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Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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Livres

  1. Type: livre Thème: menaces cosmiques, savants fous et maîtres du monde Auteur: Grégoire KELLER-BRAININ Parution: 1955
    Mac Jeckson du centre des recherches nucléaires d’Yowa City constate dans le ciel la présence de curieux phénomènes lumineux, apparaissant et disparaissant soudainement. Ces flaques de lumière affectent les régions proches, les détruisant totalement.Il fait part de son inquiétude à son ami Hemson pour lui suggérer que les USA sont attaqués par une puissance étrangère, certainement allemande, à coup d’«ondes fluidiques ».
    Hemson lui présente Kürt, un scientifique allemand pro-américain, prêt à collaborer pour résoudre l’énigme. Il importe , si l’on veut éviter que le pays soit entièrement anéanti, de mettre un terme aux attaques vicieuses de cette «force vibratoire » :
    « Il avait dit à Hemson que la terre, tout comme un corps humain, possédait un centre artériel ; qu’elle aspirait les rayons solaires, bien que cela ne fût pas reconnu par la science officielle. Il avait ajouté que la force, plus ou moins radiante, retenue dans l’hermétisme terrestre venait de se transformer en un courant magnétique qui avait parcouru les couches géologiques pour pénétrer dans la région centrale du globe, provoquant ainsi l’explosion d’une atmosphère ignée intérieure. La terre, avait-il dit, n’est pas, ainsi qu’on le croit, une boule de feu entourée d’une croûte refroidie. Son centre est un vide au milieu duquel flotte un noyau central à l’état zéro. »
    Il s’ouvre à Kürt de son intention d’entourer les Etats-Unis d’un « mur du froid », étant de notoriété publique que l’agitation corpusculaire se ralentit à basse température.Mais les attaques de plus en plus meurtrières, saccagent le laboratoire et la maison même de Jeckson, touchant de près sa femme Dolly. Lors d’une discussion avec Kürt, Jeckson comprend qu’il est en présence de son ancien ami Franz Hertz. Devenu fou parce que sa femme a été tuée par la bombe « P » mise a point en Amérique, l’Allemand tient à prendre sa revanche à l’aide de l’appareil propre à provoquer une avalanche « d’ondes fluidiques ». La « guerre des ondes» devrait, selon lui, aboutir à la fin de l’humanité car la lune, désorbitée, se rapprocherait de notre planète jusqu’à la détruire :
    «L’expérience de Franz Hertz a rompu l’harmonie universelle. La rotation de notre système solaire, qui dépendait de cette harmonie, subit maintenant un freinage susceptible d’engendrer le cataclysme céleste que nous avons à craindre. La masse lunaire ne résistera pas aux forces de dissociation. La lune risque de se fragmenter, provoquant une pluie de météores capables de détruire une partie de la vie sur la terre, tandis que d’autres météores, tels des satellites, tourneront autour d’elle, formant un anneau pareil à celui qui entoure Saturne. Mieux : rompant l’harmonie universelle sans avoir atteint une nova, les planètes peuvent devenir vagabondes et tomber les unes sur les autres. »
    Le physicien tue le forcené ; déjà, il est trop tard : la machine infernale a été enclenchée et dans cinq jours au plus tard, la lune s’écrasera sur la terre. N’importe qui, à ce stade, aurait abandonné la lutte, mais pas Jeckson. Pour lui, ce délai suffira à la construction d’une grande arche stellaire sphérique – une terre en miniature- dans laquelle quatre cents couples vogueraient vers Alpha du Centaure. Avec Hemson, il dirige les travaux. Toute l’infrastructure industrielle collabore au projet tandis que la lune, qui s’approche de la terre, fait entendre des « craquements très inquiétants ».
    Des nouvelles alarmantes de séisme proviennent de toutes les parties du globe, dont une, émanant d’un couple de radioamateurs au sujet de leur petit enfant, qui aura le don d’émouvoir Jeckson. Bien que très occupé à la construction de son arche, il prendra le temps d’arracher cet enfant au danger des volcans en éruption. L’échéance fatale est imminente: la lune n’est plus qu’à 20 000 kilomètres de notre globe mais les magasins sont toujours approvisionnés et les gens travaillent comme jamais.
    A l’heure H, l’arche est prête au départ. Elle s’élance dans le ciel au moment où la lune éclate signant la fin de l’espèce humaine. Ouf, sauvé ! Mais non, pas du tout, puisqu’une explosion détruit l’arche, renvoyant l’homme définitivement au néant d’où il est issu.
    L’on comprend que le Dr. Roger de la Füye, neveu de Jules Verne, qui a préfacé l’ouvrage ne « s’en est pas remis » et qu’il attend « la suite avec anxiété… » Rien, au long de ces deux cents pages filandreuses ne vient forcer l’intérêt, ni les personnages, des marionnettes, ni l’intrigue, plate et convenue, ni les éléments scientifiques réduits à un salmigondis, ni le style, approximatif. Un ouvrage auprès duquel les romans de Richard-Bessière peuvent prétendre au prix Goncourt. Bref, une insulte à l’intelligence.

  2. Type: livre Thème: invasions d’insectes Auteur: Jacques SPITZ Parution: 1938
    Une espèce particulière de mouches devient intelligente par mutations successives dues à son extraordinaire taux de reproduction. Elle entreprend rationnellement la destruction de l’humanité pour prendre sa place comme nouvelle espèce dominante. La lutte est relatée par l’intermédiaire d’un homme, ce qui permet à l’auteur de décrire avec maestria les états d’âme des humains devant l’invasion. On ne connaît pas les "sentiments" des mouches, ce qui donne d’elles une image de monstruosité aveugle et noire, fléau diabolique sans âme qui poursuit sans relâche et sans faiblesse son oeuvre de destruction. Tout semble implacable et irréel comme dans un cauchemar obsédant: les mouches vont supplanter l’espèce humaine.
    L’intrigue est menée, sans temps mort. L’auteur brasse peuples et pays, idéologies et civilisations, dans un maelstrom gigantesque. Mais le tour de force principal de Jacques Spitz, est de réussir à nous faire rire dans cette tragédie qui conduit implacablement l’être humain à sa destruction.
    Comme il paraît petit et faible, mesquin et ridicule, sensible et touchant, cet humain qui refuse obstinément de disparaître. L’auteur se délecte à l’idée de mettre à nu les travers de l’homme avec un talent d’ironiste remarquable. Tout le monde y passe, l’individu et la collectivité, l’homme de la rue et le savant, le politique et le militaire. Voici Juste Evariste Magne:
    "Né à Cahors, dans le Lot, troisième fils d’un tonnelier, avait échappé de justesse au ridicule d’être nommé Charles comme son père (...) L’enfance du jeune Juste, privé de mère, se trama comme tant d’enfances malheureuses, dans les ruisseaux d’abord, sur les bancs de l’école communale ensuite... Juste Evariste accepta avec reconnaissance d’entrer dans la voie royale de la recherche scientifique par l’humble porte des garçons de laboratoire. "
    Là, Evariste Magne étudie les drosophiles, ces mouches bénies du chercheur parce qu’elles multiplient à l’envie les mutations. Il devient ainsi, par hasard, l’homme le plus capable de comprendre le fléau qui naît en Indochine. Tombé amoureux de Micheline, remarquable car elle a les yeux bleus, ce qui le change des drosophiles qui les ont rouges, Juste va étudier les mouches sur place,  ces mouches dont le monde savant discute doctement pour savoir si elles sont des muscidés ou des stomoxes, alors que pour ces deux espèces
    " il n’est pas plus possible de les séparer que d’enlever les Pangonies des Tabaniens, les Muliores aux Anthraciens, les Orthochiles aux Dolichopodes "
    Les mouches tuent en inoculant toutes les maladies possibles et imaginables, ce qui rend la lutte des hommes contre elles difficile. Tout est essayé : incendies, DDT, papier tue-mouches, réseaux électrifiés, miel, résine, arsenic, pétrole, lance-flammes, fumigènes, prime pour cent mouches tuées.Or, voilà que déformé par son étude, Juste se demande brusquement si Micheline est intelligente. Question obsédante qui le préoccupe encore alors qu’il étudie une mouche, devenue "musca errabunta", et c’est le déclic: intelligence/ mouche, rapprochement fulgurant. Les mouches sont devenues intelligentes. Le monde va-t-il recevoir comme il convient cette fantastique nouvelle?
    Ces satanées bestioles se mettent à porter minijupes et menacent l’URSS où elles sont considérées comme des "alliées des Trotzkistes", et l’Inde malgré l’intervention de la glorieuse Angleterre, l’Amérique et l’Europe. Les derniers combats seront menés par la vieille Allemagne sous l’impulsion du président Adolphe-Hermann Muller qui rugissait et brandissait l’épée de Siegfried avec la lance de Wotan. L’Allemagne au-dessus de tout ! Et particulièrement au-dessus des mouches (devenues " Musca Sapiens ").  Et c’est le crépuscule des Dieux avec
    "les batailles des jeunesses Mullériennes lancées nus, armées de torches contre l’ennemi ailé. Nudisme, carnage, incendie et orgie de saucisses, toutes les Allemagnes étaient à leur affaire. "
    Tout se termine comme cela avait commencé. Dans une petite vallée danoise, Adolphe-Hermann Muller, Juste, un cardinal, un artiste, deux vieilles paysannes et Micheline, devenue folle, sont les derniers humains. Les mouches les ont mis là pour les étudier et leur permettre de se reproduire. Mais les femmes sont vieilles ou folles et Juste sera le dernier des hommes. Lui dont la fortune avait commencé par l’étude des mouches et dont la vie s’achève en sujet d’étude pour les mouches.
