Bienvenue dans la Base de Données des livres !
Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
Livres
-
Encore Un Peu De Verdure - Par BenF
Se pourrait-il que l’humanité disparaisse un jour, envahie, déborée, étouffée par l’herbe? Cette question peut paraître bouffonne, car on a du mal à imaginer qu’une plante aussi simple et commune puisse venir à bout de l’espèce humaine. Pourtant l’invasion lente, implacable de l’océan de verdure grignote lentement la place dévolue à l’être humain. Celui-ci poursuit malgré tout sa vie quotidienne faite toute de mesquineries, de soif du pouvoir, de jalousies, d’inconscience devant le péril, de divisions...
Tout commence par la découverte inoffensive d’un engrais, le "Métamorphosant". En dehors de l’herbe, véritable personnage du récit, le premier rôle est assumé par Albert Weener, représentant plus ou moins raté qui utilise le Métamorphosant au "Cynodon Dactylon" dont il fait sans le vouloir l’ennemi invincible de l’humanité.
A partir de là, la vie de Weener est indissolublement liée à l’herbe. Elle fait de lui un journaliste médiocre mais célèbre puis, par le jeu des actions de la Consolidated Pemmican, l’homme le plus riche du monde. Autour de Weener, gravitent une série de personnages plus ou moins falots, plus ou moins mégalomanes, comme un rédacteur en chef au nom inénarrable de W.R. l’Effacasé, bourru et efficace, et dont le rêve est de se retirer pour lire en paix les oeuvres de Thomas Hobbes.
Le début de la catastrophe est comique avec les démêlés de Mrs Dinkmann et de sa pelouse où tondeuse, faux, feu, pétrole, dynamite, chars d’assaut se cassent successivement les dents. Cela ne vaut guère plus qu’un article dans la feuille de choux de l’Effacasé. Rapidement, le sourire se fige devant l’invulnérabilité de l’herbe qui envahit la ville, la recouvre jusqu’au dessus des immeubles et semble envoûter certains humains qui s’enfoncent en son sein pour se fondre en elle. Une fois de plus les hommes ont sous-estimé le péril en continuant de mener leur petite vie tranquille. La fortune de Weener se développe parallèlement à la progression de l’herbe comme si le destin voulait laisser face à face l’homme le plus puissant et l’herbe. Certes, il y a des répits, comme celui apporté par le sel qui semble pour un temps pouvoir stopper la progression de la marée verte. Mais ce n’est qu’un répit. Et pour comble de malheur et de dérision, voilà l’URSS, qui profitant de l’affaiblissement des Etats-Unis, tente d’envahir le continent nord-américain.
Heureusement l’herbe sauve le pays, momentanément. Elle reprend aussitôt sa marche triomphale, anéantissant la civilisation, faisant sauter les contraintes sociales, les tabous, au point que «tant de gens accomplissaient des actes illégaux pour trouver un appui dans les prisons que l’on finit par ne plus retenir que les meurtriers et les assassins», le plus souvent "exécutés le soir même" pour libérer les cellules. L’herbe devient même une nouvelle religion dont le proète frère Paul proclame: " Donnez votre âme au Christ et votre corps à l’Herbe ".
A mesure que l’espace dominé par l’homme se rétrécit, l’action s’acélère, devient haletante, le récit se simplifie. Dernier rempart d’une humanité condamnée, l’Angleterre tombe à son tour. Il ne reste plus qu’une sorte d’arche de Noé moderne, avec à son bord Weener qui continue sa lutte contre l’Herbe, quelques savants et cinquante jeunes femmes (il faudra bien repeupler):
" Je me suis attardé longuement devant la porte de la cabine-laboratoire, à écouter les rires, les hurrahs, les exclamations de triomphe... qui, j’en suis persuadé, annonçaient un indéniable succès. Mais... L’Herbe a trouvé un nouveau joint entre les lattes du pont. "
«Encore un peu de verdure» est l’un de ces rares romans mettant en scène un dérèglement de la végétation. Ici, point d’effets spectaculaires dans la description de la catastrophe ni de descriptions dramatiques comme dans "le Nuage pourpre" ou "le Marteau de Vulcain". C’est l’horreur au quotidien par l’étouffement et la prolifération. Annonçant le roman écologique ("le Troupeau aveugle", "la Fin du rêve "), le récit de Moore est l’un des premiers à se poser la question de l’interdépendance des écosystèmes.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 286 vues
-
Monsieur Médiocre alias Eugène Machin a une vie médiocre, très médiocre, vraiment médiocre :
" Machin ne pense pas. Machin mange, dort, rêve à l’amour, le fait médiocrement, mange encore, travaille, élimine ce qu’il peut, dort encore, travaille encore, et… recommence la ronde. Il ne s’est vraiment passionné que pour voir quelques " matches " de football qu’il est allé voir le dimanche après-midi. Il a vaguement ri et vaguement pleuré à quelques films. Il est très adroit pour faire les additions, les soustractions, les multiplications et les divisions. Pour lui, la vie est une sorte de preuve par neuf. "
Habitant à Bourg-les-Bains, postier sachant poster, sans imagination, sans beauté, sans motivation. Eugène Machin, homme moyen, vit sa petite vie étriquée. Ayant pris ses repères à Bourg-les-Bains, il ne pense qu’à des choses basses et viles, tout rempli qu’il est d’envies et de désirs inavoués. Afin de se sentir moins seul, il se marie avec Dorothée dit Zaza, sa tenancière, pas très belle et bien médiocre elle aussi.
Un jour, Eugène Machin décide de passer une semaine de vacances à Fortville pour s’imprégner des joies et des plaisirs de la grande cité. Totalement désorienté, il se fait dévaliser dès l’entrée par Robert-le-parasite et les prostituées dont il a recueilli l’adresse au 24 de la rue des Fauchés.Après deux jours de vie citadine, il se retrouve sur le pavé, sans argent, sans papiers, sale et avec une gueule de bois. Le comble se concrétise lorsqu’il participe à une manifestation dont il ignore absolument tout.
Pris dans une charge policière, il ne doit son salut qu’à l’intervention d’un jeune couple qui l’entraîne à l’abri, à l’intérieur d’une maison. Là, avec stupéfaction et écrasé de fatigue, Eugène Machin, écoute, tout en s’enivrant, le discours étonnant que lui tient Charles, le jeune homme. Celui-ci lui dit que la médiocrité, le vice, l’envie et la haine ne sont que des illusions parce que l’homme a perdu le sens de sa propre existence, qui est de nature divine. Ainsi, celui qui vit une vie étriquée subira une mort étriquée. La vie et la mort, c’est tout comme.
Eugène machin ne comprend rien à ces paroles et s’endort à même le sol. En se réveillant, il constate que le couple a disparu et qu’il se retrouve tout seul à Fortville, déserté de ses habitants, et peut-être seul au monde. Après une petite accommodation à sa situation de dernier homme, il agit de la manière conforme à sa nature. S’appropriant des bijoux, raflant des billets de banques, s’empiffrant de nourriture fine, il lâche la bride à ses instincts, se gavant de ce que jamais il n’aurait pu avoir à Bourg-les-Bains. eu à peu, grandit en lui une peur gigantesque : pourquoi est-il le seul à rester en vie ?
