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Bienvenue dans la Base de Données des livres !

Vous y trouverez des ouvrages post-apo que la communauté souhaite partager. Il vous est possible de rajouter des fiches de livres, alors partagez vos trouvailles avec la communauté FoGen ! Une grande partie des ouvrages que vous trouverez sont ici grâce au travail de Jacques Haesslé sur son site : http://destination-armageddon.fr/index.html. Un grand merci à lui pour son travail exceptionnel !

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Livres

  1. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 2 Auteur: Georges RAMAIOLI René DURAND Parution: 1948
    Vol. 01 : la Terre de la bombe Tome 1, éd. Glénat, 1979, 1 vol. cartonné, in-quarto, 48 pl. BD d’expression française
    1 ère parution : 1979
    Cette terre de la Bombe mérite bien son nom. Un paysage ravagé, lunaire. Des mesas et des canyons où soufflent le vent. Du sable, des arbres tordus, une végétation ravagée où s'éparpillent les squelettes. Et, dans l'ensemble, des vivants. Etres curieux, bizarres, hybrides, fruits des monstrueuses mutations. Des animaux à têtes d'homme, des hommes distordus, des monstruosités glapissantes, infernales, dégoulinantes. Agissant selon une amoralité foncière, leur seul credo est de survivre, de manger ou d'être mangé. Dans cette brutale lutte pour la vie, la seule forme de coopération est l'alliance objective entre des entités différentes déployant une énergie sauvage pour la survie.
    C'est dans ce décor que se situent les pérégrinations de notre groupe de héros, à savoir: Coderc, l'humain normal, le sombre ténébreux et redoutable guerrier; Baixas, son compagnon , homosexuel, retors et dangereux. Tous les deux se déplacent sur le dos de leurs amis, des animaux qui parlent et qui sont doués de jugement; Marie, la jument blanche et Jo, le puissant taureau qui, à l'occasion, ne déteste pas avoir des relations sexuelles avec sa compagne; enfin, le bâtard Simac, un chien bavard qui peut se révéler lui aussi , extrêmement dangereux.
    Ils sont en route pour une localité où se traitent les affaires normales de la vie: vente d'esclaves sexuels, êtres humains engraissés et suspendus à l'étal comme viande de boucherie attendant le client. Désargentés comme à leur habitude, Baixas s'offre comme esclave sexuel à un  dénommé Cureavion qui deviendra son amant et ami de coeur,  et Coderc sera acheté par Télée, une riche patricienne sans scrupules propriétaire de la boucherie humaine. Elle se livre à des orgies de sexe et de chair qui font vomir Coderc à un point tel qu'il appelle immédiatement ses amis à la rescousse afin de mettre bon ordre aux débordements. Télée, humiliée, basculée dans une fosse à purin,   ne songera plus qu'à se venger.
    Quelques temps après, toujours à la recherche de nourriture, ils tombent sur un dangereux groupe de dégénérés. Cureavion, qui les accompagnait, est tué, ce qui rend Baixas fou de rage et de chagrin, qui expédie tout cela en enfer.
    Un nouvel épisode les voient aux prises avec les "Corbos", oiseaux charognards soutenant des êtres humains. La Maîtresse de Claire, une louve blanche qui raconte son histoire à Simac, a été enlevée. Le groupe propose son aide à Claire. Arrivés sur site (près d'un ancien pilier d'autoroute), ils apprennent que les Corbos sont obligés d'agir de la sorte afin de procurer sa nourriture à une immense masse protoplasmique aux mille bouches, surnommée "Bonbon". Le monstre est neutralisé séance tenante.
    Leur chemin croise à nouveau celui de Télée qui, requinquée, s'est rachetée une troupe de soudards mené par le redoutable Nexon, son lieutenant. Télée, qui a capturé nos amis, oblige Coderc à une copulation avec elle et, au moment de l'orgasme, demande à Nexon de couper la main droite de son amant et de la cautériser immédiatement par le feu. Puis, ils poursuivent leur chemin, traînés à la suite de la caravane de Télée.
    Ce premier volume, une fois le décor posé, propose une série d'épisodes gravitant autour des thèmes du sexe et de la mort, avec des personnages récurrents.

  2. Type: livre Thème: menaces climatiques Auteur: le Colonel ROYET Parution: 1921
    Adam Pearson (Dam) , le fils du roi de la viande, en cette veille de l’an 2000, tient compte du mystérieux avertissement d’un mage de sa connaissance, Nadir, annonçant pour bientôt des événements catastrophiques d’après les signaux électromagnétiques du soleil. De nature mélancolique, le jeune homme avait déjà perdu des êtres chers :
    " Deux chères images du passé apparurent devant ses yeux : celle de sa mère, celle de cette adorable miss Lili Atkins, sa fiancée. Toutes deux, il les avait aimées tendrement. Elles étaient parties, victimes de la surcivilisation régnante, de ces réfrigérants subtils, de ces radiateurs réglables à moins d’un dixième de degré, toutes inventions merveilleuses destinées à dompter la nature, à maîtriser les éléments ; par l’excès même de leur perfection, elles avaient rendu les organismes humains plus délicats encore, plus susceptibles aux maux foudroyants. "
    Désireux de fêter la nouvelle année dans la solitude, il s’élève dans les airs à bord de son ballon à vol libre. C’est de là qu’il assiste, en spectateur privilégié, à la vague énorme qui non seulement engloutit la ville d’Atlantic-City en y effaçant tous ceux qu’il aimait, mais encore, rythmiquement, parcourt la terre pour y  détruire toute vie :
    " Ainsi, ce soir-là, le ciel avait pris un aspect extra-terrestre: la teinte livide de paysage et de la mer se transformait en sable jaune sale et en rouge sombre à mesure que l’œil s’élevait vers le zénith. Dam ne put s’empêcher de tressaillir en constatant que l’aiguille aimantée de la boussole tournait en tous sens, affolée comme lors des grandes perturbations magnétiques.  (…)
    En même temps, du fond de l’horizon, un mugissement montait, avec un crescendo de plus en plus intense. De l’Océan, il voyait venir avec une vitesse foudroyante, une montagne noirâtre. En un gigantesque raz de marée, la mer déferlait vers la côte, vers la ville, masse d’eau d’une hauteur qui devait dépasser trois cents mètres. "
