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    Bienvenue dans la Base de Données des livres !

    Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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  • 711 livres

    1. Type: livre Thème: le dernier homme Auteur: Martin WINCKLER Parution: 2004
      La terre polluée, les maladies de toute sorte débilitent l’être humain, qui meurt de plus en plus jeune. Le rêve d’une immortalité, ou du moins d’une vieillesse prolongée, s’éloigne à jamais. Ce que n’accepte pas le corps médical, tout entier représenté par « Médipark », un monopole de type privé. Cette entreprise a mis en route une incroyable procédure approuvée par les divers gouvernements. En vue de sélectionner l’individu le plus apte génétiquement et somatiquement, Médipark recrute au moyen de jeux télévisuels le maximum de cobayes. Les chanceux, sélectionnés, passent une semaine de rêve dans «Medicentre», où ils peuvent satisfaire tous leurs désirs. Non sans contrepartie. Car l’étude et l’exploration de leurs corps se fait avec des moyens de plus en plus lourds et invasifs, parfois sous anesthésie générale. Ceux qui présentent le moindre défaut seront impitoyablement recalés et repartiront chez eux les bras chargés de cadeaux. Une telle sélection révèle un seul individu parfait (par ironie de l’auteur un jeune inspecteur chargé de surveiller la régularité des jeux !).
      Ce qu’il apprendra, l’heureux gagnant, paralysé par le curare, c’est que son corps sera débité en pièces chargées de remplacer les organes branlants du président de Médipark et des divers « sponsors » ayant investi dans l’entreprise.


    2. Type: livre Thème: le Dernier homme Auteur: Divers Auteurs Parution: 2004
      contient les nouvelles :
      Dernière Idylle (Gérard Klein)
      le Dernier Hédoniste (Martin Winckler)
      Shangaï Express (Frédéric F. Fajardie)
      Le Dernier Fumeur (Michel de Pracontal)
      L’Avant-dernier homme (A.D.G.)
      Robert (Chantal Pelletier)
      Le Rêveur de Pompéi (Olivier Delcroix)
      Le Mot de la fin (Sébastien Lapaque)
      Disparition d’une odeur (Serge Quadruppani)
      Comme un fauteuil Voltaire dans une bibliothèque en ruines (Jérôme Leroy)
      la Géométrie de l’invisible (Sophie Loubière)
      Elle (Jean Mazarin)
      But not least ! (Nicolas d’Estienne d’Orves)
      la Dernière des cinq (sotie) (Jean-Baptiste Baronian) (hors corpus, non répertorié)
      Hurlement (Jean-Pierre Andrevon)
      Charlie’s Angels (Roland C. Wagner)
      le Dernier Rhum (Philippe Lacoche) (hors corpus, non répertorié)
      l’Ultime salve de Brice Merloncourt (Daniel Walther)
      le Sourire des rats (Christophe Mager)
      la Secte (Marc Villard) (hors corpus, non répertorié)
      Ultime atome (José Nocé)

    3. Type: livre Thème: menaces cosmiques, la nouvelle glaciation Parution: 2003
      François Renaud, parisien de son état, dirige le Bureau Central des Services Internationaux de la rotation terrestre. Or la Terre perturbée sans raisons apparentes, d’abord d’une manière infinitésimale puis de plus en plus nettement, ralentit sa course : " Le lendemain à l’observatoire de Paris, le relevé indiquait un retard de 2 millisecondes. 86 400 secondes et 2 millisecondes. Rien que l’homme de la rue puisse percevoir, mais assez énorme pour ébouriffer François. "
      Avec ses deux collègues au nom transparent de Tocante et de J.&B., François tente d’alerter les édiles politiques sur la singularité du phénomène. Selon ses projections, la Terre s’arrêtera de tourner dans neuf ou dix mois, plongeant la moitié du globe dans l’obscurité :
      " Du côté jour, il y aurait autour de l’équateur une région très chaude et humide, due à l’évaporation des océans. Au-delà, vers le nord et le sud, on trouverait des régions sèches, puis progressivement des régions plus froides au fur et à mesure que l’on s’éloignerait de l’équateur. Autour de l’équateur on devait imaginer des températures avoisinant 40°C, peut-être plus. Et ces températures allaient devenir permanentes. 40° ou 50°C tout le temps, toute l’année, à jamais, sans nuits pour faire tomber la température. Celle-ci monterait-elle beaucoup plus haut ? Difficile de répondre. (…) Du côté nuit, la situation serait terriblement simple. Il n’y aurait plus de réchauffement par le soleil et peu de transport de chaleur du côté jour vers le côté nuit, du fait de la forte diminution de la circulation atmosphérique et océanique. Ainsi, si Paris se situait dans cette nuit éternelle, les températures seraient celles rencontrées en hiver en de ça du cercle polaire, c’est-à-dire entre moins 20° et moins 30°C, sans exclure quelques pointes à moins 50°C. "
      Les conséquences économiques, écologiques, humaines d’un tel événement étant dramatiques, la seule question à laquelle il faudra trouver réponse est de connaître la position finale de l’hémisphère éclairé :
      " -Si le phénomène se poursuit… et que la planète s’arrête de tourner, quels pays vont se retrouver dans l’obscurité ?
      François soupira. (…) Le président avait posé la bonne question, car si la rotation de la Terre sur elle-même ralentissait au point qu’elle présente toujours la même face au Soleil, il allait devenir fondamental, primordial, de savoir au plus vite quelle partie allait se retrouver dans la nuit. "
      Alors que le black-out est décidé pour éviter une panique généralisée, le Président constitue une cellule d’études et de prévisions du phénomène, avec à sa tête François, coiffé par le directeur de Cabinet, Richard Chambaz, dont le scientifique sent l’hostilité à son égard.