" Seule la résonance des voûtes répondait à l’appel d’Eugène. Il finit tout de même par se taire et reste immobile, figé par une peur qu’il ne peut plus mâter, par une peur durable aux racines profondes. La peur de ne plus pouvoir se sortir jamais de cette aventure. La peur de la solitude inexorable. La peur de l’ennui, de son propre ennui. Peur de s’ennuyer dans sa peau monotone, peur d’être écrasé par sa médiocrité. "
Son délire se renforce et comme Néron jadis, il envisage d’incendier la cité pour son unique plaisir:
" Il pénètre dans la cuisine d’un appartement modeste. Il y trouve d’abord des allumettes. Puis, une bouteille de pétrole. Il répand avec conscience le pétrole sur les rideaux, les tapis, les fauteuils. Il éparpille partout des journaux chiffonnés. Et… allume tranquillement le tout. Il n’a pas à attendre longtemps le résultat. Le feu, rapidement, encouragé par le pétrole, gagne du terrain à une vitesse qui effraie machin lui-même. Il reste planté là, à regarder, et la lueur galopante des flammes donne à ses yeux soumis, un éclat diabolique Brusquement, il se dit : " Je vais foutre le feu à tout le quartier ! ça va être bath ! "
L’incendie le talonnant, il abandonne la ville au moyen de diverses bicyclettes, jusqu’à Trévoux, autre bourgade située au bord de la mer. Là, il sombre dans le plus profond désespoir, comprenant soudain par une sorte d’illumination que , bien que tout lui appartienne, il donnerait n’importe quoi contre une présence humaine. Alors il se débarrasse de son argent :
" Le bruit de ces pièces tombant et roulant sur la chaussée, aurait suffi à provoquer une bagarre sanglante (…) . (C’est curieux comme l’argent qui roule à terre est proche des coups et des blessures.) Mais là encore, le silence enregistre seul le bruit agaçant de cette chute des métaux inutiles. Oui, si les objets qui l’entourent, les uns après les autres, se foutent tranquillement de lui, Eugène Machin, à son tour, se fout paisiblement des objets. Il se fout du fric. Il s’en fout avec autant d’énergie qu’il l’avait accumulé auparavant à la Caisse d’Epargne de Bourg. Il comprend, malgré lui, la vanité de bien des choses. Il comprend de mieux en mieux. Il apprend à comprendre. "
Sa personnalité se modifie. Il n’est plus l’être médiocre d’avant. S’installant dans un chalet de montagne, il communiera avec la nature d’hiver qui l’enchante de ses flocons. Il se sent de plus en plus heureux, sensible, ouvert au monde. Il comprend enfin quelle est sa destinée sur la grande roue du karma, il accepte la mort qui le sanctifiera tandis que la terre, délivrée de l’homme, n’en revivra que plus intensément :
" La Terre, depuis ce jour, n’avait plus d’autre souci que de jouer aux quatre saisons, toute seule avec son rythme à elle. Sans personne pour la déranger. Plus la moindre trace de parasites humains ou animaux. Et lentement, les maisons se lézardèrent, furent envahies par des herbes folles, rampantes ou grimpantes, par des orties majestueuses. Tout, jusqu’aux plus monstrueux canyons, jusqu’aux plus invraisemblables gratte - ciels, fut lentement englouti, effacé, nivelé.
Des champignons géants poussaient entre les rails du métro. La moisissure gagnait les uniformes militaires. Les drapeaux se déchiquetaient lentement, faisant une salade ignoble de leurs couleurs. Les réserves alimentaires pourrissaient dans les caves et les garde-manger. La puanteur elle-même était lentement et sûrement vaincue. La verdure engloutissait les tombes des cimetières dans une forêt éternellement vierge désormais. Des arbres nouveaux poussaient dans les maisons, les cabines téléphoniques et les gares, les crevaient ou les arrachaient du sol pour les élever dans leur course irrésistible vers le ciel. "
" la Peur gigantesque de Monsieur Médiocre pourrait encore s’intituler " une voie vers l’Illumination " ou " une thérapie de la Sagesse ". Eugène Machin, à travers l’épreuve de la solitude totale – celle du dernier homme – vit un cheminement initiatique qui l’amène à comprendre que l’important dans la vie est d’être et non de posséder. Message transparent, apparaissant parfois en d’autres ouvrages cataclysmiques tels que " le Pont sur l’Abîme " ou " le Nuage Pourpre " .
Le récit est par endroits desservi par le dessin de Dubout qui, par son humour, se trouve être en décalage avec le sens symbolique du texte. Tel quel cependant, le roman vaut le détour, perle rare difficilement accessible quand on sait qu’il a été imprimé avec un tirage limité de 4000 exemplaires, en 1947, et jamais réédité par la suite.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 386 vues
-
La Breche D'enfer - Par BenF
Sir Archibald Dorchester, physicien atomiste de réputation internationale, travaille à Leipzig dans le laboratoire privé de Hugo von Hamersdorf, un Allemand, chacun en compagnie de son assistante, Colette Desaveines pour le premier et Elsa Rietenbach pour le second. Autant l’Anglais est séduisant, fair-play, noble et désintéressé, autant l’Allemand est retors, fourbe, crochu du nez et tout dévoué à la "cause" du Grand Reich. Il tente par tous les moyens d’arracher à Dorchester son secret, celui du bombardement de " l’éruptite " par les " primordions ", ce qui aboutirait à créer une explosion atomique bien plus puissante que celle d’Hiroshima.
Par tous les moyens, par le chantage, la corruption, ou l’action d’Elsa (une espionne allemande secrètement amoureuse de Dorchester), Hugo s’acharne à obtenir les éléments qui lui permettraient de déclencher une guerre victorieuse en Europe. Dorchester feint de céder à son chantage et de vendre son secret contre de l’argent. Il travaille à " l’intégration " de la matière, soit à transformer le plomb en radium. Grâce à son appareil, " l’intégrateur ", il y parvint, mais incomplètement. Le produit final, nommé "fulgurium" par Dorchester est instable et prêt à se désintégrer spontanément sous l’action de l’énergie solaire, provoquant une explosion des millions de fois plus fortes que ne le ferait l’éruptite. Une expérience, tentée au-dessus d’une chaîne de montagnes autrichiennes avec quelques milligrammes de fulgurium, pulvérise celle-ci en une déflagration titanesque.
Dorchester, avec l’aide d’Edouard Guem son préparateur, effrayé par l’abominable pouvoir du produit, détruit l’intégrateur, confie le fulgurium restant (suffisant pour faire sauter la terre) à Colette, charge pour elle de l’enterrer au fond du jardin de sa villa, en France. Il sera arrêté par les services secrets anglais, accusé de trahison et de complicité avec l’ennemi et jugé coupable d’avoir vendu le secret de l‘éruptite à l’Allemagne. C’est son vieil ami le procureur Harry Clefford qui prononcera la sentence. Dorchester ne se défend pas car son honneur lui dicte de ne pas révéler l’existence du fulgurium, même aux Anglais. Il est condamné et conduit en prison au grand désespoir de ses amis.
Les années passent. Hausherr a accédé au pouvoir suprême et, comme Premier ministre du Reich, il prépare en secret l’invasion de l’Europe , sûr d’être victorieux, grâce à ses bombes à éruptite. Les Anglais, alertés, tentent en vain d’arracher la vérité à Dorchester en la personne de Harry qui se doute que son ancien camarade de classe cache un terrible secret. Petit à petit, et devant l’imminence d’une attaque allemande, Dorchester cède. Libéré officiellement (officieusement il est mort en prison), il se présente sous un faux nom à la villa de Colette. Celle-ci, hésitante d’abord, mais inondée de bonheur –elle est secrètement amoureuse de son maître à penser - poursuivra avec lui de nouvelles recherches sur " l’intégrateur ".
