Bienvenue dans la Base de Données des livres !
Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
Livres
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contient les nouvelles :
la Tanière (Bernard Fischbach)
Coup d’œil fugitif sur une tranche d’avenir possible (André Cabaret)
Dire l’Alsace (Jean-Claude Walter)
le Retour d’hiver (Henry-Luc Planchat)
Exil (Laurence Stocky)
Un jour et des poussières (Jacques Stoll)
la Fin des usines de confiture (Jean-Paul Sorg) (non analysé, hors domaine)
le Château de l’hydrocéphale quelque part dans les Vosges (Jean-Pierre Hubert)
Atomheim (Louis Périn)
Givre et Sang (Guy Heitz)
L’Evêque de Strasbourg (Roland Engel)
les Hérétiques (Cyrille Kaszuk) (non analysé - hors domaine)
Vertige vertébral (Béatrice Kad)
Appel à tous contre la bombe atomique (Jean-Paul Klee)
Aaaah ! Louvila (Syvie Reff)
les Guêpes géantes de Fessenheim (Daniel Walther)
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Robin Cruso est conducteur automobile comme l’ensemble des gens habitants sur la planète. Tout se fait en automobile, y vivre et surtout y mourir. Il faut trois jours pour faire cinq mètres, pare-chocs contre pare-chocs. Tout dans cette société dystopique est réglé en ce sens: les automobilistes sont happés, concassés, écrasés, tirées, décapités, vrillés:
"Il existait parfois une hiérarchie parmi les policiers, divisés en plusieurs groupes. Le premier groupe, situé en bas de l’échelle, était formé de viseurs d’omoplates. Les viseurs d’omoplates étaient des tireurs spécialement entraînés pour atteindre à bout touchant, entre les omoplates, les individus blessés couchés sur le trottoir. Les autres groupes étaient conditionnés d’une façon générale pour réagir à tout ce qui pouvait nuire au conducteur de voiture. Deux cent mille policiers de plus dans le pays. C’allait être l’enfer."
Les pièges innombrables ne suffisent pas à faire diminuer le nombre des automobilistes, car sur la Terre, submergée par la tôle, plus personne n’arrive à vivre. C’est du moins le but que se propose le Grand Cerveau qui dirige toutes les opérations. Il invente sans cesse de nouveaux moyens de torture, des fausses pistes pour les conducteurs, des éliminations en masse, au cyanure ou à l’acide:
"Dans le compartiment entrèrent trois personnes. Un homme, une femme et un enfant, guidés par des grands bras d’acier articulés, commandés de façon invisible. La première cuve se remplit d’acide et l’homme y fut plongé. La seconde, celle qui était sur pied, s’emplit de métal en fusion et le bras métallique y enfonça la tête de la femme. La troisième s’emplit d’huile bouillante et l’enfant y fut assis. J’étais suffoqué d’horreur."
Robin Cruso, ne tient pas à mourir. Il tente d’échapper aux multiples pièges qui se dressent devant lui, et il y arrive, parfois. Le Grand Cerveau, un cerveau humain greffé sur un corps d’automobile, une Rolls en diamant, tient à comprendre pourquoi Robin Cruso possède tant de chance car il surveille tout sur la planète et tout le monde, y compris ses opposants:
"Le Préfet, qui chaque soir s’adressait aux foules à la télévision, était un mannequin à l’image de son ancienne enveloppe charnelle, dont la boîte crânienne en plastique contenait un magnétophone transistorisé. Je comprenais maintenant pourquoi chacun de ses discours était semblable aux autres et je songeai que, dans le passé, la chose avait dû être fréquente. Depuis l’invention de la télévision, combien d’hommes politiques, s’adressant à la nation, n’étaient autres que des mannequins de plastique agités en dehors des caméras par d’ingénieux dispositifs mécaniques."
Or, c’est chez ces opposants, les Piétons, qu’aboutit Robin. Modifiés selon les lois darwiniennes, ils vivent dans des galeries entre la terre et le béton, comme des rats. Ils sont impuissants à se révolter et la Grande Machine à Coudre aura bientôt raison d’eux. Seul, Robin, grâce à son inventivité échappe à l’aiguille destinée à lui percer la poitrine. Alors, le grand Cerveau se révèle à lui:
"Ceux qui semblaient diriger, qui croyaient diriger ont toujours été entre les mains de véritables forces. Je me suis emparé du système, Robin Cruzo, c’est-à-dire de ces forces. Je n’ai presque rien eu à faire. Le monde entier dépendait de l’automobile. Devenant le Maître de l’automobile, je devins le maître du monde. Mais je n’ai rien changé aux apparences. Il y a toujours des présidents, dans le monde, qui pérorent, ronronnent, annoncent, déclarent, proposent, refusent, selon ma volonté. Il y a toujours des polices qui obéissent, des agents qui frappent, des militaires qui tuent, sans savoir d’où viennent les ordres, quelles en sont les rai-sons. Sans savoir - permettez-moi cette plaisanterie- qui est le cerveau?»
