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Bienvenue dans la Base de Données des livres !

Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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Livres

  1. Type: livre Thème: la cité foudroyée, menaces idéologiques, menaces et guerres nucléaires Auteur: Robert BUCHARD Parution: 1969
    Le colonel chinois Ni hait les Américains. Engagé au plus haut sommet de l’état maoïste grâce au Général Lo Jui Ching, il imagine une revanche diabolique, eu égard à son enfance malheureuse, en manipulant les divers éléments du système politique chinois. La mise en place de sa machine infernale commence par Yu, un agent secret que Ni envoie étudier les horaires des vols Air France à Orly.  Suscitant partout des troubles dans le pays en y aiguisant diverses haines, celle des gardes rouges contre les Révisionnistes, celle de l’Armée contre les Impérialistes, celle de la Police Secrète, dont il était le chef incontesté, contre tout le monde, il met en échec la politique de Liou Chao Chi, le faisant passer pour un traître révisionniste. Parallèlement à cette action menée avec brio et avec l’appui involontaire de Mao Tse Toung, il envisage le largage d’une bombe atomique sur New York.
    Toujours avec grand soin, il réunit une brochette de scientifiques et techniciens dans une base secrète déjà opérationnelle. La bombe A devrait être introduite aux USA  par un vol régulier d’avion de ligne, en l’occurrence celui d’Air France à destination de New York. La bombe camouflée à l’intérieur de la carlingue, l’équipage sacrifié, les voyageurs constitués par des prisonniers de guerre américains soi-disant libérés, tout devrait inspirer la confiance:
    " Très à l’aise, le colonel approuva par son mot favori : - Exact. - Or, d’après l’exposé détaillé que tu viens de faire, tout semble dépendre de cet homme qui sera ou ne sera pas dans l’autre avion. Supposons qu’il ne soit pas dans cet avion et que par conséquent le vol régulier continue normalement sa route sur New York ? - Je m’attendais à cette question et, bien que je vous aie dit que la responsabilité de cette partie de l’opération m’incombait, je vais vous répondre. Effectivement, tout dépend de lui.  -Tout dépend de lui, mais lui ne le saura pas? -Il ne saura rien. Cet homme s’appelle Yu. Cela fait des années qu’il travaille pour mes services. Il a toujours obéi et souvent risqué sa vie. Mais malgré cela, il est hors de question que je lui fasse totalement confiance cette fois-ci. Car cette fois-ci, pour lui, il y a au bout de la mission la mort certaine "
    Lorsque le véritable avion, dans lequel se sera trouvé Yu et ses explosifs, aura disparu au-dessus de l’Atlantique, il serait immédiatement remplacé par le faux vol d’Air-France. En prétextant une panne radio, il survolerait New York sans que le système américain d’alerte aura été en mesure de réagir.  Malgré la faible opposition de Liou Chao Chi et de son petit groupe de partisans à cette action criminelle, l’avion-porteur arrive en vue de New York selon le plan prescrit. La bombe est larguée. Les Américains réagissent en mettant en œuvre la " phase Trois ", c’est-à-dire la mise en alerte de tous les moyens de dissuasion possibles. Ils sont persuadés que les Russes sont à l’origine de la tragédie et s’apprêtent à déclencher une riposte nucléaire totale.
    Un roman de politique-fiction à la frontière du roman catastrophe. Il vaut surtout par l’excellente démonstration du fonctionnement du système révolutionnaire chinois, système à irresponsabilité illimité, rendant possible l’actualisation des fantasmes haineux de n’importe quel psychopathe suffisamment habile pour s’élever dans la hiérarchie d’un Parti totalement verrouillé. La théorie de la " Bombe sous le paillasson " est décrite de manière convaincante.

  2. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 2 Auteur: Jean GUIDONI Parution: 1968
    Le narrateur, nous confiant ses impressions sur un ton gouailleur mais désespéré, traverse Paris la nuit, à la recherche de son amour. Un Paris inquiétant, à bout de souffle, gémissant sous le joug d’une dictature militaire, qui amoncelle les indices de la destruction:
    « des cris qui s’espacent », « une ambulance à moitié calcinée », « les ruines de la gare Saint-Lazare », « la distribution de la soupe par des paras à l’Opéra », « les rats qui grouillent rue Royale », ce qui incite le jeune promeneur à allonger ses pas. Il a beau se répéter, en un refrain lancinant, que « tout va bien », encore vivant parmi les morts, il « évite les charniers où fut abattu Jean Ferrat » et se bouche les oreilles aux sons de « la musique militaire ».
    Bien que la société parisienne semble prendre parti pour le nouvel ordre et ses thuriféraires, les Mireille Mathieu et Léon Zitrone,  il ne peut s’empêcher d’accorder de l’attention aux paroles de sa grand’mère qui l’incite à rentrer tôt car, dit-elle :
    « ( …) Mon petit Jean, votre quartier est triste
    Et rempli de cadavres en décomposition ».
    Il devra éviter toute mauvaise rencontre pour ne pas se faire
    « parquer avec les rouges au palais des Congrès », ou avec
    « les pédés dans le Palais des Glaces » ou encore avec
    « les Juifs au palais des Sports ».
