Bienvenue dans la Base de Données des livres !
Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
Livres
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Ceux De Demain - Par BenF
Au moment où le professeur Baldin découvre au Mexique un monument maya renfermant un insecte gigantesque apparenté aux abeilles, éclate la guerre mondiale. La Terre sera ravagée par des bombes nucléaires et Baldin la fuit en direction de la planète Tholée du Centaure où s’était déjà implantée une colonie terrienne.
Bien des siècles plus tard, trois personnages, Hur-ka le Tholien, Bert Logan et Chaubert, des Terriens, dans leur fusée, se retrouvent à proximité de la Terre, en voyage d’exploration scientifique. Ils y découvrent Adré et Mora, un jeune couple de primitifs, ainsi que des hordes de barbares issues de mutations génétiques, dominées par les Zohorks, ces abeilles gigantesques qui ont proliféré depuis la grande dévastation.
Adré est spécial. Il est capable de projeter sa « libido », son « hyper-moi » dans la personnalité des autres et d’accaparer leur savoir. Il saisit rapidement qui sont les explorateurs et leur demande de l’aide pour détruire les Zohorks. Bert Logan et Chaubert préconisent l’utilisation des Bards, autres insectes extraterrestres carnivores, rapportés dans les soutes de leur fusée. Le combat eut lieu entre les deux espèces d’insectes antagonistes. Les Zohorks, guidés par leur reine, ont le dessus. Alors Adré s’introduit dans la ruche et parvient tuer celle-ci ; la victoire des terriens est complète. Cependant le Tholien Hu-Kar révèle à ce moment précis sa véritable personnalité : xénophobe, il n’avait jamais réussi à admettre la colonisation de sa planète par les Terriens. Poussé par la haine, il élimine Chaubert. Les deux autres l’expulsent de la fusée. Hur-Ka s’acoquine donc avec les barbares dont il devient le chef en vue d’anéantir la tribu d’Adré.
Bert Logan selon le sentiment altruiste propre au Terrien, voit dans une guerre d’extermination totale la seule possibilité de se débarrasser des barbares. Elle est effroyable et laisse dans les deux camps une unique poignée de survivants. Pourtant, les deux chefs de guerre constatent qu’ils ont pris énormément de plaisir à la mener. Adré, comprenant enfin l’influence négative de ces étrangers, les tue ; lui-même sur le point de trépasser, projette son «hyper-moi » dans l’esprit des quelques survivants les lavant instantanément de leur agressivité pour en faire « Ceux de Demain ».
Un récit à la sauce Bessière avec beaucoup d’approximations et d’invraisemblances. Mais, à quinze ans, on n’y regarde pas de si près…
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La Ruee Vers L'est - Par BenF
Jerry Franklin est plénipotentiaire et fils du sénateur de l’Etat de New York, envoyé avec son compagnon Sam pour négocier l’arrêt de l’expansion territoriale en direction de l’Est entreprise par les Séminoles. A sa grande surprise, ce sont les Sioux, déjà présents à Trenton, qui l’accueillent. Le vieux chef Trois-Bombes-à-Hydrogène, plein d’humanité et de pitié envers Jerry comprend les difficultés de sa démarche, contrairement à son fils Faiseur-de-Radiations, empli de haine et de mépris pour ces Blancs, dégénérés rétrogrades, osant se dresser sur son chemin. La situation américaine a fondamentalement changé dans les temps futurs. Les Blancs se sont exterminés. Abâtardis, redevenus des sauvages, sans forces et sans technologie, ils sont profondément divisés, l’état fédéral et les titres du pouvoir n’étant plus que des leurres.
Partout subsistent encore de petites enclaves, comme celle de New York. Partout, dénonçant les multiples traités signés avec les Blancs, les nations indiennes revendiquent leurs territoires de jadis. Plus organisés, plus avancés technologiquement (ils ont même des lampes à pétrole !), ils avancent, comme le font les Séminoles, dans les diverses régions en éradiquant ce qui reste de la race blanche :
« Oui, à quoi pouvons-nous donc encore renoncer ? Et où pouvons-nous nous retirer encore ? Il ne reste rien des Etats-Unis d’Amérique, juste quelques kilomètres carrés et il faudrait que nous nous éloignons encore ? Du temps de mes ancêtres, nous étions une grande nation d’un océan à l’autre, d’après les légendes de mon peuple, et maintenant nous sommes misérablement entassés dans un coin de notre terre, affamés, sales, malades. Notre race s’éteint et on continue à nous humilier. »
Jerry, malgré les cadeaux extraordinaires qu’il a apportés au vieux chef, ne réussit pas dans son entreprise de médiation. Trois-Bombes-à-Hydrogène consent pourtant à un échange, lui offrant une arme merveilleuse (un pistolet !) et lui permettant d’emmener la fille du « Président à la Cour Suprême des Etats-Unis », une jeune femme blanche, otage consentante des Sioux parmi lesquels elle désire s’intégrer en fréquentant le fils du chef. Jerry, avec Sam, saoûlé à mort par les Indiens, suivit le conseil amical de Sylvester Thomas, un Noir ambassadeur auprès du vieux chef, conseil donné en raison de sa très vieille appartenance aux valeurs de la nation américaine :
« Dans quelques heures, votre gouvernement ne sera plus qu’un souvenir. Le chef avait eu vent de ce projet, c’est pourquoi il lui a semblé nécessaire d’établir une sorte de tête de pont sur la côte avant que tout cela ne soit entériné. En occupant le New Jersey, il empêche la jonction des Séminoles et des Ojibwas. Mais il s’est pris d’amitié pour vous, comme je vous l’ai dit, et il voulait que je vous avertisse pour que vous ne retourniez pas chez vous.