    Le ballon est entraîné par des vents impétueux à plus de 12 000 mètres d’altitude. La température extérieure se modifie. Des débris de toutes sortes flottent dans l’air. Avec surprise mais détermination, il sauve de la mort une jeune Française, Eve Dampierre, qui dérivait à côté du ballon, accrochée à un parasol ( ! ). Celle-ci lui narre son aventure depuis le départ de Chine où l’usine de son père avait été détruite par les grévistes jaunes jusqu’à son séjour sur un immense paquebot-ville où la main-d’œuvre chinoise s’avèrera bien utile :
    " L’afflux de cette main d’oeuvre jaune était nécessité par les travaux indispensables aux pays civilisés et que ne voulaient plus faire les artisans des races affinées : terrassements, mines, chemins de fer, routes. Une garnison de police de 1500 soldats était nécessaire pour donner toute sécurité aux passagers ordinaires.  Sur un pont supérieur, établi à 15 mètres au-dessus des logements de coolies, des cottages entourés de jardin et de pelouses donnaient à ces voyageurs de marque plutôt l’impression d’une villégiature au bord de la mer que d’une traversée réelle. "
    Le bateau a été brisé par la tempête comme un fétu de paille. Le vent qui entraîne les jeunes gens à grande vitesse autour du globe, les oblige à stabiliser leur ballon au-dessus de l’ancienne vallée du Nil, près de constructions de type égyptien remises au jour par le cataclysme universel. Après l’atterrissage, ils explorent le " Pharaon Hôtel " où , à côté de quelques cadavres, ils trouvent de la nourriture. Mais des êtres étranges, cancrelats gigantesques et vers suceurs énormes ont surgi du sol et les attaquent :
    " De couleur gris sale, l’être n’avait pas de tête : une sorte de trompe aux contours dentelés semblait constituer la "bouche " par laquelle ce protozoaire  subvenait à son entretien. Tour à tour, la bouche s’évasait et se rétrécissait, comme pour happer ce qui se trouvait à sa portée (…) Dans les affouillements creusés par le vent avaient dû être entraînés des dépouilles d’animaux, d’hommes sans doute aussi. Et ces bêtes annelées, vestiges d’une époque accomplie de l’histoire du globe, vivaient dans ces profondeurs inaccessibles, se nourrissaient des détritus des premiers âges. Brusquement, le cataclysme les avait exhumés. A la lumière, gauches, lourds, terribles quand même, ils s’adaptaient, l’intérêt aidant, à la vie nouvelle qui se résumait pour eux à la recherche d’une proie. "
    Se réfugiant dans la plus haute tour, ils y découvrent un émetteur de radio ainsi qu’un avion prêt à l’usage. A tout hasard, ils appellent au secours sur les ondes. Une voix leur répond : c’est celle du grand-père d’Eve qui s’était réfugié auprès du sage Nadir (qu’il connaissait lui aussi), dans sa retraite himalayenne. Guidés par radio, ils échappent aux monstres gluants et fluorescents pour se retrouver quatre heures après à côté des leurs qui les accueillent à bras ouverts. Finalement tous les ingrédients seront réunis pour un nouveau départ : Adam et Eve, avec la bénédiction de leur grand-père et la sanctification de l’église (un prêtre fait partie des sauvés), copuleront dans la décence pour assurer l’avenir du genre humain :
    " Vous vous aimez, n’est-il pas vrai ? Les deux jeunes gens s’étaient levés, au comble de l’émotion. Grand-père Philippe prit la main de la Française et la mit dans celle de l’Américain. - Adam Pearson, prononça-t-il, je vous donne en mariage ma petite-fille, Eve Dampierre. Et, il ajouta, en une boutade presque joyeuse : - Ne suis-je pas le maire de la dernière commune terrestre ? Et maintenant, venez. Allons retrouver le père Luc dans son oratoire, où il prie, pour la pauvre humanité défunte. A son tour, il vous unira, selon les rites des aïeux, devant l’Infini. Mais, auparavant, petite Eve, je veux te remettre ta dot. Il tendit son sac. Oh, ce n’est pas de l’or, combien inutile. Ce sont des grains de blé ! "
    Une nouvelle inédite qui vaut par la naïveté de sa  mise en œuvre dans le champ de la littérature populaire : bons sentiments, monstres gluants, méchants grévistes et maudits Chinois, permanence de la religion. Un petit texte réactionnaire à l’état brut !

  3. Type: livre Thème: la nouvelle glaciation Auteur: Parution: 1875
    " Le 29, le vent s’apaisa, mais, entre-temps, la neige n’avait cessé de tomber, formant une couche uniforme de trois mètres d’épaisseur. Avec de légères variations, elle s’étendait partout à la même profondeur, mais les congères atteignaient une hauteur prodigieuse. La national Gallery disparaissait totalement sous une montagne de neige. De Saint Paul, on ne voyait plus que le dôme qui se dressait tel un immense igloo. "
    Jefferies s’essaye à une description réaliste de la grande tempête de neige qui gela le coeur de Londres et sa région. Il en étudie les conséquences humaines, vitales, économiques à travers le journal intime de Smith, le narrateur. De la tempête proprement dite à la disparition de la cité sous la neige, l’horreur croît: les réserves pillées, les cadavres entassés, la guerre civile, la chute du gouvernement, la folie, le feu et la mort en sont les étapes obligées:
    " Les quartiers riches furent envahis par une armée de gueux affamés qui avaient escaladé les congères et, en un instant, les maisons furent dépouillées de toutes leurs victuailles. (...) L’aspect terrifiant de ces hordes incarnait la violence. Jamais je n’oublierai leur visage. Ils avaient les tempes enfoncées, les pommettes saillantes, les lèvres rentrées, les gencives bleues de froid et d’anémie, et des dents semblables à celles d’un chien prêt à mordre. "
    Un grand texte en peu de lignes.

  4. Type: livre Thème: le dernier homme, menaces technologiques Auteur: Paul GILLON Parution: 1924
    Vol. 01 : la Survivante, Echo des Savanes/Albin Michel éd., 1986, 1 vol. cartonné, in-quarto, 51pp. BD d’expression française.
    1 ère  parution : 1985
    Audrey Albrespy, intrépide jeune plongeuse, remonte seule à l’air libre, au sein d’une calanque dans le sud de la France. C’est pour constater avec horreur que tous ses amis proches sont morts, ainsi que bien d’autres dans les villes qu’elle traversera. Revenant vers Paris, et sans pouvoir déterminer la cause d’une telle catastrophe, elle sent qu’elle est la dernière femme vivante au monde.
    Parfois déprimée, parfois exaltée, elle jouera à la princesse dans une cité vidée de ses habitants mais qui offre tous les artefacts et toutes les possibilités dont on peut rêver. Elle doit pourtant en rendre compte aux serviteurs artificiels dont le monde s’était doté pour plus de commodité, et au plus puissant d’entre eux, à forme humaine : Ulysse.
