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Bienvenue dans la Base de Données des livres !

Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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Livres

  1. Type: livre Thème: la cité foudroyée Auteur: Henry DORAC
    Trois joyeux compagnons reviennent des Etats-Unis en transatlantique jusqu'au Havre. Fontable, reporter parisien de "la Voix", Jacky, un jeune acteur de cinéma et Jim Horder, ex-matelot de la marine américaine désirent se rendre au plus vite dans la capitale française. Pourtant, le mystère naît et s'épaissit lorsqu'ils n'arrivent ni à téléphoner, les lignes étant toutes coupées, ni à prendre un avion, les départs étant annulés, ni à  accéder au train pour les mêmes raisons. En désespoir de cause, ils hèlent un taxi qui les transportera au plus vite jusqu'au siège du journal. Mais une surprise les attend dès leur entrée en ville. Les quatre hommes parcourent rues après rue sans rencontrer âme qui vive, sans croiser d'autres voitures, sans qu'aucune vie urbaine ne se manifeste. Tout Paris semble profondément endormi:
    "Après avoir traversé les zones populeuses de la grande banlieue parisienne, plus l'auto qui transportait le journaliste et ses deux compagnons, se rapprochait de Paris, plus elle semblait s'enfoncer dans le désert. Lorsqu'ils eurent franchi les portes de la capitale, les trois amis eurent l'impression de se trouver dans une ville inhabitée, dans une ville morte. Il pouvait être environ midi: il n'y avait pas un passant dans les rues, pas une voiture, pas un chat; toutes les boutiques, tous les cafés étaient fermés, tous les stores baissés, tous les volets poussés... Tout était calme, vide et désolé."
    Intrigués, et soupçonnant un événement de taille, même à la rédaction de "la Voix", ils trouvent les collègues de Fontable inertes, hormis Constantin, un vieux garçon de bureau poussé sur la bouteille, qui n'a pu leur expliquer la cause du curieux phénomène. Ils reprennent donc leur périple à travers divers quartiers de la ville jusqu'à apercevoir, dans la rue d'Hauteville, un singulier vieillard, au comportement bizarre, qui, agité et souriant, ausculte certains gisants, leur tapote la poitrine et éclate de rire sporadiquement:
    "Glissant le long des murs, il se rapprocha peu à peu de l'homme. Il parvint bientôt à distinguer ses traits: c'était un petit vieillard à barbiche grisonnante, vêtu d'une sorte de redingote, coiffé d'un chapeau noir, et le nez chaussé d'une paire de lorgnons qui tremblaient à chaque pas qu'il faisait. Son costume était élimé, sale, rapiécé, ses souliers étaient éculés, et son pantalon en accordéon. Il portait à la main une paire de gants beurre frais flambants neufs. Il marchait tantôt sur un trottoir, tantôt sur l'autre, et entrait dans chaque maison."
    Soudain, une camionnette arrêtée près d'une bijouterie et des hommes qui y chargent diverses caisses font supposer au journaliste d'assister à un vol de grande envergure. Il est aussi témoin de l'enlèvement du vieillard, jeté ligoté au fond de la camionnette. Celle-ci repart, suivie par le taxi, et s'arrête près d'un terrain d'essai à Issy-les-Moulineaux où se trouve un avion prêt à prendre le large. Renvoyant ses amis à Paris pour enquêter sur l'insolite phénomène, Fontable se charge de la surveillance des malandrins.
    Dans la capitale, les gens se réveillent brusquement. La police est sur les dents. Elle vient d'enregistrer plus de cinq cents vols commis dans des banques et bijouteries; c'est le casse du siècle! Elle envisage l'hypothèse d'un endormissement généralisée de la capitale par des gaz somnifères. C'est d'ailleurs la thèse qu'avancera notre vieillard, découvert par Fontable dans une maison abandonnée, proche du terrain d'aviation. Toujours aussi agité et au bord de la crise de nerfs, celui-ci lui révèlera être un savant, du nom de Panowski, inventeur d'un narcotique ultra-puissant, qu'il avait mis au point pour éradiquer la guerres en endormant les belligérants sur le champ de bataille;
    "Partout, on ne vous parle que de gaz asphyxiants, de rayons qui tuent, ou de bombes microbiennes. La prochaine guerre, Monsieur (...) sera une guerre scientifique: la guerre chimique, la guerre microbienne. Vous imaginez cette chose atroce; grâce à tous les engins, grâce à tous les appareils qu'on est en train de fabriquer, et de mettre au point, tout le monde sera tué avant de s'en apercevoir... la surface de la terre, Monsieur, sera littéralement nettoyée...."
    Il était en proie à une exaltation frénétique. Il avait lâché Fontable et, tout en parlant, il marchait de long en large dans la pièce, en poussant des cris gutturaux et en balayant l'espace de ses deux bras".
    De retour à son appartement parisien avec le journaliste, le vieillard délirant s'aperçoit qu'on lui a aussi volé sa formule. Mais Fontable soupçonne que Panowski ne lui a pas dit toute la vérité. Le remettant entre les mains de Jacky et allant enquêter du côté de l'Institut, il y apprend que le professeur Panowski y est un parfait inconnu. Par contre, il tombe sur un entrefilet de "la Voix", qui cite un certain professeur Maiserelle comme l'inventeur de "l'électro- narcose". Il se rend au domicile de Maiserelle qu'il trouve ligoté dans son bureau. Celui-ci lui apprend que c'est son procédé qu'ont employé les malandrins, dont Panowski était le complice, dirigés par un certain monsieur "Lechef". N'ayant pu soudoyer le véritable savant, Lechef l'a capturé et a utilisé sa machine pour endormir Paris. Alors que Maiserelle destinait son invention à soulager les malades, Lechef et sa bande y ont vu le moyen de s'approprier les richesses d'autrui.. Quant au vieillard, il a pensé être à l'origine du phénomène d'endormissement,  en ayant inventé la formule d'un narcotique imaginaire. Les contorsions ultimes de ce dernier fournissent d'ailleurs à Fontable la preuve irréfutable de la folie dont il est frappé:
    "Lorsque Fontable, accompagné cette fois du professeur Maiserelle, retourna rue de la Pompe, la crise de désespoir du "professeur" Panowski était complètement et définitivement passée.(...) Il était retombé dans son absurde rêverie. Il divaguait doucement. Il disait qu'il était le roi, l'empereur, le maître tout-puissant des cinq parties du monde. Il voyait l'univers à ses pieds; l'univers lui offrait des fortunes gigantesques, des milliards et des milliards de francs, de dollars et de livres sterling, pour lui acheter son invention; mais lui, insensible à ce mirifiques propositions, repoussait l'univers d'un geste excédé..."
    Ainsi, le mystère s'était éclairci. Panowski fut confié aux mains expertes des neuro-psychiatres. De Lechef et de sa bande de brigands, il n'en fut plus question. Fontable, maintenant célèbre, devint rédacteur en chef de son journal. Et le professeur Maiserelle put reprendre ses travaux en tout quiétude. Quant à ses amis... mais pourquoi, diable, avait-il eu besoin d'amis?...