    Une oeuvre étonnante de Jacques Spitz, pleine d’ironie, de sarcasme et de terreur. Un roman précurseur du thème de l’invasion d’insectes qui menacent la suprématie humaine et dont le cinéma moderne a donné plus d’un exemple comme dans "Them", "les Insectes de feu", "Phase 4", " Arachnophobie " , etc.

  3. Type: livre Thème: menaces animales, savants fous et maîtres du monde Auteur: F. HUSSON (aucune référence) Parution: 1933
    Dans l’Inde mystérieuse et mystique, Nagda, une jeune fille, est enlevée par un tigre royal, sans que celui-ci ne la touche. Elle sera libérée par William Osborne, un savant anglais spécialisé dans le domaine de la psychologie animale. Kalkar, le fiancé de Nagda, appartenant à la société des Thugs, le considérera cependant comme responsable et tuera Osborne.
    Jug Allan Wandel, le neveu du savant, à l’esprit fragile, fouille le laboratoire du défunt puis disparaît dans la jungle, emportant avec lui des papiers. Sa rencontre précédente avec la belle Djaïzal, bohémienne et princesse à la fois, a fait basculer sa raison, le rendant éperdument amoureux de la fière Indienne. Elena Rhead, sa fiancée légitime, discrètement protégée par son chevalier servant Malo Chanteloup, accepte son sort, poursuivant son chemin en compagnie d’une troupe de Sikhs dont font également partie l’aspirant Hartley et le capitaine Jasper.
    Ils n’iront pas très loin dans la jungle,  car la révolte s’étend dans tout le pays où de nombreux Anglais seront étranglés par des mains non-humaines, des mains d’anthropoïdes. En route vers la région de Tchandvavana, gouverné par le maharadjah de Narmad, et qui semble être à l’origine de l’embrasement, Malo décide de faire halte dans une casemate, en pleine jungle.  Bien lui en a pris car ils est aussitôt assiégé par une armée de singes, suivie de panthères qui passent à l’attaque. Tout se passe comme si les animaux, téléguidés, s’opposaient aux hommes, principalement aux Anglais, et cela semble être le fait de l’invention d’Osborne que quelqu’un doit avoir activé :
    « Tout ce qu’on  peut déduire des faits, c’est ceci : le docteur Osborne avait réussi à découvrir que ce que nous appèlerons, faute de mieux, l’âme d’un être, ou, si vous préférez un terme moins abstrait, la sensibilité de son cerveau, est une sorte de récepteur des influences extérieures, analogue au détecteur d’un appareil de télégraphie sans fil, que des ondes, émanées d’une source plus ou moins lointaine, stimulent, dirigent ou modifient, au gré d’un opérateur. »
    C’est ce que Jasper avait déjà constaté auparavant puisque les chevaux de la petite troupe s’étaient retournés contre eux, leur refusant tout service. Terrifiés et terrés dans la casemate, les soldats demandent au major Seelay, par pigeon voyageur, de venir à leur secours. Celui-ci, ayant arrêté le prophète Vivaravna, qui prêche l’amour universel et la tolérance, s’engage avec son armée dans une marche forcée pour délivrer les prisonniers dont le sort est de plus en plus précaire,  quand les éléphants se mettent de la partie :
    « Le fracas des détonations couvrit le tumulte du dehors. A la lueur des flammes qui jaillissaient des mitrailleuses apparut confusément dans l’ombre une sorte de vague gigantesque, comme si la nuit s’était soudain condensée en masses difformes et monstrueuses. Des fragments s’en détachèrent, s’écroulèrent, d’autres vinrent culbuter par-dessus, formant tout d’un coup une muraille énorme et pantelante. Mais un instant après, elle s’ébranla, oscilla, creva partout à la fois, laissa de nouveau passage à la ruée. Et cela vint s’abattre sur le mur du fort. »
    Seelay leur recommande de creuser un tunnel sous la casemate d’où il pourra opérer la jonction. Traqués par les éléphants qui piétinent le sol au-dessus d’eux, Malo et Elena seront sauvés d’extrême justesse. Elena, sortie de danger, écrasée de fatigue, s’endort en sécurité au bivouac lorsqu’elle est enlevée par le même tigre qui avait déjà pris possession de Nagda, et qui l’entraîne au palais de Narmad. Elle se réveille aux pieds de Djaïzal et de Jug, les véritables responsables de la révolte.
    Devenus déments par ambition, ayant réduit à l’impuissance le roi légitime du palais, s’étant appropriés l’invention télépsychique d’Osborne, les amants diaboliques rêvent de chasser les Anglais de l’Inde,  puis de conquérir la terre entière grâce aux animaux :
    « Regarde cette ligne bleue que le pouvoir des ondes psychiques pousse sur le versant de la montagne, c’est l’armée des éléphants. Elle atteint maintenant la crête, la surmonte, la déborde. Ce sera, avant quelques heures, un formidable écrasement. Que pourront les canons, les inventions du misérable génie des hommes, contre cette masse invincible ? Ah ! Djaïzal, Djaïzal ! Le ridicule petit royaume de  Narmad aura pour bornes, l’an prochain, le golfe du Bengale et les plaines mongoles !… Dans dix ans, pour l’anniversaire de nos noces, je te donnerai la terre en cadeau ! »
    En attendant, le major Seelay, arrivé sur les lieux, combat toujours les éléphants, en y laissant sa vie. Rien ne semble pouvoir arrêter la masse triomphante :
    « La horde, maintenant, continua sa route. Des montagnes, des forêts, des vallées. Il en venait d’autres, d’autres, d’autres toujours. La Force développait son pouvoir, dépassait les frontières, envahissait la planète, commençait d’éveiller tout là-bas, dans les plaines chinoises, sur les plateaux tibétains, au fond des neiges afghanes, de farouches consciences animales qui aspiraient dans l’air un désir de tuerie.  La terre s’en revenait peu à peu aux terreurs des premiers âges, quand les grands mammifères en étaient les seuls hôtes et que l’homme, tremblant, se cachait au fond des cavernes pour les éviter. »
    Pourtant, le sort est capricieux. L’arrivée inattendue de Malo Chanteloup sur les lieux libère Eléna et mettra un point final aux menées diaboliques des amants fous.
    Un récit populaire d’aventures exotiques sur fond d’application scientifique. Les personnages taillés d’une seule pièce, les actions héroïques et la sauvagerie de l’Inde, s’effacent devant la force brutale des animaux ligués contre l’homme. Un récit modèle du genre.

  4. Type: livre Thème: guerres futures 2 Auteur: Joseph PINCHON Parution: 1909
    Le monde d’aujourd’hui rend tristes les « fées-jadis ». Les «fées-maintenant », électricité, vapeur,  ont envahi l’univers entier et s’en prennent à Viviane, aux esprits de l’air et de l’eau :
    «Ce fut un beau concert de plaintes, Allez !!!.. Tonitru-le-Tonnerre montra son dos lardé de trous de paratonnerres, Rosa-la-Rose, ses pétales meurtries par le pilon des parfumeurs, Potamos-le-Fleuve sa barbe remplie par les déchets d’égouts, et ainsi de suite pour tous les protégés des fées. Indignée, l’assemblée des fées décida la guerre. Et l’on dépêcha aux hommes Wou-Wou-le vent pour les sommer de renoncer aux fées-maintenant et à leurs algèbre.»
    Mais «les ondes hertziennes» ayant donné l’éveil, il dut battre en retraite non sans avoir pris en otage le fils du président de la République universelle, le jeune Plumm-Pudding.Celui-ci put de justesse donner l’alerte à Kodak-le-Furet et Téléscope-le-Borgne.
    La guerre débute. Les fées-jadis rangent les arbres de la forêt en ordre de bataille, que les allumettes réduisent en cendres. Pour pallier ce sort funeste, Potamos le Fleuve déverse des tonnes d’eau qui noient villes et villages tandis que dans l’océan les génies des eaux se font tailler en pièces par le cuirassé « Vobiscum ». Plumm-Pudding, entraîné au fond de l’océan dans la ville englouti d’Ys, est sommé de se marier avec la vilaine Carabosse, sous l’œil attentif des fées. Mais son père ne l’entend pas de cette oreille. Avec son sous-marin, il éperonne les murs de la ville détruisant les palais à coup de torpilles. Plumm, gardé par Maelström, à bord d’une baleine, est évacué vers le pôle sud, en Atlantide,  en présence de tous les personnages des contes populaires :
    « Et soudain un éblouissement de pierreries et d’arcs en ciel, des coupoles d’aurores boréales, un soleil de minuit enchâssé dans un minaret de cristal… ATLANTIDE !... Tout le monde descend !…»
    «Ma Sœur Anne», qui est montée sur la plus haute tour, voit avec tristesse l’artillerie des fées-maintenant «qui flamboie». Elle aperçoit les licornes en déroute face au chemin-de-fer, les griffons, désarçonnés dans leur vol par l’armée des ballons dirigeables, enfin les quatre volcans qui crachent le feu. Ces éruptions, situées dans l’axe du monde, arrachent l’Atlantide de la terre pour la projeter sur Saturne. La bataille semble perdue. Le père de Plumm s’avance victorieusement sur son cheval mécanique afin de recevoir la clé du royaume des fées de la main de Viviane. Les quatre volcans seront circonscrits et le mammouth, qui a servi de monture à Plumm , découpé par la fée-Vivisection.