    Un retour d’autant plus délicat qu’il s’agira de passer entre les « haies de barbelés des quais de la Seine ».
    Le constat qu’il tient est amer :
    « Naïfs que nous étions et aveuglés aussi
    Qui nous imaginions pouvoir prédire le pire
    Adieu notre jeunesse voilà le temps qui vient
    Du baîllon, des œillères et de la pestilence
    Le temps des ovations et celui des silences
    Que l’on ne rompt que pour se dire : tout va bien ! »
    Pourtant, il ne veut perdre tout espoir puisqu’il glisse dans la lettre à son aimée « un brin d’herbe (cueilli) dans les gravats ».
    Nulle part, en si peu de mots et avec une si grande économie de moyens, il nous a été donné de saisir l’ambiance terrifiante d’une société totalitaire en train de s’établir, qui soutient la comparaison avec 1984, le roman de George Orwell.


  3. Type: livre Thème: le dernier homme Auteur: Jean-Pierre ANDREVON Parution: 1988
    Andrevon-le-narrateur , installé dans sa propriété du Mont (une ferme), munis de quelques conséquents packs de bière, de nourriture, et avec pour seul ami son chat Lascard, survit (provisoirement) à la fin du monde. Le grand jour, qu’il a daté du sept septembre, a gommé toute l’humanité (peut-être) de la surface de la terre. Epargné par hasard, subissant le syndrome de Malevil, il assiste, stupéfait, à la montée d’un fleuve de boue brûlante (du magma ?) qui recouvre progressivement les vallées environnantes, ne délaissant que son seul promontoire. Une lumière grise et fixe baigne le paysage.
    En attendant de mourir de faim, ou grillé, ou noyé, Andrevon-le-narrateur se livre à une mise sur papier de ses fantasmes les plus intimes, récapitulant toutes les femmes qu’il a connues, de Claude à Mahi-Thé, de Colette à Marie-Angèle. Il nous décrit ses préférences en matière de sexualité, son attirance obsessionnelle pour les poils et le cunnilingus, son goût de la masturbation (bien obligé, heureusement qu’il aime ça !), son rejet de l’homosexualité :
    « Je peux, vraiment ? » Pour toute réponse, j’écarte largement drap et couvre-lit, masquant mon érection dans l’angle relevé de mes cuisses. Je bande à en avoir mal. Elle se glisse près de moi, le bruit de son corps qui froisse les draps m’assourdit les tympans. Son odeur monte de plusieurs crans, elle m’envahit par tous les pores, sa sueur, le musc de son sexe pas lavé depuis longtemps, ses relents fauves. »
    Détaillant les péripéties d’un écrivain (fictif) de science-fiction, spécialiste en fins du monde et en matière de femmes, il explore minutieusement les aléas amoureux et parfois professionnels d’un homme aux alentours de la cinquantaine:
    « Tant de choses qui sont parties en fumée, qui se sont dissoutes sans que je m’en rende compte ou qui se sont brutalement brisées dans mes doigts en m’entaillant le cuir. Tant de choses, tant de gens. Cette sorte de gens : les femmes, que j’ai aimées, ou au moins désirées, et va tracer la frontière ! Celles qui vous échappent. De toute façon, celles qu’on regrette le plus, ce ne sont ni celles qu’on n’a pas eues ni celles qu’on a eues complètement. Ce sont celles qu’on n’a pas eues assez. Celles qui se sont échappées en cours de route, en plein milieu du chemin qu’on croyait pouvoir suivre encore un bout de temps. Françoise, Josy, Mariangela. Celles qui vous lâchent au milieu du gué. Tu connais cette réflexion de Jacques Sternberg : on annonce toujours le décès des hommes célèbres mais jamais leur naissance. L’amour, c’est l’inverse. Tu sais la première fois que tu fais l’amour avec une fille, tu ne sais jamais quand c’est la dernière. »
    Jouant constamment avec le code romanesque, introduisant son jeu (son je ?) dans tous les domaines, il se rappelle son passé en un dernier effort d’écriture, sorte de carnet intime de plus de deux cents pages qu’il brûlera à la fin, seul de son espèce, Lascard même ayant disparu dans la quatrième dimension du néant, assuré que personne n’aura à lire ces pages (nous comptons pour du beurre) puisqu’elles ne seront jamais publiées, les éditeurs étant sous la boue, et que rien ne vaudra jamais la vie, surtout pas un roman:
    « Combien de temps que j’écris, que je range, que je classe, que je colle ? Cinq, six, sept semaines ? Ca fait beaucoup de toute façon. Et rien ne change. Ni la température, ni la lumière sans lumière. Le temps ne change pas. Le temps s’est arrêté. Pourquoi je continuerais ? J’ai tout dit. Le cul, le cul, le cul. Qu’est-ce qu’il y a d’autre à retenir dans une vie, quand on n’est pas Ghandi, Cousteau, Louis Lumière, Picasso, Pasteur, Pasqua, Pandraud, Hitler, ces gens-là?Rien d’autre que le cul. »
    Les interférences entre la vie, les préférences de l’auteur et celles du narrateur sont étroites,  mais constamment gauchies, déformées, fantasmées, et profitent du sentiment d’étrangeté que dégage le décor d’un paysage en perdition, alors que, dans le même élan, sont passés en revue les divers thèmes qui fondent le genre cataclysmique :
