Aller au contenu

bdd_livre.png.38ca27d0c9044ccbdbae2e058729c401.jpg

Bienvenue dans la Base de Données des livres !

Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

Accédez au flux RSS :

Livres

  1. Type: livre Thème: menaces climatiques Auteur: Jean-Pierre ANDREVON Parution: 1994
    Le jeune narrateur, Marchetti, a beaucoup de chances que son papa soit un ingénieur, bricoleur de surcroît, qui ne se laisse pas aller à la morosité ambiante. Depuis quelque temps, une pluie continue transforme la ville (et la terre entière) en un bourbier infâme, à un point tel que, dans le collège, tous les cours sont interrompus:
    " Cela doit être difficile d’enseigner l’Histoire quand " son tissu se défait comme un pull-over quand on tire sur une maille " - comme nous le disait la semaine dernière, monsieur Ferniot . Et encore plus vain de faire des cours de géographie quand elle se modifie tous les jours, à mesure que l’eau ronge les côtes. "
    La situation se révèle catastrophique, un nouveau déluge, dû à la pollution, noie le paysage:
    " Dans les Alpes suisses, les torrents ne cessent de grossir, emportant des villages entiers sur leur passage... Au Bangladesh... mais le Bangladesh n’existe plus, il n’y a plus qu’un trou émietté sur la côte indienne, qui ressemble à un gigantesque fromage mou dans lequel un géant affamé a planté ses dents...  En Italie, Venise achève de s’enfoncer dans la mer. Cette fois, c’est bien la fin d’une des plus belles villes du monde. La mer du Nord déferle vers l’Europe sans cesse gonflée par la fonte des glaciers du pôle. Le Danemark, la Hollande; la Belgique, la Normandie sont amputés chaque jour de dizaines de kilomètres carrés... "(...)
    " A force de balancer dans l’atmosphère des millions de tonnes de gaz carbonique et autres cochonneries suite à la combustion forcenée des énergies fossiles, pétrole et charbon en particulier, la température moyenne du globe s’est élevée en l’espace de quelques dizaines d’années. Oh! pas de beaucoup: quatre ou cinq degrés. Mais ça suffit pour accentuer ce que l’on appelle l’effet de serre. Résultat: l’eau des océans a subi une accélération de son évaporation. Des milliards de mètres cubes de vapeur d’eau se sont condensées au-dessus de nos têtes, formant autour de la planète une impénétrable couche de nuages. Et il s’est mis à pleuvoir, cette pluie que nous connaissons bien, que nous subissons sans trêve, cette pluie lourde et grasse, noire de toute la pollution ramassée en chemin. "
    Les villes se dépeuplent, les militaires sont sur le pied de guerre, même Claude Dracheline, le meilleur ami de Marchetti, a émigré avec ses parents vers des lieux plus cléments. Seule Aïcha, enfant des ZUP et autres ZAC, jeune fille de harki, ne sait où aller. Fière et abandonnée, elle hante encore des immeubles déjà condamnés par la pluie. Quant à Marchetti, il aide son papa à construire une arche qui les emmènera vers les étoiles, vers une autre terre. Avec sa maman, Chloé, il rapporte toutes sortes d’objets électroniques laissés là, à disposition, dans de rares entrepôts encore approvisionnés:
    " De toute façon, ces expéditions étaient le plus souvent inutiles. Les entreprises et entrepôts abandonnés étaient pillés jusqu’à l’os, les autres ne montraient que des présentoirs vides. Il pleuvait, il pleuvait, tout le monde foutait le camp. La plupart des routes traversant le plateau étaient devenues impraticables, les pontons montés par le Génie pour permettre la traversée de la plaine inondée s’effondraient les uns après les autres et n’étaient pas remplacés. Le tissu social continuait de se défaire maille par maille. "
    La situation se dégrade nettement lorsqu’une bande de "grands" les attaque, visant plus particulièrement la grange où papa construit son engin. Heureusement, maman les met en fuite. Très motivé par l’urgence, papa accélère l’installation de sa petite famille à bord de l’arche, n’oubliant pas d’emmener, comme il est écrit dans les textes canoniques, un couple de chaque animal domestique encore vivant autour d’eux : chien, chat, mouton, vache, etc., et, pour tenir compagnie à Marchetti, le veinard, sa copine Aïcha,  future promise du narrateur.  L’arche s’élève traversant une épaisse zone nuageuse, témoin de l’universalité de la catastrophe:
    " La terre, comme vous le savez, est mal partie. Combien de temps cette pluie tropicale que nous avons nous-mêmes déclenchée va-t-elle durer ? Un an? Dix ans ? Cent ans ? Personne ne peut le dire. En conséquence, de combien de mètres, ou de centaines de mètres, l’eau va-t-elle monter ? Cela non plus personne ne peut le dire. Ce qui va se passer ensuite, par contre, nous pouvons le prévoir: isolée des rayons du soleil par le bouclier de nuages, la terre va se refroidir. Toute cette eau déversée va geler, notre planète connaîtra un nouvel âge glaciaire. "
    l’arche débouche à l’air libre sous un ciel constellé d’étoiles, libre de voguer vers une nouvelle terre.
    Un petit récit d’Andrevon destiné aux enfants de huit à quatorze ans. Bien que le thème du nouveau déluge soit totalement éculé, le texte n’en est ni naïf, ni pétri de cette fausse sensiblerie si commune à ce type de littérature pour la jeunesse. Au contraire, l’auteur en profite pour y distiller quelques messages qui lui tiennent à coeur, de l’anti-racisme, du danger de l’industrialisation à outrance, en passant par l’écologie et l’amour de la nature.

  2. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 2 Auteur: Jean-Pierre ANDREVON Parution: 1973
    Roll et Réda, un couple de jeunes barbares, vivent en harmonie au sein de la forêt. Entièrement adaptés à leur environnement, ils goûtent une vie intense au sein du Clan des Hommes, s’adonnant à la chasse dans laquelle ils excellent. Sans mémoire pour une histoire passée où cet endroit s’appelait la France, où des vestiges incompréhensibles et des inscriptions illisibles témoignent d’une violente guerre passée, Roll et Reda s’aiment et leur avenir est celui des gens heureux :
    « Roll et Réda contournèrent la pierre rectangulaire. C’était un bloc minéral très dur et très lisse, qui avait plusieurs coudes de long, et semblait profondément enterré dans le sol dont il émergeait en biais, comme une pièce de bois qui jaillit du courant où elle vient de plonger.
    Cependant, ce qu’il avait de particulier, c’était naturellement ses arrêtes parfaitement rectilignes, ainsi que les signes à demi-effacés, gravés superficiellement dans la pierre, et qu’on pouvait encore distinguer sur la plus large de ses faces. Les signes se décomposaient ainsi :

  3. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: Jean-Pierre ANDREVON Parution: 1982
    La petite Clo ne descendra pas dans l’abri anti-atomique malgré des appels pressants en provenance de la rue. Elle se promènera toute seule dans la grande ville si vide. Pas entièrement, puisqu’elle fait la rencontre de Bastien et d’Antoine, des " grands ".Ensemble, ils iront jusqu’au zoo pour libérer de leurs cages toutes les gentilles bêtes, girafes, rhinocéros, tigres, paons, crocodiles, etc.
    Même un si beau rêve est de courte durée. Car l’alerte nucléaire annulée (c’était une fausse alerte), les gens réinvestissent la ville, les animaux leurs cages et Clo retrouve sa maman.
    Un charmant conte pour enfants sages de neuf à dix ans ; ce qui n’empêche pas Andrevon d’y distiller de fielleux petits messages, comme celui-ci :
    " Le tigre feula, s’avança dans l’allée en balançant sa queue, plus beau dans sa peau rayée que le plus beau des manteaux de même peau portée par la plus belle et la plus bête des femmes. "