    A Paris, à l’annonce de ces nouvelles, la révolte gronde : les becs de gaz mettent la crosse en l’air, la Bastille est renversée et la colonne de Juillet force les grilles du Pudding- Palace. Pour que la paix règne à nouveau dans la nature,  le jeune Plumm-Pudding consent à épouser Carabosse qui se transforme illico en une adorable jeune fille.Pochade surréaliste et fantastique débridée,  à l’usage des enfants sages du début du siècle, «la Guerre des fées» n’en représente pas moins un témoignage de la modernité présente dans les lettres françaises avec «Zone» par exemple,(«A la fin tu es là de ce monde ancien, Bergère, ô Tour Eiffel
    Le troupeau des ponts bêle ce matin») ou dans les tableaux de Delaunay. Tendance qui traduit autant l’ivresse du mécanique, la disparition des mythes antiques, que la toute-puissance de la « fée électricité ».
    Un message présent dans la littérature conjecturale de l’époque, avant les inquiétudes liées à celle de 14-18.

  5. Type: livre Thème: guerres futures 2 Auteur: Raymond BOSCHMANS Parution: 1921
    Du 3 août au 4 août 1925, après un meeting aérien durant lequel le narrateur déplore que l’aviation n’intéresse personne en France, de petits groupes d’avions gris, d’origine inconnue, au fuselage blindé, bombardent des dépôts de munition, des locomotives françaises ou des hangars à zeppelin. De partout arrivent des nouvelles angoissantes :
    « Partout, les lignes téléphoniques sont brisées, mais cependant la nouvelle des catastrophes qui s’abattent sur le pays se répand comme une traînée de poudre : rares sont d’ailleurs les localités quelque peu importantes qui n’ont reçu au moins une ou deux bombes, éventrant les maisons, tuant femmes, enfants, vieillards. Presque tous les trains en marche ont été attaqués et détruits : leurs débris rendent inutilisables notre réseau ferré. Les principaux ponts ont sauté dans le pays entier presque à la même seconde. Les dépôts, arsenaux, champs d’aviation, beaucoup de casernes, attaqués par les infernaux avions gris, sont devenus la proie des flammes. »
    C’est l’atterrissage forcé d’un de ces engins dans un champ qui révèle leur provenance et leur but :
    « A l’heure qu’il est, les colonnes d’autos chargés de fantassins, armés uniquement de fusils-mitrailleurs, ont déjà traversé les frontières. Elles s’avancent sous la protection d’un avion éclaireur avec lequel elles sont en liaison constante. Ce soir elles auront occupé la Belgique entière et la France au moins jusqu’à Paris. Toute résistance est impossible. Nous avons la maîtrise de l’air et toutes vos armes, même si vous en parvenez à en faire usage, seront impuissantes à nous l’enlever ! Deutschland über Alles ! »
    Un très court chapitre prospectif et romancé dans un ouvrage analysant les forces allemandes et la menace qu’elles font peser sur l’Europe de demain, dans lequel l’auteur pointe l’arrogance d’une Allemagne revancharde, hostile, guerrière, qui sollicite son aviation pour procéder à la victoire finale sur une France insouciante.

  6. Type: livre Thème: guerres futures 2 Auteur: Albert ROBIDA Parution: 1887
    Fabius Molinas, rentier et patriote, n’hésita pas à s’engager lorsque son pays, en proie à une attaque traîtresse, se trouva menacé. Il rejoignit rapidement l’aéronef «l’Epervier» comme canonnier de 2 ème  classe, ce qui lui valut de participer à l’assaut d’une série de blokhaus roulants, immobilisés dans le brouillard artificiel répandu par les «brouillardiers ». Prenant dans la foulée le commandement d’un de ces blokhaus, il bombarda la place-forte ennemie en démantelant les brigades territoriales féminines chargées de la protéger. Investissant la ville, il dut son salut au fait qu’il était allé se reposer en une cave profonde.
    En effet, la contre-offensive s’avéra terrible. Les chimistes ennemis, bombardant la ville avec des gaz, tous les habitants de la cité seront asphyxiés, sauf Fabius Molinas. Finalement, La ville délivrée par des «torpédistes» amis, Molinas se trouva projeté dans un fleuve :
    « Les torpilleurs embusqués dans les cirrus et nimbus à 3000 mètres de hauteur, laissèrent les premières ombres du soir descendre sur la ville, puis actionnant leurs propulseurs, ils se précipitèrent des hauteurs du ciel et, parvenus à bonne distance, lancèrent leurs terribles torpilles. Subitement la ville arrachée de ses fondations se boursoufla, craqua et sauta en l’air. »
    S’immisçant chez l’ennemi, Il sème la terreur dans le camp des chimistes en faisant exploser un container rempli de miasmes :
    « Tout s’est écroulé dans la salle du conseil, généraux, médecins, soldats, tous sont tombés subitement et se tordent sur le sol, en proie à toutes les maladies déchaînées par l’action de Molinas. Des épidémies s’abattent sur l’armée ennemie et portent leurs ravages en trois minutes dans un rayon de quinze lieues. Grâce au tampon de son casque de chimiste, Fabius, qui avait fait le sacrifice de  sa vie, en est quitte pour une formidable rage de dents. (…)
    Disons tout de suite que les hôpitaux ennemis eurent à soigner 179 549 malades civils et militaires, et que, du mélange de tous les miasmes, naquit une maladie remarquable et absolument nouvelle. Cultivée par les médecins de l’Europe entière, elle est aujourd’hui connue sous le nom de fièvre molineuse, du nom de son inventeur, et l’endroit où elle prit naissance est resté fort insalubre. »
    Avec les félicitations du général et une promotion à la clé, il reprend du service comme mitrailleur-pompiste, participant de très près au carnage sur le champ de bataille principal; grâce à lui, les médiums ennemis,  qui suggéraient télépathiquement aux soldats  la reddition sans conditions des forts du front, sont rendus à l’impuissance.
    Voilà que la flotte sous-marine se prépare à ravager nos côtes. Molinas, détaché à la marine comme ingénieur-torpilleur sur le «Cyanure de Potassium», provoque la destruction de quantités de mines ennemies. Attaqué par les «Ravageurs», des cuirassés à grande vitesse, Molinas, avec ses amis scaphandriers, abandonne le torpilleur, remonte à pied le fleuve et surgit en pleine bataille.
    Là, il se rendra encore utile en détruisant les liaisons téléphoniques entre camps ennemis. La guerre se terminera pour lui après qu’il eut participé à une grande bataille aérienne au-dessus de la Méditerranée,  puis l’Atlantique, enfin sur le sol d’une de nos colonies africaines. Pour finir en beauté, il épousera Melle Dolorès, une charmante Mexicaine de Mexico, lieu où, malencontreusement, s’échoua son torpilleur.
    Un court récit, amusant et picaresque, provocateur et ironique dans son évocation d’une guerre future. Robida reste le grand maître de l’anticipation sociale du XIXème siècle. Ce récit fait écho aux éléments guerriers distillés dans le « XXème siècle » « la Vie électrique » et la «Guerre infernale», dont la lecture est hautement conseillée.

  7. Type: livre Thème: guerres futures 2 Auteur: Commandant CAZAL Parution: 1939
    Vol. 01 : la Guerre, la Guerre !, Jules Tallandier éd., 1939, 1 vol. broché, in-12 ème , 222pp. jaquette illustrée par Maurice Toussaint.
    « Paris bombardé, Paris assassiné, Paris meurtri », voilà par quels mots pourrait débuter l’héroïque épopée de cette guerre future qui, au moment de son écriture, ne correspond évidemment pas avec le véritable déroulement des faits de la 2ème  guerre mondiale :
    « Mais voilà qu’une détonation formidable, éclatant sur sa droite, remplit le monde…
    -Oh ! le ministère de l’Air ! touché !…
    En même temps une foule hurlante déboucha de la place Balard, sous le pont de Ceinture, foule sinistrement éclairée par des flammes qui, à droite, montaient des immeubles écroulés, mais foule aussitôt atteinte et en partie submergée par d’énormes flots galopants d’une fumée noire, puante… »
    (…)
    « …Paris est bombardé par des centaines, peut-être des milliers d’avions. C’est à devenir sourd, aveugle…et fou !… Quant aux dégâts, il doit y en avoir beaucoup, oui, et des gros. D’après les premiers téléphonages au bureau, l’ennemi vise surtout les gares, les ministères de la Défense nationale, les réservoirs d’eau, la tour Eiffel. A part çà, les avions lâchent aussi des bombes au petit bonheur : il en tombe partout. »
    L’arrogante Allemagne et son allié italien, un doux soir du 24 juin 1939, fit partir ses vagues d’assaut aériennes au-dessus de la ville-lumière. Dans le chaos indescriptible d’une cité sévèrement touchée, Jean Fontenar, directeur de l’information au « Mondial-Matin », tente de gagner Sceaux où l’attend sa famille. Il n’y parviendra pas,  mais, n’écoutant que son patriotisme, il se fera mobiliser comme Directeur des services de l’information au sous-Secrétariat de la Presse et de la radio,  pour  rejoindre le P.C. opérationnel, située sous d’épaisses futaies entre Chateaudun et Vendôme.
    Là, le génie français a créé une véritable cité souterraine d’où seront analysées les diverses phases d’une bataille que l’on sent décisive. Sa femme, entre temps, ne désespère pas, elle non plus. Infirmière à Sceaux, n’écoutant que son courage, elle s’engagera, à côté du maire Léon Chevilly, dans le cadre de la défense civile du bourg. Dès le début de l’attaque et malgré les bombes, Boulevard de Port-Royal, la «Compagnie Autonome» sous le commandement efficace de Hugues Sarlat, reprend vie.
