Bienvenue dans la Base de Données des livres !
Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
Livres
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Une Fantaisie Du Dr. Ox - Par BenF
La merveilleuse et utopique petite ville de Quiquendonne en Flandres, est vouée à la placidité. Les habitants, comme leur bourgmestre Van Tricasse et leur conseiller Niklausse, sont tout confits en civilité, béatitude tranquille et hébétude sociale. C’est leur façon de vivre, à ces Flamands-là! Mais le Dr Ox et son serviteur Ygène vont changer tout cela. Sous prétexte d’installer dans toute la bourgade un puissant éclairage au gaz, ils saturent l’air de la cité en oxygène. Le résultat ne se fait pas attendre : des animosités apparaissent, la tension associée à la vivacité des propos dégénère en insultes et en agressions physiques.
Les citoyens en viennent à exhumer une vieille querelle de voisinage pour aller en découdre avec les habitants de la bourgade voisine. Heureusement une explosion des réservoirs d’oxygène met un terme à l’expérience du bon Dr. Ox:
" En résumé, et pour conclure, la vertu, le courage, les talents, l’esprit, l’imagination, toutes ces qualités ou ces facultés, ne seraient-elles donc qu’une question d’oxygène?"
Une nouvelle atypique dans l’œuvre de Jules Verne. Au-delà du thème de l’empoisonnement de l’air provoquant la désagrégation de la société et avec un humour absent de ses autres ouvrages, Jules Verne nous donne le choix entre deux attitudes possibles face au progrès: celle de foncer comme le ferait un taureau (Dr. " Ox "), quitte à casser du bois, ou celle de végéter dans la stabilité sociale d’un ennui mortel.
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Operation Brouillard - Par BenF
Deltour, ancien lieutenant de l’armée et baroudeur interlope, est tiré de sa prison par le colonel Garnier qui lui demande d’intervenir, en ayant les coudées franches, en Suisse où les morts ne se comptent plus, autour du discret et pacifique professeur Dowsky. Sous le pseudonyme de Maubert, jouant le chien dans un jeu de quilles, notre agent secret sur mesure s’attire immédiatement toutes les foudres. Celle de Dupré, l’ami de Natacha, fille du professeur Dowsky. Acoquiné avec Seldon, un militant moldo-valache, et ses sbires, Dupré a monté une ingénieuse combinaison pour voler les plans du professeur ainsi que les échantillons biologiques de ce dernier, en vue de les revendre au plus offrant.
Car le professeur Dowsky a un passé trouble. Ancien collaborateur nazi récupéré par les Soviétiques, il élabore depuis, patiemment, les éléments d’une guerre biologique totale. De nombreux laboratoires disséminés dans le monde, et surtout dans sa maison de Lausanne, située au Chemin des Dames, contiennent de nombreux échantillons utilisables de suite :
« -Les recherches de ton père présentent donc un grand intérêt ?
-En elles-mêmes certainement ; et, en fonction de la guerre, encore plus. Il a fait équiper des laboratoires semblables à celui qu’il dirige à Neuchâtel dans la plupart des pays européens… Ce sont des laboratoires secrets, bien entendu.
-Une sorte de cinquième colonne biologique ?
-Si tu veux. »
La situation se complique lorsque Maubert tombe amoureux de la seconde fille de Dowsky, Nadia, qui elle, contrairement à Natacha, ignore tout des menées subversives de son père. Lorsque l’on saura que Dupré et l’agent ABZ7384, le contact de Maubert initié par Garnier, sont une seule et même personne, l’on comprendra que tout ce beau monde à intérêt à s’éliminer mutuellement, l’arrivée de Stephenson, chef du FBI sur le terrain suisse, servant de déclencheur. D’un autre côté, les Russes ne restent pas inactifs. La mort accidentelle de Dowsky, tué maladroitement par Seldon, donne le signal de la tuerie. Les morts s’accumulent sans que l’on sache (surtout le héros !) sur qui l’on tire et pourquoi.
Recomposant peu à peu le puzzle, Maubert, avec l’aide de Nadia, échappe aux meurtriers moldo-valaches et à Dupré, se sort des griffes du FBI, évite les balles de Natacha. Avec un coup de pouce de Petrov (agent russe), qui voue une admiration inconditionnelle à Nadia, il récupère les documents dans la villa du professeur, ne laissant en lice que Stephenson et Dupré :
« Stephenson a mis une chambre à ma disposition et je suis réveillé à neuf heures par le chauffeur noir qui m’apporte mon petit déjeuner sur un plateau. Je n’ai pas dormi beaucoup, mais j’ai dormi fort. Tous mes muscles tiennent encore un meeting de protestation, mais je crois qu’en faisant un gros effort, je parviendrai à me traîner jusqu’à la fenêtre. Bien entendu, si je réussis cet exploit, rien en s’opposera à ce que je le répète jusqu’au bout du monde. »
Quant à la police helvétique, totalement débordée en cet échange, elle a fort à faire avec l’occupation armée de l’ambassade de Valachie à Neufchâtel que des terroristes radicaux à la solde de Seldon tiennent, tel un fort Chabrol. Eux aussi ignorent qu’ils sont manipulés par Dupré qui élimine Seldon, lequel a fini de lui servir. Finalement c’est Maubert qui tirera les marrons du feu (en doutions-nous ?). Non seulement il gagne le cœur de Nadia (et le reste) mais aussi sa liberté définitive en remettant les documents top secrets à Garnier.
« Opération Brouillard », au titre bien trouvé, est un roman d’espionnage lisible se déroulant sur fond de guerre froide et de menace biologique. Le style savoureux et distancié ne manque pas d’humour, l’auteur s’amusant beaucoup avec l’imbroglio dans lequel il lance ses multiples personnages.
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La Guerre Des Fees - Par BenF
Le monde d’aujourd’hui rend tristes les « fées-jadis ». Les «fées-maintenant », électricité, vapeur, ont envahi l’univers entier et s’en prennent à Viviane, aux esprits de l’air et de l’eau :
«Ce fut un beau concert de plaintes, Allez !!!.. Tonitru-le-Tonnerre montra son dos lardé de trous de paratonnerres, Rosa-la-Rose, ses pétales meurtries par le pilon des parfumeurs, Potamos-le-Fleuve sa barbe remplie par les déchets d’égouts, et ainsi de suite pour tous les protégés des fées. Indignée, l’assemblée des fées décida la guerre. Et l’on dépêcha aux hommes Wou-Wou-le vent pour les sommer de renoncer aux fées-maintenant et à leurs algèbre.»
