Bienvenue dans la Base de Données des livres !
Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
Livres
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Marc Avril, averti par « la grande bringue rousse Zoé » de la disparition de personnalités diverses, ainsi que de certains de ses collègues des services de renseignement, enquête mollement. La frénésie de Zoé l’entraînera sur la piste d’un savant fou, le psychiatre italien Lestrigo , qui, dans son île grecque d’Aea, conditionne les cerveaux enlevés à lui obéir. Pourquoi faire ? Pour déclencher la fin du monde, en toute simplicité. De quoi sera-t-elle faite ? On ne le saura jamais puisque la tenace Zoé, amoureuse de Marc Avril, le tirera d’un mauvais pas en « suicidant » Lestrigo, mettant ainsi un point final à un récit qui, de toute évidence, ne gagnait rien à s’éterniser.
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La jeune Alba sauve le petit Didac de la noyade. En ressortant de l’eau, les deux enfants constatent que toute vie s’est arrêtée sur terre. Ils reviennent en courant vers leur village en ruines, aux maisons fissurées, effondrées, laissant apparaître partout des cadavres :
« Et partout, à moitié ensevelis par les ruines, à l’intérieur des voitures arrêtées, dans les rues, il y avait des cadavres. Un nombre incroyable de cadavres qui avaient tous le visage contracté en un rictus étrange, et la peau d’un jaune rosé. Ils n’avaient pas été tués par des pierres ou des poutres, car certains gisaient au milieu d’espaces vides, intacts, sans blessures ni saignements apparents, comme s’ils étaient simplement tombés sous le coup d’une crise d’apoplexie. »
Alba, qui a 14 ans, s’occupera de Didac, qui a 9 ans. Tout en s’interrogeant sur l’origine du désastre et en pleurant leurs familles mortes, ils se rendent compte que l’ensemble du pays est dans le même état. Le premier choc passé, ils songent à fuir Benaura, le village martyr.
L’avisée Alba, ayant établi une liste des choses à emporter sur une charrette à bras, part avec Didac s’établir dans les bois qu’elle connaît bien, à cinq kilomètres de tout lieu fréquenté. Ce fut un effort terrible pour ces jeunes enfants qui durent s’y prendre à plusieurs reprises avant de pouvoir établir un campement de fortune au bord d’un ruisseau. Leur premier nettoyage dans l’eau appelle une série de questions de la part de Didac :
« Comment se fait-il que les filles soient différentes ? demanda-t-il au bout d’un moment.
Alba se rendit compte qu’il était gêné d’avoir posé cette question et lui sourit.
-Si nous étions tous pareils, il n’y aurait ni hommes ni femmes, dit-elle.
-Et tu es contente d’être une fille, toi ?
Cette fois Alba éclata de rire .
-Oui, Didac. Comme tu seras content plus tard d’être un homme. »
la question du racisme est aussi abordée dans la franchise, Didac étant noir :
« -Je préférerais être blanc, moi
-Pourquoi ? le noir est très joli.
-Mais au village les autres se moquaient de moi. Et quelques grandes personnes aussi.
-Maintenant cela n’arrivera plus, Didac, il n’y a plus que toi et moi. »
Jour après jour, ils organisent leur vie, jouant à Robinson, subsistant grâce aux aliments emportés, ainsi qu’aux champignons, pignons ou truffes trouvés dans le sous-bois. Alba est consciente de la précarité de leur condition, et inquiète de l’avenir. Elle pousse Didac à s’instruire en mécanique tandis qu’elle même s’intéresse fortement à la médecine. Ainsi le jour où elle se cassera le tibia, pourra-t-elle se soigner elle-même en pratiquant les gestes appropriés.
Une année s’écoule ; Alba a quinze ans. Explorant les environs, ils découvrent dans une ferme vide à quelques kilomètres de leur grotte, une poule redevenue sauvage, et des pommes de terre dans une réserve. Grâce à la poule, leur nourriture s’enrichit désormais d’œufs. Pour faire face à la dureté de leur vie quotidienne Alba insiste sur une propreté absolue :
« Et ainsi ils se lavaient chaque matin, au réveil, car Alba insistait sur la nécessité d’observer une hygiène rigoureuse ; à ses yeux, cela constituait la condition essentielle d’une bonne santé. La crainte de tomber malade continuait à la tourmenter, et elle ne passait pas un jour sans lire un passage du dictionnaire médical. »
Tout en éduquant Didac, Alba le pousse à se procurer des livres pour pouvoir parer à toute éventualité. Didac, devenu habile en mécanique, remet en marche le vieux tracteur de la ferme grâce auquel, prudemment, ils poussent jusqu’au village. Les cadavres, toujours présents, ont maintenant la peau parcheminée d’où percent les os, un spectacle qui n’émeut plus les deux adolescents. De retour avec des jerrycans d’essence, ils aperçoivent dans le ciel des appareils de forme étrange : ils ne seraient donc pas seuls sur cette terre ?
A présent Alba prend des précautions. Elle ne tient pas à être découverte, ne sachant si elle a affaire aux ennemis qui auraient éradiqué l’espèce humaine. Cela est d’autant plus compliqué que Didac tombe malade, présentant tous les symptômes d’une rougeole qui manque de le terrasser. Alba le soigne avec dévouement, sachant il leur faut changer d’alimentation et de lieu.
A peine ont-ils décidé de partir, qu’ils aperçoivent à nouveau l’un de ces étranges vaisseaux en perdition qui s’abîme dans les lointains. Se guidant sur la fumée dégagée par l’accident, Alba et Didac s’approchent, observant la scène à l’aide de puissantes jumelles. Ils aperçoivent une créature curieuse et inquiétante :
«De dos, ainsi qu’ils la voyaient, elle avait l’apparence d’un pygmée doté d’un cou très long avec, au bout, une protubérance en forme de poire renversée, à savoir que sa partie supérieure était beaucoup plus large que sa partie inférieure. Sa peau, rose comme celle d’un porcelet, ne semblait porter ni poils ni cheveux et donnait une désagréable impression de nudité. »
Alba a l’intime conviction que c’est son ennemi. Sans hésitation, avec son fusil, elle le tue et ramasse le curieux objet qu’il portait, qui s’avère être une arme calcinant tout à portée de rayon. Après avoir enterré l’extraterrestre, ils savent qu’ils ne sont plus en sûreté désormais dans leur grotte et conviennent de partir immédiatement. Juchés sur leur tracteur, ils quittent la région de Bénaura où la décomposition des choses s’accélère. Nulle part, le long de la route qui les conduit vers Barcelone, de signes de vie, mais partout la tristesse des tôles froissées, la solitude des villages, l’empilement des ruines qui les empêchent de progresser normalement :
« De temps en temps, presque toujours au ras des fossés, ils trouvaient des motos renversées, les occupants changés en squelettes gisaient à terre, une jambe coincée sous la machine, leur casque protecteur sur le crâne. »
Toute la campagne semble bouleversée comme si une main gigantesque avait broyé les terrains géologiques. Apercevant enfin une caravane abandonnée, ils l’utiliseront comme résidence en l’attachant à leur tracteur. L’exploration de Barcelone apporte de nombreuses déceptions. La ville est quasi impraticable, la nuit, l’absence de lumière les gêne. Que faire en ces lieux sinon récupérer ce qui peut leur être utile dans les bibliothèques, des livres dont ils font une ample moisson.