Comment faire reculer le danger que représente l’Allemagne de Hausherr ? Dorchester ne peut toujours pas se résoudre à transformer ce pays en un désert de pierres vitrifiées avec le risque de déclencher une réaction en chaîne totale. Ce fut Colette qui lui suggère de convaincre Hausherr de l’effroyable pouvoir du fulgurium en lui envoyant un minuscule échantillon pour analyse.
Le savant allemand ne pourra que se soumettre en constatant que ses bombes à l’éruptite ressembleraient à des pétards de feu d’artifice à côté du fulgurium. Les conditions de l’expérience sont précises : elles devront se dérouler à l’abri de la lumière. Hausherr en compagnie d’Elsa n’en fait qu’à sa tête et son obstination le perdra : une formidable explosion souffle la ville de Leipzig, ravage en un tremblement de terre dévastateur de nombreuses villes allemandes, creuse un cratère de plusieurs kilomètres dans le sol : c’est la " Brèche d’Enfer " :
" La Grande Epouvante " se leva à Dresde, à Chemnitz, à Weimar, à Dassau, à Magdebourg, à Berlin, à l’heure même où Leipzig périssait avec toute la contrée à l’entour, non point pulvérisée, non point réduite en cendres, ni même proprement anéantie, mais strictement dématérialisée, en surface à trente kilomètres à la ronde : en profondeur à quatre kilomètres. A Berlin se fit entendre un grondement qui semblait monter des entrailles de la terre et s’amplifia en quelques secondes, comme si la foudre tombait en cent points à la fois. Puis le sol trembla, de profondes crevasses s’ouvrirent. Postdam, Charlottenburg disparurent tout entières dans un remous sans nom. Dans la banlieue méridionale de l’immense ville, trois mille maisons s’abîmèrent en un clin d’œil, dans les flammes et dans le chaos.
L’énorme vague souterraine déferla vers le nord, bousculant tout, inclinant, comme des roseaux sous la brise, des édifices de trente étages, lézardant tous les murs, mettant à bas les maisons de construction légère, écroulant les tours et les clochers dans un inénarrable tumulte ; le fleuve, jeté en ondes écumantes hors de son lit, inonda les quais et les rues avoisinantes. Il y eut, dans l’espace de quelques secondes, des milliers de tonnes de pierres, de briques, de fer tordus, abattus sur la ville, écrasant sous les décombres les passants par milliers. "
Dorchester, réhabilité officiellement, épouse Colette et, malgré les pressions des autorités militaires anglaises, s’empare du restant de fulgurium qu’il scelle dans du béton et de l’acier et le coule au large d’une des fosses marines du Pacifique, afin que jamais plus un produit aussi effroyable ne puisse mettre en danger la paix du globe.
Proumen, en physicien expérimenté, dénonce, encore sous le choc de Hiroshima, la menace nucléaire. Son récit, à travers une intrigue traditionnelle largement empruntée au roman-feuilleton (les personnages sont plutôt des " types "), insiste sur une notion neuve à l’époque, celle de la dissuasion atomique ou équilibre de la terreur.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 423 vues
-
La Terre Hallucinee - Par BenF
Le journaliste Etienne Mansart se promet de passer une bonne journée avec Nadine, sa collègue de travail du journal " Femina-Magazine", aux charmes de laquelle il n’est pas insensible. Un incident curieux émaille la projection du film " Napoléon " qu’ils sont allés voir : un spectateur se lève et tire sur l’écran prétextant qu’il était le seul et unique Napoléon existant. Nadine, troublée, quitte précipitamment Etienne. Le lendemain, il apprend avec stupeur par l’article de " Femina-Magazine " signé Nadine que de nombreuses autres personnes se sont prises pour Napoléon. En arrivant à son journal, la confirmation lui en est donnée par son patron lui-même gagné par une sorte de folie hallucinatoire qui s’imagine être la personne même de l’empereur.
L’hallucination progresse, telle une vague de fond, et désorganise la vie publique. Seul Etienne est apparemment épargné par le fléau. Recherchant Nadine pour avoir une explication avec elle, il constate, en se rendant à son domicile, qu’elle s’est fait enlever. Le mystère s’épaissit. Il sera convoqué à une réunion par le préfet puisqu’il est l’un des premiers à avoir été en mis en présence de l’hallucination. Il y apprend que le contact avec le sud de la France est rompu. On ne sait pourquoi et rien n’y fait, ni les avions qu’on y envoie, ni les militaires dépêchés sur les lieux, qui ne donnent plus signe de vie.Soupçonnant M. Leroy, un soi-disant représentant qui recherche Etienne, d’être l’instigateur d’une sorte de complot lié à l’hallucination, le jeune homme apprend que cet individu est l’oncle de Nadine, désireux, tout comme Etienne, de faire toute la lumière sur l’enlèvement de sa nièce.
La folie gagne Paris. Chaque citoyen étant convaincu d’être le seul Napoléon, des bagarres et des rixes éclatent, rendant la vie sociale précaire. L’anarchie s’installe au cœur de la cité :
" Aussitôt, je comprends que l’inéluctable s’est produit. L’avenue ne présente pas plus d’animation qu’à l’ordinaire. Des gens errent sur les trottoirs, désoeuvrés. Plus désoeuvrés que de coutume, peut-être ? Je reconnais quelques ouvriers revêtus de leur costume de toile bleue, qui marchent très lentement, la tête droite, très raides. Des bourgeois en costume sombre font claquer les talons sur les trottoirs, et redressent leur courte taille, orgueilleusement Des sportifs, en culotte de golf agitent belliqueusement des raquettes de tennis…Malgré le froid, tout le monde circule à l’aventure, sans manteau, sans pardessus. Je m’avise alors que j’ai moi-même omis de me couvrir suffisamment. Je grelotte. Mais est-ce bien de froid ?… Ou d’épouvante ? Car tout ce monde somnolent, plongé dans quelque rêve halluciné, tout ce monde porte la main sous le gilet, sous le veston, dans cette pose popularisée par l’imagerie d’Epinal!… "
Ne comprenant toujours pas pourquoi lui, Etienne, et maintenant Leroy, sont épargnés, le journaliste s’arrête à un indice : tous les Napoléon disent être décédés un cinq mai. Or, c’est une erreur. L’empereur est décédé un 7 mai. Lors de la réunion chez le Préfet, un savant, Sommerfeld, était le seul à avoir fait cette erreur. La seule explication rationnelle qui convienne est que le responsable de l’hallucination collective est Sommerfeld. Procédant par recoupements, Etienne apprend que Sommerfeld n’habite pas loin du cinéma où s’est déclenchée la première crise, ni loin du domicile de Nadine. En réalité, Sommerfeld, amoureux de Nadine, l’avait fait enlever par Alexis son valet, et grâce à un générateur d’ondes de son invention, avait plongé progressivement la France, puis les pays environnants dans l’hystérie la plus totale. Pour rien, parce que cela l’amusait follement.Sommerfeld est sur les traces d’Etienne qu’il sait être dangereux. Il le fait donc enlever à son tour, avec Leroy.
L’oncle de Nadine, parvenant à se défaire de ses liens, fait sauter la machine, tuant du même coup Sommerfeld et Alexis. Auprès de Nadine enfin sauvée, Etienne comprend qu’il doit son immunité à la jeune fille laquelle lui avait passé au doigt, ainsi qu’à son oncle, préalablement à l’aventure, un anneau métallique qui les protégeait des ondes néfastes, car elle connaissait l’invention de Sommerfeld. La diabolique machine détruite, les innombrables Napoléon abandonnent leur personnalité factice.
