Bienvenue dans la Base de Données des livres !
Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
Livres
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La Fin Du Monde En 2003 - Par BenF
Le savant Girard, ayant inventé une machine à lire le futur, apprend avec stupéfaction que la fin du monde aura lieu le 3 mai 2003. Le professeur Barlenon, un psychiatre fou (!) convainc le monde entier que la peur de l’humanité devant la tension Est-Ouest, est la manifestation en elle de Martiens spiritualisés hostiles à l’homme. Il serait urgent de les éliminer.
Pour cela, on parquera tous les blonds aux yeux bleus - c’est à ces signes que l’on reconnaît le Martien -, en Grande Bretagne transformée en un immense site d’aliénés. Puis on y fait exploser une bombe H. Mais les bougres se défendent et attaquent tout azimut. De dérapages en dérapages, la guerre devient totale, le globe entier se trouvant entouré d’un halo radioactif. le savant Girard, qui veut dénoncer la menace que constitue la thèse du professeur Barlenon, se fait tuer par la Sécurité.
Une nouvelle médiocre dont l’excuse est de refléter (mal) l’angoisse nucléaire de l’après-guerre.
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La Fin Des Temps - Par BenF
" Nous regarderons brûler les fleuves sous les ponts
Nous regarderons les incendies à la tombée du crépuscule
Nous assisterons à la fin de l’éternité
Les égouts répandront des odeurs d’au-delà
L’herbe rouge des deuils
Poussera entre les passages cloutés
Nos lèvres desséchées chercheront l’alcool triste
Les jardins agiteront leurs fleurs
Comme des signaux de détresse
Ce sera le dernier jour du monde
Peut-être que l’impatience de mourir
Nous donnera le courage d’espérer.
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La Fin Des Robots - Par BenF
Dans le futur, avec le développement du machinisme, les robots seront de plus en plus sollicités. A tel point qu’ils deviennent la cause d’une explosion sociale. Comme ils suppléent les êtres humains dans tous les domaines, le clan des « Eugéniens » pousse à une adaptation encore plus performante de ces machines vivantes qui devront, selon eux, occuper l’ensemble des secteurs économiques.
Les « Antieugéniens » sont persuadés du contraire. Les risques sont grands, disent-ils, d’un dérapage et d’une main mise des machines sur l’homme. Ce qui fait bien rire les Eugéniens, puisqu’il est si facile de brider les automates en les privant d’énergie ! Pourtant les Antieugéniens militent en faveur de la mise en place de la F.O.N.D.E.R.I.E . (Fédération Ouvrière de la Nouvelle Distribution Energétique des Robots Invalides d’Etat) où ceux qui présenteraient une tare mécanique quelconque, ou qui seraient trop vieux pour servir correctement l’homme, pourraient être mis au rebut. Mais les robots ne l’entendent pas de cette oreille. Présents, grâce à leur protoplasme évolutif, dans tous les secteurs, s’occupant même de faire fonctionner leur centrale d’Energie, ils décident d’une grève générale afin de faire garantir leurs droits. Ils arrêtent tout. Leurs revendications sont précises. Elles stipulaient l’apprentissage d’un langage robotique spécifique, la création d’un journal dévolu à leur condition, l’utilisation d’une partie de l’énergie pour leur propre développement et enfin – ce qui est inacceptable!- la possibilité de se reproduire comme les humains. Faute de quoi, le travail ne reprendrait pas et les hommes, paralysés dans leurs déplacements, s’achemineraient vers la famine.
Les gouverneurs de la cité, ayant oublié avec le temps comment réagir devant cet état de fait, se trouvent désarmés.
La crise est gravissime et les êtres humains de plus en plus menacés :
« Maintenant, l’émeute se déchaînait ; les robots faisaient retentir partout leur appel à la révolte : « Coupzy ! courrrant ! Coupzy ! courrrant ! » (…) Puis les événements se précipitèrent : la moitié des robots s’occupèrent à fabriquer des sous-robots, pendant que l’autre moitié s’emparait du plus grand nombre possible d’hommes ou de femmes pour les torturer afin d’obtenir leur secret.
