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Bienvenue dans la Base de Données des livres !

Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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Livres

  1. Type: livre Thème: menaces et guerres nucléaires, fins du monde, fins de l’humanité Auteur: Michel GUERMONPREZ Parution: 1961
    Julien, chef de la CER (Calculs-Etudes-Rationalisation) fait grise mine quand sa femme Isabelle accouche d’un monstre atteint d’agranulocytose, un manque de cellules dans la moelle épinière :
    « L’innommable chose qui gisait entre les draps avait cinq jours. Jamais on n’avait vu un bébé comme David. La face dessinait une espèce de triangle. Un front gigantesque, démesuré l’envahissait aux trois quarts. La peau en était tendue, fine mais terne, d’un gris très sale évoquant la souris mais certes nulle peau humaine. Ce front saillant surplombait directement des yeux minuscules et sombres, sans éclat. (…) Le menton aigu fuyait en retrait, dessinant la pointe acérée du triangle ; dessous se devinait sous le bavoir un cou grêle de poulet plumé. »
    Selon le professeur qui a accouché Isabelle, partout dans le monde, naissent des enfants déformés.  Pour Ambroise, le Philosophe, père de la jeune Edith et ami de Julien, bien que l’origine de la malformation restât énigmatique, elle signe indéniablement l’émergence d’un être nouveau et une ère de déclin pour Homo Sapiens. Ce nouvel être, baptisé Homo Potens, le remplacera. En attendant, le fils de Julien s’appellera David et sera élevé en compagnie d’Edith.
    Partout, de par le monde, l’angoisse monte chez les femmes. Des névrosées, des désaxées, des débauchées, des femmes stérilisées et pour finir des femmes suicidées, constituent les prémisses de la fin.
    Homo Potens qui ne survit qu’en petit nombre, souffre d’apathie et d’un manque total d’empathie. Ambroise prophétise qu’Homo Potens – un pur cerveau- deviendra l’être parfait, rationnel et froid qui permettra à une nouvelle humanité de progresser. Pourtant, le tableau clinique n’est pas réjouissant : David porte une tête énorme, des membres de gringalet, ne manifeste ni gaîté, ni émotion, ni tristesse. Il s’affole au moindre courant d’air, la plus petite douleur physique le fait hurler.
    En grandissant, il révèle encore plus son originalité ; il ne joue pas, manifeste une suprême indifférence à toutes les situations, connaît d’avance la réponse à tous les problèmes, répond à toutes les questions. Il se conduit comme si la culture humaine était innée en lui. Célébrés à l’égal des dieux par les autres humains, les Potens montrent aussi de surprenantes faiblesses car ils sont incapables de la moindre initiative, sans aucune motivation ils n’agissent que sur demande.
    David, vue son infaillibilité, trouvera place au CER, auprès de son père. Tout naturellement les Potens ont pris les leviers de commande, puisque les Sapiens se raréfient et sont peu fiables. L’infrastructure des villes se modifie, l’économie se rationalise, les guerres entre les peuples disparaissent. L’atome règne sans partage au plan énergétique.
    Les entrevues régulières d’Ambroise et de Julien mettent en avant les insuffisances de ce progrès car faute de motivation, l’exploration spatiale a pris fin. L’humanité semble stagner. Les femmes ne se remettent pas de leur déchéance : Isabelle se drogue à la « suggestine » qui abolit la mémoire. De son côté, Edith se livre à des expériences sentimentales sur David pas franchement concluantes.
    Un soir, David veillant au CER, on lui annonce qu’un super-tanker atomique dont l’automation a été rompue, menace le port de Marseille et au-delà, la France entière, d’une désintégration en chaîne. Il est le seul en mesure d’arrêter le désastre. En un délai extrêmement court, il devra se rendre en voiture à Marseille, conduit par Edith.
    Il n’y arrivera jamais puisqu’en cours de route, Edith se livre sur lui à une approche sexuelle ce qui trouble David à un point tel qu’il tombe en catatonie, entraînant avec lui tous ses frères de race auxquels il est lié par télépathie :
    « David gisait crucifié. Parfaitement immobile. Mort, sans doute, pensa Edith. (…) les orbites du Potens n’avaient jamais été si grandes, mais elles brillaient de l’éclat blanc nacré des yeux révulsés, sans regard. Des yeux de porcelaine. Le reste des traits  se perdait dans les traînées de boue brune (…) La bouche était un rictus saisi dans sa torsion, bloqué dans une grimace de souffrance. »
    En retournant vers Paris avec David, Edith apprend de Julien qu’un plan du dernier secours vient de se déclencher : une caravane de camions puissamment blindés se porteraient à leur rencontre et ensemble, ils tenteraient de gagner un abri sûr prévu de longue date, dans les Alpes.L’explosion de Marseille détruit progressivement tous les centres urbains, et toute vie organisée, en se propageant vers le nord :
    « Paris sera atteint au plus tard à dix sept heures. L’orage magnétique détraquera toutes les commandes sur son passage à peu près aux mêmes heures. Chaque centre industriel sera détruit, projettera un nouveau nuage radioactif et un nouvel orage. Tout ira très vite (…)  Il y a, vous le savez, quatre dangers majeurs : les retombées de toutes sortes, la chaleur, le sol pollué, et les explosions. »
    La caravane, qui génère un tunnel protecteur électromagnétique, observe autour d’elle les effets de la déflagration universelle. Le monde extérieur s’est transformé en un enfer radioactif  tandis que David meurt en se liquéfiant littéralement
    « En une seconde, David s’offrit nu. C’était une saucisse translucide ; on évoquait aussitôt par contraste, son étonnante maigreur d’autrefois. Le liquide avait tout envahi, effacé formes et plis, creusant seulement aux aisselles, aux aines et aux coudes, de très profonds sillons où les peaux rapprochées avaient macéré. Le même jus que des lèvres éclatées en suintait, avec par endroits, des reflets moirés ou verdâtres. L’odeur s ‘était répandue, tout à coup renforcée ; elle devint à la fois écoeurante et piquante. Julien chercha les mains, les pieds : quatre moignons informes qui collaient aux draps, quatre cachets de cire glauque qui scellaient au lit le corps défait de David. »
    Les camions atteignent leur but, un abri blindé sous une montagne, alimenté en eau par une retenue naturelle. Avant d’y pénétrer, les rescapés de l’atome doivent se soumettre au rituel strict de la décontamination. A l’intérieur, la vie a été réglementée selon la logique des Potens.
    Ambroise,  analysant les événements, constate la faillite du machinisme et défie l’autorité de Dix-Sept, le Directeur de l’abri. Au bout de peu de temps, deux factions naissent, les Bleus, qui espèrent sortir rapidement à l’air libre où une pluie continuelle ravage les terres et les Rouges qui souhaitent rester en sécurité à l’intérieur de l’abri malgré la menace que ferait peser sur eux une rupture du barrage.
    Un berger, qui a survécu dans ses montagnes, se présentant aux portes extérieures, annonce à Dix-Sept que la vie est redevenue possible à l’air libre. Julien s‘est porté volontaire avec son groupe pour vérifier les dires de l’homme et laisse Ambroise seul face à Dix-Sept. Les deux mentors entrent en lutte ouverte. Dix-Sept, qui menace de faire sauter l’abri, sera tué par Ambroise ce qui permettra aux quelques Homo Sapiens survivants de rejoindre Julien.