Un petit roman, dans la veine populaire, jouant de la problématique du savant fou, et conté avec beaucoup de verve.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 284 vues
-
Le Maître Des Robots - Par BenF
Comme d'habitude, le héros, journaliste à "Paris-Journal", Robert Marchal, se trouve au siège de la rédaction, quand arrive en morse et après le brouillage des ondes radio, les menaces d'un certain Tenax qui se proclame le Maître du monde:
"Moi, Tenax, maître tout-puissant, déclare à l'univers une guerre sans merci. Je ne redoute personne. Ma force est invincible. Grâce aux moyens dont je dispose, je saurai réduire à néant mes adversaires et quiconque aura la témérité d'oser se dresser sur ma route. Avis aux hommes fous qui tenteront de contrecarrer mes projets (...) Aujourd'hui, j'adresse l'ultimatum suivant: le gouvernement français devra abandonner immédiatement toutes ses prétentions sur ses possessions asiatiques. Le gouvernement britannique devra cesser toute domination aux Indes et dans les îles de l'Archipel. Quant à Washington, il devra abandonner toute idée de domination dans le Pacifique. Dans quarante-huit heures, les trois gouvernements en question devront évacuer les concessions internationales et française de Shanghai. J'ai dit".
Les menaces sont rapidement mises à exécution quand, après l'apparition d'un nuage pourpre au-dessus de la zone concernée, suivi d'une grande détonation, la cible est détruite. Ainsi, un paquebot britannique disparut corps et biens en mer, puis, un épouvantable incendie embrasa la totalité des champs pétroliers du Nouveau-Mexique, enfin l'on apprit la destruction par le feu de l'île de Sainte-Marie, près de la Réunion. Indubitablement, Tenax en voulait au genre humain.
Jacques Dusmenil, le rédacteur en chef, confiera l'enquête à Marchal. Celui-ci s'adjoint dans sa quête son ami Blanchard, puis l'explorateur Langeville, enfin un garçon débrouillard, mécano de son état, Ludovic Bougon. Le groupe saura où chercher, le repaire de Tenax ayant été localisé dans une région désertique des hauts plateaux du Tibet. Embarquant immédiatement à bord de leur avion, ils s'envolent vers le cap prévu quand, arrivés sur zone, leur moteur s'arrête brutalement, les obligeant à un atterrissage d'urgence. Une agression ciblée de la part de deux mongols surgis de nulle part, et voilà nos héros entraînés dans le repaire souterrain du savant fou. La base dans laquelle ils pénètrent est immense, constitué d'innombrables couloirs, de nombreux bâtiments annexes et d'appartements, confortables par ailleurs, dans lesquels ils seront enfermés avant une confrontation avec le maître des lieux. Le physique de Tenax est bien en harmonie avec sa personnalité:
"Cet homme, c'était Tenax. il avait un aspect étrange et ressemblait à un fantôme. Drapé dans une ample cape noire au col relevé, il était petit de taille. Il avait la figure osseuse et décharnée. Son front nu, aux proportions anormales, était auréolé de cheveux blancs. D'épais sourcils noirs, surmontaient de profondes orbites cernées de bistre, au fond desquelles brillaient des yeux vifs, encadrant un nez crochu, semblable à un bec de vautour. Son teint bilieux accentuait la ressemblance avec un oiseau de proie."
Le savant fou les accueille, enjoué et ravi d'expliquer ses origines, sa carrière et ses intentions à un auditoire attentif et soumis. S'étant fait moquer dans son enfance par ses petits camarades (ce qui n'est pas bien!), de condition modeste quoiqu'intelligent, il a grimpé les barreaux de l'échelle sociale en se cultivant et en gagnant sagement sa vie par ses inventions. Mais jamais il n'a réussi à s'intégrer. La perte d'un de ses bras, dans un incendie intentionnel, a été la cause de sa haine à l'égard du genre humain. Passant à l'action, il a fait construire sa base en ces lieux désertiques par une armée de mongols qu'il a subjugués et rendus muets en leur coupant la langue (ce qui est aussi très vilain!) Utilisant un appareil de vision immédiate comme on le ferait avec une télévision, il a réussi à être présent partout dans le monde, y compris au sein de la rédaction de "Paris-Journal", ce qui lui a permis de connaître dans le détail les intentions de ses adversaires. Provoquer l'arrêt du moteur de l'avion au moyen d'ondes magnétiques était un jeu d'enfant eu égard à la menace qu'il fait planer sur le monde en concentrant l'énorme énergie produite par un immense champ d'accumulateurs, mobilisable instantanément. Muni de tels pouvoirs il ne doute pas un instant que ses prisonniers collaboreront avec lui.
De retour dans leur cachot pour réfléchir, ils feront la connaissance fortuite d'un autre homme, le professeur Staylon, un savant suédois, enlevé depuis fort longtemps avec sa fille, et qui leur donnera une autre version de la puissance de Tenax. Celui-ci n'a rien inventé mais lui a tout pris, abusant de sa confiance et se servant de sa fille comme otage.
Quelques jours plus tard, un moment d'inattention du gardien mongol donne à Robert Marchal l'occasion d'explorer les lieux. il découvre Tenax en train de finaliser une autre de ses inventions, d'immenses hommes de fer, des robots de quatre mètres de haut, le noyau d'une future armée d'invasion. Ayant rapporté la nouvelle à ses amis, il leur apparaît indispensable d'agir au plus vite. Tous ensemble, avec l'aide de Staylon, ils investissent l'armurerie. Découvert par Tenax, ce dernier, écumant de rage, tue Blanchard d'un coup de couteau. C'est alors qu'ils seront sauvés par une intervention extérieure. Des vagues d'avions, en provenance de plusieurs pays qui ont rassemblé leurs forces, lâchent de nombreuses bombes sur la cité. Les accumulateurs sont touchés, privant le démoniaque Tenax de moyens pour répondre à l'agression:
"Un petit groupe, descendant à faible altitude, frôlant la mort, lâcha à proximité un chapelet de bombes qui explosèrent dans un bruit assourdissant. La chambre aux accumulateurs géants venait d'être détruite. Ainsi, Tenax se trouvait désarmé, étant dans l'impossibilité de se servir désormais de l'appareil aux rayons Gamma. Plus rien ne gênait les agresseurs. Le nuage pourpre, brusquement, s'était dissipé dans le ciel, ils avaient le champ libre. Descendant en piqué, plusieurs escadrilles se succédant entreprirent un bombardement nourri et lâchèrent sur le repaire de Tenax plusieurs tonnes d'explosifs"
Les robots, mis malencontreusement en marche, seront dirigés par Marchal qui s'empare de la télécommande. Ils se dirigent droit sur le savant qui disparaîtra, écrasé sous le talon de fer d'un de ses créatures:
"Poussant un rugissement, tel un fauve traqué dans la jungle, l'infernale créature, les yeux démesurément ouverts, la bouche tordue dans un hideux rictus, comprit que l'heure du châtiment était alors arrivée. Dans un dernier sursaut d'orgueil, il tenta de se lever, mais en vain. Le moment de payer sa dette à la société, pour tous les crimes monstrueux dont il s'était rendu coupable, était venu. Rien ne devait le soustraire à son destin. Le premier automate le frôla tout d'abord, puis la pression s'accentuant, pesa de toutes ses forces sur la masse inerte. Tenax lança une dernière plainte, mais celle-ci cessa brusquement. Le Robot l'avait écrasé, tel un fétu de paille. Tenax n'était plus."
