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Bienvenue dans la Base de Données des livres !

Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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Livres

  1. Type: livre Thème: après la Bombe... Parution: 1992
    Surprenante Miss  qui survit sous les ruines effondrées, dans un abri de béton, en compagnie de sa « cousine Anne », sans aucun lien avec un extérieur que l’on suppose bouleversé par une guerre totale. L’arrivée impromptue d’un fier guerrier, mâle et viril, relève quelque peu un ordinaire plutôt fade. Une curiosité inextinguible la consume en premier:
    « La guerre est-elle enfin terminée ?
    Quelle est la nouvelle mode à Paris ? »  
    Enfin, comme le temps de jouir est bien court et que l’ennui suinte des murs, elle presse activement et avec malice le héros de s’exécuter, lui demandant de la combler dans ses fantasmes érotiques :
    « Pas de chichis, et mettez-vous à l’aise
    C’est dans un tout petit instant que l’on baise (…)
    Enfoncez-moi à fond par tous les bouts
    Laminez-moi par-dessus, par-dessous
    Sous ces tonnes de béton
    On manque de distraction
    Normal… »
    La chose faite, elle le somme de « récupérer (ses) douilles et (son) obus » et de disparaître de son univers.
    Chanté d’une voix angélique, un instantané cru, ironique et débridé de la vie quotidienne après la catastrophe, et qui n’aurait certes pas mérité les foudres d’une censure stupide.

  2. Type: livre Thème: savants fous et maîtres du monde, invasions d’insectes, la cité foudroyée Auteur: Charles DE RICHTER Parution: 1937
    Les événements se précipitent en cette année 1987. Trois nouveaux croiseurs récemment lancés par des pays européens coulent à pic. Des lettres de menace aboutissent mystérieusement sur le bureau du ministre de l’Intérieur, Etienne Gromier. Elles annoncent d’autres sabotages, d’autres désastres à Paris, s’il n’est pas mis fin immédiatement à toute activité belliqueuse internationale.
    Louis Berson, journaliste employé aux " Nouvelles du Monde ", se met en piste pour découvrir le redoutable individu qui menace le monde. Ayant eu vent de l’évasion de Melpomès, un condamné à mort, il découvre qu’une jeune femme " à la phalange gauche coupée " est probablement une intermédiaire entre le criminel inconnu et le monde politique. Ayant obtenu certains renseignements de la part du père Félibien, vieil huissier original au Palais de justice, Louis Berson est enlevé puis retrouvé, amnésique. Son patron, Jean Sorlin le fait hypnotiser par le mage Sankar pour que les souvenirs lui reviennent.  Il semble avoir été retenu prisonnier dans une salle souterraine parcourue par une machinerie électrique et, sur son trajet, mis en contact avec une termitière géante aussi imposante que les tours de Notre-Dame
    Ces insectes, lancées à l’assaut de la ville, sapent les fondations des bâtiments officiels et militaires. la Tour Eiffel elle-même, symbole d’une France fière et victorieuse, s’écroule, tragiquement minée :
    " Après plusieurs secondes qui semblèrent des siècles, on vit enfin le sommet de la Tour décrire un arc de plus en plus grand, tandis que s’éteignaient toutes les lumières qui, jusqu’alors, avaient clamé que, là-haut, il y avait des hommes qui vivaient, qui pensaient, qui osaient. Et, brusquement, dans un fracas de tonnerre où le bruit des haubans d’acier qui se rompaient était semblable à l’explosion des obus, la Tour entière, orgueil de Paris et voix de la France, bascula tandis que la foule, incapable de se maîtriser, hurlait d’horreur, et que se rompaient les rangs des soldats noirs destinés à la maintenir. Elle se cassa en deux avant de toucher le sol, projetant sa partie supérieure sur les immeubles abandonnés, et les réduisant en ruines, tandis que sa masse principale labourait le sol et s’y enfonçait profondément. Et tout aussi rapidement que la clameur et le fracas de la chute étaient montés au ciel, un silence lourd comme une crêpe s’appesantit. La Tour était morte ! "
    C’en est trop pour les Parisiens qui quittent la ville en masse, laissant derrière eux le vide et la désolation. Etienne Gromier de son côté, a été battu par le démagogue Duguay-Baillon qui prend la  Présidence du Conseil à sa place,  et dont la première mesure sera d’évacuer le gouvernement à Alger. Quant à Louis Berson, il suit à nouveau la trace de la mystérieuse jeune femme dont il apprend l’identité : Viviane Dermoz, étudiante en Sorbonne. Les menaces épistolaires continuent de pleuvoir, les bâtiments de s’écrouler les uns après les autres. Gromier convoque ses corrélatifs européens pour une mission de la dernière chance dans une ville de Paris désertée.
    Sir Horace Mersy, le représentant anglais, est le premier à capituler. Il suggère de signer le protocole européen de désarmement que le fou réclame. Coup de théâtre !  Person reconnait en la personne de Félibien le savant fou qui l’avait enlevé, de son vrai nom Victor Dermoz, c’est-à-dire le papa de Viviane. Dermoz refuse d’abandonner son idée fixe qui est la destruction de l’ensemble des ouvrages humains par ses termites auxquels il commande par vibrations interposées.  