    « Au moins je n’entendrai pas le cri de mort de la dernière baleine, du dernier éléphant, du dernier rhinocéros, du dernier tigre, du dernier kangourou. Je ne verrai pas la mer méditerranée terminer son agonie étouffée par les 12000 tonnes d’huile, les 60000 tonnes de détergents, les 10000 tonnes de mercure, les 2400 tonnes de chrome que nous y déversons chaque année. Je ne serai pas irradié par les 90000 m3 de déchets radioactifs que mon beau pays nucléaire aurait eus sur le dos en l’an 2000.  Je ne verrai pas en l’an 2000 la couche d’ozone finir de se déchirer parce que des industriels de merde continuent de fabriquer et de vendre du fréon Je ne verrai pas en l’an 2000 nos dernières forêts se recroqueviller sous les pluies acides. Je n’aurai pas 63 ans en l’an 2000. Je ne verrai pas arriver lentement ce qui est arrivé en quelques secondes il y a deux mois, la mort de l’herbe et de l’air et de l’eau, la mort de la Terre, réfugié sur un dernier rivage, bonjour la science-fiction, bonjour le cinéma. (…) J’ai deux mois de bonus devant moi. Deux mois, en me masturbant deux fois par jour, ça fait cent vingt coups à tirer. Qui pourrait en dire autant ? »
    Œuvre habile et à part dans la production de l’auteur (le vrai Andrevon). Tout à la fois témoignage d’une volonté de catharsis, d’une intention de faire le point arrivé au midi de sa vie, alors que la composante catastrophiste omniprésente est niée, et qui, obsessionnellement, gravite autour de la seule tension qui importe dans l’art et dans la vraie vie, soit la force du désir. Le roman, loin d’être l’œuvre d’un monomane sexuel, s’inscrit pleinement dans notre domaine.

  4. Type: livre Thème: pollution généralisée Auteur: Ian WATSON Parution: 1973
    L’adorateur du soleil, le prêtre de Tetzcatlipoca, Considine, le guerrier au buggy de feu, gît dans son filet avec deux de ses acolytes, prisonnier des W.A.S.P. (White Anglo Saxon Protestant). Il subit la douleur inouïe de son sang qui lui est soutiré par l’infirmière Marina en compensation de ses crimes. Car, dans cette société du futur, sur une terre totalement plongée dans un smog perpétuel,  deux classes sociales se partagent le pouvoir: ceux de «l’Establishment », dit aussi les W.A.S.P., enfermés dans leur dômes de plastique, et les adorateurs du soleil qui, comme Considine, sillonnent les autoroutes dans leurs buggies dans l’espoir d’assister à cet événement inouï, le smog qui se déchire et qui laisse entr’apercevoir un coin de ciel bleu parsemé de lumière.  Parfois les guerriers de la route, dans leur hâte, se laissent aller à renverser ou tuer l’un de ces honnêtes citoyens. Capturés, ils sont condamnés, par une stimulation permanente, à fournir leur sang comme gage de réparation.Mais Considine, qui connaît toute la valeur d’un sacrifice,  se sent porté par sa mission et possédé par Tetzcatlipoca, le dieu aztèque du soleil.
    Par une impérieuse et mystérieuse domination psychologique, il convainc Marina de le libérer et de fuir avec lui à la recherche du soleil. Cette fois-ci, il a la certitude de réussir puisqu’il offrira au dieu lumineux le cœur de la jeune fille, arraché tout sanglant de sa poitrine, avec un authentique couteau cérémoniel aztèque. La mise a mort a lieu. Elle semble plaire au dieu puisque le brouillard se déchire. Mais Tetzcatlipoca est aussi un dieu trompeur. De partout Considine entends des messages l’avertissant qu’il se trouve en danger de mort s’il reste dans la lumière :
    « Espèce de maniaque assoiffé de sang. Je m’en fiche. Je ne peux rien voir là-haut. Où est la couche d’ozone ?!  Je me suis tourné vers lui sans comprendre, tenant toujours le cœur trempé de sang. -Quoi ? -La couche d’ozone dans la haute atmosphère, tu ne comprends pas qu’elle est partie ? Le centre météo est en train de crier au meurtre ! les radiations dures arrivent jusqu’à nous. Tu vas brûler à mort si tu restes là-dehors. C’est pour ça qu’il n’y a pas de plantes, imbécile ! Répandre le sang n’y fera rien !. »
    Par un effet de catalyse, le smog en s’évaporant a détruit la couche d’ozone qui protégeait la terre :
    « C’était bien plus que l’ozonosphère qui s’était altérée en ces mutations chimiques des dernières heures. Le voile funèbre de crasse qui avait enveloppé la terre pendant tant d’années se transformait rapidement, quel que soit le nouveau catalyseur qui s’était trouvé un asile dans le smog ; à présent, partant d’un point et se déployant aux alentours avec le catalyseur comme avant-garde (…) sur une onde frontale à partir d’un point lumineux, le smog métamorphosé cédait aux radiations dures issus du soleil nu. »
    Cette tache de feu ira en s’accroissant jusqu’à englober le globe qu’elle stérilisera entièrement. Considine, en accomplissant son sacrifice, a condamné la terre à périr.