      La vie de François basculera tout d’un coup. Devenue la personne du monde la mieux protégée, il disposera d’un garde du corps, Rémy, il habitera à l’Elysée, sa famille même étant mise au secret pour éviter la divulgation de la nouvelle. Comme un bouleversement n’arrive jamais seul, il rencontre Nathalie, une jeune femme mystérieuse, qui prendra soin de ses enfants. Son ami J.&B. en face de l’horreur du phénomène à venir, s’acoquine avec Chambaz et complotera contre François. Partout, dans le monde, des comités scientifiques divulguent la nouvelle et les Etats se mobilisent dans l’attente de la réponse ultime : quels pays resteront éclairés ? A Paris en proie à quelques convulsions sociales, les amis et la famille de François commencent à organiser leur survie. Enfin, la cellule d’étude est en mesure de donner une réponse : la France, au moment fatal restera éclairée !  C’est une explosion de joie dans le pays qui prend toutes les mesures nécessaires pour bloquer l’invasion sur son sol des nouveaux immigrants fuyant leur destin, en provenance d’Amérique du Sud, notamment :
      " Il tira. La boule de feu alla s’écraser en mer à quelques centaines de mètres de la côte de l’île d’Oléron. D’autres avions furent abattus de la même manière.(…) Quelques heures plus tard, les fuyards qui songeaient encore à partir pour l’Europe renoncèrent pour la plupart, et les avions demeurèrent sur les pistes des aéronefs civils ou clandestins d’Amérique latine. "
      Mais, pour une raison indéterminée, un grain de sable cosmique (survenue d’une comète dans le système solaire, aimantation du soleil ?), une légère perturbation allongera finalement le processus, inversant la position des hémisphères face au soleil : c’est l’Europe et non l’Amérique qui souffrira des affres du froid et de la nuit éternelle ! Aussitôt la nouvelle connue, les structures sociales de la France explosent :
      "Quel Etat accepterait que des millions de Français débarquent sur son territoire ? L’annonce par la Chine de la fermeture de ses frontières le 23 février (…) accentua la panique. Les jours suivants, à Paris, le ministère des Affaires Etrangères – à demi déserté - ordonna l’installation au Trocadéro et à la Concorde, de deux mappemondes lumineuses gigantesques, divisées en deux moitiés égales – la nuit d’un côté le jour de l’autre. On pouvait y suivre du regard quels pays, au fil des heures, fermaient leurs frontières au reste du monde. Après la Chine, vinrent le Japon, l’Inde, le Pakistan, la plupart des Etats de Malaisie et d’Indonésie. "
      François sera enlevé, mis en hôpital psychiatrique et sa mort simulée. Difficilement, Mano (le père de François) et Rémy le tireront de cette mauvaise situation. La vie n’étant plus possible dans le pays, le petit groupe programme son départ vers Tahiti où résident d’autres membres de la famille (une chance !). Le départ vers la Rochelle pour y embarquer sur le voilier " Sun Society ", appartenant à un oncle de Nathalie, s’avère extrêmement compliqué. Les routes bloquées, l’agressivité générale, l’affolement et l’effondrement de l’économie n’empêcheront pas la réussite du groupe mais sans Nathalie, disparue mystérieusement dans la foule. Le 23 juin, à Paris, l’on célèbre dans une tristesse infinie , le dernier coucher de soleil :
      "Quand les derniers rayons du Soleil disparurent, une immense clameur s’éleva, relayée bientôt dans toute la ville par des cris de ferveur, de crainte, de désespoir, de douleur, des pleurs , des gémissements, des chants religieux, des hurlements hystériques et les vociférations de ceux qui, des ponts, se jetaient dans la Seine. (…) Et soudain la luminosité, déjà faible, diminua encore. François leva la tête et comprit. Sur les cieux désormais bleu foncé et rouge flamboyant se découpaient une multitude de points noirs venant de l’Est, qui se dirigeaient vers l’Ouest. Les oiseaux. Des millions d’oiseaux traversèrent le ciel de pairs pour voler vers la lumière. La plus grande migration jamais observée devait durer trois jours. La France venait d’entrer dans la Grande Nuit… "
      Navigants sur une mer encombrée, évitant les actes de piraterie, se défendant de toute pulsion humanitaire, les fugitifs auront à affronter en plein océan l’ultime barrage à leur fuite, la " Vague ", une gigantesque turbulence marine produite par le choc thermique entre le front froid et le front chaud, séparant la zone éclairée de la zone obscure :
      " Grelottant, François regardait cet himalaya d’eau, de vent, de tornades et de crêtes gigantesques. (…) Jusqu’à quelle altitude s’élevait-elle ? Les avions de ligne qui volaient à dix mille mètres y échappaient-ils ? Et quelle était la largeur de cette ceinture infernale ? Cent, deux cents, trois cents kilomètres ? Quels autres phénomènes insensés la démarcation jour-nuit engendrait-elle ? "
      Arrivant vaille que vaille à Papetee, François, requinqué physiquement n’a pourtant pas perdu tout espoir de retrouver Nathalie. Sa décision est prise : il repartira vers la France, vers Paris pour ramener son amie en lieu sûr. Cependant, les conditions climatiques ont profondément modifié le paysage. Abordant l’océan atlantique désormais gelé en profondeur, François s’agrégera à une caravane des neiges, s’y déplaçant en traîneau, engoncé dans un " Skadi ", un vêtement-réchauffeur inventé depuis peu qui lui permet de survivre à une température de moins cinquante-sept degrés :
      "Quand François eut les pieds sur l’Atlantique gelé, il contempla à travers son casque ce spectacle invraisemblable. Malgré sa Skadi, il ressentait déjà les effets du froid. Le blizzard devait souffler à plus de cent cinquante kilomètres à l’heure. Une bouteille d’eau, tombée de la cabine (…) avait gelé en quelques secondes. A son poignet , le thermomètre de la Skadi indiquait moins 57° C. Il ne put s’empêcher de se dire : " Mon Dieu, c’était ça, la grande Nuit ! "
      La France, le pays gelé, ne montre plus aucun signe de vie : les survivants, tant bien que vaille, se sont réfugiés sous terre. Paris, envahi de congères, présente une vision sinistre, amplifiée par la dictature de fer que fait régner sur la ville un certain Richard Chambaz, qui a pris le pouvoir à la mort du président :
