Aller au contenu

bdd_livre.png.38ca27d0c9044ccbdbae2e058729c401.jpg

Bienvenue dans la Base de Données des livres !

Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

Accédez au flux RSS :

Livres

  1. Type: livre Thème: épidémies Auteur: Ladislaus FRENCZ Parution: 1946
    Peu de temps après la deuxième guerre mondiale, grâce à la S.D.N., l’Europe resurgit de ses ruines. Raoul Sizeran, ingénieur français à la C.E.F.F. (Compagnie Européenne de Fonçage et de Forage), avec son compagnon, le Belge Bert Van Lindhout et le contremaître polonais Franz Lydik, roulait vers sa destination en Hongrie, dans la vallée de la Tisa, un affluent du Danube. Le premier, heureux d’intervenir sur le terrain européen. Le second, encore jeune, pensant sans arrêt à sa « Moeder » (sa mère) restée à Bruxelles. Le troisième enfin, content de vivre, à condition qu’il puisse tirer sur sa pipe de façon continue.
    Soudain un choc d’une grande violence déporta le car, évitant l’accident mortel d’extrême justesse. Un événement improbable venait de se produire, un météore de quelques centaines de kilogrammes s’était abattu non loin d’eux. Revenus de leur surprise, les trois compagnons allèrent contempler l’objet extraterrestre encore brûlant, qu’ils soupçonnaient être radioactif. Ils pensèrent immédiatement à faire mettre en place un cordon de sécurité en avertissant les autorités du village proche de Torbagy. Cette réaction rapide ne put pourtant empêcher deux jeunes, Emeric et Ida de s’approprier en secret un fragment du météore.
    Pendant que Sizeran se propose d’envoyer un échantillon de la roche  pour analyse à son ami américain Edward-Boy Lister, à Vienne,  Les autorités hongroises dépêchent sur les lieux des militaires encerclant le village par un cordon sanitaire infranchissable. Mais il est déjà trop tard. Emeric et Ida, le soir venu, sont dans un piteux état :
    « Sur un lit sommaire, deux petites formes que la lampe illumina crûment. Sizeran éprouva une stupeur affreuse. Ce garçonnet… cette fillette… Comment dire ? Ils faisaient penser à ces momies égyptiennes qu’après tant de siècles, on retire des pyramides, et qui ne sont plus que la caricature d’êtres humains. Les yeux étaient creusés, la chair s’affaissait sur les os. Une respiration haletante et sourde s’échappait d’entre des lèvres aussi grises que si elles avaient été modelées dans la poussière du chemin. »
    Quelques heures après, les parents des deux enfants décèdent à leur tour. Le fragment de météorite était le siège d’une contamination mortelle, foudroyante et mystérieuse, responsable de la maladie que l’on baptisa « maladie du squelette mou », sans doute d’origine microbienne. Comment faire pour acheminer un fragment vers Vienne sans être bloqué par les autorités ? Les trois hommes eurent une idée. Pendant que le Français se chargerait de voler le fragment déposé dans la maison des infectés, le Belge négocia avec les journalistes présents leur évacuation en échange des photos du météore. Grâce aux poings du solide contremaître qui neutralisèrent les sentinelles, les trois compagnons purent s’envoler vers Vienne avec le précieux fragment.
    Dans son laboratoire,Edward-Boy prouva, qu’effectivement, le facteur de transmission du mal était ce fameux « Microbe X ». Il découvrit, de justesse, un antidote avant qu’un espion infiltré ne mette la main sur l’échantillon pour que son pays puisse créer, à partir de celui-là, une arme bactériologique susceptible de contaminer la planète. Ce péril écarté – l’espion étant abattu sine die - , le chimiste donna des ordres pour que le météore soit désintégré par la toute nouvelle arme atomique, rien ne devant subsister qui pourrait remettre en question la paix dans le monde.
    Un récit d’un fascicule populaire, écrit en lettres si fines qu’il faut une loupe pour le déchiffrer, chantre de la réconciliation européenne. La brièveté du récit ne permit pas à l’auteur de développer des idées, souvent intéressantes, pour que la lecture en soit suffisamment prenante.

  2. Type: livre Thème: épidémies Auteur: Robert COLLARD Parution: 1946
    Pasacalon et Le Bozec sont deux inspecteurs de la P.J. envoyés de Paris à Sens, aux alentours de Noël, pour enquêter au sujet d’un crime commis sur la personne de madame Péchut, une mère maquerelle notoire. Morte assassinée, elle présente des taches vertes sur le corps, signe d’un empoisonnement. Mais lequel ? Et comment ?
    Ils mènent une enquête serrée auprès des commensaux de madame Béchut : Véria et Brevin, deux médecins retraités, Victor, le cousin, Doudou et Flora, pensionnaires de la « maison d’illusions ». L’enquête piétine alors qu’autour d’eux « la mort verte » fait des ravages. Les cadavres se comptent par dizaines puis par centaines. En présence d’une épidémie foudroyante qui se propage par l’haleine, la morgue et l’hôpital sont débordés :
    « Aux abords de l’hôpital Saint-Jean, la ruée des malades se faisait plus dense, rendue plus lamentable encore par le mauvais temps. La salle d’attente étant désormais trop petite pour recevoir tous les postulants à l’admission, les derniers venus devaient rester dehors. Dans le nombre, il y avait des morts récents, déjà recouverts d’un linceul de neige, qui leur donnait l’aspect de statues allongées sur une pierre tombale.»
    Comme nos deux enquêteurs, ainsi que Véria et Flora ne sont pas atteints, ils supposent avoir été immunisés d’une manière quelconque ; en l’occurrence, ils soupçonnent le produit contenu dans la fumée des cigarettes rares offertes par Véria à Flora, et qui,  à son tour et sans le savoir, les a proposées aux inspecteurs, malgré la défense de Véria.
    Automatiquement, les soupçons de la mise en œuvre de la mort verte retombent sur Véria que les inspecteurs prennent en filature. Entre temps Sens et sa région ont été mises en quarantaine par les services sanitaires de l’armée américaine (nous sommes dans l’immédiate après-guerre). Nul ne sort plus de la ville. Des étrangers, pourtant, y entrent, un Chinois (To Van Ba), deux Suisses allemands (qui se disent représentants de commerce) et un comte italien, le comte d’Ella Croce, alias Vittorio Spoletta, alias Demonax, un bandit et assassin notoire, lié à la mafia. Pour Le Bozec, ces arrivées traduisent la volonté de pays étrangers de s’approprier le microbe inconnu pour un usage militaire.  Une entrevue entre les malfrats éliminera Chinois et Allemands, laissant le champ libre à Demonax, qui n’hésitera pas non plus à perpétrer des attentats contre les deux inspecteurs. L’épidémie provoque des ravages dans la population :
    « Dès que le fourgon, quittant les grandes artères centrales, se fut engagé sur la route du cimetière, il rejoignit et dépassa d’autres cortèges funèbres, presque tous sommaires, improvisés, dépourvus de tout faste : charrettes de campagne, voitures à bras, voire même brouettes, chargées de cercueils, la plupart faits de planches de sapin hâtivement rabotées, sans un drap noir pour les recouvrir. Plus on se rapprochait du champ de repos, plus cette circulation macabre devenait intense. Le verglas donnait à ce pitoyable défilé une allure grotesque. Les chevaux glissaient, s’abattaient sur les genoux, leur conducteur les relevait en jurant. Les rares piétons qui suivaient leurs morts butaient à chaque instant, tombaient, se remettaient debout et, au risque de choir de plus belle, couraient pour rattraper le convoi. Un tombereau empli de cadavres entassés, recouverts d’une bâche que le vent soulevait, laissait entrevoir, par intervalles son lugubre chargement. »
    Alors que Brévin est mitraillé par mégarde, un dernier et mystérieux personnage entre en scène, que l’on peut confondre avec Véria. Il (ou plutôt elle) s’avère être la sœur jumelle de Véria, Héléna, la vraie responsable de la dissémination du microbe mortel, laquelle a agi par vengeance envers une humanité détestée.  
    Blessée à mort par Démonax (toujours lui), Héléna indique à Le Bozec l’endroit où elle a caché, et le réservoir à microbes, et son antidote. L’épidémie sera enrayée mais Démonax s’éclipsera, emportant avec lui un échantillon de l’arme biologique. Tout le monde est content. Surtout Le Bozec et Pascalon qui, en cette veille de Noël, et avant de rejoindre leurs familles respectives, consommeront gratis à la pension de feu Madame Béchut.
    Un roman policier dont l’argument épidémique cède le pas à l’évocation d’une ambiance crépusculaire et provinciale, deux personnages de policiers avisés un brin franchouillards, des morts par centaines, entretiennent l’intérêt du lecteur.