Il lui propose une association puisqu’il a besoin, pour la suite de son programme humanitaire (!), de ministres intègres (ce qui est rare). Flatté en un premier temps de participer au Grand Oeuvre, Robin Cruso déchante rapidement lorsqu’il voit à quoi sont réduits les ministres: leurs corps servent d’aire de stationnement à la Rolls du Grand Cerveau et leurs cervelles fonctionnent à l’intérieur de bocaux. Une dernière tentative de résistance lui donne pouvoir sur le Grand Cerveau.
Cruso le prive de son disque de commandement mais lui permet de s’implanter dans une fusée, qui est censée être son nouveau corps. Le Grand Cerveau disparaîtra de la terre en emmenant avec lui son peuple de ministres-cervelles. Il annonce à Robin Cruso qu’il lui laisse le monde en héritage, l’évolution automobile ayant atteint un tel point de pollution qu’elle sera à l’origine d’une immense apocalypse technologique. Robin Cruso, resté seul de son espèce, fait revivre les humains grâce aux graines accélératrices d’évolution, en repassant de coelacanthe à homo sapiens en un temps record. Il espère créer une espèce écologique délivrée de l’obsession technique. Il lui faudra déchanter quand l’homme réinvente la roue.
Une satire à la limite de la charge. Le sadisme naturel qui s’étale dans ces pages - en dépit de son appartenance à l’esprit d’Alfred Jarry - donne au lecteur une sensation de malaise liée à l’invraisemblable attirail des procédés utilisés pour détruire l’être humain . C’est aussi un roman anti-technologique dans la veine des années soixante-dix, dans lequel les fantasmes d’une domination absolue de l’automobile sur l’être humain pointent avec humour ce que Ballard décrit sérieusement dans " Crash ". Un ouvrage curieux et original.
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La Fête Aux Corbeaux - Par BenF
Lago le braconnier, simple d’esprit et autiste doué en calcul mental, est le seul survivant, ou presque, de la catastrophe nucléaire., La « bombache », selon son expression, a vidé le petit village dans lequel il végétait en marginal méprisé ou moqué. Les uns ont passé de vie à trépas : les cadavres qu’il rencontre sans émotion apparente en témoignent. Les autres sont partis aller mourir plus loin.
Dominant sa timidité et sa crainte, muni de son intuition et d’un instinct sûr, il s’apprivoise lentement à la vie. Avec son copain « l’Idiot » et après une phase de maladie due aux radiations, ils se payent du bon temps à côté de ceux qui, comme le gros fermier Bernard, n’ont pu se faire à la catastrophe et qui finissent par se pendre.
Un couple de clochards en provenance d’une banlieue proche croise les vies de Lago et de l’Idiot :
« Ils attendirent le jour et partirent, poussant leur petite voiture. Ils traversèrent des ruines, qui semblaient se restaurer sur leur passage, comme un film passant à l’envers.
Cependant, même les maisons intactes qu’ils rencontraient dans leur marche erratique n’étaient habitées que par des cadavres,à tous les degrés de décomposition, certains déjà réduits à l’état de squelettes propres, prêts à la quasi-éternité du minéral, tandis que d’autres semblaient tenir encore désespérément à leurs chairs pourries. »
L’homme sera immédiatement tué par Lago qui s’appropriera sa femme pour un certain temps. La vie a plutôt des bons côtés après la « bombache » ! Sachant se repérer dans les bois environnants, les débiles se nourrissent des produits de la chasse jusqu’au jour où Lago poussera une pointe vers le « Château », un édifice imposant dont il s’était fait éjecter jadis par le garde-chasse. Une surprise de taille l’y attend, celle de la jeune et jolie Emma, abandonnée par ses parents parce que simple d’esprit. La méfiance de Lago fond comme neige au soleil. Il ressent tout de suite de l’amour envers Emma sans qu’il puisse mettre un nom sur ce sentiment nouveau :
« Tout de même Emma surprit Lago après l’amour, en se mettant à pleurer doucement. Il sentit les larmes couler sur ses mains et s’étonna : - Tu pleures ? Tu n’es pas contente ?