    Groupe constitué de soldats d’élite, la Compagnie Autonome s’est vu assigner un seul but : traquer par n’importe quel moyen les espions à la solde de l’Allemagne, les communistes d’une cinquième colonne qui feraient le jeu de l’ennemi. Déjà, Hugues Sarlat possède des noms et une adresse. Déjà, le repaire des traîtres sera investi, leur chef Kolzaki et ses voyous arrêtés, et tous fusillés séance tenante! C’est la guerre, non mais ! D’ailleurs, ils en conviennent :
    « La guerre qui commence, elle, est illégale. La Révolution sanglante que nous allions tenter de déclencher, elle aurait été illégale. Si nous avions été avertis, et donc ici les plus nombreux et les plus forts, aurions-nous déférés devant les tribunaux légaux, cet officier et ces soldats ?… Nous les aurions abattus sur place, le plus tôt possible, sans même les en prévenir ! ( …) Et, de nouveau, se tournant vers l’officier toujours impassible : -Capitaine, ne perdez pas votre temps, et tout de suite faites-nous tuer. »
    Quant aux bombardiers allemands, ils ne retourneront pas sains et saufs dans leur pays. A Tours, la base aérienne est en alerte. Sous la direction du capitaine François Chevilly, l’escadrille accroche l’ennemi entre Metz et Nancy. Blessé à la clavicule, le jeune officier sera soigné à Pagny, dans une ferme, où il sera informé, de l’état de la France. Les nouvelles du front ne sont pas bonnes : les Allemands,  ayant fomenté un coup d’état à Bâle pour contourner la ligne Maginot, ont envahi le territoire français  entre Besançon et Mulhouse où nos forces terrestres les contiennent :
    « La Suisse a été violée, la ville de Bâle occupée en coup de foudre ; plusieurs divisions allemandes ont dévalé en torrents coordonnés des profondeurs de la Forêt Noire, traversé Bâle, franchi le Rhin, envahi le territoire de Belfort, pris Belfort, pendant que cette ville et Vesoul et Besançon étaient copieusement bombardées. Mais le débordement brusque a été arrêté par nos forces de la 7ème  région : aux dernières nouvelles, l’ennemi est contenu au sud-est de Mulhouse, bien à l’est de Vesoul et au nord-est de Baume-les –Dames. »
    A Paris, Sarlat n’en a pas encore fini avec les traîtres. Un véritable nid d’espions s’était implanté boulevard Poissonnière dans lequel tout un appartement grouille de germains, de la concierge à la femme de chambre,  sous la direction d’une jeune femme, Melle de Gyvelde, alias Frieda ou Z.33, au choix. Comme ses parents, M. et Mme de Gyvelde, - en réalité des Von Narchenflach de Bavière-, Frieda reste en communication étroite avec l’Allemagne. Le capitaine de la Compagnie autonome décidera de mettre fin à l’activité radio de tous ces traîtres en installant une traque au sein même de la basilique du Sacré-Cœur. Enfin, tous écoutent, fascinés, le discours du Président du Conseil qui galvanise les cœurs français en promettant une riposte foudroyante contre les agresseurs.
    Vol. 02 : Maginot Siegfried, Jules Tallandier éd., 1939, 1 vol. broché, in-12 ème , 222pp. jaquette illustrée par Maurice Toussaint.
    Les deux belligérants se trouvent face à face dans l’Est de la France, l’un invisible derrière la ligne Siegfried, l’autre, prêt à à découdre le long de la ligne Maginot. Le colonel Thillot, près de Haguenau, inspecte ses fortins. Les Allemands ne bougent toujours pas. Soudain, un formidable sifflement, suivi d’une explosion immense lui apprend qu’un obus germanique « pénétrant » a fait exploser les constructions souterraines. Après enquête,  il constate que les Allemands disposent d’une arme secrète capable d’anéantir la forteresse française, dite imprenable :
    « -Eh bien oui ! prononça soudain le colonel Thillot. Ca me paraît évident. Je vois un obus d’un calibre bien supérieur au 420, très long, très effilé en pointe, avec trois, quatre, ou même cinq ou six angles tranchants, d’un acier nouveau, extrêmement dur. Hein ? Une sorte de pieu colossal, creux, bourré d’un explosif à très grande puissance de déflagration… un pieu au moins triangulaire, perçant, tranchant… Ca vous entre dans la terre et même dans le béton. Ca n’éclate pas au choc, mais quelques secondes après l’arrêt. Ca pénètre profondément ; ça démolit, déchire, bouleverse ou comprime sur un rayon de dix, quinze mètres et dans un sens giratoire. Ca soulève et projette volcaniquement des tonnes de terre et de pierres… Sang de Dieu !... »
    Il en réfèreaussitôt à Paris, à son PC, et à Sarlat. L’annonce des hostilités avait été immédiatement suivie par un début d’invasion dans le triangle des Trois Frontières, Bâle, Belfort, Mulhouse. Les divisions françaises convergent sur zone pour arrêter la ruée. Le flux allemand, constamment approvisionné par l’arrière à partir des trois ponts bâlois que les Suisses n’ont pas eu le temps de détruire, rend incertaine la victoire française. Il s’agit dès lors de mener une opération commando qu’entreprendra Sarlat. Mais, pour le moment, il est occupé à Paris, résolu à démasquer l’espionne «Frieda Z.33» qui communique aux Allemands le dernier état des lieux.L’immeuble d’où elle est censée opérer, un hôtel meublé dans le quartier de Montparnasse, est circonscrit et piégé dans la discrétion. Tous les occupants en sont des Allemands résidant à Paris depuis longtemps sous de faux noms. Grâce aux Narchenflach, le couple de vieillards autrichiens prêts à trahir Z.33, alias mademoiselle Lelia de Gyvelde, un piège est tendu qui devra surprendre l’oiseau lorsqu’il reviendra au nid.
    Frieda Z.33, en véritable espionne,  a feint d’aimer le jeune capitaine François Chevilly pour apprendre de lui l’emplacement du PC central français. Munie de ce précieux renseignement, elle se précipite dans le piège tendu où l’attendent les hommes de Muller, adjoint de Sarlat. Car Sarlat a dû s’absenter. Eu égard à la gravité de la situation à la frontière de l’Est, il s’est rendu en toute hâte chez le colonel de Cabarrus, commandant du secteur S. (Mulhouse).
    Un plan audacieux a germé dans son esprit : faire sauter les trois ponts bâlois grâce à un commando infiltré dont il prendrait le commandement. L’opération, montée dans les moindres détails, mobilise soixante-dix Alsaciens, parlant parfaitement l’allemand. Vêtus avec des uniformes germaniques, faisant semblant d’être blessés, ils s’insèrent dans le système d’évacuation sanitaire, en zone occupée, les Germains ayant eu beaucoup de blessés par suite de la foudroyante réaction française. Chaque équipe, arrivée sur zone met en place la charge pour faire sauter les piliers des différents ponts :
    « Tout à son idée, le capitaine n’avait depuis des heures pensé qu’aux trois ponts et au viaduc, à la destruction de ces voies de communication d’importance capitale pour l’ennemi, aux mouvements, aux gestes qui tendraient à l’accomplissement de cette destruction. Pas une fois il n’avait pensé aux hommes, à jamais innombrables, qui périraient du fait même de cette destruction, ni à ceux, répandus sur les deux rives du fleuve, qui en seraient les spectateurs. Car toute la ville, en cette heure nocturne, grouillait de troupes allemandes en marche, en cantonnement, en occupation de guerre. La clameur humaine, plus encore que le vacarme des multiples éclatements des piles de pierre et de fer, donna au capitaine Sarlat conscience de l’œuvre guerrière qu’avec ses hommes il avait accomplie, réussie. »
    L’opération réussit au-delà de toute espérance. Les Allemands, coupés de leur base, seront pris en tenaille et rejetés au-delà du Rhin. Bâle libéré, la pression diminue sur Belfort et le Sundgau. A paris, Frieda Z. 33 est tombée dans les mains de Muller. Un faux message envoyé aux Allemands les trompera quant à la position du PC français. Mais toujours aussi futée, Lélia arrivera à s’emparer d’un pistolet cachée et :
    «Penchée au bord de la table, sur laquelle s’appuyait sa main gauche, Frieda tout en parlant avait, du mouvement le plus naturel, laissé pendre le bras droit contre son flanc, sa cuisse. Et brusquement la main avait disparu sous le pan de robe, reparu, serrant un pistolet noir. Bras tendu. Feu à bout portant deux fois coup sur coup, en plein front de l’homme, de la femme…Le bond du commissaire et ses mains qui voulaient empoigner furent d’une demi-seconde tardifs. Le corps souple de la jeune fille se déroba, glissa, vivement s’adossa au mur, dans un coin. Le bras se tendit. La voix claire jeta :-Vous êtes tous l’ennemi !
    Trois détonations claquantes, coup sur coup. Le lieutenant gémit, culbuta. Un agent jura et s’abattit. Un autre se plia sur le dos d’une chaise, qui avec lui, culbuta. »
    Le succès est quasi-total aux frontières de l’Est. Cependant, la guerre est loin d’être terminée, elle se poursuivra sur mer.
    Vol. 03 : Batailles pour la mer, Jules Tallandier éd., 1939, 1 vol. broché, in-12 ème , 213pp. jaquette illustrée par Maurice Toussaint.