  3. Type: livre Thème: savants fous et maîtres du monde, disette d'éléments Auteur: Michel AVRIL Parution: 1945
    Le jeune et sémillant pêcheur, Ludovic Dorichon,  assista, au bord de l'étang, où il s'était installé pour taquiner le goujon, à un événement extraordinaire. Soudain, l'eau devant lui s'est mise à bouillir , tandis qu'à l'horizon disparaissait un curieux avion,  et qu'un non moins curieux bonhomme se dissimulait à toute vitesse dans le sous-bois. De retour chez lui, il fut assailli par les journalistes mais réserva ses exclusivités à Jacques Sernain , du "Grand journal",  à qui il montra une carte de visite retrouvée sur le terrain. C'était celle du professeur Lucien Merlain, physicien à Paris,  qui ne fit aucune difficulté pour expliquer aux deux hommes les détails de la chose. L'un de ses étudiants, Stephens Gildy, brillant mais corrompu, avait inventé un appareil infernal qui dissociait l'eau. Il s'était d'ailleurs baptisé "le Maître de la Soif". Une missive envoyée à l'instant par Stephens Gildy au professeur, l'avertissant qu'il avait enlevé sa fille Hélène et son intention de s'adjoindre des bagnards comme complices dans son entreprise d'assécher la ville de Paris contre rançon, fit que nos deux amis se rendirent en Guyane, au bord d'un affluent du Maroni. Là, ils attendirent Stephens Gildy. Bientôt,  un autogyre survola le chantier où travaillaient les bagnards. Certains s'enfuirent sur le fleuve à bord d'un canot, poursuivis par le journaliste et son ami. Ils n'allèrent pas très loin et furent récupérés assez vite, Gildy faisant fonctionner son invention en asséchant cette partie du fleuve. Il embarqua les bagnards et captura ses deux poursuivants.
    Dans leur geôle, sur une île non loin de la côte bretonne,  ces derniers apprirent la triste nouvelle: le savant fou avait mis sa menace à exécution et privé Paris de l'eau de la Seine:
    "Et, plus haut, on distinguait pourtant la masse liquide qui, au fond de la rivière, paraissait s'élever jusqu'au niveau normal, en pente douce, sur une longueur de plusieurs centaines de mètres!... mais, en aval de cette étrange coupure, seul un mince filet liquide serpentait au fond du lit de la Seine! Et, sur toute la traversée de Paris, l'immense fossé demeurait vide!... Dans Paris, on considéra d'abord cela comme un phénomène étrange. Les gens venaient "voir la Seine", étrange fossé boueux d'où montaient déjà des odeurs écoeurantes".
    Sachant cela, les deux captifs résolurent de s'enfuir coûte que coûte. Aidés par Ellen , qui assomma leur gardien, ils parvinrent à fuir dans une barque, en direction de la côte. Mais le retour de l'autogyre dans le ciel au-dessus d'eux, les désespéra. Gildy fit à nouveau, fonctionner son invention pour leur barrer le chemin en asséchant la mer au-devant d'eux. Mais ce qu'il ne savait pas, c'est qu'Ellen avait saboté son engin et, par un retour dévastateur, le tourbillon frappa l'avion de l'inventeur qui périt avec son invention. Quelle fin heureuse pour tous les gentils protagonistes de cette triste aventure!
    le "Maître de la soif", nouvelle populaire paru en fascicule policier,  ne déroge pas au genre du vilain méchant (savant fou de surcroît), uniquement mû par la vénalité, opposé au gentil journaliste et ses amis futés. intrigue plate, clichés et déroulement linéaire ne rendront pas cette oeuvrette immortelle. La preuve en est qu'elle est très difficile à dénicher.