    Un roman peu courant qui montre des qualités d’imagination, un sens de l’intrigue  et des rebondissements,  gâché, hélas ! par une logorrhée moralisatrice et métaphysique continuelle, portant sur le rôle du machinisme et la malveillance de la technologie.

  2. Type: livre Thème: invasions extraterrestres Parution: 1960
    Alf, sa femme Judith, Hurst, scientifique et homme d’action, Flius le physicien  forment un groupe de « temponautes ». Mis en sommeil hibernétique pour un siècle, ils ont reçu la mission de renseigner à leur réveil les citoyens du futur sur leur passé. Ils profitent des toutes dernières inventions de leur siècle qui les accompagnent dans ce voyage comme «l’ultraviseur » qui permet de voir tout et de loin comme si l’on était à côté même de la scène. Le procédé d’hibernation, mis au point par les Jaunes qui projetaient d’envahir le monde avec leurs armées stockées pour l’occasion, leur ayant été arraché et perfectionné dans ce but.
    Avec Judith, enceinte avant le départ, les temponautes sont réveillés dans une crypte du laboratoire d’Aix-la-Chapelle,  deux cent quatre vingt trois ans après leur départ, par Thankmar, un géant blond, et sous un ciel rouge. L’imprévisible s’était produit : l’arrivée dans la banlieue de la Terre de l’astre Druso qui procéda à la destruction de l’humanité par ondes magnétiques, excepté les quelques îlots de survivants qui ont fait souche. Thankmar, qui considère Aix comme le temple de la « Mère de la Révélation » se trouve là en service commandé.
    En provenance de la cité scientifique de « Boothia Felix » dans la Grand Nord canadien, il était chargé de retrouver à tout prix les temponautes seuls capables, selon la prophétie, de les libérer de l’oppression extraterrestre. Les Drusoniens, qui sont des insectes géants et intelligents, se sont accaparée la Terre après l’avoir vaincue. Leur planète, amarrée à la nôtre par des liens électromagnétiques, est la patrie de ces êtres peu nombreux mais puissamment organisés qui ont fait prendre à la vie terrestre une toute autre direction :
    « Les Drusoniens furent autrefois une race puissante extrêmement douée. Les pseudo-coléoptères de police sont ce qui reste de leur meilleure époque, mais ils n’ont pas beaucoup d’intelligence. Ceux qui font le travail intellectuel sont des quasi-mollusques et leurs femelles ne sont même pas assez éveillées pour s’occuper de leurs propres larves. Ils sont tellement dégénérés à ce point de vue qu’il leur faut des femmes comme nourrices. Ils ont besoin de lait humain ; de la chaleur de nos femmes ; de la force de nos jeunes hommes. »
    Pourchassant toute manifestation scientifique ou technologique, ils sont regardés comme des dieux par des Terriens retournés à la barbarie, se servant de relais tels que « les Prêtres » ou les « Oracles » :
    « Le reste de l’humanité, répondit Thankmar, était dans la crainte et l’épouvante devant les nouveaux dieux. Certains devinrent des prophètes ou des prêtresses, contraintes et forcées par les pouvoirs magiques des Drusoniens. Ils prêchèrent la destruction de toute science, le caractère diabolique de tous les travaux intellectuels. Tous les livres furent brûlés, toutes les archives, tous les instruments furent détruits, les laboratoires démolis.(…) Bientôt le globe reprit son aspect des temps sauvages où chaque homme était l’ennemi de l’autre, et les conquérants furent regardés comme des dieux. »
    Mis au fait de la situation, le plus important pour les nouveaux venus fut de se fondre à la population locale pour y attendre la naissance de l’enfant de Judith. Les Atlantéens – c’est le nom que se donnent les scientifiques de Boothia Felix- désirent les présenter à leur chef, Liuwenhord. Les événements se précipitèrent lorsque Hurst, employant couteau et hache, suscita la convoitise de Terriens soumis et collaborateurs. Ils durent prendre la fuite vers le nord, via le Rhin, la Baltique et la Laponie, le moteur électrique bricolé par Hurst les mettant à l’abri de toute poursuite. Héligoland sera une première étape où, dans une caverne, Judith donnera naissance à sa fille Urania.
    Arrivés en Norvège, ils feront la connaissance de Liuwenhord et redécouvrent l’ancien site atomique de Karaga où jadis travailla Flius avec sa fiancée Maria. D’elle, au grand désespoir de Flius, il ne reste plus que des os et un journal intime relatant au jour le jour l’invasion des Drusoniens :
    « Il y gisait les lambeaux d’une couverture et un oreiller enfoncé, au milieu duquel quelque chose de brun apparut dans l’éclat des lampes. Flius regarda et soudain s’effondra. Nous approchâmes et nous vîmes dans les débris du lit, vêtus de ce qui avait été autrefois un vêtement de toile blanche, les restes momifiées d’une femme. La tête ressemblait à celle d’une chouette, et elle était entourée de cheveux châtains, bien conservés.Flius, supporté par deux Atlantéens, regardait droit devant lui, répétant :
    « Et ainsi, je vous retrouve, Maria ! Ainsi… »
    Peu après, Liuwenhord leur communique son projet de libération de la Terre. En un premier temps, il faudra anéantir la base centrale drusonienne de Capetown où sont disposés les appareils de régulation énergétique qui rendent la Terre captive de Druso, ce qui ne se fera pas sans risques :
    « Selon ses calculs, l’opération exigerait dix-sept minutes astronomiques, mais, bien entendu, la grosse difficulté serait d’être sûr que le globe reprendrait ensuite sa rotation habituelle. Il fit ses calculs de façon que le formidable coup de frein serait à peine ressenti aux pôles. Naturellement, il fallait compter sur d’énormes destructions dans le reste du monde ; en fait, quelques savants atlantéens se demandaient si libérer la terre de Druso n’entraînerait pas en même temps la destruction de la vie organisée sur le globe. Il y aurait de gigantesques glissements de terrain, tremblements de terre, raz de marée et une tempête auprès de laquelle les ouragans et les typhons les plus terribles que la Terre ait jamais connus ne seraient que les clapotis d’un enfant dans une baignoire. »
    Mais l’opération réussie, Druso se perdra dans l’espace leur permettant, en un deuxième temps, de nettoyer la terre des Prêtres et des Oracles. En attendant, Judith et Uranie, encore faibles, iront se remettre dans le Sud, au bord de la Méditerranée. A peine arrivées, elles sont prises dans une rafle et envoyées sur Druso pour servir comme esclaves. Immédiatement, tout est mis en œuvre pour les sauver. Alf, Flius ainsi qu’Imfried, la propre fille de Liuwenhord, par une chaîne de complicités, prennent la navette à destination de Druso où il rencontreront les forces de la résistance (les «Bleus »). Hurst partira au pôle sud pour s’occuper de la base de Capetown avec les bombes récupérées à Kagara.
    Sur Druso, Cassaniak, le chef des résistants, les prend en charge. Il s’agit de faire vite car les Drusoniens se servent des Terriens comme du bétail. Les femmes sont censées donner leur lait aux larves, leurs forces aux jeunes insectes, et les hommes leur viande :
    « Chaque homme, les bras en l’air, glissait sur une forte pente, et une lame aiguë jaillissait de la paroi pour lui percer le cœur, tandis que ses bras levés étaient pris par une paire de crochets. Des griffes s’enfonçaient dans la résille que les prêtres avaient placée sur sa tête. Une autre paire de crocs saisissait le corps encore palpitant sous les aisselles. Un billot triangulaire se glissait entre les jambes et les écartaient, et le cadavre ainsi présenté glissait par une autre porte dans une autre salle. Un crampon de métal l’agrippait et en un instant, des couteaux automatiques avaient coupé  la tête, les mains et les pieds de la victime.»