    Sur mer également, les Alliés préparent la contre attaque. Louis le Touzey et l’enseigne Jean Daussat se trouvent à la tête de douze vedettes lance-torpilles destinées à s’opposer à la flotte italienne en Méditerranée. Après le bombardement de Paris, les engagements aériens faisant rage sur tous les fronts, c’est aux navires d’entrer dans la danse. Trois secteurs maritimes d’intervention ont été délimités en Méditerranée occidentale.
    Appuyé par l’escadre anglaise basée à Malte, le Touzey, lors d‘une rencontre décisive avec des cuirassés italiens transportant plus de 5000 soldats à destination de la Libye, les coulent tous dans un engagement violent durant lequel une seule de ses vedettes sera épargnée :
    «Ils eurent tout juste le temps d’entendre, à la même seconde, l’éclatement de leurs deux torpilles et de voir basculer le transport, dont les ponts vomirent à la mer des centaines de grappes d’hommes. Car sur la plage avant de la vedette un obus tomba, trouant, fracassant, enlevant comme un bouchon le capot en tourelle du kiosque… Décapité net, sa tête emportée, le corps de Le Foral tomba sur les bras de Martin tendus à tenir, à manœuvrer la roue du gouvernail selon l’ordre que le commandant venait de lui donner. Du cou tranché, le sang jaillissait en un flot violent.».
    Jean Daussat moura noyé, quant à Le Touzey, repêché après quelques heures passées dans l’eau, il rendra compte de sa victoire sur le vaisseau-amiral «Le Breton» et sera cité à l’Ordre de la Nation. Reversé au poste de Directeur de Tir chargé de surveiller la zone de combat, son espérance de vie sera néanmoins très brève. Il connaîtra encore la satisfaction de voir sombrer le « Vittorio », avant de périr à son tour :
    «Cet immense bassin de 8 à 10 kilomètres carrés était comme la surface du liquide en ébullition d’une cuve où cuisait une tambouille d’enfer démoniaque. Avisos, contre-torpilleurs, torpilleurs visibles, vedettes indécises, sous-marins invisibles y faisaient une endiablée sarabande : vagues factices et embruns, flammes et fumées, éclatements rouges dans des panaches gris, éclairs d’aciers et de cuivres luisant au soleil, clameurs vagues, tonnerres ronds, éclatements secs ; petits navires entiers courant comme des  fous, épaves flottantes ou en train de sombrer, gerbes d’obus tombant dans l’eau ».
    A Paris l’on apprend avec satisfaction la marche victorieuse de l’escadre alliée en Méditerranée où 90 navires italiens auront été coulés, ainsi que les transports de troupes. L’Italie, soumis à un blocus sévère, vivra désormais en autarcie.
    Le 3 juillet, furent déclenchées les hostilités dans la mer du Nord, qui aboutiront, elle aussi, à la victoire et permettront la récupération du triangle luxembourgeois. D’ailleurs, Jacques Fortas, le fantassin, y a puissamment contribué. Avec ses douze hommes, mission lui avait été donnée de détruire une batterie ennemie « fantôme », opérant à partir du village de Vianden. Lors de son avance risquée en territoire ennemi, Fortas neutralise les sentinelles et longe, avec ses hommes, le col de Vianden jusqu’au sommet du Nicolausberg. Malgré les risques, ayant repéré les batteries, le commando élimine les servants en une action d’une folle audace. Fortas, à l’arrière avec deux compagnons, pose les explosifs. Mais, voyant venir sur eux une troupe allemande de ratissage, ils n’ont d’autre alternative, pour échapper à l’ennemi, que de s’enterrer sous les feuilles mortes. Les soldats passeront sans les voir et, autre coup de chance, ils découvriront le fil émetteur par lequel transitent les ordres de pointage des officiers allemands. L’idée insensée les prend de remonter la piste jusqu’au poste de commandement et d’en rafler tous les documents. L’émetteur est situé dans une vieille tour féodale. Les officiers, surpris, n’opposent aucune résistance. En possession des codes de tir, ils regagneront leurs lignes à l’aide de motos volées à l’ennemi. Cette action d’éclat entravera la progression des Allemands en Belgique.
    Alors que les Etats-Unis envoient enfin du matériel aux Alliés, fut inaugurée une nouvelle manière de bombarder dite « à la chaîne ». Entre Liège et Bastogne, le mercredi 5 juillet, cent vingt avions, commandés par le général Marquoy, se sacrifient en un bombardement incessant, jusqu’à la destruction complète, des camions, des troupes et du matériel. Défaits dans la mer du Nord et en Méditerranée, en recul en Belgique, chassés du Luxembourg, les Allemands ont perdu six cent mille hommes :
    « Ainsi, le Conseil Supérieur de la Guerre était tenu heure par heure au courant des mouvements des armées Allemandes grouillant avec méthode dans les deux tiers de la Belgique. Ainsi ces grouillements stratégiques étaient abondamment arrosés de bombes fracassantes, asphyxiantes, torréfiantes, sorties des usines françaises, anglaises, américaines.
    Partout, dans les deux immenses trapèzes marqués aux quatre coins par Ostende, Calais, Charleville et Bastogne pour les Armées Françaises en marche, c’étaient, avant la grande bataille terrestre, une multitude de batailles aériennes, de bombardements par avions, de ripostes par la D.C.A. »
    Cependant, l’avancée vers l’est se poursuit : les Allemands pénètrent à Varsovie pendant que les Italiens entrent à Belgrade et que les Hongrois attaquent les Roumains. Seuls les Russes, sur ordre de Staline, ne bougent pas. Qu’attendent-ils ?...
    Vol. 04 : l’Afrique en flammes, Jules Tallandier éd., 1939, 1 vol. broché, in-12 ème , 209pp. jaquette illustrée par Maurice Toussaint
    A  Tunis, Pierre Florac, chef du service de Renseignements pour la Tunisie,  reçoit Régine d’Ascans, espionne au service de la France et amante de Pierre, plus connue par les Arabes sous le nom vénéré de Néhar’aïne, qui lui apporte de précieuses nouvelles : le Grand Chérif Mohamed Amran trahira les Italo-Allemands pour se mettre au service de la France lors de l’attaque décisive, moyennant le Sultanat de Tripolitaine sous protectorat français. Florac en avise immédiatement les généraux Créange, Durieux, ainsi que son ami le Major Harry Blunt, lors d’une conférence organisant les diverses modalités de l’attaque. Durieux est le concepteur des avions « Y », des drones avant la lettre, mitrailleuses volantes dirigées «télé-mécaniquement», capables d’infliger de lourdes pertes à l’ennemi, les Italiens, avec leur corps d’armée de 300 000 hommes ne pouvant plus recevoir de renfort :
    « Mais l’essentiel de cet engin consistait en ceci : il était entièrement télémécanique ; pas d’homme à bord ; direction de n’importe quel lieu terrestre, par ondes hertziennes de longueur variable exactement calculée pour n’avoir que la portée efficace ; reçues et traduites à bord de l’Y par le Récepteur de T.S.F. et par le sélecteur d’ordres, transmises du sélecteur au servo-moteurs, du gouvernail et des ailerons, aux servo-moteurs des cinq batteries de mitrailleuses, les ondes dirigeaient le vol de l’Y et, en même temps, déclenchaient le tir des mitrailleuses. Or, ce tir pouvait tout à la fois être déclenché à droite, à gauche, devant, derrière, et dessous –de telle sorte que ce terrible engin crachait de toutes parts des balles, dont la direction elle-même obéissait selon les mouvements des mitrailleuses sur leurs axes, aux volontés de l’Officier-Conducteur qui, installé confortablement à terre dans un Poste-Directeur fixe ou mobile, manoeuvrait opportunément leviers, manettes et boutons commutateurs, ayant devant lui tout à la fois un standard et un clavier télémécanique. »
    La date de l’attaque fut fixée au 18 juillet. Ce qui laissait un délai suffisant à Régine pour solder un vieux compte.  Avec Pierre à ses côtés et le major Blunt, tous trois s’envolent pour l’oasis de Médénine où elle  possédait jadis, de par son père, une exploitation agricole dont elle avait été spoliée par l’immonde italien Trapani. Elle tient donc à venger son père et récupérer son bien. Dès l’atterrissage elle est reconnue par les maghrébins comme étant Néhar’aïne, leur prophétesse. L’immonde Trapani sera exécuté, après audition de la sentence, sans autre forme de procès.
    Peu après, débuta la bataille du plateau de Barka. Surpris en pleine nuit par les « avions Y » de Durieux, mitraillés sans relâche, les Italo-Allemands se reprennent, mais trop tard : plus de 30 000 morts jonchent le terrain de leur bivouac. Les deux chefs de guerre ennemis survivants, le général Von Warner et le maréchal Torelli, envisagent une réaction immédiate : il faut  apprendre l’origine de ces engins et pilonner leur terrain d’envol pour les empêcher de nuire. Ce qui fut fait sans désemparer, le camp des alliés subissant à son tour la fureur de la dernière charge de l’ennemi.
