Bienvenue dans la Base de Données des livres !
Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !
Livres
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Homo Potens - Par BenF
Julien, chef de la CER (Calculs-Etudes-Rationalisation) fait grise mine quand sa femme Isabelle accouche d’un monstre atteint d’agranulocytose, un manque de cellules dans la moelle épinière :
« L’innommable chose qui gisait entre les draps avait cinq jours. Jamais on n’avait vu un bébé comme David. La face dessinait une espèce de triangle. Un front gigantesque, démesuré l’envahissait aux trois quarts. La peau en était tendue, fine mais terne, d’un gris très sale évoquant la souris mais certes nulle peau humaine. Ce front saillant surplombait directement des yeux minuscules et sombres, sans éclat. (…) Le menton aigu fuyait en retrait, dessinant la pointe acérée du triangle ; dessous se devinait sous le bavoir un cou grêle de poulet plumé. »
Selon le professeur qui a accouché Isabelle, partout dans le monde, naissent des enfants déformés. Pour Ambroise, le Philosophe, père de la jeune Edith et ami de Julien, bien que l’origine de la malformation restât énigmatique, elle signe indéniablement l’émergence d’un être nouveau et une ère de déclin pour Homo Sapiens. Ce nouvel être, baptisé Homo Potens, le remplacera. En attendant, le fils de Julien s’appellera David et sera élevé en compagnie d’Edith.
Partout, de par le monde, l’angoisse monte chez les femmes. Des névrosées, des désaxées, des débauchées, des femmes stérilisées et pour finir des femmes suicidées, constituent les prémisses de la fin.
Homo Potens qui ne survit qu’en petit nombre, souffre d’apathie et d’un manque total d’empathie. Ambroise prophétise qu’Homo Potens – un pur cerveau- deviendra l’être parfait, rationnel et froid qui permettra à une nouvelle humanité de progresser. Pourtant, le tableau clinique n’est pas réjouissant : David porte une tête énorme, des membres de gringalet, ne manifeste ni gaîté, ni émotion, ni tristesse. Il s’affole au moindre courant d’air, la plus petite douleur physique le fait hurler.
En grandissant, il révèle encore plus son originalité ; il ne joue pas, manifeste une suprême indifférence à toutes les situations, connaît d’avance la réponse à tous les problèmes, répond à toutes les questions. Il se conduit comme si la culture humaine était innée en lui. Célébrés à l’égal des dieux par les autres humains, les Potens montrent aussi de surprenantes faiblesses car ils sont incapables de la moindre initiative, sans aucune motivation ils n’agissent que sur demande.
David, vue son infaillibilité, trouvera place au CER, auprès de son père. Tout naturellement les Potens ont pris les leviers de commande, puisque les Sapiens se raréfient et sont peu fiables. L’infrastructure des villes se modifie, l’économie se rationalise, les guerres entre les peuples disparaissent. L’atome règne sans partage au plan énergétique.
Les entrevues régulières d’Ambroise et de Julien mettent en avant les insuffisances de ce progrès car faute de motivation, l’exploration spatiale a pris fin. L’humanité semble stagner. Les femmes ne se remettent pas de leur déchéance : Isabelle se drogue à la « suggestine » qui abolit la mémoire. De son côté, Edith se livre à des expériences sentimentales sur David pas franchement concluantes.
Un soir, David veillant au CER, on lui annonce qu’un super-tanker atomique dont l’automation a été rompue, menace le port de Marseille et au-delà, la France entière, d’une désintégration en chaîne. Il est le seul en mesure d’arrêter le désastre. En un délai extrêmement court, il devra se rendre en voiture à Marseille, conduit par Edith.
Il n’y arrivera jamais puisqu’en cours de route, Edith se livre sur lui à une approche sexuelle ce qui trouble David à un point tel qu’il tombe en catatonie, entraînant avec lui tous ses frères de race auxquels il est lié par télépathie :
« David gisait crucifié. Parfaitement immobile. Mort, sans doute, pensa Edith. (…) les orbites du Potens n’avaient jamais été si grandes, mais elles brillaient de l’éclat blanc nacré des yeux révulsés, sans regard. Des yeux de porcelaine. Le reste des traits se perdait dans les traînées de boue brune (…) La bouche était un rictus saisi dans sa torsion, bloqué dans une grimace de souffrance. »
En retournant vers Paris avec David, Edith apprend de Julien qu’un plan du dernier secours vient de se déclencher : une caravane de camions puissamment blindés se porteraient à leur rencontre et ensemble, ils tenteraient de gagner un abri sûr prévu de longue date, dans les Alpes.L’explosion de Marseille détruit progressivement tous les centres urbains, et toute vie organisée, en se propageant vers le nord :
« Paris sera atteint au plus tard à dix sept heures. L’orage magnétique détraquera toutes les commandes sur son passage à peu près aux mêmes heures. Chaque centre industriel sera détruit, projettera un nouveau nuage radioactif et un nouvel orage. Tout ira très vite (…) Il y a, vous le savez, quatre dangers majeurs : les retombées de toutes sortes, la chaleur, le sol pollué, et les explosions. »
La caravane, qui génère un tunnel protecteur électromagnétique, observe autour d’elle les effets de la déflagration universelle. Le monde extérieur s’est transformé en un enfer radioactif tandis que David meurt en se liquéfiant littéralement
« En une seconde, David s’offrit nu. C’était une saucisse translucide ; on évoquait aussitôt par contraste, son étonnante maigreur d’autrefois. Le liquide avait tout envahi, effacé formes et plis, creusant seulement aux aisselles, aux aines et aux coudes, de très profonds sillons où les peaux rapprochées avaient macéré. Le même jus que des lèvres éclatées en suintait, avec par endroits, des reflets moirés ou verdâtres. L’odeur s ‘était répandue, tout à coup renforcée ; elle devint à la fois écoeurante et piquante. Julien chercha les mains, les pieds : quatre moignons informes qui collaient aux draps, quatre cachets de cire glauque qui scellaient au lit le corps défait de David. »
Les camions atteignent leur but, un abri blindé sous une montagne, alimenté en eau par une retenue naturelle. Avant d’y pénétrer, les rescapés de l’atome doivent se soumettre au rituel strict de la décontamination. A l’intérieur, la vie a été réglementée selon la logique des Potens.