    L’enlèvement de Sir Horace et de Viviane par le collaborateur dément de Dermoz le fait changer d’attitude. Pour sauver sa fille,  il coopère avec Person. Après une longue poursuite dans les tunnels souterrains de Paris où oeuvrent les termites, les deux hommes neutralisent le fou et délivrent ses infortunés cobayes. Dermoz, dont l’idéal anarchiste s’effondre, ne peut survivre à son échec et se suicide. Quant au protocole adopté par les pays européens, il ne tint pas la route longtemps. Au moindre malentendu, il sera abandonné en faveur d’un bon et solide réarmement.
    Un roman policier qui présente de nombreux éléments conjecturaux et offre une vision désabusée du futur.

  3. Type: livre Thème: pollution généralisée Auteur: Gordon R. DICKSON Parution: 1972
    La Terre est en en proie à une terrible épidémie, la pourriture rouge, générée par les spores de plantes dont l’existence est due à la pollution généralisée. Les hommes, totalement protégés, ont installé leur cité sous bulle, en milieu aseptisé, pour éviter tout contact avec l’extérieur. Repliés sur eux-mêmes, les humains ont malgré tout gardé un haut niveau de technicité.
    Le héros, Chaz Sant, est un être psycho-sensible qui tente d’accéder à la " Masse Pritcher ". Tel est le nom donné par son découvreur à une sorte "d’inconscient collectif" réunissant les meilleurs esprits aux aptitudes parapsychiques avérées en vue de rechercher, par le biais de la pensée dirigée, une nouvelle terre où la survie de l’espèce humaine serait assurée.
    N’accède pas qui veut à la Masse Pritcher. C’est par des tests que le héros, au destin singulier, se trouve connecté et immédiatement repéré par les tenants de la "Citadelle", une mafia qui souhaite préserver pour son propre compte la Masse Pritcher, en abandonnant le reste des humains à son triste sort. Il est aidé dans ses périls par Eileen, une jeune "Sorcière", c’est ainsi que l’on prénomme les êtres aux capacités psi qui ont échoué aux tests.
    Chaz, après diverses péripéties, se retrouve à l’extérieur de la bulle où il fait la connaissance des "Roux", des hommes naturellement immunisés contre le fléau. Avec leur aide, il envisage de provoquer l’ouverture irréversible de la bulle, ce qui condamnerait à mort les citoyens, mais permettrait aux émeutiers de s’attaquer à la Citadelle. Fait prisonnier, il apprend que la Masse Pritcher est totalement infiltrée jusqu’à son plus haut niveau par les responsables de la Citadelle. C’est à ce moment-là qu’il a la certitude de pouvoir jouer le rôle d’un catalyseur en parvenant à réunir tous les esprits humains en réseau. La pourriture rouge, qui n’était en fin de compte qu’une maladie psychosomatique, est balayée,  et le chemin des étoiles s’ouvre devant une humanité libérée :
    " Les spores de la pourriture qui étaient touchées mouraient instantanément, comme elles mouraient dans les poumons des sorciers et des exilés immunisés. L’ouragan grossit et rugit. Un tourbillon se forma, montant vers les nuages les plus bas. (…) La force massique éventra le ciel, allant vers l’ouest, détruisant les nuages et la pourriture sur son passage. Une longue déchirure s’ouvrait dans l’épaisse couverture de nuages au-dessus de la ville. Comme le printemps fait éclater la glace d’une terre longtemps gelée, le soleil brilla soudain à travers cette déchirure dans un ciel sans nuage au-dessus d’un horizon libéré. "
    Le lecteur se trouve face à un récit confus qui exploite de nombreux thèmes – pollution, parapsychologie, dystopie, etc.-  sans jamais pouvoir les relier avec harmonie. Un roman peu convaincant!

  4. Type: livre Thème: disette d’éléments Auteur: Eero TOLVANEN Parution: 1954
    Le narrateur est témoin des étranges événements survenus ce soir-là. Le papier, tout le papier, les livres, papiers d’identité, testaments, traités, pactes, papier-monnaie, etc. s’est transformé en une poussière grise à l’odeur désagréable. Avec son amie Laila, ils observent de leur chambre, désabusés, la décomposition sociale qui en résulte.
    D’abord, comme une inquiétude, puis un cri dans la foule : " C’est la fin du monde ! ", ensuite, des catastrophes individuelles (suicides) suivies par des actions collective en vue de s’approprier de la nourriture. La loi martiale est proclamée, les militaires prennent position dans les rues, le rationnement  et le couvre-feu sont proclamés.  
    Par la suite, l’on se rendit compte de l’immense perte survenue à la littérature, ce qui impliquera la mise en place de clubs de lecture et de cercles de conteurs. En attendant la nouvelle découverte d’un papier indestructible, l’ardoise et la craie, les microfilms et la photo, seront les supports les plus utilisés. Enfin le jour vint, où l’on découvrit un papier résistant à la maladie. Et ce jour-là, le monde fut à nouveau noyé sous un flot de paperasse inutile.
    Une courte nouvelle, malicieuse et poétique, qui traite bien mieux du sujet que les trois cents pages de Georges Blond dans " les Naufragés de Paris ".