- Si je suis très contente. Trop, même, et c’est pour ça que je pleure. Je suis un peu idiote, non ? C’est parce que je t’aime. Papa et maman sont gentils mais je sais qu’ils ne m’aiment pas. Et toi, est-ce que tu m’aimes ?
Lago sentit quelque chose en lui qui fondait comme la neige au soleil. Il serra très fort Emma dans ses bras. – C’est la première fois qu’on me dit qu’on m’aime. L’Idiot il m’aime bien,je le sais et je l’aime bien, mais ce n’est pas la même chose. Il se mit à pleurer et il trouva ça très bon. Ils se tinrent longtemps enlacés, bouche contre oreille, se disant des choses que personne n’aurait pu comprendre. »
Heureux, il réside au Château jusqu’à ce que l’Idiot le rejoigne pour lui dire qu’un groupe de survivants qu’il appelle « les Sauvages » a investi le village en y semant désordre et panique. Lago décide de s’en rendre compte par lui-même.
Parmi eux, il retrouve Coco, un ancien paralytique et poète à ses heures qui l’incite à prendre le pouvoir pour donner une structure sociale viable à ce groupe qui, autrement, continuerait à s’entredéchirer :
« Je pense qu’il faut profiter de la situation pour faire une religion nouvelle. De toute façon, il en faut une. Un village sans prêtre, sans religion, c’est comme un pompier sans sa lance à incendie.
-Ou sans casque, ajouta l’Idiot.
-Il faut de grands principes, dit Coco. « Tu ne tueras point ».
-C’est pas nouveau, dit Lago, j’ai toujours entendu ça. Mais, les poulets, les canards, les veaux, tu les mangeras vivants, tout crus ? Ou alors tu mangeras que des pommes de terre, des poireaux et tu n’auras plus de bon sang dans les veines.
-Bon, je rectifie : ‘Tu ne tueras que pour manger.»
-Alors, dit l’Idiot, le sauvage qui tue un bonhomme pour le manger, il aura le droit ?
Coco confessa, après réflexion
-Je n’y avais pas pensé. Il n’y a pas de religion parfaite. Disons : « Tu tueras le moins possible ».
-Et les chasseurs, demanda Lago inquiet, ils auront le droit de chasser, dans ta religion ?
-Pas s’ils tuent pour le plaisir. Il faut qu’ils tuent sans plaisir.
-C’est dur, ta religion, soupira Lago. »
Après une courte réflexion – il n’est pas doué pour les longues réflexions- Lago y consent, faisant de Coco son éminence grise et de l’Idiot son Capitaine de la gendarmerie.
Il lui faudra encore éliminer des rivaux, des forts en gueule, en les subvertissant, chacun par son point faible.
La route du pouvoir enfin libre, la vie s’organise dans la bonne humeur jusqu’à l’ultime menace dont Emma fait les frais. Un groupe de gitans, qui survit dans les bois, viole la douce jeune fille et veut faire régner la terreur dans le village. Avec l’appui de ses concitoyens, le chef Lago se venge des gitans à coups de chevrotine puis incendie leurs roulottes.
Le récit se termine en apothéose : une montée brutale des eaux fait se réfugier la petite société (y compris les animaux) au château, dernier bastion solide dans un univers devenu liquide. Bien plus tard, les eaux s’étant retirées, le personnage de Lago, enjolivé, mythifié sera considéré comme un père fondateur, un nouveau Noé d’une humanité nouvelle.
L’épopée terrestre de Lago et de ses amis est prétexte, dans ce roman d’initiation et de formation, à faire émerger de ces êtres défavorisés un sentiment d’humanité qui leur ouvre la porte à la plus haute sagesse spirituelle. Une réussite incontestable.
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La Fin Des Robots - Par BenF
Dans le futur, avec le développement du machinisme, les robots seront de plus en plus sollicités. A tel point qu’ils deviennent la cause d’une explosion sociale. Comme ils suppléent les êtres humains dans tous les domaines, le clan des « Eugéniens » pousse à une adaptation encore plus performante de ces machines vivantes qui devront, selon eux, occuper l’ensemble des secteurs économiques.