  4. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: Roger TRUBERT Parution: 1945
    Le jeune et sportif reporter photographique Jean Sartène rend visite à son " père spirituel ", François Langevin, astronome de l’Observatoire de Paris pour lui faire confirmer la surprenante nouvelle d’un astre inconnu qui , s’approchant de la terre, risque de la faire voler en éclats. Mourir pour mourir, ils décident de le faire avec panache et efficacité, grâce à la " Puce des mers ", le sous-marin de leur ami, commun, l’océanographe Louis Perceval. Ils souhaitent donc traquer " l’astre rouge " sur son lieu de chute, en plein océan Pacifique, près des îles Marquises, pour un reportage scientifique et cinématographique unique et… dernier.
    La " Puce " est rapidement préparée grâce à Mathurin Le Goff, un taciturne et efficace Breton, chef mécanicien, et avec les aides de Jacques Pers, le radio ainsi que celle des deux matelots Legrand et Cantebrie. La collision aura lieu dans les quinze jours. Le sous-marin ayant pris position, guette l’arrivée imminente du bolide. La mer se convulse jusqu’en ses tréfonds, la température monte de façon vertigineuse, un brouillard chaud et tenace obligent à une immersion profonde. Le temps passe, et bien que bousculés à l’intérieur de la tôle, nos protagonistes émergent… non loin d’une île extraordinaire, rouge et inquiétante qui se dresse à l’endroit de la fosse  de Canet.
    L’exploration de l’île-qu’ils prennent pour l’astre rouge lui-même- apporte une moisson d’informations et d’objets étranges : des animaux curieux, des végétaux bizarres et savoureux, et même un édifice  construit dans un métal inconnu bleuâtre, en forme de champignon, au haut d’une volée de marches en or pur. Langevin les assure que si ce lieu est bien extraterrestre, il ne peut s’agir que d’un éclat du bolide qui , en frôlant la terre, s’est abîmé dans les flots.
    Le temps presse car l’eau du Pacifique ronge le soubassement de l’île lequel bientôt disparaîtra dissous dans l’océan. Se dépêchant de faire une ample moisson de chaque objet étrange, ils ne prennent pas garde à la menace constituée par un pauvre fou de naufragé lequel, ayant vu lui aussi les richesses de l’île, tente de se les approprier, en réduisant l’effectif du sous-marin à l’impuissance. Ce qui faillit réussir, si l’île ne s’était mise à s’enfoncer, amenant  la fuite éperdue de tout le monde vers le large. Quant au reste du monde, on apprend incidemment que :
    " il ne demeurait plus rien de la Nouvelle-Guinée, ni des îles de la mer d’Arafoura. Ils apprirent que les deux tiers de l’Océanie s’étaient abîmés dans le Grand Pacifique. Les Philippines n’existaient plus. La presqu’île de Malacca était également rayée de la géographie.(…) On sut plus tard que Madagascar était désormais rattachée à l’Afrique et n’était plus qu’une presqu’île. Le Japon s’était augmenté de quelques îles et le détroit de la Corée était comblé "
    Grâce aux droits d’exploitation des films et des produits extraordinaires rapportés par la petite équipe, l’observatoire de Paris put être reconstruit et la renommée de Jean Sartène portée jusqu’aux confins du monde encore intact.
    Un roman d’aventures pour enfants dont seule la première partie se rattache à notre thème. Un style volontairement mâché et didactique qui fait passer les extravagances d’une intrigue que l’on retrouve aussi bien chez Katsantsev que chez Hergé.

  5. Type: livre Thème: savants fous et maîtres du monde, menaces climatiques Auteur: Marc MINERATH Parution: 1945
    Le célèbre journaliste Florent Vallerin, réputé pour résoudre les énigmes policières, est appelé au secours par la présidence du Conseil. Une catastrophe de taille semble se profiler : la Méditerranée s’assèche sans que l’on puisse attribuer au phénomène une origine naturelle. Quelle est la puissance occulte qui se livre à ce forfait? :
    «Se dire que quelqu’un, quelque part, un esprit infernal, une formation prodigieuse, armée de moyens qui échappent à l’analyse des plus grands savants, s’ingénie à détruire irrémédiablement l’œuvre d’une éternité. Car c’est rien moins que cela qui est recherché : l’assèchement progressif, implacable du bassin méditerranéen. Vous envisagez le résultat d’une telle opération ? La France ruinée, l’empire nord-africain anéanti, l’Espagne mutilée, l’Italie et la Grèce rayées pour ainsi dire de la carte géographique, le Turquie rejetée, exsangue dans les sables de l’Asie mineure.»
    En compagnie du commissaire Fischiani et avec son épouse Berthe, Vallerin se rend à Cap d’Ail. Il y est invité par Sancrisse, le savant responsable de la station marémotrice. Rapidement, le mystère s’éclaircit : qui a assassiné Belsamo, adjoint de Sancrisse et spécialiste en électricité ? Que signifie la prophétie obscure que Vallerin a découverte dans la station, mentionnant « un Taureau au pied d’azur » et une « colonne d’Hercule attaquée par l’armée innombrable des bâtisseurs invisibles » ?
    Le journaliste, grâce à la puissance de ses déductions et après un second meurtre, s’avise que le «Taureau» représente le signe du zodiaque de même nom, soit une période de temps,  et que les « bâtisseurs invisibles » sont des colonies entières de madrépores occupées à édifier une barrière  de corail  du côté de Gibraltar (la colonne d’Hercule) pour empêcher l’approvisionnement en eau de la méditerranée en provenance de l’Atlantique. Ces petites bestioles ne sont pas venues là toutes seules. Elles y ont été attirées, à partir du Gulf-Stream, grâce à une puissante machine électrique mise au point par le coupable et l’assassin, c’est-à-dire… Sancrisse., dont le but inavoué était de fournir une terre d’appoint aux Juifs d’Israël dans leur expansion.
    Un récit policier populaire dont le catastrophisme sert de prétexte  à la résolution d’une énigme. De l’humour et de la distanciation permettent de lire ce texte encore aujourd’hui.