      "Paris était couvert de plusieurs mètres d’une neige lumineuse. L’Arc de Triomphe, la Madeleine , Notre-Dame de Paris, le Trocadéro, l’Odéon et tous les monuments étaient à peine reconnaissables sous leur lourd manteau blanc. Les rues étaient régulièrement débarrassées de leur couche de neige… qui retombait sans cesse. (…) La circulation était souvent impossible, en raison de l’épaisseur de la neige qui atteignait plusieurs mètres. On progressait avec des raquettes, des crampons et des piolets. (…) le 23 juin, le dernier coucher du Soleil avait été filmé par des milliers de caméras. Sur des écrans géants répartis un  peu partout, on en diffusait des images en boucle, pour que les gens n’oublient pas. "
      François, apprendra de la bouche même du traître J.&B. que la disparition de Nathalie n’est pas due au hasard mais programmée par Chambaz lui-même, puisqu’il est son père. Finalement, la jeune femme, mise au courant de la présence de François, le rejoindra ,alors que, dans le même temps, le lecteur apprend que la rotation terrestre a repris (une coquetterie de l’auteur, certainement !)
      Un récit dense où se côtoie, comme dans tout roman cataclysmique qui se respecte, la sphère privée, sentimentale et la sphère sociale, dramatique. Les notations précises et scientifiques, la descriptionde l’atmosphère  englobant les événements, accentuent l’effet de vraisemblance, déclenchent le suspense qui tient le lecteur en haleine jusqu’à la fin, malgré quelques " coups de pouce " de l’auteur pour forcer le destin des personnages. Dans l’ensemble, un roman agréable et réussi.

    4. Type: livre Thème: menaces climatiques, sociétés post-cataclysmiques 1 Auteur: Jean-Pierre ANDREVON Parution: 2003
      Fershid Ben Ezir le palestinien est aussi le pilote présent dans Clim-Sat 2, le premier et le dernier satellite météo habité, dont le but est d’observer l’évolution du climat terrestre en cette année 2023. Avec ses compagnons, il assiste à la naissance de redoutables cyclones qui balaieront les côtes, puis l’intérieur des continents, provoquant une catastrophe mondiale,  qui les laissera désemparés. Leur base, Kuru-2 ne répondant plus à leurs appels, ils décident de se mettre en phase végétative pour cent ans, histoire de laisser passer le temps et de retrouver un appui terrestre.
      A son réveil, Fershid constate deux faits désagréables : 1. ses compagnons sont tous morts, victimes d’un défaut d’ordinateur et 2. le temps écoulé a été bien plus long que prévu puisque l’horloge de bord indique l’année 2345. Désespéré, après avoir mis en action la cellule de survie, il replongera sur une terre profondément transformée par la montée des océans. Il amerrira dans ce qui est devenu le Bassin de Picardie. Se servant de sa cellule comme d’une barcasse, il se dirige vers le site de Paris qui dort dans l’eau tiède d’un climat tropical. Là, près de la colline de Montmartre émergée, l’attendent les palétuviers et une quantité de bêtes sauvages qui ont reconquis leur ancien territoire :
      « …Au-dessus d’un empilage de toits partagés par des canaux boueux, la butte Montmartre s’élève, couronnée par l’architecture bulbeuse du Sacré-Cœur qu’un rai de lumière huileuse, échappée du plafond bas, nimbe d’ocre et de rose. Plus loin, la tour Eiffel se dresse écornée de son dernier étage, qui pend contre la charpente métallique rouillée. Une tempête plus dévastatrice que les autres ? Un avion fou ? Qu’importe. La tour Montparnasse ressemble à un chicot ébréché mais, là-bas, dans l’atmosphère tremblotante de ce crépuscule où couve un orage en suspens, les gratte-ciel de la Défense semblent intacts. »
      Authentique Robinson en cette immensité déserte, il ressent un soulagement intense d’entendre soudain le moteur asthmatique d’une grande barge sur laquelle évoluent des humains à l’allure inquiétante et aux costumes chamarrés. Pour son malheur ce sont des pirates,  pour lesquels tout naufragé est un esclave en puissance. Pris à bord, il est immédiatement mis à la tâche, rendue d’autant plus nécessaire que toute technologie semble avoir disparue.. Grâce à Driss, une esclave noire à laquelle l’unissent bientôt de tendres sentiments, il put être sauvé par des intervenants extérieurs au visage plus avenant et sans aucun doute plus évolués. Les pirates anéantis, le commandant l’achemine vers la Nouvelle Scandinavie à bord de son « Dauphin Blanc», où siège le gouvernement de la fédération maritime de l’Europe du Nord. :
      « La Nouvelle-Scandinavie, vue du large, se présente à Driss et à Fershid comme un maillage de petites constructions en dôme, couleur pastel, qui escaladent une colline verte. Le port lui-même est solidement pris en tenailles par une succession de hautes digues en quinconce –une solution simple et originale pour briser les vagues en cas de tempête. A l’intérieur du bassin ovale, des centaines de catamarans de toutes taille se balancent. Les deux rescapés sont admis le jour même auprès du régulateur, qui possède son logement personnel dans les bâtiments du Sénat, une sorte d’amphithéâtre couvert, à l’enceinte irrégulièrement ondulée. Tout est circulaire ici, note le pilote. Une manière efficace de lutter contre le vent. »
      Ils seront accueillis par le sénateur Marchetti qui met les naufragés à l’aise. Il connaît Fershid. Il sait qu’il est pilote. Il a suivi sa descente sur terre car il reste encore trois satellites opérationnels. Quoique le monde ait été totalement transformé par une montée des eaux due à l’effet de serre, quoique l’on ait enregistré une perte de plus de cinq milliards d’êtres humains, l’espèce humaine n’a pas totalement été balayée. Les survivants se sont adaptés à cette nouvelle terre nettoyée de sa pollution, et se sont tournés vers la mer, se jurant de ne plus commettre les erreurs de leurs ancêtres. Fershid et Driss ont naturellement une place toute désignée dans ce monde nouveau.