Les « Antieugéniens » sont persuadés du contraire. Les risques sont grands, disent-ils, d’un dérapage et d’une main mise des machines sur l’homme. Ce qui fait bien rire les Eugéniens, puisqu’il est si facile de brider les automates en les privant d’énergie ! Pourtant les Antieugéniens militent en faveur de la mise en place de la F.O.N.D.E.R.I.E . (Fédération Ouvrière de la Nouvelle Distribution Energétique des Robots Invalides d’Etat) où ceux qui présenteraient une tare mécanique quelconque, ou qui seraient trop vieux pour servir correctement l’homme, pourraient être mis au rebut. Mais les robots ne l’entendent pas de cette oreille. Présents, grâce à leur protoplasme évolutif, dans tous les secteurs, s’occupant même de faire fonctionner leur centrale d’Energie, ils décident d’une grève générale afin de faire garantir leurs droits. Ils arrêtent tout. Leurs revendications sont précises. Elles stipulaient l’apprentissage d’un langage robotique spécifique, la création d’un journal dévolu à leur condition, l’utilisation d’une partie de l’énergie pour leur propre développement et enfin – ce qui est inacceptable!- la possibilité de se reproduire comme les humains. Faute de quoi, le travail ne reprendrait pas et les hommes, paralysés dans leurs déplacements, s’achemineraient vers la famine.
Les gouverneurs de la cité, ayant oublié avec le temps comment réagir devant cet état de fait, se trouvent désarmés.
La crise est gravissime et les êtres humains de plus en plus menacés :
« Maintenant, l’émeute se déchaînait ; les robots faisaient retentir partout leur appel à la révolte : « Coupzy ! courrrant ! Coupzy ! courrrant ! » (…) Puis les événements se précipitèrent : la moitié des robots s’occupèrent à fabriquer des sous-robots, pendant que l’autre moitié s’emparait du plus grand nombre possible d’hommes ou de femmes pour les torturer afin d’obtenir leur secret.
Il n’y avait rien à faire contre ces masses d’un métal aussi souple que compact, dont les organes vitaux étaient complètement à l’abri et qui prévenaient tous les gestes, saisissaient de tous leurs appendices variés à l’infini, dominaient de leur haute taille les hommes les plus solides qu’ils broyaient d’un ultra-son. »
Seul un vieil original, fouinant dans les bibliothèques et allant chercher une réponse jusque dedans la lune en astrojet, pour vérifier ses théories in situ, trouve la solution : pour arrêter les robots il suffit de les arroser avec de l’eau, puisque le fer rouille… :
« (Ils virent) des masses de robots désemparés, se traînant, eux tellement silencieux d’ordinaire, dans un bruit déchirant qui venait nettement de leur métallure, et non de leur émetteur de son ; par endroits une couleur ocre les recouvrait ; tout leur ensemble exprimait une souffrance abominable : ils étaient atteints d’une maladie incurable à cette époque, car personne n’avait gardé de quoi remédier à un mal dont la dernière attaque remontait à 100 ionies et dont on s’était débarrassé en même temps que les parasites des ondes –et dont seuls quelques spécialistes de l’antiquité connaissaient le nom : la rouille. »
Une nouvelle malicieuse et distanciée pointant du doigt les dangers d’un machinisme débridé, dans ce mensuel consacré à « la Fin d’une Civilisation ».
Il faut pourtant remarquer qu’au-delà de l’humour, elle renoue avec les fondamentaux, l’essence du robot étant, depuis sa création, de remplacer l’ouvrier à son poste de travail (voir à ce sujet R.U.R. de Carel Capek).
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En 2014 une météorite géante percute la lune, produisant des dégâts irréversibles à la terre : océans en furie, déplacement des pôles, extinction des civilisations, pluie rouge toxique, etc. Quelques groupes humains subsistent encore, les uns normaux, les autres déjà atteints de mutations régressives.
Luc recherche Maryline, qu’il trouve dans un grand magasin de vêtements, le « Fashion-Look ». Il espère lui faire un enfant, un « futur sauveur de l’humanité ».
Pas de chance : Maryline est en réalité un homme qu’une opération a transformé en femme.
Ouf ! Ce n’était qu’un rêve, à moins que la comète annoncée prochainement….
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Trois soldats, dans leur forteresse roulante, derniers survivants (peut-être) d’une guerre nucléaire générale, roulent vers le Sud, dans un environnement de ruines radioactives :
«Au crépuscule, ils passèrent à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de ce qui avait été la troisième ville de France. Malgré la distance, ils découvrirent le ciel rougeoyant d’incendies, ou plutôt d’un unique foyer qui devait s’étendre sur l’ensemble de l’agglomération, chaudron de sorcière dans lequel avaient péri plusieurs millions d’êtres humains, en quelques minutes, quand trois bombes à hydrogène avaient explosé simultanément, à la verticale de la colline de Fourvière. »
Margi, le sergent, et Pilote quitteront leur blindé, le troquant contre une énorme auto à chenilles. Poursuivant leur route, ils s’interrogent encore sur le bien-fondé de leur mission quand ils recueillent Aviateur, un pilote ennemi vivant, éjecté de son appareil. Leurs relations sont tendues jusqu’à ce qu’ils aboutissent au bord d’un océan là où aurait dû se trouver la vallée du Rhône : les calottes polaires volatilisées par les charges nucléaires ont provoqué une montée brusque de la mer.