Ambroise, analysant les événements, constate la faillite du machinisme et défie l’autorité de Dix-Sept, le Directeur de l’abri. Au bout de peu de temps, deux factions naissent, les Bleus, qui espèrent sortir rapidement à l’air libre où une pluie continuelle ravage les terres et les Rouges qui souhaitent rester en sécurité à l’intérieur de l’abri malgré la menace que ferait peser sur eux une rupture du barrage.
Un berger, qui a survécu dans ses montagnes, se présentant aux portes extérieures, annonce à Dix-Sept que la vie est redevenue possible à l’air libre. Julien s‘est porté volontaire avec son groupe pour vérifier les dires de l’homme et laisse Ambroise seul face à Dix-Sept. Les deux mentors entrent en lutte ouverte. Dix-Sept, qui menace de faire sauter l’abri, sera tué par Ambroise ce qui permettra aux quelques Homo Sapiens survivants de rejoindre Julien.
Un roman peu courant qui montre des qualités d’imagination, un sens de l’intrigue et des rebondissements, gâché, hélas ! par une logorrhée moralisatrice et métaphysique continuelle, portant sur le rôle du machinisme et la malveillance de la technologie.
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Le Dernier Fumeur - Par BenF
Cette société d’un futur proche ressemble à celle du «Meilleur des mondes » de Huxley. Aseptisée, pure, asexuée, androgyne. Les enfants y sont élevés dans l’aversion, dans la honte de la souillure et de la tache.
Depuis les lois de Georges Bush III, la plus stricte sévérité est appliquée aux derniers délinquants que sont les fumeurs ou les érotomanes. Ainsi, faire l’amour ou fumer sont des activités totalement illicites et le dernier fumeur l’apprendra à ses dépens puisqu’il sera tué et émasculé par une bande de zonards. Car la bête ne demande qu’à relever la tête dès que se présente la moindre faille.
C’est dans cet univers, issu de la troisième guerre mondiale (nucléaire), où les survivants vivent sous cloche transparente, que prend place l’enquête du détective Lönnrot envers le meurtrier Scharlach sans que cela ajoute un zeste d’intérêt à une nouvelle, certes bien écrite, mais aussi bien conventionnelle.
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Armalite 16 - Par BenF
Vol.01 : Marseil, Humanoïdes associés éd., 1983, 1 vol. broché, in-quarto, 72 pl. couleurs, BD d’expression française
1 ère parution : 1979
Le premier chapitre, séparé de son contexte, conte les retrouvailles d’Algues avec Thomas, son père, dans la joie des veillées où l’on se rappelle le temps d’autrefois :
« Tu chantais la chanson du passé
Qui parle d’autoroutes
Et de voitures automobiles
Tu chantais la chanson du passé
Alors j’ai eu envie
De pleurer. »
Dans « Marseil », « Seule » vit avec Joël dans la gare désaffectée de St Rambert, près du Rhône, se méfiant des "Volants" (avions à réaction) de la base voisine. Elle rencontre le déserteur Serge et s’inquiète pour Joël, parti visiter l’un de ces engins abîmés au sol. A juste titre d’ailleurs, puisque Joël, repéré par des cavaliers, est abattu dans une tentative de fuite. Elle se promet de le venger en rejoignant les rangs de la résistance.
A Marseil, devenue cité indépendante, dans le chaos des rues, les résistants doivent rencontrer en toute discrétion le Gouverneur pour un arrangement. Tandis que Serge et Milou approchent de l‘Opéra Municipal transformé en palais, Hélène prend position sur les toits pour les couvrir. C’est Chloé, la propre fille du Gouverneur qui les mène à son père. La Sécurité militaire, ayant eu vent de la tractation, surveille les abords et repère les résistants. Ceux-ci s’enfuient non sans avoir compris que le Gouverneur, qui sollicitait une trêve avec les montagnards, ne pourra rien pour eux, prisonnier lui aussi de la Sécurité Militaire menée par Reboul. Le piège se referme sur un pont au-dessus de la Durance où, toujours couvert par Hélène, Serge et Milou tentent d’intercepter un convoi d’armes qui seraient utiles à ceux des « Terres Extérieures ». Reboul ferme le piège. Milou, ainsi que Hélène, seront tués. « Seule », arrivée en retard profitera d’un moment de faiblesse du militaire, qui la laissera rejoindre sa montagne.
Vol. 02 : Armalite 16, Humanoïdes associés, 1980, 1 vol. cartonné, 54 pl. couleurs, BD d’expression française
1 ère parution : 1980
«Seule» est une jeune femme farouche, vivant isolée, comme son nom l’indique, dans une ferme de haute montagne., près de son village natal. Oublieuse d’un passé de guerre qui a transformé le monde, notamment Marseille (orthographié « Marseil ») et son arrière région, Seule s’est réfugiée dans le silence d’une nature renaissante. Mais le monde revient à elle sous la forme d’un déserteur, Serge Garnier. Fuyant ceux de la milice dont il faisait partie, blessé au pied, il se réfugie dans la montagne et sera témoin de la tentative de viol endurée par Seule.
Elle aussi, revenue pour un jour au village où habite encore sa mère, la jeune femme, bien que de taille à se défendre, est en proie aux moqueries haineuses de trois jeunes gens, qu’elle connaît bien, mais qui ne lui pardonnent pas d’être née de père inconnu. Sur le retour, l’un d’eux, Nathan, tente de la violer avec la complicité des deux autres. Mal lui en prend puisqu’il sera grièvement blessé par Serge. Plus tard, Seule aperçoit des traces sanglantes laissées par son sauveur. Alors que la première neige se manifeste, elle part à sa recherche...