      Une fable et un hommage à Marion Zimmer Bradley qui, avec sa nouvelle « Marée montante » a joué le rôle de pionnière dans le domaine de la science-fiction écologique. Comme d’habitude chez Andrevon, le souci du détail et du mot juste, les personnages solidement campés, rendent cette lecture agréable aux adolescents à qui elle est destinée

    5. Type: livre Thème: invasions extraterrestres Auteur: Jean-Piere GUILLET Parution: 2003
      Les Martiens de Wells (le prophète !) sont de retour. Ayant réduit le reste des Terriens en esclavage, leur nature trop différente de ces derniers les empêche de les reconnaître comme des êtres pensants. Ils s’en servent comme du bétail, des vaches, dont il faut traire le lait, c’est-à-dire le sang, puisque les Martiens sont des vampires. En conséquence, ils ont bâti un centre d’élevage rationnel sur l’ancienne cité de Londres en ruines :
      « Le 2ème  cercle d’Oxford est une grande enceinte circulaire, où se pressent environ cent cinquante personnes, enfants, adolescents et adultes dans la force de l’âge. Trois arches dans le mur communiquent avec les compartiments voisins : au sud, le 1er  cercle d’Oxford ; au nord, Cambridge ; à l’est, Chelsea Bis. On désigne aussi ces larges salles bétonnées comme des « arrondissements » d’une vaste agglomération. En tout, trente-deux arrondissements similaires forment la grande cité de Londres ».
      En confinant les humains dans des salles sphériques mais communicantes, il leur est loisible non seulement de les traire, mais aussi de changer leur litière, de les désinfecter ou d’éliminer les unités les moins productives (les vieux notamment ou ceux qui ont mangé du rat, ce qui rend leur sang incompatible avec le leur). Du côté des hommes, cette situation est vécue dans la fatalité et la passivité, dues essentiellement à leur méconnaissance  des intentions des Martiens, êtres qu’ils prennent pour des dieux.  L’invasion dont Wells (le prophète !) a parlé en premier est appelée la «Sainte Invasion » :
      « Autrefois, paraît-il, l’Humanité a vécu une longue période de purgatoire. Une période terrible. Les Londoniens connaissaient la souffrance, étaient victimes de pénibles maladies, devaient trouver eux-mêmes leur nourriture, devaient se vêtir (difficile à imaginer), construire des abris pour se protéger des éléments (encore plus bizarre…, des écarts de température, de l’eau qui tombait du ciel, des éclairs et du tonnerre… quel monde inconcevable !) Puis un prophète, Wells le visionnaire, a annoncé le premier la Sainte Invasion. »
      Nus, nourris, mis en stabulation, les esclaves humains ne pensent plus à se révolter. Au contraire, ils ont développé un ensemble de rites religieux pour expliquer les agissements des Martiens, « Maîtres » mystérieux et tout-puissants. En accentuant l’aspect religieux, la vénération à l’égard de leurs tortionnaires,  les « Prefesseurs », aidés par des acolytes, insufflent, en tant que médiateurs, la vraie foi à leurs ouailles qui doivent se soumettre en toutes choses. La première traite (prise de sang) est attendue avec impatience par les jeunes humains qui,  comme nouveaux initiés, pourront participer à un rituel d’accouplement, la sexualité formant le deuxième pilier de la stabilité dans la cage de Londres :
      « Garçons et filles sont nus, comme la plupart des occupants de la vaste enceinte bétonnée. Mais leurs longs cheveux ont été savamment tressés par leurs mères en arabesques complexes pour la cérémonie rituelle. Quand ils ressortiront de la chapelle du sacrifice, leur crâne sera rasé. Leurs aisselles et leurs organes génitaux seront aussi proprement épilés, de même que la poitrine et le visage des garçons. »
      Enfin l’ordre social est assuré par un « mâle dominant ».  En cet environnement clos, les Martiens-vampires (les Drocres) prélèvent régulièrement le sang des humains par rotation, en vue de l’expédier sur Mars pour approvisionner le Clone , une sorte d’entité collective. Les conditions de vie sur Mars (Rocre) sont devenues de plus en plus rudes, ce qui a rendu l’invasion de la troisième planète impérative :
      « La cargaison de lait en provenance du Troisième monde était la bienvenue. Car la famine menaçait le Clone drocre. Le monde souche, dans sa grandiose majesté, imposait des conditions bien rigoureuses au bourgeonnement de la vie »
      Aujourd’hui, l’humanité, réduite à néant, hormis quelques êtres sauvages hantant encore les ruines des premières cités, est prisonnière dans quatre centres d’élevage établi sur les divers continents.