    Audrey s’installera à l’hôtel de Crillon pour y vivre une vie de luxe mais n’oublie pas, lorsque la solitude lui pèse, d’errer dans Paris et de chercher le contact avec quelqu’un par émission radio. Elle échappera aussi aux mains crochues des dignes représentants du Sénat, des zombis survivants infectés. Comme elle est jeune et a le sang chaud, la Survivante expérimente de nouvelles sensations sexuelles avec Ulysse, doué d’un organe à toute épreuve, et qui semble y prendre goût.
    Ainsi se poursuit une vie insipide jusqu’au miracle tant attendu : l’arrivée de Stanny, un astronaute de retour sur terre, qui a capté les ondes radio d’Audrey. Commence une période de lune de miel, vite interrompue, lorsque Audrey découvre Stanny mort et éventré par Ulysse, d’une jalousie morbide. Audrey oscille au bord de la folie.
    Vol.02 : l’Héritier, L‘Echo des Savanes/Albin Michel éd., 1988, 1 vol. cartonné, in-quarto, 51pp. BD d’expression française.
    1 ère  parution : 1987
    La jeune femme est enceinte des œuvres de Stanny. Elle donnera naissance à un garçon appelé Jonas. L’enfant, dont l’esprit est décuplé, est élevé par Ulysse qui le sépare d’avec sa mère. Plus tard, il concevra une haine implacable pour le robot qu’il désire anéantir. But difficile, puisque Ulysse est en connexion permanente avec les systèmes électroniques de toute la planète et donc, quasi-indestructible.
    L’autre objectif de Jonas est de retrouver sa mère Il s’évertue à contrer les robots,  se présentant devant Ulysse sous la forme d’un hologramme ou prenant la fuite dans les rues de Paris.Aude entre temps, toujours prisonnière, a pris un bain dans la Seine. Elle y fait la connaissance de créatures nouvelles – peut-être d’origine extraterrestre -  sortes de phallus à pseudopodes, qui s’attachent à elle au propre comme au figuré.
    D’abord écoeurée, puis confiante, elle dispose l’une de ces créatures dans un aquarium gigantesque et s’adonne avec elle – histoire de la voir de plus près !- à des caresses sexuelles prolongées ce qui a pour effet de faire sortir Ulysse de ses gonds,  lequel, non seulement tue cette créature, mais réprimande avec férocité la jeune femme.
    Jonas, traqué par des robots policiers, autres avatars d’Ulysse, blessé près du centre Beaubourg, sera finalement sauvé par sa mère, opportunément arrivée sur les lieux. Les deux êtres humains s’enfuient.
    Vol.03 : la Revanche, l’Echo des Savanes/Albin Michel éd., 1988, 1 vol. cartonné, in-quarto, 51pp. BD d’expression française.
    1 ère  parution : 1988
    Pour se mettre hors d’atteinte d’Ulysse, ils tentent de rejoindre la station orbitale autour de la terre où survivent encore trois hommes et une femme, tous cosmonautes. A peine accueillis à bord, ils se rendent compte que ces survivants  sont psychiquement déviants, soumis à leurs instincts les plus vils, désireux de sexe, et voulant adjoindre Aude à leurs ébats. Grâce à Jonas qui convainc Horst, l’un des moins atteints, ils prennent la décision de retourner sur terre, atterrissant en catastrophe dans un lieu désertique.
    Bien que leurs rapports mutuels soient toujours aussi violents, ils passent entre eux une sorte d’alliance tactique pour rejoindre un endroit civilisé. Ils se reposeront dans un bateau échoué près de la côte. Rhéa, la jeune astronaute noire, nymphomane et sournoise, entretient leur haine mutuelle jusqu’à ce que, l’un après l’autre, ils soient tous éliminés ce qui n’épargnera pas non plus la vie de Rhéa. A nouveau, Aude et Jonas se retrouvent sur terre, sous la surveillance active d’Ulysse qui a eu vite fait de les retrouver.
    Vol.04 : l’Ultimatum, l’Echo des Savanes/Albin Michel éd., 1991, 1 vol. cartonné, in-quarto, 51pp. BD d’expression française.
    1 ère  parution : 1991
    Retour à Paris. Jonas ronge son frein. Aude sert de sujet d’étude pour Ulysse qui essaye de saisir la psychologie sexuelle des humains en lui faisant revivre, attachée et nue, ses premières expériences amoureuses.
    Jonas, pour tuer le temps, se promène dans la ville abandonnée mais non vide : les petits amis extraterrestres d’Aude sont toujours là et veillent au grain. Jonas veut à tout prix arrêter la main mise d’Ulysse sur les deux derniers représentants humains sur terre. Ceci est urgent car le comportement d’Aude qui s’adonne à la boisson et au sommeil cataleptique, est de plus en plus erratique, ses sentiments oscillant entre l’amour et la haine, Jonas découvre que les petits extraterrestres ithyphalliques sont capables de projeter un acide corrosif qui fait fondre les carcasses électroniques des oppresseurs.
    Mais Ulysse a décidé, une fois pour toute, de se débarrasser de Jonas en déchaînant contre lui tous les robots-policiers de la capitale. L’adolescent succombera malgré l’aide que lui apportent ses petits alliés. Aude, mis au courant de la situation n’a plus qu’une seule idée en tête : le suicide ! Se revêtant de sa plus belle robe, elle se dirige vers la Seine, pourchassée par les sbires électroniques du dictateur. Pourtant ses amis lui réservent une surprise de taille,  un destin grandiose et étonnant. Agglutinés autour d’elle, ils opèrent en son corps une métamorphose. Dotée d’une paire d’ailes, elle prendra son essor avec eux pour l’espace intergalactique, laissant la terre aux mains mécanisées d’Ulysse.
    « la Survivante » est une belle série graphique, somptueusement dessinée par Gillon qui y mêle adroitement érotisme, science-fiction et son amour de Paris. Sur fond cataclysmique se déroule l’épopée de la dernière jeune femme en proie à des monstres cruels et pervers. Le lecteur, voyeur complice, se plaît à observer Aude dans ses ébats contre nature, à suivre le génie-enfant Jonas dans sa lutte contre les machines, à admirer la restitution des lieux archétypiques et culturels d’un Paris livré à l’abandon. Une bande dessinée qui témoigne de la maturité et de la virtuosité de son auteur.

  5. Type: livre Thème: guerres futures 2 Auteur: Oberleutnant Michel T.... Parution: 1931
    L’Oberleutnant T… raconte, comme l’un de ceux qui ont été acteurs sur le terrain, la nouvelle guerre de revanche préparée par l’Allemagne contre la France. T…, bien que francophile, est aussi militaire dans la grande armée allemande et convaincu par sa puissance, son organisation et par la beauté esthétique des manœuvres de la Oberste Heeresleitung (le Haut-Commandement).