  5. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: Michaël MALTRAVERS Parution: 1966
    Lorsque Merry Pontus signale la gravité des agissements  d’un groupe d’extrémistes se prénommant « la Tendance », ses autorités de tutelle, en l’occurrence « le Gros », le mettent sur la touche. Il n’en continuera pas moins à suivre sa piste qui l’amène de Babisch Matatchitch à Léva Berenson et Anne Gobin, tous trois directement impliqués dans le développement de la « maladie de Chooz ». Les premiers symptômes radioactifs sont apparus aux emplacements des centrales nucléaires, contaminant de vastes zones de terrain. Pour ne pas susciter de panique, le Gros, dirigeant le bureau spécial 03, préfère cacher les événements. Mais Pontus,  avec Lap, un collaborateur, en connexion avec Mc Lean, de la branche spéciale de Scotland Yard, suit l’évolution inquiétante de la situation : des signes de contamination le long d’une voie ferrée, l’assassinat de trois individus suspects vêtus de tenues protectrices, des informations en provenance du KGB qui ne tient pas à porter le chapeau en cette affaire, lui font soupçonner une action terroriste massive perpétrée sur le territoire français par un petit groupe d’anarchistes qui ne se réfère à aucun pays socialiste en particulier. La haine et la revanche semble seules les animer. Avec des déchets radioactifs rapportés des fonds marins, ils empoisonnent les réservoirs d’eau, répandent de la vapeur contaminée dans des centres urbains, seraient prêts à rayer Paris de la carte du monde si Pontus n’arrivait à écarter la menace. Pour la ville de Coutances, il est déjà trop tard :
    « D’abord, il y avait les trois bébés de la rue Saint-Pierre, trois monstres à la naissance desquels on avait parlé de Thalidomide, vaguement, sans trop y croire. Le petit aveugle, Pierre Garcia. Aveugle ? pas tout à fait exact : il n’avait pas d’yeux. Un front, qui continuait, sans arcades, sans orbites. Il y avait le nez, la bouche, le menton, le gazouillis d’un bébé, mais à la place d’yeux, rien, qu’une plaque d’os et de peau, lisse, fermée. Une plaine de chair blanche où battaient des veinules. Jean Ladou était le têtard. Une queue de trois vertèbres et quatre nageoires plates. Il s’agitait dans son berceau en riant d’un air heureux. »
    Repérant la trace du camion qui a semé la mort dans la ville, il devra s’éclipser lorsque dégénèrent les manifestations violentes déclenchées par des terroristes qui espèrent entraîner le PCF dans la lutte:
    « La rue se mettait à grouiller d’une foule qui s’agglomérait en groupes affolés, avec des sanglots et des cris, instantanément emportés par l’hystérie. Quelqu’un ramassa une pierre et la lança vers Pontus. Elle l’atteignit au front. Le sang commença à couler sur son visage. Il sortit son F.M. et tira en l’air. La foule avait soudain pris la forme d’une tête avec un long corps compact et menaçant, qui marchait, prête à tuer, prête à écraser n’importe quoi, une foule terrorisée que les images d’Orsay toutes fraîches hantaient encore, et qui se voyait mourir. »
    La traque se poursuit près de la presqu’île du Cotentin avec l’appui de la marine française et l’accord des pouvoirs publics pour arraisonner sur le champ les submersibles anciens et déclassés qu’utilisent les terroristes. Récupérant des fûts toxiques  sur le sol marin, ils espèrent en disperser les cendres radioactives sur les routes de France, les chargeant sur des camions anonymes. Les submersibles seront détruits sauf un, qui passe entre les mailles du filet. Pontus, ayant des indications précises sur le lieu de la livraison, arrive au moment précis où dans le « Bloc 4 », c’est-à-dire un casse aménagé en plein milieu d’une zone de jardins ouvriers à Nanterre, Anne Gobier s’apprête à faire exploser une tonne de poussière radioactive :
    « A huit kilomètres à l’ouest de l’Opéra, une grosse femme était assise derrière une petite table, le visage enflammé, durci. Dans chacune de ses mains, elle tenait le fil nu d’un pole du détonateur. Il suffisait qu’elle approchât ses deux mains pour qu’une tonne de poussières atomiques jaillisse dans les airs, dans la brise d’ouest qui soufflait doucement vers la ville. »
    Pontus, confronté directement à l’impitoyable terroriste, parviendra à empêcher la catastrophe mais en y perdant la vie.
    Un roman passionnant de bout en bout, à l’intrigue tendue et à l’écriture nerveuse. Le danger de la dissémination nucléaire est traité avec réalisme et traduit une inquiétude qui se concrétisera dans la réalité avec les accidents de Three Miles Island et Tchernobyl.