Plus tard, Ils prennent leurs quartiers dans une villa, sise au bord de la mer, entre Hospitalet et Llobregat, retournant parfois en ville avec une jeep remise en état. Même si leur exploration les amène parfois sur la piste d’un hypothétique survivant, ils n’en rencontreront jamais.Leur vie est douce au bord de la mer. Ils lisent et se cultivent. Alba a acquis de très bonnes connaissances en médecine. A la plage, ils pêchent des crabes, s’aventurent parfois en barque, se prennent en photos … et découvrent l’amour :
« Ils s’enlaçaient, s’embrassaient avec un sentiment de bien-être et d’affection qui, peut-être, à leur insu, commençait à se changer en amour. Didac, à onze ans, avait déjà l’apparence d’un bel adolescent et il semblait à Alba que, depuis ce jour où ils s’étaient baignés à la plage, il la considérait désormais comme une femme. »
Déconseillant à Didac d’apprendre à piloter un avion à cause du risque encouru, Alba et son compagnon mettent en place un vaste projet. Tout d’abord, retourner sur leurs pas, jusqu’à la grotte initiale, pour prendre une série de photos-témoins de la catastrophe. Puis, préparer un yacht et longer la côte espagnole jusqu’en Italie et en France. Didac s’y emploie avec ferveur et patience, ne laissant rien au hasard. Même leurs livres trouveront un abri dans la caravane –bibliothèque.
Au printemps d’après, Alba ayant dix sept ans et Didac onze, ils prennent la mer, cap au nord-est, s’abritant dans les calanques, musardant le long de la Costa Brava jusqu’au Golfe du Lion.
Un jour, à la Spezia, ils observent le long de la plage, une personne vivante. Tout à leur émotion, ils ne s’aperçoivent pas qu’ils sont tombés dans un piège. Les individus, au nombre de trois, envisagent de tuer Didac et de violer Alba. Celle-ci, toujours prudente, ayant en mains l’arme des extraterrestres, les tue sans remords. Pourtant cet épisode ternit quelque peu leur voyage.
Lorsque l’été s’étire dans l’automne, ayant participé dans une fête de tous les sens à la beauté de la nature, ils décident de revenir chez eux. Ils savaient maintenant qu’ils étaient vraiment seuls sur terre, eux, et le petit être que portait Alba, enceinte de Didac.
De retour à Barcelone, ils comprennent que toute leur vie doit être orientée vers le bébé à naître. Didac se plonge dans des ouvrages d’obstétrique, prenant très au sérieux son rôle de père. Il se soucie de tout ce dont a besoin l’enfant : des montagnes de boîtes de lait, des couches, des médicaments s’accumulent dans leur villa. Didac ne néglige ni le jardin, ni le poulailler, poussant de nombreuses fois jusqu’à Barcelone. Jusqu’à ce jour, le dernier, où il meurt écrasé par un mur branlant. Alba, qui le cherche toute la nuit, désespérée, le découvre enfin :
« Mais Didac ne répondit pas, et elle ne le trouva pas non plus dans l’entrepôt où elle pénétra alors. Elle ressortit et là, éperdue d’angoisse, regarda autour d’elle. La lumière du jour était plus intense, à présent, mais son désarroi était si grand qu’elle n’identifia pas tout de suite comme une jambe, la chose sombre sur laquelle elle posa les yeux, et qui émergeait d’un tas de pierres à quarante ou cinquante mètres de l’endroit où elle se tenait. »
Elle assurera seule le rituel funéraire du père de l’humanité :
« Vers le milieu de l’après-midi, elle s’assit par terre à côté du jeune garçon et prit une de ses mains entre les siennes. Pendant deux heures, elle demeura immobile, ne remuant que les lèvres tandis qu’elle se remémorait en silence, pour elle-même et pour lui, l’histoire de peine et d’amour qu’ils avaient partagée. Elle resta là jusqu’au soir. Puis elle s’agenouilla et, penchée sur lui, embrassa ses lèvres froides tout en le réchauffant de ses dernières larmes. »
Le texte s’achève par une postface ou d’érudits intervenants s’interrogent sur la vérité de ce récit qu’ils considèrent comme le manuscrit de la mère de l’humanité puisqu’aujourd’hui, l’on sait de quelle manière les habitants de Volria, à la recherche d’une planète où s’établir, ont utilisé le système Grac/D lequel, arrêtant les cœurs des humains et induisant des vibrations dans toutes les microstructures, a décimé l’humanité, à l’exception d’Alba et de Didac.
Un roman de formation destiné aux adolescents, remarquablement intelligent et sensible. En cinq cahiers successifs (cahier de la destruction et du salut, de la peur et de l’étrangeté, du départ et de la sauvegarde, du voyage et de l’amour, de la vie et de la mort), le récit montre un raccourci de la vie avec ses hauts et ses bas et donne les moyens de la survie. Cahier intime, leçon de vie, leçon de choses, conte moral, roman cataclysmique, le « Deuxième matin du monde» fait exploser les limites dans lesquelles ont voudrait le maintenir. Un chef-d’œuvre.
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Peu avant le véritable déclenchement des hostilités de la part des Allemands en 1939, Le Major Von Helders, adepte convaincu de la prééminence de l’aviation dans un conflit futur, envisage un kriegspiel passionnant: l’Angleterre attaque la France à cause de son ingérence dans les affaires égyptiennes.
Le général Brackeley, la figure centrale du récit, est le vainqueur désigné car il est le seul à croire à l’invincibilité de la force aérienne des avions de type G, bombardiers géants à la puissance de feu énorme, chargés de porter la terreur au sein du territoire ennemi. Lorsque le ministre anglais lui donne carte blanche,
" Brackeley resta un moment étourdi. Mais soudain il se ressaisit et il lança un " Hourrah ". A ce cri, son adjoint accourut. Brackeley le saisit par les épaules et le fit tournoyer plusieurs fois sur soi-même. Alors, hors d’haleine il se jeta dans un fauteuil et se mit à rire à gorge déployée. "
Seul l’écrasement complet de la capitale pourra obliger la France à capituler. La décision est prise de bombarder Paris en trois vagues successives. Les Français, moins bien commandés, moins organisés, n’opposent qu’une résistance sporadique aux vagues d’invasion. Les bombes sont lâchées de 6000 mètres d’altitude avec un effet redoutable:
" A la station " Opéra " deux trains bondés se trouvaient arrêtés l’un derrière l’autre. Soudain, tout s’ébranla, au milieu d’un éclair jaune. Les maçonneries s’effondraient avec fracas...; pendant une seconde s’établit un silence de mort, et tout à coup, ce fut un concert atroce de gémissements et de hurlements de douleur. Une bombe de 1000 kg était tombée à 50 mètres de l’entrée. Elle avait éclaté sur le ballast et le déplacement d’air seul avait fait des centaines de victimes. La galerie avait cédé: un entonnoir de 50 mètres de diamètre s’ouvrait béant au milieu du boulevard des Capucines. Les façades de trois maisons s’étaient écroulées dans la rue, les appartements, avec leurs meubles exposés à l’air avaient un aspect hallucinant et un piano demeurait lamentablement suspendu dans le vide ".