    Et bien que les bombardiers aient été tous anéantis, in fine, le combat entraîna la mort de Créange et de Durieux. Qu’importe ! Le grand conflit devant se dérouler le lendemain, le choc fut immense pour l’ennemi d’apprendre à ce moment-là, la trahison des Arabes qu’ils croyaient acquis à leur cause. Encerclés par les différents corps d’armée, harcelés par les troupes de Mohamed Amran, les Italo-Allemands se rendent ou meurent, les uns après les autres. En fin de journée la victoire fut acquise. Lors de la célébration de la paix avec le nouveau Sultan de Tripolitaine, Florac apprend une autre et déplaisante nouvelle : des terroristes anti-Juifs et anti-Français préparent un pogrom non seulement à Tunis mais aussi dans les principales villes du Maghreb, sur l’instigation haineuse d’un leader intellectuel, Aïn-Ben-Gadouz. Florac,blessé,ne pouvant livrer le nom des principaux responsables à temps, le coups de force eut lieu, vers onze heures du soir, qui fit plus de 7000 morts dans la communauté juive :
    « Le quartier juif de Tunis fut en quelques minutes un enfer où l’on massacra dans toutes les rues, dans toutes les maisons. Les portes fermées, on les enfonçait avec une poutre, on les faisait éclater avec une grenade, on les arrosait de pétrole et on les brûlait ; on entrait aussi par les murs des courettes, par les terrasses. Là où il y avait des jeunes femmes, proprement et coquettement bourgeoises, et des jeunes filles et des enfants, des scènes abominables, au fond des chambres grouillantes de plusieurs bandits ou jalousement occupées, pour un instant, par un seul assassin riant de sa chance, les pires abominations précédaient la tuerie, parfois férocement raffinée, appliquée à prolonger une torture jusqu’à ce qu’une flamme d’incendie ou l’irruption d’autres assassins mît fin à l’atrocité – pour que plus loin l’on pût recommencer à tuer, à martyriser, à déchirer, casser, incendier, détruire… »
    Mais la répression sera à la hauteur du crime. Tous les terroristes furent pris, jugés, exécutés par pendaison et les principaux criminels, fusillés. La France resta maître du terrain.La Bataille d’Afrique, se terminant au bénéfice de la France et de l’Angleterre, amena la Germanie et ses affidés au bord de la destruction finale.
    Vol. 05 : la Fin… par le pétrole, Jules Tallandier éd., 1939, 1 vol. broché, in-12 ème , 226pp., jaquette illustré par Maurice Toussaint
    Où l’on retrouve le capitaine Sarlat à qui est confiée une ultime mission par le général Dupuis-Lecat. Les Allemands n’ont pas été capables de remporter la victoire mais leur capacité militaire reste forte. Celle-ci dépend surtout du pétrole qui fait rouler leurs engins motorisés. Or, celui-ci s’épuise… Ils ont donc prévu des stocks énormes, situés en zone neutre, sur la côte suédoise,  en un endroit baptisé « la Cité du pétrole ».Véritable enclave germanique, s’élevant au-dessus d’un fjord,  à cinquante kilomètres de Göteborg, la Cité du pétrole comprend d’immenses réservoirs, plusieurs casernes  et deux mille hommes actifs pour les surveiller. Priver les Allemands de cette ressource en énergie, c’est signer l’arrêt définitif de la guerre dans les deux semaines à venir.Pour ce faire, il faut saboter les installations.
    Le général Dupuis-Lecat connaît un seul homme capable de mener à bien cette opération : c’est le capitaine Sarlat. Celui-ci accepte la mission,  avec une centaine d’hommes parfaitement rodés, tous de la « Compagnie Autonome ».  Le commando  est acheminé à pied d’œuvre, piloté de main de maître par deux marins norvégiens, pêcheurs habitués de ces lieux hostiles, surveillé et protégé par une escadre anglaise. Il a été réparti, pour raison de sécurité, en différentes vedettes basses sur l’eau et difficilement repérables dans le brouillard.
    Après avoir accosté, grimpé le long d’une falaise à pic, le commando arrive près de la Cité du pétrole. Pendant que Sarlat, avec douze de ses hommes,  neutralise le corps de garde et assure la protection des autres lors de la phase de repli, les différentes escouades pénètrent dans les lieux, posent les bombes à retardement, minutant le temps des explosions.
    L’opération est une totale réussite. Un incendie gigantesque ravage le paysage, noyant les lieux sous d’épaisses fumées noires, assurant ainsi la retraite des saboteurs,  ce qui permettra de limiter les pertes à une vingtaine d’hommes. Le commando reprend le chemin du retour par voie de mer, heureux d’avoir pu porter un coup fatal à l’adversaire. Le plus stupéfiant en cet événement, c’est que le général baron Rudolf von Warteck, son épouse, son allié, le prince Andréa Colozzo ont eu vent de la mission. Ils n’ont pas signalé le danger à Hitler, et laissé faire.
    Le général, de vieille souche allemande, excédé par la démence du Führer a vu là – à travers ce qui apparaît comme une traîtrise -  un excellent moyen d’arrêter cette folie meurtrière et de faire en sorte que l’Allemagne puisse conclure la paix des braves. Cette opinion était partagée par Andréa que l’on retrouve comme plénipotentiaire diplomatique auprès de Dupuis-Lecat, l’un de ses anciens amis d’étude du temps de paix. Il proposera au petit comité de la défense interalliée une des ces « combinazione » dont les Italiens ont le secret. L’Italie est décidée à ne plus bouger, à laisser faire, à se désolidariser de l’Allemagne, pourvu qu’elle ne perde pas la face et que le blocus le long de ses côtes soit allégé. La proposition est acceptée.
    La destruction de la Cité du pétrole, la passivité italienne oblige l’Allemagne à abandonner ses conquêtes et à se replier sur son territoire. Le dernier entretien qui aura lieu au château fortifié du Wachfeld sera décisif. Hitler, fou de rage, crie à la trahison et s’apprête à exécuter Göehring  (appelé Morrhing dans le roman) et ses hommes à l’intérieur du PC opérationnel. Ceux-ci se défendent contre les tueurs SS et sortent vainqueurs de la confrontation. Sur le coup, Hitler meurt, foudroyé par une crise nerveuse :
    « -Des lâches, des traîtres !... Vous êtes tous…
    Halètement de fureur. Et le cri, l’appel, l’ordre :
    -Siegburg !...
    Vingt-deux poings firent jaillir des étuis les brownings noirs.
    -Non ! jeta Morrhing.
    Et avant que le premier coup de feu eût retenti, il était de toute sa masse derrière le Führer, qu’il empoigna aux bras, qu’il plaqua tout contre son propre corps tassé dans le coin du Caveau.
    Les détonations crépitèrent. Mais toutes ne provenaient pas des brownings des SS. Des Généraux, des Ministres eurent aussi l’arme au poing. Des officiers jaillirent des caveaux voisins et du couloir. Ce ne fut pas comme au « 30 juin ». Ici, ce soir-là, ils se défendirent, les condamnés à mort par la « volonté de puissance ». (…)
    Les vingt-deux officiers du SS entrés dans le Caveau furent tués, et quelques autres restés dans le couloir, et aussi deux Généraux aides de camp du Führer.
    Quant au Führer lui-même, raidi, les dents serrés, les yeux révulsés par une crise nerveuse, il fut porté jusque dans la chambre qui avait été spécialement aménagée à son usage…»
    La guerre est terminée. Un nouveau traité, découpant le pays en différentes zones empêchera à tout jamais la renaissance de la « Bête ». Ceci se passe le 30 juillet 1939.
    « la Guerre, la Guerre » représente une tentative réussie de la part de Jean de la Hire de projeter en un avenir proche ce qu’annoncent les prémisses sociales , militaires et politiques dans la réalité de son époque. Guerre conjecturale malgré tout, où il est impossible de prévoir avec exactitude ce qui va se produire, comme l’importance (fausse) qu’il accorde aux lignes Siegried et Maginot, qui en constitue un exemple patent. Pourtant la fresque n’est jamais ridicule et quoique liée à un franc patriotisme, nourrie de détails, elle se lit avec plaisir, le point d’orgue étant incontestablement la destruction finale de Hitler.

  8. Type: livre Thème: menaces climatiques Auteur: John Bowen Parution: 1958
    M. Uppington, un bricoleur de génie, a trouvé le moyen de faire pleuvoir à l’aide d’un catalyseur,  ce qui aiderait beaucoup les agriculteurs. Il en fait part au narrateur, Clarke, employé de Foyles and Cie,  et la première - et dernière tentative - a lieu dans un champs près de Londres. Le ballon explose. M Uppington y laisse sa vie. Il commence à pleuvoir,  une pluie que rien n’arrêtera plus : c’est la "Grande Pluie " :
    Les Noé se mirent à proliférer en Grande-Bretagne. Il y avait le Noé de Plymouth, le Noé de Bradford, et un vieux fou qui habitait à la sortie de Luton.  Etant les premiers, ils furent ceux qui eurent le plus de publicité, mais beaucoup d’autres les suivirent, maudissant les péchés du monde et fabriquant tous, avec une habileté variable, des arches dans lesquelles ils avaient l’intention d’entasser leurs familles et autant d’animaux qu’ils pourraient s’en procurer. "
    La situation, d’abord préoccupante, devint bientôt dramatique. Les autorités anglaises organisent des évacuations et les regroupements des personnes sinistrées dans des camps situés sur des hauteurs :
    " En février, ce fut le dégel. Dans le pays entier, les rivières gonflées débordaient de leur lit, emportaient les ponts, inondaient les fermes, noyaient les gens et le bétail qui avaient survécu au froid.  Les rues de Londres étaient sous l’eau. Les fours crématoires de Golders Green et de Woking travaillaient vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Ils recevaient le combustible en priorité, car on ne pouvait enterrer les morts. "
    Clarke a pris en charge Wendy, la femme d’un ami, pour la mettre en sécurité. L’entreprise est périlleuse puisque petit à petit, l’eau monte, submergeant les rues des villages, l’ensemble de la campagne anglaise, puis les hauteurs. Wendy est prise d’une mauvaise grippe : elle tousse sans interruption. Les camps,  de cloaques se transforment en mouroirs, les forces d’autorité se délitent, les gouvernements disparaissent. Pour comble de malheur l’arrivée de l’hiver, transformant la pluie en neige, provoque une famine généralisée avec apparition du cannibalisme alimentaire. Clarke laisse Wendy dans un camp et reprend la navigation sur une sorte de mer intérieure (et sous la pluie) en compagnie de Sonya, une pianiste sauvée des eaux. Ils se retrouvent quasiment seuls dans l’univers lorsque leur dérive les rapproche d’une espèce d’arche publicitaire (celle des produits Glub) occupée par un petit groupe d’individus qui les recueille :
    "Ce radeau appartenait à l’International Unitarian Breakfast Food Company. Il était en balsa, et généreusement pourvu d’un stock de Glub, " l’aliment idéal du petit déjeuner : suffit à lui tout seul ! " l’International Unitarian Breakfast Food Company affirmait que l’homme pouvait se nourrir exclusivement de Glub ".