  6. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires Auteur: G. LAFFONT Parution: 1953
    Le professeur Richter, directeur du CNRS, et son assistant Jean Degrève, ont réussi à percer le secret de la matière. Richter est pessimiste quant à l’usage que l’humanité pourrait faire de son secret :
    «Pensez que le nouveau procédé de désintégration facilement réalisable en laboratoire, mettrait à portée du premier venu, d’un inconscient ou d’un fou, le plus formidable moyen de destruction qui soit concevable. »
    Il n’a pas tort. Le soir même, les deux hommes sont enlevés par les sbires de Tulax, un descendant des rois Toltèques qui a juré la mort des Blancs. Ils seront emprisonnés en son repaire souterrain, dans un îlot de la mer australe, où Tulax espère arracher son secret au professeur Richter. Celui-ci résiste, puis, de guerre lasse, se suicide. Reste Degrève, lequel, sous l’influence de Maya, une jeune étudiante indienne  rencontrée jadis à Paris, est près de succomber :
    « La jeune indienne, plus diaboliquement belle que jamais dans une robe légère qui moulait son corps chaud et doré, s’était faite insinuante, enveloppante et tentatrice, avec ce pouvoir de séduction qui émanait de sa jeunesse ardente et sauvage, de ses longs yeux noirs, de ses lèvres sucrées, de ses mains douces et caressantes. »
    Maya joue  un jeu trouble (ne serait-elle pas la compagne de Tulax ?) et Jean résiste, bien qu’il ait achevé la bombe avec laquelle il compte faire sauter l’île, et donc se sacrifier lui aussi.Grâce à son ami Pierre Thibaud, officier de marine, qui a eu vent de sa disparition , ayant  réussi à le situer à cause d’une bouteille jetée à la mer par Jean, intervenant avec célérité dans son sous-marin « Le Téméraire », la vie du jeune chercheur put être sauvée. Au moment où Jean, quitte l’île en plongeant à la rencontre du submersible croisant au près, Tulax, Maya, et la société robotisée des indiens vengeurs volent en poussière.
    Une petite nouvelle écrite à la gloire du génie français, dans le ton de la littérature populaire des années cinquante.

  7. Type: livre Thème: l’entropie progresse... Auteur: Herbert Georges WELLS Parution: 1895
    Nous ne ferons pas l’injure au lecteur de résumer ce roman de Wells devenu un classique de la littérature de science-fiction. Dans le dernier chapitre, l’explorateur du temps, pressé de fuir les Morlocks, s’engage dans un futur incroyablement lointain proche de la fin des temps :
    " Je m’arrêtai tout doucement, et, restant assis sur la Machine, je promenai mes regards autour de moi. Le ciel n’était plus bleu. Vers le nord-est, il était d’un noir d’encre, et dans ces ténèbres brillaient vivement et continûment de pâles étoiles.
    Au-dessus de moi, le ciel était sans astres et d’un ocre rouge profond ; vers le Sud-Est, il devenait brillant jusqu’à l’écarlate vif où, coupé par l’horizon, était le disque du soleil rouge et immobile. Les rochers autour de moi, étaient d’une âpre couleur rougeâtre, et tout ce que je pus d’abord voir de vestiges de vie fut la végétation d’un vert intense qui recouvrait chaque flanc de rocher du côté du Sud-Est. C’était ce vert opulent qu’ont quelquefois les mousses des forêts ou les lichens dans les caves, et les plantes qui, comme celles-là, croissent dans un perpétuel crépuscule. "
    Le soleil rouge énorme, la mer étale, le ciel noir, sont les preuves que le Soleil est en expansion, que la composition de l’atmosphère s’est modifiée et que les marées sont mortes. Mis à part des sortes de lichen, aucun être évolué ne se profile dans le paysage. Encore plus avant dans le temps, s’installent le froid et les ténèbres tandis que le seul indice de vie est une sorte de ballon protoplasmique incompréhensible. Le monde est entré en agonie :
    " L’obscurité croissait rapidement. Un vent froid commença à souffler de l’Est par rafales fraîchissantes et le vol de flocons blancs s’épaissit. Du lointain de la mer s’approcha une ride légère et un murmure. Hors ces sons inanimés, le monde était plein de silence. De silence ? Il est bien difficile d’exprimer ce calme qui pesait sur lui.
    Tous les bruits de l’humanité, le bêlement des troupeaux, les chants des oiseaux, le bourdonnement des insectes, toute l’agitation qui fait l’arrière-plan de nos vies, tout cela n’existait plus. Comme les ténèbres s’épaississaient, les flocons tourbillonnant et dansant devant mes yeux, devinrent plus abondants et le froid de l’air devint plus intense. A la fin, un par un, les sommets blancs des collines lointaines d’évanouirent dans l’obscurité. La brise se changea en un vent gémissant.
    Je vis l’ombre centrale de l’éclipse s’étendre sur moi. En un autre instant, seules les pâles étoiles furent visibles. Tout le reste fut plongé dans la plus grande obscurité. Le ciel devint absolument noir. "
    Ce tableau désespérant à la grandeur émouvante est à comparer au traitement de ce même thème par Hodgson dans " la Maison au bord du monde " et surtout à la nouvelle de Campbell Jr. " Crépuscule ".

  8. Type: livre Thème: invasions extraterrestres Auteur: A. CLOUET (aucune référence) Parution: 1941
    Le professeur Calret, homme juste et bon mais terriblement irascible, a mis au point la machine à capter la pensée. Dévoilant l’intimité des sujets, elle permettra de soigner les malades et d’instaurer sur terre une ère de vérité. Pierre Bratteur, son assistant et inventeur du " téléphot ", appareil capable de visualiser en réel un être humain où qu’il se trouve, n’est pas de cet avis. Il le fait savoir à Calret qui, entrant dans une immense colère, le chasse de chez lui.