La victoire est totale. Tandis qu’une vague de feu parcourt la capitale foudroyée, le deuxième bombardement parachève l’oeuvre de mort:
" Les gens s’échappaient des maisons. On n’entendait qu’un cri " Fuyons cet enfer ". La foule avait envahi les places publiques, les jardins des Tuileries, le Champ – de -Mars. Heureusement peu d’habitants étaient atteints par les gaz. Sans doute, fort peu de bombes asphyxiantes avaient été jetées, à moins que l’échauffement de l’air, par suite des incendies, n’eût activé la ventilation et facilité l’évacuation des gaz. Une bombe de 1000kg. avait fauché un des quatre pieds de la Tour Eiffel, et l’immense armature de fer s’était écroulée s’étendant comme un bras à travers la Seine dans la direction du Trocadéro. "
Dans le chaos français, des mutineries, des insurrections éclatent. Le communisme international, trop heureux de faire son lit de la déconfiture française en profite pour appeler à l’insurrection:
" Le gouvernement s’était enfui, en automobile, à Tours où la Chambre des Députés et le Sénat avaient aussitôt été convoqués en séance de nuit. Un tiers de parlementaires seulement y vint. Les élus communistes n’y assistaient évidemment pas, car ils étaient demeurés à Paris pour organiser le désordre. "
La marine anglaise, inutile devant la victoire totale remportée par l’aviation, a pu se mettre en embuscade en Méditerranée en vue de couper les liaisons entre la France et l’Afrique du Nord, attendant que l’Italie , alliée des Anglais, entre à son tour dans la danse. Néanmoins, une contre-attaque française se précisera. Le pays martyr, rassemblant les restes épars de son aviation et toute la puissance de feux de ses engins maritimes, réussit à établir une tête de pont dans le sud de l’Angleterre, pour opérer une percée terrestre. Des canons, des tanks, des soldats débarquent et s’enfoncent en territoire ennemi, vers Londres. Les Amiraux et les Généraux des armées de terre, lors d’un Conseil de guerre houleux à Londres, s’accablent mutuellement de reproches. Brackeley, olympien, décide seul de régler le problème avec ses escadrilles d’avions G.
Reprenant l’air, il bombarde la tête de pont française, puis, devant un succès rapide et complet, dans la foulée, il s’attaque aux destroyers, porte-avions, croiseurs français, en les envoyant par le fond. Lors d’un dernier survol à basse altitude, à cause d’une météo exécrable, le G300, avion amiral, est abattu. Brackeley meurt en héros et l’état anglais lui assure des funérailles nationales. La France capitule et cède ses colonies
La précision documentaire des données, l’adjonction de cartes, le suivi heure par heure des hostilités qui s’ouvrent un 6 juillet et se ferment un 12 juillet, tout annonce ici le déclenchement de la vraie guerre, celle que l’Allemagne mènera contre l’Europe à partir de 1939. Le sentiment de vraisemblance est accentué par l’usage de concepts qui triompheront sur les champs de bataille: rapidité de la guerre-éclair, importance fondamentale de l’aviation, notamment des bombardiers (selon la théorie de Goering), pilonnage des villes pour écraser le moral des habitants, prise en otage des masses humaines.
Le subterfuge de l’auteur qui met l’Angleterre à la place de l’Allemagne est vite éventé. Ce récit mené tambour battant se lit d’une traite et rend palpable l’idée que certaine fiction cataclysmique reste souvent en - deçà de la réalité historique.
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Le Nuage Pourpre - Par BenF
Adam Jefferson revient d’un voyage au pôle où il été épargné par la mort qui a frappé l’humanité entière sous la forme d’un immense nuage d’acide hydrocyanique en provenance d’une éruption volcanique (le livre a été édité en 1901 et le désastre du Krakatoa est encore présent dans les mémoires). Il redescend vers le sud en un long périple où la description des cadavres en petits paquets ou en masse attire le romancier par un voyeurisme teinté de sadisme, sur plus de cent cinquante pages:
" Dans les chambres et les escaliers de toutes les maisons, les morts étaient empilés les uns sur les autres et je ne pouvais pas faire trois pas dans les rues sans être obligé d’enjamber des cadavres. J’allai à la prison du Comté. D’après ce que j’avais lu on avait relâché les prisonniers. Pourtant j’y trouvai autant de cadavres que partout ailleurs. Chaque cellule était occupée par au moins dix personnes; les corridors étaient jonchés de visages exsangues et de guenilles venues d’on ne sait quelle foire aux puces.
Dans la cour centrale, c’était un entassement innommable, de chairs éclatées et de chiffons barbouillés de sang. C’était sans doute le résultat de l’explosion d’une chaudière. Près de la fabrique de biscuits, je vis un jeune aveugle enchaîné à un chien que l’ouragan avait projeté contre un mur et laissé là, dans une étrange posture, le bras bizarrement tendu au-dessus de l’animal, comme s’il avait voulu m’en faire cadeau. D’une façon générale, la plupart des cadavres que je rencontrai avaient été malmenés, déshabillés et défigurés par la tempête, comme si la Terre avait tenté, mais en vain, de nettoyer les rues.(...) J’arrivai sous la verrière de la gare. Le silence de la nuit était total. Pas de lune, pas d’étoiles. Il était environ 11 heures. Je vis alors, que pour avancer, les trains avaient dû repousser des milliers de corps qui s’entassaient sur le ballast, mais ils avaient passé, tandis que moi je ne pouvais marcher sans piétiner les morts. Il y en avait partout, sur les toits des wagons, entre les wagons, sur les quais, écrasés contre les piliers, empilés dans des chariots.
Dehors, il n’y avait pas un espace libre entre les milliers de véhicules. Les morts tapissaient littéralement le pavé de ce quartier de Londres. Et, là encore, l’odeur de pêcher qui - sauf sur un bateau - charnier - ne cessait d’embaumer le monde, se faisait sentir mais elle était maintenant dominée par une autre. Si l’âme des hommes, me disais-je, avait vomi au ciel cette odeur de chair que je ne connaissais que trop, rien d’étonnant que les choses soient dans cet état.
(...) Je sortis de la gare en larmes, m’attendant presque à retrouver la rumeur de la rue, moi qui étais maintenant habitué à ce grand vide silencieux. Qu’allais-je faire? Mes anciennes terreurs m’envahirent . C’est dans un état d’esprit pitoyable que je reconnus la longue rue lugubre, sans lumières et sans son animation habituelle, telle une Babylone dévastée.