      Georges, jeune bête humaine et curieuse, lors d’une traite, éveille la curiosité d’un jeune drocre  qu’il prénomme Will ; celui-ci tient à en faire un animal familier (Ggeg), qui pourra lui rendre de menus services. De retour en salle commune, Georges est perçu de manière ambivalente par ses congénères : les uns l’évitent, les autres le craignent mais personne – pas même le mâle dominant - n’envisage de lui faire du mal puisque c’est un protégé des dieux. D’autre part, un vieux drocre à l’instinct dévié s’est pris d’affection pour Margie, une splendide jeune femelle qu’il emmène sur Mars lors d’un de ses voyages. Elle survit difficilement à l’expédition et, sans les soins attentifs de son protecteur,  ne reviendrait pas sur Terre.
      Georges/Ggeg, à travers la fréquentation constante avec Will, prend progressivement conscience de l’état d’abaissement des humains. Ne laissant rien paraître de son irritation, Ggeg est embarqué par Will à bord d’un tripode. Le Martien veut lui montrer le monde extérieur à la cage et jouir ainsi de sa surprise :
      « A toute vitesse (pour s’amuser un peu des soubresauts de Ggeg) il (= le drocre) dirigea son tripode vers l’antique Repaire des animaux. Envahi par la végétation, c’était un fouillis de pierres disloquées et de poutrelles tordues ; des squelettes de bâtiments qui portaient par endroits les traces calcinées des canons infrarouges ; des ponts effondrés au milieu du fleuve ; les restes d’une tour ridicule »
      Soudain, un événement inattendu met le feu aux poudres, l’assassinat d’un humain sauvage par Will qui réduit l’homme en cendres au moyen du rayon ardent. Par surprise, Georges blesse Will, s’empare du tripode, le manœuvre maladroitement, tue quelques Martiens, défonce le toit de la stalle Chelsea 2 et met pour la première fois les siens en contact avec le vaste monde. Traumatisés par le trop-plein d’espace libre,  les humains refusent de suivre Georges, lui reprochant d’avoir attenté à leur sûreté :
      « Le premier jour, de très nombreux curieux se sont pressés hors de l’enceinte de Londres… sans trop s’éloigner. Mais les étranges conditions à l’extérieur troublent les plus braves : le soleil aveuglant, trop chaud ; le sol inégal, les cailloux qui blessent les pieds nus;le vent qui agite follement les herbes rouges ; les bruits inquiétants d’animaux inconnus ; la lune et les étoiles suspendues dans le vide, qui pourraient se décrocher et vous tomber dessus à tout moment ; et cet orage horrible, hier, comme dans les anciennes légendes d’avant la Sainte Invasion ! »
      Alors, avec Margie et le mâle dominant, ainsi qu’un petit groupe de courageux, Georges tente de rejoindre les derniers hommes sauvages dans les ruines de Londres. En attendant, les drocres, qui ont introduit malgré eux des rats sur Mars, ont fort à faire avec ces derniers, qui, en s’adaptant, menacent la survie même du Clone. Peut-être la Terre sera-t-elle délivrée des Martiens par un allié inattendu…
      Merveilleux petit roman, intelligent et alerte, la « Cage de Londres » se veut à la fois un hommage à H.G. Wells et une suite à son récit. Les Martiens vainqueurs sont saisis dans leur « inquiétante étrangeté », la description de leur être et de leur biosphère reste l’une des plus crédibles qui soit dans le domaine romancé des Aliens. La minutieuse relation des conditions de vie sur la planète rouge, celle des derniers Terriens assimilés à un cheptel signe un bon récit d’une jeune auteur canadien,  à rapprocher de la nouvelle « la Soie et la chanson » de Fontenay

    6. Type: livre Thème: fins du monde, fins de l'humanité Auteur: Charles Clarence BECK Parution: 2003
      Voici une petite fin du monde qu’évitera le capitaine Marvel grâce à ses poings (Shazam !)
      Zeus, écoeuré par la vilénie des habitants de la Terre décide d’abréger leurs souffrances. Shazam, plaidant pour la cause du juste comme jadis le fit Loth pour Sodome et Gomorrhe, obtint un sursis mis habilement à profit par le capitaine Marvel. Ce dernier prouve à Zeus, s’il en était encore besoin, que l’amour d’un jeune couple fleurit  même dans ce cul de basse-fosse que sont les rues d’une grande ville. Emu, Zeus surseoit à sa condamnation.
      Un récit complet peu probant et pétri de bons sentiments  selon l’american way of life.