Mais «les ondes hertziennes» ayant donné l’éveil, il dut battre en retraite non sans avoir pris en otage le fils du président de la République universelle, le jeune Plumm-Pudding.Celui-ci put de justesse donner l’alerte à Kodak-le-Furet et Téléscope-le-Borgne.
La guerre débute. Les fées-jadis rangent les arbres de la forêt en ordre de bataille, que les allumettes réduisent en cendres. Pour pallier ce sort funeste, Potamos le Fleuve déverse des tonnes d’eau qui noient villes et villages tandis que dans l’océan les génies des eaux se font tailler en pièces par le cuirassé « Vobiscum ». Plumm-Pudding, entraîné au fond de l’océan dans la ville englouti d’Ys, est sommé de se marier avec la vilaine Carabosse, sous l’œil attentif des fées. Mais son père ne l’entend pas de cette oreille. Avec son sous-marin, il éperonne les murs de la ville détruisant les palais à coup de torpilles. Plumm, gardé par Maelström, à bord d’une baleine, est évacué vers le pôle sud, en Atlantide, en présence de tous les personnages des contes populaires :
« Et soudain un éblouissement de pierreries et d’arcs en ciel, des coupoles d’aurores boréales, un soleil de minuit enchâssé dans un minaret de cristal… ATLANTIDE !... Tout le monde descend !…»
«Ma Sœur Anne», qui est montée sur la plus haute tour, voit avec tristesse l’artillerie des fées-maintenant «qui flamboie». Elle aperçoit les licornes en déroute face au chemin-de-fer, les griffons, désarçonnés dans leur vol par l’armée des ballons dirigeables, enfin les quatre volcans qui crachent le feu. Ces éruptions, situées dans l’axe du monde, arrachent l’Atlantide de la terre pour la projeter sur Saturne. La bataille semble perdue. Le père de Plumm s’avance victorieusement sur son cheval mécanique afin de recevoir la clé du royaume des fées de la main de Viviane. Les quatre volcans seront circonscrits et le mammouth, qui a servi de monture à Plumm , découpé par la fée-Vivisection.
A Paris, à l’annonce de ces nouvelles, la révolte gronde : les becs de gaz mettent la crosse en l’air, la Bastille est renversée et la colonne de Juillet force les grilles du Pudding- Palace. Pour que la paix règne à nouveau dans la nature, le jeune Plumm-Pudding consent à épouser Carabosse qui se transforme illico en une adorable jeune fille.Pochade surréaliste et fantastique débridée, à l’usage des enfants sages du début du siècle, «la Guerre des fées» n’en représente pas moins un témoignage de la modernité présente dans les lettres françaises avec «Zone» par exemple,(«A la fin tu es là de ce monde ancien, Bergère, ô Tour Eiffel
Le troupeau des ponts bêle ce matin») ou dans les tableaux de Delaunay. Tendance qui traduit autant l’ivresse du mécanique, la disparition des mythes antiques, que la toute-puissance de la « fée électricité ».
Un message présent dans la littérature conjecturale de l’époque, avant les inquiétudes liées à celle de 14-18.
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Deux savants archéologues du futur en provenance du phalanstère atlasien universellement connu, sont à la recherche du site de Paris. Denis Zabulon et Jérémie Artémias, descendants de vaillants découvreurs dans l’art de se faire la guerre, traversent en « steam-table le ruisseau qui sépare l’Afrique de l’ancienne France ». Eblouis, ils découvrirent :
« du haut des airs quatre-vingt kilomètres de ruines moussues, lesquelles, d’après leurs calculs, devaient appartenir à l’ancienne capitale de la France, nommée Paris, selon les uns, et, selon les autres, mieux instruits, Parigi ou Lutétia, mot qui signifiait dans une ancienne langue, boue. »
Avec les « aides-famille », ils dressent leurs tentes près des ruines de l’arc de Triomphe. L’approche de la défunte cité est malaisée à cause d’une vaste forêt de lianes, ce qui les mène à un temple grec ou romain. Ils y découvriront une mosaïque que Zabulon date de 1848, soit de la plus haute antiquité. A partir des tronçons de phrases (les restes de l’inscription figurant au fronton de l’église de la Madeleine), qu’il interprète comme « Madeleine a trouvé un mari sous sa maison », il démontre que ce temple était dédié à la vertu domestique. Donc, contrairement à ce que prétendent certains historiens concurrents, les mœurs de cette époque étaient loin d’être corrompues.
Plus loin, ils tombent en arrêt devant une colonne (la colonne Vendôme) où le nom de « Nea Polion » démontre à coup sûr qu’elle avait été érigée à la gloire du général « Nea Polio », celui qui termina la guerre commencée par Germanicus. Elle daterait de 1805 et prouve également que la langue latine était encore usitée à Paris en ce temps-là. Enfin, ils exhumèrent la preuve d’un passé depuis longtemps disparu à cause , notamment, du sage roi Spirigh qui, en 3235, fit incendier tous les livres pour que la terre n’étouffe pas sous leur poids :
« La terre était sur le point de n’être plus habitée que par des livres ; les insectes et les animaux rongeurs qui vivent des papiers imprimés, se multipliaient d’une manière effrayante, et il aurait bientôt fallu que l’homme abandonnât les villes aux bibliothèques et aux vers. Le sage roi Spirigh, le conquérant éclairé des trois parties du monde, a donc rendu un véritable service aux hommes en livrant au feu ces innombrables montagnes de livres, qui ne servaient plus qu’à infecter l’atmosphère ; car ils étaient devenus si nombreux que leur masse formidable décourageait la science et l’instruction. »
Ainsi administrèrent-ils la preuve qu’au XIXème siècle l’on parlait un latin dégénéré sous des rois habillés en César. La découverte d’une statue en bronze (le cavalier de Louis XIV place des Victoires) incite pourtant les deux savants à la prudence. Le personnage est identifié sans erreur possible comme étant une représentation de l’empereur Adrien, mais pourquoi cette perruque ? La seule déduction possible est que :
« les peuples qui ont habité ce pays devaient tous porter d’énormes perruques pour défendre leurs têtes contre une atmosphère toujours humide ou glaciale. »
Car les monuments n’ont pas été détruits par violence, ils ont fondu sous un déluge universel en ce pays de froid, de neige et de glace. La fontaine (de Jean Goujon au Marché des Innocents) leur parle des nymphes et du paganisme puisque le christianisme n’était pas connu à Paris à cette époque. Les ruines de l’ancienne école de Droit, du côté du Panthéon, les confortent en cette théorie :
« - Oh ! s’écria Zabulon, voilà qui est décisif ! regarde à tes pieds, frère Artémias ; ceci est une plaque de marbre détachée d’une muraille de ce monument voisin, élevé autrefois en face du Panthéon. Lisez ces deux mots : JUS ROMANUM. 1853 – Jus romanum ! dit Artémias en croisant ses mains par-dessus son front. En 1853, Paris était gouverné par le droit romain ! Les pères y coupaient la tête à leurs enfants, et l’esclavage n’y était pas aboli ! Grand Dieu, que la terre a été longtemps acharnée dans ses erreurs. »
Ayant engrangé un savoir incomparable, après une escale à « Marsyo » ou « Marsalia », en des ruines disposées en face d’Alger, ils reviennent, triomphants, chez eux. Zabulon, qui appartient à la « Société du Portique des Amis de la Vérité » produit sa prestation devant ses pairs. Il a pu démontrer que les ruines de Paris sont les derniers témoins d’un lieu exécrable :
« Figurez-vous un océan de boue noire, soulevé en vagues énormes par la tempête et subitement glacé dans sa folle insurrection. L’œil a de la peine à distinguer la maison du citoyen de la demeure des rois et des dieux. Une teinte uniforme couvre ces collines artificielles et l’air n’y sonne d’autre bruit que la plainte continuelle des gouttes d’eau sur les feuilles, et le croassement des corneilles qui tourbillonnent dans le brouillard.»