Ils devraient galoper droit vers l’Est et s’éloigner d’un pays où ils n’auraient plus leur place. Au bout d’un trajet chaotique où son cheval a failli être dévoré plusieurs fois par des réfugiés blancs affamés qui fuyaient devant l’avancée des Séminoles, Jerry rencontra l’amiral Chester, chef suprême de la flotte des Etats-Unis, trois goélettes de quinze mètres de long, que ce dernier mit à sa disposition. Peut-être, en faisant route vers l’Est, vers une Europe aux mains des Tartares, vers ces « terres légendaires où l’homme blanc a le droit de vivre debout », y aura-t-il encore un avenir possible?
Une nouvelle très fine, magnifiquement écrite qui joue à la fois sur les peurs d’un avenir douteux et sur l’esprit de revanche des races qu’opprimèrent jadis les Blancs américains. Avec une mordante ironie et une efficace simplicité, l’auteur, à travers la distanciation que provoque l’inversion des situations, crée un malaise propice à une réflexion sur l’histoire récente de ces peuples. Un petit bijou!
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Mission A Versailles - Par BenF
Paul Carlier, le narrateur, est le "délégué du Conseil des Camps", envoyé par son chef en tournée d’inspection au camp iroquois de Versailles. Les chemins sont défoncés, son habillement en loques, et ce qui l’attend à son arrivée est du même ordre :
" A manger, il y avait naturellement des galettes de farine, du lait et des cerises. Je me suis habitué depuis longtemps à manger sans sel et ça m’est égal si c’est fade. J’ai perdu une autre dent en mangeant, et pourtant les galettes n’étaient pas dures. C’est la deuxième en un mois. Le commandant m’a fait voir les siennes, il n’en avait presque plus sur le devant. Ca ne fait pas mal, elles tombent voilà tout. Ca a l’air d’un phénomène naturel. "
Les dents déchaussées de son interlocuteur (à 16 ans !) répondent aux maladies de peau et aux ventres gonflés des adultes qui sont parqués dans des zones spécifiques. En cette France d’après la bombe, ravagée par les radiations, seuls des adolescents aux noms d’indiens, tentent encore de reconstituer une structure sociale dont sont exclus les adultes. L’ignorance fait autant de ravage que la radioactivité parce que tout contact entre Iroquois et adultes est interdit. Soignant leur sang empoisonné et leurs pelades avec de l’aspirine et du talc, il leur reste peu de temps avant leur disparition définitive
Une petite nouvelle percutante et sinistre portant sur le thème de la menace radioactive, qui ne s’embarrasse d’aucune fioriture verbale.
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Foster, Vous Êtes Mort! - Par BenF
Bob Foster est un anti-P (P pour Protection), peu disposé à payer le prix relatif à la loi sur la protection, obligeant chaque citoyen américain à se préoccuper de sa propre défense dans le cas d’une attaque par les missiles soviétiques:
« Une question de concurrence entre les villes pour voir laquelle achèterait le plus de matériel dans le minimum de temps. Améliorer notre cité tout en stimulant l’activité commerciale. Bien sûr, ils faisaient valoir que si nous devions acheter nos masques à gaz et nos abris contre les bombes, nous en prendrions plus de soin. Comme si nous avions jamais endommagé les téléphones et les trottoirs ! Ou les autoroutes sous prétexte que c’est l’Etat qui les a payées. Ou les armées. N’y a-t-il pas toujours eu des forces armées? Est-ce que ce n’est pas le gouvernement qui a toujours organisé des hommes à lui pour la défense ? J’imagine que la défense coûte trop cher. J’imagine que par ce moyen, ils économisent une quantité d’argent et qu’ils réduisent la dette publique. »
La morale faisant bon ménage avec l’argent, le capitalisme s’est emparé de ce besoin ultime de protéger sa vie pour mettre sur le marché des abris anti-atomiques familiaux, de plus en plus sophistiqués, donc de plus en plus chers, et aussitôt démodés.