    Un roman pour adolescents qui tient beaucoup de la nouvelle. Un papier épais, une double interligne, des lettres en gros caractères, une intrigue linéaire, un savant fou en prime et une fausse piste,  le destinent sans ambiguïté à un public jeune. La seule petite infraction à la morale du roman populaire est que cette fois-ci, le crime a payé: jamais l'on ne retrouvera l'argent du vol! En conclusion, un texte facile, d'un abord agréable, qui devait plaire aux lecteurs de douze ans d'âge.

  2. Type: livre Thème: invasions extraterrestres Auteur: Jean-Piere GUILLET Parution: 2003
    Les Martiens de Wells (le prophète !) sont de retour. Ayant réduit le reste des Terriens en esclavage, leur nature trop différente de ces derniers les empêche de les reconnaître comme des êtres pensants. Ils s’en servent comme du bétail, des vaches, dont il faut traire le lait, c’est-à-dire le sang, puisque les Martiens sont des vampires. En conséquence, ils ont bâti un centre d’élevage rationnel sur l’ancienne cité de Londres en ruines :
    « Le 2ème  cercle d’Oxford est une grande enceinte circulaire, où se pressent environ cent cinquante personnes, enfants, adolescents et adultes dans la force de l’âge. Trois arches dans le mur communiquent avec les compartiments voisins : au sud, le 1er  cercle d’Oxford ; au nord, Cambridge ; à l’est, Chelsea Bis. On désigne aussi ces larges salles bétonnées comme des « arrondissements » d’une vaste agglomération. En tout, trente-deux arrondissements similaires forment la grande cité de Londres ».
    En confinant les humains dans des salles sphériques mais communicantes, il leur est loisible non seulement de les traire, mais aussi de changer leur litière, de les désinfecter ou d’éliminer les unités les moins productives (les vieux notamment ou ceux qui ont mangé du rat, ce qui rend leur sang incompatible avec le leur). Du côté des hommes, cette situation est vécue dans la fatalité et la passivité, dues essentiellement à leur méconnaissance  des intentions des Martiens, êtres qu’ils prennent pour des dieux.  L’invasion dont Wells (le prophète !) a parlé en premier est appelée la «Sainte Invasion » :
    « Autrefois, paraît-il, l’Humanité a vécu une longue période de purgatoire. Une période terrible. Les Londoniens connaissaient la souffrance, étaient victimes de pénibles maladies, devaient trouver eux-mêmes leur nourriture, devaient se vêtir (difficile à imaginer), construire des abris pour se protéger des éléments (encore plus bizarre…, des écarts de température, de l’eau qui tombait du ciel, des éclairs et du tonnerre… quel monde inconcevable !) Puis un prophète, Wells le visionnaire, a annoncé le premier la Sainte Invasion. »
    Nus, nourris, mis en stabulation, les esclaves humains ne pensent plus à se révolter. Au contraire, ils ont développé un ensemble de rites religieux pour expliquer les agissements des Martiens, « Maîtres » mystérieux et tout-puissants. En accentuant l’aspect religieux, la vénération à l’égard de leurs tortionnaires,  les « Prefesseurs », aidés par des acolytes, insufflent, en tant que médiateurs, la vraie foi à leurs ouailles qui doivent se soumettre en toutes choses. La première traite (prise de sang) est attendue avec impatience par les jeunes humains qui,  comme nouveaux initiés, pourront participer à un rituel d’accouplement, la sexualité formant le deuxième pilier de la stabilité dans la cage de Londres :
    « Garçons et filles sont nus, comme la plupart des occupants de la vaste enceinte bétonnée. Mais leurs longs cheveux ont été savamment tressés par leurs mères en arabesques complexes pour la cérémonie rituelle. Quand ils ressortiront de la chapelle du sacrifice, leur crâne sera rasé. Leurs aisselles et leurs organes génitaux seront aussi proprement épilés, de même que la poitrine et le visage des garçons. »
    Enfin l’ordre social est assuré par un « mâle dominant ».  En cet environnement clos, les Martiens-vampires (les Drocres) prélèvent régulièrement le sang des humains par rotation, en vue de l’expédier sur Mars pour approvisionner le Clone , une sorte d’entité collective. Les conditions de vie sur Mars (Rocre) sont devenues de plus en plus rudes, ce qui a rendu l’invasion de la troisième planète impérative :
    « La cargaison de lait en provenance du Troisième monde était la bienvenue. Car la famine menaçait le Clone drocre. Le monde souche, dans sa grandiose majesté, imposait des conditions bien rigoureuses au bourgeonnement de la vie »
    Aujourd’hui, l’humanité, réduite à néant, hormis quelques êtres sauvages hantant encore les ruines des premières cités, est prisonnière dans quatre centres d’élevage établi sur les divers continents.
    Georges, jeune bête humaine et curieuse, lors d’une traite, éveille la curiosité d’un jeune drocre  qu’il prénomme Will ; celui-ci tient à en faire un animal familier (Ggeg), qui pourra lui rendre de menus services. De retour en salle commune, Georges est perçu de manière ambivalente par ses congénères : les uns l’évitent, les autres le craignent mais personne – pas même le mâle dominant - n’envisage de lui faire du mal puisque c’est un protégé des dieux. D’autre part, un vieux drocre à l’instinct dévié s’est pris d’affection pour Margie, une splendide jeune femelle qu’il emmène sur Mars lors d’un de ses voyages. Elle survit difficilement à l’expédition et, sans les soins attentifs de son protecteur,  ne reviendrait pas sur Terre.