  4. Type: livre Thème: le dernier homme Auteur: Jean-Pierre ANDREVON Parution: 1988
    Andrevon-le-narrateur , installé dans sa propriété du Mont (une ferme), munis de quelques conséquents packs de bière, de nourriture, et avec pour seul ami son chat Lascard, survit (provisoirement) à la fin du monde. Le grand jour, qu’il a daté du sept septembre, a gommé toute l’humanité (peut-être) de la surface de la terre. Epargné par hasard, subissant le syndrome de Malevil, il assiste, stupéfait, à la montée d’un fleuve de boue brûlante (du magma ?) qui recouvre progressivement les vallées environnantes, ne délaissant que son seul promontoire. Une lumière grise et fixe baigne le paysage.
    En attendant de mourir de faim, ou grillé, ou noyé, Andrevon-le-narrateur se livre à une mise sur papier de ses fantasmes les plus intimes, récapitulant toutes les femmes qu’il a connues, de Claude à Mahi-Thé, de Colette à Marie-Angèle. Il nous décrit ses préférences en matière de sexualité, son attirance obsessionnelle pour les poils et le cunnilingus, son goût de la masturbation (bien obligé, heureusement qu’il aime ça !), son rejet de l’homosexualité :
    « Je peux, vraiment ? » Pour toute réponse, j’écarte largement drap et couvre-lit, masquant mon érection dans l’angle relevé de mes cuisses. Je bande à en avoir mal. Elle se glisse près de moi, le bruit de son corps qui froisse les draps m’assourdit les tympans. Son odeur monte de plusieurs crans, elle m’envahit par tous les pores, sa sueur, le musc de son sexe pas lavé depuis longtemps, ses relents fauves. »
    Détaillant les péripéties d’un écrivain (fictif) de science-fiction, spécialiste en fins du monde et en matière de femmes, il explore minutieusement les aléas amoureux et parfois professionnels d’un homme aux alentours de la cinquantaine:
    « Tant de choses qui sont parties en fumée, qui se sont dissoutes sans que je m’en rende compte ou qui se sont brutalement brisées dans mes doigts en m’entaillant le cuir. Tant de choses, tant de gens. Cette sorte de gens : les femmes, que j’ai aimées, ou au moins désirées, et va tracer la frontière ! Celles qui vous échappent. De toute façon, celles qu’on regrette le plus, ce ne sont ni celles qu’on n’a pas eues ni celles qu’on a eues complètement. Ce sont celles qu’on n’a pas eues assez. Celles qui se sont échappées en cours de route, en plein milieu du chemin qu’on croyait pouvoir suivre encore un bout de temps. Françoise, Josy, Mariangela. Celles qui vous lâchent au milieu du gué. Tu connais cette réflexion de Jacques Sternberg : on annonce toujours le décès des hommes célèbres mais jamais leur naissance. L’amour, c’est l’inverse. Tu sais la première fois que tu fais l’amour avec une fille, tu ne sais jamais quand c’est la dernière. »
    Jouant constamment avec le code romanesque, introduisant son jeu (son je ?) dans tous les domaines, il se rappelle son passé en un dernier effort d’écriture, sorte de carnet intime de plus de deux cents pages qu’il brûlera à la fin, seul de son espèce, Lascard même ayant disparu dans la quatrième dimension du néant, assuré que personne n’aura à lire ces pages (nous comptons pour du beurre) puisqu’elles ne seront jamais publiées, les éditeurs étant sous la boue, et que rien ne vaudra jamais la vie, surtout pas un roman:
    « Combien de temps que j’écris, que je range, que je classe, que je colle ? Cinq, six, sept semaines ? Ca fait beaucoup de toute façon. Et rien ne change. Ni la température, ni la lumière sans lumière. Le temps ne change pas. Le temps s’est arrêté. Pourquoi je continuerais ? J’ai tout dit. Le cul, le cul, le cul. Qu’est-ce qu’il y a d’autre à retenir dans une vie, quand on n’est pas Ghandi, Cousteau, Louis Lumière, Picasso, Pasteur, Pasqua, Pandraud, Hitler, ces gens-là?Rien d’autre que le cul. »
    Les interférences entre la vie, les préférences de l’auteur et celles du narrateur sont étroites,  mais constamment gauchies, déformées, fantasmées, et profitent du sentiment d’étrangeté que dégage le décor d’un paysage en perdition, alors que, dans le même élan, sont passés en revue les divers thèmes qui fondent le genre cataclysmique :
    « Au moins je n’entendrai pas le cri de mort de la dernière baleine, du dernier éléphant, du dernier rhinocéros, du dernier tigre, du dernier kangourou. Je ne verrai pas la mer méditerranée terminer son agonie étouffée par les 12000 tonnes d’huile, les 60000 tonnes de détergents, les 10000 tonnes de mercure, les 2400 tonnes de chrome que nous y déversons chaque année. Je ne serai pas irradié par les 90000 m3 de déchets radioactifs que mon beau pays nucléaire aurait eus sur le dos en l’an 2000.  Je ne verrai pas en l’an 2000 la couche d’ozone finir de se déchirer parce que des industriels de merde continuent de fabriquer et de vendre du fréon Je ne verrai pas en l’an 2000 nos dernières forêts se recroqueviller sous les pluies acides. Je n’aurai pas 63 ans en l’an 2000. Je ne verrai pas arriver lentement ce qui est arrivé en quelques secondes il y a deux mois, la mort de l’herbe et de l’air et de l’eau, la mort de la Terre, réfugié sur un dernier rivage, bonjour la science-fiction, bonjour le cinéma. (…) J’ai deux mois de bonus devant moi. Deux mois, en me masturbant deux fois par jour, ça fait cent vingt coups à tirer. Qui pourrait en dire autant ? »
    Œuvre habile et à part dans la production de l’auteur (le vrai Andrevon). Tout à la fois témoignage d’une volonté de catharsis, d’une intention de faire le point arrivé au midi de sa vie, alors que la composante catastrophiste omniprésente est niée, et qui, obsessionnellement, gravite autour de la seule tension qui importe dans l’art et dans la vraie vie, soit la force du désir. Le roman, loin d’être l’œuvre d’un monomane sexuel, s’inscrit pleinement dans notre domaine.