Il n’y avait rien à faire contre ces masses d’un métal aussi souple que compact, dont les organes vitaux étaient complètement à l’abri et qui prévenaient tous les gestes, saisissaient de tous leurs appendices variés à l’infini, dominaient de leur haute taille les hommes les plus solides qu’ils broyaient d’un ultra-son. »
Seul un vieil original, fouinant dans les bibliothèques et allant chercher une réponse jusque dedans la lune en astrojet, pour vérifier ses théories in situ, trouve la solution : pour arrêter les robots il suffit de les arroser avec de l’eau, puisque le fer rouille… :
« (Ils virent) des masses de robots désemparés, se traînant, eux tellement silencieux d’ordinaire, dans un bruit déchirant qui venait nettement de leur métallure, et non de leur émetteur de son ; par endroits une couleur ocre les recouvrait ; tout leur ensemble exprimait une souffrance abominable : ils étaient atteints d’une maladie incurable à cette époque, car personne n’avait gardé de quoi remédier à un mal dont la dernière attaque remontait à 100 ionies et dont on s’était débarrassé en même temps que les parasites des ondes –et dont seuls quelques spécialistes de l’antiquité connaissaient le nom : la rouille. »
Une nouvelle malicieuse et distanciée pointant du doigt les dangers d’un machinisme débridé, dans ce mensuel consacré à « la Fin d’une Civilisation ».
Il faut pourtant remarquer qu’au-delà de l’humour, elle renoue avec les fondamentaux, l’essence du robot étant, depuis sa création, de remplacer l’ouvrier à son poste de travail (voir à ce sujet R.U.R. de Carel Capek).
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La Fin Des Livres - Par BenF
Un petit groupe de gentlemen, après avoir assisté à une conférence du savantissime William Thompson à la Royale Institution de Londres où celui-ci évoqua le sort futur et funeste de notre globe, se retrouva pour un dernier verre au Junior Atheneum Club. Chaque participant y alla de sa propre vision du futur, utopique ou pessimiste, selon le cas. Le narrateur, sommé de s’exécuter lui aussi pour ce qu’il pensait de l’avenir du livre et des écrivains, jeta un pavé dans la mare en annonçant leur fin prochaine :
« Si par livres vous entendez parler de nos innombrables cahiers de papier imprimé, ployé, cousu, broché sous une couverture annonçant le titre de l’ouvrage, je vous avouerai franchement que je ne crois point (…) que l’invention de Gutenberg puisse ne pas tomber plus ou moins prochainement en désuétude comme interprète de nos productions intellectuelles. »
Basé sur l’égoïsme et la paresse du lecteur, la mutation se fera de l’œil à l’oreille, de l’écrit à l’auditif, grâce à la technique :
« Je me base sur cette constatation indéniable que l’homme de loisir repousse chaque jour davantage la fatigue et qu’il recherche ce qu’il appelle avidement le confortable. (…) Je crois donc au succès de tout ce qui flattera et entretiendra la paresse et l’égoïsme de l’homme ; l’ascenseur a tué les ascensions dans les maisons, le phonographe détruira probablement l’imprimerie. »
Toute oeuvre sera désormais gravée sur cylindre et déclamée:
« Il y aura des cylindres inscripteurs légers comme des porte-plumes en celluloïd qui contiendront cinq ou six cents mots et qui fonctionneront sur des axes très tenus qui tiendront dans la poche ; toutes les vibrations de la voix y seront reproduites ; on obtiendra la perfection des appareils comme on obtient la précision des montres les plus bijoux. »
L’écrivain deviendra un narrateur, l’éditeur sera un «storygraphe », le bibliophile un « phonographophile » et les bibliothèques des « phonographothèques ». Les œuvres enregistrées les plus recherchées seront celles où l’auteur lui-même déclame avec sensibilité et émotion. Et cette révolution concernera tout et tous. Le monde savant, mais aussi le peuple, la multitude à qui il sera donné d’écouter et de se procurer les enregistrements , à petit prix, à tous les carrefours de la ville, dans les gares, les salles d’attente, et les transporter dans leurs poches, grâce aux miracles de la miniaturisation :
« Il se fabriquera des phono-opéra graphes de poche utiles pendant l’excursion dans les montagnes des Alpes ou à travers les canyons du Colorado. »
Quant aux illustrations et images imprimées elles seront remplacées par les merveilles du « kinétographe », dérivé de l’invention d’Edison, où « des tranches de vie », fictives ou réelles, satisferont le goût de tous. Enfin les nouvelles du jour et de la presse pourront être avantageusement consultées par un consommateur délicieusement allongé dans son lit, et qui n’aura plus à tourner fastidieusement de grandes pages froissées. Et le narrateur de conclure qu’il s’agit là d’une évolution inéluctable et proche et que nul ne regrettera la disparition totale et absolue du livre imprimé :
« Il faut que les livres disparaissent ou qu’ils nous engloutissent ; j’ai calculé qu’il paraît dans le monde entier quatre-vingt à cent mille ouvrages par an, qui tirés à mille en moyenne, font plus de cent millions d’exemplaires, dont la plupart ne contiennent que les plus grandes extravagances et les plus folles chimères et ne propagent que préjugés et erreurs. Par notre état social nous sommes obligés d’entendre tous les jours bien des sottises ; un peu plus, un peu moins, ce ne sera pas dans la suite un bien gros excédent de souffrance, mais quel bonheur de n’avoir plus à en lire et de pouvoir enfin fermer ses yeux sur le néant des imprimés ! »
Une autre petite échappée sur le futur de la part de l’écrivain et romancier de génie, Albert Robida. L’on ne sait ce que l’on admirera de plus ici, de la justesse de sa vision, où de son ironie en face d’une situation de disette culturelle à venir. L’éradication du livre qu’il entrevoit – crainte encore partagée il y peu par bon nombre de nos savants contemporains- si elle ne semble pas exister dans la réalité est pourtant bien un état de fait lorsque l’on sait, qu’en France par exemple, 90% des lecteurs se contentent de déchiffrer des étiquettes des boîtes de conserve.