Son fils, le jeune Mike Foster rêve d’être comme tout le monde, d’échapper à la pression sociale qui s’exerce sur lui, à son école, de la part de ses amis, de ses voisins qui le considèrent comme anormal puisque sa famille ne possède à ce jour aucun abri. Le sentant profondément malheureux et sur les sollicitations répétées de son épouse, Bob achète le dernier-cri en matière d’abri, celui de la Général Electronics 72, déjà démodé le noël suivant. Mike est aux anges.
Envié par ses amis, félicité par Mme Cummings, son institutrice, il passe toutes ses soirées blotti dans sa fabuleuse retraite, attendant le grand jour. Mais le coût de l’objet est prohibitif pour son père qui est obligé de le faire reprendre, au grand désespoir de son fils qui devra dorénavant se contenter d’un abri à usage public pour 50 cents l’entrée.
Une satire féroce du capitalisme américain qui spécule sur l’angoisse de la bombe et l’envie de survivre de chaque homme.
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Le Chemin De La Nuit - Par BenF
New York, après de longues, longues années de guerre . Les Etats-Unis sont divisés en territoires infranchissables pour cause de radioactivité. La ville n’est plus qu’un monceau de ruines où survivent des êtres faméliques. Un coup dur vient d’être porté à Katterson, le héros du récit: l’armée arrête les distributions de vivres. Comme tous les autres survivants, il n’a plus qu’à mourir de faim. A moins que:
« Il se remit à neiger, et la faim fouilla le ventre de Katterson comme une lame portée au rouge. Il attendit, se demandant ce qui allait se passer. Le corps formait une barrière entre lui et les autres. En l’espace d’un instant, le tableau vivant se disloqua. Le petit homme fit un geste vers le corps; le devançant, Katterson se baissa et le balança sur ses épaules. Ils arrivèrent tous sur lui, hurlant et essayant de lui arracher le cadavre. (...) « Arrière! criait-il. Allez-vous en! Il est à moi! Arrière! » Il entendit un os craquer sous son poing, sentit des côtes céder sous ses bottes. Il rejeta avec violence une femme qui s’agrippait à lui. « Il est à moi! ne cessait-il de hurler. A moi ».
Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé. Il a mangé des vieilles reliures de cuir bouillies au feu, il a même résisté à l’odeur alléchante de la viande humaine qui grésille, juteuse à souhait, et préparée par sa femme qui montrait moins de scrupules que lui. Mais la faim l’a placé sur la dernière marche de la déchéance humaine: comme tous les autres qui comme lui en ont encore la force, il deviendra chasseur d’hommes pour se nourrir et survivre.
Une nouvelle atroce et désespérée dans son réalisme, montrant les conséquences sans fards d’une guerre totale.
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Chocs En Synthese - Par BenF
Le professeur Maubrey a crée une vie végétale synthétique, une sorte de virus, qui, par l’étourderie du savant, se met à proliférer. Ces virus anéantissent toute végétation verte et, le sous-produit de leur activité étant un gaz nouveau, le "synthium", celui-ci se combine avec le gaz carbonique en un effet détonnant. Des villes seront soufflées et l’alerte sera mondiale:
" Les infernales créatures synthétiques débordaient maintenant les frontières de l’Illinois. On en signalait en divers points du territoire des States, dans le Wisconsin, le Kentucky, la Floride, la Pennsylvanie, le Nebraska et, plus à l’Ouest encore, dans l’Utah et la Californie. D’autres Etats étaient touchés, plus ou moins légèrement. Toute substance verte restait une proie pour les micro-organismes et déjà, les statistiques établissaient des pertes irréparables dans l’Agriculture. Des récoltes périssaient et les services intéressés s’inquiétaient sérieusement de la tournure , quasi-catastrophique, des événements.
Dans les Rocheuses, le Synthium comblait aisément les poches et les dépressions. De violentes explosions secouaient l’atmosphère et l’on signalait la destruction totale de plusieurs villages, et même de grandes villes. Héléna, Denver, Santa-Fé, Oakland, Salem, pour ne citer que les principales, n’étaient plus que ruines et désolation. Pour comble de malheur, de fréquents orages s’abattirent sur l’ensemble du territoire et cela n’arrangea pas les choses. La foudre provoquait l’explosion du synthium et il n’était pas rare de voir une région même désolée soufflée littéralement par une puissante déflagration ".
Maubrey réussit à neutraliser la bactérie synthétique mais il n’avait pas prévu que celle-ci produirait des spores pour se défendre. Or, les spores attaquent directement le cerveau des humains qu’ils rendent amnésiques. L’alerte est chaude et Miss Whistel, une scientifique dont Maubrey est amoureux, en est malheureusement la victime. Grâce à la formule de la protéo-éthyciline, le virus est vaincu.