  5. Type: livre Thème: menaces climatiques, sociétés post-cataclysmiques 1 Auteur: Jean-Pierre ANDREVON Parution: 2003
    Fershid Ben Ezir le palestinien est aussi le pilote présent dans Clim-Sat 2, le premier et le dernier satellite météo habité, dont le but est d’observer l’évolution du climat terrestre en cette année 2023. Avec ses compagnons, il assiste à la naissance de redoutables cyclones qui balaieront les côtes, puis l’intérieur des continents, provoquant une catastrophe mondiale,  qui les laissera désemparés. Leur base, Kuru-2 ne répondant plus à leurs appels, ils décident de se mettre en phase végétative pour cent ans, histoire de laisser passer le temps et de retrouver un appui terrestre.
    A son réveil, Fershid constate deux faits désagréables : 1. ses compagnons sont tous morts, victimes d’un défaut d’ordinateur et 2. le temps écoulé a été bien plus long que prévu puisque l’horloge de bord indique l’année 2345. Désespéré, après avoir mis en action la cellule de survie, il replongera sur une terre profondément transformée par la montée des océans. Il amerrira dans ce qui est devenu le Bassin de Picardie. Se servant de sa cellule comme d’une barcasse, il se dirige vers le site de Paris qui dort dans l’eau tiède d’un climat tropical. Là, près de la colline de Montmartre émergée, l’attendent les palétuviers et une quantité de bêtes sauvages qui ont reconquis leur ancien territoire :
    « …Au-dessus d’un empilage de toits partagés par des canaux boueux, la butte Montmartre s’élève, couronnée par l’architecture bulbeuse du Sacré-Cœur qu’un rai de lumière huileuse, échappée du plafond bas, nimbe d’ocre et de rose. Plus loin, la tour Eiffel se dresse écornée de son dernier étage, qui pend contre la charpente métallique rouillée. Une tempête plus dévastatrice que les autres ? Un avion fou ? Qu’importe. La tour Montparnasse ressemble à un chicot ébréché mais, là-bas, dans l’atmosphère tremblotante de ce crépuscule où couve un orage en suspens, les gratte-ciel de la Défense semblent intacts. »
    Authentique Robinson en cette immensité déserte, il ressent un soulagement intense d’entendre soudain le moteur asthmatique d’une grande barge sur laquelle évoluent des humains à l’allure inquiétante et aux costumes chamarrés. Pour son malheur ce sont des pirates,  pour lesquels tout naufragé est un esclave en puissance. Pris à bord, il est immédiatement mis à la tâche, rendue d’autant plus nécessaire que toute technologie semble avoir disparue.. Grâce à Driss, une esclave noire à laquelle l’unissent bientôt de tendres sentiments, il put être sauvé par des intervenants extérieurs au visage plus avenant et sans aucun doute plus évolués. Les pirates anéantis, le commandant l’achemine vers la Nouvelle Scandinavie à bord de son « Dauphin Blanc», où siège le gouvernement de la fédération maritime de l’Europe du Nord. :
    « La Nouvelle-Scandinavie, vue du large, se présente à Driss et à Fershid comme un maillage de petites constructions en dôme, couleur pastel, qui escaladent une colline verte. Le port lui-même est solidement pris en tenailles par une succession de hautes digues en quinconce –une solution simple et originale pour briser les vagues en cas de tempête. A l’intérieur du bassin ovale, des centaines de catamarans de toutes taille se balancent. Les deux rescapés sont admis le jour même auprès du régulateur, qui possède son logement personnel dans les bâtiments du Sénat, une sorte d’amphithéâtre couvert, à l’enceinte irrégulièrement ondulée. Tout est circulaire ici, note le pilote. Une manière efficace de lutter contre le vent. »
    Ils seront accueillis par le sénateur Marchetti qui met les naufragés à l’aise. Il connaît Fershid. Il sait qu’il est pilote. Il a suivi sa descente sur terre car il reste encore trois satellites opérationnels. Quoique le monde ait été totalement transformé par une montée des eaux due à l’effet de serre, quoique l’on ait enregistré une perte de plus de cinq milliards d’êtres humains, l’espèce humaine n’a pas totalement été balayée. Les survivants se sont adaptés à cette nouvelle terre nettoyée de sa pollution, et se sont tournés vers la mer, se jurant de ne plus commettre les erreurs de leurs ancêtres. Fershid et Driss ont naturellement une place toute désignée dans ce monde nouveau.
    Une fable et un hommage à Marion Zimmer Bradley qui, avec sa nouvelle « Marée montante » a joué le rôle de pionnière dans le domaine de la science-fiction écologique. Comme d’habitude chez Andrevon, le souci du détail et du mot juste, les personnages solidement campés, rendent cette lecture agréable aux adolescents à qui elle est destinée