    Abandonnant avec regret sa petite amie Erna – ce qui lui donnera l’occasion d’avoir des nouvelles de « l’intérieur », lorsqu’il se trouvera au front – , T… participe aux préparatifs d’invasion. Rassemblés en rangs épais, les guerriers teutons seront entassés dans des trains à bestiaux qui les ramènent près de la frontière lorraine, à Trèves, dans le plus grand secret :
    « Peu à peu sa vitesse s’accélère, aux croisements des voies, des heurts nous rejettent les uns sur les autres, des fusils appuyés contre la paroi s’écroulent sur les casques d’acier avec un bruit de ferraille, puis le roulement qui devient plus monotone nous plonge dans un vague engourdissement. Mais il fait si chaud dans cette boîte sans air, que nous en sommes incommodés (…)Donnerwetter ! C’est trop fort. On nous a calfeutrés comme des bagnards, dans cette roulotte infecte. »
    L’heure H provoquera dans tout le pays une immense surprise et sera censée agir de même sur un ennemi qui, selon les dires du Heeres Kommando, sera incapable de résister à la furia germanique :
    « Toute cette colossale affaire a été étudiée dans ses plus petits détails, suivant la véritable méthode allemande. Sans entrer dans de trop longues explications, voici en quelques mots le schéma de notre attaque brusquée (…)
    Vous en saisirez encore mieux le mécanisme quand je vous aurai dit que chez les Français règne un esprit résolument défensif, que leurs formations actives sont peu instruites, à cause de leur service à court terme. L’instruction d’ensemble de leur armée est inexistante et chez eux la protection contre les gaz n’est pas assurée. Respectueux des conventions de Genève, ces idiots-là s’en remettent à des chiffons de papier pour se défendre. »
    Engagé sur le terrain, en attente dans des fossés, avant de monter à l’assaut, que l’artillerie allemande ait suffisamment «amollie» les défenses adverses de la ligne Maginot, son incursion sur le champ de bataille sera considérée avec optimisme par T… , comme une promenade de santé. Il lui faudra vite déchanter. Et ce ne sont pas les injures allemandes de « Schweinhunde » (saloperies !) et «Arschloch » (trou de c...!) employées constamment par les gradés, qui changeront quoi que ce soit à l’issue de la bataille.
    La progression des troupes allemandes est bloquée net par un épouvantable tir de barrage qui créera des vides importants autour du narrateur et forcera les adeptes de Wotan à une retraite précipitée où, incrustés dans des trous d’hommes creusés à la hâte, ils attendront dans l’angoisse la fin du déluge de fer :
    « On entend des cris, des appels déchirants : A boire ! – Au secours ! – Maman, maman ! Tout à coup, un corps couché devant une maison basse se redresse : on dirait une vision de l’enfer. Le malheureux n’a plus figure humaine, son visage n’est qu’une bouillie sanglante, un hideux moignon rouge d’où le nez est arraché, les lèvres coupées, un œil pend hors de son orbite. Ce fantôme épouvantable tend un bras dans le vide, d’un geste vengeur qu’il paraît diriger vers moi : - Salauds ! crie-t-il d’une voix rauque et comme inhumaine, criminels ! Puissiez-vous crever tous !… »
    C’est de là qu’il assistera à l’utilisation d’une arme secrète, mise au point par le génie allemand, des ondes magnétiques capables d’arrêter les moteurs français. Ainsi, de nombreux avions venus à la rescousse contre des dirigeables allemands porteurs de bombes, exploseront-ils en plein vol,  non sans avoir, au préalable, par le sacrifice héroïque des aviateurs, anéantis les engins menaçant la frontière française.
    Les troupes allemandes progressant trop lentement, le Génie chimique, en vue d’accélérer le processus, envoie des gaz toxiques vers la frontière et au-delà, à l’aide de ballonnets auto-guidés. Ce fut un horrible assassinat. Avec son groupe, T… progresse dans un territoire pavé de cadavres de soldats, de civils ou d’animaux. Des villes comme Thionville ou Metz sont dépeuplées :
    « Dans les abris que nous franchissons et dépassons, ce n’est que cadavres couchés, entassés les uns sur les autres, sans blessure apparente, mais déjà en décomposition. Des escouades entières sont étendues, les traits horriblement défigurés : la plupart de ces malheureux qui étouffaient sous leurs masque, l’avaient enlevé et avaient déboutonné leur capote, offrant ainsi une plus sûre proie aux gaz. Ailleurs, ce sont les bombes « Elektron » qui ont travaillé (…)
    Les soldats, chassés au-dehors par les flammes, avaient été aussitôt victimes des gaz, dont la plus terrible est sans contredit la fameuse « lèpre galopante » », dix fois plus active et plus dangereuse que l’ypérite.
    Ce mélange (…) a pour propriété de provoquer instantanément des abcès purulents, il pénètre partout, à travers les murs, comme à travers les vêtements et exerce très rapidement son action corrosive. En quelques heures, celui qu’il atteint n’est plus qu’une plaie gangréneuse et la mort ne tarde pas à survenir par nécrose osseuse.»
    En face de ce crime horrible, son optimisme du début a fondu. T.. comprend enfin que les Allemands sont dirigés par une bande de criminels ayant à leur tête Von Sekt et Hitler, et qu’ils mourront tous, laissant une Allemagne exsangue et dépouillée. A ce pessimisme répondent les lettres de plus en plus sinistres d’Erna. La région de l’Est de la France semblant maintenant libre d’accès (et pour cause !) les troupes d’infanterie manoeuvrent pour pénétrer plus avant dans le pays :
    « Ca et là, des bûchers fument… La Lorraine est devenue une immense nécropole et ce n’est qu’au-delà de Metz, à Pagny-sur-Moselle, durant un arrêt dans la gare, que j’aperçois enfin des habitants du pays, sous les espèces de quelques femmes, le visage caché par un masque, qui balayent les quais sous la surveillance de deux feldgrauen, masqués eux aussi. »
    Tout à coup, une escarmouche survenue dans les bois de Kattenho (Catenom) révèle une action française de grande envergure. Le bois est si consciencieusement pilonné par l’artillerie que les divisions germaniques se dissolvent littéralement. Autour de T… s’accumulent les cadavres déchiquetés. Lorsqu’il reprend conscience c’est sur un lit d’hôpital de l’armée française. Découvert avec deux balles dans le poumon, il avait été dirigé – en dépit du fait qu’il fût allemand - dans un lazaret du Sud de la France, par des médecins français fidèles aux valeurs de l’humanisme universel.