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La Grande Pluie - Par BenF
M. Uppington, un bricoleur de génie, a trouvé le moyen de faire pleuvoir à l’aide d’un catalyseur, ce qui aiderait beaucoup les agriculteurs. Il en fait part au narrateur, Clarke, employé de Foyles and Cie, et la première - et dernière tentative - a lieu dans un champs près de Londres. Le ballon explose. M Uppington y laisse sa vie. Il commence à pleuvoir, une pluie que rien n’arrêtera plus : c’est la "Grande Pluie " :
Les Noé se mirent à proliférer en Grande-Bretagne. Il y avait le Noé de Plymouth, le Noé de Bradford, et un vieux fou qui habitait à la sortie de Luton. Etant les premiers, ils furent ceux qui eurent le plus de publicité, mais beaucoup d’autres les suivirent, maudissant les péchés du monde et fabriquant tous, avec une habileté variable, des arches dans lesquelles ils avaient l’intention d’entasser leurs familles et autant d’animaux qu’ils pourraient s’en procurer. "
La situation, d’abord préoccupante, devint bientôt dramatique. Les autorités anglaises organisent des évacuations et les regroupements des personnes sinistrées dans des camps situés sur des hauteurs :
" En février, ce fut le dégel. Dans le pays entier, les rivières gonflées débordaient de leur lit, emportaient les ponts, inondaient les fermes, noyaient les gens et le bétail qui avaient survécu au froid. Les rues de Londres étaient sous l’eau. Les fours crématoires de Golders Green et de Woking travaillaient vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Ils recevaient le combustible en priorité, car on ne pouvait enterrer les morts. "
Clarke a pris en charge Wendy, la femme d’un ami, pour la mettre en sécurité. L’entreprise est périlleuse puisque petit à petit, l’eau monte, submergeant les rues des villages, l’ensemble de la campagne anglaise, puis les hauteurs. Wendy est prise d’une mauvaise grippe : elle tousse sans interruption. Les camps, de cloaques se transforment en mouroirs, les forces d’autorité se délitent, les gouvernements disparaissent. Pour comble de malheur l’arrivée de l’hiver, transformant la pluie en neige, provoque une famine généralisée avec apparition du cannibalisme alimentaire. Clarke laisse Wendy dans un camp et reprend la navigation sur une sorte de mer intérieure (et sous la pluie) en compagnie de Sonya, une pianiste sauvée des eaux. Ils se retrouvent quasiment seuls dans l’univers lorsque leur dérive les rapproche d’une espèce d’arche publicitaire (celle des produits Glub) occupée par un petit groupe d’individus qui les recueille :
"Ce radeau appartenait à l’International Unitarian Breakfast Food Company. Il était en balsa, et généreusement pourvu d’un stock de Glub, " l’aliment idéal du petit déjeuner : suffit à lui tout seul ! " l’International Unitarian Breakfast Food Company affirmait que l’homme pouvait se nourrir exclusivement de Glub ".
On y trouve Arthur Rensham, le patron, Muriel Wesley, une jeune femme et son mari Otterdale, un culturiste, Tony Ryle, Gertrude Harrisson, une actrice, ainsi que Banner Harold le pasteur, tous gens de hasard. Clarke a des difficultés à se faire admettre à bord contrairement à Sonya dont l’avenir de reproductrice plaît à Arthur. Celui-ci impose une stricte discipline, acceptée implicitement par les autres, distribue punitions et récompenses et assume enfin le leadership que la vie d’avant lui avait refusé :
" Avez-vous la moindre idée de la proportion de déficience mentale en Grande-Bretagne ces cinquante dernières années ? Non, bien sûr. La proportion de crétins et de demi-crétins s’est accrue parce que, si l’on peut convaincre les gens intelligents de pratiquer le contrôle des naissances, on ne peut enseigner les méthodes contraceptives à des idiots (…) En d’autres termes, les hommes ont accru leur quantité et diminué en qualité ; les imbéciles ont de plus en plus dépassé en nombre les intelligents, et, sous le système des démocraties, ils jouissaient du même pouvoir politique (…) la folie. Nous allions vers la folie. - Je vois - Le Déluge a tout balayé. Seuls les êtres intelligents y survivront, avec ceux des êtres stupides qu’ils jugeront bon de sauver avec eux. - Pourquoi en sauver ? - Pour les travaux grossiers. Vous avez observé les proportions physiques de Mr. Ryle. Il nous sera très utile quand les eaux se retireront et que nous entreprendrons notre installation. De plus, si l’on procède à des croisements judicieux (…) - Et si les eaux ne se retiraient pas ? -Il est évident que si, affirma Arthur avec colère. Vous figurez-vous que la sélection naturelle compte nous remplacer par des poissons ? "
La place de chacun à bord étant bien définie, le temps vital se structure à travers les jeux relationnels qu’ils établissent entre eux. Leurs comportements se dégradent au fur et à mesure que la pluie dure. Muriel et Gertrude rivalisent entre elles pour savoir laquelle des deux a le mieux servi l’art dramatique. Quant à Clarke, la jalousie le taraude à l’idée que Sonya se livre avec Tony , en un lieu réservé au fond de la cale, à des exercices de musculation.