    7. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 1, menaces idéologiques Auteur: Hervé BRUNAUX Parution: 2003
      Grom, jeune artiste contrarié, cohabite avec Mine dans la Cité d’En Bas, à Vésone, nouveau nom de Périgueux. En cette France du futur, le décor urbain a changé en raison d’une conflagration nucléaire qui a fait régresser le pays en un espace où des Cités-Etats ont pris le pouvoir. Ceci est d’autant plus flagrant qu’une couche de cendres occulte le soleil, que le froid et la disette se sont installés pour longtemps et qu’un gouvernement fasciste contrôle Vésone, à partir de la Cité d’En Haut où d’heureux citoyens ne manquent de rien :
      « Il y eut ce dérèglement météorologique, cette tempête mondiale, inconcevable, cette coalition d’ouragans cyclopéens, la force formidable des vents, les forêts, les villages dévastés… Et surtout ce qui s’ensuivit, la mortelle sécheresse (…) Les arbres enchevêtrés s’enflammaient, vulgaires allumettes, (…) Sous le réchauffement général de l’atmosphère, les glaces des pôles avaient fondu et provoqué des raz-de-marée, le niveau des lacs, des rivières, avaient crû dangereusement, et de funestes inondations avaient succédé aux incendies.(…)
      Par-delà les nuages, un monstrueux rideau de cendre obstruait désormais le ciel, occultait le soleil, en une immuable éclipse. (…) Les ténèbres se firent, la température baissa rapidement, d’autant que la plupart des sources d’énergie étaient devenues inaccessibles, les brasiers s’atténuèrent, les étendues d’eau gelèrent, emprisonnant des villes dans la glace ; »
      En bas, c’est l’ère de la débrouille. Très jeune, Trashy et ses compagnons se livrent à des trafics de toute nature tout en se ménageant des entrées dans la Cité d’En Haut. Grom commande à Trashy des Maxi-lux 846, sortes de projecteurs surpuissants,  éléments indispensables pour sa nouvelle œuvre d’art . Trashy lui répond dans sa langue imagée :
      « Hein ?! Damned, t’es d’venu ouf, ou quoi ? des Mégalux 846 ?! C’est les cartouches les plus balèzes, quoi ! Même les motherfuckers d’chercheurs du gouvern’ment, les super tronches, ils les maîtrisent pas des masses… You know, c’est plus des cartouches, Baby, c’est carrément des obus !… »
      En guise « d’œuvre d’art », Grom fait éclater cette bombe lumineuse qui, pour un instant, transperce la couche de cendres, provoquant l’affolement chez les nantis. Le Surlieutenant de la Police recherche activement les responsables du désordre. Trashy, toujours providentiel, conseille à Grom de se déguiser et de se mettre à l’abri pour quelques temps. Le sortant de sa planque, il lui fait rencontrer Amina, une jeune fille de la haute,  auprès de laquelle il trouve refuge. Mine, quant à elle, s’abrite chez Trashy. Grom participe à des soirées mondaines qui lui permettent de se rendre compte avec colère et stupeur que l’énergie ne manque pas à la Cité d’En Haut, et que leurs habitants ne sont du tout inquiets quant à la couche de poussière occultant le soleil. Ils ont tout ce qu’ils désirent à partir des transactions commerciales avec les autres Etats-Cités, mais réservées à leur seul usage.
      Grom fait la connaissance de Sibieski et de ses amis, un vieux savant désabusé et ironique adhérant à une espèce de franc-maçonnerie aux idées vaguement anarchistes. Le savant lui explique qu’au cœur du « Noyau » (lieu où se pratiquent des inventions) s’élabore le projet « Icaria » qui permettrait aux dirigeants de la Cité de s’élever au-dessus de la couche de poussière pour pomper directement l’énergie solaire, tout en maintenant l’oppression du système social actuel en place parce qu’il est le plus favorable à leur situation de prédateurs dominants. Mine rejoint Grom. Avec Trashy ils prennent la décision de détruire le Noyau. Entreprise périlleuse s’il en est, puisque la police est sur leurs traces. Durant l’action Sibierski et ses amis seront tués. Grom et Mine arrivent à pénétrer dans le noyau, prennent la place de cobayes humains et… sont projetés dans le passé, en un époque moyenâgeuse de l’histoire de Périgueux où le soleil brille dans un ciel bleu, où les oiseaux chantent et où l’herbe est verte et tendre.
      L’auteur signe ici son premier roman dont il serait exagéré de dire que c’est une réussite. Les maladresses s’accumulent au fil des pages, avec une fin pas vraiment sincère, des pistes inexplorées (on aurait aimé quelques développements sur la dictature des Etats-Cités), le langage de Trashy (tout en verlan), et enfin un pot-pourri navrant de concepts (sexe et exploitation, franc-maçonnerie et dictature).

    8. Type: livre Thème: disette d’éléments Auteur: Danielle MARTINIGOL Parution: 2003
      La compagnie mondiale Hydror, sous l’égide du Wowo (World Water Office) gère et commercialise l’eau douce devenue un enjeu capital du fait de sa rareté :
      « Le conflit entre la Turquie et l’Irak avait mis le feu aux poudres. Dès le début du XXIème siècle, on savait pourtant que les barrages construits sur l’Euphrate étaient autant de mèches allumées. Eh bien, tout avait, hélas, explosé. Des antécédents sérieux n’avaient pas servi de sonnettes d’alarme. Le Jourdain, la mer d’Aral, le Gange, le Danube et bien d’autres lieux de conflits auraient dû alerter tous les hommes politiques, mais seuls quelques-uns, en plus des scientifiques et des écologistes, conscients de la fragilité de la planète bleue, avaient à l’époque saisi l’extrême gravité des enjeux. »
      Tarah, interprète d’arabe, se dirige en hélijet vers Hydror Islands, en compagnie de Gavril, assistant du directeur de la compagnie pour une réunion au sommet sur une plate-forme aquifère. La situation est grave. Les « Chiens de mer », une bande de pirates spécialisés dans le détournement de l’eau douce sévissent. Ils ont attaqués récemment « l’Offertus » un «aqualier» d’une contenance de cent mille tonnes, anéantissant son équipage.
      Tarah, à peine le pied posé sur la plate-forme, est secouée par une explosion criminelle qui détruit la totalité de l’abri marin. Les Chiens de mer, responsables de l’attentat, recueillent pourtant Gavril et Tarah. Stupéfaction de celle-ci! Le chef des terroristes  est Lucius, un jeune homme dont elle est tombée amoureuse à Bombay. Elle fait aussi connaissance avec Shilgg, une mystérieuse et impitoyable baroudeuse, engagée par Lucius mais qui, en réalité, mène un double jeu. Cette dernière égorge proprement Lucius devant Tarah, la libère ainsi que Gavril, et leur explique qu’elle travaille en réalité pour « Fatum » un consortium capitaliste désireux de mettre fin à la gabegie qui lèse ses intérêts dans le domaine du contrôle de l’eau douce, levier politique fondamental d’un monde en crise.