Vol. 03 : Lune blanche, Humanoïdes associés, 1981, 1 vol. broché, 62 pl. couleurs, BD d’expression française
1 ère parution : 1981
L’hiver s’est installé dans la montagne. Au village, les «hommes en vert » recherchent sans relâche mais sans succès le déserteur Serge Garnier. Ils envisagent de se replier sur « Grenob » malgré les chutes de neige abondantes bloquant les cols. Hélène recherche elle aussi le déserteur. S’entretenant dans la neige avec Jean et Pierre venus s’excuser de leur conduite, elle retrouve Serge, toujours blessé et l’emmène chez elle pour le soigner.
Au col, le bruit des moteurs déclenche une avalanche qui entraîne les camions militaires dans le ravin. Seuls s’en sortent le lieutenant Grimaud et le soldat Reboul. Ils reviennent au village prendre leurs assises auprès de Fauque le rebouteux qui, ayant soigné Nathan, est cependant prêt à le trahir.
Dans la montagne, Serge coule des jours heureux avec Hélène. Mais le soir où Thomas le violoneux vint jouer au village, Reboul surprend les paroles de Pierre et de Jean qui se proposent d’avertir Hélène du danger qu’elle court. Il en réfère au lieutenant Grimaud qui se met aussitôt en chasse. Grimaud sera tué par Hélène lors de sa rencontre décisive avec Garnier. Le matin, la « Mère », qui a donné l’hospitalité à Pierre et à Jean, aperçoit de loin, la ferme d’Hélène en feu. Elle sait que sa fille a pris le maquis avec Serge.
Vol. 04 : Dorianne, Humanoïdes associés éd, 1980, 1 vol. broché, 63 pl. couleurs, BD d’expression française
1 ère parution : 1985
Jean se retrouve avec Serge et Hélène dans la montagne, toujours décidés à se joindre aux forces rebelles qui luttent contre « les hommes en vert » et, dans ce but, redescendre dans la vallée pour prendre contact avec Dorianne dans son auberge.
A l’auberge, Dorianne leur révèle le nom de leur correspondant, un certain Hug, lorsque se fait entendre la moto du lieutenant Gomez. Celui-ci entre dans la salle, interpelle Serge qui a perdu sa plaque d’identité militaire. Dans la confusion, Dorianne s’enfuit tandis que Serge et Jean sont embarqués dans un véhicule militaire à destination de « Grenob ».
Dorianne, revenant prendre son arc et ses flèches à l’auberge dévastée, rejoint Hélène. Les deux femmes suivent à la trace les prisonniers par des raccourcis de montagne, attendant le moment favorable pour les délivrer. Celui-ci se présente lorsque la troupe mécanisée ralentit pour franchir un passage rocheux particulièrement étroit. Dorianne, avec ses flèches, blesse Gomez et tue de nombreux soldats, mais les fuyards sont repris. Alors qu’à Grenob, Reboul est chargé d’infiltrer le maquis dans le Vercors, Hélène et Dorianne se sont intégrées au groupe du vieux Thomas dans sa lutte contre les soldats pillards du Haut Devoluy.
Vol. 05 : Infernets, Humanoïdes associés, 1987, 1 vol. cartonné, in-quarto, npag. noir et blanc et couleurs, BD d’expression française
1 ère parution : 1987
Au refuge des Infernets, ils se retrouvent tous, Thomas et sa fille Algues, Dorianne, Hélène et les autres.Même Reboul sous le nom d’Agnel y est présent, prêt à apprendre toujours plus sur ces rebelles écologistes. Les journées s’y déroulent dans la paix et dans la beauté de la nature. Les soirées calmes se font en compagnie de Casi et Hugot, montés depuis la vallée, et qui en pincent pour Hélène.
Pourtant le 23 septembre est une date particulière. Ce jour-là, Agnel, soupçonné par Thomas, disparaît de la communauté pour faire son rapport en haut lieu. Ce jour-là, le soldat Serge Garnier s’évade du camp de prisonniers de Lyon-Granbase, qui appartient aux « Forces Internationalistes », grâce à l’aide du soldat Gomez repentant, pour se réfugier dans les montagnes.
« Armalite 16 » est une série irritante et embrouillée. «Marseil », paru en premier, déclenchera en l’auteur l’envie d’approfondir les relations entre ses personnages et de raconter leur vécu d’avant cet épisode. Le contexte post-cataclysmique est plus ou moins effacé par le message écologiste mettant en scène une société de pasteurs montagnards. Le scénario, souvent elliptique comme le dessin, brouille les pistes. Au lecteur de remplir les pointillés!
En conclusion, un récit énigmatique servi par un coup de crayon magnifique et des couleurs splendides exaltant une nature sauvage et somptueuse. « Lune blanche » est, à cet égard, l’épisode le plus abouti.
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Hurleville - Par BenF
"Les maisons de Chantilly avaient perdu leurs toits, mais pas leurs murs: ils tenaient debout dans un bain de glace. Quelques dizaines de corps autrefois humains montaient la garde dans leurs propriétés assis sur des rocking-chairs ou couchés sur des lits funèbres dont chaque détail était intact sauf la flamme des cierges. Les rideaux des fenêtres, les girouettes des cheminées, et même un chat gris sur un toit de la rue Paul-Bert, la ville était toute prise dans cette nuit solide, la neige tassée et retassée par d’innombrables hivers. Cinquante mètres au-dessus des girouettes commençaient les grandes platées mouvantes de la neige fraîche: à la surface cela volait dans tous les sens sous un blizzard exaspéré, toujours le même, qui venait de Compiègne. "
" Hurleville ", c’est Paris, pris insensiblement dans l’étau du froid lors de l’avancée lente d’un glacier. C’est "Hurleville", parce que les loups sont de retour et que les sentiments de ceux qui restent dans la ville sont exacerbés. Les habitants de Paris ne sont plus très nombreux puisque l’émigration vers un Sud épargné par les glaces se fait de plus en plus pressante. Il reste un noyau d’inconditionnels qui préfère mourir plutôt que de quitter la ville moribonde. Ils affrontent d’ailleurs ceux qui veulent partir, de manière feutrée d’abord puis beaucoup plus violemment.