Au lieu de l’ancienne rumeur, je n’entendais qu’un silence étourdissant qui montai jusqu’au ciel pour se mêler au silence des éternels luminaires qui brillent là-haut. Toutes le voitures que je voyais étaient inutilisables, tant elles étaient agglutinées les unes contre les autres, comme soudées en un seul bloc. Toutefois, près du Park, que j’atteignis en me glissant entre les roues et en avançant avec d’infinies précautions, je finis par trouver un coupé dont le réservoir était plein.. J’enlevai, non sans dégoût, les quatre corps qui l’occupaient, je m’installai au volant et mis le moteur en marche. En pétaradant à travers les rues dont je brisai le silence sépulcral, je poursuivis ma route vers l’est de la ville en écrasant une foule de cadavres. "
En face de la ruine universelle, Adam Jefferson se pose le problème de sa propre survie. Certainement désigné par le destin (mais lequel?), lui seul demeurerait sur la terre (mais pourquoi?). En proie à un désespoir sans bornes, sa seule réaction sera destructrice. Afin d’imprimer "sa" marque à "son" monde, il voyage de continents en continents pour brûler, selon son bon plaisir, les villes encore debout:
" Je revins à Vaucaire qu’un mois plus tard, laissant derrière moi des villes en ruine et des forêts en flammes. J’avais incendié Bordeaux, Livourne, Bergerac ".
A Constantinople, l’incroyable se produisit : il rencontra une jeune fille épargnée par le fléau. Allait-il être le nouvel Adam et elle la nouvelle Eve? Hélas!, non. Jefferson est misogyne et jaloux de sa solitude ce qui n’est pas le meilleur départ pour une nombreuse descendance:
" Quand je la quittais ce soir-là, elle essaya encore une fois de me suivre. Je cassai une branche de sassafras et je la cravachai à trois reprises jusqu’à ce qu’elle déguerpisse en pleurant. "
Plutôt expéditif, Jefferson ne connaît pas les affres du désir. Cependant, les choses s’arrangeront d’elles-mêmes. L’auteur et son héros reviendront à de meilleurs sentiments et la femme, "une protégée" selon l’expression du romancier , aura malgré tout la possibilité de s’unir à Jefferson. Le monde sera sauvé!
Le roman de Shiel est significatif des débuts du genre. C’est l’un des tous premiers romans concernant l’empoisonnement de l’atmosphère. Ce thème aura une féconde pérennité, relancée par Camille Flammarion dans " la fin du monde " où c’est l’approche d’une comète (celle de Halley en 1902) qui déterminera l’empoisonnement du globe. Il sera suivi par la "Ceinture empoisonnée" de Conan Doyle, et d’autres récits comme "le Nuage vert" de Neil. Le romancier insiste sur l’ivresse immédiate du dernier homme livré à ses fantasmes, motif récurrent du genre. Chez lui la description monomaniaque des cadavres et de la décomposition, les sentiments misogynes forcenés prennent une ampleur rarement rencontrée dans d’autres récits. Quoique contestable philosophiquement, Shiel fait oeuvre de précurseur et à ce titre mérite une place particulière dans l’histoire du roman cataclysmique.
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Le Grand Retour - Par BenF
La Terre, laissée à l’abandon dans un état de dégradation inimaginable, n’est plus habitable. L’humanité a émigré dans le système d’Alpha du Centaure et a transformé notre malheureuse planète en un musée de la faillite humaine :
" Le Nevada reste stérile. Ca ne change rien. Néanmoins les gardiens logent dans des habitations souterraines. Une usine fabrique l’air respirable. Au-dehors, la teneur en oxygène a tellement diminué qu’elle ne suffit pas à un organisme humain. En outre, une atmosphère viciée entoure la planète et forme un matelas jaunâtre, un voile opaque interceptant les rayons du soleil. La pollution existe partout, même dans les coins les plus reculés. "
Pour surveiller ce lieu saint, des gardiens, qui sont autant de bagnards préférant vivre dans des conditions souterraines plutôt que d’expier leurs crimes dans une prison centaurienne, jouent le rôle de cicerone pour les milliers de touristes, satisfaisant à leur désir malsain de découvrir une planète morte.
Or, le dernier arrivage leur cause quelques soucis car certains touristes disparaissent volontairement. Lane, le gardien-chef, soupçonne rapidement une organisation secrète d’envoyer des marginaux sur la terre dans le seul but de la rendre à nouveau habitable ce qui n’est pas du goût de l’autorité. Celle-ci dépêche une fusée militaire pour mater la dissidence.
Entre temps, le rang des marginaux a grossi. Ils ont commencé à dépolluer la planète et convaincu certains gardiens de les rejoindre dans leur combat, parce qu’il fait meilleur vivre à l’air libre plutôt que dans des souterrains. Hile et Anway, les chefs des marginaux écologistes, passés maîtres dans l’art du combat psychologique, réduisent à néant les efforts de l’administration centaurienne. Le combat ne se fait pas sans pertes humaines puisqu’ils sont obligés de faire sauter la fusée militaire par une bombe atomique (propre !), tuant du même coup plus de mille soldats lancés contre eux. Leur action a provoqué une prise de conscience sur Alpha du centaure amenant le nouveau gouvernement à soutenir leurs projets pour rendre l’humanité à son berceau.
Un récit mené avec les ingrédients habituels à la série, au style approximatif, par un auteur qui s’est fait une spécialité du roman-catastrophe déroulant, avec sa solide expérience, les poncifs les plus éculés en des phrases minimales (sujet / verbe / complément).
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Chocs En Synthese - Par BenF
Le professeur Maubrey a crée une vie végétale synthétique, une sorte de virus, qui, par l’étourderie du savant, se met à proliférer. Ces virus anéantissent toute végétation verte et, le sous-produit de leur activité étant un gaz nouveau, le "synthium", celui-ci se combine avec le gaz carbonique en un effet détonnant. Des villes seront soufflées et l’alerte sera mondiale:
" Les infernales créatures synthétiques débordaient maintenant les frontières de l’Illinois. On en signalait en divers points du territoire des States, dans le Wisconsin, le Kentucky, la Floride, la Pennsylvanie, le Nebraska et, plus à l’Ouest encore, dans l’Utah et la Californie. D’autres Etats étaient touchés, plus ou moins légèrement. Toute substance verte restait une proie pour les micro-organismes et déjà, les statistiques établissaient des pertes irréparables dans l’Agriculture. Des récoltes périssaient et les services intéressés s’inquiétaient sérieusement de la tournure , quasi-catastrophique, des événements.
Dans les Rocheuses, le Synthium comblait aisément les poches et les dépressions. De violentes explosions secouaient l’atmosphère et l’on signalait la destruction totale de plusieurs villages, et même de grandes villes. Héléna, Denver, Santa-Fé, Oakland, Salem, pour ne citer que les principales, n’étaient plus que ruines et désolation. Pour comble de malheur, de fréquents orages s’abattirent sur l’ensemble du territoire et cela n’arrangea pas les choses. La foudre provoquait l’explosion du synthium et il n’était pas rare de voir une région même désolée soufflée littéralement par une puissante déflagration ".
Maubrey réussit à neutraliser la bactérie synthétique mais il n’avait pas prévu que celle-ci produirait des spores pour se défendre. Or, les spores attaquent directement le cerveau des humains qu’ils rendent amnésiques. L’alerte est chaude et Miss Whistel, une scientifique dont Maubrey est amoureux, en est malheureusement la victime. Grâce à la formule de la protéo-éthyciline, le virus est vaincu.