    Emerveillé, T… revit, enchanté par la nature magnifique qu’il découvre autour de lui et par la bienveillance de cet ennemi qu’il avait à tort si longtemps méprisé. Il était sûr que pour lui la guerre était finie.  Elle l’était en effet, mais pas de la manière qu’il l’entendait, puisqu’il mourut le matin même sous des bombardements allemands lesquels, prétendait-on en Allemagne, avait détruit une fabrique de munitions françaises cachée sous les oripeaux d’un hôpital militaire. L’Allemagne, s’étant mis au ban des pays civilisés, perdit la guerre et sa souveraineté.
    « La Surprise (Überraschng) » est un roman digne d’intérêt. Truffé d’expressions en allemand (traduites), le récit évoque la lourdeur du mécanisme militaire germanique, sa haine viscérale de la France, son manque de sens moral, le cynisme de ces chefs prussiens remplis de morgue et de certitudes. En un style dépouillé, volontairement cru et provocateur, il décrit les horreurs guerrières comme Malaparte ou Barbusse, n’entrevoyant pourtant pas un seul instant le changement de perspective que devait apporter sur le théâtre des opérations la nouvelle guerre de mouvement.

  6. Type: livre Thème: menaces cosmiques Auteur: Charles QUINEL Parution: 1899
    En dix quatrains, l’humoriste évoque la venue des angelots qui soufflent dans leur trompette, donnant un concert gratuit et stupéfiant pour annoncer la fin du monde :
    « Mais , inutile de m’étendre,

  7. Type: livre Thème: guerres futures 2 Auteur: Paul MORAND Parution: 1916
    Un diplomate sud-américain tient le journal hebdomadaire des événements survenus en juin 1916, soit l’invasion de l’Angleterre par les Allemands.  Les premières bombes tombent sur Londres, le Sussex et le Kent sont occupés. Toute la nomenklatura fuit par le dernier train vers la station thermale de Bath où elle espère poursuivre une vie agréable, frivole et excentrique. Les mœurs anglaises restent ce qu’elles ont toujours été, incarnées par ces Anglaises qui ont «des robes grossières faites avec le satin des boîtes de dragées ».
    L’on s’inquiète surtout de l’absence de caviar, l’on s’extasie au sujet de la beauté des édifices, l’on s’occupe de pêcher  car « ce qui rend difficile la collaboration des Etats-majors  français et anglais c’est que les officiers français passent parfois plusieurs jours sans se raser.»
    Déjà les Allemands, en connaisseurs, s’intéressent au tunnel sous la Manche et au soubassement saxon de la cathédrale de Canterbury pendant que la pendaison en public de Sir Mark, un traître irlandais, donne lieu à des festivités publiques. Il y a si peu de distractions à Bath !
    Une nouvelle aiguisée comme un scalpel, une ironie au vitriol, une critique des mœurs anglaises sur fond de guerre future.

  8. Type: livre Thème: menaces idéologiques Auteur: James GRESSIER Parution: 1974
    Le narrateur, Richard Malétrin, fait la connaissance de Saint-Léger qui, étudiant en médecine, devient son ami. Saint-Léger épouse Nadège, et Richard, qui est professeur, remarque l’une de ses élèves, Ludwine, sa future femme. Vivant à Boutrance en appartement avec Ludwine, il ne se rend pas compte à quel point sa vie sociale est sur le point de basculer en cette fin de siècle. Nommé à Nanterre, il acquiert une propriété secondaire dans le village de Saint-Germain d’Yrande pendant que Saint-Léger occupera le château de Rochegune,  une vieille forteresse située dans la même région qu’il pressent assez solide pour résister aux événements dont les signes avant-coureurs se multiplient.
    Des sauvageons, les " Zoulis " mettent à mal le consensus social avec une agressivité telle qu’elle entraîne des désordres sociaux graves et provoque des morts, surtout en milieu urbain :
    " Visiblement un délire s’emparait des rues de la capitale ou des quartiers entiers, moins informés que nous de leur désastre, défilaient dans la joie jusqu’à des carrefours de l’horreur où l’on voyait des coques noires de voitures retournées devant des boutiques d’où s’échappaient des flammes. (…)  Des grappes d’hommes et de femmes entraient en haine. On s’emparait de ceux qu’on prétendait reconnaître comme incendiaires à leur chevelure partiellement rasée, à leurs tatouages, à leur jeunesse. "
    A la Saint-Sylvestre de l’an 2000, les troubles se propagent comme un feu de paille : les villes sont incendiées tandis que des forces urbaines de sécurité essaient d’appréhender les jeunes anarchistes. Mais rien n’y fait même pas la formation de partis politiques extrémistes tels que les P.O.R. (Parti de l’Ordre et du Renouveau) ou les P.U.R. (Parti de l’Urgence Républicaine). La situation est hors de contrôle.