Arthur, lui, reste imperturbable. Se sentant désigné par le destin pour conduire l’arche à travers tous les périls, il affronte victorieusement la tempête, un tsunami géant provoqué par un effondrement océanique, ainsi qu’une pieuvre gigantesque qui, comme celle du capitaine Nemo, menace l’esquif :
" Vous êtes Dieu ! criait-elle à Arthur. Vous êtes Dieu, vous nous l’avez dit ! Faites que cela s’arrête !-Ne dites pas de bêtises, l’ai-je interrompue. Il ne voulait pas être pris au sérieux. -Mais Muriel a continué à crier : " Dieu ! Dieu ! Faites que cela s’arrête ", bientôt soutenue par Gertrude -Alors lâchez-moi, a dit Arthur. Otez vos mains de ma chasuble.
Les deux femmes ont cessé de s’accrocher à la couverture, tout en restant à genoux, les cuisses reposant sur les mollets. D’un geste, Arthur a indiqué à Banner que nous devions aussi nous agenouiller, et nous avons obéi. Il a paru s’en satisfaire. Tenant en mains deux coins de la couverture, il a ouvert les brais comme des ailes, est resté un instant immobile pendant qu’elles se déployaient, puis les a repliées en avant. -Au nom des pouvoirs qui me sont dévolus en tant que Dieu, a-t-il clamé, je vous commande de vous arrêter. "
La raison d’Arthur bascule: il se prend pour Dieu, fondateur d’une future humanité ! Les autres lui devront dévotion et adoration. Tout acte à bord du bateau constituera les éléments d’un nouveau rituel. Il se fait fabriquer deux masques - car la face d’un dieu ne saurait être regardée impunément ! -, il y a le masque de dieu rieur et celui de dieu sérieux, qui exprime la colère. Ne quittant plus sa cabine devenue le Saint des Saints, il se fait apporter à manger. Le reste du groupe lui passe ses lubies, les considérant comme mineures par rapport au danger que représente la submersion de tout.
Bientôt, le pire se fait jour. Afin de se concilier le Dieu Arthur, le Grand Prêtre Arthur (car Dieu est aussi l’instrument de Dieu) envisage, à l’instar des tragiques grecs, de sacrifier une Iphigénie pour que les eaux baissent. Or Sonya est enceinte des œuvres de Clarke et elle accouchera sous peu. Arthur arrache à Clarke son consentement au sacrifice, donné du bout des lèvres. Clarke, taraudé par la monstruosité dont fait preuve Arthur, s’en ouvre à Tony :
" Arthur dit que le Dieu demande un sacrifice, que c’est pour cela qu’il est sorti de la mer. Il a dit qu’il demande une vie, neuve et sans tache. Il y eut un long silence. - Vous êtes tombés sur la tête, a dit Tony, et il est rentré. - Il est allé droit au temple. Il n’a même pas frappé. - Quand Arthur l’a vu, il a mis précipitamment le masque sévère. " Hi ha… " a-t-il commencé, avant que Tony ne le lui ait arraché. - Assez fait joujou, a-t-il dit. "
Tony, dans sa simplicité, prend les décisions qui s’imposent: il poignarde Arthur et, voulant le jeter par-dessus bord, celui-ci l’entraîne dans sa mort. Peu de temps après, la pluie cesse, le soleil se met à briller, une nouvelle terre se profile à l’horizon.
Bowen signe un roman remarquable sans concession au réalisme de la catastrophe évoquée avec son cortège d’horreurs. Pourtant, l’essentiel n’est pas là. L’analyse des interactions psychologiques entre les personnages placés dans une situation limite, débouche sur un univers où le mythe se construit à travers le rite. Avec finesse et humour, l’écrivain se livre à une recréation du monde et de l’homme dans laquelle, la catastrophe ayant décapé l’âme humaine, cette dernière se révèle dans toute sa noirceur. " la Grande Pluie " est une oeuvre de refondation comme l’est " le Seigneur des Mouches " de Golding.
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Une misérable petite vieille, souffrante et essouflée, se réveille dans un taudis urbain, sans lumière et sans chaleur. Elle s’habille de ses oripeaux, descend précautionneusement dans la rue encore obscure, aux magasins défoncés, grouillants de créatures angoissantes, tels ces vers luisants :
« Il y en avait de toutes les couleurs, parmi lesquelles toutefois prédominait le rouge. Ils se déplaçaient en rampant comme des chenilles, mais un peu plus vite. Ils ressemblaient à de vieux tubes de néon (…) Ils rampaient le long des trottoirs, sinuaient à travers la rue (…) Ils étaient également deux ou trois à grouiller le long de ce qui avait probablement été des câbles, qui pendaient au-dessus de la rue.