Ce qui explique le paganisme de ses habitants qui auront vécu « à l’ombre de la mort et de l’erreur ». Les savants se félicitent de vivre à leur époque, si lumineuse, si agréable, comme ils le chantent par cent mille voix reprises en refrain:
« Frères, chantez ! voici les temps prédits ;
Dieu, sur la terre, a mis le paradis. »
Une nouvelle peu connue d’archéologie fantaisiste rejoignant les textes du Dr. Mettais (An 5865), de Henriot (Paris dans 3000 ans), de Béliard (Découverte de Paris), de Bonnardot (Archéopolis) et, plus récemment, de Mc Aulay (la Civilisation disparue) ou de Waydelich (Mutarotnegra). L’impact sur le lecteur en est toujours aussi fort et la leçon évidente, incitant à la prudence dans le cadre de la restauration historique basée sur des ruines pénétrées de mystères.
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Les Cinq Sens - Par BenF
Partout dans les rues, durant les bals populaires, les gens écrasent sous leurs pieds de minuscules tubes, de provenance inconnue, contenant le germe de la peste :
" Le 5 mai 1925, jour anniversaire de la mort de Napoléon, l’agent 584 ramassa sur la place Saint-Michel un tube de verre écarlate, portant une étiquette avec ces mots : Peste. "
Les premiers morts apparaissent et l’épidémie se répand de manière foudroyante dans le monde :
"Cependant, la peste se répandait à vue d’œil. Ces rassemblements d’espèces humaines dépourvues de phénol et de morale se révélèrent étonnamment enclins à la contamination. Il mourait à Bergen trois ou quatre mille personnes par jour. De tous âges et de tous sexes. Bientôt, ce nombre s’accrut. Il passa à 5.000, puis à 7.000. Il fallut mettre sur pied toute une organisation mortuaire. On mobilisa à l’usage des cadavres une Police Noire. On embaucha " pour la durée de la Peste plus 6 mois " toute une tribu de cafres, chargés de l’inhumation, ou plutôt de l’immersion des défunts. "
Les peuples bougent et se mobilisent car l’on dit que dans les pays froids le mal est moins important. C’est l’occasion pour l’auteur, en d’interminables énumérations spécifiant les qualités ethniques de chaque peuplade, de les montrer, s’embarquant, se bousculant, se tuant, toutes en fuite vers le nord de l’Europe pour s’établir d’abord à Bergen en Norvège puis à Tromsoë en Finlande :
" Maintenant la Flotte Française longeait les côtes de la Norvège, cinglant vers le cap Nord. On croisait des cargos chargés d’Espagnols, des trirèmes pleines de Romains, des jonques, des gondoles, des monitors de Malte, des myriades de lougres et de cotres, des trois-mâts barques à foison. Il y avait des canots pleins de Cafres, des voiliers surchargés de Croates, des Tchéco-slovaques, d’Algériens, d’Afghans, de Chinois et de Canadiens. Des paquebots de la Cunard-Linie, de yachts de cuir jaune, des felouques de Constantinople voguaient bord à bord sur des eaux d’une verdeur scandinave. La grande voile latine, les quadruples cheminées à charbon, les tuyaux de dégagement de pétrole, pêle-mêle, emplissaient l’horizon nordique. Parfois, quelques cuirassés sans canons, le pont encombré de huttes de planches, passaient soufflant et crachant. Ou bien quelque tartane marseillaise, la sardine à la corne, et toute odorante d’échalotes. La terre entière avec toutes ses embarcations naviguait vers le Pôle Nord. "
Parallèlement à ces déplacements de population qui forment pour ainsi dire le fond du décor, quelques personnages bien typés s’activent au premier plan : ce sont les héros découvreurs présumés d’un vaccin. La figure héroïque et le destin d’Eléonore, d’abord bergère gardeuse d’oie à Castelnaudary, puis biologiste émérite, s’y détache en premier. De plus en plus appréciée par les populations qui s’efforcent de la protéger, elle recherche inlassablement un remède à la peste. Elle travaille dans le laboratoire du professeur Elie-Elie, un juif bon teint secrètement amoureux d’elle. Peu à peu, il essaye de briser sa résistance mais elle ne s’en laisse pas compter. Pratiquant le noble art de la boxe, elle le met knock-out lors d’une mémorable séance devant aboutir au viol d’Eléonore.
Chaque personnage, de son côté, cultive son jardin secret. Elie-Elie se sert de Mouche, une jeune turque pour assouvir ses besoins physiologiques. Eléonore apprécie énormément Gaspard, un jeune bellâtre qui s’attache à ses pas. Pendant ce temps, la peste poursuit ses ravages et pousse les peuples les uns contre les autres.
Les Sénégalais, par exemple, forment une barrière de protection autour d’Eléonore alors que les Yankees, fraîchement débarqués, cherchent à l’enlever des mains du maire de Bergen avec lequel elle coule le parfait amour.