  6. Type: livre Thème: épidémies, le dernier homme, fins du monde, fins de l'humanité Auteur: Jean-Pierre ANDREVON Parution: 2006
    les titres des nouvelles sont :
    De longues vacances en perspective
    Eau de boudin
    Le Zoo
    Une orange bleue vue d’en haut
    La Plaine aux éléphants
    Le Dernier homme dans Paris
    La Tigresse de Malaisie
    Dans la cave
    Area 267
    La Princesse des rats
    Le jeu avec Leelah
    La catastrophe qui décimera l’humanité, une épidémie violente intitulée le « PRISCA », clôt la pièce en sept jours.
    Le premier personnage à apparaître est le commandant Paul Sorvino, sélectionné pour la survie par l’armée, le PRISCA ayant déjà frappé de par le monde. Séparé de sa femme Isabel, il rejoindra la base Area 267 en Californie, où, avec une poignée de volontaires triés sur le volet, il sera mis en hibernation, seule méthode qui permettrait de dépasser la pandémie et de renaître en une époque où le virus aurait été vaincu. Sorvino, qui a ouvert le drame en prenant de longues vacances, le fermera également, réapparaissant dans la dernière nouvelle.
    « Eau de boudin » nous précipite au cœur de la catastrophe, à Paris. La petite Laurence, Lolo, se réveille un matin avec sa maman qui meurt devant elle, manifestant les symptômes d’une violente grippe. En voulant appeler du secours, elle se rendit compte des rues désertes, que le téléphone sonnait dans le vide et que partout résonnaient des sirènes d’ambulance. Le virus ESH (Processus Intercellulaire de Séparation), rebaptisé ultérieurement PRISCA, venait de fondre sur l’espèce humaine. Le lendemain, seul le silence attend Laurence, épargnée par le fléau par l’on se sait quel hasard. Laissant là sa mère morte, elle s’aventure dans les rues, livrées aux oiseaux lors d’une merveilleuse journée d’été.
    Dans cette nouvelle, au lendemain de la catastrophe, Lolo rencontre Antoine et Bastien, le futur « Voyageur». Ils prennent possession d’une ville vide, les gens ayant préféré, dans l’ensemble, mourir chez eux :
    « Mais nous avons survécu. Il y a des survivants…
    -Combien ? Un sur cent ? Un sur mille ? Une épidémie ou une catastrophe qui extermine d’un seul coup tous les membres d’une même espèce, ça n’existe pas.  La peste ou la grippe espagnole n’y sont pas parvenues. Et malgré toutes les conneries qu’on raconte sur la comète tueuse et ce genre de blabla, même les dinosaures n’ont pas disparu en un clin d’œil. Il a fallu plusieurs centaines de milliers d’années. N’empêche qu’ils ont quand même disparu. Nous devons faire partie des privilégiés ayant développé un mécanisme immunologique à la souche primale. Mais que l’ESH mute, et nous serons bons pour la prochaine fournée… »
    Ils pourront se livrer à toutes les actions que donne une totale liberté, comme, par exemple, manger des glaces, ou se gaver de pâtisseries. Soudain l’idée traverse Lolo qu’ils pourraient faire une bonne action en libérant les bêtes emprisonnées au zoo de Vincennes.
    Bastien (de son vrai nom Sébastien Ledreu) est un jeune anthropologue, spécialisé dans la vie des baleines ; donc, cette idée lui convient immédiatement. Lolo, qui adore les éléphants, libère aussi les fauves. Ainsi, pourront-ils voir quelques jours plus tard, les bêtes prendre possession de la ville :
    « Ils virent aussi, cours Parmentier, les girafes au long cou brouter l’envers des platanes ; rue des Bonnes un python réticulé enroulé autour d’un réverbère ; le gros lion folâtrer avec sa poignée de lionnes en plein milieu du parking Salvador Allende… Ils entendirent au loin le choc aquatique des hippos qui plongeaient dans la rivière depuis la voie sur berge et la course éperdue d’un ongulé, sûrement traqué par un carnivore silencieux, sur les pavés des vieux quartiers. »
    Antoine quittera le couple. Bastien, jouant le rôle d’un grand frère (amoureux) s’occupera de Lolo dans la ville désertée.
    Dans la nouvelle suivante « une Orange bleue vue d’en haut», changement de perspective. Le surveillant humain d’un satellite militaire ayant pour mission de parer à une éventuelle attaque balistique, observe la terre de haut. Il dépend de la base de Vandenberg en Californie qui, après un long silence, l’avertit de passer en alerte rouge, les Chinois ayant envoyé des missiles nucléaires sur Taïpei, voudront sans doute anéantir le satellite :
    « Il est au-dessus du nord-ouest de la Chine, cette foutue putain de Chine sur laquelle se lève une aube de mauvaise augure, lorsque la voix de Vandenberg, reliée par le complexe MPSS (dans le jargon : Multi Purpose Satellit System) éclate dans son casque. Cette fois, c’est l’alerte rouge. Les Chinois ont bien décidé de jouer aux cons, un milliard quatre cents millions de cons, moins ceux que la pandémie a étendus pour le compte, un max il faut l’espérer. Les Chinois, c’est officiel, ont donné trente minutes aux Etats-Unis pour désactiver leurs NAOS… »
    L’observateur veille au grain. Il désintègre les missiles des Jaunes envoyés à son encontre mais n’a pu empêcher d’être atteint par les radiations, ce qui le condamne. Lorsque Vandenberg lui annonce que la pandémie du PRISCA a touché la Terre entière et que, dans ce cas, il importe de déclencher le feu nucléaire sur la Chine, Giordano hésite. Perdu pour perdu, l’homme livré à la destruction fait une fleur à la Chine, avant de rejoindre sa tendre Barbara en se suicidant : il anéantit la base de Vandenberg :
    « Lorsque, cent minutes (et des poussières) plus tard, il survole une fois de plus le Nouveau-Mexique qu’une météo exceptionnelle dégage entièrement, il peut observer sur l’écran de son VLT le champignon gris, au tronc noueux et au chapeau plat, qui oscille dans l’atmosphère lourde de poussière à dix kilomètres d’altitude. Le champignon est si grand qu’il peut même le voir à l’oeil nu, enraciné sur une ombre oblique plus grande que lui, qui s’étale en travers d’une plaine rousse ressemblant à s’y méprendre à la surface de Mars. Mars, il ne connaîtra jamais. Mais, au moins, Vandenberg n’emmerdera plus personne. Dites-moi merci, les Chinois. »
    Onze ans après la pandémie. Sébastien Ledreu et Laurence, devenue une spécialiste des éléphants, se sont déplacés, avec de nombreuses difficultés, en Afrique, au Burundi, sur les traces d’une harde prodigieuse de proboscidiens.
    A peine arrivés en dirigeable, et malgré l’intense chaleur due à l’effet de serre, ils se mettent en chasse en compagnie d’un guide africain, l’un des survivants. A l’approche de la harde, la vision de centaines de milliers d’éléphants est tellement intense que Laurence, subjuguée, disparaît dans le troupeau. En dépit d’une recherche désespérée, Sébastien reviendra seul en France, à Paris.
    Des années plus tard, Sébastien déambule dans la jungle qu’est devenue la capitale de la France. Il a développé des aptitudes psy : il comprend intuitivement les animaux, leurs motivations, leur sensation de faim ou de plénitude. Ces animaux relâchés jadis, ont proliféré, transformant la ville en un nouveau paradis terrestre :
    « Ainsi vide et nue autour  de l’axe central  de l’obélisque de Louqsor dressé comme une aiguille incandescente pointée vers l’infini, la Concorde, épargnée par la marée végétale, ressemblait aux gravures du XIXème siècle, ou du XVIIIème, sauf que les fiacres et les promeneurs en gibus avaient été remplacés ce jour-là par sept girafes musardant, et un pangolin solitaire qui se hâtait en diagonale, sa cuirasse de mailles luisant au soleil, vers l’ancien  ministère de la Marine. »
    Du crocodile se prélassant sur les quais de la Seine, au bison refusant avec obstination de lui céder la priorité sur le Pont Royal, Sébastien participe de la vie frémissante, étant accepté par tous les animaux.
    Il dormira avec une panthère à ses côtés, goûtera l’étrangeté rousseauiste  (tenant autant de Jean Jacques que du douanier) d’une terre où subsistent encore les fantômes des femmes qu’il a aimées jadis. Mais son don le quitte peu à peu, l’obligeant à la prudence, puis à l’abandon de la ville.
    Sebastien n’est pas le seul à rechercher un contact humain. Anne de Cloarec, une autre survivante, explore la région d’Albi, sur les traces d’un homme qui pourrait encore lui faire un enfant. Sa trajectoire l’amène d’Albi à Castres, puis, après une pause dans une ferme, elle remonte vers le Larzac où elle rencontre Sammy Vermelat, un vieil homme sale et crasseux au pénis flasque, incapable de la féconder, malgré de multiples tentatives.
    Elle reprend donc sa route, vit quelque temps avec une consoeur, Malika, son antithèse. Malika ne veut pas d’enfants, il lui est indifférent que l’espèce humaine s’éteigne. Enfin, un message d’un certain Pierre, fixé à un arbre, prouve que cet homme est encore en vie. Elle erre à sa suite dans Montpellier, Nîmes, Avignon, Arles, puis dans Marseille, à moitié sous les eaux.
    C’est dans les Causses qu’elle fera la rencontre tant attendue. Pierre disparaîtra au petit matin, la laissant enceinte. Le destin d’Anne sera semblable à celui du «  tigre de Malaisie » qui s’est éteint parce que les derniers représentants de l’espèce, trop peu nombreux sur un territoire trop grand, n’auront pu se rejoindre.
    « Dans la cave » relate l’abominable histoire d’une fillette qui deviendra « la Princesse des rats ». Enterrée sous un grand magasin – donc sans problème de ravitaillement - avec sa mère, la petite fille parcourra le chemin inverse de l’évolution :
    « Lorsque la princesse se blottissait contre elle, elle avait l’impression que sa maman était de plus en plus maigre, qu’elle fondait, que ses bras  et ses jambes étaient de plus en plus semblables à des morceaux de bois sec.(…)
    Maman vomit de plus en plus souvent. La nuit, elle l’entendait gémir, tandis qu’elle se tordait sur sa couchette comme un ver de terre coupé en deux. Le jour, elle la voyait palper son ventre creux, elle voyait les mains brunes aux doigts crevassés tâter la peau de son ventre, comme s’ils voulaient s’y enfoncer pour y chercher quelque chose, peut-être la cause de son mal. – Quelle saloperie… Quelle saloperie ! répétait-elle. »
    Restée seule après la mort de l’adulte, avec pour toute culture quelques magazines montrant le monde humain, elle entrera en empathie avec les rats dont elle deviendra la déesse tutélaire. Elle les protège, leur ouvre des boîtes de conserve, et observe, à travers un soupirail infranchissable, l’extérieur inaccessible, les premiers flocons d’un hiver à venir.