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La Fin Des Hommes - Par BenF
Depuis plus de 8000 ans après la catastrophe de 1969, les hommes ont disparu du gobe. Seules perdurent les femmes qui ont développé une civilisation basée sur le matriarcat, la parthénogenèse et l’ectogenèse.La reine Malinka est donc d’autant plus surprise lorsqu’elle apprend que deux jeunes femmes, Myrihanna et Ghorana, vont engendrer deux enfants mâles. La seule explication possible est qu’il existe encore des hommes sur la Terre.
Ces deux femmes ont recueilli et soigné deux mâles, rescapés extraterrestres en provenance de Ganymède, et, en fonction de leur rareté, se les ont réservés pour elles. Malinka, furieuse, fait entreprendre des recherches dans la région de Nyurk pour les retrouver. Mais chaque soldate, prenant contact avec ces deux hommes, désire également se les approprier. La nouvelle qui se répand provoquera même une révolution de palais. Heureusement, les concitoyens de Konyung et de Rotnag , ayant entrepris une vaste opération de sauvetage, atterrissent sur Terre avec des centaines d’engins ovoïdaux, se tenant prêts à rééquilibrer la race humaine.
Une première nouvelle du jeune Jimmy Guieu à l’âge où il était encore travaillé par ses hormones.
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La Fin De Paris - Par BenF
Le journaliste-narrateur se promène dans Paris. Plusieurs signes étranges l’incitent à penser que les statues des hommes célèbres dressées de-ci de-là dans la capitale sont en passe de se révolter : elles murmurent, leurs yeux pétillent, leurs doigts bougent imperceptiblement :
" Paris dormait dans le clair-obscur du ciel et des lampadaires électriques. Penché sur lui, je perçus, au creux de son sommeil, le même murmure que j’avais entendu aux abords des jardins du Luxembourg, un frémissement métallique, un grelottement de pierre. C’était comme un flux et reflux de clochettes au loin, de sonneries aiguës ou mates. Il me sembla entendre, prononcée d’une voix d’outre-tombe, une voix blanche, très faible, des noms de morts célèbres : Pasteur, Charcot, Moncey, Sedaine, Berlioz, Bailly... "
D’abord incrédules, les Parisiens durent se rendre à l’évidence lorsqu’ils virent une montgolfière en pierre s’élever dans les airs, flotter au-dessus de la ville pour finalement s’écraser dans la cour de l’Elysée. Cet événement est bientôt suivi par quantité d’autres: les statues, de bronze ou de marbre, d’hommes célèbres ou non, d’allégories de toutes sortes, d’animaux ou d’objets, des bas-reliefs aux diverses figurations, tous quittent leurs socles, suivis par les mannequins des vitrines. Les statues, las du machinisme et de l’inhumanité engendrée par celui-ci, ainsi que le stipule l’article deux de l’ultimatum de Charlemagne :
" ...Attendu que la vie est devenue inhumaine dans toutes les capitales du monde ou plutôt qu’elle s’en est retirée, que l’homme n’a pas été conçu pour jouer un rôle misérable dans un engrenage de machines qui le poussent vers la folie et le suicide, qu’il y a de ce fait, crime et péché mortel à l’égard du Saint-Esprit parce que Notre - Seigneur a dit: "Que sert à l’homme de gagner l’univers, s’il vient à perdre son âme. " ",
prennent vie et se montrent résolument hostiles envers tout habitant du Paris moderne. D’abord surpris, voire amusés, les Parisiens, bientôt terrifiés, se calfeutrent chez eux. C’est la désorganisation sociale, les rues se vident d’humains et se remplissent de statues. Le corps politique répond très mal à l’invasion : il ne pense qu’à se mettre à l’abri et s’embarque dans un grand strato-cruiser qui emmène tous les politiciens en Amérique pour y établir un gouvernement en exil. La défense de la capitale est confiée au Maréchal Guidon. On s’organise dans les deux camps. Les statues se regroupent autour de l’image charismatique de Charlemagne, secondé par Napoléon et Jeanne d’Arc. Leur tactique est simple : en un premier temps s’attaquer au symbole de la ville, la Tour Eiffel. l’abattre et la désosser; puis, avancer, écraser, piétiner, faire s’écrouler les maisons, défoncer les rues selon la stratégie du bulldozer .