Ils longent ce terrain transformé en côte et ressentent comme une présence maléfique qui les poursuit. Dans un village, ils seront même cernés par des habitants-zombis, cadavres redevenus vivants, à moins qu’il ne s’agisse d’hallucination. Les faits étranges s’accumulent : Aviateur – censé s’exprimer en allemand - parle soudain un français parfait, comme s’il était possédé. Il explique à ses compagnons que les Dieux Anciens sont revenus pour honorer le « Maître » et qu’à eux trois, ils forment « les Prophètes de l’Apocalypse », ce qui est également le titre du roman dont rêve Pilote dans ses cauchemars. La présence obsédante se fait plus lourde, surtout lorsque Margi se transforme physiquement en cadavre. Dans le doute, Pilote le tue :
« Pilote pensa à une arme nouvelle, terrible, une sorte de bombe à neutrons perfectionnée qui aurait laissé les objets intacts en faisant disparaître toute matière organique, en l’entraînant vers le néant… Cela pouvait être une solution. Mais il y en avait une autre, trop incroyable, sur laquelle il n’osait pas se fixer. Ce n’était pas une bombe ni une arme secrète qui détruisait la vie, mais leur approche. C’étaient eux, les rescapés de l’Apocalypse, qui portaient la mort, messagers pervertis d’un nouvel Ordre, ayant reçu sans même le savoir la mission de traquer l’ancienne vie pour la faire disparaître à tout jamais. »
Avec Aviateur, il poursuit sa route vers le Sud comme s’il tenait à rejoindre Bénédicte, la femme de ses cauchemars – sa femme peut-être ! - censée se réfugier dans les Pyrénées.
Lors d’un nouvel arrêt pour cause de ravitaillement, les hallucinations guerrières le reprennent encore plus fortement. Il assiste notamment à une confrontation entre deux armées de chevaliers du moyen-âge. Les deux rescapés s’enfuient, puis rencontrent une femme-soldat, surgie du néant, survivante, comme eux, semble-t-il. Sa présence provoquera la rivalité entre Pilote et Aviateur, aboutissant à la mort de ce dernier. La femme disparaissant aussitôt, Pilote restera seul en proie à des cauchemars d’une guerre sans fin qui mélange les périodes historiques :
« Pilote comprit qu’ils avaient sombré cette fois dans la guerre totale, celle qui n’a ni frontière ni âge, celle où tous les soldats du monde, de tous les siècles, se relèveraient toujours pour célébrer le nouveau Maître en continuant éternellement leurs combats. (…) Maintenant, la Terre entière allait devenir le théâtre de gigantesques carnages et tous pourraient revivre leurs combats, savoir enfin pourquoi ils étaient morts, et tous allaient célébrer le Maître dans cette boucle sans fin. »
Ce chevauchement lui fait douter de sa propre réalité : vit-il réellement où n’est-il lui-même que le jouet des fantasmes littéraires d’un auteur ? Le récit s’achève sur cette interrogation.
Ainsi, par un manque de cohérence interne, à travers des personnages inconsistants et un prêchi-prêcha moralisateur, par une description des effets de la guerre proche du voyeurisme, par une confusion constante des plans du réel, cet ouvrage se donne comme un roman inabouti, ou écrit à la hâte, en tous les cas, de peu d'intérêt pour le lecteur courageux.
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Les Creatures - Par BenF
Sasha se trouve chez lui avec Maria lorsque la radio annonce un cataclysme écologique majeur : dans un site nucléaire en Biélorussie, une usine chimique a explosé, entraînant au-dessus de l’Europe un immense nuage délétère.
Le lendemain, une pluie verte se met à tomber, qui fait «fondre » objets et êtres vivants, y compris Maria qui s’était imprudemment découverte. Sasha reste seul dans un monde bouleversé où ne subsistent plus que des épaves de voitures et des carcasses rongées par l’acide. Du moins jusqu ‘à la rencontre avec la petite Maria (même nom que son ancienne amie) qu’il prend en affection. Leur liberté sera de courte durée : poursuivis par une horde de rats, ils tombent entre les mains des « Créatures », sortes d’amazones vertes et terribles d’aspect, toutes semblables, suprêmement belles et sans pitié.