Le roman est de type unanimiste: une pléiade de personnages surgissent puis disparaissent gommés par l’intrigue. Quelques figures marquantes s’en détachent, comme celle du Docteur Vincent qui n’est pas un extrémiste. Il pense avant tout à sauver les blessés, à adoucir la peine des agonisants, de plus en plus nombreux, même avec le peu de moyens dont il dispose, dans son appartement transformé en hôpital pour la circonstance. Il est aidé par Paul, adolescent dynamique, et par Faîne, une mystérieuse jeune fille dont il tombera éperdument amoureux mais qui , finalement, le quittera.
Asqueur, l’intellectuel et René Le Guen, l’activiste, sont les chefs de la résistance à l’évacuation, s’opposant par tous les moyens au Maire de Paris, jusqu’à finir par le tuer dans une embuscade pour rendre la révolte irréversible :
" Il arrivait à portée de voix. Il allait lancer une question, une formule amicale, quand un geste de l’homme l’arrêta. Etrangement, ce geste ne lui était pas destiné, il s’adressait à d’autres, plus haut que lui, autour de lui, à distance. Et dans la fraction de seconde qui suivit, il eut le temps de voyager très loin, sur les rives du fleuve Congo. Il ne savait pas pourquoi il était là, mais c’était une sensation très douce de se rapprocher de l’enfant mort, de réaliser un rêve ancien. Une récompense qui lui faisait penser " je l’ai bien gagnée " avec un grand contentement intérieur.
Le rond-point Saint-Charles sembla éclater comme l’âme d’un instrument de musique sous des vibrations trop violentes. Un tonnerre y roula longtemps. Au centre, le Maire étendu soubresautait, se retournait, battait des bras, bousculé par des ruées de balles énormes. "
Quartier par quartier, les insurgés s’emparent de la ville. Vincent qui éprouve d’abord de la sympathie pour eux finit par s’en détacher complètement lors de l’assassinat du Maire. En attendant que la ville soit abandonnée ou livrée à la guerre civile, les Parisiens s’occupent. Ils organisent notamment une grande chasse aux loups, énormes et gris, qui ont élu domicile dans les couloirs du métro:
" -Ecoutez, il y en a encore au fond! jubila le chef de la troisième. Allez, cette fois restez serrés, on les coince! Les loups reculaient en râclant la terre dans l’éclat des lampes. Ils ne hurlaient plus, c’était pire, leur grondement continu roulait sous la voûte, coupé de brefs rugissements exaspérés. Méchin repéra une femelle entourée de louveteaux glapissants et courut droit à elle pour oublier sa terreur, la bêche haute, en criant de toutes ses forces. Les loups alentour continuaient à ramper en arrière, mais la femelle s’envola littéralement à la rencontre de la bêche. Méchin, le cri éteint sur ses lèvres, vit avec une précision photographique, ces crocs et ces babines sanglantes qui venaient sur lui, poussés par quarante kilos de muscles, de poils, de griffes et de fureur. La machine à broyer fut sur sa gorge avant qu’il ait eu le temps d’y porter les mains : son hurlement s’acheva en gargouillis. "
La chasse s’avèrera inutile: les loups sont trop nombreux et les armes insuffisantes, la municipalité ayant refusé de mettre à la disposition des Vigiles celles entreposées à l’armurerie Saint-Antoine. Vincent, abandonné, trahi, écoeuré, finira lui aussi par quitter la ville condamnée.
" Hurleville " est un récit déprimant. Le décor de la nouvelle glaciation éclaire tout d’une lumière sinistre. Le nombre important de personnages, à peine esquissés puis rejetés du récit, rend difficile l’attention du lecteur, dans le cadre d’une narration éclatée. Les personnages principaux sont tous des perdants, y compris Vincent. Enfin la ville condamnée fournit son décor glacé à des actions vaines. L’auteur, désireux de renouveler le thème glaciaire, n’y réussit qu’à moitié rien ne retenant l’intérêt du lecteur dans un livre aussi lisse que la glace qui s’appesantit sur la ville, couche après couche.
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Le Maître De La Soif - Par BenF
Le jeune et sémillant pêcheur, Ludovic Dorichon, assista, au bord de l'étang, où il s'était installé pour taquiner le goujon, à un événement extraordinaire. Soudain, l'eau devant lui s'est mise à bouillir , tandis qu'à l'horizon disparaissait un curieux avion, et qu'un non moins curieux bonhomme se dissimulait à toute vitesse dans le sous-bois. De retour chez lui, il fut assailli par les journalistes mais réserva ses exclusivités à Jacques Sernain , du "Grand journal", à qui il montra une carte de visite retrouvée sur le terrain. C'était celle du professeur Lucien Merlain, physicien à Paris, qui ne fit aucune difficulté pour expliquer aux deux hommes les détails de la chose. L'un de ses étudiants, Stephens Gildy, brillant mais corrompu, avait inventé un appareil infernal qui dissociait l'eau. Il s'était d'ailleurs baptisé "le Maître de la Soif". Une missive envoyée à l'instant par Stephens Gildy au professeur, l'avertissant qu'il avait enlevé sa fille Hélène et son intention de s'adjoindre des bagnards comme complices dans son entreprise d'assécher la ville de Paris contre rançon, fit que nos deux amis se rendirent en Guyane, au bord d'un affluent du Maroni. Là, ils attendirent Stephens Gildy. Bientôt, un autogyre survola le chantier où travaillaient les bagnards. Certains s'enfuirent sur le fleuve à bord d'un canot, poursuivis par le journaliste et son ami. Ils n'allèrent pas très loin et furent récupérés assez vite, Gildy faisant fonctionner son invention en asséchant cette partie du fleuve. Il embarqua les bagnards et captura ses deux poursuivants.