Les portes de la liberté s'ouvrent devant nos amis, les mongols ayant tous mystérieusement disparus. Avant de s'éloigner du repaire maudit, ils auront minés les lieux qui sauteront définitivement. Recueillis dans un monastère bouddhiste après une éprouvante traversée du désert, ils aboutissent à Shanghai via un séjour à Lhassa., puis à Paris où journalistes et photographes les attendent avec impatience.
Ce récit où se mêle les divers ingrédients du genre populaire est écrit de façon adroite et didactique par l'un des piliers de ce type de littérature, habituellement plutôt orienté vers le western. Ce texte, aujourd'hui désuet, aura cependant passionné plus d'un jeune lecteur à l'époque.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 422 vues
-
Le Maître Du Gulf-Stream - Par BenF
Lord Bedford, le roi du cuivre anglais, propose au jeune français Jacques Maurois d’accéder à la main de sa fille tout en défendant sa patrie. Il a eu vent de ce que les Allemands s’apprêtaient à détourner le cours du Gulf-Stream en édifiant, par un procédé secret, un mur de polypes vivants au large de la Floride. La Manche et l’Atlantique se verraient gagnées par les glaces et, le climat s’inversant, il en serait fait de la suprématie anglaise sur les flots. Discrètement, ils arment le " Médina ", un petit voilier. Jacques Maurois revêtu d’un scaphandre, va s’attaquer au mur ainsi édifié pour le détruire par un moyen chimique qui tuerait les polypes :
" L’ingénieur voyait à présent se dresser, à une trentaine de mètres à peine – la portée des rayons du projecteur – une masse sombre aux reflets rougeâtres : le fameux barrage vivant qui se fût opposé un jour, si l’on n’était intervenu, au passage des eaux chaudes du Gulf-Stream vers les mers d’Europe. "
Qui a construit ce mur ? Au cours d’une de ses plongées, il a la chance de pouvoir neutraliser un autre scaphandrier, le Herr Doktor Julius Warner, maître du projet contre l’Angleterre. Les Allemands ne l’entendent pas de cette oreille. A partir d’un sous-marin, ils bombardent le " Médina" et le coulent. L’arrivée opportune d’un vaisseau anglais permet de récupérer les naufragés. Le mur disparaîtra, le Gulf-Stream reprendra son cours normal, les Allemands seront vaincus, Jacques Maurois épousera la fille de Lord Bedford et l’Angleterre sera sauvée. Que demander de plus ?
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 359 vues
-
Troglo-Blues - Par BenF
Vol. 01 : le Monde d’en bas, Fleuve Noir éd., 1991, coll. "Anticipation " N°1805, 1 vol. broché, in-12 ème , 183 pp. couverture illustrée par Saranhujes. roman d’expression française
Jo Eyquens vit à Paris, dans le monde d’après la catastrophe. Ruines, immeubles effondrés, terrains vagues en forment le décor quotidien. Les survivants citadins ont reconstruit une structure sociale organisée sous la houlette de Lacourt, le maire, et la police improvisée, les F.S. (Forces Spéciales), qui pressurent les villageois alentour en leur extorquant légumes frais et farine. La nuit, une menace rôde. C’est celle des " Troglos ", individus entraînés et dangereux dont le réseau métropolitain forme le territoire. Quand ils surgissent des stations la nuit, c’est pour tuer ceux de la surface. Jo Eyquens surprend un secret lourd de menaces : Lacourt s’entend avec le chef des Troglos pour faire main basse sur la ville. Décidé à faire chanter Lacourt, Jo Eyquens est découvert et pourchassé. Il trouve pour seul refuge les tunnels du métro où il sera capturé rapidement par les forces troglos.
Vol. 02 : les Maîtres des souterrains Fleuve Noir éd., 1991, coll. " Anticipation " N°1815, 1 vol. broché, in-12 ème , 186 pp. couverture illustrée par Saranhujes.
Jo Eyquens, sous le nom d’emprunt de Georges Mainard, sera utilisé comme " fouilleur ", c’est-à-dire en esclave qui déblaie les tunnels effondrés pour y récupérer les reliquats d’une société morte. Pour se faire admettre au sein de l’organisation troglo, il s’apprête à subir une série d’épreuves en liquidant quatre adversaires en un combat à mort, sous les yeux avides des notables troglos. Il en sort vainqueur avec brio. Son entrée dans la société souterraine est également conditionnée par un véritable rite d’initiation pseudo-maçonnique avec le mot d’ordre fondamental : "soumission-protection ". Devenu un Troglo actif comme garde du système, il gravit rapidement les marches du pouvoir en se rendant indispensable par ses connaissances administratives tout en sacrifiant à son ambition les quelques êtres qui lui sont chers. Il devient le bras droit de Levy, l’un des trois chefs du sommet de la hiérarchie. Les deux autres sont respectivement le " boss ", un obèse jouisseur et Hanshi, le maître des " Servants " ou chiens de garde du système, un ancien instructeur en sport de combat, qui hait par ailleurs Jo. L’ensemble de la structure repose sur la terreur et la religion. Hanshi trouve une opportunité pour se débarrasser de Jo en la personne de Phil, un ancien ami de surface devenu messager entre le maire et les Troglos, qui lui révèle la vraie identité de Georges Mainard.
A nouveau, Eyquens sera pourchassé sans merci pour être livré à Lacourt. Sa parfaite connaissance du monde souterrain lui permettra d’émerger à l’air libre, tout en tuant le boss, en blessant Hanshi, dans le but de clamer la vérité aux oreilles de ceux d’en haut. Il constate avec amertume que ses révélations laissent indifférents les gens d’en haut : ils sont tous devenus des moutons. Même Rougerie, l’opposant officiel de Lacourt, est en réalité inféodé au maire et en profite pour livrer Jo à celui-ci. Torturé par les Servants, crucifié, le héros est mis à mort après qu’il ait acquis la certitude que rien ne pourra changer les hommes.
Une intrigue fluide, des décors cohérents et un héros ambigu, de vrais méchants, une touche de sadisme et de cruauté, font de ces récits une œuvre qui se lit avec plaisir, sans cependant apporter quoi que ce soit de nouveau au genre.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 295 vues
-
Marius Petitpois, en ce dimanche de fin juillet, attablé à la terrasse d'un bistrot parisien, pense qu'il a eu tort de rompre avec la petite Denise. A cela s'ajoute le pur désespoir lorsqu'il entend une incroyable nouvelle à la radio. D'après le professeur Girmaldus, la Terre passera dans un zone de diminution de l'énergie cosmique fatale à la seule espèce humaine. L'unique moyen de surmonter l'épreuve est, en un moment précis pas plus long qu'un quart d'heure, de compenser le manque d'énergie par un acte sexuel orgasmique et partagé:
"Après de délicates recherches, le professeur Grimaldus est parvenu à la certitude que l'être humain engendre du fluide cosmique (...) A l'occasion de l'accomplissement de l'acte sexuel, l'homme et la femme confondant leur polarité dans l'unité élémentaire libèrent une forte quantité de fluide cosmique, quantité estimée suffisante pour assure la continuité de la vie du couple durant les quinze minutes au cours desquelles le fluide cosmique externe réduit ne permettra plus cette continuité."