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Invasion "H" - Par BenF
Joe Maubry, reporter de télévision, est mis en selle par son patron, Robeson, pour s’occuper de l’affaire de la «mandragore», à Carson-City. Accompagné par la délicieuse Joan, à la fois son amie de cœur et sa concurrente dans la presse écrite, ils feront connaissance avec « Mandrogoras », racine à forme humaine, jaillie d’une terre légèrement radioactive , et qui est douée de mobilité, ce qui est prodigieux.
Les barrières de sécurité en place écartent les curieux mais permettent au professeur Golson de prendre en toute sécurité des échantillon de «sève rouge comme du sang» pour analyse. Joé, futé, s’est également pourvu en échantillon afin de mettre son ami biologiste marc Kander dans le coup. Quelques jours plus tard éclate une nouvelle bombe : Golson a disparu. On le retrouvera en plein désert, en un lieu proche de Mandragoras, physiquement en voie de transformation, prêt à s’enraciner :
« Le botaniste râlait maintenant, en se roulant sur le sol, en proie à de terribles convulsions. Ses yeux lui sortaient des orbites et son visage se couvrait de larges plaques rougeâtres. On devinait que son organisme résistait de toutes ses forces à l’invasion des homuncules. (…) Dans un terrible effort de volonté, il se redressa. Mais ses pieds semblaient rivés au sol. Quand il voulut faire un pas en avant, ses jambes ne lui obéirent plus. Il s’affaissa sur place en gémissant, le corps couvert de sueur, de poussière, de sang. Il saisit alors à deux mains sa jambe droite et tira de toutes ses forces. Son pied resta cloué à la terre. Il comprit alors que des fibres scléreuses l’attachaient définitivement au sable.»
Golson, déjà perdu explique l’ampleur du problème qui risque de frapper l’humanité, constat confirmé par Kander. La sève de la mandragore charrie un sang composé d’homuncules, globules de forme humaine et de couleur rouge, dont l’unique but est d’envahir l’organisme humain pour se reproduire et transformer leur support en végétal. Baptisé «Humunculus H4», l’épidémie sera extrêmement violente, les homuncules ayant la propriété, en dissolvant la peau par un acide, de s’introduire dans le corps humain par les pores. Cette transformation rapide inquiète le couple Joan et Joe, surtout lorsqu’ils auront constaté que leur ami Marc est déjà infecté et qu’eux-mêmes, dans leurs corps, commencent à subir l’influences des homuncules.
Pourtant Kander est sur une piste. Il a localisé les homuncules, les a soumis à un appareil grossissant, faisant d’un cobaye microbien un gnome captif et parlant. Kander disparaîtra lui aussi se cachant dans un motel, épouvanté par l’irrésistible pulsion qui le pousse à s’enraciner. Pendant ce temps Joe interroge l’ennemi, vaguement télépathe, qu’il a baptisé «Ruth». Celui-ci ne se fait pas prier pour lui annoncer que le règne de l’humanité s’achève et que celui de Mandragoras commence, qui est de transformer l’homme en végétal à son image.
Après quelques péripéties annexes durant lesquelles le couple rattrape Ruth qui s’était échappé par les égouts de l’hôpital, ils entrevoient, sur les ultimes indications laissées par Kander, une solution au problème, soit créer un vaccin (ou un sérum) pour affaiblir progressivement l’homuncule. Les résultats dépassent toute espérance : dans le sang de Ruth naissent de nouveaux homuncules, différents du premier, de couleur blanche. Joe baptisera l’un d’eux «Scléro ». Celui-ci, agrandi à son tour, confirmera à Joé que lui et Ruth sont des ennemis irréductibles et qu’il est fort capable, avec son acide, de «dissoudre le Rouge» (admirons le symbolisme au passage !) Aussitôt dit, aussitôt fait. Après avoir traité leur ami Kander au sérum « Scléro », ils se l’injectent à leur tour. L’ «Invasion H» échouera. Mandragoras est carbonisé ainsi que les malheureux déjà transformés et Joe/Joan auront un beau sujet à traiter.
Ce roman n’est pas sans rappeler celui, paru dans la même série, la « Folie verte », auquel l’auteur fait explicitement référence dans le livre même. Le récit est basé sur le mythe fantastique de la mandragore, racine magique à forme humaine, née au pied d’une potence de la semence d’un pendu, capable du pire comme du meilleur. Détournant ce thème pour l’adapter à la science-fiction, comme l’avait déjà fait auparavant le grand ancêtre Matheson dans « Je suis une légende », M.A. Rayjean commet un roman lisible mais sans grande originalité.
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L'odyssee Du Vagabond - Par BenF
Lorsque Neil le skipper et Jim le fils de son employeur et ami Frank, atteignent la baie de Chesepeake à une centaine de kilomètres de Washington, les nouvelles internationales étaient préoccupantes. Prêts pour une virée en mer, Frank leur avait fixé un rendez-vous à Christfield, de l’autre côté de la baie, où ils devraient également embarquer Jeanne, une de ses amies, et sa fille Lisa. Tous réunis, ils repartiraient en mer sur le trimaran « Vagabond ». Mais le sort en a décidé autrement. La guerre nucléaire mondiale venant de débuter, tout près d’eux, une bombe avait anéanti Washington :
« Auparavant, ils avaient tous écouté le transistor. Sur la bande AM, ils n’avaient pu capter que cinq stations là où, d’habitude, il y en avait plus d’une quarantaine. Des bribes de nouvelles chaotiques, parfois à peine cohérentes arrivaient. Ce n’était que lorsqu’une information avait été répétée plusieurs fois, et sur des postes différents, qu’ils la croyaient vraie. Ainsi, il paraissait établi que Whashington, New York et entre cinquante et cent grandes villes avaient été détruites ; que le nombre des victimes se situait dans une « fourchette » de vingt à quatre-vingt millions ; enfin, que la plupart des grandes stations de radio et de télévision ne fonctionnaient plus. Et ce n’était qu’un début… »
C’est le sauve qui peut. Neil suggère de prendre la large alors que Frank souhaite maintenir son rendez-vous. Une course contre la montre commence pour chaque personnage, liée à son destin propre :
« Jeanne regarda de nouveau son rétroviseur et vit la même lueur. Elle jeta un bref regard sur sa gauche : deux voitures la dépassaient à toute vitesse. Alors, elle se retourna carrément : la lueur grossissait à l’horizon, s’élargissait, s’élevait… le noyau central semblait baisser d’intensité à mesure que le reste du ciel s’illuminait. Les doigts de Lisa s’enfonçaient dans la chair de son bras, qui tremblait toujours. Jeanne pensa simplement : « une bombe nucléaire est tombée sur Washington. » Elle en ressentit sur le coup ni terreur ni peur, seulement une lucidité à l’égard de l’événement.»
Lorsque Neil arrive à Christfield avec, derrière lui, un immense nuage de cendres radioactives, c’est pour sauver Jeanne et Lisa menacées par la folie humaine. Déjà, des personnages douteux ont pris son bateau d’assaut, notamment Macklin, une sorte de truand, qui tente aussitôt de prendre le pouvoir à bord. Neil l’accueille malgré tout car, en ces circonstances, il a besoin d’un second à poigne. De retour du ravitaillement à quai, il s’aperçoit que Vagabond a disparu. Macklin le lui a volé, avec à son bord tous ses amis.