    Par l’entremise décisive d’Imfried, Judith et Urania seront libérées au moment où Cassaniak déclenche des émeutes généralisées dans la cité des insectes. Sur Terre, Capetown saute. Les liens entre Druso et la Terre seront rompus peu après que les temponautes aient pu retrouver leur planète natale. Après le dernier acte malveillant des Drusoniens qui, se voyant perdus, voulurent précipiter leur planète contre notre Lune, Druso disparut dans le cosmos. Devant les  Terriens libérés par leur foi dans la prophétie de la « Mère » s’ouvre un avenir de reconstruction et de paix
    « Druso », ouvrage d’origine germanique offre  un récit dense nourri d’abondantes parties morales ou philosophiques. Plusieurs intrigues s’y croisent ; celle de l’évolution des sociétés terrestres avant les Drusoniens, qui eurent à faire face à la menace « jaune », celle des sociétés sous le joug extraterrestre, celle de la destinée individuelle de nos héros. Dans ce roman, solidement charpenté, les détails précis et les descriptions minutieuses contribuent à l’effet de vraisemblance.

  3. Type: livre Thème: guerres futures 1 Auteur: P.J. HERAULT Parution: 1960
    Vol.01: Sergent-pilote Gurvan,  Fleuve noir éd. 1987, Coll. "Anticipation" N°1562, 1 vol. broché, in-12ème, 185 pp. roman d'expression française
    Une guerre d'une durée de cinquante ans oppose la Terre à des adversaires non déterminés (manifestation d'origine humaine) au moyen d'une technologie quasiment identique: d'énormes forteresses volantes, d'une longueur de dizaines de kilomètres, qui servent de bases d'appui à des "intercepteurs", engins de combat puissamment armés,  et des unités de soldats d'infanterie, appelés à prendre pied sur le sol des planètes devenus champs de batailles. La manoeuvre est simple et quasiment toujours la même. Les Intercepteurs appuient les "Raiders", d'immenses lance-flammes, programmés pour faire griller les forteresses. Une nuée d'intercepteurs les protègent. Vu la brièveté d'un combat dans l'espace et le délai de survie d'un pilote (qui ne dépasse pas le temps de 62 missions ), la haute technicité de pilotage mise en jeu, les jeunes pilotes sont conditionnés in utero à leur mission:
    "Désormais on savait très bien, en unissant un spermatozoïde à un ovule, quelles caractéristiques manifesteraient l'être humain qui naîtrait; C'est comme ça,  justement, que les Materedus recevaient les proportions de combattants exigés par les armées. Trente-huit pour cent de troupes au sol, douze pour cent de pilotes, dix pour cent de navigants de toutes sortes, et quarante pour cent d'auxiliaires, comme ils disaient."
    De petite taille, élevés dans des crèches éducatives (les Materédu), filles et garçons, sans relations autres que celle de la chaude fraternité du combat, vivent un engagement de sept ans pour une durée de vie maximum d'une année. Après ces sept ans (s'ils sont encore en vie) ils seront démobilisés. Ceci explique la psychologie très spéciale que développent ces combattants. L'on fête chaque victoire au champagne, boisson leur étant exclusivement réservée. On ne pleure pas les morts. On n'en parle pas. Ils ont disparus.
    Sur l'unité de combat 928 puis sur le SO4 dit "la Saucisse", il faudra peu de temps à l'apprenti-pilote Gurvan pour devenir opérationnel sur Intercepteur. L'entraînement, extraordinairement complexe à cause des vitesses acquises et de l'électronique embarquée , fera plus appel à l'instinct qu'à la raison. Pourtant Gurvan se désespère de devenir leader, soit le N°1 de l'équipe. Il se sent maladroit car pour être promu, il lui faut abattre au moins six intercepteurs ennemis. Contrairement à sa camarade Dji qui atteindra vite le grade d'officier, lui, malgré de nombreuses sorties, n'a toujours rien à son tableau de chasse. Son copain Sank, pilote de "tracteur", (appareil ramenant à la base les intercepteurs en panne), lui recommande d'être patient. Gurvan jouit pourtant d"'une aptitude rare qui est de pouvoir calculer avec une précision extrême les déplacements, les trajets de retour, les appontements de son engin. Il réussit même cet exploit extraordinaire de ramener l'un de ses coéquipiers abîmé sur le sol d'un astéroïde. Cependant le temps passe vite et le danger d'être abattu augmente corrélativement:
    "Les Géos fonçaient vers les raiders qui se trouvaient maintenant sans protection. Ce fut un carnage. les explosions se succédaient si vite qu'il n'était même pas possible de les compter. (...) Japy engagea tout de suite trois Géos qui se suivaient. Il était en bonne position mais sa rafale passa entre deux appareils. Gurv surveillaient leurs arrières, s'efforçant de ne pas se laisser surprendre à ce moment-là par les évolutions de son leader.. le combat avait commencé près de la surface de l'astéroïde, ce qui représentait une nouvelle difficulté pour en pas percuter, en évoluant. Tout de suite il fut d'une violence inouïe. Deux Intercepteurs volants au-dessus l'un de l'autre se heurtèrent de front, disparaissant dans une énorme boule blanche d'énergie pure."
    Il a déjà vu disparaître autour de lui de nombreux amis comme Rhal, un officier mythique et impétueux aux nombreuses victoires.  Dji, de son côté, poursuit sa carrière tout en ne  se reconnaissant jamais l'existence d'un sentiment amoureux à l'égard de Gurvan. Le statut de ce dernier changera radicalement lorsque le SO4, trop lent pour pourchasser les "Géos", les appareils ennemis, sera remplacé par "l'Aiguille", un nouvel intercepteur, profilé pour la chasse et mieux armé que l'ancien. Le jeune pilote s'y sent parfaitement à l'aise. D'ailleurs la guerre semble changer de nature, la Terre repousse les envahisseurs, les armées d'infanterie prennent plus souvent d'assaut les sols hostiles. Gurvan et ses amis, lors d'un atterrissage forcé dans le cadre d'une mission d'accompagnement des armées terrestres, y parferont leur entraînement. Ils apprendront à combattre au sol, soulevant l'admiration des fantassins
    Vol.02: Gurvan: les premières victoires,  Fleuve noir éd. 1987, Coll. "Anticipation" N°1584, 1 vol. broché, in-12ème, 184 pp. coiuverture illustrée par Peter Elson. roman d'expression française
    Les sorties continuelles se terminant en catastrophe, Gurvan et Dji atterrissent sur une planète inconnue. Les Flèches inutilisables, abandonnées à eux-mêmes, ils vivront une vie de Robinson, non dénuée de charmes cependant:
    "Le lendemain il abattit un gros oiseau qui courait dans l'herbe. Ce fut moins difficile qu'il ne l'imaginait. En revanche, pour le dépecer, enfin le plumer, il dut se blinder. Ils se baignèrent encore. Le matin et l'après-midi. Et se baladèrent, un peu au hasard. Ils parlaient de plus en plus. De n'importe quoi, un arbre, des fruits, qu'ils n'osaient d'ailleurs pas goûter, aussi bien que de la guerre."         