Gaspard se rend à Londres où règne la désolation. L’Angleterre dévastée ne participera pas au concert des nations qui ont repris leur déplacement vers le pôle. Elie-Elie, toujours amoureux d’Eléonore, envoie Mouche dans les bras de Gaspard pour que celui-ci lui laisse le champ libre auprès de sa dulcinée. Celle-ci corrige le tir et reprend Gaspard en mains. Alors Elie-Elie, par l’entremise de Mouche fait sauter l’abri dans lequel se trouvent Eléonore et Gaspard. Le couple meurt. Finalement, Elie-Elie est crucifié par une foule en délire qui le torture à la chinoise en lui enlevant progressivement les cinq sens :
" Un roulement de tambour. ON VA DETRUIRE LES CINQ SENS ! L’Ouïe! Un Brandebourgeois couvert de brandebourgs, de couenne de porc et de médailles commémoratives s’approche d’Elie-Elie, lui marche sur les pieds, et lui coupe les deux oreilles. L’Odorat ! Un Napolitain au teint de homard, ayant fait trois génuflexions, lui taille le nez du fond du cœur, au son de la mandoline. Le Goût ! Un beau Russe à grands soupirs lui arrache toute la langue, au bout de ses longues mains abominables. La Vue ! Un Turc grassouillet et doux s’approche sur ses talons, et lui arrache les deux yeux. Le Toucher ! Une Japonaise ingénue, accroupie à hauteur de ses cuisses, tranche au rasoir les deux bulles d’amour. Et maintenant, devant Elie-Elie en lambeaux, le défilé du genre humain commence."
Heureusement, avant de disparaître, Eléonore a réussi à découvrir le remède tant attendu. Les hommes seront sauvés!
Le roman cataclysmique est ici prétexte à une débauche de mots, un univers-fiction où le monde évoqué rejoint Rabelais dans " l’Héneaurme ", dans l’indicible. Choc de mots, alliances de phrases, coq-à-l’âne, calembours, tropes, zeugmas, etc., les figures de style abondent sur plus de trois cents pages. Humour, contestation, xénophobie, ironie et racisme se partagent un récit inclassable mais indéniablement original.
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Hombre, le cavalier solitaire, son éternel cigarillo fiché en bouche, traverse, monté sur son cheval, un monde en ruines. La guerre totale a anéanti les cités et les hommes. Ceux qui restent essayent de survivre. Comme d’habitude, règne la loi du plus fort qui s’établit sur le crime et l’exploitation des démunis, aussi cruels que les nantis.
01.Une tombe en béton (16 pages)
Hombre recherche « Crâne », une de ses anciennes connaissances. Crâne, qui trafique de tout, est occupé à assassiner un vieillard qui refuse de lui dévoiler l’emplacement d’un stock d’essence. Après avoir tiré sur quelques individus qui voulaient dépecer son cheval, Hombre retrouve Crâne, lequel élève aussi dans des cages des milliers de rats vendus comme nourriture. Le troc débute mais Crâne ne joue pas franc-jeu car il compte assassiner Hombre dès le marché conclu. Notre héros ne s’en laisse pas compter et avec l’aide du petit-fils du vieillard assassiné, il élimine Crâne au moment où le jeune garçon précipite un camion rempli de fûts contre le camp des affidés du traître.
02.Laisse-les venir (10 pages)
Hombre se laisse piéger par une petite fille innocente et se fait capturer par une bande de très jeunes garçons et filles qui vivent dans un sous-sol sous la coupe d’un psychopathe leur ayant inculqué la haine de l’humanité. Issus d’un orphelinat, abandonnés de tous, ils ont été élevés et éduqués par ce vieillard handicapé et cacochyme. Pour eux, les prisonniers capturés ne sont que de la nourriture et Hombre est destiné à terminer comme variante dans leur menu.
Il parvient cependant à se libérer lorsque des membres de son équipe, travaillant en haut, ouvrent des vannes pour noyer tout ce qui vit dans les canaux. S’accrochant aux barreaux d’une échelle, Hombre voit, impuissant, les enfants se noyer un à un, happés par le courant.
03.Des graines pour un adieu (16 pages)
Hombre achète des semences de fleurs pour Anita, une jeune fille qu’il aime bien et dont il s’était occupée lorsqu’elle était petite. Mais il apprend qu’elle a été enlevée et conduite comme esclave hors des limites de la ville pour travailler dans les champs, chez des paysans.Guidée par Lorena, une autre de ses amies, il entreprend tout pour la délivrer, tuant sans pitié ceux qui se dressent contre lui, ce que n’apprécie guère son guide. Finalement, il retrouve Anita, s’aperçoit qu’elle est contente de son sort, qu’elle accepte un travail harassant en contrepartie d’une liberté hypothétique dans une dizaine d’années. Hombre lui remet les graines de fleurs et disparaît à jamais de sa vie.
04.Chien (10 pages)
Hombre rencontre « Chien », un molosse couvert de blessures mais qui se bat sauvagement pour sa survie. Il l’adopte. Quelques jours plus tard, il arrive près d’un pont à péage où des individus reconnaissent le chien comme étant celui que leur patron, Amadéo, avait chassé après que l’animal l’ait blessé.Capturés, le chien et Hombre participent, à leur corps défendant, à une « chasse du comte Zaroff » inédite, car Amadéo aime beaucoup s’amuser de manière sadique. Le cavalier solitaire se débarrasse de ses ennemis, et parvient à tuer Amadéo grâce au chien martyrisé qui se sacrifie pour lui.
05.Son poids en or (10 pages)
Hombre surprend une jeune fille à sa baignade. Avant qu’il ait pu se présenter, il est assommé. Lorsqu’il reprend connaissance, il constate qu’il a été soigné mais que sa carabine et son cheval ont disparu. Il se met à la recherche de ses deux agresseurs, la jeune fille et son vieux père, un médecin, profession qui vaut son poids en or en ces temps tourmentés.En les retrouvant, il attire aussi vers eux deux malandrins qui espèrent enlever le médecin à leur profit. Mais celui-ci, quoique vieux et intellectuel, les tue. Il redonne ses biens à Hombre qui reprend la route avec mélancolie.
06.La vallée de la vengeance (13 pages)
Hombre est à la recherche de son passé et de sa vengeance. Il mène un groupe de jeunes guerriers vers une vallée protégée par un crique montagneux, habitée par une communauté agricole et pastorale dirigée par un certain Herrera. Cette communauté se porte bien grâce à l’énergie récupérée par panneaux solaires et à l’esclavage, bien sûr.Hombre connaît tout de cet endroit, y compris le moyen d’y accéder sans être vu, ce qui intrigue Culebra, la passionaria du groupe.