    L’Etat convainc le professeur de lui céder l’exclusivité de son invention. Celui-ci y consent. Lors d’une première expérience destinée à saisir la pensée de " l’homme le plus intelligent du monde " - hormis Calret -, la machine capte des sons situés à plus de 380 000 km de distance. Pour les traduire, l’expérimentateur fait appel à un linguiste de renommée mondiale, le professeur Galmer. Rapidement, il déchiffre la langue inconnue. Sans aucun doute, elle provient de la lune, c’est-à-dire de " Luniens ".
    Quoi d’étonnant à cela puisque Camille Flammarion,  en son temps déjà, avait émis l’hypothèse que la lune pouvait être habitée. Qui plus est, ce sont les pensées d’un général lunien formulant un plan d’invasion de la terre. Les Luniens, dont la vie a procédé par analogie avec la nôtre, se sont progressivement adaptés à l’intérieur de notre satellite, percé comme un gruyère de trous et de galeries. Ils y ont survécu grâce à leur science incomparablement supérieure à la nôtre. Aujourd’hui, leurs ressources minérales étant épuisées, ils n’ont d’autre alternative que de piller celles de la terre, en comptant utiliser deux armes terribles, soit un bouclier résistant à toute arme connue et un pistolet désintégrateur sans aucune parade possible.
    A l’annonce de la terrible nouvelle, Paris se vide de ses habitants, la panique gagne les populations qui encombrent les routes : l’attaque est imminente. Calret et Bretteur, réconciliés,  ont d’autres chats à fouetter : Morgan, homme de main d’un "trustman" américain a enlevé Yvonne, la fille de Calret et fiancée de Bretteur, contre la remise des plans de l’appareil miracle. Au moyen du téléphot qui permet de suivre les faits et gestes du bandit, Yvonne est retrouvée alors que la menace lunienne fait long feu.
    En effet, malgré leurs esprits incomparablement supérieurs, les envahisseurs n’avaient pas tenu compte dans leurs calculs de la différence gravitationnelle entre la terre et la lune. Par conséquent, leurs engins s’aplatissent comme des crêpes sur notre bonne planète, quelque part au Mexique. La terre est sauvée derechef.
    Un petit récit populaire comme il y en eut tant, écrit avec distanciation et humour. Dommage que la fin en soit aussi…plate !

  9. Type: livre Thème: après la Bombe… Auteur: Jean-Michel LIENHARDT Parution: 1988
    Daniel, jeune adolescent de treize ans, vivant dans les environs de Québec, est resté seul avec son ami le chien Filou, dans le chalet familial. Les nouvelles sont mauvaises et mentionnent une tension internationale croissante. Profitant de l’abri anti-atomique savamment agencé par ses parents, il a la douloureuse surprise de s’apercevoir que le monde est passé de la théorie à la pratique. Québec soufflé par la bombe, les Laurentides en feu, un couvercle de ténèbres sur la nature en deuil,  voilà ce que montrent les caméras de l’abri :
    « Daniel poussa un cri de surprise et d’effroi. Un énorme brasier avait envahi l’écran. La vallée tout entière flambait. Fébrilement, il commanda à la caméra un mouvement de balayage vers le haut. Un immense nuage en forme de champignon emplissait le ciel, assombrissant l’horizon, là où normalement on aurait découvert le château Frontenac, la Concorde, les gros immeubles du gouvernement et des édifices modernes. Des volutes gigantesques roulaient les unes sur les autres. Certaines semblaient naître des précédentes pour alimenter la fumée opaque qui obscurcissait le firmament à perte de vue. Elles formaient une chape mortuaire qui couvrait la région tout entière. Pas possible ! Québec, là-bas, et toutes les villes environnantes. Mon Dieu ! »
    Il sait qu’il doit attendre que le cataclysme s’apaise. Il sait aussi que ses parents sont morts. C’est ainsi que commence une veille tragique de quelques mois où, soutenu par Filou, Daniel reste la seule personne sur terre à se soumettre à des occupations quotidiennes car la nourriture ne manque pas dans l’abri, ni même les livres.Vint enfin le temps de la première sortie. Engoncé dans son habit de survie, Daniel sera confronté aux cendres, à la dévastation, à la mort, sous la forme de squelettes ou de cadavres en décomposition qui sont tout d’abord ceux de ses voisins et amis qu’il aimait tant :
    « Il frotta une vitre du salon. Comme frappé en plein visage, il se rejeta en arrière. Non, non ! Pas vrai. PAS VRAI ! Instinctivement, il serra les poings et ferma les yeux. (…) Assis dans un fauteuil, un homme au visage décharné le fixait de ses orbites vides ! Comme le fixait de ses orbites vides une femme assise dans le fauteuil voisin ! Monsieur et madame Villeneuve. »
    Le choc de la découverte lui fait aussitôt réintégrer son abri, le temps d’assimiler la nature de la catastrophe universelle, ce qui le plonge sans transition dans l’âge adulte. Arrive aussi la grande solitude : Filou, qui a gambadé sans précautions autour de l’abri, meurt, irradié. Daniel sait qu’il doit aller de l’avant. Avec son vélo qu’il prépare soigneusement, il projette d’explorer la région chaotique qui s’étend devant lui.