" Elles ressortaient des décombres, imperturbables, ces statues, tenaces, comme ces fourmis qui ressurgissent toujours de leurs nids écrasés. Béliers à quoi rien ne résistait, que rien ne pouvait arrêter, elles entraient dans les murs, poussaient les pierres de taille, les enfonçaient, crevaient le ciment armé, tordaient, cassaient de leurs mains illustres les poutrelles de fer et les colonnes de fonte. Des pans de quartiers, des quartiers tout entiers tombaient, dans d’épouvantables grincements, des gémissements sans fin, de hautes façades comme des claques sur le bitume, des palais comme des éclatements de montagne. Montparnasse craquait comme une vieille croûte et la banque de France résorbait ses ruines dans la profondeur de ses caves pleines de lingots d’or. "
De l’autre côté, on répond à l’agression par une armée de soudeurs chargée de faire fondre le bronze :
" Et les soudeurs à l’autogène, ruisselant de sueur dans leur lumière de music-hall, s’acharnaient sur l’ennemi liquéfié. Les flammes de tous leurs lance-flammes sautaient, ricochaient, dansaient sur la matière première de l’ennemi vaincu. "
En face de la coulée générale qui menace l’unité de l’armée statuaire, Charlemagne répond par l’envoi généralisé de troupes en marbre. Guidon avait tout prévu : le marbre est attaqué par de l’acide projeté sur les blocs qui se réduisent en bouillie. C’est le repli stratégique de Charlemagne et des siens avant la lutte finale. Les statues peaufinent leur plan : jeter tout le monde dans la bataille, les torses à la recherche de jambes pour marcher, les mannequins play-boys des vitrines, les sculpteurs humains eux-mêmes pris en otage et chargés de produire des effigies grossières mais suffisantes en vue de la contre-attaque. Les engins roulants et motorisés de la capitale se mettent aussi au service de l’armée mécanique :
" C’est alors que se produisit la révolte des machines. les dernières usines des faubourgs ouvriers refusèrent de fonctionner au bénéfice des vivants. Moteurs et mécaniques s’arrêtèrent, en dépit des mains humaines qui les palpaient, les interrogeaient, les suppliaient. Les locomotives, par on ne sait quel miracle, ralentirent à cent kilomètres de Paris, s’immobilisèrent sur les rails, malgré la fournaise qu’on leur attisait dans les entrailles à coup de ringards. Les lois de la chaleur, de l’électricité, de l’optique et de l’énergie en général, n’avaient plus aucune valeur: toute physique était à recommencer. "
Guidon y répond par l’usage du feu et des bactéries (mises au point par les " Binoclards ", c’est à dire les savants) qui ramollissent le bronze. Rien n’y fait. La ruée des statues n’épargne aucune rue, aucune maison, aucun bâtiment public ou privé. Paris disparaît réduit à une couche de gravats sur laquelle déambulent des simulacres d’hommes. Lorsque tout est uniformément aplani, les statues s’arrêtent définitivement, perdant toute vie. Par la suite, le gouvernement en exil redevenu légitime fait ôter cet entassement hétéroclite du site détruit pour le stocker dans le Sahara où il deviendra une espèce de cimetière visité par les touristes de toutes les nations. Paris aura définitivement disparu.
" La Fin de Paris " apparaît comme une pochade surréaliste à la Cocteau. L’auteur s’amuse à régler des comptes dans ce récit étonnant d’une ville en proie à la vindicte des statues. Il y égratigne les savants, l’Académie française, les politiciens. La critique enjouée cache aussi une réelle angoisse devant la montée des hostilités en Europe et une attitude frileuse en face des avancées technologique, équivalente à celle du Duhamel des " Scènes de la Vie future ".
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La Fin De La Terre - Par BenF
A Dove Castle, près des Rapides de Lachine, au Canada, le grand savant maître du monde, Herbert Stinson est très inquiet car la Terre donne tous les signes d’une fin prochaine. Déjà de nombreux cataclysmes précurseurs d’une suite plus intense ont bouleversé la géographie de l’ensemble du globe :
« Après une heure de sommeil à peu près, un grondement le réveilla. Il prêta l’oreille un instant, s’habilla et descendit par l’ascenseur hydraulique jusqu’au sous-sol de l’île. Les instruments sismiques lui apprirent qu’à quelque quinze ou dix-huit milles en profondeur le sol entrait en perturbation. La faille de Logan à son tour était hachée petit à petit par le cataclysme, il n’en fallait plus douter.
