augmente pour un temps la longévité du clan des Terres-Rouges alors que tous les autres, désespérés et sans eau, se donnent la mort :
« L’euthanasie était d’une extrême douceur. Dès que les condamnés avaient absorbé les merveilleux poisons, toute crainte s’abolissait. Leurs veilles étaient une extase permanente, leurs sommeils profonds, comme la mort. L’idée du néant les ravissait, leur joie croissait jusqu’à la torpeur finale. »
Targ sait cependant que pour survivre il lui faut gagner la zone équatoriale avec Avra, Eré et les enfants. Ils s’y établissent mais pour peu de temps car, de retour d’une expédition en planeur, Targ trouve Eré mourante et sa famille engloutie dans une faille. Tandis que ceux du clan des Terres Rouges se sont depuis longtemps euthanasiés, Targ reste véritablement le dernier humain sur terre. Constatant enfin l’inutilité de ses efforts, il livre sa vie aux Ferromagnéteux qui grouillent sur les ruines :
« La nuit venait. Le firmament montra ces feux charmants qu’avaient connus les yeux de millions d’hommes. Il ne restait que deux yeux pour les contempler !… Targ dénombra ceux qu’il avait préférés aux autres, puis il vit encore se lever l’astre ruineux, l’astre troué, argentin et légendaire, vers lequel il leva ses mains tristes… Il eut un dernier sanglot ; la mort entra dans son cœur et, se refusant l’euthanasie, il sortit des ruines, il alla s’étendre dans l’oasis, parmi les Ferromagnéteux. Ensuite, humblement, quelques parcelles de la dernière vie humaine entrèrent dans la Vie Nouvelle. »
« La Mort de la terre » se présente comme une nouvelle originale et envoûtante, autant par le style que le thème. La vision minérale d’un monde à l’agonie, l’improbable existence d’êtres radicalement différents, l’étrange comportement de désespoir tranquille manifesté par des hommes, l’ensemble de cette thématique, pillée à maintes reprises par les épigones de l’auteur, constitue une innovation majeure dans le genre.
Ajoutée à « la Force mystérieuse » et aux « Navigateurs de l’infini », ces rares récits suffisent à faire de Rosny Aîné l’un des maîtres de la science-fiction française.
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La Force Mysterieuse - Par BenF
Deux physiciens, Langre et Meyral, font une découverte stupéfiante: la lumière est malade, elle se dédouble, les longueurs d’onde les plus longues dévorant les plus courtes. Suite à cela, la folie gagne les rues de Paris, le psychisme des gens étant perturbé. Ils se piétinent incapables de résister à leurs mauvais instincts. C’est dans cette ville en délabrement que Langre et Meyral vont arracher Sabine, la nièce de Langre, des griffes de son mari.
Ils la mettent en sécurité dans leur laboratoire et continuent leurs recherches. Ils apprennent bientôt que les vagues de folie destructrices sont liées au rythme solaire, à la disparition des couleurs du spectre ce qui entraîne aussi la perturbation totale des communications. Peu à peu le rouge, puis le jaune, le vert, puis le bleu, disparaissent. Enfin vint :
" L’aube, puis le jour, un jour qui ressemblait aux nuits du poète quand l’aurore boréale monte à travers les nuées. "
Le groupe, réuni autour de Langre, subit un dernier assaut, fatidique pour beaucoup d’humains, le froid se fait sibérien, la folie rôde. Soudain le phénomène, comme une vague, décroît. Mais il a laissé des traces douloureuses en modifiant le comportement des individus.Nos deux héros se réfugient à la campagne, dans une villa, pour se reposer. Ils constatent qu’un lien émotionnel de plus en plus intense, les unit. Meyral note, en face de l’impossibilité de quelques-uns à s’éloigner de la maison:
"Remarquez que d’instinct nous nous sommes approchés de la maison, c’est à dire du centre favorable.Ce qui m’étonne le plus c’est en somme qu’il ne s’agit pas d’un instinct proprement social. Nous ne désirons pas nous réunir à d’autres groupes. Les groupes du village ne le désirent pas non plus... Hier, quand j’ai voulu aller seul au bord de l’Yonne, j’ai ressenti, à mesure que je m’éloignais de vous tous un véritable sentiment de détresse."
Le phénomène du " groupisme " est né. Les membres d’un même groupe seront désormais obligés d’évoluer ensemble sous peine de mort. L’humanité a changé de nature. Les liens sociaux universels se sont rompus pour donner naissance à une sorte "d’Homo-Gestalt", à la mobilité circonscrite dans une zone d’action réduite :
" Il inscrivit quelques notes sur son carnet et reprit sa route. Ce fut pénible, ce fut douloureux. De minute en minute la difficulté s’aggravait. Quand Meyral ayant dépassé l’îlot fut en vue de l’aqueduc, la marche devint épuisante : c’était comme s’il avait traîné un chariot, de grosses gouttes de sueur coulaient dans sa nuque. En même temps une souffrance aiguë envahissait tout le corps; les tempes semblaient pressées par des plaques de bois: le coeur haletait; des brûlures lancinaient les poumons. Il savait que ses peines se répercutaient là-bas, moindres cependant, réparties, diluées. Jusqu’à l’aqueduc, il persévéra; enfin la fatigue devenant intolérable et se sentant à bout de forces, il s’arrêta:
-Inutile de pousser plus loin l’expérience! Le soulagement musculaire fut instantané. "
De retour, Meyral fit part de son expérience aux autres membres du groupe. Langre surenchérit:
«Si je n’étais en proie au plus absurde optimisme, je serai saisi d’horreur. Car tout se passe comme si nous étions devenus une sorte d’être unique.»