    Sans électronique, pêchant pour survivre, ils apprennent à se connaître,  et un sentiment doux s'insinue à leur insu dans leurs coeurs. Lorsqu'ils en prennent conscience et que l'idée de déserter les effleure, ils appellent un tracteur pour les ramener sur leur base. Leur longue absence à tous deux soulève des soupçons et ils passent un interrogatoire sévère. Mais les examens psychologiques et médicaux ne prouvant rien, ils réintègreront finalement leur unité où, durant tout ce temps d'absence, Gurvan est devenu célèbre parmi les auxiliaires. La vie habituelle recommence au cours de laquelle Gurvan abat quatre Géos en un seul combat, pulvérisant le record des intercepteurs.
    Il ne jouira pas longtemps de sa victoire. Sans signe annonciateur, leur forteresse volante est prise sous le feu des thermiques de multiples Raiders ennemis. L'affolement et la mort se propagent dans les unités intérieures. Avec Sank et Dji, Gurvan tente d'atteindre la zone la moins exposée au feu. Ils y parviennent, non sans casse, en une progression difficile, parfois en apesanteur , déjà munis de leurs combinaisons de vol. Ils atteignent enfin le flanc ouest, une zone préservée où se terrent des auxiliaires apeurés. Grâce à Gurvan qui agit à l'instar d'un chef, ils s'échappent du hall de décollage avec leurs Flèches, abandonnant la forteresse à l'agonie, préoccupés de trouver un asile afin de pouvoir continuer le combat ultérieurement. Peu de Géos les poursuivent, l'ennemi étant occupé à mettre à mort la l'enorme base volante. Ils découvriront enfin une planète glacée, où, dans la zone équatoriale, subsiste une relais ennemi qu'ils réduiront et occuperont:
    "Tout le monde eut l'air assez satisfait de retrouver un cadre de vie connu. Elle insista sur le fait qu'ils vivaient en commun et que les relations devaient obligatoirement être plus souples qu'à bord et termina en rappelant qu'il y avait beaucoup de place ce qui permettait à chacun de trouver un coin seul. Là, elle fut carrément applaudie. Ca se dégelait."
    Le nettoyage de la place forte se fera pas à pas en des manoeuvres de fantassins, pendant que deux Flèches veillent à l'extérieur. Les bâtiments servent à l'approvisionnement des forces ennemies et sont régulièrement ravitaillés. Il s'agit donc d'ouvrir l'oeil pour éviter un désastre à venir. En attendant, les pilotes , trouvant des combinaisons chauffantes et des vivres, se ravitaillent et se reposent pendant que Gurvan, Sank et une jeune auxiliaire, Brodick, empruntent un véhicule d'exploration ennemi pour patrouiller le plus loin possible de la zone investie. C'est là, à plus de mille kilomètres de leur base, qu'ils trouvent des traces parallèles, prouvant qu'il existe encore  des ennemis qu'il importe d'annihiler. Et c'est à ce moment-là que des missiles, traversant le ciel, se dirigent vers leur relais...


  4. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: Francis CARSAC Parution: 1960
    Le narrateur revoit un ami, Paul Dupont,  qu’il a perdu de vue depuis longtemps. Un soir, le laboratoire de celui-ci est violemment illuminé et il retrouve Paul Dupont inanimé, en état de choc. Depuis l’accident, Dupont présente une personnalité double, celle de Haurk, un transfuge de l’an 4500, et celle d’un terrien de l’époque du narrateur. Il prouvera par des inventions étranges qu’il détient les clefs d’une connaissance supérieure. Haurk/Dupont disparaît soudainement mais laisse à son ami un manuscrit. Y est relatée toute la saga de Haurk, comment le scientifique du futur, en compagnie de son ami Kelbik, le mathématicien, fournit la preuve que le soleil se transformera bientôt en une gigantesque nova :
    « Il y avait six mois que je travaillais à l’extension de ma théorie des taches solaires, quand je m’aperçus que, si mes calculs étaient exacts, la fin du monde était proche. Je me souviens de ma stupeur, de mon incrédulité, des calculs vingt fois recommencés, et finalement, de mon épouvante ! Je sortis comme un fou du labo, grimpai à la surface, dans l’hémisphère éclairé, et regardai le soleil, bas sur l’horizon Il flamboyait dans le ciel, tel que les hommes l’avaient toujours vu. Et pourtant, si je ne me trompais, dans un avenir plus ou moins éloigné, dans cent ans,  dans dix ans, demain, à la seconde qui venait peut-être , ce globe monstrueux allait éclater, noyant dans une marée de feu Mercure, la Terre, le système solaire ; »
    Haurk est issu d’une société du futur partagée en deux classes, les Teckns et les Trills. Les Teckns dont font partie Haurk et Kelbik, forment la caste des théoriciens et des penseurs. Les Trills sont des administrateurs et des techniciens. La séparation est totale entre les deux classes sociales qui se retrouvent au sein du Conseil des Maîtres. Devant l’imminence du danger, Haurk et Kelbik découvrent le moyen de soustraire la terre au péril cosmique. Par une ceinture de " géocosmos ", d’immenses machines gravitationnnelles, ils envisagent d’éloigner la terre du soleil mourant pour la placer aux confins du système solaire ou même au-delà :
    « Petit à petit, la Terre élargissait son orbite, s’éloignait du soleil, entraînant la Lune. Vénus se rapprochait de la Terre, ses géocosmos fonctionnant à une plus grande intensité pour compenser le handicap de son orbite de départ plus interne. Aussi s’était-t-il produit quelques légers séismes, sans graves effets. Au bout d’un an, le Soleil avait visiblement diminué de diamètre dans le ciel, et la température moyenne de la Terre commençant à tomber, nous dûmes replier dans les parcs souterrains les bêtes les plus sensibles au froid, tout au moins celles qui avaient été choisies pour perpétuer l’espèce. »
    Tout est mis en œuvre à cette fin : d’immenses cités souterraines, des réserves de nourriture et des parcs animaliers parcourus par d’interminables réseaux de communication, sont construits avec efficacité. Le projet pourtant, ne fait pas l’unanimité chez les Trills. Les "Destinistes ", une secte eschatologique, s’opposent à ce que la terre soit sauvée et feront tout pour qu’elle subisse son destin : sabotages, attentats, émeutes, insurrections… Mais Haurk veille et Karnac, l’ambitieux chef des Destinistes perd la partie.
    Les immenses géocosmos entrent en action, entraînant la terre avec sa voisine Vénus de plus en plus loin du soleil instable. Bien que tout ait été calculé, les secousses telluriques, l’air qui gèle, le froid mortel qui s’installe, toute végétation qui meurt, contraignent rapidement les hommes à s’isoler dans les cités souterraines :
    « Nous ne sortions guère à la surface, morne désolation de glace, sous le ciel noir piqué d’étoiles. A l’intérieur des cités, la vie était monotone(…) Le manque de soleil, le confinement dans les parcs trop connus étouffaient la joie. Les promenades à la surface étaient pires, et seules quelques équipes de jeunes gens aventureux trouvaient plaisir à escalader les montagnes couvertes d’air gelé. »
    Cependant, les Destinistes ne désarment pas. Un nouveau complot qui doit faire sauter les portes blindées des cités en les ouvrant sur le froid de l’espace, est éventé, dévoilant des complicités au sein même du Conseil des maîtres.  La Terre, en franchissant une sorte de barrière cosmique, s’évade du système solaire en direction d’Alpha du centaure. Après que le soleil terrestre eut explosé, l’astre vagabond croise dans les environs du système centaurien où nos pèlerins de l’espace rencontrent des implantations humaines antérieurement installées, sociétés dérivées d’une première vague de colonisation. Ne pouvant s’établir autour du soleil centaurien, la pérégrination continue jusqu’à Telbir où les attendent d’agressifs extraterrestres qui utilisent déjà des terriens de jadis comme viande de boucherie. Grâce à Haurk, les esclaves brisent leurs chaînes hypnotiques et se débarrassent de leurs tortionnaires.