    Une nouvelle curieuse et originale dont la forme même (surtout dans sa langue d’origine) témoigne de sa radicale nouveauté.

  5. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 2 Auteur: Jean-Pierre VERNAY Parution: 1981
    Thomas ne se rappelle plus quand tout cela a commencé. A présent, grimpant par-dessus l’encombrement des ruines urbaines rongées par la végétation, il recherche de la nourriture. Grenoble dévastée par une déflagration nucléaire ressemble à bien d’autres villes françaises dans le même état. Le danger rôde, car des êtres inquiétants parcourent la solitude de Thomas. Il le ressent d’autant plus vivement qu’un lien télépathique fort s’est tissé entre lui et un rat qui devient, par force, son compagnon en symbiose. Les deux amis ( ?) manquent rarement une proie :
    " Comment peut-on continuer à vivre lorsqu’on connaît la date de sa mort ? Mille jours ! En lui était gravée l’absolue certitude de sa disparition au terme de cette échéance. Il était prêt à la mort. Le Message pesait en lui, renforcé par l’obscurité totale. Il se coucha, et attendit. La sensation de n’être pas seul le tira de sa torpeur. Il y avait quelqu’un ,  là, quelque chose qui avait peur et qui gémissait. En essayant de découvrir la provenance du son, Thomas se rendit compte que l’appel résonnait dans sa tête. Il vit alors, en un " flash " rapide, la grotte vue différemment, par d’autres yeux que les siens, et une forme humaine nimbée de rouge, qui était lui, Thomas. L’être qui le regardait était un rat, et il avait mal. "
    Thomas se cache d’une bande de fanatiques prêts à mettre à mort une jeune fille mutante, Léïa, qu’ils ont capturée.  Thomas arrache Léiä des griffes ennemies et apprend qu’elle fait partie d’un groupe (la famille) de mutants. Celui-ci est dirigé par Gur, une masse protoplasmique informe mais au cerveau télépathique puissant qui assure la cohésion du cercle en le transformant en homo-gestalt.  Thomas et son rat sont admis dans la famille. Chaque mutant possède des caractéristiques spécifiques ; Karl, par exemple, est capable de brûler son adversaire alors que les jumeaux hypnotisent leur proie. Leur existence est difficile puisqu’ils sont poursuivis par les " chasseurs ", les derniers hommes soi-disant normaux, vivants en zone urbaine, et que la bombe a épargnés.
    L’errance du groupe prend place dans la problématique du "Message ". Il s’agit d’une information télépathique puissante, émise par on ne sait qui, avertissant les Sapiens de leur annihilation dans un délai de mille jours. Le Message sonne comme une certitude dans l’esprit  des mutants qui se décident donc à passer le reste de leur temps dans la liberté qu’ils s’octroient à l’intérieur d’un monde ravagé. Il en va de même pour les Chasseurs, qui, en-dehors de la chasse aux mutants, organisent des jeux de cirque. C’est dans l’ancienne ville de Marseille (Manhem) que Thomas et Léïa seront capturés par Sco (pour Scolopendre) le chef des Chasseurs. Par jeu ou par ruse, lui-même étant mis en cause par des supérieurs névrosés, Sco se décide finalement à libérer le couple alors que, inexorablement, le temps s’écoule jusque vers l’apocalypse finale.
    Un roman pour adolescents, parfois tendre, souvent cruel, sur fond de destruction. Une intrigue progressiste stigmatise le racisme, la xénophobie, et plaide pour le droit à la différence. Il est dommage que la fin soit à l’emporte-pièce et ne satisfasse pas réellement le lecteur : on aurait aimé connaître l’origine et la finalité réelle de ce fameux "Message " !

  6. Type: livre Thème: invasions d’insectes Auteur: Max André RAYJEAN Parution: 1963
    Une espèce de fourmis gigantesques règne sur la terre. Devenues intelligentes, elles ont réduit en esclavage les derniers noyaux d’humains dégénérés qui subsistent depuis le grand Bouleversement.  Une expédition, conduite par la fourmi Ap,  se rend dans les ruines d’une grande cité humaine pour y chercher des aéroptères, anciennes ailes volantes humaines, grâce auxquelles, les fourmis pourront vaincre les Abeilles intelligentes, leurs ennemies, elles aussi agrandies. L’expédition réussit, mais les incessantes attaques d’abeilles sur Imruof (= fourmi), la cité des fourmis, inquiètent Ol, le chef fourmi. Il pense se servir d’un couple humain Op-Po et Ra-Ar pour infiltrer Ellieba,(= Abeilles) la cité des Abeilles, en échange de leur liberté.