Moins inculte que ses compagnons, elle sait lire. S’emparant du carnet intime d’Hombre, elle apprendra qu’il est le fils du professeur Munoz, un pacifiste convaincu, à l’origine de cette implantation. Loin des horreurs d’une guerre certaine et meurtrière, Munoz avec Herrera, son associé, et d’autres compagnons, ont atteint ce lieu reculé où ils espéraient vivre en paix. Dès leur arrivée, Herrera a pris le pouvoir, se débarrassant de Munoz dont le fils n’a eu la vie sauve qu’en prenant la fuite. Aujourd’hui Hombre recherche Herrera, en vain, car ce dernier est mort. Comme le dit l’un des prisonniers libérés :
« Dans ce monde, il n’y a plus de place pour la vengeance. Il y a seulement un temps pour vivre et pour mourir. Tu es revenu dans cette vallée attiré par un rêve inutile et cruel. »
Il restera avec son amertume, d’autant plus que les jeunes, qui ont pris les destinées du camp en mains, ne savent qu’instaurer à leur tour un pouvoir basé sur la force. Hombre repart définitivement dans le chaos du monde avec sa plaie intacte au cœur.
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Crepuscule - Par BenF
Jim Bendell a pris à son bord le narrateur qui lui racontera son histoire. Venu d’un futur lointain de sept millions d’années, il appartient à l’année 3059. Une erreur d’appréciation lors de son retour l’a fait revenir à notre époque. En ces temps lointains, il a observé une terre quasi-morte, gouvernée par des machines vivantes, auto-entretenues, auto-régulées :
" L’univers change lentement. Seule la vie est instable et de peu de durée. Pour la Terre, ces huit pauvres millions d’années n’étaient pas plus que huit jours dans la vie d’un homme…Mais c’était assez pour que l’espèce humaine eût le temps d’agoniser. Oh ! Certes, elle avait laissé derrière elle un héritage de machines. Mais les machines aussi mourraient forcément un jour, et elles ne s’en rendaient même pas compte. "
Les rares cités étaient abandonnées depuis des temps immémoriaux, livrées aux machines mais prêtes à ressusciter pour tout être humain arrivé en leurs murs :
" Il faisait nuit. Je pouvais apercevoir la cité toute proche baignant dans le clair de lune. Toute la scène avait un aspect étrange. En sept millions d’années, les hommes avaient fortement changé les positions respectives des planètes à force de faire circuler leurs astronefs, de disperser les agglomérats d’astéroïdes, que sais-je ?… Sept millions d’années constituent un laps de temps suffisant pour que la nature elle-même change d’aspect. La lune devait probablement se trouver plus éloignée de la terre de 80.000 kilomètres et elle tournait maintenant sur son axe. J’observai le ciel un bon moment et remarquai que les étoiles elles-mêmes avaient changé ; "
Il put aussi prendre un astronef à destination de Mars où régnait une désolation sans bornes.
De retour dans l’immense cité de Yohk, il y rencontra un groupe d’humains de ces temps étranges. Profondément transformés au physique, présentant une grosse tête et un corps débile, ils l’étaient aussi au moral. D’un abord convivial , très intelligents, prêts à aider le voyageur à réintégrer son époque, il leur manquait cependant la curiosité ainsi que la volonté qui sont le propre de l’homme contemporain :
" Et maintenant les derniers représentants d’une espèce humaine qui s’amenuisait peu à peu n’avaient plus auprès d’eux d’autres êtres vivants dont ils pussent faire leurs successeurs. Antérieurement, chaque fois qu’une civilisation s’était écroulée, une autre avait poussé sur les décombres de la précédente, mais maintenant il n’existait plus qu’une seule civilisation. L’homme et certains végétaux exceptés, toute forme de vie avait disparu. "
Leur art essentiel consistait en un chant, " le Chant des Regrets ", d’une nostalgie absolue :
" (Le chant) était comme la quintessence d’une ultime défaite. Qui n’aurait pitié d’un homme perdant une partie décisive après avoir tout fait pour la gagner ? En entendant ce chant, on revivait le gigantesque effort de toute l’humanité – un effort aboutissant à une déroute. Déroute irrémédiable, car jamais l’humanité ne trouverait l’occasion d’une revanche. "
Sous la direction du narrateur, ils réussirent à rassembler les éléments manquants de sa machine, ce qui lui permit de revenir vers aujourd’hui, un temps présent certes dangereux mais où subsiste encore l’espoir.
" Crépuscule " fait partie du recueil de nouvelles " le Ciel est mort ", dans lequel Campbell explore le futur insondable de l’espèce humaine. Désespoir et désolation caractérisent le récit, apportant une tonalité sombre dans le champ triomphaliste de la SF des années trente aux USA.
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Le Sixieme Hiver - Par BenF
Une mutation brutale du climat se produit sur la planète entière comme l’avait annoncé le Dr. Stovin: après un intermède climatique anormal pour la terre, c’est-à-dire une période interglaciaire, celle-ci retourne à sa vraie condition, c’est à dire une nouvelle ère glaciaire. New York, Montréal, Chicago de même que toutes les grandes cités européennes disparaissent, ensevelies sous la neige . Il n’y a plus ni essence, ni électricité. La famine s’étend. Dans ce contexte s’accomplit le difficile retour en Amérique du Dr Stovin qui, avant la catastrophe, avait été dépêché chez son homologue russe pour concertation. Il s’aperçoit de l’effondrement des structures sociales en Russie et tente de regagner l’Amérique par voie de terre, la seule possible. Il y parviendra grâce aux éminentes qualités de son ami eskimo qui retrouve ses manières ancestrales de survie dans un milieu hostile. Ensemble, ils traversent le détroit de Béring redevenu pont conjonctif entre l’Asie et l’Amérique:
" Le niveau de la mer était descendu. Le passage du détroit de Béring existait de nouveau. Bientôt, peut être, le passage entre la France et la Grande-Bretagne. Et, pourquoi pas, le passage à Bal al-Mandel, entre l’Arabie et l’Afrique (...) Mais la chose surprenante, la chose vraiment stupéfiante est la vitesse avec laquelle les choses se produisent. Pas en cent ans. Pas en dix ans. Juste une année pour faire tomber le niveau de la mer au point que les icebergs butent maintenant sur la terre ferme. "
Le paysage s’est transformé, la neige et la glace ont effacé tout contraste. Dès le début de leur voyage alors qu’ils utilisaient encore des camions, ils se fraient un chemin avec difficulté:
"Les talus de neige de chaque côté de la voie avaient près de deux étages de haut. Ils arrêtaient la lumière de telle sorte que les véhicules, bien qu’il ne fût pas encore midi, roulaient dans une sorte de crépuscule. "
Ils troquent leurs véhicules motorisés contre le traîneau tiré par des rennes sibériens. Déjà les loups se multiplient et réclament à nouveau leur place dans l’économie générale de la nature, la disputant aux hommes, désorganisés. Le désastre est total pour l’humanité, et pour fort longtemps. C’est du moins la conclusion pessimiste d’un rapport officiel:
"L’âge glaciaire prend place très rapidement. Ne pourrait-il pas se retirer tout aussi rapidement ? La réponse est un non catégorique. Le résultat le plus immédiat d’une glaciation est l’augmentation de l’albédo (réflexion), de sorte que de très forts ensoleillements ne parviennent plus à réchauffer les régions gelées de la planète. Selon les prévisions les plus optimistes, cette nouvelle glaciation peut se transformer en période interglaciaire dans environ trois mille ans.