Dans leur geôle, sur une île non loin de la côte bretonne, ces derniers apprirent la triste nouvelle: le savant fou avait mis sa menace à exécution et privé Paris de l'eau de la Seine:
"Et, plus haut, on distinguait pourtant la masse liquide qui, au fond de la rivière, paraissait s'élever jusqu'au niveau normal, en pente douce, sur une longueur de plusieurs centaines de mètres!... mais, en aval de cette étrange coupure, seul un mince filet liquide serpentait au fond du lit de la Seine! Et, sur toute la traversée de Paris, l'immense fossé demeurait vide!... Dans Paris, on considéra d'abord cela comme un phénomène étrange. Les gens venaient "voir la Seine", étrange fossé boueux d'où montaient déjà des odeurs écoeurantes".
Sachant cela, les deux captifs résolurent de s'enfuir coûte que coûte. Aidés par Ellen , qui assomma leur gardien, ils parvinrent à fuir dans une barque, en direction de la côte. Mais le retour de l'autogyre dans le ciel au-dessus d'eux, les désespéra. Gildy fit à nouveau, fonctionner son invention pour leur barrer le chemin en asséchant la mer au-devant d'eux. Mais ce qu'il ne savait pas, c'est qu'Ellen avait saboté son engin et, par un retour dévastateur, le tourbillon frappa l'avion de l'inventeur qui périt avec son invention. Quelle fin heureuse pour tous les gentils protagonistes de cette triste aventure!
le "Maître de la soif", nouvelle populaire paru en fascicule policier, ne déroge pas au genre du vilain méchant (savant fou de surcroît), uniquement mû par la vénalité, opposé au gentil journaliste et ses amis futés. intrigue plate, clichés et déroulement linéaire ne rendront pas cette oeuvrette immortelle. La preuve en est qu'elle est très difficile à dénicher.
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Les Enfants De L'hiver - Par BenF
Switch, Shrug, Paladin, des adolescents, obéissent à Jacko qui protège le Vieux, l’un des derniers rescapés de l’époque d’avant la catastrophe glaciaire. Le Vieux fascine Jacko avec ses histoires du temps jadis, quand le paysage était vert. Ils habitent dans un clocher d’église qui émerge isolé au-dessus de l’étendue blanche sous laquelle repose le village.
Pour se nourrir, après avoir creusé des galeries dans la glace, ils pillent un supermarché local, le vidant de ses boîtes de conserve. Les conditions extérieures ont donc radicalement changé. Plus de trains ni de voitures, mais des traîneaux à voiles ou tirés par des " taupes des neiges ". Ils traquent aussi le " pad ", sorte d’ours blanc vaguement télépathe tout en se gardant d’autres groupes survivants, anthropophages ceux-là.
Sous l’impulsion de Jacko, qui rêve de gagner les lieux mythiques dont lui parle le Vieux, les enfants de l’hiver abandonnent leur havre de paix. L’expédition n’est pas facile car, avec le temps, ils sont devenus agoraphobes et se sentent très mal à l’aise devant les étendues désertes:
" La neige était là, une vaste étendue de blancheur argentée, entraînée par le vent sous un ciel également blanc, si semblables qu’il ne pouvait dire où les deux se rejoignaient, celui qui était en haut ou celui qui était en bas. C’était une vision d’un infini composé de deux éléments physiques, la neige et le ciel; et Switch, petit mammifère accroché au bord de cette immensité, était absolument insignifiant. "
Le voyage, de type initiatique est parsemé d’obstacles: Cockade, l’amie de Switch qui est enceinte accouche avec difficulté, des hommes redevenus sauvages les attaquent et ils perdent plusieurs de leurs compagnons. Pourtant, le groupe progresse et quand le dangereux périple approche de son terme:
" Lorsqu’ils atteignirent enfin la terre, ils ne s’en rendirent d’abord pas compte. Le terrain devint un matin un peu plus accidenté (...) Jacko ouvrit l’écoutille et sortit sur le pont arrière. Il considéra, apathique, l’éternelle neige qui avait un aspect plus déplaisant que jamais ce matin-là; éparse, par flaques lépreuses, pas du tout lisse et blanche à laquelle il était habitué. De grands espaces chauves, noirâtres apparaissaient. La Croix du Sud en aborda un; les taupes continuèrent de tirer, subitement le frottement brusque fit hurler les patins du traîneau. Des cris d’alarme jaillirent dans la cabine. Shrug en sortit, les yeux papillotants suivis de Mignon et de Brog. -Je...je crois que nous y sommes, dit Jacko, hésitant." "
Ils venaient enfin d’aborder les territoires mythiques dont parlait le Vieux. Hélas!, incapables de s’adapter à l’absence de blanc, à la couleur verte ou au jaune sale du terrain, ils décident de rebrousser chemin vers leur pays natal fait de glace et de neige.
Dans les " Enfants de l’hiver " Michael Coney s’intéresse en entomologiste à la psychologie collective et aux réactions individuelles d’un groupe d’adolescents. Il met en évidence la force des habitudes, la ténacité des êtres et leur faculté de survie dans des conditions extrêmes. Les personnages typés, les descriptions réalistes se lisent avec plaisir. A comparer avec " Blizzard " ou " le Sixième Hiver "
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Les Rives Du Crepuscule - Par BenF
En un futur lointain, la Terre qui a cessé de tourner, présente une large frange crépusculaire et deux faces, l’une au jour éternel, l’autre à la nuit. L’espèce humaine, clairsemée, car il ne subsiste plus que deux cents individus, habite dans de somptueuses villas, à la technologie raffinée, éparse dans les différentes zones :
" Le soleil éternellement au zénith brillait sur la mer. L’étendue d’eau bleue et libre de marées était parfaitement immobile. La plage blanche qui montait jusqu’à la maison était déserte, comme toujours ou presque. Sur la Terre diurne, les gens vivaient loin les uns des autres. Leurs demeures étaient autosuffisantes et les transports rapides. Les villes n’avaient aucune utilité. Ce qui s’en rapprochait le plus, c’étaient les quelques bâtiments qui abritaient naguère les bureaux administratifs . "‘
Mais une maladie mortelle la ruine : tous les individus sont devenus stériles. La stérilité, comme l’immobilité de la terre, sont les conséquences de l’action dévastatrice d’extraterrestres appelées le Raid. Depuis ce moment, les humains se livrent aux fêtes, aux extravagances, soit une manière comme une autre pour remplir le temps qui reste à vivre avant de disparaître définitivement de la surface de la planète :
" Dans deux cents ans, nous aurons disparu du monde. De l’espèce humaine, il ne restera que quelques ossements et quelques bâtiments. Nul ne peut nier que nous devons nous efforcer d’éviter cela ; pourtant chacun sur Terre semble s’être replié sur lui-même ; il règne une apathie à laquelle je ne m’attendais pas.