Le skipper légitime sait qu’il lui faudra reprendre son bien avant que Macklin ne le fasse sortir de la baie. Avec Olly, un ancien capitaine pêcheur haut en couleurs et marin émérite, qui, lui aussi, n’a plus rien à perdre, ils se lancent à la poursuite du trimaran, réussissant par ruse à investir son bord. Macklin sera désarmé et si Neil l’épargne à nouveau c’est qu’il lui sera indispensable dans les jours à venir. Il est d’ailleurs plus que temps de chercher Frank qui monte sur Vagabond avec Tony, un autre individu susceptible d’aider à la manœuvre.
Vagabond prend le large en direction du sud alors que des retombées radioactives s’abattent sur un pont que Frank et Neil nettoient scrupuleusement :
« Une terreur diffuse planait sur les équipiers de Vagabond, tandis qu’ils continuaient de descendre le Chesapeake vers l’Atlantique. Ceux qui attendaient, entassés dans le carré, parlaient à voix basse comme s’ils étaient à une veillée funèbre. De tous côtés, les monstrueuses masses grises semblaient converger avec des intentions meurtrières : tandis que l’un des nuages virait au nord, l’autre bouchait l’horizon sud au-dessus de Norfolk, c’est-à-dire la région où ils étaient contraints de passer. Ils n’échapperaient pas aux retombées. »
Les journées en mer sont très dures pour des non-marins, des êtres désespérés et qui vivent dans la promiscuité. Souvent les terribles tensions seront apaisées par la douceur de Jeanne. D’autre part, Neil, vu les circonstances, fait adopter un règlement de fer auquel tous seront soumis. Sur terre règne la désorganisation la plus complète et les nouvelles les plus insensées circulent.
A bord, après que plusieurs d’entre eux aient souffert de la maladie des radiations, les survivants se divisent dans leurs options. Les uns souhaiteraient pousser jusqu’aux Caraïbes pour mettre le maximum de distance entre eux et la menace, les autres, dont Frank et Tony, encore mus par un esprit patriotique, suggèrent d’aborder au plus vite la terre ferme pour pouvoir se mettre à la disposition des forces combattantes.
Neil, quoiqu’ancien combattant, et Olly, savent qu’il importe de fuir mais devant la fatigue engendrée par des jours de mer sans pitié, ils se résignent à gagner le port de Morehead City, à la pointe du cap Hatteras. Dès leur arrivée, l’organisation locale de l’armée les avertit de se tenir à disposition. Vagabond devra être réquisitionné et tous les hommes valides rejoindront les rangs. Les autres, dont les femmes, seront reversés parmi les réfugiés. Ils trouveront asile dans un grand garage désaffecté. Olly, trop vieux, restera à bord en attendant. Jim et Tony touchent leur paquetage. Jeanne travaillera avec Katya, une nouvelle venue, pour soigner les nombreux grands brûlés. La situation semble désespérée :
« Une dizaine de personnes gisaient à même le sol de ce qui avait dû être auparavant une grande salle d’attente ; certains de ces malheureux gémissaient et l’un d’eux hurlait. Deux au moins étaient déjà morts. La salle sentait le vomi. Tous ces corps agonisants, sur le parquet, avaient des brûlures irréversibles. Un homme n’avait plus d’yeux et son visage était arrivé à un tel point dans l’horreur que sa vue était difficilement soutenable : la peau d’une de ses joues pendait comme de la chair sur un croc de boucher. »
Neil se résout à rejoindre la corvette commandant le port dont il croit connaître le capitaine, un ancien ami de l’école militaire, tandis que les conditions des réfugiés s’aggravent jusqu’à devenir insupportables :
«D’autres maladies commençaient à faire autant de ravages que les radiations et les brûlures. Les dysenteries, le typhus et le choléra devenaient rapidement endémiques dans de nombreuses régions du monde : en effet, l’interruption du réseau électrique avait entraîné une raréfaction et une pollution des ressources en eaux dans les régions surpeuplées. Et la maladie mystérieuse apparue dans l’Ouest des Etats-Unis s’étendait… »
La rencontre de Neil avec le commandant tourne au désastre. En lieu et place de l’homme fier dont il se rappelait, il rencontre un être brûlé, velléitaire, dont le seul objectif est d’attendre la mort, et qui lui signale que la défaite des Etats-Unis est totale. Il lui apprend aussi que de nouvelles retombées sont attendues au-dessus de la région pour les jours prochains :
«la Guerre », l’holocauste : la guerre des missiles, des bombardiers, des lasers, des satellites ; la guerre mettant en action toute une technologie sophistiquée de la science militaire moderne ; la guerre entre les Etats-Unis et leurs alliés d’une part, l’Union Soviétique et ses alliés d’autre part ; cette guerre était finie. Plus personne n’envoyait de missiles ; les explosions nucléaires avaient cessé. La mort descendait encore du ciel, mais elle tombait à présent lentement, comme une pluie molle. Les gens mouraient encore mais ils ne quittaient plus ce monde dans une lueur de feu, pulvérisés ou réduits en cendres. Ils disparaissaient d’une façon plus naturelle, plus banale : vaincus par la faim, le typhus, le choléra, la dysenterie, l’épuisement et le désespoir. Personne n’avait crié victoire, personne ne s’était avoué vaincu. »
La décision de Neil sera vite prise : il faut repartir, tout de suite ! Battant le rappel de ses compagnons avec Katya en prime, il tente de sortir d’un port surveillé jour et nuit. Feignant un naufrage qui détournera l’attention de la vedette patrouilleuse, ils se retrouveront au large, en fuite devant l’horreur.
Voguant vers les îles Saint-Thomas où ils espèrent enfin jeter l’ancre, ils subissent encore la dureté quotidienne de la vie à bord, là où les jeux de pouvoir se révèlent de plus en plus intenses. Neil est amoureux de Jeanne mais n’ose se déclarer à cause de Frank. Jim et Lisa resserrent leurs liens affectifs. La lutte pour la survie est continuelle, la pêche aléatoire. Ils apprennent aussi que de nombreux pays du sud rejettent les Américains qu’ils accusent d’avoir mis le feu aux poudres :
«Et c’est ainsi que dans la foulée de l’holocauste et du conflit Nord-Sud, une troisième guerre commença : une guerre aussi ancienne que l’est l’humanité : une guerre entre ceux qui mangent à leur faim et ceux qui ne mangent pas à leur faim. Les gouvernements d’Amérique du Sud se cramponnaient à leur pouvoir, exécutant tous ceux qui résistaient, tous ceux qui tentaient de franchir leurs frontières, tous ceux qui remettaient en cause l’état de siège par lequel ils se protégeaient. A travers le monde, les réfugiés de guerre menaient un combat le plus souvent perdu d’avance. Un combat pour survivre. Une guerre était finie. Les survivants ne l’avaient pas remarqué.»
Devant l’invasion des réfugiés, les Caraïbes se ferment, la piraterie se fait coutumière. Ils en feront l’expérience au large des Bahamas où des soldats déserteurs tentent de s’attaquer à Vagabond. Avec l’expérience acquise, le groupe les met en fuite et se fixe comme escale le port de Charlotte Amélie, capitale de l’île de Saint Thomas.