    Enfin l’atmosphère terrestre dégèle aux rayons d’un nouveau soleil et notre planète retrouve une place dans un nouveau système solaire :
    « Sur les toits , en face de nous, de grosses masses molles d’air solide commençaient à bouillonner, se détachaient, glissaient, tombaient dans les rues, tout en bas Un semblant d’atmosphère, infiniment ténu, existait déjà. A mesure que le soleil se déplaçait vers le zénith, le bouillonnement s’accentua, et bientôt un épais brouillard, un brouillard d’air, masque la ville. Par moments, sous l’influence des courants de convection, très violents dans cette atmosphère soumise à de terribles différences de température, le brouillard se déchirait, laissant apercevoir une tour à demi voilée d’une écharpe grise effilochée. Des toits s’écoulaient parfois des cascades d’air liquide, qui n’atteignaient jamais le fond, se gazéifiant à mi-chute. »
    Peu après cette période, à la suite d’une expérience malheureuse, Haurk s’était trouvé projeté dans le passé du narrateur. Le manuscrit qu’il lui a laissé est l’unique témoignage de notre avenir fabuleux.
    Un récit baroque et héroïque, un space-opera du temps d’avant la pollution. Sur fond de cataclysme cosmique Carsac joue une ode à l’espèce humaine en proie à l’adversité. Comme Stapledon, mais en plus naïf, il évoque les souffrances d’une humanité qui forge son propre destin. A relire pour le charme discrètement rétro des jolis récits du temps passé.

  5. Type: livre Thème: menaces animales Auteur: Max André RAYJEAN Parution: 1960
    Le péril des hommes ce sont les femmes, c’est bien connu. Trois gynécologues décident de sauver l’espèce humaine. Celle-ci est condamnée, puisque, pour des raisons inconnues,  les femmes ne mettent plus au monde que des garçons. Or, sans femmes... Les années passent et nos gynécologues, pressés par l’échéance de la ménopause pour les rares femmes encore en état de concevoir, proposent un plan hardi. Il s’agit de les enlever à leurs maris respectifs, de les amener sur Cérès, un astéroïde, dans une cité parfaitement aménagée pour pratiquer sur elles des expériences de parthénogenèse, actions de la dernière chance. Celles-ci échouent également. Nos gynécologues, découragés, passent la main à leurs fils, gynécologues, eux aussi (C’est une vocation familiale !):
    " Clider, Nitosh et Horray avaient chacun un fils, John, Mac et François. Ces derniers, après de brillantes études dans les universités de Londres, de Washington et de Paris, suivaient les traces de leurs pères. Tous trois avaient déjà atteint la trentaine. Mac étant l’aîné, que déjà, ils étaient célèbres dans le monde. Il est vrai qu’ils avaient de qui tenir!  Un jour, se jugeant trop vieux, leurs parents décidèrent de passer le relais à leurs fils. Ceux-ci débarquèrent donc un beau matin sur Cérès. Les trois jeunes docteurs présentaient des visages énergiques et ils étaient décidés à tenter quelque chose. "
    Voilà où en sont les choses lorsque nos jeunes savants se font kidnapper par un vaisseau spatial qui les emmène sur une lointaine planète, Méphyr, dans le système de Procyon. Les Méphyriens sont des êtres protéiformes dont la passion est de se calquer au physique et au mental sur des êtres plus évolués  afin de pouvoir progresser eux-mêmes. Or, merveille troublante, les terriens représentent pour les Méphyriens le sommet de l’évolution. Composée d’une seule cellule, Naru,  l’un des chefs méphyriens est volontaire. Il se transforme physiquement en terrien.
    Nos amis vont-ils le laisser faire? Un plan extraordinaire jaillit dans leurs esprits. Si les Méphyriens sont capables de devenir terriens pourquoi ne soumettraient-ils pas Xys, leur gardien, à la métamorphose en le transformant en... femme nubile? L’expérience est ardue, mais ils n’hésitent pas un seul instant: estourbissant Xys, ils reprogramment la machine des Méphyriens:
    " Rook ne se lassait pas d’admirer Xyse sous tous ses angles. Il hochait sans cesse la tête, admiratif: - Une perfection! gloussa-t-il . Je n’aurais jamais cru qu’il fût possible de créer un être aussi ressemblant. Une vraie femme, et qui me ressemble! Nitosh tapota l’épaule du capitaine: -Il faut habiter Méphyr pour parvenir à un tel résultat! Quand je pense que les aïeux de Xyse étaient de vulgaires paquets de gélatine, et que maintenant... "
    Et Xys devint Xyse, une merveilleuse femelle humaine apte à procréer (cela se vérifiera très facilement) et de plus épousant le parti des Terriens. Elle les aide à fuir les Méphyriens: direction la Terre. Enceinte des oeuvres de l’un des gynécologues (le Français), Xyse fera l’admiration des habitants de la terre. Un bébé femelle naîtra d’elle parfaitement constitué. L’espérance est donc revenue, mais fragile, car cela ne suffira vraisemblablement pas à enrayer la disparition de l’espèce humaine. Or, oyez le nouveau miracle: l’arrivée d’un deuxième vaisseau méphyrien qui annonce que l’ensemble des habitants de Procyon, convaincus de l’excellence de l’enveloppe humaine, et encore plus de celle de la femme, sont prêts à se transformer en de sincères et loyales épouses pour les Terriens. Un triple ban pour nos trois gynécologues qui ont réussi à sortir le genre humain de l’impasse!
    Un récit de bric et de broc, à l’intrigue décousue, aux invraisemblances majeures, avec des marionnettes à la place des personnages, bref un florilège de tout ce qu’il faut réunir pour constituer un mauvais roman et discréditer le genre. Heureusement, il reste les couvertures de Brantonne...

  6. Type: livre Thème: après la Bombe... , guerre des sexes, matriarcat Auteur: Anne-Marie SOULAC Parution: 1960
    Eve est une petite fille, née au village:  
    " Je suis née peu après l’an 2000 à la Maternité du village .Mon village! Quelques maisons au bord d’un petit lac, étiré entre des montagnes. "
    L’organisation de cette bourgade est extraordinaire. Certaines figures marquantes émergent d’entre les nombreuses femmes qui y résident en une sorte de communauté matriarcale: un homme, appelé simplement "l’Homme ", Sébastien, le protecteur d’Eve, Anna, sa mère nourricière. Parfois, d’autres ombres croisent le chemin d’Eve, bien au-delà de limites qu’elle n’a pas le droit de franchir ; d’autres femmes, en hélicoptère, des femmes encore qui vivent dans une base secrète.  Tandis que pour Eve la vie se déroule sans problèmes entre les airs de guitare de l’Homme et les chamailleries avec ses " soeurs ", il n’en est pas de même dans les terres extérieures. Ce qui est norme et habitude pour Eve est une exception dans ce monde.