    Les humains réussissent leur mission, rapportent à Ol ce qu’ils ont vu, mais le chef des fourmis ne tient pas sa promesse et les remet en prison.  Op-po et Ra-Ar s’évadent, échappent à leurs geôliers, découvrent des artefacts humains et notamment un pistolet encore en état de marche avec lequel ils carbonisent leurs poursuivants.Ils font la rencontre d’une troisième race d’insectes géants, les Abermis, mélange d’Abeilles et de Fourmis, ennemis des unes comme des autres. Les Abermis sont technologiquement plus avancés, ils circulent en engin volant, possèdent des armes sophistiquées mais craignent de se diriger vers la mystérieuse cité de Terrom où, dit-on, résident des humains invincibles. C’est le cap que prendra Op-po, après avoir maîtrisé les Abermis restants. A Terrom, il a l’immense surprise de découvrir des androïdes qui attendent leurs maîtres humains depuis le Grand Bouleversement :
    " Op-Po leva la tête vers les buildings de cent étages rongés par les plantes parasites. Devant ces gigantesques constructions, témoins d’une activité et d’une civilisation florissantes, le jeune homme semblait atterré, un peu perdu : -Le grand Bouleversement est passé par là ! prononça-t-il d’une voix solennelle. -Le Grand Bouleversement ? Que veux-tu dire ?
    -Je ne sais pas. Personne ne sait. Cette cité de jadis appartenait à nos ancêtres. -Mon Dieu ! dit Ra-Ar. Est-il possible que les hommes d’autrefois construisaient de semblables monuments. Etaient-ils des surhommes ? -Je ne sais pas, avoua encore Op-Po. C’était une autre race, évoluée, puissamment intelligente. Toutes les civilisations laissent des traces de leur passage. "
    Op-po devient le maître de Terrom et apprend ce qu’a été le cataclysme, qui a anéanti l’espèce humaine, soit une perte progressive et totale de sa mémoire. Seuls auraient survécu les quelques centaines d’hommes réduits en esclavage par les insectes. Op-Po anéantira l’ensemble de la population insecte en répandant chez ceux-ci,  grâce à des abeilles traîtresses, un virus foudroyant. C’est l’âge " Un " de Terrom.
    Roman populaire s’il en est, dans la veine des pulps américains. Le récit se déroule en un style compréhensible par un enfant de douze ans, aux phrases plates, à l’intrigue linéaire, aux personnages caricaturaux, aux décors stéréotypés, bref, une  oeuvrette  sans «gure-veren»   (= envergure ) !

  7. Type: livre Thème: menaces idéologiques Auteur: André CAROFF Parution: 1982
    En voilà un beau conte ! Bien avant 2075 aux Etats-Unis, la surpopulation a progressé à un point tel, que les gens s’écrasent les uns contre les autres. Dans le monde entier, les cités sont calquées sur le même modèle : il y a les V.B. (Villes Basses) et les V.H. (Villes Hautes). Dans la V.B. s’entassent les pauvres dans des conditions de vie inimaginables. Dans les V.H. se prélassent les riches, les "Résidents", protégés par des murs et des miliciens privés. Young Leyland, un flic pauvre de la V.B., travaille sur un meurtre commis par un Résident.
    Conjointement, se détraquent tous les rapports sociaux dans la V.B. Les gens sont d’une intense agressivité les uns entre les autres, les "crânes verts", sortes de punks, s’emploient à éliminer tous les policiers. Le manque de nourriture, les cadavres partout répandus encouragent au cannibalisme. Young,  soutenu par son chef Jefferson, apprend de la bouche d’Etta Hubell, la fille révoltée d’un grand patron Résident, que tous ces événements sont intentionnellement provoqués par les riches qui souhaitent éliminer les pauvres par l’intermédiaire de " rayons psy " en un génocide massif. En construisant un émetteur qui arrose la V.B., en disposant des relais dans le monde entier, la V.H. fait régner la "terreur psy." Young, aidé par Etta qui a honte de sa classe, parvient, avec des moyens extrêmes et au terme d’une cavale qui manque de le mener sur la chaise électrique, à faire sauter l’émetteur maléfique. Les riches Résidents "sous induction", meurent tous par une espèce de choc en retour – et ceci sur toute la planète. Les pauvres des V.B., un milliard de morts plus tard, reprennent leurs esprits en comprenant à quel point ils ont été manipulés.
    Young Leyland honoré comme sauveur de l’humanité, fait don de tous ses biens aux pauvres, alors que sur terre, il n’y a plus de riches. C’est bien fait pour eux : ils n’avaient qu’à laisser les pauvres tranquilles :
    " Les Résidents étaient tous riches. Ils vivaient littéralement en cercle fermé, avaient les meilleurs produits alimentaires, les meilleurs vêtements, le meilleur matériel, de l’éducation, heureux d’avoir tout ça mais, en vérité, n’ont éprouvé qu’une peur panique lorsque la démographie galopante de notre planète leur a fait comprendre qu’ils devaient un jour partager leurs richesses. Je ne veux pas être riche et notre nouvelle Société devrait faire en sorte de supprimer les Riches ! La richesse est une mauvaise habitude, une espèce de maladie qui annihile les sentiments humains et qui incite l’homme à devenir un loup pour l’homme. "
    Un petit texte bien mené pour sa partie policière, et bourré de bons sentiments qui tordent le cou à la "lutte des classes". Récit féerique qui fait bien regretter que la vie réelle soit si compliquée !