Tout en évoluant, les vers faisaient entendre un petit bourdonnement, et les câbles vibraient. »
Avec difficulté, elle atteint un autre pâté de maisons, grimpe dans un appartement et là, dans la cuisine, s’humidifie longuement la bouche en aspirant les rares gouttes d’eau qui suintent d’un robinet rouillé. Puis elle reprend le chemin du retour, non sans avoir griffonné le message suivant :
« Chère Evangéline
J’ai été ravie de recevoir votre message et d’apprendre que vous aussi, enfin, possédiez une ville pour vous toute seule –avec, cela va de soi, des choses qui sont bien à vous. Comment trouvez-vous Louisville depuis la destruction ? Calme et silencieuse, j’espère. Pittsburgh est tellement bruyante ! J’envisage de déménager pour aller à Cincinnati. Savez-vous s’il s’y trouve déjà des habitants ? A vous de tout cœur.
Miss Macbeth. »
Une nouvelle à l’atmosphère surréaliste et onirique qui dessine le tableau d’un environnement chaotique à travers les actions d’un être fragile et sans défense.
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Convulsions Solaires - Par BenF
Daniel Burke et Albert Culter, des astronomes, ont découvert un nuage de poussière cosmique qui altère la luminosité des étoiles. Proche de la Terre, ce nuage constitue une grande menace pour notre système solaire qui y plongera immanquablement. Sylvia, la fille de Culter et Daniel, prévoit le pire. Déjà un brouillard ténu se répand dans la haute atmosphère causant des perturbations téléphoniques généralisées. Cette poussière pourrait être mortelle pour des poumons non protégés en provoquant la «siderosis » ou maladie du fer :
« Je vous décris simplement les symptômes de la Siderosis. Cette dangereuse affection va s’abattre sur le monde et seuls ceux qui auront pu se procurer des masques filtrants pourront l’éviter. Or, vous êtes placée pour le savoir, votre père est l’un des fabricants de ces masques protecteurs. (…) Ceux qui ne pourront protéger leurs poumons en filtrant l’air en permanence verront la Siderosis dégénérer rapidement en tuberculose, puis en cachexie, la phase terminale annonçant une mort horrible. »
L’unique parade possible serait donc le port de masques filtrants.
Avec un délai de seulement trois semaines, le couple, rejoint par la jeune Lily, fille d’un industriel, convainc le père de celle-ci, Gene Weston, et son adversaire en affaires, Horace Hubbard, d’en commencer sans tarder la fabrication. Les hommes politiques seront plus longs à être convaincus, surtout le sénateur Drake, qui craint pour sa carrière.
Au moment où débute à grande échelle la distribution des masques, le nuage a sensiblement progressé avec des conséquences inquiétantes : un soleil voilé, plus rouge et plus chaud, qui attire la poussière par effet gravitationnel et qui augmente de volume :
« Le soleil s’élevait progressivement dans le jour bistre qui baignait la ville. Mais ce soleil différait sensiblement de l’habituel astre du jour. Son disque, paré naguère de l’éclat de l’or en fusion, prenait l’aspect d’une inquiétante roue de feu. Emergeant peu à peu au-dessus des toits, le globe paraissait à la fois plus brillant – en dépit de l’obscurcissement de l’atmosphère - mais aussi plus rouge. A son équateur, et ce malgré l’aveuglante luminosité, on distinguait des plages sombres.»
La Terre sera-t-elle détruite ? D’autant plus que le pire reste à venir puisque des « grumeaux » de poussière plus denses s’approchent inexorablement de notre planète. Des effets électriques intenses, l’apparition d’énormes taches solaires, des séismes de plus en plus fréquents, complètent le tableau.
Burke, invité à une conférence de l’U.A.J. (Union Astronomique Internationale), prévoit que les masques seront insuffisants pour protéger l’humanité contre la hausse des températures ou les raz de marée dévastateurs (On s’en serait douté !). En attendant, Lily, Daniel, Sylvia et son fiancé Jeff, s’engagent à fond, escortant des trains remplis de pastilles filtrantes ou aidant à la distribution des masques.
Les effets nocifs en croissance rapide, déstabilisent les sociétés humaines, partout dans le monde. Les suicides augmentent en masse, ainsi que les tuberculoses à sidérose. Le climat s’affole avec des pluies torrentielles en Afrique, de la chaleur torride en Finlande, suivie par la fonte des glaciers polaires et l’augmentation du niveau des mers :
« Depuis dix jours, les ténèbres régnaient sur le monde et la température atteignait, au-dehors, 50° C. Il n’aurait su être question de température à l’ombre ou au soleil, ce dernier ayant cessé d’être visible. A peine pouvait-on distinguer dans le ciel rougeâtre un halo pourpre démesuré. La luminosité et la chaleur rayonnante du globe solaire avaient augmenté dans des proportions effrayantes au contact de la masse de poussière du « grumeau » à haute densité. »
L’instabilité gagne les couches sociales, les malfrats de toute nature, comme ce Freddy Burke, évadé d’un bagne voisin, imposant leurs lois :
« Le nombre des mécontents augmentait d’heure en heure sur l’ancien et le nouveau continent. En Chine, la populace ignorante dans sa majorité restait calme. Aux Indes également. Tout au plus avait-on enregistré, dans les grandes villes, des incidents provoqués par des agitateurs appartenant à la classe des «évolués ».