    On y trouve Arthur Rensham, le patron, Muriel Wesley, une jeune femme et son mari Otterdale, un culturiste, Tony Ryle, Gertrude Harrisson, une actrice,  ainsi que Banner Harold le pasteur, tous gens de hasard. Clarke a des difficultés à se faire admettre à bord contrairement à Sonya dont l’avenir de reproductrice plaît à Arthur. Celui-ci impose une stricte discipline, acceptée implicitement par les autres, distribue punitions et récompenses et assume enfin le leadership que la vie d’avant lui avait refusé :
    " Avez-vous la moindre idée de la proportion  de déficience mentale en Grande-Bretagne ces cinquante dernières années ? Non, bien sûr. La proportion de crétins et de demi-crétins s’est accrue parce que, si l’on peut convaincre les gens intelligents de pratiquer le contrôle des naissances, on ne peut enseigner les méthodes contraceptives à des idiots (…) En d’autres termes, les hommes ont accru leur quantité et diminué en qualité ; les imbéciles ont de plus en plus dépassé en nombre les intelligents, et, sous le système des démocraties, ils jouissaient du même pouvoir politique (…) la folie. Nous allions vers la folie. - Je vois -  Le Déluge a tout balayé. Seuls les êtres intelligents y survivront, avec ceux des êtres stupides qu’ils jugeront bon de sauver avec eux. - Pourquoi en sauver ? - Pour les travaux grossiers. Vous avez observé les proportions physiques de Mr. Ryle. Il nous sera très utile quand les eaux se retireront et que nous entreprendrons notre installation. De plus, si l’on procède à des croisements judicieux (…) - Et si les eaux ne se retiraient pas ? -Il est évident que si, affirma Arthur avec colère. Vous figurez-vous que la sélection naturelle compte nous remplacer par des poissons ? "
    La place de chacun à bord étant bien définie, le temps  vital se structure à travers les jeux relationnels qu’ils établissent entre eux. Leurs comportements se dégradent au fur et à mesure que la pluie dure. Muriel et Gertrude rivalisent entre elles pour savoir laquelle des deux a le mieux servi l’art dramatique. Quant à Clarke, la jalousie le taraude à l’idée que Sonya se livre avec Tony , en un lieu réservé au fond de la cale, à des exercices de musculation.
    Arthur, lui, reste imperturbable. Se sentant désigné par le destin pour conduire l’arche à travers tous les périls, il affronte victorieusement la tempête, un tsunami géant provoqué par un effondrement océanique, ainsi qu’une pieuvre gigantesque qui, comme celle du capitaine Nemo, menace l’esquif :
    " Vous êtes Dieu ! criait-elle à Arthur. Vous êtes Dieu, vous nous l’avez dit ! Faites que cela s’arrête !-Ne dites pas de bêtises, l’ai-je interrompue. Il ne voulait pas être pris au sérieux.  -Mais Muriel a continué à crier : " Dieu ! Dieu ! Faites que cela s’arrête ", bientôt soutenue par Gertrude  -Alors lâchez-moi, a dit Arthur. Otez vos mains de ma chasuble.
    Les deux femmes ont cessé de s’accrocher à la couverture, tout en restant à genoux, les cuisses reposant sur les mollets. D’un geste, Arthur a indiqué à Banner que nous devions aussi nous agenouiller, et nous avons obéi. Il a paru s’en satisfaire. Tenant en mains deux coins de la couverture, il a ouvert les brais comme des ailes, est resté un instant immobile pendant qu’elles se déployaient, puis les a repliées en avant. -Au nom des pouvoirs qui me sont dévolus en tant que Dieu, a-t-il clamé, je vous commande de vous arrêter. "
    La raison d’Arthur bascule: il se prend pour Dieu,  fondateur d’une future humanité ! Les autres lui devront dévotion et adoration. Tout acte à bord du bateau constituera les éléments d’un nouveau rituel. Il se fait fabriquer deux masques  - car la face d’un dieu ne saurait être regardée impunément ! -, il y a le masque de dieu rieur et celui de dieu sérieux, qui exprime la colère. Ne quittant plus sa cabine devenue le Saint des Saints, il se fait apporter à manger. Le reste du groupe lui passe ses lubies, les considérant comme mineures par rapport au danger que représente la submersion de tout.
    Bientôt, le pire se fait jour. Afin de se concilier le Dieu Arthur, le Grand Prêtre Arthur (car Dieu est aussi l’instrument de Dieu) envisage, à l’instar des tragiques grecs, de sacrifier une Iphigénie pour que les eaux baissent. Or Sonya est enceinte des œuvres de Clarke et elle accouchera sous peu. Arthur arrache à Clarke son consentement au sacrifice, donné du bout des lèvres. Clarke, taraudé par la monstruosité dont fait preuve Arthur, s’en ouvre à Tony :
    " Arthur dit que le Dieu demande un sacrifice, que c’est pour cela qu’il est sorti de la mer. Il a dit qu’il demande une vie, neuve et sans tache.  Il y eut un long silence. - Vous êtes tombés sur la tête, a dit Tony, et il est rentré. - Il est allé droit au temple. Il n’a même pas frappé. - Quand Arthur l’a vu, il a mis précipitamment le masque sévère. "  Hi ha… " a-t-il commencé, avant que Tony ne le lui ait arraché. - Assez fait joujou, a-t-il dit. "
    Tony, dans sa simplicité, prend les décisions qui s’imposent: il poignarde Arthur et,  voulant le jeter par-dessus bord, celui-ci l’entraîne dans sa mort. Peu de temps après, la pluie cesse, le soleil se met à briller, une nouvelle terre se profile à l’horizon.
    Bowen signe un roman remarquable sans concession au réalisme de la catastrophe évoquée avec son cortège d’horreurs. Pourtant, l’essentiel n’est pas là. L’analyse des interactions psychologiques entre les personnages placés dans une situation limite, débouche sur un univers où le mythe se construit à travers le rite. Avec finesse et humour, l’écrivain se livre à une recréation du monde et de l’homme dans laquelle, la catastrophe ayant décapé l’âme humaine, cette dernière se révèle dans toute sa noirceur. " la Grande Pluie " est une oeuvre de refondation comme l’est " le Seigneur des Mouches " de Golding.

  9. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires, péril jaune et guerre des races Auteur: Max LAUGHAM Parution: 1970
    La Chine de Liang Chan, successeur du Fondateur Mao Tse Toung, organise une réunion de l’I.C.R. (Internationale des Communistes Révolutionnaires) en ce mois de décembre 1989. Lors de cette réunion, Anne Villemur et Marco Rovarelli, les représentants de l’.I.C.R. pour l’Europe, sont violemment choqués (ils seront bien les seuls), puisque Lian Chang n’annonce rien de moins que la mise à mort des Etats-Unis par une attaque nucléaire.
    La Chine, appuyée sur les émeutes fomentées de l’intérieur par les groupes-relais de l’I.C.R. devrait mettre à genoux le capitalisme mondial. Le meneur noir de l’I.C.R. U.S. Knox Miller, est l’un des plus ardents défenseurs du projet. Rovarelli, horrifié de ce que prépare "ce peuple de fourmis", charge Anne d’avertir les gouvernements européens avant que lui-même ne soit mis en camp de rééducation. Anne parvient à ne pas trop montrer sa désapprobation mais les Chinois, ne lui faisant plus confiance, la font chaperonner par Li Seng, un agent secret. La jeune femme s’en débarrasse et se réfugie à l’ambassade de Russie en Italie.
    Elle convainc successivement de sa bonne fois l’ambassadeur Balguine, puis Sillissenki , le chef du service de Sécurité soviétique, enfin Pavlenko, le Premier Secrétaire du Parti.  Les Russes, qui ont évolué dans la voie réformiste tracée par Kroutchev, ont développé une société quasi capitaliste, qui ressemble à celle des Etats-Unis tout en gardant une apparence et des structures politiques révolutionnaires. Ils ont donc tout à perdre dans le cas d’un conflit de la Chine avec les U.S.A., puisque l’Amérique les tiendra pour les premiers responsables du déclenchement des hostilités. Contact est pris avec leurs homologues politiques américains. En douceur, mais avec diligence, les médias des deux pays préparent l’opinion politique à l’idée d’une collaboration étroite entre les deux blocs contre de la Chine.
    Les troubles ont débuté et Knox Miller, s’appuyant sur les "Blacks Panthers ", en fait voir de toutes les couleurs à la police américaine. Les autres groupements révolutionnaires du bloc sud-américain, appuyés sur une logistique fournie par la Chine, les ont suivis. Sans que jamais les citoyens des pays du monde ne s’en doutent, la tension internationale augmente.