Demain, peut-être, toutes les collines monténégriennes cracheraient l’explosion sinistre d’un monde souterrain ameuté ; les entrailles de la terre vomies dans un spasme affreux ; la terrible destinée révolue d’un astre usé par les millénaires. »
Les causes en seraient une « consomption » naturelle du feu central, un vieillissement du noyau et une pression interne en augmentation constante.
En l’an 2380 l’humanité a accompli des progrès prodigieux , dans le domaine technologique et scientifique :
« Depuis cinquante ans, les derniers arbres étaient disparus de la surface de la terre et les journaux ne s’imprimaient plus. Les savants avaient découvert un moyen fort simple de renseigner les nations. A toutes heures de la nuit ou du jour on projetait dans le firmament les nouvelles imprimées en caractères énormes ; le jour, un pan de ciel s’obscurcissait, devenait noir comme de l’encre et la dépêche y apparaissait en blanc ; la nuit l’écran naturel suffisait. »
Herbert Stinson et son collègue Herman Stack ont décidé de réunir un Congrès mondial des Physiciens à New-York au cours duquel ils espèrent convaincre leurs collègues, les 700 000 délégués de tous pays, que la seule voie de salut pour l’humanité –ou ce qu’il en reste - passe par une émigration massive vers la planète Mars, déjà colonisée, où l’on travaille d’arrache-pied à accueillir les terriens orphelins.Le globe fait savoir, par ses secousses et tremblements, que le plan devra être mis immédiatement en œuvre.
Des catastrophes sans nom paralysent le monde : la plus grande partie de l’Amérique du Sud s’était effondrée, les fonds sous-marins bougeaient sans relâche et en Europe la chaleur et la sécheresse désertifiaient les paysages :
« La Corée avait été balayée par un raz-de-marée ; l’eau envahissait déjà le grand plateau du Tibet qui s’affaissait ; la mer Aggasiz se reformait au centre du Canada et au nord des Etats-Unis ; les Rocheuses se creusaient de vomitoires par où l’incendie du globe s’allumait ; le soleil paraissait sanglant à travers des nues de cendres et de feu. »
Le professeur Erzeberger explique aux délégués que l’énergie nécessaire à la propulsion des Vaisseaux cosmiques pourra être stockée dans des « bouteilles de Felsten » et acheminée à partir des chutes du Niagara. Herbert Stinson et ses amis doivent en effet convaincre le monde de la pertinence de leur projet, notamment le puissant Herbröm Shern, qui préconise l’immobilisme, ou le Dr. Ohms qui, devenu fou à l’idée de la mort, envisage la « transmigration des âmes » sur Mars, les corps restant sur la Terre.
Tandis que le camp de sauvetage se met en place au Canada, que la première vague des Vaisseaux devient opérationnelle, les désastres s’amplifient à travers le monde :
« Depuis environ soixante ans la navigation avait cessé sur presque toutes les mers du monde. Les océans en furie roulaient des vagues qui frôlaient presque les aérobus évoluant à mille pieds dans les airs ».