  6. Type: livre Thème: épidémies, le dernier homme Auteur: Pierre MAC-ORLAN Parution: 1944
    Nicolas Moutonnot, le héros, est un individu quelconque, bien français et sans grande éducation. Après des études maladroites et un amour déçu avec Alice Cossonière, il s’engage dans la Légion étrangère. Sans trop savoir pourquoi, il sera l’un des rares à être épargné par le nouveau virus qui décime peu à peu la France, puis le monde. Les gens meurent dans un incoercible éclat de rire, la bouche distordue, la langue pendante : c’est le  " rire jaune " :
    "Alors, notre oncle fit peine à voir. Sa figure s’illumina tout d’un coup, comme un poêle qui tire bien, subitement enthousiasmé par un courant d’air, son cou monta au violet de l’aubergine, il porta les mains à son faux col... - Remettez-vous, mon oncle, dit ma mère. - Ha! ha! le sacré Jef... sacré Jef... Le rire du vieux garçon touchait à l’apothéose. Ce n’était plus le hi! hi! et le ha! ha! de la minute précédente. Sa bouche fendue jusqu’aux oreilles laissait percevoir une sorte de sifflement qui semblait sortir de sa gorge en se prolongeant assez longtemps pour que le capitaine perdît la respiration complètement. -Tape-lui dans le dos, tape-lui dans le dos, cria mon père. - Je vais lui jeter de l’eau au visage, répondit ma mère. - Hi! hi! continuait l’oncle, les yeux pleins de larmes. Et puis la crise recommença. Mon père tapait dans le dos du capitaine comme s’il eût voulu y poser un clou pour accrocher un tableau.
    Alors se produisit un fait épouvantable. Dans un suprême éclat de rire, l’oncle ouvrit la bouche; sa langue sortit, ses deux pupilles se dilatèrent; un filet de sang coula lentement de ses narines et il s’écroula,  entraînant la nappe et le service à café. Il roula sur sol, sa chaise renversée sous lui. - Il a dû se faire mal, gémit ma mère. Oui, l’oncle s’était fait mal.
    Allongé sur le dos, son grand corps semblait tenir toute la pièce. Sa figure convulsée et raidie gardait encore un air de jubilation si sincère que nous ne pouvions tous trois nous empêcher de sourire."
    Après avoir été démobilisé, être retourné à Paris, devenu correspondant du "Tire-Bouchon", une feuille de chou, et l’épidémie faisant de plus en plus de ravage, il décide, en garçon prévoyant,  d’éviter désormais les villes et de se tracer un itinéraire à travers la campagne en vivant dans des abris provisoires. Accompagné par son ami, Mouchaboeuf, lui aussi réfractaire à la maladie, il se dirige vers Rouen:
    "Nous décidâmes de partir dans la semaine, car Paris devenait de plus en plus inhabitable. Les attaques nocturnes se multipliaient. Chacun se dépêchait de jouir de l’existence selon sa moralité et ses aspirations. Il est à remarquer que  les  femmes souffrirent particulièrement pendant cette période. L’imagination  humaine, tout en choisissant des routes différentes tendait vers un but unique. Ce fut une ruée terrible des désirs les plus vils."
    Peu à peu, ils arrivent à l’idée que la femme leur manque. En cours de route, ils rencontrent George Merry, un colosse simplet, et Prince Hamlet, un homme-tronc célèbre, survivants eux aussi avec lesquels ils fraternisent. Un soir Mouchaboeuf disparaît et Nicolas le suit. Il découvre que Mouchaboeuf courtise une jeune femme échappée au désastre devenue la proie du colosse.
    George Merry et Mouchaboeuf s’entretuent pour elle, mais la femme, certainement lassée, disparaît de la circulation. Moutonnot, écoeuré,  trimballe quelque temps sur son dos l’homme-tronc. Comme celui-ci se montre de plus en plus exigeant, Moutonnot s’en débarrasse en le jetant dans un ravin :
    "J’avais tourné la tête de son côté et mes yeux ne quittaient pas les siens.- Ce qu’il faut faire, prononça-t-il avec emphase. Voilà! D’un geste circulaire de son menton, il désigna l’horizon, les champs en friche, les forêts et les collines, les marais et la falaise crayeuse. C’est bien simple, reprit-il, il faut creuser la terre, retourner cette terre nourricière avec nos bras; semer le bon grain avec nos mains, et faucher le bon blé, le blé doré, qui ne tardera pas à pousser dru. Il faut, sur les ruines de l’ancienne civilisation, reconstruire la Cité future : la cité de justice, de fraternité et d’égalité. Nous sommes les pionniers d’un monde nouveau. Nous aurons nos noms dans le dictionnaire et nous pourrons croiser nos bras avec orgueil quand la besogne sera terminée. Défrichons, semons le blé, reconstruisons l’édifice pourri, voilà ce qu’il faut faire.
    Je fus quelque temps sans pouvoir répondre, lorsqu’une idée de génie me traversa la cervelle. Avec des précautions de mère prenant son bébé, je saisis l’homme-tronc par la peau du cou, et malgré ses cris, je le lançai de toutes mes forces dans l’abîme entr’ouvert sous nos pieds. Longtemps, je le vis tourbillonner dans l’air; puis il piqua tout droit, résolument, et se planta la tête la première dans la boue fétide des marais."
    Enfin, Moutonnot repart à la recherche d’autres survivants dans l’espoir de fonder un nouveau foyer.
    Récit curieux, très français, "le Rire jaune" est dédié à Gus Bofa. L’auteur règle pas mal de comptes avec la littérature, son éducation, la classe des militaires, les politiciens.
    D’une ironie amère, le thème catastrophique y est totalement présent, mais comme en filigrane. L’humour noir domine. Les personnages sont bizarres et extraordinaires. Les intrigues se défont très vite et si le roman apparaît comme un témoignage de ce qui se passe à l’époque sur la scène internationale, la situation sociale douloureuse est décrite sur un mode psychologique et intimiste.