    Richard déménage dans sa ferme de Saint-Germain d’Yrande laquelle, bien qu’ayant déjà été saccagée, constitue encore un lieu de repli acceptable. Ses voisins, les Violis et les Renard, l’aident à s’installer tandis que Ludwine manifeste une nette mauvaise humeur à l’idée de jouer à la fermière. D’autre part,  Saint-Léger a entrepris la restauration de Rochegune pour transformer la citadelle en abri sûr.  Un tendre sentiment unit aussi Richard à Nadège sans que cela n’altère les rapports entre les deux amis.Les systèmes politiques se dégradent rapidement et Paris se retrouve brusquement scindé en plusieurs circonscriptions urbaines autonomes :
    "Chaque quartier de Paris organisait des barricades. Les habitants du XVIIème avaient mis à profit la fosse du chemin de fer qui les enveloppait au nord pour fermer une partie de l’arrondissement. (…) Sur le boulevard de Courcelles, tous les volets étaient tenus fermés jusqu’au second étage, des barrières obstruaient les rues où on ne pouvait s’engager qu’avant huit heures et sur présentation d’une carte. Un couvre-feu de fait s’était peu à peu institué dans toutes les grandes agglomérations divisées en quartier qui assuraient leur propre protection. "
    On pend les " Zoulis " aux lampadaires ; le président Gérard Furlace fait voter des lois d’exception. Les citadins commencent à fuir les villes avec beaucoup de difficultés car tous les services sociaux sont déficients. Mais il est trop tard pour se protéger des avanies et la plupart périssent en cours de route ou se retrouvent en manque d’essence. L’égoïsme et l’insécurité se généralisent. Saint-Léger travaillera  à l’hôpital d’Auzarce, proche de Rochegune, Richard et Ludwine s’installeront définitivement dans la forteresse. Bien leur en a pris car la campagne environnante est gagnée par les troubles. Des voisins, les Lopez, sont sauvagement assassinés et leurs têtes décorent les plats de faïence trônant sur la table de la cuisine. Les Zoulis se sont spécialisés : il y a les " Iroquois ", qui tuent en silence, les " Cambrioleurs ", les " Violeurs ", etc. :
    " Il y avait les crameurs, les gentlemen, les barbe-bleues, les grands saigneurs, les requiems, les petits marrants, les postiches, les asociaux, les chinois, les salopes, chaque bande classée selon son style. "
    Ludwine, lors d’un des derniers séjours du couple dans leur ferme isolée, est violée par des Zoulis et Richard, en passe d’être noyé dans sa piscine, doit la vie sauve à l’intervention énergique de Jules Renard , un voisin, avec son fusil. Renard, dans l’action, perd son fils Jerry ; il deviendra de ce fait un farouche tueur de Zoulis. La vie à Rochegune est difficile. L’essentiel du travail de ses habitants, composés par d’autres voisins venus se mettre en sécurité, consiste à fortifier et à renforcer les défenses naturelles du château. Saint-Léger, bien que soignant encore les éclopés de passage, se rend compte que, pour ne pas être submergé par toute une plèbe de malheureux, il lui faudra modérer son ardeur. Parfois, des motos rôdent aux environs. Richard aidé par une amie, Tara, a découvert un souterrain qu’il s’emploie à déblayer. Paris a définitivement sombré dans le chaos. Des islamistes, profitant de la faiblesse de l’Occident, larguent deux bombes atomiques sur la capitale. C’est le dernier des soucis pour les habitants de Rochegune qui doivent faire front à la première attaque d’envergure des Zoulis :
    " Par le chemin de Saint-Germain arrivait un cortège de voitures silencieuses. On avait retiré leurs portières et couvert le pare-brise d’une tôle généralement prélevée à la voiture elle-même, souvent le couvercle de la malle grossièrement fixé aux montants et perforé d’une fente qui permettait de voir. Quelques-unes des voitures dont le moteur fonctionnait en entraînaient d’autres en remorque, mais la plupart étaient poussées par des êtres des deux sexes, souvent très jeunes, et tous d’une maigreur que cachaient mal les peintures primitives dont leurs corps nus, enduits de blanc étaient partiellement ornés. Leurs yeux étaient couverts d’un masque plat, leur cou enveloppé de bandelettes pâles qui gagnaient le visage, annulaient la bouche mais épargnaient les oreilles soulignées de rose comme les parties sexuelles, et le crâne d’où les cheveux étaient absents, ou blanchis, ou tressés de nattes tentaculaires plongées dans des teintures multicolores. "
    Ceux-ci, qui n’ont pas peur de mourir, entassent des carcasses de voitures pour combler les fossés, dressent des échelles contre les murs pour prendre d’assaut la forteresse, constamment stimulés par un orchestre dément. Ils sont  près de réussir leur invasion, lorsque Richard et Tara, utilisant le boyau dégagé, font sauter l’orchestre, le réduisant au silence et démoralisant du même coup les Zoulis. Ludwine, dans l’action, s’était réfugiée chez les jeunes assaillants. Découverte, elle est immédiatement mise à mort par les défenseurs de Rochegune. Tara meurt elle aussi dans l’explosion, quant à Richard, sérieusement blessé, il se remet lentement du désastre. Une seule Zoulie est retrouvée vivante, créature falote et informe, qui, comme un chien, s’attachera à Richard pour lui servir de dérivatif sexuel.Le temps passe, interrompu par l’arrivée soudaine d’un hélicoptère de combat qui atterrit dans la cour du château.
    De retour d’un champ de bataille en Italie, le colonel-pilote (surnommé 92) a décidé de jouer son propre jeu. Envisageant de se mettre à l’abri des hostilités, Rochegune lui semble l’abri idéal. Saint-Léger ne le détrompe pas car il faut un chef à compétence militaire pour défendre la forteresse. Prévoyant de se réapprovisionner en essence à Boutrance, ancien lieu natal de Richard, 92 lui propose un aller-retour en hélicoptère pour qu’il puisse prendre des nouvelles de sa mère. L’hélicoptère est attaqué dès l’atterrissage, 92 périt dans les flammes et Richard se retrouve isolé de Rochegune. Sa mère, qu’il a revue, ne le suivra pas dans son périple du retour à pied vers le château, ce qui, dans les circonstances actuelles, s’apparente à une odyssée. Il suit d’ailleurs des recommandations bien utiles :
    " Il te faudra un jeu de brassards et au moins deux passeports. Je peux te céder un sauf-conduit du P.U.R. que tu feras transformer. Pour l’autre, on vous le vendra à la mairie. Dis - toi que partout où tu iras, qui voyage est d’abord suspect. Le mieux est de te procurer un plan de chaque patelin où tu es forcé de passer et de te présenter toujours comme quelqu’un de la région. Le truc des miliciens en civil est de se faire prendre eux-mêmes pour des gens de passage. Ils te demandent des directions. Ils veulent toujours savoir le nom du maire ou celui des églises. "
    Echappant aux miliciens zélés dans telle ville, vivant d’expédients dans telle autre, subsistant quelque temps en compagnie d’une femme pour se refaire une santé, laissé pour mort par trois vagabonds, sauvé par un Arménien qui le prend en protection, Richard, après bien longtemps fait une entrée peu glorieuse à Rochegune. Saint-Léger est mort, tué par des rôdeurs. Nadège, devenue folle, meurt elle aussi dans ses bras. La situation du groupe est corrompue et l’on attend de Richard qu’il y mette bon ordre.Tout en réorganisant la vie au château, Richard arrive à s’emparer d’un engin à vapeur mené par d’anciens truands, dont il se débarrasse, et qui rendra dans l’avenir de signalés services à la petite communauté. Le nouveau moyen âge est définitivement retombé sur l’Europe en ce début du troisième millénaire :
    " Les habitants de Bourges s’étaient donné un roi. Selon de mystérieux documents, il était l’héritier de la race mérovingienne qui, après treize siècles révolus devait régner de nouveau sur le royaume de France. Ou : Quelque par en Lorraine, des enfants entraînés par une fille de quinze ans qui promettait de les mener au paradis avaient créé une communauté dans un parc d’attraction imité de Disneyland. Ils y avaient grandi et adoraient un nain géant avec une tête à deux oreilles énormes surmontées d’un bonnet en forme de pénis auquel ils sacrifiaient les égarés pour s’en nourrir. Egalement : Des scientifiques et des gens de lettres fondaient des clubs dont les membres, la tête rasée, devaient se relayer jour et nuit pour réciter le texte de la Déclaration des Droits de l’Homme. "
    La vie ne laissera d’autre choix à Richard, replié au sein de sa forteresse, que d’épouser l’ancienne Zoulie, surnommée la "succube" et appelée aussi "la Droite" qui lui donnera trois enfants pour lesquels il espère un avenir meilleur.