A Paris, sur un écran géant, l’on projette l’engloutissement de la région de Malacca. Marcel de Montigny, un vieil humaniste, conservateur du musée du Louvre, déplore la perte de tant d’œuvres d’art, expression du génie humain. En Inde, le cataclysme prend une ampleur inattendue. Avant que le sub-continent indien tout entier ne s’abîme dans les flots, les spectateurs parisiens, horrifiés, pourront suivre la révolte et la folie de la faune sauvage, menée par les extraordinaires mammouths géants, des créations du Dr. Singh :
« Les bêtes, au nombre de millions, arrêtées par les montagnes fuyaient vers le grand fleuve parsemant la plaine qui fléchissait de charognes innombrables. Les hameaux et casemates étaient disparus sous la vague féroce et bientôt les bêtes comme devenues folles obstruèrent le cours du fleuve sacré (…) Des milliers de tonnes de chairs pourrissaient sous un soleil ardent pendant qu’une mer intérieure se formait dans le Panjab. »
En face de l’effondrement de la chaîne alpine et de l’Oural, du réveil des volcans centraux en France, des raz de marées et la destruction de nombreuses parties continentales, l’urgence de fuir ce pays condamné est devenue absolue :
« La France avait sombré également. Toute la pointe bretonne de Rennes à Brest était tombée dans l’abîme creusé par la mer déchaînée. En peu de jours Cherbourg capitulait devant les raz-de-marée, toute la côte de la Manche fut dévastée et bientôt de La Rochelle au Havre un affaissement se produisit menaçant Paris. Au sud, les volcans des Pyrénées guettaient le territoire français. Pau, Tarbes, Carcassonne avaient agonisé sous la cendre et le feu et bientôt les secousses sismiques rendirent la vieille France inhabitable. »
Seuls l’Amérique du Nord et le Canada restent fermes, là où se trouvent les cratons les plus anciens de l’histoire de la terre. Lorsque le premier contingent volant disparaît dans la haute atmosphère, les survivants de Dove Castle, angoissés, attendent son retour, se demandant s’ils parviendraient jamais à se sauver avant que le globe n’explose en son entier:
« Les Etats-Unis d’Amérique et le Canada avec leurs populations de près de sept cent millions d’habitants devaient fournir les premiers contingents à se rendre sur Mars. Il fallait pour ainsi dire déblayer le territoire où onze milliards d’individus devaient stationner avant de prendre place à bord des aérobus de l’Union des Peuples. »
C’est aux derniers instants, plus de deux mois après le départ des engins, alors que la terre est prête à s’autodétruire en une apothéose wagnérienne, que les ultimes rescapés prendront place à leur tour à bord des vaisseaux martiens.
Un court et rare roman d’un auteur canadien dont les descriptions cataclysmiques ne manquent pas de charme. Elles seront hélas ! gâchées par un pathos moralisateur qui se perd souvent en un salmigondis historique et pseudo-culturel.
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La Fête Aux Corbeaux - Par BenF
Lago le braconnier, simple d’esprit et autiste doué en calcul mental, est le seul survivant, ou presque, de la catastrophe nucléaire., La « bombache », selon son expression, a vidé le petit village dans lequel il végétait en marginal méprisé ou moqué. Les uns ont passé de vie à trépas : les cadavres qu’il rencontre sans émotion apparente en témoignent. Les autres sont partis aller mourir plus loin.
Dominant sa timidité et sa crainte, muni de son intuition et d’un instinct sûr, il s’apprivoise lentement à la vie. Avec son copain « l’Idiot » et après une phase de maladie due aux radiations, ils se payent du bon temps à côté de ceux qui, comme le gros fermier Bernard, n’ont pu se faire à la catastrophe et qui finissent par se pendre.
Un couple de clochards en provenance d’une banlieue proche croise les vies de Lago et de l’Idiot :
« Ils attendirent le jour et partirent, poussant leur petite voiture. Ils traversèrent des ruines, qui semblaient se restaurer sur leur passage, comme un film passant à l’envers.
Cependant, même les maisons intactes qu’ils rencontraient dans leur marche erratique n’étaient habitées que par des cadavres,à tous les degrés de décomposition, certains déjà réduits à l’état de squelettes propres, prêts à la quasi-éternité du minéral, tandis que d’autres semblaient tenir encore désespérément à leurs chairs pourries. »
L’homme sera immédiatement tué par Lago qui s’appropriera sa femme pour un certain temps. La vie a plutôt des bons côtés après la « bombache » ! Sachant se repérer dans les bois environnants, les débiles se nourrissent des produits de la chasse jusqu’au jour où Lago poussera une pointe vers le « Château », un édifice imposant dont il s’était fait éjecter jadis par le garde-chasse. Une surprise de taille l’y attend, celle de la jeune et jolie Emma, abandonnée par ses parents parce que simple d’esprit. La méfiance de Lago fond comme neige au soleil. Il ressent tout de suite de l’amour envers Emma sans qu’il puisse mettre un nom sur ce sentiment nouveau :
« Tout de même Emma surprit Lago après l’amour, en se mettant à pleurer doucement. Il sentit les larmes couler sur ses mains et s’étonna : - Tu pleures ? Tu n’es pas contente ?
- Si je suis très contente. Trop, même, et c’est pour ça que je pleure. Je suis un peu idiote, non ? C’est parce que je t’aime. Papa et maman sont gentils mais je sais qu’ils ne m’aiment pas. Et toi, est-ce que tu m’aimes ?
Lago sentit quelque chose en lui qui fondait comme la neige au soleil. Il serra très fort Emma dans ses bras. – C’est la première fois qu’on me dit qu’on m’aime. L’Idiot il m’aime bien,je le sais et je l’aime bien, mais ce n’est pas la même chose. Il se mit à pleurer et il trouva ça très bon. Ils se tinrent longtemps enlacés, bouche contre oreille, se disant des choses que personne n’aurait pu comprendre. »
Heureux, il réside au Château jusqu’à ce que l’Idiot le rejoigne pour lui dire qu’un groupe de survivants qu’il appelle « les Sauvages » a investi le village en y semant désordre et panique. Lago décide de s’en rendre compte par lui-même.