    Georges/Ggeg, à travers la fréquentation constante avec Will, prend progressivement conscience de l’état d’abaissement des humains. Ne laissant rien paraître de son irritation, Ggeg est embarqué par Will à bord d’un tripode. Le Martien veut lui montrer le monde extérieur à la cage et jouir ainsi de sa surprise :
    « A toute vitesse (pour s’amuser un peu des soubresauts de Ggeg) il (= le drocre) dirigea son tripode vers l’antique Repaire des animaux. Envahi par la végétation, c’était un fouillis de pierres disloquées et de poutrelles tordues ; des squelettes de bâtiments qui portaient par endroits les traces calcinées des canons infrarouges ; des ponts effondrés au milieu du fleuve ; les restes d’une tour ridicule »
    Soudain, un événement inattendu met le feu aux poudres, l’assassinat d’un humain sauvage par Will qui réduit l’homme en cendres au moyen du rayon ardent. Par surprise, Georges blesse Will, s’empare du tripode, le manœuvre maladroitement, tue quelques Martiens, défonce le toit de la stalle Chelsea 2 et met pour la première fois les siens en contact avec le vaste monde. Traumatisés par le trop-plein d’espace libre,  les humains refusent de suivre Georges, lui reprochant d’avoir attenté à leur sûreté :
    « Le premier jour, de très nombreux curieux se sont pressés hors de l’enceinte de Londres… sans trop s’éloigner. Mais les étranges conditions à l’extérieur troublent les plus braves : le soleil aveuglant, trop chaud ; le sol inégal, les cailloux qui blessent les pieds nus;le vent qui agite follement les herbes rouges ; les bruits inquiétants d’animaux inconnus ; la lune et les étoiles suspendues dans le vide, qui pourraient se décrocher et vous tomber dessus à tout moment ; et cet orage horrible, hier, comme dans les anciennes légendes d’avant la Sainte Invasion ! »
    Alors, avec Margie et le mâle dominant, ainsi qu’un petit groupe de courageux, Georges tente de rejoindre les derniers hommes sauvages dans les ruines de Londres. En attendant, les drocres, qui ont introduit malgré eux des rats sur Mars, ont fort à faire avec ces derniers, qui, en s’adaptant, menacent la survie même du Clone. Peut-être la Terre sera-t-elle délivrée des Martiens par un allié inattendu…
    Merveilleux petit roman, intelligent et alerte, la « Cage de Londres » se veut à la fois un hommage à H.G. Wells et une suite à son récit. Les Martiens vainqueurs sont saisis dans leur « inquiétante étrangeté », la description de leur être et de leur biosphère reste l’une des plus crédibles qui soit dans le domaine romancé des Aliens. La minutieuse relation des conditions de vie sur la planète rouge, celle des derniers Terriens assimilés à un cheptel signe un bon récit d’une jeune auteur canadien,  à rapprocher de la nouvelle « la Soie et la chanson » de Fontenay

  3. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires, savants fous et maîtres du monde Auteur: Henri-Jacques PROUMEN Parution: 1946
    Sir Archibald Dorchester, physicien atomiste de réputation internationale, travaille à Leipzig dans le laboratoire privé de Hugo von Hamersdorf, un Allemand, chacun en compagnie de son assistante, Colette Desaveines pour le premier et Elsa Rietenbach pour le second. Autant l’Anglais est séduisant, fair-play, noble et désintéressé, autant l’Allemand est retors, fourbe, crochu du nez et tout dévoué à la "cause" du Grand Reich. Il tente par tous les moyens d’arracher à Dorchester son secret, celui du bombardement de " l’éruptite " par les " primordions ", ce qui aboutirait à créer une explosion atomique bien plus puissante que celle d’Hiroshima.
    Par tous les moyens, par le chantage, la corruption, ou l’action d’Elsa (une espionne allemande secrètement amoureuse de Dorchester), Hugo s’acharne à obtenir les éléments qui lui permettraient de déclencher une guerre victorieuse en Europe. Dorchester feint de céder à son chantage et de vendre son secret contre de l’argent. Il travaille à " l’intégration " de la matière, soit à transformer le plomb en radium. Grâce à son appareil, " l’intégrateur ", il y parvint, mais incomplètement. Le produit final, nommé "fulgurium" par Dorchester est instable et prêt à se désintégrer spontanément sous l’action de l’énergie solaire, provoquant une explosion des millions de fois plus fortes que ne le ferait l’éruptite. Une expérience, tentée au-dessus d’une chaîne de montagnes autrichiennes avec quelques milligrammes de fulgurium, pulvérise celle-ci en une  déflagration titanesque.
    Dorchester, avec l’aide d’Edouard Guem son préparateur, effrayé par l’abominable pouvoir du produit, détruit l’intégrateur, confie le fulgurium restant (suffisant pour faire sauter la terre) à Colette,  charge pour elle de l’enterrer au fond du jardin de sa villa, en France. Il sera arrêté par les services secrets anglais, accusé de trahison et de complicité avec l’ennemi et jugé coupable d’avoir vendu le secret de l‘éruptite à l’Allemagne. C’est son vieil ami le procureur Harry Clefford qui prononcera la sentence. Dorchester ne se défend pas car son honneur lui dicte de ne pas révéler l’existence du fulgurium, même aux Anglais. Il est condamné et conduit en prison au grand désespoir de ses amis.
    Les années passent. Hausherr a accédé au pouvoir suprême et, comme Premier ministre du Reich, il prépare en secret l’invasion de l’Europe , sûr d’être victorieux, grâce à ses bombes à éruptite. Les Anglais, alertés, tentent en vain d’arracher la vérité à Dorchester en la personne de Harry qui se doute que son ancien camarade de classe cache un terrible secret. Petit à petit, et devant l’imminence d’une attaque allemande, Dorchester cède. Libéré officiellement (officieusement il est mort en prison), il se présente sous un faux nom à la villa de Colette. Celle-ci, hésitante d’abord, mais inondée de bonheur –elle est secrètement amoureuse de son maître à penser - poursuivra avec lui de nouvelles recherches sur " l’intégrateur ".
    Comment faire reculer le danger que représente l’Allemagne de Hausherr ? Dorchester ne peut toujours pas se résoudre à transformer ce pays en un désert de pierres vitrifiées avec le risque de déclencher une réaction en chaîne totale. Ce fut Colette qui lui suggère de convaincre Hausherr de l’effroyable pouvoir du fulgurium en lui envoyant un minuscule échantillon pour analyse.
    Le savant allemand ne pourra que se soumettre en constatant que ses bombes à l’éruptite ressembleraient à des pétards de feu d’artifice à côté du fulgurium. Les conditions de l’expérience sont précises : elles devront se dérouler à l’abri de la lumière. Hausherr en compagnie d’Elsa n’en fait qu’à sa tête et son obstination le perdra : une formidable explosion souffle la ville de Leipzig, ravage en un tremblement de terre dévastateur de nombreuses villes allemandes, creuse un cratère de plusieurs kilomètres dans le sol : c’est la " Brèche d’Enfer " :
    " La Grande Epouvante " se leva à Dresde, à Chemnitz, à Weimar, à Dassau, à Magdebourg, à Berlin, à l’heure même où Leipzig périssait avec toute la contrée à l’entour, non point pulvérisée, non point réduite en cendres, ni même proprement anéantie, mais strictement dématérialisée, en surface à trente kilomètres à la ronde : en profondeur à quatre kilomètres. A Berlin se fit entendre un grondement qui semblait monter des entrailles de la terre et s’amplifia en quelques secondes, comme si la foudre tombait en cent points à la fois. Puis le sol trembla, de profondes crevasses s’ouvrirent. Postdam, Charlottenburg disparurent tout entières dans un remous sans nom. Dans la banlieue méridionale de l’immense ville, trois mille maisons s’abîmèrent en un clin d’œil, dans les flammes et dans le chaos.