Bien que les restrictions pleuvent, ils ont quand même le droit de quitter le bord. Mais ici, rien ne peut s’acquérir sans or ou sans argent. Or, ils avaient un besoin vital de trouver des vivres dans cette société qui commençait à se désintégrer. Jim et Lisa, de plus en plus repliés sur eux-mêmes s’étaient liés d’amitié avec des jeunes de l’île et passaient leur temps à zoner. Comment reprendre la mer ? Grâce à Philip et Sheila, un couple d’anglais, désireux de partir eux aussi, un plan fut mis en place.
Dans l’île s’était cachée une bande de pirates dont il fallait voler et les vivres et le bateau. Avec Jeanne comme appât sexuel, Neil et les siens attaquèrent avec succès les bandits, s’emparant du Mollycoddle et du Scorpio deux bateaux qui, avec Vagabond, allaient leur permettre de quitter l’île. Le départ se fit dans la précipitation car une émeute généralisée anti-Blancs venait d’éclater ce matin-là.Sous la mitraille, Macklin et Tony manoeuvrèrent, prenant à bord Katya et Neil en toute dernière extrémité. Avec la mer démontée et Philip blessé, la sortie du port fut un enfer :
« La première vague d’une hauteur de sept à huit mètres était une colline plutôt qu’un mur d’eau, et elle était coiffée d’une couronne d’écume blanche. Le grondement s’intensifia, puis la vague gigantesque les saisit, souleva l’avant de Vagabond et l’ensevelit aussitôt, heurtant sauvagement les trois coques : trois mètres d’eau déferlèrent sur tout le bateau, faisant voler en éclats l’arrière de la timonerie et propulsant le bateau à une vitesse d’une vingtaine de nœuds. Olly, Jim, Jeanne et Frank se retrouvèrent écrasés et entassés contre le mur et le panneau de descente vers le carré, tandis que Neil se cramponnait à la barre. »
Grâce à l’habileté de Neil le danger fut jugulé avec une seule victime, Katya, emportée par la vague gigantesque. Le convoi reprend la route du sud, vers Punta Arenas , l’extrême pointe de l’Amérique. Cependant, la peste qui vient d’éclater à bord d’un des bateaux crée une nouvelle situation conflictuelle : Macklin et Tony, subvertissant Frank, font sécession. Menaçants les autres, ils espèrent s’emparer de Vagabond laissant le groupe en perdition. Le revirement de Frank qui lui coûtera la vie, règlera définitivement le sort de Macklin écrasé entre les deux quilles de bateau. Tony, abandonnant Vagabond, cherchera la terre à bord du Scorpio. Le groupe meurtri et endeuillé aura au moins un motif de satisfaction: les guérisons de Jim et de Lisa que la peste a épargnés.
C’est donc au sein d’une famille ressoudée que Neil et Jeanne aborderont à Punta Arenas où, avec quelques autochtones indifférents au sort du monde, quelques Roumains et d’autres rescapés de l’holocauste, ils tenteront de refaire leur existence dans la paix et la sincérité :
«Au Nord, les guerres auxquelles ils avaient échappé continuaient sans doute à faire rage. Ici, au bout du monde, quelques survivants s‘étaient rassemblés. Ils luttaient encore pour survivre, mais ils luttaient ensemble et non plus les uns contre les autres : un premier pas sur la route du long retour d’Apocalypse. »
« L’Odyssée du vagabond » est un grand roman dans lequel se conjuguent l’amour de la mer et du grand large, une vision humaniste de l’homme et une description minutieuse de la folie nucléaire. C’est une œuvre aux rebondissements multiples et à l’action enlevée qui se lit d’une traite. Peu connu en France malgré sa date de parution récente, il n’en constitue pas moins une performance impressionnante dans le genre.
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La Terre Hallucinee - Par BenF
Le journaliste Etienne Mansart se promet de passer une bonne journée avec Nadine, sa collègue de travail du journal " Femina-Magazine", aux charmes de laquelle il n’est pas insensible. Un incident curieux émaille la projection du film " Napoléon " qu’ils sont allés voir : un spectateur se lève et tire sur l’écran prétextant qu’il était le seul et unique Napoléon existant. Nadine, troublée, quitte précipitamment Etienne. Le lendemain, il apprend avec stupeur par l’article de " Femina-Magazine " signé Nadine que de nombreuses autres personnes se sont prises pour Napoléon. En arrivant à son journal, la confirmation lui en est donnée par son patron lui-même gagné par une sorte de folie hallucinatoire qui s’imagine être la personne même de l’empereur.
L’hallucination progresse, telle une vague de fond, et désorganise la vie publique. Seul Etienne est apparemment épargné par le fléau. Recherchant Nadine pour avoir une explication avec elle, il constate, en se rendant à son domicile, qu’elle s’est fait enlever. Le mystère s’épaissit. Il sera convoqué à une réunion par le préfet puisqu’il est l’un des premiers à avoir été en mis en présence de l’hallucination. Il y apprend que le contact avec le sud de la France est rompu. On ne sait pourquoi et rien n’y fait, ni les avions qu’on y envoie, ni les militaires dépêchés sur les lieux, qui ne donnent plus signe de vie.Soupçonnant M. Leroy, un soi-disant représentant qui recherche Etienne, d’être l’instigateur d’une sorte de complot lié à l’hallucination, le jeune homme apprend que cet individu est l’oncle de Nadine, désireux, tout comme Etienne, de faire toute la lumière sur l’enlèvement de sa nièce.
La folie gagne Paris. Chaque citoyen étant convaincu d’être le seul Napoléon, des bagarres et des rixes éclatent, rendant la vie sociale précaire. L’anarchie s’installe au cœur de la cité :
" Aussitôt, je comprends que l’inéluctable s’est produit. L’avenue ne présente pas plus d’animation qu’à l’ordinaire. Des gens errent sur les trottoirs, désoeuvrés. Plus désoeuvrés que de coutume, peut-être ? Je reconnais quelques ouvriers revêtus de leur costume de toile bleue, qui marchent très lentement, la tête droite, très raides. Des bourgeois en costume sombre font claquer les talons sur les trottoirs, et redressent leur courte taille, orgueilleusement Des sportifs, en culotte de golf agitent belliqueusement des raquettes de tennis…Malgré le froid, tout le monde circule à l’aventure, sans manteau, sans pardessus. Je m’avise alors que j’ai moi-même omis de me couvrir suffisamment. Je grelotte. Mais est-ce bien de froid ?… Ou d’épouvante ? Car tout ce monde somnolent, plongé dans quelque rêve halluciné, tout ce monde porte la main sous le gilet, sous le veston, dans cette pose popularisée par l’imagerie d’Epinal!… "
Ne comprenant toujours pas pourquoi lui, Etienne, et maintenant Leroy, sont épargnés, le journaliste s’arrête à un indice : tous les Napoléon disent être décédés un cinq mai. Or, c’est une erreur. L’empereur est décédé un 7 mai. Lors de la réunion chez le Préfet, un savant, Sommerfeld, était le seul à avoir fait cette erreur. La seule explication rationnelle qui convienne est que le responsable de l’hallucination collective est Sommerfeld. Procédant par recoupements, Etienne apprend que Sommerfeld n’habite pas loin du cinéma où s’est déclenchée la première crise, ni loin du domicile de Nadine. En réalité, Sommerfeld, amoureux de Nadine, l’avait fait enlever par Alexis son valet, et grâce à un générateur d’ondes de son invention, avait plongé progressivement la France, puis les pays environnants dans l’hystérie la plus totale. Pour rien, parce que cela l’amusait follement.Sommerfeld est sur les traces d’Etienne qu’il sait être dangereux. Il le fait donc enlever à son tour, avec Leroy.