    Il rencontrera deux exemplaires de survivants, gentils ou méchants selon le cas, bien qu’ils portent tous sur eux les stigmates de la lèpre radioactive. Yves, un homme de vingt neuf ans (il en paraît quarante), malgré son aspect repoussant, s’apparente aux gentils. Le premier moment de méfiance envolé, Daniel l’adoptera comme son père putatif et apprendra de lui les règles de la survie :
    « Il enferma l’enfant dans ses bras, longuement, fortement, presque à lui en faire mal. Sur l’autoroute en ruines, encombrée de milliers de voitures désintégrées, dans un cimetière où des milliers et des milliers de morts attendaient d’être inhumés, éclatait une image merveilleuse : un homme embrassait un enfant. Prodigieuse promesse d’un monde qui refusait de mourir. La tendresse avait retrouvé son droit de cité. La tendresse, la solidarité. Un lien venait de nouveau de se créer entre deux êtres humains. Et maintenant seulement, ils venaient de briser leurs solitudes. »
    Il lui sera précieux surtout à l’égard d’un clan familial, dirigé par une femme doucereuse mais dangereuse, Madeleine, dont le seul but sera de découvrir la cache de Daniel afin de la piller. Poursuivis par Richard, l’un des fils de la famille, Yves sera tué dans l’action et Daniel renvoyé à sa solitude.
    Poursuivants a quête, il fera peu après la rencontre de Raymond, un nouvel ami, qui est à la recherche de livres constituant, selon lui, la « mémoire des hommes ». Daniel, lui faisant confiance, lui indique la direction de son abri où Raymond pourra s’approvisionner. Durant ce temps, le jeune adolescent découvre un vieillard, le Père Martin, un gentil grand’ père qui vit en compagnie de Lise une charmante jeune fille de l’âge de Daniel, recueillie elle aussi. Protégés par un abri naturel, ils ont organisé leur survie, et l’arrivée de Daniel constitue pour eux une divine surprise. Le jeune garçon se sent bien avec eux (surtout en compagnie de Lise) et, pour améliorer leur sort, il leur propose de chercher des victuailles, dont il dispose en abondance dans son ancien abri.
    Le père Martin ne voulant bouger de chez lui, Daniel repart en leur promettant que son absence serait de courte durée. Lorsqu’il reviendra vers Lise, il aura la désagréable surprise de constater que la place est occupée par ceux qu’il nommera « les coucous », à savoir des parasites dirigés par un faux prêtre lequel a subjugué le père Martin. Mais Daniel a gagné en maturité et lorsque l’Abbé, mielleusement, le somme de se soumettre à la nouvelle discipline instaurée par lui pour le groupe, le jeune garçon le contre durement. Il sait pourtant qu’il n’aura pas le dessus éternellement :
    « - Martin est pourtant très content de me confier sa place. Je l’ai rendu heureux. Peux-tu me reprocher cela ? – Avant votre arrivée,  Martin était heureux aussi. – Mais il l’est davantage maintenant. – Hum… vous dites cela parce que ça fait votre affaire. Mais je suis persuadé que Martin fait semblant d’être heureux, parce qu’il respecte les prêtres. Ou parce qu’il a peur d’eux. – Tu te trompes. A travers moi, Martin respecte Dieu. – Vous n’êtes pas Dieu, monsieur. Vous êtes un homme comme tout le monde. Et vous n’avez pas le droit de vous servir de Dieu pour profiter de nous. – Mais…- Oui, c’est vrai, vous êtes un homme comme nous. La seule différence, c’est que vous portez une robe. Et je trouve ça plutôt ridicule. – Petit impertinent ! Comment oses-tu me parler de la sorte ?  Tes parents ne t’ont donc pas appris le respect ? Il va y avoir quelque chose à corriger chez toi dans les jours qui viennent. – Je vais vous déplaire encore, monsieur. Je n’aime pas que vous disiez du mal de mes parents. Ca aussi, c’est du respect ! – Petit polisson ! – Et par-dessus le marché, je n’aime pas les gens qui disent qu’ils honorent Dieu, alors qu’ils ne respectent même pas les hommes.
    Les doigts du prêtre se crispèrent, il serra les mâchoires. »
    La seule solution pour se débarrasser des parasites sera de prendre la fuite avec grand père et Lise abandonnant la place aux profiteurs. Le Père Martin ne fut pas trop long à convaincre et, une nuit, le trio partit vers la sécurité qu’offrait l’ancien abri de Daniel. Il sera rejoint plus tard par Raymond. Peu de temps après grand père Martin s’éteignit dans la sérénité car de doux liens s’étaient tissés entre Lise et Daniel.
    Un petit ouvrage à destination des adolescents. Les psychologies sommairement esquissées ne cachent pas trop les leçons de morale que tout jeune homme doit intégrer, selon l’auteur, pour passer au stade  adulte : courage, force et vigilance, ouverture au monde et optimisme,  quelle que soit la tragédie à venir. Le style parfois trop simple et le ton, parfois mièvre, ne déparent pas trop un roman adapté à cette tranche d’âge.