  8. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: Francis CARSAC Parution: 1960
    Le narrateur revoit un ami, Paul Dupont,  qu’il a perdu de vue depuis longtemps. Un soir, le laboratoire de celui-ci est violemment illuminé et il retrouve Paul Dupont inanimé, en état de choc. Depuis l’accident, Dupont présente une personnalité double, celle de Haurk, un transfuge de l’an 4500, et celle d’un terrien de l’époque du narrateur. Il prouvera par des inventions étranges qu’il détient les clefs d’une connaissance supérieure. Haurk/Dupont disparaît soudainement mais laisse à son ami un manuscrit. Y est relatée toute la saga de Haurk, comment le scientifique du futur, en compagnie de son ami Kelbik, le mathématicien, fournit la preuve que le soleil se transformera bientôt en une gigantesque nova :
    « Il y avait six mois que je travaillais à l’extension de ma théorie des taches solaires, quand je m’aperçus que, si mes calculs étaient exacts, la fin du monde était proche. Je me souviens de ma stupeur, de mon incrédulité, des calculs vingt fois recommencés, et finalement, de mon épouvante ! Je sortis comme un fou du labo, grimpai à la surface, dans l’hémisphère éclairé, et regardai le soleil, bas sur l’horizon Il flamboyait dans le ciel, tel que les hommes l’avaient toujours vu. Et pourtant, si je ne me trompais, dans un avenir plus ou moins éloigné, dans cent ans,  dans dix ans, demain, à la seconde qui venait peut-être , ce globe monstrueux allait éclater, noyant dans une marée de feu Mercure, la Terre, le système solaire ; »
    Haurk est issu d’une société du futur partagée en deux classes, les Teckns et les Trills. Les Teckns dont font partie Haurk et Kelbik, forment la caste des théoriciens et des penseurs. Les Trills sont des administrateurs et des techniciens. La séparation est totale entre les deux classes sociales qui se retrouvent au sein du Conseil des Maîtres. Devant l’imminence du danger, Haurk et Kelbik découvrent le moyen de soustraire la terre au péril cosmique. Par une ceinture de " géocosmos ", d’immenses machines gravitationnnelles, ils envisagent d’éloigner la terre du soleil mourant pour la placer aux confins du système solaire ou même au-delà :
    « Petit à petit, la Terre élargissait son orbite, s’éloignait du soleil, entraînant la Lune. Vénus se rapprochait de la Terre, ses géocosmos fonctionnant à une plus grande intensité pour compenser le handicap de son orbite de départ plus interne. Aussi s’était-t-il produit quelques légers séismes, sans graves effets. Au bout d’un an, le Soleil avait visiblement diminué de diamètre dans le ciel, et la température moyenne de la Terre commençant à tomber, nous dûmes replier dans les parcs souterrains les bêtes les plus sensibles au froid, tout au moins celles qui avaient été choisies pour perpétuer l’espèce. »
    Tout est mis en œuvre à cette fin : d’immenses cités souterraines, des réserves de nourriture et des parcs animaliers parcourus par d’interminables réseaux de communication, sont construits avec efficacité. Le projet pourtant, ne fait pas l’unanimité chez les Trills. Les "Destinistes ", une secte eschatologique, s’opposent à ce que la terre soit sauvée et feront tout pour qu’elle subisse son destin : sabotages, attentats, émeutes, insurrections… Mais Haurk veille et Karnac, l’ambitieux chef des Destinistes perd la partie.
    Les immenses géocosmos entrent en action, entraînant la terre avec sa voisine Vénus de plus en plus loin du soleil instable. Bien que tout ait été calculé, les secousses telluriques, l’air qui gèle, le froid mortel qui s’installe, toute végétation qui meurt, contraignent rapidement les hommes à s’isoler dans les cités souterraines :
    « Nous ne sortions guère à la surface, morne désolation de glace, sous le ciel noir piqué d’étoiles. A l’intérieur des cités, la vie était monotone(…) Le manque de soleil, le confinement dans les parcs trop connus étouffaient la joie. Les promenades à la surface étaient pires, et seules quelques équipes de jeunes gens aventureux trouvaient plaisir à escalader les montagnes couvertes d’air gelé. »
    Cependant, les Destinistes ne désarment pas. Un nouveau complot qui doit faire sauter les portes blindées des cités en les ouvrant sur le froid de l’espace, est éventé, dévoilant des complicités au sein même du Conseil des maîtres.  La Terre, en franchissant une sorte de barrière cosmique, s’évade du système solaire en direction d’Alpha du centaure. Après que le soleil terrestre eut explosé, l’astre vagabond croise dans les environs du système centaurien où nos pèlerins de l’espace rencontrent des implantations humaines antérieurement installées, sociétés dérivées d’une première vague de colonisation. Ne pouvant s’établir autour du soleil centaurien, la pérégrination continue jusqu’à Telbir où les attendent d’agressifs extraterrestres qui utilisent déjà des terriens de jadis comme viande de boucherie. Grâce à Haurk, les esclaves brisent leurs chaînes hypnotiques et se débarrassent de leurs tortionnaires.