L’oncle de Nadine, parvenant à se défaire de ses liens, fait sauter la machine, tuant du même coup Sommerfeld et Alexis. Auprès de Nadine enfin sauvée, Etienne comprend qu’il doit son immunité à la jeune fille laquelle lui avait passé au doigt, ainsi qu’à son oncle, préalablement à l’aventure, un anneau métallique qui les protégeait des ondes néfastes, car elle connaissait l’invention de Sommerfeld. La diabolique machine détruite, les innombrables Napoléon abandonnent leur personnalité factice.
Un petit roman, dans la veine populaire, jouant de la problématique du savant fou, et conté avec beaucoup de verve.
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L'eau Tournoyante - Par BenF
Ralph Raleigh, jeune milliardaire américain, se trouve à la tête d’une vaste entreprise regroupant de nombreux ploutocrates. Avec l’appui de l’ingénieur Smiles, il propose de faire barrage au flux des eaux du Gulf-Stream, au niveau de la Floride, là où le courant marin acquiert sa plus grande vitesse, en faisant creuser un tunnel sous-marin :
« Archimède a dit, continuait la voix : « Donnez-moi un point d’appui, et je soulèverai le monde » Moi je vous dis:»Prêtez-moi cinq millions, et en moins d’une année je déplacerai une des grandes artères du monde, le Gulf-Stream, qui sera pour nous dans un jour peu lointain, la source d’incalculables richesses » (…) Qu’importe à nous autres Américains, les plus forts et les plus riches de la terre, si l’Angleterre et l’Europe occidentale considèrent d’un mauvais œil notre audace ? Qu ‘importe si elles s’en inquiètent ou en prennent ombrage ? Ce n’est certes pas à elles que nous demanderons secours pour le domaine et l’empire du Pacifique ! Ce n’est pas à elles que nous nous adresserons pour avoir la richesse et l’empire. »
"L’eau tournoyante" résidera plus longtemps près des côtes américaines, y amenant un printemps perpétuel et une prospérité agricole inégalée. A l’inverse, l’absence de ce flux plongera les pays d’Europe dans le froid et la récession, au grand plaisir de ces financiers. Mais l’Angleterre, soutenue par l’ensemble des pays sous la menace, dépêche à New-York "Mister Gilbert Willy", agent secret, espion et gentleman, pour faire capoter le diabolique projet. Avec ses deux fidèles hommes de main, Wilson et Thompson, Gilbert se tient au courant des activités de Raleigh le long de la côte de Floride, des travaux sous-marin qu’il faut arrêter à tout prix :
«L’ingénieur Smiles démontra qu’il était nécessaire d’ouvrir un canal sous-marin en Floride entre New-Smyrna et Crystal River. C’est le point où le Gulf-Stream atteint son maximum. Il faudrait des machines hydrauliques puissantes et surtout un modèle de turbine géante. La société devait acquérir par la force de l’eau tournoyante une puissance électrique suffisante pour alimenter toute l’Amérique. Voici ce que les Américains avaient pensé dans leur profond égoïsme ; mais aucun n’avait songé à l’immense dommage que ces transformations causeraient à l’Europe. De minutieux et longs calculs avaient démontré que les côtes occidentales de la vieille Europe ressentiraient aussitôt après l’opération un grand contre- coup. »
Avec le « Crésus », le sous-marin du commandant Patner, dépêché d’Angleterre, il se rend sur les lieux, à la poursuite du « Narval », l’engin de Raleigh. La situation est d’autant plus compliquée qu’une rivalité personnelle oppose les deux hommes, amoureux tout deux de miss Ellen, la sœur de George Morisson, l’un des compagnons de Raleigh. Ellen a déjà fait son choix : elle renseigne Gilbert sur les intentions de Ralph, non sans éveiller les soupçons du magnat.
Après que le Crésus se soit approché des lieux des travaux, non sans avoir affronté moult dangers sous-marins tels que poisson-scie gigantesque, serpent de mer et autre barrière de corail, l’Europe envisage sérieusement de mener une action armée contre le gouvernement de Washington qui favorise cette infernale forfaiture :
« Après avoir abordé plusieurs sujets différents, Warendorf dit enfin : « Pour mon compte, donnez-moi vingt-quatre heures et je ferai de New-York un amas de ruines, et la ville ne sera plus qu’un souvenir. » Cette seule pensée fit frissonner Gilbert. Il se représentait avec effroi la ville bombardée, les obus traversant les toits, les hautes maisons s’écroulant avec fracas dans les rues trop étroites, écrasant sous les décombres les populations affolées. Il se représenta la fuite éperdue des habitants bloqués entre leurs demeures écroulées et en flammes, les cris des enfants et des femmes, les blessés, les vivants ensevelis, puis étouffés sous les murs écroulés, toute une foule de visions hideuses, d’épouvantables catastrophes, telles que le monde n’en aurait encore jamais vues. »
Les travailleurs de Smiles sont pris au dépourvus lorsqu’ils percent le réservoir d’une immense nappe de pétrole qui surgit à la surface les obligeant, à leur grand dam, à interrompre la construction du tunnel sous-marin pour juguler d’abord le danger immédiat. Ce qui laisse du temps libre à nos amoureux respectifs pour chercher à se confondre mutuellement. Ralph et Gilbert, dans les marais de la Louisiane feront la connaissance de la pétulante créole Mariquita, successivement jalouse puis amie d’Ellen. Gilbert, sauvé par Mariquita, apprendra à Ralph que Smiles, qui avait disparu entre temps et que l’on croyait mort, est en réalité un escroc qui s’est emparé du pactole de l’entreprise, pendant que Wilson et Thompson, infiltrés parmi les ouvriers, poussent à cesser définitivement le travail. George est ébranlé, surtout lorsqu’il entend que Washington, effrayé à l’idée d’une possible guerre, a cessé de soutenir Raleigh. Mais ce dernier ne désarme pas.
Il hait Gilbert qui lui a pris Ellen et désire le tuer. Comme toujours, la justice immanente veille : fou de rage, Raleigh met malencontreusement le feu à la nappe de pétrole suintante et mourra carbonisée. Enfin, George, conquis par le fair-play de Gilbert, consent à bénir l’union de ce dernier avec sa sœur.
Un roman maritime de l’italien Luigi Motta, dans la pure tradition populaire, qui en présente les caractéristiques, avec ses tics de langage, son style d’une simplicité rustique, ses stéréotypes, ses liaisons amoureuses compliquées, ses coups de théâtre, etc. L’argument développé nous le fait cependant classer dans notre domaine, le détournement des eaux du Gulf-Stream, étant l’un des thèmes importants de l’anticipation ancienne.
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