    L’énorme vague souterraine déferla vers le nord, bousculant tout, inclinant, comme des roseaux sous la brise, des édifices de trente étages, lézardant tous les murs, mettant à bas les maisons de construction légère, écroulant les tours et les clochers dans un inénarrable tumulte ; le fleuve, jeté en ondes écumantes hors de son lit, inonda les quais et les rues avoisinantes. Il y eut, dans l’espace de quelques secondes, des milliers de tonnes de pierres, de briques, de fer tordus, abattus sur la ville, écrasant sous les décombres les passants par milliers. "
    Dorchester, réhabilité officiellement, épouse Colette et, malgré les pressions des autorités militaires anglaises, s’empare du restant de fulgurium qu’il scelle dans du béton et de l’acier et le coule au large d’une des fosses marines du Pacifique, afin que jamais plus un produit aussi effroyable ne puisse mettre en danger la paix du globe.
    Proumen, en physicien expérimenté, dénonce, encore sous le choc de Hiroshima, la menace nucléaire. Son récit, à travers une intrigue traditionnelle largement empruntée au roman-feuilleton (les personnages sont plutôt des " types "), insiste sur une notion neuve à l’époque, celle de la dissuasion atomique ou équilibre de la terreur.

  4. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: Umberto ECO Eugenio CARMI Parution: 1988
    Un récit pour les enfants que l’on pourrait également intituler « la révolte des atomes ».
    De très gentils atomes décident un jour de quitter les méchantes bombes que le général entassait dans son grenier en vue d’une guerre future. : « Quand j’en aurai beaucoup, déclarai-il, je déclencherai une superbe guerre. ».
    Il était en accord avec tous ces messieurs qui ont « dépensé une fortune pour fabriquer toutes ces bombes ». Lorsque, enfin,  elles se mirent à tomber sur les villes prévues, elles n’éclatèrent pas, les atomes ayant fui dans les autres objets de la vie. Les papas et les mamans en furent bien heureux et le général, démobilisé, devint portier dans un palace.
    La Bombe racontée aux tout petits enfants en un récit minimaliste qui décrit pourtant dans leur langue et avec précision les motivations des «généraux» et des «messieurs» prêts à déclencher l’apocalypse nucléaire.


  5. Type: livre Thème: menaces telluriques, guerres futures 1, savants fous et maîtres du monde Auteur: Vargo STATTEN Parution: 1954
    Les Martiens cachés sous la surface de Mars convoitent notre monde. Trop peureux pour affronter l’espèce humaine, ils espèrent la détruire en insufflant aux hommes la violence et l’agressivité. Deux tentatives en ce sens, les deux guerres mondiales dont ils étaient les inspirateurs, ont échoué. Cette fois-ci, ils tiennent le bon bout. Suggérant à un savant, Jonas Glebe, le principe de la bombe G, et à un opportuniste sans scrupules, Miles Rutter, les moyens de s’en servir, ils sont persuadés que l’humanité s’autodétruira.
    La Bombe G est une arme qui explose en différé après qu’elle se soit enfoncée subrepticement dans n’importe quel solide. Rutter, qui est le patron de la « Cause », une organisation internationale prête à détruire la Grande-Bretagne et à prendre le pouvoir sur terre, trouve ici l’arme qu’il lui faut. Avec l’ingénieur Standish , son mauvais génie, et Angorstine, le politicien véreux, il déclenche à travers le monde les hostilités car la fabrication en masse de la bombe G dont il a volé le brevet à Glebe avait été été rendue opérationnelle. Val Turner, l’ancien secrétaire de Miles Rutter s’oppose au chef-espion.
    Mais déjà, il est trop tard. Le potentiel de défense de la Grande-Bretagne sera entièrement anéanti, le pays bombardé et soumis :
    « En des douzaines de points-clefs, les centres industriels et défensifs de la Grande-Bretagne se fracassèrent de l’intérieur et devinrent des gouffres dans lesquels la fumée et les flammes faisaient rage. En d’autres lieux, des terrains d’entraînement de l’armée et des quartiers-généraux des Milices Nationales disparurent d’un seul coup dans les profondeurs de la terre. Il y avait aussi des endroits où des jets de lave venus de l’intérieur du globe, avaient tué et blessé beaucoup plus de gens que l’explosion de la bombe elle-même. »
    Rutter se proclamant dictateur mondial (les autres pays étant également dans une mauvaise passe), les camps de concentration fleurissent.
    Mais Rutter avait mal calculé son coup. Les bombes G se sont trop enfoncées dans l’écorce terrestre et ont fait exploser le magma sous-jacent. Dans le monde entier s’amorce une série de cataclysmes. Le volcanisme universel vitrifie les plaines européennes et américaines. Les océans se vident de leurs eaux, empêchant tout commerce et formant les prémisses d’un nouveau déluge.
    Val Turner et sa femme enfermés dans le camp anglais M.R., sous la surveillance de « Bœuf », un soldat de Rutter aussi droit que rigide, font la connaissance de Kang, un Tibétain. Appartenant à une confrérie spirituelle Kang connaît les désirs martiens. Par ses pouvoirs étendus, il les empêchera d’accéder à notre monde dans un coup de bluff télépathique où il les menace d’un arsenal imaginaire :
    « Je descends d’une race qui a déchiffré les secrets les plus profonds de l’Esprit. J’expliquerai, dans un moment de quelle race il s’agit exactement. Laissez-moi vous dire que, par la seule force de nos ondes mentales, nous avons découvert un complot tramé par les Martiens en vue de conquérir notre planète sans y poser les pieds. L’enchaînement des redoutables pensées martiennes fut mis à nu devant nous dans nos salles de contemplation ; nous avons vu comment ils ont décidé d’implanter un secret précieux dans l’esprit d’un certain Jonas Glebe qu’ils voulaient utiliser comme pion dans leur jeu d’échec cosmique. L’autre pion, c’était vous, Miles Rutter. »
    Cela n’empêchera pas l’eau des océans vaporisée autour du globe de se condenser et de retomber en un déluge effrayant qui noie la quasi-totalité des humains sauf ceux qui, sur l’instigation de Kang, auront su construire une arche :
    « Les hommes se ruèrent au dehors. A ciel ouvert, le hurlement sourd retentissait comme le bruit que ferait en se brisant contre de lointains récifs un océan fouetté par la tempête. Le déluge était là !… Il émergeait de la nuit pleine de gémissements, vague colossale et grondante d’eau vomie par le ciel croulant. Un titanesque Niagara déferlait sur le camp, faisant rouler les hommes, abattant les barrières, écrasant les cabanes comme si elles étaient faites de papier.»
    Val Turner sera du nombre des élus, ainsi que Rutter sauvé à la dernière minute par Bœuf. Ce dernier n’imposera plus son autorité très longtemps : la science spirituelle de Kang le rendra fou. Bœuf, qui n’a plus de chef, se suicide.  Les rescapés aboutissent au sommet de l’Everest, devenu une île dans les flots, où déjà se bâtit un nouveau Shangri-la.
    Vargo Statten, en vieux routier du cataclysme, a su adroitement mélanger les divers ingrédients du bon roman populaire : des Martiens envieux, un dictateur fou, une guerre future,  des Tibétains versés dans la science spirituelle, un bouleversement tellurique et un déluge purificateur. Il ne manque que le raton-laveur.