    La société ancienne a disparu avec presque tous les hommes,  dans la terrible conflagration nucléaire qui a ravagé toute la planète.  Les hommes  survivants ayant perdu leur pouvoir procréateur, un collectif de savants, regroupés autour d’Hélènel’épouse du savant Reboul,  a pris en mains les destinées de l’humanité:
    " Les collines boisées où s’abritait la maison de Reboul s’étaient trouvées en dehors des zones détruites et contaminées. Le message de Reboul, radiodiffusé par tous les émetteurs intacts, avait réussi à rallier ce qui restait de grands savants. Ceux-ci, par une juste représentation des dangers présents et à venir engendrés par vingt-quatre heures de guerre atomique à outrance, étaient parvenus à mettre fin à ce déchaînement d’absurdité. Tous avaient suffisamment collaborés avec les forces armées de leur pays respectifs pour savoir à qui parler. Les quelques récalcitrants avaient été calmés par la force, et sur la planète meurtrie, à jamais défigurée, le Praesidium des savants avait établi son pouvoir, sous la haute direction de jean Reboul. Ainsi avait commencé le règne d’Hélène (...)
    Nous tous, les survivants de la Grande catastrophe, nous étions un peu comme des naufragés sur une île au sol incertain, promis aux convulsions, aux séismes et aux raz-de-marée. Ce n’était que par une organisation méticuleuse de toutes nos aptitudes et ressources que nous pouvions espérer traverser, dépasser même le temps des tempêtes.
    Les quelques mâles actifs étaient employés au maximum ; les femmes non sélectionnées pour la reproduction constituaient la masse ouvrière. Ce qui n’empêchait point de leur faire procréer des doubles par parthénogenèse ; il fallait ne négliger aucune possibilité, le nombre des naissances était en régression permanente et croissante»
    Les femmes ont constitué une sorte de société utopique scientifique dans laquelle les enfants - tous du genre féminin - crées par parthénogenèse, sont conditionnés à l’aide de pilules chimiques, pour accomplir avec plaisir des tâches spécifiques: on y trouve les " Maternelles " qui s’occupent des accouchements, les " Organisatrices " qui planifient la structure sociale, les " Techniciennes ", sortes de prolétaires du régime:
    " Alors Stéphanie a soupiré: Tous ces gens dont tu parles, je ne peux plus les comprendre. Je ne vois dans ce que tu appelles bonheur, qu’une satisfaction animale. Si le mot existait encore, il ne pourrait signifier pour nous que sens de l’utilité, exaltation de faire partie d’une machinerie parfaitement réglée, dont rien ne peut troubler le fonctionnement. Oui, les créatures que tu as vues hier sont heureuses, crois-moi. Les plaisirs animaux qui donnaient le bonheur à Anna, elles n’en ont plus besoin. Une boîte de pilules leur ouvre encore plus sûrement les portes de l’extase que la gymnastique copulante pratiquée avec l’Homme, ou ses simulacres.(...)
    Les Organisatrices ont crée une Société dans laquelle chaque individu a sa valeur et la conserve. Il n’y a pas d’épaves, pas de déchets. Personne ne peut se sentir sacrifié, inférieur. (...) Les villages constituent une survivance regrettable qui ne durera plus très longtemps. "
    Les villages sont les lieux protégés de cet étrange univers post-cataclysmique, puisque au-delà des dernières terres habitées rôdent des monstres sans nom,  des mutants meurtriers.
    Eve découvre cette vérité progressivement, son insouciance se transformant en quête constante de savoir. Toujours protégée par Sébastien, fils d’Hélène, l’un des derniers leaders, elle transgresse tous les interdits, explore les environs du village, les fermes abandonnées, en solitaire :
    " Je ne sais combien de temps je suis restée immobile, figée par la peur. La vie se retirait de moi. Peut-être, après tout, suis-je morte ce matin-là d’avoir découvert que, seule, je n’étais qu’une ombre parmi les ombres, que mon sort n’était concevable que lié à celui des autres vivants, si étrangers qu’ils me parussent. "
    Elle fait aussi la connaissance de Stéphanie, une "Organisatrice " qui lui montre la réalité, celle d’un monde où les rares hommes qui restent ne sont que des étalons chargés de féconder quelques rares femmes " normales " dans ces lieux archaïques que constituent les villages. Alors, Eve se rebelle. Intelligente et sensible, elle prendra de plus en plus d’indépendance à l’égard du village et d’Anna. Lorsque Sébastien disparaît de sa vie - en se réservant la jeune fille pour plus tard-, Eve occupe sa demeure. Malgré le tassement technologique universel, il semble subsister des pôles d’excellence dont ferait partie l’exploration de l’espace. Sébastien avait rejoint ceux qui s’entraînent à un départ vers Mars. Eve l’attend longtemps. Lorsque il revient, elle apprendra de sa bouche l’horrible vérité: les Organisatrices, convaincues du cul de sac évolutif de leur société parthénogénétique, ont décidé de faire sauter tous les lieux où subsistait encore de la technologie avancée :
    " Rien n’avait fait prévoir la catastrophe. Brusquement tout avait sauté. Tous les centres, toutes les usines, toutes les cités, toutes les agglomérations, tous les lieux habités, où qu’ils fussent situés, avaient été anéantis en même temps. Les Nouvelles (comme elles s’étaient dénommées) avaient mis au point une méthode de destruction utilisant les réseaux de transmission d’énergie. Tout l’édifice de la civilisation s’était effondré sur ses habitants. "
    Les explosions ont déclenché un raz-de-marée et de nombreuses régions seront englouties sous les eaux.  En compagnie de Sébastien, d’Anna, de l’Homme et de quelques enfants, Eve abandonne le village. Se dirigeant vers l’intérieur des terres (région qui ressemble à la Provence), marchant de repères en repères, Eve recherche un endroit où la vie soit encore possible. En remontant vers Paris, elle se rend à l’évidence: il ne reste nulle part où aller, sinon de retourner au village:
    " La poussière brune changeait de visage sous mes yeux, révélant les ruines qu’elle masquait: les bribes de murs, les parois calcinées, les entassements de débris. Et sous les ruines, sous la poussière, les morts. La poussière ultime. (...)
    La première bombe était tombée sur Paris, sur la Tour Eiffel exactement; par hasard, ou parce qu’elle était si facile à repérer, dans sa boucle de la Seine. "
    En une sorte de voyage initiatique à rebours, où se mêlent l’onirique et le réel, le petit groupe décide de revenir au point de départ. Eve frôle les monstres:
    " Je ne sais si j’ai rêvé la suite, ou si je l’ai vraiment vécue; si je me suis trouvée tout à coup au milieu d’un tourbillon de formes aux faces grimaçantes qui cherchaient à me saisir entre leurs moignons atrophiés. Une odeur fade, écoeurante, de pourriture faisait monter en moi la nausée. Leurs yeux, luisants entre des paupières gonflées et suppurantes, guettaient chacun de mes gestes. (...) Un gémissement continu montait des ténèbres, puis des cris aigus, des sanglots. Une intolérable souffrance s’exhalait dans la nuit. Je sentis mon souffle se précipiter; les cris se faisaient plus lointains; les visages, les moignons s’estompaient. Je tombai comme une masse au fond d’un puits d’inconscience. "
    Sébastien, de plus en plus lointain, se détache finalement du groupe. Il veut voir ailleurs ce qui subsisterait encore. Eve sait maintenant que son rôle sera de diriger les destinées de la petite communauté d’enfants, et, avec l’Homme - devenu l’Adam primitif - d’envisager une nouvelle vie, une nouvelle société édifiée sur de nouvelles bases.