    Enfin l’atmosphère terrestre dégèle aux rayons d’un nouveau soleil et notre planète retrouve une place dans un nouveau système solaire :
    « Sur les toits , en face de nous, de grosses masses molles d’air solide commençaient à bouillonner, se détachaient, glissaient, tombaient dans les rues, tout en bas Un semblant d’atmosphère, infiniment ténu, existait déjà. A mesure que le soleil se déplaçait vers le zénith, le bouillonnement s’accentua, et bientôt un épais brouillard, un brouillard d’air, masque la ville. Par moments, sous l’influence des courants de convection, très violents dans cette atmosphère soumise à de terribles différences de température, le brouillard se déchirait, laissant apercevoir une tour à demi voilée d’une écharpe grise effilochée. Des toits s’écoulaient parfois des cascades d’air liquide, qui n’atteignaient jamais le fond, se gazéifiant à mi-chute. »
    Peu après cette période, à la suite d’une expérience malheureuse, Haurk s’était trouvé projeté dans le passé du narrateur. Le manuscrit qu’il lui a laissé est l’unique témoignage de notre avenir fabuleux.
    Un récit baroque et héroïque, un space-opera du temps d’avant la pollution. Sur fond de cataclysme cosmique Carsac joue une ode à l’espèce humaine en proie à l’adversité. Comme Stapledon, mais en plus naïf, il évoque les souffrances d’une humanité qui forge son propre destin. A relire pour le charme discrètement rétro des jolis récits du temps passé.

  9. Type: livre Thème: guerre des sexes, matriarcat Auteur: Christopher STORK Parution: 1984
    Les femmes prennent le pouvoir sur toute la terre, par surprise. A Paris, Dominique Molina rencontre Clara. La première n’est pas humaine. Elle est envoyée par la «Structure » d’Andromède pour étudier la situation qui se développe partout dans le monde. La Terre ne faisant pas partie de la C.U.P.E. (Communauté Universelle des Planètes Evoluées), elle servirait de champ d’expérience pour les colonisateurs d’Aldébaran (d’horribles méduses gluantes), déguisés en terriennes  impossible à distinguer d’entre les autochtones.
    Elle, Dominique (mais qui peut aussi être lui, Claude, à l’occasion), sera impliqué(e) profondément dans la révolution qui se dessine. Elle (Lui) suivra  en Italie Clara la journaliste appartenant au groupe révolutionnaire des «Streghe Armate » dont la première action sera d’enlever un gynécologue célèbre pour le châtrer parce qu’il refuse de procéder à des avortements. En fuite à Paris, initiée incidemment aux plaisirs saphiques par Dominique/Claude, Clara lui présente un être délicieux, sociologue et maître (maîtresse ?) de la pensée révolutionnaire des femmes en lutte : Berthe Decize,  sous les oripeaux de laquelle se cache en réalité un leader-méduse d’Aldébaran.
    Sur la terre entière, le pouvoir des hommes est jugulé. Fortement encadrées par les femmes-militaires du « Female Power » américain (encore des méduses !), les femmes du «Women’s Lib » formeront des brigades paramilitaires d’une effrayante brutalité envers les hommes, dignes en tout points des attitudes nazies. A Paris, tous les hommes, dont Dominique (redevenu Claude), ainsi que les femmes qui aiment encore les hommes (il y en a), seront arrêtés et incarcérés à l’aéroport d’Orly, transformé pour l’occasion en camp de concentration. La répression est impitoyable :
    « -Vous pensez donc que nous allons être assassinées par… par ces furies ? s’exclama la présidente en devenant très pâle. – C’est tout à fait possible, d’autant plus que ces furies, comme vous dites, sont téléguidées. – Par qui ? demanda vivement l’avocate. (…) –Vous n’avez jamais eu l’impression que ces extrémistes avaient quelque chose d’anormal, pour ne pas dire d’inhumain ? (…) – On ne m’ôtera pas de la tête que les pays de l’Est sont derrière ce mouvement ! (…) Je ne sais ce que j’allais répondre mais une voix brutale m’épargna cette peine. La porte du salon venait de s’ouvrir violemment et une milicienne galonnée se tenait sur le seuil et braquait sur nous sa mitraillette. –Dehors, toutes ! ordonna-t-elle ; au moindre mot, au moindre signe de résistance, vous serez abattues sur place.
    La femme ministre se dressa, livide, et fit face à la milicienne. –Je suis, commença-elle, le ministre de…. La rafale claqua aussitôt, assourdissante dans cet espace étroit. La femme ministre eut un hoquet, porta les mains à son ventre et s’abattit sur la moquette qui se teignit de rouge. »
    Clara, parce qu’elle aime Claude/Dominique, servira de jouet de plaisir à l’horrible Berthe Decize qui veut punir ainsi l’envoyée d’Andromède. Mais les méchants(-tes) seront défaits (-tes) in fine , dans le monde entier, puisque  «la Structure » mettra au point des lunettes spéciales qui permettront aux pauvres égarées d’apercevoir les méduses qui abusent de leur crédulité et de leurs sens. Tout redeviendra donc comme avant, car, après tout, rappelons-nous, les hommes n’étaient pas si méchants que cela ?…
    Quand nous disions au lecteur que les méchantes femmes étaient des E.T., nous n’avions pas entièrement tort, n’est ce pas ? Et dire que certains sont payés pour écrire ce genre de choses : que fait donc la police (de la pensée) ?