Quant aux nombreux peuples primitifs - quoique parfaitement ignorants des événements – ils subissaient un effroi démentiel : l’assombrissement de l’atmosphère qui, paradoxalement, s’accompagnait d’une augmentation d’éclat du Soleil, les frappait d’une terreur superstitieuse.»
Malgré tout, les usines continuent à produire des masques, protégées par l’armée ou la police.
Dans cette ambiance de fin du monde, Burke et Jeff aménagent en cachette un abri dans les grottes voisines au cas où la vie à l’extérieur deviendrait impossible. Soudain, l’obscurcissement complet de l’atmosphère signale l’arrivée d’un grumeau de poussière. L’augmentation démentielle de la température, suivie de séismes gigantesques font craindre que la Terre ne soit à l’agonie :
« Dans les mers et les océans hérissés d’épaves, encombrés de milliers de cadavres, des baleines, par centaines, flottaient à la dérive. Mortes asphyxiées, elles ne couleraient que lorsque leur corps se serait rempli d’eau. Leurs amarres rompues, des navires, des paquebots, des pétroliers et des bateaux de tous tonnages et de tous pavillons dérivaient également sur les mers chaudes. (…)
Quelquefois, des cyclones déversaient des trombes d’eau sur les régions épargnées par les inondations, noyant alors les caves, les égouts et les tunnels de métro où des milliers de familles avaient trouvé refuge.
Des glissements de terrain, des mers de boue et des fleuves chassés de leur lit parachevaient ensuite l’œuvre destructrice commencée par les autres fléaux. Et la phase optima du cataclysme durait depuis huit jours… »
Nos amis se dépêchent de gagner leur abri souterrain dans les cavernes au nord de Phoenix (Arizona), en priant pour que le soleil ne se transforme pas en nova.
Ils y resteront peu de temps. Le système solaire, en se dégageant progressivement du nuage, permettra d’éviter le pire.
Un « Jimmy Guieu » dans sa veine habituelle, avec ses héros, jeunes et dynamiques, blancs de préférence (les autres n’auront qu’à disparaître) et ses notes scientifiques de bas de page (« authentique ! »), ni meilleur ni pire que les autres.
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Les Naufrages De Paris - Par BenF
Une épidémie détruit le papier. L’éditeur Veyrier s’en rend compte rapidement lorsque des rouleaux de papier se déchirent sans arrêt. Au départ, la menace n’est pas prise au sérieux, les techniciens incriminant l’humidité de l’air ou la trame du papier. Le phénomène s’amplifie pourtant touchant toutes sortes de papier jusqu’au jour fatidique de juillet ou l’ensemble du papier utilisé en France se dégrade spontanément: livres, journaux, magazines, actes officiels, mandats, lettres, se liquéfient en une pâte grise.
Le clan Veyrier, en bourgeois prévoyants, sent la catastrophe se concrétiser sous la forme d’un effondrement de la société. Veyrier envisage donc de se trouver un abri sûr en attendant la fin de l’orage. Une propriété située dans la campagne, en Ardèche, formera sa base secrète. Comment y arriver? Il lui faut d’abord convaincre Lucienne, sa secrétaire avec qui il entretient une relation, et sa fille Sonia, réticente et amoureuse de Tyrosse, le musicien. Rapidement, tout bascule dans l’anarchie. L’activité économique se ralentit puis s’arrête. Les échanges commerciaux ne se font plus. Des grèves éclatent. La disette apparaît en ville, alors que des stocks alimentaires pourrissent ailleurs. Les gens, en majorité, restent chez eux en proie à un malaise profond et les rues sont de moins en moins sûres.
Sonia, en traversant Paris de nuit pour avouer son amour à Jacques Tyrosse, et vivre avec lui, manquera de peu de faire les frais de la violence urbaine, alors que Lucienne se fera accoster par un jeune homme qu’elle ne connaît pas et qui souhaite vivre avec elle, puisque, selon lui, les temps ne sont plus à l’hésitation. Lucienne, d’abord agacée, finira par céder à la forte sollicitation et dorénavant elle, et Pierre Legros, resteront ensemble pour la vie.