Parmi eux, il retrouve Coco, un ancien paralytique et poète à ses heures qui l’incite à prendre le pouvoir pour donner une structure sociale viable à ce groupe qui, autrement, continuerait à s’entredéchirer :
« Je pense qu’il faut profiter de la situation pour faire une religion nouvelle. De toute façon, il en faut une. Un village sans prêtre, sans religion, c’est comme un pompier sans sa lance à incendie.
-Ou sans casque, ajouta l’Idiot.
-Il faut de grands principes, dit Coco. « Tu ne tueras point ».
-C’est pas nouveau, dit Lago, j’ai toujours entendu ça. Mais, les poulets, les canards, les veaux, tu les mangeras vivants, tout crus ? Ou alors tu mangeras que des pommes de terre, des poireaux et tu n’auras plus de bon sang dans les veines.
-Bon, je rectifie : ‘Tu ne tueras que pour manger.»
-Alors, dit l’Idiot, le sauvage qui tue un bonhomme pour le manger, il aura le droit ?
Coco confessa, après réflexion
-Je n’y avais pas pensé. Il n’y a pas de religion parfaite. Disons : « Tu tueras le moins possible ».
-Et les chasseurs, demanda Lago inquiet, ils auront le droit de chasser, dans ta religion ?
-Pas s’ils tuent pour le plaisir. Il faut qu’ils tuent sans plaisir.
-C’est dur, ta religion, soupira Lago. »
Après une courte réflexion – il n’est pas doué pour les longues réflexions- Lago y consent, faisant de Coco son éminence grise et de l’Idiot son Capitaine de la gendarmerie.
Il lui faudra encore éliminer des rivaux, des forts en gueule, en les subvertissant, chacun par son point faible.
La route du pouvoir enfin libre, la vie s’organise dans la bonne humeur jusqu’à l’ultime menace dont Emma fait les frais. Un groupe de gitans, qui survit dans les bois, viole la douce jeune fille et veut faire régner la terreur dans le village. Avec l’appui de ses concitoyens, le chef Lago se venge des gitans à coups de chevrotine puis incendie leurs roulottes.
Le récit se termine en apothéose : une montée brutale des eaux fait se réfugier la petite société (y compris les animaux) au château, dernier bastion solide dans un univers devenu liquide. Bien plus tard, les eaux s’étant retirées, le personnage de Lago, enjolivé, mythifié sera considéré comme un père fondateur, un nouveau Noé d’une humanité nouvelle.
L’épopée terrestre de Lago et de ses amis est prétexte, dans ce roman d’initiation et de formation, à faire émerger de ces êtres défavorisés un sentiment d’humanité qui leur ouvre la porte à la plus haute sagesse spirituelle. Une réussite incontestable.
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La Disparition Du Rouge - Par BenF
Et si la couleur rouge n’était plus visible? Et si la longueur d’onde liée à cette couleur disparaissait ? L’abbé Gamma prévenant ses pairs de cette bizarrerie ne rencontra que des sarcasmes. Pourtant, des conséquences fâcheuses se firent rapidement sentir : plus de bonne viande rouge, plus de couleur rouge dans les tableaux des peintres, une quantité importante d’accidents de chemin de fer, liée au non-respect de la signalisation d’urgence et, - le plus consternant- la transformation obligée du drapeau tricolore. Le seul avantage fut que nos soldats en leur uniforme garance étaient désormais invisibles sur le champ de bataille.
Moqué par les siens inaptes à reconnaître la justesse de sa théorie, Gamma aura raison de façon posthume. Aujourd’hui, l’humanité réside sous terre pour échapper au froid sibérien qui règne à la surface du globe, la couleur rouge ayant seule la propriété de transmettre la chaleur solaire.