  6. Type: livre Thème: guerres futures 1 Auteur: Commandant DE CIVRIEUX Parution: 1911
    Le commandant de Civrieux s’exerce au passionnant jeu du "kriegspiel", supputant à l’avance comment l’armée du kaiser pourrait être anéantie. Toutes les procédures des engagements sur le terrain y sont décrites, depuis les alliances française, belge et anglaise jusqu’à la mise en place des "troupeaux"  (sic !) d’hommes sur le champ de bataille :
    " Dans la guerre qui s’ouvrait, munies soit de mitrailleuses perfectionnées, soit de tubes de lancement pour explosifs (récemment inventés et demeurés secrets), montés par les plus hardis pilotes que le monde ait encore vus, les esquifs de l’air devaient jouer un rôle inespéré et magnifique. Et, par-dessus ces préparatifs matériels (…) un souffle passait, le souffle de la confiance. Il soulevait les âmes ; légères, il les portait à la frontière sacrée, vers les chères provinces. Certes, combien de ces âmes abandonneraient bientôt leurs corps éphémères ; mais elles revivraient à jamais dans la mémoire reconnaissante de la patrie. "
    C’est par la Belgique, forcément, qu’attaqueront les Prussiens. Mais cette fois-ci, ils trouveront à qui parler : une masse énorme d’hommes appuyée par un matériel technique du dernier cri. Les différentes phases de l’engagement commencent avec l’attaque d’Apremont (le 17 août 191…) où les Allemands connaissent leur première défaite. Sous le commandement du général Bordeaux qui aligne les armées (de Lorraine, des Ardennes, d’Alsace) avec en ligne plus de 800000 hommes et 3000 pièces d’artillerie, se déroulera l’effroyable Bataille de l’Ourthe qui amènera les Français aux portes d’Aix la Chapelle.
    "Les aéroplanes et les dirigeables étaient répartis entre les armées, les divisions, les places fortes, et, d’une manière générale, tout au long des secteurs de la frontière. Cependant, un millier d’entre les premiers, munis secrètement des appareils de lancement nouveaux, attendaient sur les plateaux à l’ouest de Mézières, sous des abris improvisés, l’emploi que comptait en faire le généralissime. (…) Le soir du troisième jour, 800000 cadavres jonchaient les guérets, les pentes des plateaux, les lisières des bois, les creux des ravins "
    Les Allemands, regroupés autour du Kaiser, se résignent à  la confrontation finale sur le sol même de leur mère patrie, au lieu dit "le Champ du Bouleaux". Sur une éminence, au centre de la plaine de Westphalie, Wilhelm surveille les opérations militaires de la dernière chance, pour contrer la "furia francese". Il ne survivra pas à la fatidique journée,  mourant écrasé sous les bombes lancées sur son abri alors que croulera son empire comme annoncé par les Prophéties de Strasbourg :
    "Tandis que les troupes allemandes, en désordre, cherchaient en vain à rétablir un équilibre déjà rompu, au fond de la plaine, une longue ligne noire raya la coupole du ciel. Cette ligne marchait à toute vitesse. Deux cents aéroplanes la formaient, et, dans un ronronnement tragique, elle dévorait l’atmosphère(…) et soudain, de tous les esquifs aériens, une grêle d’obus explosifs, de balles sifflantes s’abattit vers la terre, en un déchirement d’acier. Puis, par essaims, les aéroplanes fuirent en demi-cercle pour retourner en arrière et renouveler leur cargaison de mort. (…) Sous un orage d’artillerie, 50 000 Africains, dédaigneux de la mort, laissant derrière eux une chaussée de corps humains, étaient lancés tels des damnés poussant des cris sauvages. Tout pliait devant eux, et souvent des bataillons s’ouvrirent, terrifiés, pour laisser passage à ces démons de la guerre. "
    La Bataille du Champ des Bouleaux est l’un de ces innombrables opuscules qui anticipent la guerre de 14-18 et qui décrètent sur le mode de l’incantation la défaite de l’Allemagne, en faisant fi des centaines de milliers de morts dont le sang arrose le sol. Ecrite sous la houlette du Commandant  Driant (Capitaine Danrit), député de Nancy et grand pourfendeur devant l’Eternel (voir la " Guerre de Demain "), cette guerre conjecturale tente d’exorciser par le langage la crainte d’une nation.

  7. Type: livre Thème: guerres futures 2 Auteur: Fernand BOVERAT Parution: 1937
    Et pour une guerre future de plus. En 1937, l'Allemagne fait peur. Hitler vitupère et menace. La France compte ses forces terrestre, aérienne et navale, qui ne font pas le poids face à celles des Germains. Pour preuve, l'auteur met en scène le désastre futur limité au contexte maritime. Durant le temps que se déroulent les combats navals, le lecteur, à travers de rapides digressions, apprend ce qui se passe du côté de ses frontières, ce qui lui permet de prévoir le pire.
    Dès 1935, l'Allemagne, après le diktat envoyé à la Pologne, réclame à la France la main mise de ses colonies d'A.O.F., du Cameroun et de la Mauritanie. Notre pays s'élève contre l'ultimatum et déclare la guerre à l'Allemagne, comptant sur un approvisionnement constant en matériel en provenance des Etats-Unis à travers une noria de bateaux trans-océaniques. Les Allemands, tout aussi futés que les Français, ne le permettront pas. Il importe donc de couper la route océanique par un engagement naval décisif. Or, la victoire semble aléatoire du côté français, les forces alignées étant trop légère en tonnage et trop faibles en armement. Une escorte navale se constitue pourtant du côté français pour accompagner le paquebot Paris, appareillant du port de New York avec , dans ses soutes, du matériel destiné aux forces françaises. Mais les espions germaniques sont déjà avertis. Les Anglais, eux, fidèles à leur politique d'équilibre européenne, ferment les yeux le conflit imminent. L'escorte du Nord commandée par l'amiral Duruit se trouve en juillet 1935 face à face avec deux croiseurs protégés allemands et leur pléiade d'escorteurs, le Deutschland et le Preussen, deux monstres de 35.000 tonnes, tirant des projectiles de 350 kilos chacun. A cette puissance de feu, rien ne résiste. Malgré leur vaillance, les croiseurs français, les torpilleurs et contre-torpilleurs, le paquebot Paris seront coulés corps et biens:
    "Le Duguay-Trouin est touché le premier; un obus atteint une de ses tourelles arrière, en arrache le toit et en tue l'armement; un second le frappe en plein milieu et traverse ses deux ponts blindés pour faire explosion dans une chambre des machines; volant en mille éclats, il y exerce d'effroyables ravages, perfore les cloisons voisines, crève les tuyaux de vapeur et met hors de service trois turbines sur quatre. la vitesse du navire tombe à dix noeuds, faisant de lui un but facile pour les canons ennemis."