    Un récit charpenté, des rebondissements constants, une écriture en finesse et un niveau de langue soutenu, font de ce roman une œuvre intéressante. Bien que le thème de la lutte des générations soit déjà bien implanté dans le  genre ("2024" de Jean Dutourd, " les Loups dans la ville " de Kancer ) l’originalité formelle de ce texte le range parmi les meilleurs.

  9. Type: livre Thème: sociétés post-cataclysmiques 2 Auteur: William TENN Parution: 1958
    Jerry Franklin est plénipotentiaire et fils du sénateur de l’Etat de New York, envoyé avec son compagnon Sam pour négocier l’arrêt de l’expansion territoriale en direction de l’Est entreprise par les Séminoles. A sa grande surprise, ce sont les Sioux, déjà présents à Trenton, qui l’accueillent. Le vieux chef Trois-Bombes-à-Hydrogène, plein d’humanité et de pitié envers Jerry comprend les difficultés de sa démarche, contrairement à son fils  Faiseur-de-Radiations, empli de haine et de mépris pour ces Blancs, dégénérés rétrogrades, osant se dresser sur son chemin. La situation américaine a fondamentalement changé dans les temps futurs. Les Blancs se sont exterminés. Abâtardis, redevenus des sauvages, sans forces et sans technologie, ils sont profondément divisés, l’état fédéral et les titres du pouvoir n’étant plus que des leurres.
    Partout subsistent encore de petites enclaves, comme celle de New York. Partout, dénonçant les multiples traités signés avec les Blancs, les nations indiennes revendiquent leurs territoires de jadis. Plus organisés, plus avancés technologiquement (ils ont même des lampes à pétrole !), ils avancent, comme le font les Séminoles, dans les diverses régions en éradiquant ce qui reste de la race blanche :
    « Oui, à quoi pouvons-nous donc encore renoncer ? Et où pouvons-nous nous retirer encore ? Il ne reste rien des Etats-Unis d’Amérique, juste quelques kilomètres carrés et il faudrait que nous nous éloignons encore ? Du temps de mes ancêtres, nous étions une grande nation d’un océan à l’autre, d’après les légendes de mon peuple, et maintenant nous sommes misérablement entassés dans un coin de notre terre, affamés, sales, malades. Notre race s’éteint et on continue à nous humilier. »
    Jerry, malgré les cadeaux extraordinaires qu’il a apportés au vieux chef, ne réussit pas dans son entreprise de médiation. Trois-Bombes-à-Hydrogène consent pourtant à un échange, lui offrant une arme merveilleuse (un pistolet !) et lui permettant d’emmener la fille du « Président à la Cour Suprême des Etats-Unis », une jeune femme blanche, otage consentante des Sioux parmi lesquels elle désire s’intégrer en fréquentant le fils du chef.  Jerry, avec Sam, saoûlé à mort par les Indiens, suivit le conseil amical de Sylvester Thomas, un Noir ambassadeur auprès du vieux chef, conseil donné en raison de sa très vieille appartenance aux valeurs de la nation américaine :
    « Dans quelques heures, votre gouvernement ne sera plus qu’un souvenir. Le chef avait eu vent de ce projet, c’est pourquoi il lui a semblé nécessaire d’établir une sorte de tête de pont sur la côte avant que tout cela ne soit entériné. En occupant le New Jersey, il empêche la jonction des Séminoles et des Ojibwas. Mais il s’est pris d’amitié pour vous, comme je vous l’ai dit, et il voulait que je vous avertisse pour que vous ne retourniez pas chez vous.
    Ils devraient galoper droit vers l’Est et s’éloigner d’un pays où ils n’auraient plus leur place. Au bout d’un trajet chaotique où son cheval a failli être dévoré plusieurs fois par des réfugiés blancs affamés qui fuyaient devant l’avancée des Séminoles, Jerry rencontra l’amiral Chester, chef suprême de la flotte des Etats-Unis, trois goélettes de quinze mètres de long, que ce dernier mit à sa disposition. Peut-être, en faisant route vers l’Est, vers une Europe aux mains des Tartares, vers ces « terres légendaires où l’homme blanc a le droit de vivre debout », y aura-t-il encore un avenir possible?
    Une nouvelle très fine, magnifiquement écrite qui joue à la fois sur les peurs d’un avenir  douteux et sur l’esprit de revanche des races qu’opprimèrent jadis les Blancs américains. Avec une mordante ironie et une efficace simplicité, l’auteur, à travers la distanciation que provoque l’inversion des situations, crée un malaise propice à une réflexion sur l’histoire récente de ces peuples. Un petit bijou!

  10. Type: livre Thème: péril jaune et guerre des races, guerres futures 2 Auteur: Louis GASTINE Parution: 1933
    La "Mission internationale pour l’Occident" conduite par Pierre Prédal ne rencontre que du vide au-devant d’elle. Où sont passés tous les habitants des pays de l’orient, Mongolie, Mandchourie, Turkmenistan? Ils ont tous rejoint Timour II, le descendant de Gengis-Khan qui, avec ses mongols et associés chinois, dirigés par des "lamas ", a décidé de mettre fin à la suprématie européenne, aux démocraties vacillantes, pour y faire déferler ses hordes, des centaines de millions d’hommes qui tous se dirigent vers l’Ouest. Appuyée par les Soviets qui doivent leur fournir l’appui stratégique et l’intendance, la horde jaune s’ébranle en direction de la Mission internationale. Celle-ci est cernée et massacrée, sauf Prédal et ses proches. Car Timour II a deux faiblesses : Adala sa fille qui, bien qu’élevée en Europe, possède du sang mongol dans les veines, et Monica Pawlowski, une jeune femme de l’expédition qui deviendra sa compagne.