    Un récit cohérent, dense, sensible et original qui renouvelle quelques-uns des vieux thèmes hantant le roman -catastrophe: mutations radioactives, société dystopique, stérilité masculine, dangers du nucléaire, etc. L’empreinte de l’oeuvre d’Anne-Marie Soulac vaut surtout par la forme. Par le biais d’un roman à la première personne, en monologue intérieur, la romancière, appartenant au courant de la littérature générale, avec sa sensibilité féminine, s’essaye dans la veine littéraire de la science-fiction. Sans que jamais l’introspection ne soit pesante, elle rend crédible son héroïne et vraisemblable la destruction d’une société arrivée à bout de souffle, apportant en ce domaine l’originalité d’un style typiquement issu du roman psychologique à la française.

  7. Type: livre Thème: menaces végétales Auteur: M.A. RAYJEAN Parution: 1960
    Joe Maubry, reporter de télévision, est mis en selle par son patron, Robeson, pour s’occuper de l’affaire de la «mandragore», à Carson-City. Accompagné par la délicieuse Joan, à la fois son amie de cœur et sa concurrente dans la presse écrite, ils feront connaissance avec « Mandrogoras », racine à forme humaine, jaillie d’une terre légèrement radioactive , et qui est douée de mobilité, ce qui est prodigieux.
    Les barrières de sécurité en place écartent les curieux mais permettent au professeur Golson de prendre en toute sécurité des échantillon de «sève rouge comme du sang» pour analyse. Joé, futé, s’est également pourvu en échantillon afin de mettre son ami biologiste marc Kander dans le coup. Quelques jours plus tard éclate une nouvelle bombe : Golson a disparu. On le retrouvera en plein désert, en un lieu proche de Mandragoras, physiquement en voie de transformation, prêt à s’enraciner :
    « Le botaniste râlait maintenant, en se roulant sur le sol, en proie à de terribles convulsions. Ses yeux lui sortaient des orbites et son visage se couvrait de larges plaques rougeâtres. On devinait que son organisme résistait de toutes ses forces à l’invasion des homuncules. (…) Dans un terrible effort de volonté, il se redressa. Mais ses pieds semblaient rivés au sol. Quand il voulut faire un pas en avant, ses jambes ne lui obéirent plus. Il s’affaissa sur place en gémissant, le corps couvert de sueur, de poussière, de sang. Il saisit alors à deux mains sa jambe droite et tira de toutes ses forces. Son pied resta cloué à la terre. Il comprit alors que des fibres scléreuses l’attachaient définitivement au sable.»
    Golson, déjà perdu explique l’ampleur du problème qui risque de frapper l’humanité, constat confirmé par Kander. La sève de la mandragore charrie un sang composé d’homuncules, globules de forme humaine et de couleur rouge, dont l’unique but est d’envahir l’organisme humain pour se reproduire et transformer leur support en végétal. Baptisé «Humunculus H4», l’épidémie sera extrêmement violente, les homuncules ayant la propriété, en dissolvant la peau par un acide, de s’introduire dans le corps humain par les pores. Cette transformation rapide inquiète le couple Joan et Joe, surtout lorsqu’ils auront constaté que leur ami Marc est déjà infecté et qu’eux-mêmes, dans leurs corps, commencent à subir l’influences des homuncules.
    Pourtant Kander est sur une piste. Il a localisé les homuncules, les a soumis à un appareil grossissant,  faisant d’un cobaye microbien un gnome captif et parlant. Kander disparaîtra lui aussi se cachant dans un motel, épouvanté par l’irrésistible pulsion qui le pousse à s’enraciner. Pendant ce temps Joe interroge l’ennemi, vaguement télépathe, qu’il a baptisé «Ruth». Celui-ci ne se fait pas prier pour lui annoncer que le règne de l’humanité s’achève et que celui de Mandragoras commence, qui est de transformer l’homme en végétal à son image.
    Après quelques péripéties annexes durant lesquelles le couple rattrape Ruth qui s’était échappé par les égouts de l’hôpital, ils entrevoient, sur les ultimes indications laissées par Kander, une solution au problème, soit créer un vaccin (ou un sérum) pour affaiblir progressivement l’homuncule. Les résultats dépassent toute espérance : dans le sang de Ruth naissent de nouveaux homuncules, différents du premier, de couleur blanche. Joe baptisera l’un d’eux «Scléro ». Celui-ci,  agrandi à son tour, confirmera à Joé que lui et Ruth sont des ennemis irréductibles et qu’il est fort capable, avec son acide,  de «dissoudre le Rouge» (admirons le symbolisme au passage !) Aussitôt dit, aussitôt fait. Après avoir traité leur ami Kander au sérum « Scléro », ils se l’injectent à leur tour. L’ «Invasion H» échouera. Mandragoras est carbonisé ainsi que les malheureux déjà transformés et Joe/Joan auront un beau sujet à traiter.
    Ce roman n’est pas sans rappeler celui, paru dans la même série, la « Folie verte », auquel l’auteur fait explicitement référence dans le livre même. Le récit est basé sur le mythe fantastique de la mandragore, racine magique à forme humaine, née au pied d’une potence de la semence d’un pendu, capable du pire comme du meilleur. Détournant ce thème pour l’adapter à la science-fiction, comme l’avait déjà fait auparavant le grand ancêtre Matheson dans « Je suis une légende », M.A. Rayjean commet un roman lisible mais sans grande originalité.


  8. Type: livre Thème: invasions extraterrestres, menaces climatiques Auteur: F. RICHARD-BESSIERE Parution: 1959
    Harry Scott, narrateur de SF réputé, fait une curieuse rencontre, celle de William Brent, un individu porteur d’un cristal , qui le force à le conduire à l’hôpital du Dr. Price, en service de neurologie. Puis, Brent lui abandonne sa pierre de cristal. L’individu sort rapidement de l’esprit de Scott qui a d’autres chats à fouetter. Notamment de mettre la touche finale à son dernier roman « Commandos pour Altaïr ». D’ailleurs les idées affluant de façon extraordinaire et avec une facilité déconcertante,  il termine son ouvrage.
    C’est quand il est convoqué par le F.B.I en la personne du colonel Hendrix que tout se complique. Celui-ci veut savoir comment Scott a pu décrire dans son roman, avec une telle exactitude, le mécanisme de l’anti-gravitation sur lequel travaillent sans succès, et depuis longtemps, une pléiade de savants. D’autres troublantes rencontres accentuent le malaise de Scott : des agents délégués de tous les pays lui font un pont d’or pour ces mêmes informations.