    Pour compliquer encore la situation, du côté des frontières des Vosges, les Allemands bousculent les lignes françaises:
    "Et là-bas, sur les Vosges, en Lorraine, nos soldats désarmés seront écrasés par le matériel allemand, massacrés par les chars d'assaut, asphyxiés par les gaz de combat; le front sera crevé, les hordes germaniques déferleront, la torche au poing, sur nos villes et nos campagnes, l'aviation ennemie portera ses ravages jusqu'à la Méditerranée et jusqu'à l'Océan! Six mille Français ont été sacrifiés en vain à l'accomplissement d'une tâche surhumaine... Le chef intrépide qui les a conduits ferme ses yeux mourants, et ses lèvres murmurent une dernière fois: "La France, la France...." La France, hélas! est perdue!"
    La France, forte de l'expérience de ses chefs aura été trahie par l'incompétence, la lâcheté, la pusillanimité des hommes politiques. Un conseil des ministres houleux stigmatise l'imprévoyance du pays, en dépit du traité de Versailles qui laissait l'Allemagne en état de faiblesse. Les militaires français accusent les civils de laxisme, se défaussant d'avance de leur responsabilité dans un combat perdu d'avance:
    "Après avoir construit cinq croiseurs protégés, l'Allemagne a mis en chantier tous les deux ans, depuis 1928, un bâtiment d'un nouveau type, véritable croiseur de bataille. Les deux premiers, le Deutschland et le Preussen, sont en service, un troisième commence ses essais. Au mépris du traité de Versailles, ils déplacent plus de 13.000 tonnes au lieu de 10.000, et le poids gagné par l'utilisation des moteurs Diesel, par l'emploi en grand d'aciers spéciaux et d'alliages légers, les rend comparables à des navires ordinaires de 15. à 16.000 tonnes. Ils portent six pièces de 280 millimètres, lançant à 30 kilomètres des obus de 350 kilos, et ils sont dotés, en outre , d'une forte protection; du fait qu'ils n'ont pas de chaudières, les parties vitales à mettre à l'abri des obus sont, en effet, beaucoup moins étendues que sur nos navires; elles ont pu être placées sous un cuirassement renforcé."
    Héroïques, comme d'habitude, ils ne se déroberont pourtant pas à leur devoir. Rassemblant toutes les forces navales disponibles, accélérant le programme de construction d'énormes croiseurs équivalents à ceux de leurs ennemis, ils reconstituent une nouvelle flotte sous le commandement de l'amiral Frehel;  le Foch, le Suffren, le Tourville , des engins de 13.000 tonnes, protégés par six croiseurs de 10.000 tonnes chacun, d'un porte-avion et de quelques torpilleurs, prennent le cap dans l'Atlantique Nord pour une bataille navale décisive dans l'océan.
    Essuyant d'entrée une tempête qui l'affaiblit, l'escadre, par ses avions de reconnaissance, elle localise les forces ennemies. Immédiatement, la flottille, rangée en ordre de bataille, fait route de collision, s'approchant le plus possible de l'ennemi afin que les coups portés soient tous décisifs. Les Allemands, qui ne sont pas en reste, commandés par l'excellent von Rompel, procèdent de même. Le combat est bref et d'une brutalité inouïe. les bâtiments français, touchés de plein fouet, et dont les munitions explosent sous les coups de boutoir, coulent les uns après les autres:
    "Six minutes après l'ouverture du feu, un premier obus abat une cheminée du Vauquelin; peu de temps après, un second ouvre à l'arrière une brèche par où l'eau commence à pénétrer; un troisième enfin, tiré à moins de 2.000 mètres, atteint le bâtiment à la flottaison, où il creuse une longue déchirure: ses chaudières noyées, le destroyer ralentit, puis s'arrête, incapable de gouverner; une vague énorme le prend de trois quarts et le couche sur le côté; la masse d'eau déjà embarquée l'empêche de reprendre son équilibre, la mer s'engouffre dans ses cheminées et le fait chavirer complètement. Il s'abîme au sein des flots, emportant avec lui jusqu'au dernier de ses marins, pendant que l'équipage du Koenigsberg salue sa victoire de hourras enthousiastes."
    Les monstrueux croiseurs allemands ne semblent pas souffrir de la confrontation. Le 21 août, le Foch est une épave, le Colbert et le Dupleix n'existent plus. L'amiral Von Rompel a de quoi être heureux: le ravitaillement américain est interrompu, la France est à genoux, l'Allemagne a gagné.
    Si le récit s'arrêtait là, on pourrait saluer l'exactitude prévisionnelle de l'auteur qui a anticipé la défaite française, bien que celle-ci se soit faite par voie de terre, à l'aide des tanks de Guderian, dans un Blitzkrieg inventé à l'occasion. Mais  il est vrai que l'on se résigne difficilement à mourir. C'est pourquoi, Boverat ajoute une deuxième partie, plus brève, à son ouvrage. Celle où, en 1937, a lieu une deuxième confrontation marine, au cours de laquelle la France a tiré les leçons de son échec. Elle a enfin construit deux croiseurs de taille: 30.000 tonnes de charge, des obus de 500kilos, des blindages renforcés: les Allemands n'auront qu'à bien se tenir! A onze heures, durant ce mois d'été, débute la bataille finale sur mer, sous la direction de l'amiral Trémereuc, un breton de pure souche, tenace et combatif. Le combat est d'abord incertain:
    "Cependant le Duquesne est furieusement martelé par le Preussen.; plusieurs obus perforent ses ponts blindés, crèvent les chaudières, brisent des turbines, démolissent une série de machines auxiliaires; un autre l'éventre au-dessus de la flottaison, avarie effrayant puisque toutes ses pompes sont hors de service. Le navire, aux trois quarts désemparé, dérive entre les deux flottes; il devient la cible de tous les croiseurs allemands."
    Mais lorsque le Joffre entre en action, un déluge inouï de projectiles s'abat sur les navires allemands encore à flot. Finalement, le Preussen, tel un lion à l'agonie, hurle à la mort:
    "Arrivé à moins de 9 kilomètres de son antagoniste, le Preussen à moitié éventré, constate l'échec de ses torpilleurs et de ses avions; il veut enfin virer de bord, mais deux obus d'une même salve l'atteignent en plein milieu: une fumée jaunâtre surgit aux points d'impact, puis soudain le navire semble transformé en un véritable volcan; une colonne de feu, projetée par l'explosion de toutes ses soutes, se dresse à plus de 1.000 mètres de haut, de gigantesques débris d'acier criblent au loin la mer, puis tout disparaît: le Preussen est anéanti."
    La France est sauvée. L'escadre patriotique, meurtrie et blessée mais survivante, achève les derniers navires allemands, recueille les rares naufragés des deux bords, et rejoint, à petite vitesse, son port d'attache.
    "la Bataille de l'océan" limite la conjecture aux engagements maritimes dans une guerre à venir, très proche, hélas! Le récit se développe de manière réaliste, à travers la description précise des diverses phases du combat sur les flots. L'on sent que l'auteur est dans son élément. Les tableaux comparatifs, les écorchés des forces en présence, les tableaux en couleurs et en hors-texte, démontrent sa volonté d'éclairer le lecteur. Patriote convaincu, Fernand Boverat,  a désiré, sans nul doute, lancer un cri d'alarme devant des dangers qu'il sentait proches.