  7. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 1 Auteur: Don A. SEABURY Terence CORMAN Alias Michel PAGEL (Don A. Seabury) et Olivier RAYNAUD, alias Terence CORMAN, alias Richard NOLANE Parution: 1944
    Vol. 01 : les Parasites de l’horreur, Média 1000 éd., 1987, 1 vol. broché in-12 ème , 156 pp. couverture illustrée par Roland Barthélémy. roman d’ expression anglaise (USA)
    1ère parution : 1987   titre original :  Apocalypse
    A Kensington quelque temps après la catastrophe nucléaire. Dans une ville meurtrie, en une zone appelée " l’Enclave ", le commandant Russ Norton, en provenance de l’Etat libre d’Alamogordo, retrouve son fils Dick à l’hôpital de la ville allongé sous une tente-bulle car ce dernier souffre de déficience immunitaire. Dans ce décor,  Russ affrontera le «parasite», une invention biologique, une espèce de mollusque mutant qui s’empare des êtres humains, se love dans leur estomac et, tout en communiquant une force terrible au cadavre, infecte tous les êtres sains. La contamination s’est trouvée provoquée par le «Terminateur», un savant contrefait se prenant pour un prophète de l’apocalypse, qui s’appuie sur une bande de truands pour perpétrer ses méfaits. L’ambiance, elle, est franchement gore :
    " Bientôt les artères de l’immense bidonville furent le théâtre d’une vraie boucherie. Les morts se ruaient sur les vivants pour leur ouvrir la gorge ou les dépecer, dégorgeant aussitôt en eux leurs parasites infernaux. (…) à peine les victimes avaient-elles été mordues qu’elles se relevaient pour foncer vers le premier être vivant. Des flaques de sang où subsistaient des débris de viscères ou d’excréments maculaient le macadam fissuré des chaussées et les trottoirs jonchés d’ordure. "
    Russ Norton qui ne manifeste aucune répugnance envers la dégradation physiologique, retrouve la trace du Terminateur à l’intérieur d’une ville en folie et récupère la machine incubatrice responsable de la contamination. Quant au savant nabot il disparaît… jusqu’à une autre fois ! L’infection, elle, s’arrête toute seule puisque le temps de contamination trop court provoque  derechef la mort du porteur.
    De la tripaille, du sang, du vomi et du caca-boudin sur fond apocalyptique. !
    Vol. 02. les Murailles de l’angoisse, Média 1000 éd., 1987, 1 vol. broché in-12 ème , 154 pp. couverture illustrée par Roland Barthélémy. roman d’ expression anglaise (USA)
    1ère parution: 1987
    Russ Norton est renvoyé en mission à Las Vegas  gouvernée par un certain Parker, prête à rentrer dans le giron de l’Etat-Libre d’Alamogordo, seule force encore policée aux USA ruinés par la guerre. Son objectif est de ramener Cynthia, la fille de Parker, enlevée par des " Damnés " (des mutants) et de vérifier l’approvisionnement de la cité en eau potable.
    En compagnie de Parker, il franchit la zone des bidonvilles entourant Las Vegas dans laquelle ils étripent moult mutants, éparpillant leurs viscères aux quatre vents. Mais déjà, il est trop tard pour Cynthia qui a servi de couveuse à trois clones développés par le Terminateur  lequel envisage de s’emparer d’un ancien missile russe ayant fait long feu au centre de Las Vegas.
    Parker, conscient du danger que cet engin représente pour les citoyens, l’avait maquillé en objet de culte. Nos deux guerriers tirent la fausse Cynthia (l’un des clones) et deux de ses compagnons des griffes des Damnés et reprennent le chemin du retour. Alors que la Cynthia diabolique fera sauter le mur d’enceinte, ses deux complices se placeront à la tête de milliers de mutants remplis d’hémoglobine, tous plus avariés les uns que les autres. La cité est envahie. Sur le conseil de Norton, Parker fuira avec une poignée de braves, lui-même restant en arrière pour amorcer la bombe qui débarrassera la région de ces êtres malfaisants, et du Terminateur.
    Un aperçu de l’ambiance ?… Voilà :
    " Le plaisir de Cynthia défiait l’imagination. Elle plongeait ses doigts dans les plaies sanglantes, touchait les os, contemplait ses ongles auxquels restaient accrochés des lambeaux immondes. Elle força Max à ouvrir la bouche de la pointe du poignard, forçant le passage, lui cassant toutes les incisives. Ses doigts saisirent la langue, griffèrent la chair. Elle tira, sans égard pour le regard insoutenable de sa victime. Elle se pencha et mordit. Ses dents claquèrent, emportant un morceau de langue. "
    Vol.03. les Enfants du diable, Média 1000 éd., 1987, 1 vol. broché in-12 ème , 156 pp. couverture illustrée par Roland Barthélémy. roman d’ expression anglaise (USA)
    1ère parution: 1987
    Russ Norton est à nouveau expédié vers la communauté de Jason Carry à Glass Valley qui a été entièrement décimée par une horde d’enfants extraordinaires, munis de serpettes et de faux, dont l’idéal carnassier aura été de couper en morceaux tout ce qui vivait là.
    C’est ce que rapporte Emma Sirk, la seule rescapée du désastre.  Norton se met en chasse et avec son savoir hors pair, traque les jeunes délinquants commandés par un véritable suppôt du diable, l’adolescent Tom Wolfe, qui les tient sous sa coupe. Car ces adolescents ne sont pas des meurtriers consentants. Ils sont le résultat d’une autre expérience menée par le Terminateur. Infecté par un virus qui les fait mourir dans une explosion s’ils ne prennent pas le contre-poison à temps, ils sont téléguidés par l’horrible savant pour  affaiblir le gouvernement central d’Alamo-gordo.
    Norton neutralise John Wolfe, récupère les autres enfants, leur insuffle le courage nécessaire pour qu’ils le mènent au laboratoire du Terminateur. Avec une entrée en force réussie, le centre médical sera bouleversé, ses occupants étripés, le contrepoison récupéré. Pourtant le Terminateur fuira en hélicoptère, ce qui permettra de rallonger la sauce de la série. Heureusement, Norton se retrouve en possession du médicament sauveur. Il pourra donc arracher de la mort Hostins, l’aide de camp du président, (qu’il n’aime pas) contaminé lui-même par une prostituée, en pleine réunion du conseil présidentiel.
    Vol.04. Carnage aux Caraïbes , Média 1000 éd., 1987, 1 vol. broché in-12 ème , 156 pp. couverture illustrée par Roland Barthélémy. roman d’ expression anglaise (USA)
    1ère parution: 1987
    Le " Hammer ", un cargo chargé de sucre en provenance des Caraïbes, envoyé par la république libre d’Alamogordo, a coulé corps et biens, agressé par une bande pirates-zombies en embuscade au large de Haïti.
    Russ Norton sera à nouveau l’homme de la situation. Il fera le coup de feu avec la belle Noémie et réduira en pâté les abominables monstres qui subissent l’emprise télépathique de leur capitaine, Toussaint Lenfermé, (l’anti Toussaint Louverture!) un noir gigantesque. Les principaux responsables de l’armée zombie sont le président Duponnier, un immonde tas de graisse, et son bras droit, Rubas-au-pied-d’éléphant. Comme si la galerie tératologique n’était pas suffisante, il convient d’y ajouter Bichon, un gigantesque homme-serpent vivant dans les égouts, mis à mort par Russ et Noémie, qui souhaitaient accéder au sein du palais présidentiel pour réduire Duponnier à l’impuissance. Noémie y fera la connaissance de la douce Azelma, une esclave sexuelle destinée aux jeux du président, laquelle connaîtra un sort funeste comme victime sacrificatoire entre les mains du sorcier vaudou Mchawi, le grand-père de Noémie.
    Norton, en un premier temps réduit à l’impuissance par les zombies, s’échappera ensuite des griffes du redoutable homme siamois Johny/Aoumdah dont les viscères décoreront le plafond de sa prison. Durant la fuite de Duponnier, Russ détruira à coups de grenade la cuve aux cerveaux monstrueux censés activer les zombies, les rendant à leur lenteur primitive. Le président, lui, mourra brûlé de l’intérieur par l’envoûtement de Mchawi. Enfin, le récit se clôt sur l’affrontement marin homérique entre Norton et Lenfermé :
    " Chacun se débrouillait comme il pouvait, à coup de chaîne ou de planche, parfois de rame. La quinzaine de créatures qui étaient sur la galère proliférait, en réalité. Les membres sectionnés continuaient à se détendre, à griffer, à frapper. Les ennemis qu’on croyait éliminés surgissaient d’un coup par derrière, et c’étaient des mains, des tronçons de corps putrides qui crochaient les chairs, lacéraient la peau, ouvraient les ventres. "
    Haïti rendu à sa crasse d’avant la catastrophe nucléaire, Noémie, les sens satisfaits par Russ, notre héros retournera à Alamogordo avec la satisfaction du devoir accompli. Et tant pis pour les tontons-macoutes zombies !
    Vol.05. Les hommes d’acier , Média 1000 éd., 1987, 1 vol. broché in-12 ème , 156 pp. couverture illustrée par Roland Barthélémy. roman d’ expression anglaise (USA)
    1ère parution: 1987
    A nouveau, Russ Norton est convoqué par Mc Gregor dans la base d’Alamogordo. Des séries de chiffre cryptées en provenance de la région des Grands Lacs ont attiré l’attention des militaires qui ordonnent à Russ d’enquêter. Avec Robinson le noir comme pilote d ‘hélicoptère, Norton découvre une base souterraine épargnée par l’holocauste nucléaire. Il prendra en charge Vanessa, une adolescente mutante qui arrive par télépathie à entrer en communication le propre fils de Russ sous sa tente auto-immune.
    En compagnie de Vanessa, il explore la base à la recherche de Mom, la mère de la jeune fille et ancienne responsable informatique des lieux. Mom est la protégée de deux de ses créations robotiques Gearbox et Fusebox – auteurs du code chiffré- qui se sont adaptés. Leur projet est de conquérir le monde avec une nouvelle génération de robots auxquels ils auraient greffé un cerveau humain avec l’aide de Mom. Russ s’aperçoit qu’ils sont déjà passés à l’action :
    " Il eut un haut-le-cœur en constatant qu’on avait enlevé les parties supérieures des boîtes crâniennes. Les visages des suppliciés étaient marqués par l’horreur qui avait déformé leurs traits, leur laissant des masques de souffrance insoutenables. Tous deux avaient un œil crevé dont le globe s’était vidé sur la joue, y laissant une longue coulée glaireuse maintenant figée. "
    A cet effet, ils ont capturé des dizaines de créatures humaines misérables qu’ils maintiennent en esclavage par des piqûres de morphine avant de les décérébrer et d’implanter leurs hémisphères cérébraux dans des carcasses de métal. L’un d’entre eux, surnommé Valvek s’avère d’ores et déjà opérationnel, contenant le cerveau d’un ancien colonel d’aviation russe échoué là lors des hostilités. Guidé par Nick à travers la pensée de Vanessa, Russ élimine les robots meurtriers et fait sauter la base qui reste un lieu d’abomination même en ce monde d’après la catastrophe.
    Vol.06. Le Rituel des damnés,  Média 1000 éd., 1988, 1 vol. broché in-12 ème , 146 pp. couverture illustrée par Roland Barthélémy. roman d’ expression anglaise (USA)
    1ère parution: 1988
    Norton Russ mène une petite troupe en direction d’Alamogordo, le seul état libre où subsistent encore les "Elus ", c’est-à-dire les non-irradiés. L’opposition d’Irving fait se rebeller le groupe de fugitifs contre Norton. Ceux-ci souhaiteraient se diriger vers la Californie imaginant y trouver une région sauvegardée, alors que Russ a la certitude que cette dernière s’est abîmée dans les flots. Norton est fait prisonnier par le groupe. Pour leur malheur, ils s’approchent d’une bâtisse encore debout en plein désert, un ancien pénitencier devenu le repère puant et horrible d’un ancien détenu transformé en légume vivant par une mutation régressive.
    Homme-tronc baignant dans un magma putride et acide fait de chair dissoute dont il se nourrit, Devil Burt, le mutant, commande à toute sa bande de malfrats, anciens compagnons de geôle, tels que Black Hands ou Spider, tous personnages pittoresques et dangereux. Ils se prétendent " "Elus " et condamnent les " Damnés ", soit leurs anciens geôliers, à l’esclavage, en leur faisant tourner la roue d’un immense générateur qui fournit l’énergie destinée à garantir l’acidité du magma. L’arrivée d’Irving et de Russ prisonnier fournira aux Elus leur quota de viande fraîche.
    Norton transféré au générateur se lie d’amitié avec Bullet, le géant noir, un ancien gardien. A eux deux, ils organisent la révolte pour arracher les Damnés à leur enfer. Les Elus seront massacrés et Devil Burt dissous dans son propre magma :
    " Tétanisé, Devil Burt vit la langue de feu couler vers lui, inexorablement. Il eut un soubresaut lorsque les flammes l’enveloppèrent. La peau de son visage éclata, projetant des giclées d’humeur jaune. Ses yeux fondirent dans leurs orbites. (…) Son estomac se révulsa et il vomit le contenu de ses entrailles. De ses narines jaillit un flot nauséabond. Son cerveau était en train de fondre. Il parvint cependant à se redresser et se laissa tomber sur le bord du bassin. (…) Sa tête se sépara du tronc, retomba dans le magma enflammé, roula jusqu’au conduit d’évacuation. Le crâne fondit, se réduisit à la taille d’un étron. Le flot d’acide l’emporta. "
    Enfin, les survivants se remettront en route vers l’unique état libre de l’Amérique post-nucléaire.
    Un ensemble de cinq épisodes " gore " sur fond d’apocalypse nucléaire, un héros se situant dans la lignée des " Mad Max ", " Survivant ", " Ranger ", etc, la cruauté et le sanguinolent composant les principaux ingrédients d’un genre dont la poubelle est la destination finale après un voyage en train.