Capturés, Sasha et Maria rejoignent d’autres malheureux que ces créatures démoniaques ont rassemblés en une espèce de camp de concentration. Sasha fera la connaissance de Lili –avec qui il aura une aventure- et de son père, un philosophe sentencieux, du gros Roger, l’éternel humilié, du «Gynécologue », sans illusion sur la nature humaine, et ceux qui formeront le clan opposé, Odette et son mari, égoïstes et méchants, qui pensent avant tout à leur propre survie.
Les Créatures utiliseront ce pitoyable résidu humain dans le but d’extraire des pierres d’une carrière, sans se soucier des besoins de leurs esclaves. Pour survivre, ils seront cependant autorisés à boire une sorte d’eau sulfureuse, qui , tout en les nourrissant, les détruira de l’intérieur : beaucoup d’entre eux vomiront du sang après quelque temps de ce régime. A l’entrée du camp, les femmes et les enfants (y compris Maria) seront séparés des hommes. Tout le monde s’interroge sur la nature des Créatures et leur but. Tout se passe comme si les faits décrits dans l’Apocalypse de Jean étaient venus à se réaliser.
A l’intérieur de cet enfer, qui ressemble beaucoup à celui des nazis, les hommes survivront ou mourront en fonction de leurs aptitudes. Bien des morts plus tard, les pierres extraites de la carrière serviront à édifier une sorte de château, futur siège de la reine des amazones. Cependant, s’apercevant que le cheptel s’amenuise, les Créatures permettront certains soins à l’aide de médicaments qu’elles rapportent des ruines.
Sasha sait que la situation est sans espoir. Pourtant, s’il veut survivre, il lui reste à jouer sa dernière carte : il pense avoir gagné la confiance d’une amazone qui, pour des raisons incompréhensibles, semble l’avoir pris sous sa protection. Alors que des règlements de compte se déroulent dans le camp, Sasha entre de plus en plus en grâce auprès de l’amazone.
Les survivants sont maintenant obligés de parachever le nid de la reine. A son arrivée, tous les détenus, à l’exception des femmes et des enfants, seront impitoyablement éliminés :
« Les corps des prisonniers avaient été entassés les uns sur les autres. Puis, un grand feu de joie avait été allumé autour duquel tournaient les Créatures dans une danse rituelle et macabre comme ils en avaient vu au cinéma.(…)
–Elles n’ont plus besoin d’eux, alors elles les éliminent. Puis elles les font disparaître pour qu’il ne reste plus aucune trace de leur passage sur cette terre. – Et nous ? demanda le tatoué. –Nous, nous avons un sursis. Nous n’avons pas terminé notre travail. »
Seul Sasha et deux autres compagnons resteront en vie, en un but précis : bichonnés, lavés, rasés, nourris, ils serviront d’étalon à une reine insatiable et mortelle. Lorsque les amazones ramènent les cadavres de ses deux amis, tués par l’aiguillon du monstre, Sasha se sait condamné à son tour. Heureusement, « sa » créature le fait s’évader avec Lili, enceinte, et la petite Maria, enfin retrouvée. Devant eux, s’étend un désert de cendres fertilisé par un orage titanesque qui détruit aussi les Créatures et leur habitat. Sauront-ils reconstruire leur vie en évitant les erreurs du passé ?
Un ouvrage facile à lire mais irritant par la volonté apologétique de l’auteur qui clôt chaque page par une citation de Pascal, de Mauriac, de Saint- Jean, … de Chamfort pour mettre en évidence la singularité de l’être humain, comme si le récit à lui seul n’y suffisait pas, transformant le roman en fable philosophique d’une lourdeur peu commune. Dommage !