Dans quarante-huit heures il importe pour chaque mâle en état de procréer, de trouver une partenaire féminine pour assurer leur survie mutuelle. L'Etat, d'après ce qu'il entend encore, y pourvoira aussi, en simplifiant la procédure, en édictant lois, décrets et règlements qui lèveront tous les interdits régissant le code de la sexualité, le mariage ne sera plus un préalable. Le mal frappant dès l'âge de 13 ans, les mineurs n'auront plus à se justifier en ce domaine et pourront s'employer à sauver leur vie. Même les religions ôteront le carcan de la chasteté des prêtres et des religieuses. Les différentes associations se déchaînent. Les unes, les "Ligues pour l'Eugénisme" voient là un moyen d'accroître leur notoriété en accompagnant les pratiquants, leur prodiguant conseils et assistanat. Ainsipour la méthode William Taylor-Kinsley qui semble la plus appropriée pour vaincre la frigidité, obstacle mortel pour les malheureuses qui la subissent. Les autres, comme l'association "Ni Chien ni Femme", développent un programme de mise en garde contre le danger que constituerait l'événement pour un homme pris en otage ou domestiqué durant ce douloureux temps d'épreuve.
Voilà Marius Petitpois bien embêté: il vient de rompre. Que faire, car il est vital de trouver une partenaire féminine à très court terme. Il songe d'abord, bien qu'ayant délaissé Denise, à la lettre enflammée que celle-ci lui a écrite, lui jurant un amour éternel. Peut-être ne sera-t-il pas difficile de se rabibocher avec elle? Hélas! cela ne se passe pas comme prévu. Durant son absence, Denise l'a déjà remplacé avec un gentil garçon qui a su pousser son avantage:
"-Eh bien! Voilà. Un soir nous étions tous les deux enlacés dans la nuit sur notre banc, il fut plus entreprenant qu'à l'ordinaire, tellement qu'il insinua sa main dans ma culotte et que je n'arrivai plus à en déloger ses doigts turbulents. (...) Je me laissai faire, revivant les yeux clos et la bouche altérée nos belles heures à nous, mon pauvre Marius. Soudain, la sensation devint douloureuse. Je réagis brusquement. "Ce n'est rien, fit-il j'essaie avec le pouce." Ah! tu parles d'un drôle de pouce alors! Mais il était trop tard."
Dépité, Marius rentre chez lui pour se coucher... seul. Déjà l'ambiance des rues se transforme:
"les voitures étaient rares. les passants plus nombreux, se révélaient tous désespérément du sexe masculin. Les uns, l'air absent, allaient, tels des automates, vers un impitoyable destin. Les autres au contraire paraissaient s'amuser au spectacle de la rue. Et leur allure dégagée, leur démarche assurée, tout révélait en eux des hommes sûrs de trouver au bout de leur course la salutaire étreinte."
Le lendemain, il rassembla ses souvenirs car il lui fallait absolument trouver sa moitié d'orange, puisqu'il y allait de sa vie. Alors il se souvint de Mado qui, jadis, n'avait pas été trop bégueule. Peut-être voudrait-elle bien coucher ave lui pour la bonne cause? Il alla la trouver. Mais celle-ci, désespérée elle-même parce que se sentant frigide, et malgré toute sa bonne volonté , ne put le rassurer:
"Dans un geste théâtral, Mado fit glisser sa robe d'intérieur et apparut aux yeux surpris de Petitpois entièrement nue. - Contemple-là, cette poitrine pour laquelle tout soutien-gorge est superflu. Remarque la fermeté du sein et comme il est aérien le bouton discret qui en fleurit la pointe. Admire la ligne fuyante du ventre, l'épanouissement des hanches, ces cuisses au galbe harmonieux (...) Oui, tu vois, tout est parfait, tout, sauf ça. Les pieds maintenant sur le divan et les cuisses largement écartées, elle procédait à l'inventaire de son intimité la plus secrète. -C'est joli, pourtant, n'est ce pas, Marius? Regarde: on dirait une anémone de mer. C'est d'un rose changeant comme cette fleur sous-marine, et, comme elle, ça fuit sous les doigts lorsqu'on touche."
En proie à une perplexité de plus en plus grande, Marius , dont les pas l'ont emmené à la mairie de son quartier, fait la rencontre inopinée d'un prêtre effaré qui a besoin de conseils en la matière. Se faisant passer pour un eugéniste, Marius promet de l'aider. En contrepartie, celui-ci lui demande de donner une conférence devant un parterre de jeunes filles, toutes faisant partie de "l'Oeuvre des Zélatrices de la Virginité triomphante". Les convaincre s'avèrera difficile, chacune ayant des griefs majeurs à exprimer à l'égard des hommes. Certaines racontent leur première expérience et les sentiments qui s'en sont suivis:
"Alors, Mesdemoiselles, une chose effroyable survint. Un frémissement angoissé parcourut l'assistance. -Ce que j'avais considéré de prime abord comme un négligeable morceau de peau prit un subit développement qui révéla en quelques instants à mes yeux horrifiés un serpent en tout point semblable, je présume, à celui qui valut pour Eve le châtiment qui nous accable nous-mêmes encore. Quoiqu'on le contraignît de la main, il s'enflait de plus en plus à ma vue, me menaçant bientôt de son dard écarlate avec une si évidente malveillance que je pris soudain mes jambes à mon cou".
Une autre sera encore plus précise:
"Bientôt il (= son partenaire) se découragea. Me dévisageant alors avec insolence, il me lança simplement -Vous êtes plus froide que la Vénus de Milo. Je lui répondis, vexée: -Qu'en savez-vous? Comme toute honnête jeune fille, je tiens à ma virginité, ne vous en déplaise. Cette phrase, dictée par un malheureux amour-propre devait décider de mon destin. Il retrouva enfin le sourire. -Je ne vous demande pas tant, fit-il. Puis, après un silence: -Vous avez bien une bouche? interrogea-t-il, railleur. Je m'étonnai d'une pareille question: -Oui, parbleu!. Il baissa brusquement son slip et, me désignant du doigt le jet de chair durcie qui venait de s'imposer à mon regard: -Ne vous effarouchez pas, chérie, me dit-il, et usez-en comme d'un sucre d'orge. Ah! mes chères demoiselles! inutile de vous décrire, je pense les angoisses que je connus soudain! Mais mon honneur était en jeu. Je m'exécutai donc, jurant à part moi, comme le corbeau de la fable, qu'on ne m'y prendrait plus. Et j'ai tenu parole."
Voilà pourquoi le prêtre sera hué lorsqu'il lancera ses propositions, ces demoiselles le prenant pour un suppôt du diable. Nos deux compères, mélancoliques, partageront leur échec devant une excellente bouteille de Clos-Vougeot.
Le délai se réduisant comme peau de chagrin, Marius apprit que la jeune femme d'un collègue de bureau, Casenave, avait aménagé dans l'appartement d'un ami commun qui, le hasard faisant bien les choses, était voisin de celui de Petitpois. Il se promit d'aller rendre visite à Christine Casenave car il savait son mari, Léon, absent. En rentrant chez lui, il prit connaissance des nouvelles qui n'étaient pas bonnes. La gendarmerie mettait en garde contre un association de malfaiteurs - toutes des femmes - dirigées par Yolande de la Péronnière, ancienne Vice-présidente des Enfants de Marie, qui enlevait à la chaîne des jeunes garçons. D'autre part, l'Etat promettait des funérailles nationales aux hommes restés seuls et morts dans leur désespoir. Enfin, la population américaine, viscéralement contre la gabegie sexuelle qui causerait d'après elle encore plus de désordres que l'événement lui-même, était sûre de régler le problème à coups de bombes atomiques qui ont, elles aussi, le pouvoir de relever le taux d'énergie.