      Une fable écologique portant sur la menace constituée par la pénurie d’eau douce en un futur proche A rapprocher du roman de Ligny « Aqua »

    9. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 2 Auteur: André-Marcel ADAMEK Parution: 2003
      Lors d’une excursion souterraine dans la grotte de Château-Rouge, l’éthologue Anton Malek, spécialiste du comportement des loups, reste seul survivant, en compagnie de Marie, une vieille dame, d’une convulsion tectonique consécutive à l’explosion de bombes nucléaires sur l’Allemagne. La jambe brisée, il sort de sa prison-refuge après des efforts inouïs, aidé par Marie, pour observer le paysage d’apocalypse qui s’étend devant lui. :
      « Ce qu’il avait pris pour un ciel gris n’était qu’un champ épais de fumées qui couvrait les hauteurs du paysage jusqu’à l’infini. Les crêtes des collines s’y noyaient, et l’on distinguait à peine leurs coteaux hérissés d’arbres noirs. Une forte odeur de bois brûlé imprégnait l’espace. Le pavillon où Malek avait pris l’ascenseur huit jours plus tôt était à moitié calciné. Les grands épicéas, fauchés comme des herbes, l’entouraient de leurs squelettes aux ailes épineuses. En contrebas, une immense crevasse cisaillait la vallée. Des villages engloutis dans les profondeurs, rien ne subsistait que les clochers épars, dénudés de leurs ardoises et montrant au ciel opaque leurs charpentes de grands oiseaux foudroyés.»
      Marie, devenue indifférente à la vie, a préféré se laisser mourir au fond de son puits sans que Malek ne pût lui porter secours.  Titubant, il prend le chemin de l’auberge où il résida, découvrant les premiers morts :
      « Les morts, il les trouva un peu plus loin, étendus devant la porte ouverte de la cave. Il y avait le patron et quatre pensionnaires. Eux non plus ne dégageaient pas d’odeur. La peau du visage noire et tendue comme le cuir d’un tambour, ils ressemblaient à des momies aztèques. (…) Il ne put franchir les limites du hall où s’entassaient pêle-mêle des plâtras, des débris de la toiture et de la cage d’escaliers, formant une véritable muraille qui condamnait l’accès aux chambres. »
      Il y survécut un certain nombre de jours grâce aux vivres trouvés dans les décombres, de plus en plus marqué par les radiations. Il prendra finalement la direction de la mer, vers le cap Gris-Nez, s’adjoignant un chien survivant, sans pelage, mais rescapé de l’holocauste lui aussi.
      Ailleurs, une unité combattante de trois êtres humains avec à sa tête une jeune femme, Mélanie, appelée Méduse, s’est trouvé prise au piège. Méduse déteste les hommes en général et ses coéquipiers en particulier, qui le lui rendent bien. Surtout Génard, une grosse brute tenant sous sa coupe Juju, soldat falot et lâche. Le premier moment d’affolement passé, Méduse commande aux deux hommes de patrouiller dans les environs. Mais la disparition de toute structure sociale organisée provoque la rébellion de Génard contre l’autorité de Méduse. S’étant enivré après une prospection dans les ruines, il réduisit Méduse à l’impuissance et la viola avec l’assentiment timide de Juju. En se libérant, Méduse coupa les hommes en deux avec la mitrailleuse de son blindé. C’est en cette posture qu’elle croisa une première fois la piste de Malek. Les deux êtres, sans fraterniser, suivront leur propre chemin.
      Celui de Malek, qui se déplaçait en side-car, lui fit faire connaissance avec les « Gros », habitants non contaminés d’un bunker voisin, et de leur égérie, la petite Tinou. Indemnes de toute radiation, ils ne sortaient de leur refuge que pour aller au ravitaillement, leur chef, Dondornier, refusant tout autre contact. Il conseille à Malek de rejoindre la poignée de survivants qui, un peu plus au bord de la plage, à Audresselles, tentaient de reconstituer un semblant de communauté.
      Malek suivit cette recommandation et s’agrégea à la petite communauté qui comptait entre autres des femmes, toutes plus ou moins marquées par les radiations. Il fraternisa avec Laury, le chef démocrate et humain d’un camp où chacun se rendait utile selon ses capacités. Les uns, les «prospecteurs», avec à leur tête Colasse, fouillaient les ruines pour pourvoir au ravitaillement. Le « pêcheur », avec une petite barque remise en état, approvisionnait la communauté en poissons frais.
      Le destin de Méduse fut différent. Dans son parcours, elle rencontra Mi et Fa, deux magnifiques jumelles de dix-huit ans, lesbiennes, dangereuses comme des serpents. Elles tuaient tous les hommes de rencontre, pratiquant un cannibalisme alimentaire et vengeur :
      « Elle sortit de son fourreau le couteau de plongée et découpa une épaisse tranche de viande. La croûte en était d’un brun mielleux et le centre légèrement rosé. Méduse sentit la salive lui monter à la bouche et prit le morceau encore brûlant que lui tendait la jumelle. Elle n’avait jamais mangé du cerf. La chair lui fit penser à la fois à du porc et à du gigot de mouton mariné. (…) La dernière tranche qu’elle engloutit n’était pas encore à bonne cuisson, et chaque bouchée faisait gicler de ses lèvres un filet de sang qui tachait son treillis.(…)
      Quand elles se sentirent assouvies, elles s’allongèrent sur le dos, le regard perdu dans le ciel lugubre. – Ce n’était pas du cerf, n’est-ce-pas ? demanda Méduse. Mi, ou peut-être Fa, lui piquait le cou de baisers humides. – Vous avez raison, chère Méduse, ce n’était pas du cerf. – C’était le moniteur ? – Oui. Nous l’avons tué avant-hier. »
      Méduse, avec sa science du combat, fut acceptée d’emblée, même quand elle se sentit enceinte des œuvres de Génard. La survenue inopinée de cet enfant allait compliquer ses  relations. Elle craignait pour la vie de ce dernier s’il s’avérait être un mâle. Dès lors, sa méfiance à l’égard de Mi et de Fa ne se relâcha plus, qui continuaient de plus belle leur tuerie :
      « Mi s’élança vers la victime, et comme elle avait pris l’habitude de le faire, ouvrit une large plaie du pubis au sternum avant d’évacuer les viscères. Sous ses doigts élégants et fragiles fumait l’écume des boyaux. Après, elle sectionna le pénis et tendit ce trophée pitoyable dans la faible clarté du jour. Quelques heures plus tard, suivant le rituel qui leur était devenu familier, elles allaient se partager le sexe, les dix doigts, et compléter le repas par des languettes de cuisse, découpées si finement qu’elles s’enroulaient comme des mirlitons à la chaleur des flammes.»