  8. Type: livre Thème: guerres futures 1 Auteur: LORD CHESNEY Parution: 1871
    La « Bataille de Dorking » se présente comme la relation vécue de l’invasion de l’Angleterre par les Prussiens, racontée par l’un de ces vétérans. Parmi les causes d’un si grand malheur, facilement évitable par une Angleterre puissante et commerçante, il place le manque de fierté de l’Anglais envers son armée, sa suffisance à l’égard  des autres puissances  liées à une organisation militaire défectueuse. L’éparpillement de la flotte anglaise au Canada, aux Antilles, en Chine, les révoltes en Inde et en Irlande ont affaibli d’autant la Grande-Bretagne. Ce furent les annexions de la Hollande et du Danemark par les Prussiens qui décideront de l’engagement dans la guerre, dans la certitude de la gagner:
    « L’invasion est un rêve. Une flotte anglaise montée par des marins anglais, dont le courage et l’enthousiasme trouvent un écho dans le cœur des habitants du pays, est déjà partie à la rencontre de notre présomptueux ennemi. L’issue d’une lutte entre des navires anglais et des navires de toute autre nation, à nombre à peu près égal, ne saurait être douteuse. L’Angleterre attend avec calme et confiance le résultat de l’action, qui est imminente. »
    L’Angleterre, isolée dans le nord de l’Europe eut soudain connaissance de la condition misérable de sa flotte en perdition, coulée par des mines prussiennes ou « engins infernaux ». Immédiatement, le gouvernement procéda à l’enrôlement de 20 000 volontaires dont fit partie le narrateur. La Bourse et les spéculateurs se précipitèrent pour pallier le coup du sort :
    « Nous prîmes le premier train pour Londres, et nous y arrivâmes au moment où la fatale nouvelle de la perte de la flotte fut télégraphiée de Portsmouth. La panique et l’agitation de ce jour-là, la baisse effroyable des fonds publics ; l’assaut de la banque, obligée de suspendre ses payements ; la moitié des maisons de commerce de la ville en faillite ; la publication d’un décret du gouvernement suspendant les payements en espèces et la présentation des billets (…), enfin l’appel aux armes et l’empressement unanime de la population à y répondre, tout cela appartient à l’histoire, et je n’ai pas besoin de vous le répéter. »
    Tandis que les marins ennemis approchent de la côte anglaise, les volontaires, mal préparés, mal armés, mal commandés, se dirigent vers Harwich, cantonnant de gare en gare, dans la confusion, le désordre, le vacarme et la cohue, sans que l’intendance ne suivît. Les ordres et contre-ordres se succédant, la seule information sûre qui leur parvint, fut celle de stopper l’avance ennemie dans une région de collines, au voisinage du village de Dorking :
    « L’ignorance où tout le monde, depuis le colonel jusqu’au soldat, nous laissait des mouvements de l’ennemi, nous remplissait d’inquiétude. Nous nous représentions l’Allemand poursuivant avec fermeté son plan d’attaque bien combiné, et nous comparions son assurance avec notre propre irrésolution. Le silence au milieu duquel s’accomplissaient les mouvements de l’ennemi nous inspirait une terreur mystérieuse. La journée s’avançait, nous souffrions de la faim, car nous n’avions rien mangé depuis le matin. »
    le commandement, assuré par des brutes narcissiques, installe en son esprit d’amères réflexions sur la valeur humaine :
    « Le capitaine écouta froidement mon récit, mais il ordonna au peloton de relâcher les deux captifs, qui se sauvèrent à la hâte par un chemin de traverse. Le capitaine était un bel homme à l’air martial, mais rien ne pouvait égaler l’insolence de ses manières, insolence d’autant plus remarquable qu’elle semblait naturelle et provenir d’un incommensurable sentiment de supériorité. Entre un pauvre volontaire boiteux et un capitaine de l’armée victorieuse, il y avait à ses yeux un abîme. Ces deux hommes eussent-ils été des chiens, il est évident qu’on n’aurait pas décidé de leur sort avec plus de dédain. »
    Les volontaires perdront rapidement confiance, surtout avec le ventre vide, les batteries de cuisine étant restées en arrière, ce qui les obligea à manger leur viande crue. Ils s’établiront cependant sur une hauteur pour défendre la vallée. De là, les volontaires verront manœuvrer les armées successives qui se pressent, sans cesse plus nombreuses, pour défendre ou forcer l’accès de Dorking, clé de l’invasion et chemin assuré vers Londres :
    « C’était comme une scène de théâtre : un rideau de fumée enveloppait le champ de bataille, avec une échappée au centre éclairée par un rayon de soleil couchant. Le versant rapide et glissant de la colline était couvert de troupes ennemies, dont je voyais pour la première fois les uniformes d’un bleu foncé. Elles formaient des lignes irrégulières sur le premier plan ; mais par derrière elles étaient très compactes.»
    La plus grande confusion règne dans la gare de Dorking où des fourgons sans chevaux s’opposent à la fuite de la population. Après une attente interminable, la confrontation avec les Prussiens a enfin lieu, à trois heures de l’après-midi. Les troupes anglaises avancent sous un feu d’artillerie incessant et meurtrier. Le beau sentiment esthétique que procure la magnifique discipline anglaise s’avère éphémère : il y eut tellement de morts et de blessés dans les rangs anglais que les volontaires eurent tendance à fuir le champ de bataille :
    « Quel beau spectacle de voir ces braves soldats ! Avec quelle précision les gardes descendant le revers de la colline conservaient un irréprochable alignement ! malgré les sinuosités de la plaine, ils faisaient feu et manoeuvraient avec la même régularité que s’ils eussent été à la parade : c’était splendide. Nos cœurs bondissaient d’une ardeur patriotique ; il nous semblait que la bataille était gagnée.»