La rencontre avec Christine, dit Cricri, ne fut pas trop difficile, Marius la surprenant en pleine scène de masturbation. Elle lui avoua que son mari Léon, protestant bon teint, et quoique profondément aimable et moral, ne remplissait pourtant pas toutes ses obligations maritales. Après de nombreuses hésitations, interrogations, revirements et Marius mettant en scène toute sa stratégie de séduction, jouant tantôt l'ami protecteur, tantôt le remplaçant émérite, tantôt le sauveur qu'attendait Cricri, réussit à la convaincre de tourner un bout d'essai:
"Maintenant elle participa au jeu. Marius s'immobilisa un instant. Maladroitement elle se substitua à lui. Alors, le jeune homme sentit sa conscience sombrer dans une brutale fureur. Il se mit à fouiller âprement cette chair qui souffrait sous lui. la sueur coulait. les poitrines ronflaient. Les ventres se choquaient. Cricri lui disait des mots qui finissaient en plaintes. Ils s'écroulèrent bientôt, épuisés, l'esprit vide. (...) Pour lui, il resta un moment encore immobile, les yeux clos. Son coeur battait à grands coups. Il était sauvé."
Il fit même si bien que Cricri tomba amoureuse de lui, envisageant parfaitement de partager sa vie entre deux hommes, l'amant séducteur et le gentil mari attentionné. Ce qui ne plut pas à Marius qui vit se profiler un avenir marital des plus sombres, maintenant qu'il était sauvé. Les cloches sonnaient à toutes les églises, les annonces tonitruantes à la radio affirmaient que, somme toute, le cataclysme avait fait peu de victimes, hormis aux Etats-Unis:
"On présume qu'une erreur dans les calculs du docteur Paterson a entraîné l'emploi d'un nombre de bombes atomiques supérieurs à celui que nécessitaient les événements. Ou bien que l'effet de ces bombes a été décuplé par le fait de l'affaiblissement de l'énergie cosmique. Quoiqu'il en soit, il semble bien qu'il n'existe plus du continent américain à l'heure actuelle que le Groenland. Il est impossible d'avoir des précisions à ce sujet car une violente tempête dont le centre se déplace vers l'Ouest et qui menace de désoler le Japon et l'Australie rend cette région du monde inaccessible."
Marius Petitpois savait, dès cet instant, qu'il ne reverrai plus jamais Cricri.
"Après Demain la fin du monde" est sans aucun doute un roman érotique. Joliment décoré avec des sanguines de nus, écrit en un niveau de langue soutenu et avec une retenue qui évite de tomber dans la pornographie, il se rapproche de la grande tradition des romans érotiques du XVIIIème siècle tels que "les Bijoux indiscrets" de Diderot ou "Manon Lescaut". Ce qui est étonnant (mais déjà vu notamment dans le roman de Bob Slavy "le Harem océanien") est l'association du cataclysme et du sexe, l'urgence de ce type de catastrophe donnant un argument solide au développement de scènes sensuelles. Bien que l'argument est destiné à rester marginal dans notre thématique, il n'en est pas moins intéressant.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 534 vues
-
S'il N'en Reste Qu'un - Par BenF
Claude Madan (anagramme d’Adam) est un romantique invétéré. Pour composer en toute tranquillité sa poésie amoureuse, il se réfugie au sein d’une chambre plombée à l’Institut du radium, dirigé par son père. Il y trouvera la paix requise. Le lendemain - car il s’y était endormi- toute vie a disparu de la Terre. Les menaces de destruction totale qu’un savant fou avait depuis peu lancées à travers les médias se sont révélées exactes. Claude reste le seul être vivant, protégé par sa gaine de plomb. Espèce humaine, mammifères, oiseaux, insectes, microbes même, tout a disparu. De ses pareils, il reste peu de choses:
" Là par terre, sur le trottoir, un petit tas sombre. Quoi donc? Des vêtements. Claude s’approcha: c’était une tenue de sergent de ville, en tas, surmontée de sa casquette plate. " (...) La vermine? mais non. Les rats devaient avoir disparu comme les autres animaux. Ah oui car, ici, Claude voyait une peau de chat, là une peau de chien. Sous les arbres, de petites boules de plumes. Les oiseaux! Les oiseaux aussi avaient disparu. Et les tout petits animaux ?"
Après une période de tâtonnements, de désespoir, de pèlerinage vers les êtres chers de jadis, Claude prend conscience de sa totale liberté: plus de menace sociale, animale ou microbienne! Héritier de tout, il n’a envie de rien. Il utilise ce que lui a laissé la société, mais se rend compte que la ville de Paris n’est plus un endroit sûr. Le feu y fait des ravages. Il se dirige donc vers le Sud:
" Les routes étaient belles, dans une fin de printemps radieuse. Par endroits, un des énormes camions routiers qui faisaient le transport de nuit s’était écrasé contre un arbre, un mur, jeté dans un fossé. Quelquefois, il s’était mis en travers de la route, mais il laissait en général un passage suffisant pour la Dodge; ce ne fut que très rarement que Claude dût chercher une déviation "
Il s’établit à Cannes, dans une villa, de bord de mer, qu’il aménage à son goût, passant par des phases alternatives de gaieté et de tristesse. Parfois, il s’amuse à dégager les rails de chemin de fer pour explorer en train l’arrière-pays. Il remet également en état un voilier pour se promener sur une mer dépeuplée. Quelquefois aussi, vaincu par la mélancolie, il sombre dans l’alcool. La femme lui manque et il y supplée comme il peut:
" Ici, à Cannes, il y (= à l’absence de femmes) avait réfléchi. Hélas! Aucune honte ne devait y (= la masturbation) être attachée: cette triste délivrance était préférable à la folie "
Après plusieurs années passées dans son refuge, il sent le besoin de bouger, ne serait-ce que pour vérifier une fois de plus si aucun autre être aurait pu survivre. Il reprend d’abord le chemin vers Paris:
" Claude passa par la Défense, descendit la voie majestueuse. Les bas côtés et les trottoirs étaient couverts d’herbe, d’une façon d’ailleurs agréable à l’oeil, mais la chaussée elle-même était à peu près normale, les petits pavés en éventail n’ayant donné prise qu’à quelques mousses jaunâtres. Quant aux maisons, avec leurs volets clos, elles n’avaient point changé d’aspect. (...) Dans certains porches de maisons, le vent, comme il amasse des congères de neige, avait accumulé des tas de grandes feuilles à moitié changés en humus où poussaient de jeunes plants. Le vêtements abandonnées ne se voyaient plus que ça et là, semblables à des serpillières; et les autos couvertes d’un incrustât grisâtre, semblaient pétrifiées. La chaussée était jonchée d’ardoises brisées, de cheminées abattues. Le silence était absolu, hormis quelques grincements d’enseignes et de barres de stores rouillées. "
Définitivement écoeuré par la ville, il explorera l’Europe en préparant son expédition qui l’amènera jusque dans les plaines du Caucase. Nulle part, il ne découvre un être vivant. Tout en soignant son scorbut, il se rend à l’évidence: il lui faudra terminer sa vie seul, à Cannes. Il revient en France décidé à y mourir. Or, lors d’une partie de pêche, il attrape un poisson: toute vie n’a donc pas disparu? D’où provient ce poisson? Cette interrogation est suivie par une autre énigme, celle de la découverte d’une jeune fille mystérieuse:
" Là, tout près de lui, sortait de l’eau, dansant devant la vague, son corps lisse tout ruisselant, riant et les bras levés, une jeune fille. Une jeune fille au torse étroit et aux seins menus, mais aux hanches larges, sur de fines jambes, dans le contre-jour. Une jeune fille de moins de vingt ans, nue, comme apportée par la mer. "
Diane - c’est son nom -, après avoir assouvi leur réciproque désir, lui racontera sa vie. Elle vient d’Amérique, de Long Island, où elle a laissé ses dix-huit soeurs. En avion, elle a traversé l’Atlantique, s’est arrêtée à Cannes, se guidant sur le phare réparé par Claude lequel fonctionnait jour et nuit. Racontant de mémoire, Diane explique le sauvetage entrepris par sa mère Anne le jour funeste. Secrétaire du savant fou et zoologue, elle avait compris l’imminence du danger et s’était acharnée à sauver quelques animaux du zoo voisin en les emmenant dans une chambre de plomb. Seule avec eux, son fiancée n’ayant pu la rejoindre à temps, elle s’est réveillée, comme Claude, dans un monde totalement vide. Avec des efforts surhumains, et après de longues années, des moutons, des chèvres, des poissons, des colombes ont réamorcé la chaîne de la vie.