Langre arrive à la conclusion suivante:
" Oui... nous sommes pris dans un piège immense... Nous sommes saisis par une autre vie. "
Cette " autre vie " se manifestera par des taches sur le corps de tous les membres. Pourtant l’été est splendide et les récoltes s’avèrent bonnes. Tout irait donc pour le mieux à l’intérieur du groupe qui partage des émotions de plus en plus intenses si ce n’était l’arrivée d’une nouvelle menace: le "carnivorisme". Comme une épidémie, un besoin incoercible de viande se fait jour parmi les humains, les rendant identiques à des animaux. Entre temps, nos héros s’aperçoivent que les taches qui les recouvrent sont toutes réunies en un réseau de filaments qui se nourrissent de l’énergie des émotions:
" Vous croyez que ce flux (celui qui a entouré la terre) tout entier était vivant? –Non -Vous croyez que les taches le sont? -J’en suis sûr. Le phénomène dont nous sommes victimes est d’ordre organique. Chaque groupe ,selon moi, est englobé dans un être. "
La menace du carnivorisme se fait pressante car le manque de viande est mortel. Venu de Westphalie le mal se répand sur l’Europe et se rapproche de la villa où se trouvent nos amis. Langre en organise la défense lorsque le groupe , à son tour, est atteint par la maladie. L’idée lui vient que des champignons combleraient le besoin de viande. Il emmène ses compagnons dans une vieille champignonnière, perdue au fond des bois, où ils pourront assouvir leur besoin. En mangeant des cèpes par grosses quantités, ils se sentent mieux instantanément.
Ils décident donc de s’établir là pour repousser les "carnivoristes" qui s’approchent, en s’alliant avec les groupes voisins, à qui ils révèlent leur secret. En attendant l’assaut final, Meyral et Langre, devenus chefs, font fortifier le village. L’attaque survient :
"On commençait à percevoir des voix sourdes, des grondements de bêtes, de piétinements. Cela venait de l’ouest, mais à mesure la rumeur se propageait au nord et au sud. Parfois un cri sauvage, une plainte retentissante annonçaient des blessures ou une agonie. "
Après ce combat sauvage, la villa est épargnée et la vie continue cahin-caha, jusqu’à ce que leur arrivent des nouvelles d’espoir
" Chaque jour, les nouvelles devenaient plus favorables. Le lien surnaturel qui entravait les sociétés se défaisaient rapidement: l’action individuelle reprenait. "
La conclusion appartiendra à Langre lorsque, devant un aréopage distingué de physiciens, il exposera sa théorie:
" On peut conjecturer que c’est UN MONDE ou un fragment de monde qui a rencontré notre terre. De toute évidence CE MONDE appartient à un système très différent de nos systèmes solaires. Il ne s’ensuit pas qu’il fasse partie de systèmes situés en dehors des étendues occupées par la voie lactée et par les autres nébuleuses .
Il se peut que notre espace comporte des espèces différentes d’univers, tantôt susceptibles d’agir partiellement les uns sur les autres, tantôt d’une indifférence et même d’une perméabilité mutuelles à peu près complètes. Dans ce denier cas, la coexistence des univers, quelle que soit leur proximité, ne donne lieu à aucun trouble perceptible, tandis que dans le premier cas des cataclysmes proportionnels aux analogies sont possibles.
Le monde qui vient de passer au travers de notre système n’avait pas assez d’analogie avec le nôtre pour détruire notre terre (la masse planétaire semble n’avoir subi aucune modification sérieuse), mais il en avait suffisamment pour attaquer nos énergies superficielles et pour menacer la vie. Un degré d’analogie de plus, ou un passage moins rapide de la catastrophe, et l’animalité terrestre disparaissait. Quoiqu’il en soit, nous posons l’hypothèse que nous avons subi le heurt d’un monde, incapable de compromettre l’existence de notre globe, et même de troubler sa marche, et que ce monde comporte, comme le nôtre, un règne organique."
"La Force mystérieuse" est un chef-d’œuvre de l’anticipation française. L’action, constamment relancée, l’intrigue qui ne s’embarrasse pas de fioritures sentimentales (contrairement à l’habitude du roman de l’époque) , des personnages bien campés, cela seul suffirait à en faire un bon roman. Les idées extraordinaires qui annoncent la science-fiction moderne foisonnent : disparition des couleurs et leur influence sur le psychisme, création de l’Homo-Gestalt, rencontre avec un univers parallèle et des êtres radicalement autres, font de Rosny Aîné l’un des auteurs-clés de la science-fiction d’expression française.
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