  8. Type: livre Thème: disette d'éléments, société post-cataclysmiques 1, la cité foudroyée Auteur: René BARJAVEL Parution: 1943
    Dans un monde uni et feutré dans lequel l’électricité fonde le  "village planétaire"  les villes sont toutes réunies en un tissu urbain, dense vers les centres et lâche vers les axes routiers, mais continu. Au-delà des terrains vagues et des champs en friche, des monorails glissent sans bruit dans l’air conditionné, le métal est remplacé par le plastec, matière universelle qui structure l’architecture des dômes et des cités. Parfois subsistent quelques champs cultivés auxquels "s’accrochent des paysans obstinés. " François Deschamps (remarquons la transparence du nom) arrive à Paris. Il y retrouve Blanche, une amie d’enfance, laquelle, sous le pseudonyme de Régina Vox, est en proie aux assiduités de Jérôme Seita, directeur de Radio 3000. La situation dans les villes avant l’accident se caractérise par une fausse joie de vivre, une abondance, une sécurité, basées sur l’argent et les conventions sociales derrière lesquels prolifèrent toutes sortes d’arrangements économiques douteux.  Puis, c’est la sortie de la civilisation, la " Chute des villes ". L’électricité défaille et disparaît. Est-ce à cause de cet imbécile d’Empereur noir, avec ses fusées ? Qu’importe. Le fait seul compte et les événements dramatiques se suivent en cascade; c’est le schéma classique d’un monde en décomposition:
    " Alors des gens ont crié. Des hommes et des femmes sont tombés. On a marché dessus. Et puis des hommes ont voulu allumer un feu dans une voiture avec des journaux et des morceaux de banquette pour y voir clair (...) et les gens qui étaient serrés autour se sont mis à griller comme des saucisses. "
    D’abord, quelques morts, dus à l’effet de surprise. Ensuite, l’inquiétude et l’angoisse qui pèsent sur les gens, l’impossibilité pour eux de sortir de la ville et la sensation d’être pris comme des rats dans un piège. Enfin, le processus s’emballe et le manque d’eau, les morts en masse déterminent des épidémies. Le vernis culturel se fissure de toutes parts. Il ne subsiste plus que la loi du plus fort.  Dans de telles conditions, pour survivre, il faut savoir s’imposer.  
    François comprend tout cela. Rassemblant autour de lui les éléments d’une petite communauté, il en prendra la tête pour la conduire hors de Sodome foudroyée vers une nouvelle terre promise.  La ville est laissée à sa pourriture et François organise le départ de son groupe qui compte plusieurs femmes. Son but est d’atteindre la Provence, peut-être épargnée par le fléau, en une longue marche. Les valeurs sociales basculent, seule compte la survie du groupe et l’objectif à atteindre. Le groupe affûte ses armes et tue pour se procurer le nécessaire. Sans pitié, une bande rivale, celle du Boucher, est anéantie:
    " François marchait sur la chaussée, à deux mètres environ du trottoir. Il était décidé, sans colère, sans peur. Parvenu à la hauteur de la boucherie, il saisit la lance à pleine poigne, la pointa en avant et s’élança. L’homme eut à peine le temps de le voir venir. Comme il ouvrait la bouche pour crier,  le poignard, enveloppé de papier blanc s’enfonça tout entier entre ses dents et lui ressortit, nu parmi les cheveux. "
    Durant le trajet, François fait preuve de la même violence quand il abattra une sentinelle qui s’était endormie et qui avait mis par cela même, la vie de la petite communauté en péril.  Arrivé en Provence, après avoir combattu mille dangers, François , devenu patriarche du groupe, instaure un nouvel humanisme.  Toute la vie sera désormais axée sur les "vraies" valeurs, soit le travail de la terre et la mise en commun des récoltes. Une société se fonde à partir de ses cent vingt-huit fils,  le patriarche y interdisant toute nouveauté technologique (il fera mettre à mort le Forgeron inventeur d’une machine à vapeur). La nouvelle société écologique reste statique alors que les fils de François et de Blanche essaiment dans toutes les directions.  Finalement, le patriarche mourra, écrasé par la " machine "  inventée par le Forgeron coupable.
    "Ravage" est l’un des romans les plus connus de Barjavel et l’un des plus représentatifs du genre. Bien que les apparentements avec l’oeuvre de Théo Varlet " la Grande Panne " soient patents, le récit est incomparablement mieux écrit, plus dense, plus réaliste. Les personnages principaux, simples mais bien typés, sont peu nombreux. A une intrigue linéaire au temps narratif univoque présentant l’action en trois phases - avant, pendant, après, - l’auteur superpose une morale écologiste avant l’heure, renoue avec le genre utopique et élabore une trajectoire initiatique.  Le périple de François et de son groupe peut se mettre en parallèle avec la fuite d’Egypte du peuple élu sous la conduite de Moïse. L’ensemble des valeurs s’articule autour de l’idée de la mort. François n’accède aux nouvelles valeurs (la Provence) qu’après un cycle d’épreuves (le voyage dans une France ravagée), ayant au préalable écarté la Maya (la Cité radieuse) et vaincu ses peurs (les vampires).
    La mort et la renaissance sont les deux thèmes centraux du roman : mort  glacée des " Conservatoires ", mort hideuse de la décomposition des corps, mort épurée et diaphane des squelettes, renaissance dans la symbolique des travaux de la terre.  Une lecture idéologique du récit fera cependant apparaître ces mêmes valeurs prônées par le Maréchal Pétain dans une France de la collaboration.
    Pourtant, les choses ne sont pas si simples. La question posée par le livre (et à laquelle ne répond pas Barjavel) est la suivante: La stagnation d’une société, donc sa régression,  est-elle préférable au suicide technologique ? La cité de Provence est un avatar moderne de la République de Platon et des phalanstères fouriéristes. Ce qui la caractérise le plus est la mise en commun des fruits de la terre et l’horreur de l’innovation destructrice de l’équilibre social. Dans "Ravage" Barjavel redonne ses lettres de noblesse au roman de science-fiction français en égalant les meilleurs romanciers anglo-saxons du genre. Une oeuvre incontournable.