  10. Type: livre Thème: menaces climatiques Auteur: John BARNES Parution: 1994
    2028. Le monde a profondément changé grâce à  l’informatique. D’autres nations se sont formées et se disputent la prééminence dans un contexte planétaire. De nombreux personnages vivent leur vie personnelle et se retrouveront alternativement en compagnie des uns ou des autres au fur et à mesure du déroulement du récit.
    Une rivalité opposant la République de l’Alaska et celle de la Sibérie d’Abdulhashim mettra le feu aux poudres. Afin d’annihiler le stock de missiles de la République de Sibérie, les Etats-Unis lanceront une contr’attaque avec des missiles nucléaires, ce qui changera la face du monde. Les engins de mort, s’enfonçant profondément dans la banquise polaire, libèrent des centaines de milliards de tonnes de méthane dans l’atmosphère jusque-là maintenues à l’état de clathrates au fond de la mer. En quelques jours l’atmosphère se réchauffe provoquant un effet de serre inattendu et mortel.La conséquence en est la naissance d’un extraordinaire cyclone tropical, baptisé " Clem " qui, pompant l’énergie de l’océan Pacifique menacera de plus en plus dramatiquement à travers son trajet erratique l’espèce humaine, plus particulièrement celle située le long des bordures continentales:
    " Le rapport qui sera rendu public et communiqué à l’ONU affirme que l’été prochain verra l’émergence d’une vingtaine d’ouragans, de typhons et de cyclones d’une violence inconnue à ce jour, de sécheresses radicales dans les zones tempérées et de moussons dévastatrices dans les tropiques; les neiges d’Afrique de l’Est se transformeront en glaciers et la Colorado River cessera probablement de couler; la famine, les inondations et les tempêtes causeront la mort de plusieurs dizaines de millions de personnes (...) Il sera probablement impossible de sauver les Pays-Bas et très certainement impossible de sauver le BanglaDesh ainsi que les très grands deltas. Certaines îles du Pacifiques seront rayées de la carte et, dans l’hémisphère Sud, les glaciers de l’Antarctique gagneront en volume durant l’hiver austral pour fondre plus rapidement que d’ordinaire en octobre et novembre. Les conséquences de ce dernier phénomène sont encore imprévisibles. "
    Il en résultera un milliard de morts ainsi que l’écroulement des anciennes nations avec une nouvelle donne géopolitique.
    Le cataclysme est vécu " en direct " grâce aux acteurs de la XV, chaîne télé qui permet l’empathie totale des spectateurs par le biais des branchements informatiques de simulation. L’événement est vu, ressenti, analysé à travers les acteurs de la XV (certains acteurs mourront en direct),  relayé par des centaines de millions de téléspectateurs:
    " Ils s’effondrent doucement sur la moquette, toujours tendrement enlacés, sentent la fatigue s’emparer de leurs corps. Bill prend le visage de Candy en coupe et l’embrasse; sa bouche est grande ouverte et lorsque Porter zappe sur elle, il constate qu’elle est encore en train de jouir, que des  vaguelettes de plaisir montent encore de sa vulve endolorie.
    La bourrasque choisit cet instant pour frapper. Le vent cyclonique est susceptible de doubler, voire de tripler sa vitesse initiale. Cette bourrasque, venue de la mer brise simultanément toutes les fenêtres de l’hôtel. Les deux tourtereaux ont à peine le temps de voir la baie vitrée se fracasser contre le mur; Candy ouvre la bouche pour hurler."
    Enfin les "datarats", sortes de programmes informatiques "intelligents", en puisant et en volant les informations ultra-secrètes des ordinateurs, permettent, en quelques nanosecondes, de révéler à qui le désire, les secrets  découverts. Les personnages du récit se livrent ainsi une guerre larvée à coups de manipulations informatiques par datarats interposés.
    Les uns en profiteront, telle la présidente des Etats-Unis, Brittany Lynn Hardshaw,  pour hâter l’émergence du nouveau monde, parfois à leur propre détriment, et pour lutter contre les éléments naturels. Les autres s’en serviront à leur profit personnel comme Jameson, la journaliste ou John Klieg, le requin de la finance internationale.
    Clem et ses rejetons constituent l’unique souci de Hardshaw. Comment arrêter ou atténuer l’effet des cyclones? Elle se tient au courant de la situation à travers Carla, une femme spécialiste mondiale de la météorologie qui croise dans la pacifique avec son sous-marin personnel. Carla est en liaison avec son époux Louie Tynan qui tourne sur orbite terrestre,  dernier humain dans un espace totalement robotisé. Ces deux personnages joueront un rôle de premier plan dans le récit. Grâce à eux la terre sera sauvée. Louie, inutile jusque là, reçoit soudain l’ordre de réactiver la base robotique lunaire pour des lancements éventuels. En ce but, il se branche en visualisation symbiotique sur les machines-robots disponibles à la surface lunaire. Une conséquence inattendue de cette manipulation en est la transmutation asymptotique de son esprit,  bientôt totalement imprégné par des programmes de plus en plus sophistiqués qui développeront ses capacités de manière exponentielle: il représentera à très court terme l’équivalent de milliards de cerveaux humains en connexion, et ses facultés continuent encore à se développer:
    " Pour lui, huit mille ans environ se sont écoulés. Il utilise plusieurs milliards de processeurs, en fait il atteindra le trillion cet après-midi même, et comme chacun d’eux est massivement parallèle, il fait tourner en tout plusieurs quintillions de programmes (...) Il s’amuse à élaborer une douzaine de projets destinés à transformer Jupiter en petit soleil pour faciliter la terraformation de ses lunes, imagine quelles nations pourraient s’y établir ".