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La Derniere Pluie - Par BenF
Le jeune narrateur, Marchetti, a beaucoup de chances que son papa soit un ingénieur, bricoleur de surcroît, qui ne se laisse pas aller à la morosité ambiante. Depuis quelque temps, une pluie continue transforme la ville (et la terre entière) en un bourbier infâme, à un point tel que, dans le collège, tous les cours sont interrompus:
" Cela doit être difficile d’enseigner l’Histoire quand " son tissu se défait comme un pull-over quand on tire sur une maille " - comme nous le disait la semaine dernière, monsieur Ferniot . Et encore plus vain de faire des cours de géographie quand elle se modifie tous les jours, à mesure que l’eau ronge les côtes. "
La situation se révèle catastrophique, un nouveau déluge, dû à la pollution, noie le paysage:
" Dans les Alpes suisses, les torrents ne cessent de grossir, emportant des villages entiers sur leur passage... Au Bangladesh... mais le Bangladesh n’existe plus, il n’y a plus qu’un trou émietté sur la côte indienne, qui ressemble à un gigantesque fromage mou dans lequel un géant affamé a planté ses dents... En Italie, Venise achève de s’enfoncer dans la mer. Cette fois, c’est bien la fin d’une des plus belles villes du monde. La mer du Nord déferle vers l’Europe sans cesse gonflée par la fonte des glaciers du pôle. Le Danemark, la Hollande; la Belgique, la Normandie sont amputés chaque jour de dizaines de kilomètres carrés... "(...)
" A force de balancer dans l’atmosphère des millions de tonnes de gaz carbonique et autres cochonneries suite à la combustion forcenée des énergies fossiles, pétrole et charbon en particulier, la température moyenne du globe s’est élevée en l’espace de quelques dizaines d’années. Oh! pas de beaucoup: quatre ou cinq degrés. Mais ça suffit pour accentuer ce que l’on appelle l’effet de serre. Résultat: l’eau des océans a subi une accélération de son évaporation. Des milliards de mètres cubes de vapeur d’eau se sont condensées au-dessus de nos têtes, formant autour de la planète une impénétrable couche de nuages. Et il s’est mis à pleuvoir, cette pluie que nous connaissons bien, que nous subissons sans trêve, cette pluie lourde et grasse, noire de toute la pollution ramassée en chemin. "
Les villes se dépeuplent, les militaires sont sur le pied de guerre, même Claude Dracheline, le meilleur ami de Marchetti, a émigré avec ses parents vers des lieux plus cléments. Seule Aïcha, enfant des ZUP et autres ZAC, jeune fille de harki, ne sait où aller. Fière et abandonnée, elle hante encore des immeubles déjà condamnés par la pluie. Quant à Marchetti, il aide son papa à construire une arche qui les emmènera vers les étoiles, vers une autre terre. Avec sa maman, Chloé, il rapporte toutes sortes d’objets électroniques laissés là, à disposition, dans de rares entrepôts encore approvisionnés:
" De toute façon, ces expéditions étaient le plus souvent inutiles. Les entreprises et entrepôts abandonnés étaient pillés jusqu’à l’os, les autres ne montraient que des présentoirs vides. Il pleuvait, il pleuvait, tout le monde foutait le camp. La plupart des routes traversant le plateau étaient devenues impraticables, les pontons montés par le Génie pour permettre la traversée de la plaine inondée s’effondraient les uns après les autres et n’étaient pas remplacés. Le tissu social continuait de se défaire maille par maille. "
La situation se dégrade nettement lorsqu’une bande de "grands" les attaque, visant plus particulièrement la grange où papa construit son engin. Heureusement, maman les met en fuite. Très motivé par l’urgence, papa accélère l’installation de sa petite famille à bord de l’arche, n’oubliant pas d’emmener, comme il est écrit dans les textes canoniques, un couple de chaque animal domestique encore vivant autour d’eux : chien, chat, mouton, vache, etc., et, pour tenir compagnie à Marchetti, le veinard, sa copine Aïcha, future promise du narrateur. L’arche s’élève traversant une épaisse zone nuageuse, témoin de l’universalité de la catastrophe:
" La terre, comme vous le savez, est mal partie. Combien de temps cette pluie tropicale que nous avons nous-mêmes déclenchée va-t-elle durer ? Un an? Dix ans ? Cent ans ? Personne ne peut le dire. En conséquence, de combien de mètres, ou de centaines de mètres, l’eau va-t-elle monter ? Cela non plus personne ne peut le dire. Ce qui va se passer ensuite, par contre, nous pouvons le prévoir: isolée des rayons du soleil par le bouclier de nuages, la terre va se refroidir. Toute cette eau déversée va geler, notre planète connaîtra un nouvel âge glaciaire. "
l’arche débouche à l’air libre sous un ciel constellé d’étoiles, libre de voguer vers une nouvelle terre.
Un petit récit d’Andrevon destiné aux enfants de huit à quatorze ans. Bien que le thème du nouveau déluge soit totalement éculé, le texte n’en est ni naïf, ni pétri de cette fausse sensiblerie si commune à ce type de littérature pour la jeunesse. Au contraire, l’auteur en profite pour y distiller quelques messages qui lui tiennent à coeur, de l’anti-racisme, du danger de l’industrialisation à outrance, en passant par l’écologie et l’amour de la nature.
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