  9. Type: livre Thème: savants fous et maîtres du monde Auteur: PICQ Parution: 1943
    Eusèbe, le valet de chambre de M. Marabout, est intrigué par les activités du vieil original qui, dans son jardin où s’élève une pyramide entourée de pylônes, songe à faire se mouvoir la Terre selon sa volonté. Le savant explique à son serviteur compréhensif comment, utilisant l’énergie électrique de l’atmosphère, il supprimera le nord magnétique terrestre, remplacé par le « Nord Marabout », prêt à diriger lui-même la terre dans la zone la plus favorable à son exploitation, pour le bien de l’humanité.
    Plus de déserts ni de glaces polaires, mais des climats dominés et des cycles circadiens adaptés, selon les plans de M. Marabout, maître du monde. Quelques temps plus tard, énormément déçu par les sommités scientifiques qui refusent d’examiner son invention, il en conçoit une haine si terrible qu’il songe  précipiter la Terre dans l’orbite de la Lune pour un embrasement apocalyptique :
    « Sais-tu ce que c’est que ça ? – C’est la lune ! – Oui, c’est la lune !... Eh bien ! nous allons la voir de près, car dans peu de temps, nous allons l’embrasser, ah ! ah !... Nous allons embrasser la lune !... Quel bon baiser nous allons lui donner, ah, ah, ah, ah, ah !... Un baiser mortel pour elle comme pour nous, car je pense que le choc va nous éparpiller en miettes dans l’espace ! ah, ah, ah, ah !... Une terreur soudaine s’empara de moi. Je compris soudain la signification de sa terrible prophétie : le misérable pour se venger, allait assassiner le Monde !... »
    Avec force et courage Eusèbe se dresse contre son patron. Il grippe les rouages de l’énorme machine à coups de masse et, avec l’aide du garde-champêtre et du sous-préfet, il envoie son maître terminer ses jours dans une maison de fous.
    Une nouvelle drôlatique lestement troussée et largement méconnue, qui prend tout naturellement sa place dans ce recueil.