    Dans l’univers clos de la cave, il se passe peu de choses. L’arrivée d’une louve , qui cherche un endroit sûr pour accoucher, bouscule l’ordre établi. La présence de la petite fille est acceptée. Plus tard, la louve partie à la chasse et les louveteaux au chaud dans la cave, les rats les tuent, les uns après les autres. La louve, au désespoir de la princesse, emmène son dernier rejeton pour le soustraire au danger et disparaît de son univers.
    Retour à Area 267. Le commandant Paul Sorvino vit dans son monde virtuel, entouré de robots à ses soins. Sorvino tue le temps dans des jeux virtuels. Il se bat contre des tyrannosaures, des lions ou des éléphants, s’invente des combats, affronte ses clones, fait l’amour à des femmes de rêve, concrétisées pour que des automates puissent récupérer sa semence.
    Ancienne recrue de la SSDA (Service Scientifique des Armées), le commandant Sorvino se lasse de cette vie jusqu’à ce que, mystérieusement, la machinerie semble se détraquer. Un jour, il se réveille dans son bloc d ‘hibernation avec, à ses côtés, ses compagnons, tous morts du PISCRA.
    Il restera l’unique survivant des cinquante autres bases disséminées sur le continent américain, établies dans le même but : dépasser l’échéance fatale pour l’humanité. Enfin, les portes de l’abri s’ouvrent sur le monde réel :
    « Je suis le Pr. Saul Weinbaum. Vous pouvez me considérer comme le capitaine de ce bateau. Parce que nous sommes tous dans une arche, vous en avez conscience, n’est-ce-pas ? Vous vous trouvez à l’abri dans ce que l’on appelle dans notre jargon une Unité Autonome de survie prolongée. Il en existe un certain nombre disséminées dans le pays. Une cinquantaine, à ce que je crois savoir. Et même quelques autres ailleurs. Top secret ! Les bunkers de ce genre ont été conçus au milieu du siècle dernier, en prévision d’un conflit nucléaire avec les Russes »
    Il sera projeté hors de sa matrice, sommé de refaire le chemin de la vie aidé par quelques artefacts technologiques comme la voiture solaire ou le couteau magnétique. Il entreprend la traversée des USA vers l’Est.
    Quatre cosmonautes, Milena, Patricia, Isaac et Dayrush, chacun spécialiste en son domaine, se relèvent de leur sommeil prolongé dans leur engin spatial, quarante ans après la pandémie. Se rappelant qu’ils devaient constituer le noyau d’une colonie d’intrépides explorateurs interstellaires, ils constatent qu’ils n’ont pas bougé de leur orbite, avec une vue sur la terre où les reliefs sont subtilement transformés.
    Que s’est-il passé ? Pour le savoir, ils regagnent le sol avec leur « shuttle ». Se décidant à atterrir à Paris – une destination qui en vaut une autre-, ils posent brutalement leur engin sur l’esplanade des Invalides inondé, provoquant la mort de Patricia.
    Les trois survivants s’organisent, visitant une ville tropicale, submergée par les eaux, se servant du shuttle comme radeau, voguant dans des avenues transformées en autant de canaux. Ils éliront domicile dans un appartement de Montmartre qu’ils aménagent. Milena, enceinte d’Isaac, découvre bientôt que l’appartement est envahi par les rats qui, par milliers, s’enhardissent jusqu’à les attaquer. Repoussés avec des armes à feu puis à l’aide d’un lance-flammes bricolé, les rats battent en retraite, commandés, semble-t-il, par un être mystérieux, une sorte de rat immense :
    « La flamme fusa, déployant ses tentacules rouge et or dans la cage d’escalier, où ils s’éparpillèrent en volutes avant de s’écraser sur les murs qu’ils marbrèrent d’ombres brunes.
    Trois secondes, pas davantage. Mais, cette fois, le résultat fut à la hauteur : des dizaines de rongeurs brûlés jusqu’à l’os, globes oculaires fondus, se tordant entre les crocs de l’agonie en dégringolant les marches, poussés par ceux qui arrivaient derrière et n’avaient pas encore compris.
    Cris suraigus, prenante odeur de viande rôtie, de poils racornis. L’avalanche se tassa, le temps pour les astronautes d’atteindre le second étage. WOOOOOUSHHH! Une deuxième décharge prit de front les premiers rangs apparus à l’angle de l’escalier, Milena poussa un cri en décrochant de son épaule un gros gris qui, tombé d’on ne savait où, y avait atterri toutes griffes dehors. Un coup de crosse réduisit son crâne en grumeaux. »
    La dernière bataille sera décisive en provoquant la mort de Milena, puis la disparition de Dayshu parti à la recherche d’armes. Isaac reste seul avec, en face de lui, une marée de rats, qui, curieusement, ne l’attaquent pas. Il capture leur chef qui n’est autre que la « Princesse des rats ». Avec patience, il lui fera regagner , échelon après échelon, le stade de l’humanité,  dans son appartement de Montmartre. La Princesse, ayant à nouveau accédé au statut de femme, dira adieux à ses fidèles compagnons pour suivre Isaac dans sa conquête d’un monde vide.
    Dans la dernière nouvelle « le Jeu avec Leelah », le commandant Sorvino, couturé de cicatrices, a atteint la ville de New York. Il y fait la rencontre d’une troublante jeune noire, une Masaï, sensible et esthète, sans qu’il puisse dire si cette dernière est d’origine terrestre ou extraterrestre car elle semble en liaison avec « l’Oeil », un artefact lumineux suspendu dans le ciel qui, finalement, disparaîtra.
    Leelah lui laisse le temps de sortir de ses fantasmes avant de lui faire comprendre qu’elle deviendrait dorénavant son unique réalité. Seuls, comme quelques autres rares couples de par le monde, ils auront à vivre sur une terre qui ne leur appartient plus.
    Enfin, l’odyssée de Sébastien devenu « le Voyageur » ponctue chaque nouvelle, comme en interlude. Après la disparition de Laurence, il a pris la route du sud, témoin obligé de la disparition rapide des objets liés à l’activité humaine. Après une pause dans une commune de type utopique, il fera la rencontre de « la Folle de Valence », une vieille femme bloquée à un stade régressif de sa vie qui refuse la réalité actuelle. Elle « joue » à la télévision, vit dans les détritus, et répète à l’infini les diverses phases de la catastrophe. Peu à peu, les rencontres s’espacent. Autour de lui, les animaux abondent, sans peur.
    Il éprouve des sentiments de plénitude et de bonheur en s’endormant à ciel ouvert, dans ce monde neuf. Le temps chronologique a disparu, remplacé par la durée vécue et l’intensité des sensations. Subissant un énorme orage sur le chemin d’Avignon, il évitera prudemment trois lionnes apparues brusquement devant son cheval. Pour se sécher, il s’abrite dans une ferme déserte mais ne peut éviter le début d’une pneumonie qui le conduira à la mort, terme définitif de son long voyage.
    « Le Monde enfin » est un ouvrage étonnant qui, dans notre domaine, n’a aucun équivalent sauf, peut-être « Demain les Chiens » de Clifford Simak. Il s’agit d’une tentative (réussie) de mettre «en abyme » une série de nouvelles s’établissant autour d’un même thème, la fin de l’espèce humaine et la résurrection d’un monde débarrassé de l’homme.
    Chaque nouvelle peut se lire séparément mais, enfilées comme des perles sur un même fil, elles forment un ensemble gagnant en cohérence au long de l’ouvrage. Le fil conducteur rythmant la vie du roman se concrétise dans la personne du « Voyageur », un vieil homme solitaire dont nous apprendrons l’origine peu à peu, qui, à cheval, et parce que plus rien ne le retient nulle part, pérégrine de Paris vers le sud de la France, sur les traces d’une (imaginaire) compagne, car il est l’un des rares rescapés de la grande extinction :
    « Le cavalier était un homme long et sec, qui se tenait voûté au-dessus de l’encolure de sa monture. Son visage et ses bras nus étaient bronzés mais, autrement, il portait bien son âge, c’est-à-dire plutôt mal. Son crâne était protégé du soleil par un chapeau de paille tressée, à large bord,  effrangé par l’usure et par places crevé ou rongé par des bêtes. Une ganse de cuir agrafée par un petit clou rouillé tordu en épingle à cheveux ceinturait la base du chapeau.
    Sous le chapeau, le crâne du cavalier était complètement chauve, tavelé de taches de son. Une couronne de cheveux d’un blanc jaunâtre, aux mèches emmêlées par la crasse, enveloppait ses tempes et, rejetés derrière ses épaules, pendait jusqu’à ses omoplates, nouée en catogan par un fragment de cuir provenant d’une laisse. »
    Solitaire, savourant la vie nouvelle qui jaillit de partout, il connaîtra une mort paisible au bout de son voyage d’ordre initiatique, signant de manière irréfutable la défaite définitive de l’humanité dans un monde dont il a été dépossédé :
    « Au bout d’un mois, le crâne comme le tronc se montraient nets de toute trace de viande. Le squelette était encore très blanc, trop neuf encore pour avoir eu le temps de jaunir au vent, à la pluie, au soleil, au temps. Le crâne avait roulé à quelques mètres du tronc, la mâchoire désarticulée mordait la terre de ses mauvaises dents, du plantain avait poussé en travers des orbites.
    Ainsi reposait le professeur Sébastien Ledreu, autrefois chercheur en paléontologie détaché au Muséum d’histoire naturelle de Paris. Au printemps suivant, la végétation vivace recouvrait complètement le squelette qui n’eut plus, au cours des années, qu’à s’imprimer peu à peu dans la terre, comme une signature. »
    Bien que toutes les nouvelles ne soient pas inédites (comme par exemple « la Nuit des bêtes » qui a paru antérieurement dans une collection pour enfants), l’on sent que le projet d’ensemble a longtemps été caressé  par l’auteur, affiné au fur et à mesure.
    La permanence dans le thème lui a permis de polir chaque nouvelle, de la travailler ou retravailler formellement, d’en ciseler la matière verbale pour en faire des récits qui ressortent de manière unique dans le domaine. « La Princesse des rats », à travers la description insoutenable de son mode de vie, en constitue un bon exemple.
    La bonne connaissance des ressorts du fantastique littéraire, du découpage cinématographique alliée à sa culture scientifique , font de Jean-Pierre Andrevon , avec plus de cent soixante ouvrages à son actif, l’un des plus brillants représentants de la science-fiction française.