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Les Enfants De Noe - Par BenF
Simon, quelques années plus tard, se souvient. Il évoque la catastrophe qui l’a affecté en ces jours de printemps, lui, ses parents et sa soeur Noémie. Avec précision, il relate sa vie lors d’une saison épouvantable de l’an 2006, en compagnie de ses parents dans un chalet situé dans les hautes prairies des Alpes. En raison d’expériences nucléaires effectuées dans le grand Nord, la neige avait fait son apparition. Une neige mortelle, épaisse et ouatée qui n’arrêta pas de tomber des jours et des jours durant, ensevelissant le chalet sous une chape glacée de neuf mètres de haut:
" Le spectacle, en effet, était encore plus stupéfiant que la veille. La neige avait cessé de tomber, mais elle recouvrait tout le paysage, en effaçait les replis, et le rendait méconnaissable. Oui, c’était un autre monde, nivelé, simplifié, et sous cette vaste étendue blanche que la tempête avait modelé comme une houle, j’avais de la peine à situer le jardin, le pré, la route ou, plus loin, les crêtes et les vallées qui m’étaient familières. Au-dessus pesait un ciel bas, uniformément gris, mais comme phosphorescent. Le soleil restait invisible. Il n’y avait dans l’air immobile, aucun signe de vie. "
Repliés sur eux-mêmes, Simon et Noémie, Pa et Man ne purent compter que sur leurs propres forces pour survivre dans cette arche isolée sur une mer blanche. Grâce aux deux animaux, une chèvre et une vache, ils purent se procurer l’essentiel. Le père, soucieux mais précis assigna une fonction à chaque membre de la famille, structura leur temps et leur permit d’éviter le pire.
La mère, bonne cuisinière, leur redonna le moral lorsque celui-ci flanchait, à travers des repas attendus et appréciés. Ce temps de vacance - et non de vacuité - permit à chacun de se découvrir soi-même, d’user ses forces contre la dureté du monde, d’acquérir une maturité suffisante pour distinguer l’essentiel de l’accessoire:
"Que de jours nous avons passés, près de l’âtre, dans cette pièce basse qui nous enserrait et nous protégeait, comme l’une de ces cavernes où vécurent, pendant des milliers d’années, nos lointains ancêtres! Un rien, et je m’y serais cru! La pénombre, la lueur du feu, la muraille grossière, l’odeur de bois et de fumée, et jusqu’à la barbe de mon père, de plus en plus hirsute, auraient pu faire illusion. "
L’essentiel est préservé: le sens du travail bien fait, le respect des rythmes naturels, l’amour de la nature. L’analyse de l’auteur met en évidence la lente montée de l’angoisse dans le groupe et surtout chez les petits, ensuite la peur devant l’inexprimable: le sentiment de rester les seuls êtres au monde face à la mort.
Cette angoisse culmina avec la maladie de Man et surtout l’arrivée des loups, surgis d’on ne sait où dans ce désert blanc, menace qui coagula les fantasmes les plus archaïques.
La notion du " sens " se fit de plus en plus pressente à leur esprit: pourquoi cette épreuve ? Et quoique les personnages ne soient pas religieux, ils ne purent manquer de s’interroger sur l’étrangeté du phénomène. En quoi l’être humain serait-il responsable de ce qui survenait ?
" Le mal , notre monde l’a commis pendant tout le siècle dernier, dont l’histoire est abominable, et plus encore dans les années récentes où se sont déchaînés l’orgueil, le cynisme, la haine, la violence, la destruction. Les dernières illusions de progrès se fissuraient, les robots devenaient incontrôlables, partout on voyait surgir les monstres.
Je lis encore: " Et moi, je vais faire venir le déluge d’eaux sur la terre, pour détruire toute chair ayant souffle de vie sous le ciel; tout ce qui est sur la terre périra. " Pour nous, c’est un déluge blanc, glacé, figé: celui donc que nous avons mérité. "
La tendresse cependant survit à tout et l’on sent la famille soudée dans la pire épreuve qui ne lui ait jamais été imposée. Le père, surtout, apparaît comme un héros. Ancien avocat, tournant le dos à la société de consommation pour exister en fonction des " vraies " valeurs, se forgeant une âme d’artiste, d’organisateur , de technicien, de pédagogue et de chef spirituel, il est le porte-parole des idéaux écologiques de l’auteur. A la manière de Thoreau, il semble prouver que celui qui vit selon les rythmes de Gaïa ne peut se tromper:
" En revanche, depuis que nous étions retranchés du monde, ces séances avaient repris une nouvelle vigueur. La radio et la télévision n’étaient plus là pour nous tenter. Le visiaphone était hors d’usage. Par la force des choses, nous ne voyions personne. Les mots devenaient notre seule ouverture: ils étaient comme des fenêtres et des trouées dans la muraille de neige. Désormais nous écoutions avec une sorte de gravité ce que nous lisait notre père. "