Mais si l’on observe les formes de glaciations antérieures, une telle prévision est très optimiste. De nombreuses raisons nous font croire que la planète est dans une phase de glaciation. Beaucoup de régions près du pôle sont toujours soumises aux conditions du dernier âge glaciaire dont l’achèvement, il y a douze mille ans a permis l’évolution de l’homme et l’arrivée de la civilisation. Malgré ce réchauffement, de grandes régions habitées de notre planète retombent chaque hiver aux conditions de l’ère glaciaire. Nous n’avons toujours pas compris les facteurs : alignement des planètes, radiations solaires, activité volcanique, ou la combinaison des trois qui ont permis l’interruption de l’âge glaciaire et apporté la douceur de la période interglaciaire. Toutefois, il n’y a pas lieu de croire que cette nouvelle glaciation ne suivra pas la forme de la précédente. Sur cette base, il faut s’attendre à ce que le nouvel âge glaciaire dure environ quarante mille ans. "
Le récit bien documenté et solidement écrit insiste sur la description des effets immédiats de la glaciation, et, en suivant le voyage du Dr Stovin, met l’accent sur une nature devenue délibérément hostile. L’effet de réel est saisissant et la catastrophe généralisée fait... froid dans le dos! A comparer avec " Blizzard " et les " Enfants de l’hiver ".
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Les Tripodes - Par BenF
Vol. 01 : Les Montagnes blanches, Ecole des Loisirs éd.,1988, 1 vol. broché, in-12ème ,156pp. couverture illustrée par Serge Hochain. roman d’expression anglaise (GB)
1 ère parution : 1967
La Terre souffre sous la coupe des tripodes, immenses machines extra-terrestres, qui l’ont envahie :
« Enfin nous entendîmes le ronflement lointain, grave et rythmé, dominant le son des cloches, et il y eut une sorte de soupir général Le ronflement se rapprocha ; soudain, nous le vîmes au-dessus des toits des maisons, vers le sud : le grand hémisphère de métal brillant se balançait dans les airs sur ses trois pieds articulés, plusieurs fois haut comme l’église. Son ombre le précéda et tomba sur nous quand il s’arrêta, deux de ses pieds enjambant la rivière et le moulin.»
La société technologique n’est plus qu’un souvenir, les hommes étant réduits en esclavage, conditionnés par les tripodes, depuis plus de cent ans. En Angleterre, Will, un adolescent de quatorze ans, attend avec impatience et crainte la cérémonie de la «Coiffe», comme en un rituel, où l’on placerait une résille métallique sur sa tête, moyen par lequel les Tripodes asservissent les humains. De cette collaboration forcée tripodes/humains est issue une nouvelle féodalité, avec tous ses avatars : abandon de la technologie, de la rationalité, prééminence des titres seigneuriaux, chasse à courre que les tripodes ont adopté lorsqu’ils traquent des êtres humains :
« Quand les tripodes sont arrivés – ou quand ils se sont révoltés- il y a eu des choses terribles. Les villes furent détruites comme des fourmilières, et des millions et des millions de gens furent tués ou moururent de faim. Des millions… J’essayai d’imaginer, mais impossible ! Notre village, qui n’était pas réputé petit, comptait environ quatre cents âmes. Il y en avait une trentaine de mille dans la cité de Winchester et alentour.
Quelques réfractaires au conditionnement, les «Vagabonds», sillonnent le pays. Les uns sont vraiment fous, d’autres simulent car ce sont de vrais résistants. Ozymandas est un vagabond résistant qui conseille à Will de se sauver, de gagner les « Montagnes Blanches » où se cache une poignée de réfractaires. Il lui donne une carte pour se diriger. Peu avant la cérémonie de la Coiffe , Will Parker prend la fuite, accompagné de son cousin Henry. Ils progressent en se cachant des hommes et des tripodes.
En une bourgade étrangère où Henry faillit être maintenu en captivité, ils font la connaissance de Beanpole, un adolescent à l’allure d’échalas, à l’intelligence aiguisée et rationnelle. Beanpole, durant leur marche, les rendra attentifs à l’excellence des produits technologiques des anciens, dont il reste des débris. Empruntant le «Chuinte-fer» (wagons sur rails tirés par des chevaux), ils atteignent une grande cité (Londres ?) détruite par les tripodes : « Certains immeubles s’étaient effondrés, sous l’effet des années et des intempéries, mais par endroits, beaucoup – parfois des rangées entières- avaient été comme aplatis, écrasés par un marteau descendu du ciel »
Les ruines recèlent des trésors, notamment des sortes d’œufs explosifs (grenades ?) que Will ramasse dans les souterrains d’un ancien métro. Ils continuent leur route vivant toujours de rapines. Un jour, Will se blesse gravement. Découverts par la comtesse du château de la Tour rouge, nos trois amis y trouvent refuge soin et compréhension. Surtout Will qui s’amourachera d’Eloïse, la fille de la Comtesse, au point d’en oublier ses amis.
Eux, devant son inertie, se décident à poursuivre leur objectif : rejoindre les Montagnes Blanches. Laissant le jeune adolescent à sa passion, ils se remettent en route. Bientôt, Will se rendra compte qu’il a commis une erreur. Surtout lorsque s’approche le jour de la Cérémonie et qu’il découvre qu’Eloïse est coiffée d’une résille, et qu’il est étroitement surveillé par un tripode.