  7. Type: livre Thème: l’apocalypse réalisée Auteur: Jean-Pierre ANDREVON Parution: 2004
    Cela avait commencé très discrètement. Le narrateur, employé dans un centre de crémation, en vit déambuler dans les prés. En rentrant, il aperçut sa fille Clémentine et sa femme Emilie absorbées par la télévision. De partout dans le monde, l’on annonçait que les morts revenaient à la vie, tels quels, dans leur état squelettique ou cadavériques. Enterrés de frais ou de longue date, ils dressaient leur carcasse pourrie, tendant de manière poignante et inoffensive leurs bras décharnés vers les vivants, comme poussés par un tropisme positif :
    « Ils sortent de partout, maintenant. Pas seulement de la terre des cimetières, mais tout aussi bien d’un vieux mur de pierre, d’un tumulus, de la paroi d’un bâtiment qu’on voit se gondoler, se craqueler, avant de libérer ce qu’il contenait : une substance éthérée, demeurée longtemps, très longtemps dans le calcaire, le granit, l’humus, et transportée avec sa gaine minérale devenue remblai, terrassement, brique, mortier, ciment, ayant servi à élever un bâtiment. (…) En quelques minutes le plus souvent, on le voit se condenser. On le voit reprendre chair, ou un semblant de chair racornie, accrochée à l’armature de son squelette reformé. Les plus récents portent encore des vêtements à divers degrés de décrépitude ou de loques. Les anciens, cent ans ou plus, bien plus parfois, vont nus : écorchés couleur de bois mort. »
    Sans que l’on en sût vraiment la cause, il semblerait, selon les savants, que la Terre soit entrée dans une zone magnétique inconnue que l’on baptisa la « nécrozone » dont l’effet aurait été de revitaliser toutes les dépouilles mortelles humaines depuis l’origine de l’humanité, ce qui faisait beaucoup de monde. A l’incrédulité première succédèrent les crémations, de plus en plus importantes et répandues, la seule question étant : « comment re-tuer tant de morts déjà morts ? ».L’on s‘aperçut assez vite que concasser, brûler, dissoudre, écraser ces carcasses ne servaient à rien : comme par magie, elles se reformaient, ressoudant leurs os pour se retrouver en individu complet et en état de marche.
    Emilie et Clémentine en prirent leur parti et, pleines de bonnes intentions, affichaient une grande bienveillance à l’égard des zombies que l’on massacraient de partout, comme par jeu. Elles accueillirent même sous leur toit la défunte belle-mère du narrateur, au grand dam de ce dernier,  jusqu’au moment où les zombies, dans un désir légitime de devenir intelligents,  se mirent à sucer la cervelle des vivants. Ce fut lorsque le narrateur détruisit le zombie familial par le feu que sa vie bascula, ainsi que celle de tous les vivants au monde. Comme les zombies étaient en tous lieux et représentaient désormais un danger, l’on employa des moyens industriels ou militaires pour les anéantir, jusqu’à l’utilisation d’une bombe nucléaire en Chine. Mais la méthode la plus courante fut de les brûler. L’on mena des expéditions militaires à l’aide d’une milice opportunément apparue :
    « Les corps étaient débarqués sur le terre-plein, par des militaires en treillis. Ils y étaient jetés  en tas obscènes, membres mêlés dans leur nudité parfois ultime de squelette. Un des camions était muni d’une benne basculante et lorsque son chargement s’est déversé presque à mes pieds, j’ai dû me détourner et reculer de plusieurs mètres, main plaquée contre ma bouche. »
    Après les avoir désarticulés à l’arme lourde, ce qui les rendait inactifs pour quelques heures, les zombies étaient entassés  sur d’énormes bûchers dressés dans des stades d’où ils empuantissaient l’horizon de leurs cendres…Au bout d’une semaine, les vivants comprirent que la lutte était vaine. Les sociétés se délitèrent les unes après les autres, les nouvelles en provenance de l’étranger cessèrent. Le narrateur qui avait été obligé de quitter sa maison, se retrouva à l’intérieur d’une caserne où quelques centaines de résistants , toutes classes sociales confondues, tentaient de survivre vaille que vaille. La vie dans ce camp s’organisait sans contraintes, l’approvisionnement en nourriture  étant assurée par un centre commercial proche ; les seules occupations des assiégés étant de « casser du zombie » ou de faire l’amour :
    « -Tu sais qu’il y en a qui le font avec eux ? murmure mon compagnon. – Qui font quoi ? il gratte sa panse débordante crépis de poils gris ; ses petits yeux brun-vert brillent de contentement. – Qui les baise, pardi ! J’ai dû le fixer avec une trop visible mimique d’incrédulité, car il éclate d’un rire gras. – Qui les baise, oui, a-t-il répété, content de son effet. –Tu déconnes… ce n’est pas possible. – pas possible ? Qu’est ce que tu veux dire ? Physiquement ou psychologiquement ? – je ne sais pas. Ils sont dangereux. Ils sont répugnants… - Et enculer des gosses de trois ans, ou de six mois, c’est pas répugnant ? Il y en a qui le font, pourtant… Ou qui le faisaient. Le sexe mène le monde, mon vieux. Même aujourd’hui. Et pour certains, toute expérience nouvelle est bonne à tenter. »
    Le narrateur y rencontre une guerrière noire, Fatoumata, qui devint son amie, puis sa maîtresse. Avec elle, il participa à plusieurs sorties couronnées de succès mais qui laissèrent de nouveaux morts sur le terrain, lesquels devenaient de suite de nouveaux ennemis. Il constatait également que les zombies changeaient. Leurs corps étant devenus plus fermes, plus remplis, leurs yeux moins vagues, leurs gestes plus rapides et précis dénotaient l’intelligence d’un enfant de trois ans. Des myriades d’entre eux stationnaient devant la caserne. Pour desserrer le carcan et se procurer de l’essence, l’on projeta une sortie jusqu’à la zone industrielle des Mézins, ce qui tourna à la catastrophe. Peu nombreux furent ceux qui en revinrent vivants comme le narrateur et Fatoumata.Le couple savait qu’ils étaient parmi les derniers humains « normaux » sur terre. Réfugiés dans le grenier –les zombies ayant pris possession de la caserne-, leur avenir était tout tracé : ils allaient mourir… et renaître.
    « L’ère nécrozootique » pouvant durer des milliers d’années, que deviendrait une terre remplie de zombies et sans vraie humanité ? Ni lui, ni Fatoumata ne le savaient. Dès que le narrateur aurait achevé la dernière ligne du journal qui relaterait ces événements (pour qui ?), il partirait, tenant sa compagne par la main, à la rencontre de son destin :
    « Je me demande ce qu’ils vont faire. Je veux dire : ce qu’ils vont faire de la Terre. En ont-ils seulement une idée ? Ou, comme les animaux, sans vision du futur, se contenteront-ils d’exister au jour le jour ? Je pense à notre pauvre planète, que six milliards d’individus ont réussi à saccager de fond en comble, courant en toute inconscience à la catastrophe terminale. Quel pourrait être l’impact de cent milliards de zombies (à supposer qu’ils soient cent milliards) ? Nul, peut-être. Je ne les imagine pas remettre en route les usines, continuer à polluer, à bétonner, à épuiser les dernières ressources fossiles. Etant donné que le soleil leur suffit, qu’ils n’ont aucun besoin de se nourrir grâce à cette sorte de photosynthèse qui les anime, ils ne devraient pas faire beaucoup de mal à la Terre. Mais est-ce que je ne devrais pas plutôt écrire : nous ne devrions pas faire beaucoup de mal à la Terre ? »
    Le roman d’Andrevon est une réussite. S’emparant d’un sujet difficile à la thématique éculée dont les poncifs et les clichés auraient fait hésiter plus d’un écrivain, l’auteur sublime le sujet dans l’humour, l ‘énorme, l’extraordinaire. Chez lui la catastrophe est vraiment universelle. Les zombies,  sans vraie agressivité, juste à travers leur «inquiétante étrangeté », font disparaître les humains de la terre. Le thème de l’altérité lui permet aussi de montrer les plaies dont notre vingtième siècle a fait l’expérience, celles du fascisme, des camps de concentration, de la haine raciale, de l’intolérance et de la guerre.