Même l’accès aux étoiles ne représente plus pour eux un objectif. Après un premier voyage catastrophique vers Titan dans lequel disparut le grand savant Orlando Sharvis, ils abandonnèrent la course aux étoiles à cause d’une maladie surnommée " la douleur de l’espace " qui fait périr tout homme se trouvant loin de la Terre durant plus de trois mois. Clovis Marca, un jeune homme fatigué, en provenance de la zone crépusculaire, recherche Orlando. Il a abandonné pour cela toute implication dans la politique et se contente d’observer ses semblables en leurs fêtes futiles. Bien que stérile, la jeune Fastina Cahrmin n’est pas insensible au charme de Clovis. Elle en fera son amant, en dépit de la jalousie d’Andros Almer. Alors que plusieurs de ses compagnons tentent de concevoir une dernière réalisation avant le moment ultime, Fastina et Clovis se réfugient dans une région isolée du monde pour y jouer à Roméo et Juliette:
" Le temps passait et cela leur était égal. Un bonheur euphorique et un plaisir à se trouver ensemble les avaient saisis, bonheur qu’ils ne pouvaient ressentir que loin de la société. Ils vivaient un amour primitif, ils le savaient, qui ne se répéterait sans doute jamais. Ils désiraient le faire durer. S’ils n’avaient embarqué aucun moyen de mesurer le temps, ils avaient en revanche des vivres en quantité. Ils poursuivirent ainsi leur périple sur un océan d’huile, sans presque plus rien se dire, mais en souriant beaucoup, en riant parfois aussi, et en restant toujours l’un près de l’autre comme s’ils redoutaient, une fois séparés, de ne plus jamais se retrouver. "
Le reste de la société se décompose rapidement. Un mystérieux groupe de destructeurs surnommés " la Confrérie de la Coulpe " incendie des demeures ou tue des êtres humains, actes incompréhensibles pour une société terrienne qui avait depuis longtemps abandonné toute agressivité. S’opposant à eux –mais dans une même perspective de sauvagerie - apparaissent les tenants d’un " ordre nouveau " avec à leur tête le " Guide suprême " Andros Almer. Jouant aux jeux du pouvoir, par le glaive et le mensonge, celui-ci élimine tous ses opposants, sabote tous les projets individuels, poursuit Clovis et Fastina de sa vindicte. Sans l’intervention du mystérieux Rafle aux pouvoirs surhumains qui met le couple en sûreté au sein d’une tour-maison, il y serait parvenu.
Clovis Marca et Fastina s’accommodent de cette situation de cloîtrés jusqu’à ce qu’un des sbires d’Andros les découvre. S’emparant de son aéronef, Marca poursuit Rafle en sa retraite au sein de la lune (tombée sur terre durant le Raid), en plein océan Pacifique. Là, au centre d’un village à l’architecture démente, il fera la connaissance d’êtres qui n’ont plus d’humains que le nom. Ce sont les anciens compagnons du savant Sharvis, dont fait partie Rafle. Orlando serait revenu de Titan avec la maîtrise de l’immortalité. En dépit du danger, Clovis souhaite rencontrer Sharvis pour lui demander de le transformer bien que l’immortalité ne se donne pas sans contrepartie. Il n’est que de voir l’apparence de Sharvis :
" Il s’attendait à voir un homme, mais c’est un monstre qui se présenta à ses yeux ; un monstre magnifique cependant. La tête d’Orlando Sharvis ressemblait à celle d’un serpent. Son long visage étroit était moucheté de rouge et de rose ; il avait des yeux à facettes comme une mouche, un nez camus et bien formé, et une bouche édentée aux lèvres rentrantes. Quant au corps, il n’avait rien de reptilien ; il était presque cubique et très massif. Jambes courtes et solides, bras et jambes, quand il les remuait, comme dépourvus de charpente osseuse. "
Sharvis le rendra effectivement immortel mais dans un corps dénué à jamais d’émotions. A Fastina, il donnera le pouvoir d’enfanter. Quant à Andros, qui les avait suivi en ces lieux dangereux, il lui procurera le pouvoir éternel mais sur l’obscurité, ayant fait se mouvoir la Terre de telle sorte que le royaume du dictateur se retrouvât dans les ténèbres définitives.
" Les rives du crépuscule " est un livre étrange, exhalant des sentiments de tristesse, de désespoir et de mort, dans lequel des personnages jouent à des jeux vains et inutiles dans une ambiance de fin du monde. Le récit est à rapprocher de l’œuvre du même auteur, le cycle des " danseurs de la fin des temps. "
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La Montagne - Par BenF
Les deux derniers survivants d’une conflagration nucléaire, proches de la frontière norvégienne, se mettent à la recherche de la dernière femme supposée vivante, dont ils ont aperçu les traces.
Nilsson est impatient de lui mettre la main dessus, Hallner le suit dans sa course vers la montagne enneigée où elle a disparu. Peu à peu, un curieux sentiment se fait jour chez Hallner, fait de résignation et d’expectative devant les beautés des sites enneigés. Le brouillard qui couvre le paysage précipite Nilsson dans un ravin, en compagnie de sa femme imaginaire. Hallner, tranquillement, s’asseoit, méditatif en face d’un paysage purifié de l’homme, pour y attendre la mort.