    Heureusement pour l’espèce humaine, Louie reste une sorte de dieu bienveillant  et compatit à son malheur. En connexion avec Carla,  qui s’est totalement immergée dans le web terrestre, Louie abandonne son corps physique pour être plus à l’aise, et envisage de mettre fin aux activités du cyclone Clem en transportant à proximité de la terre une comète de glace puisée aux confins du système d’Oort, de la découper en tranches (" des fresbees "),  et de les lancer dans l’atmosphère terrestre en vue de rafraîchir la terre. Le mécanisme cyclonique s’arrêtera ainsi de lui-même, privé d’énergie calorique.
    Durant ce temps, Klieg le financier avec son idéologie de la middle-class et ses datarats, apprend que tous les lanceurs terrestres seront détruits par le cyclone. Comme il en envisage toutes les conséquences, il installe sa propre base de lancement dans la république de Sibérie, s’acoquinant avec un financier du coin. Hardshaw aura besoin de lui pour se débarrasser du fléau par le lancement d’une myriade de ballons en mylar dans la haute atmosphère, ce qui réduira l’intensité lumineuse, donc l’énergie disponible pour Clem. En situation monopolistique, Klieg est, en désespoir de cause, l’autre espoir de l’humanité. Louie se rend compte cependant que si d’aventure Klieg remportait la mise, sa réussite livrerait la Terre à la plus féroce dictature jamais envisagée.
    Restent Synthia Venture alias Mary Ann, la reine hard du porno de la XV, et Jesse , l’amoureux éconduit.  Ils se retrouvent au Mexique, elle fatiguée d’être le modèle de la copulatrice médiatisée, et lui à la recherche d’un vrai amour "centré". Ils vivront ensemble leur amour dans un décor bouleversé par le cataclysme et s’ouvriront à l’amour des autres en se forgeant un destin grandiose. Par sa notoriété et grâce à l’empathie universelle de la XV, Synthia deviendra l’outil consentant de Hardshaw qui lui proposera d’être le modèle positif d’une renaissance sociale. A travers Synthia, les survivants pourront reconstruire un monde meilleur.
    Berlina Jameson, la journaliste par qui le scandale est arrivé, devenue célèbre grâce aux secrets diplomatiques qu’elle a pu révéler avec ses datarats, est aussi manipulée par la présidente Hardshaw en vue de  piéger Klieg dont Louie lui a signalé le danger énorme que ce dernier constituerait pour l’avenir. Et, durant que ces personnages se battent ou s’unissent, les cyclones s’amplifiant, balaient le monde:
    " Clem 650, le cyclone dont le bilan se révèle le plus meurtrier, est certes l’un des plus puissants qu’ait engendré Clem, mais il frappe au bon endroit et au bon moment. Il était impossible d’évacuer le Japon et, en dépit de leurs parcs de réplicateurs, les Japonais n’ont pas eu le temps matériel d’édifier assez de digues. Clem 650 tourne au nord-est de Honshu et ravage un corridor peuplé d’êtres humains condamnés à l’avance. Il en tue cinq cents millions en l’espace de neuf jours. Le 26 août, il arrive au large de Yokohama, et le lendemain, bien que les autorités japonaises conservent un silence obstiné, on apprend grâce aux radars que Tokyo n’est plus qu’un champ de ruines. Clem 650 fonce vers le sud, achève de submerger Honhsu et Kyushu, envoie une marée de tempête sur les côtes de Chine et jusque dans le détroit de Formose. En s’engageant ainsi dans le détroit, cette marée donne naissance à un courant si puissant qu’il arrache à la côte tous les ports situés entre Quanzhou et Zianjang - y compris Hongkong et Macao -, à la façon d’un jet d’eau fendant une plaque de neige. Les images en provenance de la Chine sont horribles : on voit des masses d’hommes et de femmes piétiner des montagnes de cadavres dans leur fuite éperdue. "
    Louie revient finalement en orbite terrestre avec sa comète. La terre est sauvée mais pleine de cicatrices. Au plan géographique, des terres ont sombré, des mers sont apparues. Au plan politique, des pays ont disparu, des états nouveaux se sont imposés. La prééminence des Etats-Unis est terminée. Enfin, au plan de l’espèce humaine, un nouvel être est né : un quasi-dieu, Louie Thynan, qui veille sur la destinée des êtres humains.
    "la Mère des tempêtes" est un ouvrage complexe croisant habilement divers thèmes, les uns anciens, comme celui de "la tempête universelle", et d’autres appartenant au courant cyberpunk. La richesse des descriptions, l’effet de réel engendré par la véracité scientifique des faits, apparenté à la hard-science, la trame de fond des intrigues politiques sans que ne soit abandonnée l’épaisseur psychologique de personnages  incarnés, traduisent le métier de l’auteur et sa volonté de susciter un livre-univers crédible quant à un futur alternatif proche. L’analyse des conséquences du web et son interaction avec l’être humain en est une de ses créations les plus fascinantes.