  10. Type: livre Thème: savants fous et maîtres du monde, le dernier homme Auteur: Roger-Henri JACQUART Parution: 1943
    Le Docteur Borislav est un savant fou. Il hait l’humanité, pervertie et perverse. Il souhaite sa destruction totale. Par conséquent, il a inventé le rayon rouge qui rase tout à hauteur du sol. Comme il  adore sa fille Sylvia dont il aimerait faire la nouvelle Eve d’une humanité nouvelle, il lui faut un nouvel Adam. Qu’à cela ne tienne, il lui adjoindra Alex, l’amoureux de Sylvia.
    Et pour que leur destin commun puisse s’accomplir, il a aussi inventé un aéronef appelé "Sylvia" qui emportera le couple dans ses flancs pour une promenade dans la haute stratosphère, le temps pour Borislav de détruire l’humanité:
    "Je ne sais si je me suis bien fait comprendre. J’ai essayé simplement de décrire les pensées harcelantes qui se sont emparées de moi dès mon retour sur cette terre de désolation. Je ne pouvais mieux faire à ce moment, car mon esprit ne se dégageait que très lentement d’une sorte de léthargie. Pourtant je me rappelle vaguement que, pour tenter de justifier ma faiblesse à mes propres yeux, j’étais près de croire à l’influence néfaste de puissances occultes redoutables. Je finis par en rire. Le malheur, qui avait fondu sur Sylvia et moi à l’instant où nous nous y attendions le moins, était né de la volonté d’un seul homme, je le savais pertinemment, et je ne voyais pas en quoi un éventuel mauvais sort aurait pu intervenir en l’occurrence . Je désirais garder la tête froide pour envisager le futur avec calme. Et je savais que si l’on admet trop aisément l’influence de quelque force occulte, on risque de perdre confiance en soi, cette confiance si nécessaire à la réussite.
    Les faibles seuls perdent un temps précieux à attendre passivement l’intervention de puissances mystérieuses, et, pendant les instants où ils les sollicitent, ils n’agissent plus utilement. Ensuite, stupidement, ils   osent se plaindre de n’être pas parvenus à vaincre les obstacles semés sur leur route et, se croyant maudits, ils désespèrent davantage. N’est-ce point là une des plus grandes déficiences de l’humanité que j’ai connue? La force d’âme manquait à la majorité de nos semblables. Ils se raccrochaient trop facilement à des idées de chance ou de malchance dont ils se croient les victimes, et ils oubliaient que la réussite de leurs projets dépendait uniquement de leur propre volonté. Ils n’étaient plus que des pantins, idolâtres ou mystiques, au cerveau affaibli par des croyances sans fondement. La révolte s’amplifiait lorsque j’écoutais les rugissements de la nature en furie, lorsque je regardais la terre noirâtre, comme écrasée par le ciel bas, et que j’entendais la pluie marteler les hublots. Et je jurais que si je réussissais un jour à jeter les bases d’une nouvelle civilisation, je ne parlerais jamais à mes descendants, ni de fées, ni de lutins, ni de dieu, ni de diable! Je voulais les habituer, dès leur jeune âge, à ne chercher le courage qu’en eux-mêmes. Je voulais créer des hommes forts, capables de se frayer seul un chemin dans l’existence, sans s’arrêter à tout bout de champ pour implorer le ciel ou l’enfer. Je voulais leur apprendre à faire eux-mêmes une discrimination logique entre le Bien et le Mal, sans leur inspirer pour cela d’inutiles et dégradantes terreurs.
    La peur d’une idole a-t-elle jamais empêché les hommes de commettre des actes immoraux? Au contraire! Certains les ont commis avec l’idée stupide de se les faire pardonner ensuite grâce à la complaisance publicitaire de textes ou de rites douteux, immoraux par leur élasticité voulue. Non, je ne croyais plus en rien de spirituel. A quoi aurais-je pu croire encore, d’ailleurs, après avoir vu le monde entier s’écrouler autour de moi sans la moindre intervention céleste pour  sauver les hommes? Avais-je entendu sonner les trompettes du Jugement Dernier, alors que tout était mort sur terre?
    Les mains crispées sur mes tempes, le front moite je dis adieu au passé avec tout ce qu’il comportait de faiblesses et d’imperfections mortes. Je ne voulus plus regarder que l’avenir et je décidai d’avancer dorénavant tout droit devant moi, sans craintes injustifiées ni regrets déprimants et inutiles,
    Reconstruire le monde? Eh bien, oui j’acceptais.  Qu’aurais-je pu faire d’autre d’ailleurs, en de telles circonstances? Me laisser mourir sans réagir? C’eût été infiniment lâche, infiniment peu digne de moi et de mon passé ! Quitte à être vaincu par des impondérables il me fallait lutter jusqu’au bout ! Redonner naissance à une race humaine, n’était-ce point jouer un rôle magnifique? Et même, lorsque je regardais Sylvia si jolie et si fine, et que je songeais à notre amour et à notre jeunesse, j’imaginais que ma tâche n’aurait rien de désagréable..."
    De retour sur terre, nos héros ne retrouvent rien, si ce n’est une étendue de boue plate arrosée par les éléments en furie déchaînés par l’acte inconsidéré de Borislav. Cependant, celui-ci avait tout prévu pour eux: un système de guidage pour ramener les tourtereaux à bon port, un abri souterrain où ils pourront se délasser -avec décence- en attendant que le monde soit à nouveau vivable. Et même une surprise: la présence d’un deuxième couple, composé d’un agriculteur , Basile,  et de sa femme Denise, ainsi que de certains animaux, chèvre, chienne, vache , etc.
    Ainsi  Alex ne se sentira pas trop isolé comme unique cadre de la classe supérieure et comme dernier intellectuel bourgeois vivant. Basile, très intuitif, a bien compris tout cela: il vouvoie Alex qui le tutoie , et il accepte son autorité sans réticence.
    Un grain de sable détraque la belle machinerie: toutes les femelles (y compris Denise) sont enceintes et accouchent prématurément d’un rejeton mort-né (y compris Denise), à cause de l’ozone qui se répand, conséquence imprévue de la destruction imbécile de Borislav.
    Basile devient fou de douleur à la mort de Denise, puis ne pense qu’à coucher avec Sylvia (la dernière femme avec les deux mâles) ce que réprouvent la décence et l’auteur. Alex, qui est vraiment stupide, explique à Basile comment marche Sylvia (la fusée pas sa femme). Alors Basile s’embarque, ravissant Sylvia, femme et fusée, pour coïter décemment dans l’univers avec la femme d’Alex,  tandis que ce dernier, fou de solitude , marche , son carnet de notes en mains,  sur une terre réduite à une surface de boue arrosée par de la pluie. Fausse sortie: seule l’Asie a été détruite, et non la totalité de la terre. La fin du roman livre Alex délirant aux Européens venus le sauver.
    Roman  mièvre,  non par l’idée ou la description du décor,  mais à travers la philosophie de l’auteur faite toute de décence bourgeoise, de retenue morale, d’une xénophobie sous-jacente. Le cadre est  prétexte à la destruction d’une humanité supposée décadente et  incline  à répondre positivement  à la montée du fascisme de l’époque.