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La Maladie De Chooz - Par BenF
Lorsque Merry Pontus signale la gravité des agissements d’un groupe d’extrémistes se prénommant « la Tendance », ses autorités de tutelle, en l’occurrence « le Gros », le mettent sur la touche. Il n’en continuera pas moins à suivre sa piste qui l’amène de Babisch Matatchitch à Léva Berenson et Anne Gobin, tous trois directement impliqués dans le développement de la « maladie de Chooz ». Les premiers symptômes radioactifs sont apparus aux emplacements des centrales nucléaires, contaminant de vastes zones de terrain. Pour ne pas susciter de panique, le Gros, dirigeant le bureau spécial 03, préfère cacher les événements. Mais Pontus, avec Lap, un collaborateur, en connexion avec Mc Lean, de la branche spéciale de Scotland Yard, suit l’évolution inquiétante de la situation : des signes de contamination le long d’une voie ferrée, l’assassinat de trois individus suspects vêtus de tenues protectrices, des informations en provenance du KGB qui ne tient pas à porter le chapeau en cette affaire, lui font soupçonner une action terroriste massive perpétrée sur le territoire français par un petit groupe d’anarchistes qui ne se réfère à aucun pays socialiste en particulier. La haine et la revanche semble seules les animer. Avec des déchets radioactifs rapportés des fonds marins, ils empoisonnent les réservoirs d’eau, répandent de la vapeur contaminée dans des centres urbains, seraient prêts à rayer Paris de la carte du monde si Pontus n’arrivait à écarter la menace. Pour la ville de Coutances, il est déjà trop tard :
« D’abord, il y avait les trois bébés de la rue Saint-Pierre, trois monstres à la naissance desquels on avait parlé de Thalidomide, vaguement, sans trop y croire. Le petit aveugle, Pierre Garcia. Aveugle ? pas tout à fait exact : il n’avait pas d’yeux. Un front, qui continuait, sans arcades, sans orbites. Il y avait le nez, la bouche, le menton, le gazouillis d’un bébé, mais à la place d’yeux, rien, qu’une plaque d’os et de peau, lisse, fermée. Une plaine de chair blanche où battaient des veinules. Jean Ladou était le têtard. Une queue de trois vertèbres et quatre nageoires plates. Il s’agitait dans son berceau en riant d’un air heureux. »
Repérant la trace du camion qui a semé la mort dans la ville, il devra s’éclipser lorsque dégénèrent les manifestations violentes déclenchées par des terroristes qui espèrent entraîner le PCF dans la lutte:
« La rue se mettait à grouiller d’une foule qui s’agglomérait en groupes affolés, avec des sanglots et des cris, instantanément emportés par l’hystérie. Quelqu’un ramassa une pierre et la lança vers Pontus. Elle l’atteignit au front. Le sang commença à couler sur son visage. Il sortit son F.M. et tira en l’air. La foule avait soudain pris la forme d’une tête avec un long corps compact et menaçant, qui marchait, prête à tuer, prête à écraser n’importe quoi, une foule terrorisée que les images d’Orsay toutes fraîches hantaient encore, et qui se voyait mourir. »
La traque se poursuit près de la presqu’île du Cotentin avec l’appui de la marine française et l’accord des pouvoirs publics pour arraisonner sur le champ les submersibles anciens et déclassés qu’utilisent les terroristes. Récupérant des fûts toxiques sur le sol marin, ils espèrent en disperser les cendres radioactives sur les routes de France, les chargeant sur des camions anonymes. Les submersibles seront détruits sauf un, qui passe entre les mailles du filet. Pontus, ayant des indications précises sur le lieu de la livraison, arrive au moment précis où dans le « Bloc 4 », c’est-à-dire un casse aménagé en plein milieu d’une zone de jardins ouvriers à Nanterre, Anne Gobier s’apprête à faire exploser une tonne de poussière radioactive :
« A huit kilomètres à l’ouest de l’Opéra, une grosse femme était assise derrière une petite table, le visage enflammé, durci. Dans chacune de ses mains, elle tenait le fil nu d’un pole du détonateur. Il suffisait qu’elle approchât ses deux mains pour qu’une tonne de poussières atomiques jaillisse dans les airs, dans la brise d’ouest qui soufflait doucement vers la ville. »
Pontus, confronté directement à l’impitoyable terroriste, parviendra à empêcher la catastrophe mais en y perdant la vie.
Un roman passionnant de bout en bout, à l’intrigue tendue et à l’écriture nerveuse. Le danger de la dissémination nucléaire est traité avec réalisme et traduit une inquiétude qui se concrétisera dans la réalité avec les accidents de Three Miles Island et Tchernobyl.
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" Un siècle auparavant, les savants avaient pénétré le secret des particules à l’intérieur des particules des atomes, leur regard avait atteint les étoiles des galaxies les plus lointaines, et ils avaient envoyé des hommes sur d’autres mondes. Aujourd’hui, soixante dix ans après l’apparition de la Mort, " science " était un mot maudit à l’extérieur des enclaves, et n’était plus, à la limite, qu’un souvenir à l’intérieur. Une fois de plus, l’atome était inviolable, les galaxies lointaines invisibles, et les hommes exilés sur les autres mondes condamnés à y rester, car un obstacle infranchissable s’était dressé sur le chemin du retour vers la Terre : le virus mutant ECHO, plus connu sous le nom de "mort ".
Les Etats-Unis en 2080 après le passage du virus ECHO. Un continent dépeuplé, où subsistent diverses enclaves. Celles des scientifiques, en contact entre elles, qui travaillent à redonner au pays un niveau technologique convenable. Celles des agriculteurs où des Américains, traumatisés par la catastrophe, obéissent, en bons puritains, aux lois d’un dieu vengeur qui abomine les agissements des scientifiques ainsi que toute manifestation de tendresse. Peter et Ruth se sont fait prendre la main dans le sac. Ils ont été jugés et seraient exécutés par pendaison sans le secours de Mordecaï Lehrer, un marchand ambulant âgé, en fait un scientifique déguisé.