Les clivages comportementaux deviennent de plus en plus marqués. Veyrier songe avant tout à sauver sa peau, à peine libéré par ses ouvriers qui l’avaient séquestré en son usine. Quant à Sonia et Tyrosse, ils pensent venir en aide aux miséreux de la capitale en s’engageant dans une sorte d’armée du salut qui apporte à domicile la soupe populaire. Même cela se défait car la France a été mise en quarantaine par les USA qui ne sont pas atteints par l’épidémie. Veyrier a du mal a convaincre les siens de partir avec lui:
"Bien entendu, les villes sont devenues d’autant plus inhabitables qu’elles étaient grandes et pourvues de tous les avantages de la civilisation. Heureusement, en France, la plupart des citadins ont gardé des attaches à la campagne. Cela ne veut pas dire que tout s’arrange facilement, mais pas mal de gens arrivent à se faire héberger. Il y a aussi les camps, où règne, paraît-il, une espèce de communisme. Bref, ceux qui ont un refuge campagnard assez confortable doivent s’estimer heureux, et, si vous voulez mon avis, plus tôt nous aurons gagné le nôtre, mieux cela vaudra. "
Finalement les voilà aux portes de la capitale dans une puissante voiture, avec toutes leurs affaires. Ils n’iront pas loin. Le système central, en s’effondrant, a laissé les coudées franches aux chefs locaux, anciens maires, militaires en retraite ou non, notables, qui imposent leur échelle de valeurs. Près d’Orléans, ils tombent dans un guet-apens dressé par des déserteurs mais des militaires locaux les tirent du pétrin. Pas pour très longtemps puisqu’on leur confisquera leur voiture:
" Que vous connaissiez ou non le général Ducastillon, monsieur, cela m’importe peu. Le général Ducastillon fait ce qu’il veut dans sa région. Mon domaine à moi s’arrête juste au-delà de la Loire et le reste ne m’intéresse pas, j’ai assez à faire ici. Je vous reçois parce que je ne suis pas un sauvage, mais je voudrais que vous compreniez qu’il y a deux choses qui me sont aussi précieuses que la vie: premièrement, mon temps, deuxièmement, l’essence. "
Ils repartent à pieds, avec leurs valises. Partout ils se heurteront à l’indifférence et l’égoïsme des autres, alors que leurs orteils sont si douloureux et qu’ils sont si fatigués... Proches du désespoir et de l’abandon, ils effectuent une dernière tentative dans une ferme. A peine ont-ils eu le temps d’être menacés par le fermier que celui-ci est agressé à son tour par une bande de malandrins arrivés en auto, qui leur volent tout, notamment les lingots d’or, et, avant de s’enfuir, tirent sur Tyrosse. Celui-ci agonisera sur le bord de la route, entourés par les siens impuissants.
Un couple de bons samaritains s’arrête. Elle est médecin, lui ingénieur. Décidés de se mettre au vert dès le début de la catastrophe, ils ont emménagé dans une ferme où nos héros pourront se remettre à flots.Enfin guéris, psychologiquement et physiquement, ils reprennent la route et atteignent leur refuge au Rousset dans la Creuse où déjà règne Madame Veyrier. Cette aventure les a beaucoup changés. Ils comprennent à quel point les anciennes valeurs culturelles, sociales, morales ont disparu et que pour survivre dans le tourbillon rien ne vaut de cultiver la terre, de vivre en famille, de prier Dieu comme l’a dit si souvent le Maréchal.
La bonne nouvelle leur tombera du ciel sous la forme de tracts largués par un avion, annonçant l’éradication de la bactérie papivore par les Américains:
" L’avion vira et revint, plus bas encore. Il passa au-dessus de la vigne en vrombissant de son vieux petit moteur, et redressa au-dessus de la prairie. Et là, juste en redressant, il laissa tomber sa neige. D’abord cela ressembla à un oiseau blanc surgi juste au-dessous de lui, à plusieurs colombes voltigeantes, puis elles s’ouvrirent et furent ces flocons, ces innombrables flocons blancs. Ils descendaient lentement en tournoyant et en s’éparpillant, et les hommes et les femmes qui les regardaient sentaient battre leur coeur. L’avion avait de nouveau viré et il s’éloignait. Les flocons de papier descendaient en tournoyant et en grossissant, chacun était un rectangle blanc, éblouissant au soleil, éblouissant comme les villes blanches et les robes de mariées, comme la pierre des statues, comme la blancheur sur laquelle l’Humanité écrit son histoire. "
Un récit qui se rattache à la catégorie de "la disette d’éléments " où l’auteur se pose la question d’école: que se passerait-il si ?... En ce cas, c’est la disparition du papier qui est à l’origine d’une dissolution sociale, un événement possible au moment de l’écriture du roman (1957), époque non encore informatisée. La chute de la société y est analysée dans la veine de " Ravage ", vue à travers les yeux d’un petit groupe de bourgeois réactionnaires, affligés par la disparition de leur morale, pétris par les conventions sociales et mus par un égoïsme sans nom.
On pressent que l’auteur aimerait bien mettre un nom sur la cause du désastre mais que, plus avisé que ses émules des années 20, les Bessières et les Pierre Dominique, il préfère laisser planer le doute...
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