    Anne, de son côté, retrouve l’ambassadeur Balguine, qui, plutôt de type Démocrate Chrétien (peut-être dû à la situation géographique de son ambassade à proximité du Vatican ?), tente une dernière démarche pour sauver la paix dans le monde: prévenir le pape.Il s’envole vers l’Italie avec Anne, et,  en la soustrayant à l’influence russe, lui permet de rencontrer Guido, personnage innocent dans toute cette histoire, sur lequel elle pourra s’appuyer en cas de nécessité. Balguine convainc le pape mais se fait éliminer par les services secrets chinois. Anne, avec Guido, s’établit à Paris en attendant l’heure H. Toutes les armées sont en état d’alerte. A Paris, Anne apprend avec stupeur que le pape a rencontré Lian Chang:
    " Vous êtes innombrables, dit Jean XXIV, mais chaque grain est une vie, et quand un grain meurt tout le peuple est atteint car chaque grain est irremplaçable.
    Lian Chang eut un sourire. - Que de grains écrasés, que de grains perdus pour la satisfaction de quelques-uns, dit-il, et ceci depuis si longtemps. Jean XXIV porta lentement la main à sa poitrine : -Nous avons des torts, dit-il, les plus grands torts, et nous les confessons devant le monde et devant Dieu tout-puissant.  Lian Chang s’inclina. -Nous sommes prêts à vous accueillir, dit-il. "
    La Confédération Européenne Internationale, suite à cette rencontre, provoque la réunion d’une assemblée extraordinaire et la cessation des hostilités en vue d’établir une redistribution plus juste des biens mondiaux pour y inclure la Chine.
    Une histoire naïve  de politique-fiction à la frange du roman-catastrophe, écrite par un homme politique français. Quoique bien documentée, elle s’apparente davantage au conte de fées en ce qu’elle ne prend en compte,  dans le jeu de la mort qu’elle envisage, que les activités diplomatiques et politiques, négligeant la réaction des masses à l’événement.  Pétrie de bons sentiments, elle envisage même qu’un leader spirituel aussi impliqué dans le temporel que le chef de l’église de Pierre  puisse faire avorter le conflit. Ce qui ne s’est jamais vu dans la réalité et qui prouve bien que le lecteur est dans le domaine de la science-fiction.

  10. Type: livre Thème: disette d'éléments Auteur: Théo VARLET Parution: 1930
    Aurore Lescure, première jeune Américaine à voler dans l’espace, prend son essor et, après un temps passé en orbite, atterrit en France, en Provence. Elle est découverte par Gaston Delvart, peintre,  et par son ami le docteur Alburtin , médecin, qui la ramènent dans leur propriété, afin de l’examiner, l’atterrissage ayant été quelque peu mouvementé. Le peintre, à sa vue, tombe éperdument amoureux d’Aurore, ce qui nous vaut la sempiternelle romance sentimentale de rigueur dans les récits du genre. La jeune femme a rapporté sur terre de la poussière météoritique contenant des germes  d’un lichen qui ne tardera pas à proliférer intensément dans l’atmosphère terrestre.
    Aurore est ramenée à Paris par son ami Gaston.  Le tendre sentiment de celui-ci est déjà contrarié par l’infect Américain Lendor J. Cheyne qui, sponsorisant l’aventure, a pris une option sur la jeune astronaute. Aurore s’évertuera sur plus d’une centaine de pages à fuir les journalistes qu’elle abomine. Arrivée à Paris avec Gaston elle soumet un échantillon de lichen au grand et désagréable savant Nathan pour analyse.
    Le lichen continue son développement en se nourrissant des flux magnétiques générés par les conducteurs électriques. Il se fixe sur tout ce qui produit de l’électricité, sur les ampoules, les fils, les compteurs, les moteurs. La dispersion des spores dans l’air produit aussi des démangeaisons insoutenables. Selon la vitesse de propagation du fléau, le lichen primitif se diversifie en variétés plus ou moins dangereuses.
    L’une de ces variétés est même comestible avec un goût de confiture de framboise et l’on verra apparaître aux coins des rues des marchands de «Xénobie», nom donné à  ce lichen. L’on  suivra la propagation du lichen à la trace,  du cabinet médical du  Dr Alburtin, en passant par l’oncle de Gaston, à l’hôtel où Aurore a élu domicile et le laboratoire de Nathan. La menace devient de plus en plus grande, et de simple désagrément, le lichen se met à désorganiser la structure de la société en empêchant la vie nocturne et les transports:
    " Dès le portillon d’entrée sur le quai, une odeur suffocante de fleurs en putréfaction remplaça le phénol des couloirs qui attestait un essai de désinfection. Sous la voûte de la station grondait une sourde rumeur, non humaine. On eut dit, mêlé à des crépitations, le bruit d’une forêt dont les branches craquent sous le givre, en hiver. Les lampes " malades " pour la plupart, enrobées d’un réseau de végétations, rougeoyaient. Tassés au bord du quai, les voyageurs ouvraient de grands yeux et se grattaient en silence.
    La Xénobie avait envahi les voies. Mais ce n’était plus comme le matin à " Villers ", une offensive timide; une véhémente poussée de la création extraterrestre développait sur les rails un lichen aux bataillons agressifs, un revêtement d’un rouge violacé, hérissé de pointes, comme une cristallisation géante. "
    Rien ne semble pouvoir l’arrêter, sauf à couper toute électricité partout pour le priver de nourriture. Entre temps, le père d’Aurore, en compagnie de l’homme d’affaires américain, arrive en France. Gaston, qui accueille les deux hommes,  présente son amie Luce, américanophile et fascinée par les dollars,  à son rival Cheyne. Coup de foudre réciproque. Cela laissera le champ libre au peintre pour déclarer sa flamme à Aurore. Le fléau s’étendant, la France prend des mesures radicales: coupure d’électricité et abandon des moteurs à explosion en faveur de la traction animale.
    " Avec la suppression de l’électricité, tout s’arrête dans Paris. Les moyens de transport: métro, tramways, chemins de fer électrifiés, sont déjà virtuellement abolis. Si les véhicules automobiles ont pu circuler jusqu’à ce matin, c’est parce que l’intensité de leurs sources d’électricité, batteries d’accumulateurs, magnétos, dynamos, est assez faible pour n’engendrer que des variétés de lichen peu exubérantes et relativement bénignes. Mais ces variétés, comme les autres , produisent des spores, dont la descendance risque d’être calamiteuse. "
    La régression sociale, le chômage et des grèves s’installent durablement. La France mise en quarantaine par les pays voisins et l’Amérique, Aurore ne pourra plus rentrer chez elle, ce qui arrange bien les affaires de Delvart. Les ouvriers communistes ne respectent pas le décret et remettent en marche la centrale de Saint Denis malgré l’interdiction gouvernementale. Alors l’impensable se produisit: la centrale,  desservant tout Paris , sera infectée par la Xénobie, et c’est " la Grande Panne ".  Une variété extrêmement dangereuse de lichen,  appelé le " lichen ardent " fait son apparition. Son effet est redoutable et provoque la terreur:
    " Un point lumineux au fond de l’avenue mal éclairée, s’avançait avec de petits bondissements souples... tiens, comme un ballon de football qui eût roulé tout seul sans personne pour le pousser. Il grossissait et se rapprochait, suivant l’axe de l’entrevoie des tramways, et, derrière ce premier ballon, il y en avait encore, un, deux, trois, dix... Toute une ribambelle à la queue leue leu... de grosses boules de lumière verte... comme des globes de pharmaciens... Mais ces boules avaient un mètre ou deux de diamètre.
    (...) Feu à volonté! Les lebels claquèrent, la mitrailleuse pétarada. De la première boule verte, des flammèches s’arrachèrent sous les balles; elle parut agitée de violentes palpitations, se déforma, comme si quelqu’un caché à l’intérieur se fût débattu, lançant coups de pieds et de poing qui faisaient saillir l’enveloppe du ballon....Mais elle avançait toujours droit sur l’auto blindée, qui finit par me la cacher. Je ne vis pas l’abordage, mais soudain une grande flamme sortit de l’auto, qui s’enveloppa de fumée. "
    Les pays voisins sont touchés à leur tour. Que faire contre la " Terreur électrique " ?  Dans le laboratoire du Dr Nathan, qui a engagé Aurore et son père, se prépare la découverte capitale: il suffit d’attendre l’hiver, la baisse de température fera périr le lichen récalcitrant. Or, quelle coïncidence !, le froid arrive sous la forme d’une bonne gelée. Il ne reste plus qu’à attendre et le monde sera sauvé.   
    Comme un bonheur n’arrive jamais seul, le papa d’Aurore se fait sauter dans son laboratoire après avoir découvert le secret de la scission atomique grâce au lichen,  secret dont il lègue la formule  à sa fille, devenue sa légatrice universelle. La voie est ouverte pour Gaston qui aura tout le prochain roman , sous le titre de " Aurore Lescure, pilote d’astronef ",  pour roucouler à son aise avec sa dulcinée.
    " La Grande panne ", malgré certaines naïvetés dans la description des situations, quelques faiblesses de style, des conventions répétées à satiété dans les intrigues, n’en demeure pas moins intéressant. Hors du guimauve des bons sentiments, il subsiste, ça et là, des descriptions de la catastrophe qui ne dépareraient pas un roman plus moderne. Le thème de la disette énergétique, variété du thème "disette d’éléments", sera largement exploité par la suite, à commencer par Barjavel dans "Ravage" jusqu’aux romanciers populaires comme Jimmy Guieu,  en passant par "la Mort du fer " de Held.