Par ailleurs, il subsiste une colonie martienne autonome du temps de la splendeur des Américains. Quoique isolés, les colons martiens survivent, épargnés par le virus qui a frappé les Terriens, au même niveau technologique qu’auparavant. Voici qu’un message est recueilli par les rares appareils radio encore en état de marche: Mars aurait trouvé un antidote au virus qui s’apprêterait à muter une nouvelle fois. Un colon l’apporterait aux scientifiques en se servant d’une navette en orbite terrestre encore opérationnelle.
Mordecaï, accompagnés par Peter et Ruth, se chargeront de l’accueil de l’astronaute, en sillonnant le territoire, du Duché de Californie jusqu’à l’enclave de Chicago, pour rencontrer une communauté scientifique après l’autre afin de les prévenir de cette venue et leur livrer les toutes dernières informations scientifiques.
Le voyage n’étant pas exempt de danger, ils circuleront sous le déguisement de bateleurs de foire, supposés apporter un peu d’animation dans les différentes zones traversées. Leurs rencontres seront variées et parfois animées. Bien accueillis par la confrérie des bateleurs de Mme Bonecia et du Dr Admirab, qui leur fourniront des contacts, ils ne tarderont pas à rencontrer des Américains plus primitifs, sortes de gardiens de bisons, dont l’économie repose sur le troc. Lorsque leur chef John D. Septième leur propose de troquer Ruth contre quatre chevaux, rien ne va plus. Mordecaï la tirera de ce mauvais pas en les menaçant de son arme:
" Le cavalier qui avait échangé les cadeaux avec Mordecaï fit un geste en direction des quatre poneys. " Chevaux, " dit-il - " Oui " approuva Mordecaï. " Des chevaux " - Nous offrons des chevaux. Quatre chevaux. Bon Prix. " - " Certes, " dit Mordecaï soupçonneux. " Contre quoi? " - " Elle, " dit l’homme. " Contre elle. Contre votre fille. Le patron veut votre fille. Il offre quatre chevaux. " - " Le patron ? " - " John D. le Septième. " Il montra du doigt le petit homme chauve qui souriait de ses deux dents et hochait vigoureusement la tête. Les autres buffalo-boys, rassemblés autour de leur patron, hochaient la leur avec une vigueur identique. On voyait même un bras s’agiter. - " Oh non, fit Ruth . "
A Ogallala, après leur visite habituelle à l’enclave des scientifiques, ils se livrent à des tours de prestidigitation et d’hypnose devant un public hostile à la magie. Le révérend de la communauté leur permet de s’enfuir à condition qu’ils ne remettent plus jamais les pieds en cette région.
Le capitaine Sterling de la libre communauté du Nebraska les met en garde contre les agissements de Brother Simon, roi des Simples, sorte de seigneur de la guerre, qui hante des lieux plus au nord et qui a déjà soumis de nombreux villages, tout en étendant son propre domaine.
A la sortie de Grand Island ils seront accueillis par une délégation de Simples qui les amènent devant frère Simon. Homme étonnant quoique inculte, Brother Simon, au charisme indéniable, estime Mordecaï à sa juste valeur. Il rêve de redonner à l’Amérique la splendeur du passé, en réunissant les différentes enclaves lors d’une guerre sainte. Il laisse nos héros libres de rendre visite à Frère Randall qui n’est autre que le Principal de la communauté scientifique de Lincoln. Mordecaï lui annonce l’imminence de l’arrivée de l’émissaire de Mars.
Brother Simon, qui souffre d’une maladie de peau, consent à libérer les trois voyageurs à condition que Mordecaï le guérisse. Le faux magicien et vrai scientifique s’attelle à la tâche, lui préparant une décoction d’herbes inoffensives que Simon doit ingurgiter tout en accomplissant des gestes rituels qui leur donneront le temps de prendre la fuite.
Ils arrivent enfin à l’enclave scientifique de Chicago Spaceport où doit se faire l’atterrissage. La communauté est doublement en alerte: elle remet en état les vieux appareils informatiques pour que Socrate Proudfood, le cosmonaute, puisse effectuer un atterrissage sans risque. Elle contient aussi les exaltés qui, ayant eu vent de l’affaire, s’assemblent de plus en plus nombreux devant Chicago Spaceport pour empêcher l’atterrissage de la navette. Les manifestants ayant franchi toutes les barrières et mis le feu à l’appareillage scientifique, Mordecaï accueille Proudfoot, à bord de sa navette bringuebalante. Celle-ci est incendiée par les émeutiers tandis que le petit groupe, muni du précieux antidote, court se mettre en sécurité au sein de l’enclave. Proudfoot sait qu’il ne quittera jamais plus la terre:
" Le bus démarra de la tour de lancement juste avant que la foule ne l’atteigne. La horde se divisa et une moitié se rua vers la navette. Dix minutes plus tard, alors que leur bus rejoignait le chariot à l’extrémité opposé de la piste, une boule de feu éclatante jaillit derrière eux, bondit jusqu’au ciel et brûla les yeux de tous ceux qui s’étaient retournés pour regarder. Quarante secondes après, l’onde sonore les frappa, et ce fut comme si la main d’un géant invisible s’était violemment abattue sur le bus. Mordecaï se tourna vers Socrate assis à côté de lui. " Bienvenue sur la Terre, " dit-il.
Un roman qui envisage, comme bien d’autres, un futur sombre pour les Etats-Unis, un retour à une sorte de moyen âge puritain et antiscientifique (Cf. " Molly-Zero " ou " les Géants de Craie "). Le thème traité reste cependant superficiel et proche de l’anecdote, l’auteur s’amusant davantage à décrire la trajectoire du groupe, à exploiter le pittoresque des diverses communautés, qu’à proposer une analyse précise des mutations psycho-sociales qu’aurait dû provoquer le passage du virus ECHO.
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