  8. Type: livre Thème: le dernier homme Auteur: Jean-Pierre HUBERT Parution: 1987
    Jacob Klopfenstein , qui habite Münchhausen en Haute Alsace, au bord du Rhin, est l’unique survivant d’une fin curieuse de l’humanité.
    Tous les êtres humains ont été pétrifiés comme dans le conte de la Belle au Bois Dormant  et apparaissent intacts sous la mince pellicule de gélatine translucide qui les enveloppe entièrement en les isolant de l’air. Bien qu’ils gardent toutes les apparences du vivant leur conservation n’en est pas moins fragile : le plus petit accroc dans la couche protectrice les fait entrer en décomposition.
    Jacob ignore pourquoi lui seul a été épargné,  ni ne connaît l’origine du désastre. Accomplissant depuis deux ans les gestes de la quotidienneté dans une nature hivernale, il anime son propre environnement en installant autour de lui les éléments d’un véritable théâtre.
    Avec l’arrivée du printemps et malgré le revêtement gélatineux, de nombreux corps se décomposent atteignant le stade de " ce qui ne porte aucun nom dans aucune langue ". Mais Jacob les jauge avec convoitise car sa faim grandit parallèlement  Il est vrai qu’il est :
    " Orcus, le grand nettoyeur, le charognard universel. Il savait à présent qu’il avait tué tout le monde, ou qu’on avait tué tout le monde pour lui (la nuance importait peu), et qu’il se devait de manger ce qui lui restait de ses semblables pour laisser un monde propre. "
    Une petite nouvelle réinscrivant un mythe ancien dans un décor moderne