Profitant d’un moment d’inattention générale, il prend la fuite à cheval constamment poursuivi par le tripode, ce qui ne laisse pas de l’étonner. Il retrouve ses deux amis dans une vallée proche des Montagnes Blanches. Grâce à Beanpole, Will comprend l’acharnement du tripode: un émetteur avait été implanté dans sa peau ! Beanpole , non sans mal, le débarrasse du mouchard électronique, ce qui rend le tripode furieux.Agressivement, il attaque les jeunes gens qui se défendent en utilisant « les œufs » découverts dans la cité détruite :
« J’ai senti la terre trembler encore et encore, avec de plus en plus de violence. Puis un des pieds du Tripode traversa le bleu ; j’ai vu l’hémisphère noir contre l’arc du ciel, et j’ai essayé de m’enfoncer dans la terre. A cet instant, le hurlement s’est arrêté. Dans le silence, j’ai entendu le sifflement différent de quelque chose qui cinglait l’air, et, regardant craintivement, j’ai vu deux ou trois buissons déracinés et jetés au loin. »
Finalement, ils accèdent au but et seront recueillis par une douzaine de résistants dans les grottes des Montagnes Blanches.
Vol. 02 : La Cité d’Or et de plomb, Ecole des Loisirs éd., 1987, 1vol. cartonné, grand in-12 ème , 169pp., jaquette illustrée par Serge Hochain. roman d’expression anglaise (GB)
1 ère parution : 1967 titre original : the City of gold and lead
Beanpole, Will, Fritz et Henry s’entraînent aux « jeux » dans le refuge montagneux, loin des tripodes. Leur objectif est de participer au concours qui permettra au plus fort d’entre eux de pénétrer à l’intérieur de la Cité des « Maîtres », les envahisseurs extraterrestres utilisant les tripodes comme armes. Bien que non dénuée de danger, l’opération est essentielle pour pouvoir récolter un maximum d’informations sur les extraterrestres.
Les Jeux se déroulent dans le nord de l’Allemagne. Ils s’y rendent par voie fluviale, non sans peine. Finalement seuls Fritz et Will auront la chance d’être choisis. Ils seront acheminés au sein de la Cité par un tripode pour servir d’esclaves aux Maîtres, que Will aperçoit pour la première fois :
« Ils étaient beaucoup plus grands qu’un homme, presque deux fois plus, et larges en proportion. Leur corps était plus gros à la base, faisant environ un mètre cinquante…, mais réduit en haut à quelque trente centimètres pour la tête. Si c’était bien la tête, car il n’y avait aucune continuité, aucune trace de cou…Le corps se mouvait non pas sur deux jambes, mais sur trois, celles-ci étant épaisses mais courtes. Ils avaient aussi trois bras ou plutôt trois tentacules émergeant d’un point situé à mi-hauteur de leur corps. »
Les conditions régnant à l’intérieur de la cité sont épouvantables pour les humains : une chaleur tropicale, une atmosphère verte, irrespirable et une gravitation augmentée font qu’au bout de deux ans la majorité d’entre eux sont au bout du rouleau, se rendant d’eux-mêmes au lieu de «l’heureuse Délivrance », en fait l’euthanasie.
Will et Fritz furent choisis chacun par un Maître différent. Celui de Fritz, sadique et brutal, le frappe constamment. Celui de Will est un intellectuel. Il désire faire de Will « son ami » comme le font les humains avec les chiens et va jusqu’à lui montrer ses collections, qui font la fierté des envahisseurs :
« Regarde, garçon. J’ai regardé, et la sueur salée de mon visage s’est mêlée au flux plus salé des larmes –pas seulement des larmes de tristesse, mais de colère ; de la colère comme jamais je n’en avais éprouvé, je crois. Le curé de Wherton avait une pièce qu’il appelait son bureau, et dedans il y avait un meuble de bois ciré aux nombreux petits tiroirs. Un jour on m’avait envoyé lui faire une commission et il avait ouvert les tiroirs pour me montrer ce qu’ils contenaient. Sous du verre, il y avait des rangées et des rangées de papillons épinglés, leurs jolies ailes étendues. J’ai pensé à cela en découvrant ce qui était exposé là. Car il y avait des rangées de coffres, tous transparents, et dans chacun reposait une jeune fille vêtue de beaux atours. »
Ravalant sa haine, Will, en lui obéissant en tout, le met en confiance, ce qui lui permet de soutirer des renseignements utiles. La géométrie de l’étrange cité, l’atmosphère létale (il ne se déplace qu’avec un casque), les comportements curieux des Maîtres lui seront bientôt chose coutumière. Malgré leur aspect grotesque, les Maîtres sont d’une mortelle efficacité. D’ailleurs Will apprend qu’ils projettent, d’ici quelques années, de modifier totalement l’atmosphère terrestre à leur profit, condamnant tous les humains à mort. Il devient urgent de faire connaître ces données à Julius.
Un jour, Will, découvert par son Maître, n’a d’autre alternative que de le tuer, car il connaît son point faible, situé entre le nez et les « bouches ». L’adolescent rejoint ensuite Fritz, qui n’est plus que l’ombre de lui-même. Celui-ci lui indique une voie pour quitter la Cité, soit se laisser emporter par la rivière souterraine qui la traverse de part en part, les Maîtres ayant un absolu besoin d’eau. Proche de l’asphyxie, Will émerge au-delà de l’enceinte, recueilli par Beanpole qui surveillait les lieux. Alors que Fritz se sacrifie pour la cause, Will et Beanpole se dépêchent de relater à Julius la véritable nature des envahisseurs et de la menace qu’ils font planer sur le monde.
Vol. 03 : le Puits de feu, Ecole des Loisirs éd., 1987, 1vol. cartonné, grand in-12 ème, 168pp., jaquette illustrée par Serge Hochain. roman d’expression anglaise (GB)
1 ère parution : 1967 titre original : the Pool of Fire
La lutte s’organise. Grâce aux informations de Will, Julius met en place un plan d’attaque contre les envahisseurs. Il s’agit de pénétrer à l’intérieur de la cité, y tuer les Maîtres en y introduisant l’oxygène terrestre, mortelle à leurs poumons. Pour que le plan réussisse, des conditions impératives doivent être remplies. Tout d’abord, il importe de connaître leur point faible afin de les mettre hors d’état de réagir, au moins un certain temps. L’on envisage de capturer un Maître qui servira de cobaye.
Ensuite, il faudra très précisément minuter l’opération. Les Maîtres ayant établi trois bases sur terre en contact permanent entre elles, sur le continent américain, européen et en Asie. Chaque adolescent aura une mission particulière.
Beanpole travaillera au quartier général, à l’aspect scientifique du problème. Will (rejoint par Fritz qui a pu se sauver en dernière extrémité) devra stimuler la foule en suscitant partout des cellules de résistance. Ils iront vers le Sud jusqu’en direction de la Turquie.