      A la naissance du bébé, ses craintes se confirmèrent. Les jumelles, qui avaient décidé de se rendre en Espagne, acceptèrent le nourrisson avec réticence. Méduse profita de la mort de Mi, irradiée, pour se sauver avec l’enfant, poursuivie par Fa. La confrontation finale entre les deux femmes provoqua la mort de Fa qui, ne voulant survivre seule, s’empala d’elle-même sur l’épieu tendu par Méduse.
      Au camp, la situation s’était aussi considérablement dégradée. La survenue d’un « curé » douteux, avide de pouvoir, renversa l’ordre établi. S’appuyant sur Malavoine, une brute épaisse, le « Padre » contraignit chacun à vivre selon les préceptes d’un évangile arrangé par lui, dénonça Laury comme juif et le fit chasser du village. Il ordonna même l’attaque du bunker des « Gros » qu’il rendait responsables d’avoir volé la barque du pêcheur. La situation empira avec la disparition des prospecteurs, tombés dans un piège tendu par les jumelles, et celle de leur fourgonnette, perte irréparable.
      Tinou, l’orpheline, fuyant les massacres, trouva refuge auprès de Laudy, qui l’adopta, tous les deux fuyant définitivement le village maudit. En réalité, c’était Balbus, un alcoolique chassé du village par le Padre qui, pour se venger, avait volé la barque. En compagnie de deux autres pauvres hères, rencontres de hasard, il comptait gagner les rivages de l’Angleterre. La marée le rejeta tout près du camp. Le Padre décida donc de leur mise à mort, ce qui ne plut pas au pêcheur lequel, voyant de loin la scène, préféra se suicider :
      « L’expédition aussi meurtrière qu’inutile au bunker lui avait rempli le cœur de regret. La farce macabre de la veille le submergeait de colère et de honte. Sous la coupe d’un cureton douteux et d’une implacable brute, Audresselles avait perdu son âme. Et c’était pour ramener quelques kilos de poissons à cette tribu d’assassins qu’il risquait sa peau.(…) - Nous allons y passer ! cria Lambert. –Tant mieux! Ils n’auront plus jamais un harenguet ou une anguillette à se mettre sous la dent. Ils devront brouter l’herbe ou se dévorer entre eux. Qu’ils crèvent. (…)
      Enroulez-vous ça autour du ventre, ça vous aidera à flotter. – Et vous ? – Moi, je vais rendre visite aux crabes, c’est une compagnie très appréciable par les temps qui courent. »
      Malek, lui aussi, ne put en supporter davantage.  Sous prétexte de partir en side-car à la recherche du groupe de prospecteurs, il s’enfuit du village condamné, rencontrant pour la deuxième fois Méduse, avec son enfant. Regroupant leurs forces, ils repartirent en couple dans un monde dévasté.
      La « Grande Nuit»  se présente comme un roman post-cataclysmique intelligent, fin, bien composé selon les lois du genre. Approfondissant la psychologie de chaque personnage – ni tout blanc ni tout noir- l’auteur fouille dans ses descriptions au scalpel  la chair et l’âme de ses contemporains,  dans une ambiance de désespoir moral. Répertorié à tort dans l’étude de Costes et d’Altairac «lesTerres creuses », le roman se donne avant tout comme une puissante réflexion sur les processus de décomposition chez l’être humain.

    10. Type: livre Thème: pollution généralisée Auteur: Christophe LAMBERT Parution: 2003
      La conurbation de Tokyo en 2030.La pollution y est telle que seules les hautes tours émergent d’une brume constante. Les citoyens japonais sont invités à se procurer l’oxygène et l’air nécessaires à la vie dans des boîtes vendues par Yi Yendi corporation. Shu Thi-shida, employé comme informaticien chez Yi Yendi, est très en colère. Jadis, sa femme et son fils sont morts, tué pas la pollution. Etant trop pauvres à l’époque pour se payer les services de Yi Yendi, la firme toute puissante leur a coupé l’énergie et l’accès à l’air pur.
      Aujourd’hui, Shu Tishida a rendez-vous avec Mashimoto, le grand patron qui se fait un point d’honneur d’accueillir personnellement, une fois l’an, chaque employé qui le souhaite. L’informaticien lui rappelle l’existence du dossier « Ogumi » stipulant que l’air pur vendu est additionné d’une drogue, « l’Euthinal polychlorique », destinée à rendre les consommateurs dépendants des services de l’entreprise.
      Mashimoto nie le fait, mais dès le départ de Shu, le fait assassiner. Soulagé d’avoir évité le danger qui risquait de couler l’énorme trust, il ignore que Thishida a rendu le dossier accessible en l’injectant sur les circuits informatiques planétaires par un virus du type « cheval de Troie » inséré dans les circuits de Yi Yendi. Aussi, dès que Mashimoto allume son ordinateur, c’est lui-même qui signe sa perte.
      Un futur proche et monstrueux lié au développement sans freins du libéral-fascisme .

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