  10. Type: livre Thème: invasions extraterrestres Auteur: Tanith LEE Parution: 1985
    Cent cinquante ans déjà depuis que les Envahisseurs ont balayé l’espèce humaine sur terre avec leurs «araignées» hautes de huit mètres. Esther, une adolescente, survit dans l’un des derniers complexes souterrains où un groupe d’êtres humains s’est habitué à l’obscurité. Standish, leur leader auréolé de mystère, ne sort plus de son appartement. Esther est une rebelle. Bravant les interdictions et les soldats, elle monte à l’air libre dans un tunnel désaffecté pour s’habituer aux ruines de la cité et à un environnement étrange :
    «Avec l’été, elle abandonna de plus en plus souvent les bâtiments à cause de la chaleur fétide qui y régnait. Elle se promenait sur l’asphalte bouillant où les fleurs et les mauvaises herbes ouvraient des lézardes. Tout un après-midi, elle demeura étendue sur le flanc de l’un des véhicules rouillés et renversés (…) Durant ces mois de canicule, elle se sentait entièrement en paix et chez elle dans la ville, malgré les squelettes et autres traces de violence qu’elle avait découverts . Ces choses-là ne la troublaient pas. La cité était son jouet ; elle n’éprouvait à son égard aucun sentiment de responsabilité personnelle. Ces murs semblaient exister depuis la nuit de temps ; ils avaient dû abriter une race qui n’avait aucun rapport avec la sienne. »
    Quelque temps après, sa peau brune la dénonce et elle sera conduite devant Standish, le leader. Le vieil homme détecte en Esther le futur chef qui pourrait prendre en mains les destinées du groupe. Il permet à Esther l’accès libre à son réduit pour qu’elle puisse se cultiver. Respectée par le sergent Steiner et ses hommes, Esther apprendra comment les êtres humains ont subi leur lourde défaite. Lors d’une ultime sortie vers les «Haut», elle fait la connaissance de Cury, un jeune homme bizarre qui lui dit s’être caché des Envahisseurs dans les ruines. A sa demande, elle l’introduit dans la taupinière au moment même où Standish meurt.
    Esther, par un véritable coup de force prendra le pouvoir décidé à lutter contre l’ennemi du dehors. Dans le même temps, Cury, esclave-collaborateur des Envahisseurs, ayant fait sauter le générateur et provoqué un incendie, obligera les humains à remonter à la surface  où ils seront capturés, acheminés vers la Cité des extraterrestres. Cury montre un faible pour Esther qu’il protège, tandis que la jeune fille le traite en «chien» au propre comme au figuré. Car, dévoyé dans son corps et son âme, Cury s’adonne à des pratiques masochistes (fouet, coups) qu’il adore par-dessus tout. Esther, bien qu’elle s’en défende, ne pourra s’y refuser. Les humains seront parqués, soignés, alimentés et libres de leur mouvement au sein de « l’Enceinte » mais impitoyablement éliminés en cas de révolte. Esther habitera dans un appartement humain de la Cité, selon le vœu d’un Envahisseur qui se livre à une expérimentation sur sa personne.
    Lorsqu’enfin celui-ci apparaît, elle s’aperçoit qu’il ressemble à un être humain ordinaire. Sa monstruosité, son «inquiétante étrangeté » est psychologique. Vieux de plus de deux cents ans, sans émotions, doté d’une logique sans défaut, d’une rigueur implacable, il est de plus télépathe, capable de lire en Esther ses moindres pensées, même encore informulées. Elle restera pourtant la rebelle, essayant mentalement et de toutes les manières possibles de fuir sa condition de rat de laboratoire. Peine perdue. Peu à peu, elle s’habituera à sa condition de cobaye psychique, comblée dans tous ses désirs par l’intermédiaire de Cury, jusqu’à ce fameux jour où elle sera amenée à faire l’amour avec l’Envahisseur. Puis, brutalement, de manière surprenante, l’Envahisseur lui apprend qu’il est le dernier représentant de son espèce sur terre. Les autres sont soit partis, soit ont été éliminés de sa propre main sans qu’Esther n’en apprenne la cause. Seul, désabusé, l’Envahisseur désire disparaître à son tour, définitivement, ce qui fera s’écrouler autour de lui toute la technologie qui le soutenait :
    « Avant tout, nous ignorons la pitié. Tu t’en rendras compte quand nous serons partis. Personne ne viendra te déranger. Aucune vengeance ne descendra des cieux. La Terre sera à toi. Je te rends ta planète. Prends-la. Et si l’espèce humaine te déplaît, fais en sorte de l’améliorer. Elle en aura besoin avec le  chaos qui s’annonce. »
    Il sera tué par Steiner à qui l’Envahisseur avait attribué cette mission. Steiner et Esther se trouvent en face d’une terre en ruines où la civilisation est à reconstruire.
    Un récit féministe dans lequel l’auteur explore les arcanes de l’âme humaine, articulant sa fiction autour des mythes grecs et égyptiens de Perséphone et d’Anubis : la Terre ne revient pas de plein droit à l’homme, elle se mérite ! Sur ce soubassement rhétorique, le personnage central d’Esther proclame le destin d’une femme exceptionnelle. Un beau livre humaniste - aux accents parfois désespérés - sur fond de cataclysme.