Pour Simon, encore petit, il est l’incarnation du héros. Grâce au père, la situation se stabilise et la famille sera sauvée. Quant à Simon qui vit une situation " limite ", l’aventure est pour lui une véritable initiation aux vraies valeurs sociales et humaines. Lorsque la neige disparaîtra et qu’ils seront en mesure d’établir un contact avec les autres habitants isolés des alpages, tout aura changé en lui et Noémie. Plus mûrs, adultes et responsables ils seront prêts à affronter un monde sans pitié:
" Quoiqu’il en soit, nous ne sommes plus les mêmes. Les illusions, l’orgueil, la démesure ont été rabaissés. Nous avons retrouvé la patience; l’humilité, le sens de l’effort, et beaucoup de nos concitoyens affirment que le bien est sorti du mal, et qu’il faut en remercier Dieu. "
Ce roman, destiné aux enfants, d’une bonne facture, est un précis écologique et un roman cataclysmique. L’ensemble des événements est rapporté à travers les yeux d’un enfant. La sensibilité, l’honnêteté, l’analyse psychologique la plus fine ne se démentent pas un seul instant et donnent à l’oeuvre un intérêt soutenu. Encore une fois, c’est dans la catégorie trompeuse "d’ouvrages pour adolescents" que l’on trouve les plus intéressants du genre
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Tout Va Bien - Par BenF
Le narrateur, nous confiant ses impressions sur un ton gouailleur mais désespéré, traverse Paris la nuit, à la recherche de son amour. Un Paris inquiétant, à bout de souffle, gémissant sous le joug d’une dictature militaire, qui amoncelle les indices de la destruction:
« des cris qui s’espacent », « une ambulance à moitié calcinée », « les ruines de la gare Saint-Lazare », « la distribution de la soupe par des paras à l’Opéra », « les rats qui grouillent rue Royale », ce qui incite le jeune promeneur à allonger ses pas. Il a beau se répéter, en un refrain lancinant, que « tout va bien », encore vivant parmi les morts, il « évite les charniers où fut abattu Jean Ferrat » et se bouche les oreilles aux sons de « la musique militaire ».
Bien que la société parisienne semble prendre parti pour le nouvel ordre et ses thuriféraires, les Mireille Mathieu et Léon Zitrone, il ne peut s’empêcher d’accorder de l’attention aux paroles de sa grand’mère qui l’incite à rentrer tôt car, dit-elle :
« ( …) Mon petit Jean, votre quartier est triste
Et rempli de cadavres en décomposition ».
Il devra éviter toute mauvaise rencontre pour ne pas se faire
« parquer avec les rouges au palais des Congrès », ou avec
« les pédés dans le Palais des Glaces » ou encore avec
« les Juifs au palais des Sports ».
Un retour d’autant plus délicat qu’il s’agira de passer entre les « haies de barbelés des quais de la Seine ».
Le constat qu’il tient est amer :
« Naïfs que nous étions et aveuglés aussi
Qui nous imaginions pouvoir prédire le pire
Adieu notre jeunesse voilà le temps qui vient
Du baîllon, des œillères et de la pestilence
Le temps des ovations et celui des silences
Que l’on ne rompt que pour se dire : tout va bien ! »
Pourtant, il ne veut perdre tout espoir puisqu’il glisse dans la lettre à son aimée « un brin d’herbe (cueilli) dans les gravats ».
Nulle part, en si peu de mots et avec une si grande économie de moyens, il nous a été donné de saisir l’ambiance terrifiante d’une société totalitaire en train de s’établir, qui soutient la comparaison avec 1984, le roman de George Orwell.
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Destruction De Paris - Par BenF
L’auteur, de passage à Paris, est consterné d’observer ces vies sans but, « cette pâte phosphorescente d’autos qui tourne sur la place de la Concorde ». A l’homme qui court, son journal à la main, dans ce désert artificiel et mécanique, il oppose la vérité d’une nature vierge qui, un jour, devra se réinstaller dans ses droits:
" Suis-moi. Il n’y aura de bonheur pour toi, homme que le jour où tu seras dans le soleil debout à côté de moi. Viens, dis la bonne nouvelle autour de toi. Viens, venez tous ; il n’y aura de bonheur pour vous que le jour où les grands arbres crèveront les rues, où le poids des lianes fera crouler l’obélisque et courber la tour Eiffel ; où devant les guichets du Louvre on n’entendra plus que le léger bruit des cosses mûres qui s’ouvrent et des graines sauvages qui tombent ; le jour où, des cavernes du métro, des sangliers éblouis sortiront en tremblant de la queue. "
Une petite rêverie écologique avec, au centre, la chute et la transformation de la ville tant rêvées depuis les romantiques
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