Mais, avant tout, comment s’emparer d’un Maître ? Une stratégie est mise en place avec Will comme appât. Peint en vert (couleur inhabituelle censée soulever la curiosité de la proie), le jeune homme attirera le tripode dans un piège creusé à même le sol. Le Maître en est extrait et enfermé en une cellule de préservation.
Longtemps l’extraterrestre restera une énigme pour les humains. Ce n’est que fortuitement qu’ils apprendront que son système nerveux réagit à l’alcool, dont une infime quantité le plonge en catalepsie. La décision prise amènera un groupe-commando, dont Will et Fritz, à pénétrer au sein de la cité, de s’y faire oublier le temps nécessaire à la fabrication d’une grande quantité d’alcool.
Au moment prescrit, dans les trois cités, l’alcool sera versé dans les réserves d’eau pour priver les Maîtres de conscience. Le plan réussit. Par le démantèlement d’une porte de sas, ils arrivent à faire pénétrer l’air terrestre dans la cité. Le dôme éclatera à cause de la différence de pression, en causant la mort des envahisseurs. Mais la cité d’Amérique, situé sur le canal de Panama, fait de la résistance . Julius, toujours prévoyant, y dirige sa toute nouvelle force aérienne, mise au point par Beanpole. Des aéroplanes, bourrés d’explosifs, sont censés faire éclater le dôme. Finalement, ce sont des ballons dirigeables qui emporteront la décision, et notamment le sacrifice d’Henry qui se fera exploser avec sa charge à l’aplomb exact du dôme.
La terre est sauvée. Même la menace du vaisseau extraterrestre s’évanouit puisque, avertis par une mystérieuse forme d’empathie, les envahisseurs repartiront vers leur planète non s’en avoir fait sauter les têtes de pont que constituaient les trois cités.Au moment même où, une année plus tard, les outils technologiques du passé étaient redécouverts, où de toute évidence il s’agit pour les humains de se serrer les coudes, Julius, qui rêvait d’un grand consensus mondial, est contesté politiquement. Les hommes retournent à leurs égoïsmes :
« Le premier délégué des Etats-Unis a dit : « Nous sommes venus ici de bonne foi, prêts à travailler avec les hommes de tous les pays. Nous avons entendu des querelles mesquines, des injures à un grand homme. Les livres d’histoire nous avaient dit que les Européens étaient ainsi, qu’ils ne pourraient jamais changer, mais nous ne les croyions pas. Eh bien, nous les croyons maintenant. Cette délégation se retire donc de cette Conférence grotesque. Nous avons notre propre continent et nous pouvons nous débrouiller seuls. » Ils ont repris leurs affaires et se sont dirigés vers la porte. »
Alors que Will, désabusé, pense se lancer à la découverte de régions encore inconnues, Fritz se contentera de « cultiver son jardin ».
Une fin amère pour un grand roman !
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L’éradication d’un village contaminé en Corée du Nord crée une suspicion chez les Américains. D’après des témoignages, il semblerait que celui-ci ait été atteint par l’influenza ou grippe espagnole, affection virale hautement contagieuse. Ce virus ayant pratiquement disparu de par le monde, le dernier espoir qui subsiste d’en retrouver des souches pour la mise en place d’un vaccin, est de prélever des tissus infectés sur des cadavres de mineurs préservés par le froid et enterrés dans le nord de la Norvège, à Kopervick.
Une expédition est mise sur pied, comportant les principaux protagonistes, lev Gleason, l’agent spécial du FBI et Annie Adair, une jeune biologiste, responsable du projet. Le désappointement est d’autant plus grand lorsque, arrivés sur les lieux, ils s’aperçoivent que quelqu’un les y a précédés. Les corps ont disparu et un grand cheval blanc a été tracé sur les murs de l’église attenante.
Daly Franck, reporter au « Post » aurait dû faire partie de l’expédition. Pour des raisons d’encombrement, il est resté en arrière, ce qui ne lui a pas déplu. Reprenant contact avec Annie – obligée au silence par le FBI -, il se livre à une enquête minutieuse concernant l’événement et en arrive à l’existence d’une secte mystique-écologiste, « le Temple de Lumière », animée par son gourou Luc Solange, ayant tous les aspects d’une multinationale aux ramifications multiples dans divers domaines.
C’est le cercle intérieur de la secte qui s’est livré à l’exhumation des corps, récupérant les virus pour s’en servir comme matériau de base afin de créer, par manipulation génétique, un super-virus de l’influenza dans le but de le répandre dans le monde entier, en commençant par les USA. Luc Solange, dans sa folie paranoïaque, se veut le « cheval blanc », le « premier cavalier de l’apocalypse » dont le destin est de détruire une grande partie de l’humanité pour régénérer la biosphère.
Petit à petit, avec l’aide d’Annie et de Stern, l’un de ses amis, Franck remonte à la source. Mais le Temple a les bras longs. Dans sa naïveté, Franck se fait repérer rapidement et les adeptes de la secte tentent de l’éliminer par de l’intimidation, par des accusations mensongères ou du harcèlement. Parallèlement, Solange, dont la base se situe à Lake Placid se livre déjà à des essais de diffusion du virus par aérosol en Californie et à Washington. Tous les moyens porteurs seront utilisés : avion, bateau, camion avec pot d’échappement trafiqué.
Puis, Stern disparaît et Franck subit le vol de toutes ses disquettes informatiques. Après en avoir informé le peu sympathique agent Gleason, Annie et Franck se rendent dans le repaire du gourou. Ils y seront capturés et menacés de mort. Heureusement, la cavalerie arrive en la personne du FBI, investira le campus, arrêtera les protagonistes du Temple (sauf Solange) et délivrera nos piteux héros.
Tintin et Milou (pardon : Annie et Franck) poursuivent inlassablement le maniaque de la destruction, l’arrêtant d’un « punch » bien senti lorsqu’il envisage d’introduire son virus dans le réseau urbain de distribution d’eau. Franck a gagné mais ne pourra écrire son article, toujours condamné au silence : la secte n’aura été qu’un cheval de Troie pour les Nord Coréens, avec lesquels elle entretenait des rapports, qui espèrent affaiblir la puissance des Etats-Unis. C’est du moins ce que lui apprend Gleason. Le journaliste se consolera en épousant Annie.
Un techno-thriller faible avec des personnages peu perspicaces et une intrigue primaire, un pur produit marketing dont il ne restera que peu de choses.
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