    Afin d’en avoir le cœur net et soupçonnant le cristal de jouer un rôle dans cette affaire, il contacte son ami, le professeur Stuart Hawkins. Peu après, un troisième personnage mystérieux, une jeune fille nommée Mira, enlève les deux amis à bord d’un engin extraordinaire et les entraîne en une cité située dans l’île de Kambora, en plein océan. Parallèlement, le climat terrestre se dégrade, des tempêtes, de la neige, des pluies incessantes affectant toutes les régions émergées de la Terre :
    « En fin de journée, on devait annoncer qu’un violent raz de marée avait dévasté les côtes de la Floride tandis que de gigantesques tempêtes étaient signalées dans l’Atlantique. Des orages d’une puissance extraordinaire se manifestaient en Europe, en Allemagne principalement, mais on prévoyait une accalmie pour le lendemain. »
    A Kambora, ils pourront apercevoir, grâce à un téléviseur spécial à ondes hertziennes rémanentes, les vestiges d’une civilisation passée, engloutie lors d’un déluge universel. Pourtant Hawkins et Scott sont bel et bien prisonniers dans cette île, en un lieu sauvage hanté par des créatures insensées, tels que cette femme-féline, ou cet homme-qui-rit, ou ce géant triste, ou encore cet homme-vampire, tout aussi prisonniers qu’eux, semble-t-il. Ils apprendront ultérieurement qu’ils se trouvent dans « le jardin des erreurs»,  de la bouche du véritable chef de Kambora, l’extraterrestre Vikroz, un être en provenance d’Aldébaran qui, depuis longtemps, s’était installé sur Terre. C’est lui qui, muni du cristal et avec ses connaissances avancées en génétique et en biologie a développé une race humaine synthétique, des androïdes, possédant une espérance de vie démesurée de plus de mille ans, destinés à remplacer l’espèce humaine traditionnelle, jugée trop brouillonne et trop remuante par Vikroz.
    Malgré quelques tâtonnements au départ, des androïdes ratés qu’il a relégués au jardin des erreurs, sa race arrive à maturité. Elle scellera le sort de l’humanité.  Vikroz, a scellé celui des ressortissants de sa race installés sur terre avant lui. En provoquant un déluge universel, dont les désordres climatiques actuels sont les prémisses, il fera place nette sur terre pour ses créatures,  qui seraient déjà opérationnelles dans de nombreuses autres bases sous-marines. S’il tergiverse encore, c’est parce que William Brent, un raté du jardin des erreurs, s’était échappé de la cité en volant le cristal dont Vikroz a un besoin urgent. Entre-temps la synthonisation de cet objet avec l’esprit de Scott l’oblige à prendre le romancier en considération puisque une bactérie maligne fait périr ses androïdes. Seul le cristal, et par conséquent Scott, pourraient y remédier, sous son impulsion.
    La situation déjà délicate pour Vikroz se détériore encore plus lorsque s’y ajoute un élément inattendu en la personne de Mira, tombée amoureuse de Scott. Elle s’arrangera pour libérer les Terriens du jardin des erreurs, envoyant deux de ses compagnons et complices faire sauter la cheminée d’évacuation  volcanique de l’île de Kambora.
    Alors que Vikroz succombe déchiqueté par les griffes de l’homme-vampire, nos amis s’échappent  de la cité maudite. La fin s’annonce prometteuse puisque le déluge sera remis à plus tard, les androïdes décimées par la bactérie tueuse, sauf Mira évidemment qui, en fin de compte, était une humaine enlevée jadis par Vikroz qui manquait d’éléments femelles. Acclamés par les leurs, Harry Scott et Stuart Hawkins recevront tous les honneurs avec, en prime pour le romancier, le cœur (et le corps) de Mira. Quel bonheur !
    Toujours dans la veine des pulps, « Réaction Déluge » ne décevra pas les auteurs adolescents de la collection «Anticipation »,  qui y retrouveront leurs thèmes favoris.

  9. Type: livre Thème: après la Bombe... Auteur: Carol EMSHWILLER Parution: 1959
    Ben et Myra nous font entrevoir ce que peut être, au quotidien, la vie dans une Amérique d’après la guerre nucléaire. Chauves tous les deux, se nourrissant de bouillies, ils tentent de vivre une existence normale, en compagnie de leur petit enfant de trois ans, Gaminou, au comportement et à l’allure très étrange, agressif sous une abondante chevelure qui lui descend jusqu’aux reins.
    Myra souhaiterait, comme jadis, passer une journée à la mer malgré le danger de rencontres hostiles. Finalement Ben cède. Calculant soigneusement les litres d’essence nécessaires, empruntant une route maintenant déserte, n’oubliant surtout pas d’emporter sa grosse clé anglaise en guise d’arme, la famille prend le départ. La journée est délicieuse, la mer sans mémoire. Le soir pourtant, trois individus décident de les agresser. Ben se défend et tue l’un d’entre eux. Les deux autres, des jeunes, prennent la fuite. Pendant que Gaminou s’amuse avec le cadavre, Ben rassemble ses affaires et tout le monde reprend le chemin du retour.
    En somme, une journée banale en des temps perturbées, contée sur le mode intimiste.

  10. Type: livre Thème: fins du monde, fins de l’humanité Auteur: Max André RAYJEAN Parution: 1959
    Deux hommes et une femme se réveillent dans une grotte des hauteurs himalayennes après un sommeil cataleptique. Des changements immenses sont survenus durant leur sommeil.
    La terre, prise de convulsions, a bousculé ses continents, étendu ses mers et océans, s’est débarrassée de toute créature humaine et végétale. Elle est passée de l’ère quaternaire à l’ère cinquième. Aujourd’hui, le paysage qui se révèle devant Hallon , Nicholson et Jane à la sortie de leur grotte est entièrement minéral, soit une grève sauvage battue par des vents de tempête et une mer infinie qui s’étale en rouleaux glauques devant leurs yeux.
    Subsistant chichement sur les quelques réserves d’avant la catastrophe, ils s’interrogent sur leur avenir lorsqu’ils font connaissance avec la forme de vie dominante de l’ère cinquième, soit d’immenses organismes unicellulaires pensants capables de s’élever dans les airs grâce à leurs vacuoles, et qu’ils baptisent du nom de  " mollutors ".
    Trois mollutors, Yeres, Xiris et Atoum, entrent en contact télépathique avec les humains et, rassurés sur leurs intentions pacifiques, les adoptent. Ils leur servent de monture pour explorer leur nouvel univers, notamment pour traverser un immense océan, en direction  d’un autre continent :
    " Un continent ! Un continent immense, gigantesque, qui, si on se trouvait vraiment sur la terre, occupait toute l’ancienne fosse du Pacifique. Un continent cassé, tourmenté, craquelé, ravagé, sans la moindre végétation. Encore du granit, de porphyre, du gneiss, un peu de schiste. Des fumerolles, vomies par des failles profondes. Des pics déchiquetés, tordus, acérés. Mais pas d’arbre. Quelques mousses, quelques lichens, sans plus, mettaient des taches sombres sur ce sol lunaire. "
    Là, ils rencontrent une autre race de mollutors à la peau plus foncée. Ceux-ci leur sont hostiles car ils connaissent l’histoire des hommes et leur propension à dominer la planète. Yeres, Xiris et Atoum ayant été obligés d’abandonner les humains, les trois terriens sont attaqués par les mollutors à peau foncée  à coup de gaz cyanhydrique  que ces derniers accumulent dans leurs vacuoles.
    Est-ce la fin pour nos héros ?  Non ! Ils sont sauvés par une fusée en provenance de Vénus où quelques couples d’une ancienne colonie terrienne ont pu survivre en échappant à la catastrophe. En partance pour Vénus, les rescapés se jurent de revenir sur terre pour la reconquérir.
    Un roman dans lequel la psychologie sommaire des personnages est heureusement supplantée par la description d’un univers sauvage, minéral, radicalement étranger à l’homme ainsi que par l’invention des étranges " mollutors "