Elle seule n’a pas pu avoir de descendants. En s’attelant à la tâche, elle a réussi a créer une vie parthénogénétique grâce à " l’ampoule " et finalement a accouché de deux jumelles, clones parfaits d’elle-même. Celles-ci se sont reproduites elles aussi selon un rite désormais consacré, jusqu’à atteindre le chiffre de dix-huit. Lorsque la mère de Diane mourut, elle leur a légué un héritage lié à la conservation de l’électricité et à " l’ampoule ". Claude, requinqué par cette rencontre, programme un voyage en avion qui les amènera au-dessus de la Chine. Ils y feront la connaissance d’un vieux Chinois philosophe, seul survivant de sa race, heureux et misanthrope dans sa solitude, ainsi que d’un vieillard gâteux, ancien " contre-général français " dans les colonies. Ils abandonnent à sa demande le Chinois à son isolement, ramènent le " grand-père " qui meurt bientôt. Les enfants de Claude et de Diane grandissent en Europe, sans que Diane n’envisage un seul instant de retrouver ses soeurs parthénogénétiques en Amérique.
Les " Claudiens ", car c’est ainsi que s’appelle la nouvelle race humaine issue de Claude, prospèrent dans un monde sans animaux nuisibles où tout est à reconstruire:
" Très vite disparurent l’électricité, le moteur à explosion. Puis la vapeur. Cent ans après la rencontre de Claude et de Diane, l’âge de fer n’était pas encore tout à fait perdu, mais menacé " (...) Au bout de mille ans à peine, tout ce qui avait été papier n’était plus que poussière. Les bibliothèques avaient été pillées, brûlées; les parchemins avaient servi à faire des tabliers ou des chaussons. La fameuse collection du Times, imprimée sur peau d’âne, avait bien été trouvée, quand, au 12ème siècle, à ce qu’on prétend, les méditerranéens avaient découverts l’Ile qu’ils avaient baptisée " sans vie ", Albion, parce qu’on n’y rencontrait que des oiseaux et des insectes. "
Un nouvel empire se développe. Des contacts maritimes s’établissent entre l’Ancien Continent et le Nouveau Monde. Les Claudiens, éblouis, découvrent une civilisation d’Amazones qu’ils soumettent par la force. Le progrès social fait un bond en avant:
" Mais les Claudiens, dans la métallurgie religioso-génétique des Amazones surent vite voir les avantages pratiques; aussi la civilisation matérialiste fit-elle un bon en avant. Et, mille ans après la " guerre des femmes", 5000 ans après Claude, le monde en était à peu près en l’état du vingtième siècle après Jésus-Christ ".
La fin du récit joue avec les paradoxes temporels. L’auteur du roman affirme qu’un « inventeur, Barjavel, venait de mettre au point un ingénieux scaphandre qui permettait de se transporter en un autre point du temps».
Il l’utilise afin de donner un coup de pouce aux "Claudiens" Cependant:
" Ah! vous dites-vous, comment puis-je vivre en l’an Claudien 5000 (6957 pour vous) puisqu’en 1957 toute matière animale, sauf Claude, Anne et sa ménagerie, ont disparu? J’échappe à cette volatilisation, puisque je suis " à cheval sur l’espace du temps ". Mais il est exact qu’après le 19 mai 1957, je ne pourrai plus " revenir " puisqu’alors " je serai disparu (...) Quant à vous... j’ai longtemps hésité à vous donner la date du " rayon de la mort ". Si vous voulez échapper au destin, vous n’avez qu’à construire des chambres de plomb et vous y enfermer. Cela changerait tout, mon histoire serait fausse. C’est pourquoi, puisque je sais que mon histoire a été vraie (ou pour vous, sera vraie) je sais que vous ne le ferez pas. Tout simplement parce que vous prendrez ceci pour un roman ".
«S’il n’en reste qu’un» est une oeuvre astucieuse, développant le thème couru du dernier homme en l’enrichissant à sa manière par des innovations scientifiques et une thématique parallèle: la parthénogenèse, l’uchronie, le paradoxe temporel. Le souci de vraisemblance, l’honnêteté de la description - il n’évacue pas le problème sexuel comme dans d’autres ouvrages- lui confèrent un rang plus qu’honorable dans le genre.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 287 vues
-
Le savant et l’artiste. Le logicien et l’esthète. Grenfell et Jack Roway. Le savant est possédé par une vision et un objectif : rendre la guerre impossible. Pour cela il faudra infliger une telle terreur à l’humanité que jamais plus elle ne prendrait les armes. Il conçoit « l’Abîme », un mémorial tellement angoissant, et qui devra durer si longtemps, que l’être humain, en le voyant, oubliera son agressivité.
Le physicien atomiste est capable de construire l’Abîme qui mettra en œuvre les conditions d’une explosion nucléaire des milliers de fois plus puissantes que celle d’Hiroshima, mais contrôlées et limitées en surface. La fusion qui en résulterait, en transformant toute la matière disponible en énergie, créera une zone interdite où subsistera un lac en fusion, de la chaleur et de la lumière.
S’attelant à cette tâche, Grenfell sait qu’il sera maudit et activement recherché par les autorités. Il se fait donc discret dans son laboratoire personnel. Le seul qui l’approchera est Jack à qui il garde sa confiance. Lorsque le poète le retrouve, Grenfell achevait son œuvre.
Cependant Jack a peur. Très peur. Des Soviétiques notamment. Seule l’invention du physicien mise entre les mains des militaires pourrait sauver la situation. Alors il trahit Grenfell, signalant sa retraite aux autorités. En s’emparant des éléments constitutifs de l’Abîme, les policiers activèrent la masse critique et déclenchèrent l’apocalypse. La conflagration nucléaire fut telle qu’on l’attribua aux Soviétiques. Suivit une guerre nucléaire, puis une autre, qui balaya l’humanité de la scène de l’histoire. Jamais plus les hommes ne se feraient la guerre :
« Quelques humains avaient survécu. Les rats en mangèrent la majorité – car les rats avaient accru leur population dans des proportions fantastiques. Et puis, il y eut des épidémies. Ensuite, il resta des êtres nus, se tenant à peine droits, dont l’hérédité déformée remontait sans doute jusqu’à l’homme. Mais ceux-là savaient, individuellement et collectivement, ce qu’était la peur, et il n’y eut pas d’évolution. Ce n’étaient certainement pas des hommes. »
Seul l’Abîme, le Mémorial voulu par Grenfell continuerait à déverser son horrible lumière sur une terre dévastée.
Une nouvelle en forme d’avertissement, toujours d’une «brûlante » actualité.
- En savoir plus…
-
- 0 avis
- 1 324 vues