    Le correspondant russe Radkine trahit les envahisseurs. Il sera arrêté et tué de la main d’Adala. D’autre part les lamas bouddhistes réclament à corps et à cris la peau de Prédal. Protégé par Timour II qui espère le gagner à sa cause, Pierre, dont Adala est amoureuse en secret, restera prisonnier, escorté par des milliers de Mongols, fidèle à la cause de l’Occident. Il aura plus d’une fois l’occasion de s’apercevoir de la cruauté et de la détermination du chef mongol qui fait décapiter, écorcher vif, empaler tous ceux des siens qui n’observent pas ses ordres. L’Occident sera prévenu de l’imminence du péril par l’un des avions d’observation de la "Mission", mais le général concerné n’accordera aucun crédit à ce qu’il prend pour une fable. Durant ce temps, les Jaunes déferlent sur la Perse, en direction de l’Est de la Turquie, se comportant comme une nuée de sauterelles en laissant exsangues les pays traversés.  Finalement, des éléments d’information inquiétants en provenance de plusieurs sources obligent l’Occident à réagir. Une Dictature est décrétée sous le despotisme éclairé et sans appel d’un savant, Marcel Roudant. Celui-ci promulgue les "Douze Edits" qui permettront, espère-t-il, d’arrêter l’invasion (et d’assouvir les fantasmes anti-soviétiques de l’auteur). En voici quelques-uns :
    " Ordre de s’emparer en tous lieux des moscoutaires, des communistes ou autres révolutionnaires et de les fusiller IMMEDIATEMENT et sans jugement.
    Saisie et incarcération préventive, jusqu’à la fin de la Guerre, des pacifistes et des défaitistes
    Bombardements par avions, sans déclaration préalable, des foyers de bolchevisme en Russie Soviétique. Tous les chefs et représentants ou employés du Gouvernement Soviétique sont mis hors la Loi. "
    Dissolution immédiate de tous les parlements d’Europe et des Amériques, ainsi que ceux des autres parties de l’Occident.
    Interdiction de publier quoi que ce soit et d’aucune manière, sans autorisation de la " DICTATURE GENERALE ", sous peine d’emprisonnement, d’amende et de mort, selon les cas.
    Suppression du droit de grève collective dans tous les corps de métiers sous peine d’emprisonnement sine die, et sous peine de mort pour les services publics de guerre. Suppression du droit des réunions politiques.
    Suppression immédiate de tous les appareils de TSF publics et privés. Peine de mort contre les constructeurs et détenteurs de postes de TSF clandestins.
    Interdiction, sous peine de mort, de toutes les tentatives de spéculation quelconques touchant à l’œuvre de Guerre et à l’alimentation publique.»
    Le pouvoir illimité et centralisé formera le pilier central de l’opposition à la horde jaune. Le matériel de guerre sera produit en un temps record : des myriades d’avions, de bombes, de tanks et d’armements divers permettent un passage à l’action rapide.  Tous savent maintenant que le grand affrontement aura lieu dans l’est de la Turquie, sur les plateaux d’Anatolie, au-delà d’Istanbul, la véritable porte d’entrée de l’Europe. Les événements qui se précipitent ne sont pas favorables à Timour II. Contrairement à ses plans, la Russie soviétique n’a pas disposé comme prévu des caches de ravitaillement. Le gouvernement des Soviets décimé et abattu, les communistes traqués dans le monde entier ont perdu leur pouvoir. Leur marine défaite, leurs transports annihilés, ils n’ont pu respecter leurs engagements. Le chef mongol avec ses centaines de millions d’hommes se trouve donc sans ressources. Affamées, les hordes se cannibalisent, mangeant leurs femmes, leurs enfants, leurs prisonniers… :
    " Ceux qui rejoignirent les armées accumulées en Turquie d’Asie les trouvèrent à bout de souffrance et de courage. Là, on mangeait jusqu’aux rares lézards, serpents et insectes sortant des crevasses du sol à la fraîcheur nocturne. Qu’attendez-vous, dirent-ils à ces affamés, près desquels ils revenaient, qu’attendez-vous pour utiliser les enfants à la mamelle que leurs mères ne peuvent plus nourrir et qui meurent elles-mêmes d’inanition sur les cadavres de leurs petits ? Nous avons été forcés d’en manger pour revenir jusqu’ici ; cela vaut mieux que de mourir de faim. "
    Devant cette détresse, Timour II n’entrevoit plus qu’une seule issue pour gagner la guerre : il faut piller les réserves de l’Occident, se ruer sur les bords de la mer Noire, envahir Istanbul. Mais bombardés, pilonnés, harassés, exterminés, les Jaunes meurent en masse.
    " Quand la ruée des combattants eut commencé l’escalade de l’Anti-Taurus et des autres reliefs accentués au Nord-Ouest et au Sud du plateau central, des cataclysmes épouvantables se produisirent : des morceaux gigantesques des monts s’en détachèrent, éclatèrent avec des détonations assourdissantes, un fracas inouï, auquel s’ajoutait le retentissement des éboulements de ces pans de montagnes dans les ravins et les vallées. Des coupures rocheuses hautes de 150 à 200 mètres, larges à proportion, s’écroulaient, se projetaient sur les lames d’assaut humains qu’elles écrasaient et ensevelissaient. "
    En avion, Timour II, parti en expédition avec Monica, sera abattu au-dessus d’une éminence naturelle. De là, sans vivres et à l’agonie, il pourra contempler la ruine de son rêve. Un grand nuage noir monte vers les belligérants au-delà de l’horizon : c’est une mer de feu alimentée par l’ensemble des puits de pétrole du moyen orient qui s’avance vers les envahisseurs.
    " Au loin, à la limite de l’horizon, s’élevait un long nuage noir…immensément long, barrant la presqu’île sur toute sa largeur. (…) Bientôt les colonnes flamboyantes devinrent plus nettes dans la chute rapide du jour… et une ligne de feu les relia, faisant comme une base lumineuse éclatante aux nuages noirs qui s’élevaient toujours. (…)
    En réalité, de la ville de Boli jusqu’à celle d’Afioum-Kara-Hissar, c’est-à-dire sur une largeur de 250 kilomètres, l’extrémité désertique du plateau central d’Asie brûlait.  Et l’incendie grandissait, se prolongeait, avançait. (…) Par milliers, les êtres humains tombaient aussitôt foulés, écrasés par d’autres milliers, qui tombaient de même et se trouvaient, à leur tour, foulés et écrasés ; l’amoncellement de ces victimes, fuyant le feu, s’élevait sur divers points à dix mètres de hauteur , qu’escaladaient les fuyards suivants. "
    Carbonisée, réduite en cendres, l’immense horde cesse d’exister. C’est dans une Europe glorieuse et nouvelle que Prédal et Adala convolent en justes noces.
    "la Ruée des Jaunes" représente encore l’un de ces nombreux textes dénonçant le péril jaune, thème conventionnel de la première moitié du XXème siècle. En un style hystérique, il permet l’étalage de toutes les obsessions d’une époque. Jaunes, Démocraties, Ouvriers, Communistes, Intellectuels, Fainéants, tout cela étant du même acabit,  il importe d’éradiquer la chienlit avant qu’elle ne sonne le glas de la société bourgeoise !