  9. Type: livre Thème: invasions extraterrestres Auteur: Jean-Piere GUILLET Parution: 2003
    Les Martiens de Wells (le prophète !) sont de retour. Ayant réduit le reste des Terriens en esclavage, leur nature trop différente de ces derniers les empêche de les reconnaître comme des êtres pensants. Ils s’en servent comme du bétail, des vaches, dont il faut traire le lait, c’est-à-dire le sang, puisque les Martiens sont des vampires. En conséquence, ils ont bâti un centre d’élevage rationnel sur l’ancienne cité de Londres en ruines :
    « Le 2ème  cercle d’Oxford est une grande enceinte circulaire, où se pressent environ cent cinquante personnes, enfants, adolescents et adultes dans la force de l’âge. Trois arches dans le mur communiquent avec les compartiments voisins : au sud, le 1er  cercle d’Oxford ; au nord, Cambridge ; à l’est, Chelsea Bis. On désigne aussi ces larges salles bétonnées comme des « arrondissements » d’une vaste agglomération. En tout, trente-deux arrondissements similaires forment la grande cité de Londres ».
    En confinant les humains dans des salles sphériques mais communicantes, il leur est loisible non seulement de les traire, mais aussi de changer leur litière, de les désinfecter ou d’éliminer les unités les moins productives (les vieux notamment ou ceux qui ont mangé du rat, ce qui rend leur sang incompatible avec le leur). Du côté des hommes, cette situation est vécue dans la fatalité et la passivité, dues essentiellement à leur méconnaissance  des intentions des Martiens, êtres qu’ils prennent pour des dieux.  L’invasion dont Wells (le prophète !) a parlé en premier est appelée la «Sainte Invasion » :
    « Autrefois, paraît-il, l’Humanité a vécu une longue période de purgatoire. Une période terrible. Les Londoniens connaissaient la souffrance, étaient victimes de pénibles maladies, devaient trouver eux-mêmes leur nourriture, devaient se vêtir (difficile à imaginer), construire des abris pour se protéger des éléments (encore plus bizarre…, des écarts de température, de l’eau qui tombait du ciel, des éclairs et du tonnerre… quel monde inconcevable !) Puis un prophète, Wells le visionnaire, a annoncé le premier la Sainte Invasion. »
    Nus, nourris, mis en stabulation, les esclaves humains ne pensent plus à se révolter. Au contraire, ils ont développé un ensemble de rites religieux pour expliquer les agissements des Martiens, « Maîtres » mystérieux et tout-puissants. En accentuant l’aspect religieux, la vénération à l’égard de leurs tortionnaires,  les « Prefesseurs », aidés par des acolytes, insufflent, en tant que médiateurs, la vraie foi à leurs ouailles qui doivent se soumettre en toutes choses. La première traite (prise de sang) est attendue avec impatience par les jeunes humains qui,  comme nouveaux initiés, pourront participer à un rituel d’accouplement, la sexualité formant le deuxième pilier de la stabilité dans la cage de Londres :
    « Garçons et filles sont nus, comme la plupart des occupants de la vaste enceinte bétonnée. Mais leurs longs cheveux ont été savamment tressés par leurs mères en arabesques complexes pour la cérémonie rituelle. Quand ils ressortiront de la chapelle du sacrifice, leur crâne sera rasé. Leurs aisselles et leurs organes génitaux seront aussi proprement épilés, de même que la poitrine et le visage des garçons. »
    Enfin l’ordre social est assuré par un « mâle dominant ».  En cet environnement clos, les Martiens-vampires (les Drocres) prélèvent régulièrement le sang des humains par rotation, en vue de l’expédier sur Mars pour approvisionner le Clone , une sorte d’entité collective. Les conditions de vie sur Mars (Rocre) sont devenues de plus en plus rudes, ce qui a rendu l’invasion de la troisième planète impérative :
    « La cargaison de lait en provenance du Troisième monde était la bienvenue. Car la famine menaçait le Clone drocre. Le monde souche, dans sa grandiose majesté, imposait des conditions bien rigoureuses au bourgeonnement de la vie »
    Aujourd’hui, l’humanité, réduite à néant, hormis quelques êtres sauvages hantant encore les ruines des premières cités, est prisonnière dans quatre centres d’élevage établi sur les divers continents.
    Georges, jeune bête humaine et curieuse, lors d’une traite, éveille la curiosité d’un jeune drocre  qu’il prénomme Will ; celui-ci tient à en faire un animal familier (Ggeg), qui pourra lui rendre de menus services. De retour en salle commune, Georges est perçu de manière ambivalente par ses congénères : les uns l’évitent, les autres le craignent mais personne – pas même le mâle dominant - n’envisage de lui faire du mal puisque c’est un protégé des dieux. D’autre part, un vieux drocre à l’instinct dévié s’est pris d’affection pour Margie, une splendide jeune femelle qu’il emmène sur Mars lors d’un de ses voyages. Elle survit difficilement à l’expédition et, sans les soins attentifs de son protecteur,  ne reviendrait pas sur Terre.
    Georges/Ggeg, à travers la fréquentation constante avec Will, prend progressivement conscience de l’état d’abaissement des humains. Ne laissant rien paraître de son irritation, Ggeg est embarqué par Will à bord d’un tripode. Le Martien veut lui montrer le monde extérieur à la cage et jouir ainsi de sa surprise :
    « A toute vitesse (pour s’amuser un peu des soubresauts de Ggeg) il (= le drocre) dirigea son tripode vers l’antique Repaire des animaux. Envahi par la végétation, c’était un fouillis de pierres disloquées et de poutrelles tordues ; des squelettes de bâtiments qui portaient par endroits les traces calcinées des canons infrarouges ; des ponts effondrés au milieu du fleuve ; les restes d’une tour ridicule »
    Soudain, un événement inattendu met le feu aux poudres, l’assassinat d’un humain sauvage par Will qui réduit l’homme en cendres au moyen du rayon ardent. Par surprise, Georges blesse Will, s’empare du tripode, le manœuvre maladroitement, tue quelques Martiens, défonce le toit de la stalle Chelsea 2 et met pour la première fois les siens en contact avec le vaste monde. Traumatisés par le trop-plein d’espace libre,  les humains refusent de suivre Georges, lui reprochant d’avoir attenté à leur sûreté :
    « Le premier jour, de très nombreux curieux se sont pressés hors de l’enceinte de Londres… sans trop s’éloigner. Mais les étranges conditions à l’extérieur troublent les plus braves : le soleil aveuglant, trop chaud ; le sol inégal, les cailloux qui blessent les pieds nus;le vent qui agite follement les herbes rouges ; les bruits inquiétants d’animaux inconnus ; la lune et les étoiles suspendues dans le vide, qui pourraient se décrocher et vous tomber dessus à tout moment ; et cet orage horrible, hier, comme dans les anciennes légendes d’avant la Sainte Invasion ! »
    Alors, avec Margie et le mâle dominant, ainsi qu’un petit groupe de courageux, Georges tente de rejoindre les derniers hommes sauvages dans les ruines de Londres. En attendant, les drocres, qui ont introduit malgré eux des rats sur Mars, ont fort à faire avec ces derniers, qui, en s’adaptant, menacent la survie même du Clone. Peut-être la Terre sera-t-elle délivrée des Martiens par un allié inattendu…
    Merveilleux petit roman, intelligent et alerte, la « Cage de Londres » se veut à la fois un hommage à H.G. Wells et une suite à son récit. Les Martiens vainqueurs sont saisis dans leur « inquiétante étrangeté », la description de leur être et de leur biosphère reste l’une des plus crédibles qui soit dans le domaine romancé des Aliens. La minutieuse relation des conditions de vie sur la planète rouge, celle des derniers Terriens assimilés à un cheptel signe un bon récit d’une jeune auteur canadien,  à rapprocher de la nouvelle « la Soie et la chanson » de Fontenay

  10. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: Jean-Paul KLEE Parution: 1986
    " Il y aura d’abord une odeur de TABAC !…
    Une épouvantable odeur de caramel brûlé
    Tout le monde au fond des rues, lèvera les yeux, le nez ;
    Dans les écoles/dans les usines/ dans les hôpitaux…
    O cette bonne foule de 5h 12 du soir qui descend vers la gare,(…)
    dans la rue dans les jardins dans les châteaux voici
    déjà des enfants/des vieillards. Qui brûlent, debout !…
    voici déjà L’o.n.d.e./d.e./c.h.o.c. : IL N’Y A PLUS RIEN
    A FAIRE ! ! ! voici la mort atomique pour tous/ la Mort
    (ATTENTION) at.//
    Un poème écrit à la manière d’une danse macabre dont la désarticulation formelle épouse le cataclysme émotionnel.