    Les charges à la baïonnette dont le narrateur fit partie ressemblent à une sanglante boucherie :
    « Je sentis une vive douleur à la jambe pendant que j’enfonçais ma baïonnette dans le corps du soldat vis-à-vis de moi. J’avoue que j’avais peur de regarder mon adversaire ; cependant je ne détournais pas la tête assez vite pour ne pas voir ce malheureux au moment où il tombait ; les yeux lui sortaient de la tête, et, tout excité que je fusse par le combat, ce spectacle me parut horrible. (…) A une longue journée d’attente avait succédé l’excitation de la bataille, et nous n’avions guère eu le temps d’envisager notre situation ; lorsque chaque minute était peut-être la dernière de notre vie, nous ne songions guère à nos amis et à nos voisins ; et lorsqu’un homme armé d’un fusil est là en face de vous et qu’il veut votre vie, on n’a pas le loisir de se demander qui est l’agresseur, ni si on se bat pour son pays et son foyer. Je pense que toutes les batailles une fois commencées se ressemblent, du moins quant aux sentiments qui animent les combattants. »
    Enfin, les rangs se rompent dans la plus extrême des confusions. Le narrateur, dont les amis ont été tués, se retrouve à l’arrière des lignes, en retraite vers Londres, l’ultime charge anglaise ayant échoué. Sur la route de Kingston, le désespoir le gagne lorsqu’il apprend la reddition de Woolwich, l’arsenal général des armées anglaises. Se traînant jusqu’à la maison de son ami Travers, il y arrive juste à temps pour voir le petit enfant de celui-ci blessé à mort par un éclat d’obus :
    « Il était trop tard, hélas ! Le pauvre enfant gisait au pied de l’escalier la face contre terre, ses petits bras étendus, ses cheveux blonds baignés dans une mare de sang. Au milieu des milles éclats de la bataille, je n’avais pas entendu l’explosion. Un éclat d’obus était entré par la porte ouverte du vestibule et avait fracassé le crâne de l’enfant. »
    Lorsqu’il sort de son évanouissement, la maison est peuplée d’Allemands triomphants. A la honte d’être avili, humilié, méprisé, spolié, il ajoutera celle de l’Angleterre occupée, dépouillée de ses colonies et ruinée dans son négoce :
    «  Je me souviens encore avec quel sentiment d’amertume nous voyions qu’il était trop tard pour épargner à notre pays cette profanation, si facile cependant à écarter. Un peu de fermeté, un peu de prévoyance, chez nos ministres un peu de bon sens seulement, et cette calamité sans seconde eût été impossible. Il était hélas ! trop tard, nous étions comme les vierges folles de la parabole. » Il en conclut qu’ «une nation trop égoïste pour défendre son indépendance est indigne de la conserver .»
    La « Bataille de Dorking », écrite dans l’anonymat à l’époque par un Lord anglais, Lord Chesney, a vu son importance croître en proportion inverse de la brièveté du récit. Jamais nouvelle plus courte n’eut une pérennité plus longue, tant fut grande son influence. L’émotion, lors de sa parution, fut immense et donna lieu à de nombreuses imitations ou réfutations tant en Angleterre que dans le reste de l’Europe. Pour la première fois, sur un ton simple et naturel, l’on osa évoquer le pire cauchemar  que peut vivre l’Anglais insulaire : l’invasion de son sanctuaire sacré et la perte de sa puissance économique.
    Le roman ne se contenta pas seulement d’en raconter les épisodes, il appuie là où cela fait mal, en recherchant les causes du désastre, liées selon lui à la morgue et au mépris anglais vis-à-vis des autres nations. La polémique fut vive à un point tel qu’elle fut à l’origine d’un nouveau genre littéraire, celui des « guerres futures », dont la veine est encore fortement exploitée aujourd’hui. Il n’était donc nul besoin d’aligner une vingtaine de volumes comme le fit le capitaine Danrit avec sa « Guerre de demain » ou Pouvourville avec son « Héroïque combat », tout était déjà écrit en cet opuscule, chef-d’œuvre authentique dont on attend la réimpression (faite aujourd'hui).

  9. Type: livre Thème: menaces végétales Auteur: F. RICHARD-BESSIERE Parution: 1961
    Le dernier refuge des Terriens se trouve sous terre,  deux siècles après la grande catastrophe que constitua la guerre contre Mars. La surface dévastée obligea les survivants à s’enterrer. Perkins prend la tête de la "légion Alpha", un groupe de cyborgs constitué pour l’occasion et chargé d’explorer la surface inconnue de notre planète. En émergeant, ils trouvent la mort partout. Un seul individu, le vieillard Kovak, mis en hibernation, a survécu. Il les met en garde contre les Khoreliahs, sortes de plantes élégantes, douées de mouvement et extrêmement agressives qui dominent à présent le monde :
    " Une fleur gigantesque lui faisait face, les racines hors du sol. Maître de lui, Smith hésita un instant avant de tirer, doutant encore de la scène dont il était le témoin. La tige, dressée comme un cierge , balançait à son extrémité supérieure un calice jaunâtre tacheté de rouge, dont la gueule béante laissait apparaître un pistil nerveux et fourchu comme une langue de serpent. Des vrilles vigoureuses, qui avaient la consistance du cuir, s’échappaient de la tige, à la naissance des feuilles cornues et dentelées qui claquaient comme des mâchoires de caïman.  Se détendant comme un éclair, une vrille fouetta l’air au-dessus de la tête de Smith ".
    Ces  végétaux crées artificiellement par les Martiens ont essaimé sur la Terre. Ils sont sensibles à la musique et entrent en transes lorsqu’ils en entendent. Quelques-uns sont vaguement télépathes et peuvent influencer les cerveaux humains. Le groupe des cyborgs diminue à vue d’oeil, tués par les Korelliahs. Sauvés par Kovak, les derniers cyborgs brûlent la ville maudite et regagnent leur cité souterraine. Une grande offensive est alors préparée pour libérer la Terre de l’envahisseur végétal.
    Une bluette dans la veine des " Triffides " mais avec le talent en moins.

  10. Type: livre Thème: le dernier homme Auteur: Daniel WALTHER Parution: 2004
    Brice Merloncourt est un DSSOR (Déchargeur de Salve Spermatique Ondulatoire rapide). Muni de sa carte de donneur forcé de sperme et en dépit de son amour pour Zerbinette, il se fait régulièrement traire la verge par les doigts experts et fonctionnarisés de Véronique-Wanna. Selon les termes mêmes de la chansonnette du jour :
    « Bande dur, mon gars
    Crache droit, mon gars
    Et l’Etat crachera pour toi,
    Alléluia ! »
    L’humanité au désespoir s’est vue atteinte dans ses œuvres vives par le syndrome du SDS, d’après le nom de l’épidémiologiste Jérémias Schwobhalter, dont le signe est l’impossibilité d’une fécondation normale. Les mâles habituels bandant mou, seuls quelques étalons d’exception comme Brice furent enrôlés de force, à fin de perpétuer l’espèce humaine. Le système d’insémination artificielle étant d’une ardente exigence, Brice dut faire fi de ses fantasmes et se soumettre à la loi. Ce qui le fit parfois mollir. Une première défection pour cause de dépression lui valut un séjour de trois ans dans un bagne lunaire où la traite quotidienne lui était imposée à l’aide de sa propre main, le cerveau en connexion avec des masses de revues pornographiques.
    De retour sur terre, repentant et prêt à répondre à nouveau à sa vocation, il apprit que Zerbinette l’avait trompé, que la douce main de Véronique-Wanna avait été remplacée par l’implacable pogne d’une dénommée Charlotte. Ce qui lui causa un tel choc qu’il en décéda.
    Au-delà de l’humour volontaire et du sens de la provocation qu’on lui connaît, Daniel Walther signe une authentique nouvelle cataclysmique dont l’enfer passe par le sexe (voir sur ce point « Orgasmachine » de Ian Watson). A noter le style totalement maîtrisé et d’une grande virtuosité.